Pakistan : Les 6 pêchés d’Imran Khan
Al Manar et Press TV
5 avril 2022
Source: https://french.almanar.com.lb/2296516
« Le Premier ministre pakistanais, Imran Khan, a commis six péchés majeurs que les États-Unis ne peuvent pas pardonner et qui les ont poussés à conspirer pour le renverser : le premier péché est son refus absolu de cesser de soutenir les talibans afghans, accentuant ainsi la défaite des USA en Afghanistan.
Le deuxième est qu’il a pris le parti de la Chine, rejoint son initiative ‘Ceinture et Route’, et signé avec elle un traité de coopération économique, d’une valeur initiale d’environ 62 milliards de dollars.
Le troisième vient de son soutien à l’opération militaire russe en Ukraine ; tout au début de la crise, il s’est rendu à Moscou où il a été chaleureusement accueilli par le président russe Vladimir Poutine.
Le quatrième péché concerne ses relations stratégiques très fortes avec l’Iran pour briser le blocus américain ; il est aussi accusé (!) de l’aider à développer ses programmes nucléaires.
Le cinquième est son soutien absolu à la cause palestinienne, son refus de s’engager dans le processus de normalisation avec ‘Israël’ et dans les accords de normalisation.
Et le sixième péché vient du fait qu’il a rejeté toutes les demandes américaines d’établir des bases militaires au Pakistan qui partage une frontière commune avec la Chine. Il s’est opposé à la coopération de l’armée et des services de renseignement pakistanais, sous la direction américaine dans la lutte contre les talibans en Afghanistan ; il les a aidés par contre à s’aligner sur la Chine et prévenir tout acte terroriste à leur encontre », résume Abdel Bari Atwan, le rédacteur en chef du site Raï Al-Yom.
Tout comme son prédécesseur Trump, le président américain Joe Biden, lorsqu’il est arrivé au pouvoir, n’a pris aucun contact avec le Premier ministre pakistanais, Imran Khan, et l’écart s’est creusé lorsque les Pakistanais et les Afghans ont célébré de façon remarquable l’effondrement de l’occupation américaine, et son retrait chaotique d’Afghanistan.
Imran Khan était très clair lorsqu’il a averti le peuple pakistanais que les États-Unis voulaient renverser son gouvernement parce qu’il refusait de leur permettre d’établir des bases militaires au Pakistan.
La décision a été prise par l’État américain et sa mise en œuvre est devenue urgente après le succès de son bloc aux récentes élections législatives, sa visite à Moscou et son adhésion à l’alliance Chine-Russie-Iran-Corée du Nord contre les États-Unis, et la guerre en Ukraine.
Or, la plus grande « faute » qu’Imran Khan aurait commise aux yeux de l’Amérique a peut-être été son soutien absolu à la cause palestinienne et ses critiques publiques contre les pays arabes et musulmans qui n’ont pas réussi à affronter le projet sioniste raciste et à arrêter le massacre du peuple palestinien.
Il s’est même montré modeste en refusant de s’installer dans le palais républicain, qui comprend plus de 500 domestiques et femmes de chambre. Il a préféré vivre dans sa propre maison et ne coûter pas un centime à l’État.
Il ne possède pas d’usine ou des milliers d’hectares, n’a employé aucun de ses proches, comme le Premier ministre Nawaz Sharif et d’autres avant lui, l’avaient fait.
Il ne semble pas que la conspiration contre Imran Khan s’arrêtera là ; les USA pourraient recourir à l’armée et tenter un coup d’État qui plongerait le Pakistan dans le chaos… avec en toile de fond une emprise de Daech sur la région frontalière afghano-pakistanaise.
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Les USA veulent la guerre civile au Pakistan : Imran Khan serait probablement évincé
Al Manar
7 avril 2022
Source : https://french.almanar.com.lb/2299090
Le politicien émergent Imran Khan, un homme qui voulait définir les politiques indépendantes pour le Pakistan, a très mal cédé le jeu à son adversaire. À ce propos, Hassan Hanizadeh, analyste iranien des questions régionales, a déclaré qu’Imran Khan avait perdu l’aide financière américaine à Islamabad en raison de son éloignement de Washington.
Depuis son arrivée au pouvoir en tant que Premier ministre du Pakistan, Imran Khan essaie d’opter pour une politique indépendante et d’établir un bon équilibre entre tous les courants, les partis et les ethnies tout en réduisant l’influence de l’Arabie saoudite et des États-Unis sur la ligne de conduite d’Islamabad.
Dans ce droit fil, Imran Khan a refusé de permettre aux Américains de construire une base militaire au Pakistan et a durci le ton, à plusieurs reprises, contre les frappes au drone américaines qui ont tué des milliers de Pakistanais dans les zones tribales du pays de 2007 à 2014.
Le Premier ministre pakistanais n’a pas hésité à réagir aux politiques du régime israélien dans la région et n’a même pas permis au Pakistan de poursuivre ses opérations au Yémen ; aucune de ces décisions n’a plu aux Américains.
En destituant Imran Khan, les Américains souhaitent diriger le Pakistan vers une vague d’émeutes et d’affrontements entre les différentes ethnies.
La motion de censure lancée contre Imran Khan au Parlement montre que pour les Américains, rester au pouvoir et rejeter les ingérences américaines sont deux choses qui ne vont pas ensemble. Tout gouvernement pakistanais qui cherche donc à réduire les tensions régionales et qui opte pour une politique de stabilité est voué à l’échec. En effet, la politique indépendante qu’Imran Khan essayait de suivre a fini par le conduire à l’éviction.
Étant donné que l’armée pakistanaise éprouve un attachement politique aux États-Unis et un attachement religieux à l’Arabie saoudite, Imran Khan pourrait très probablement se voir éliminé dans les prochaines élections.
En ordonnant la dissolution du Parlement pakistanais, Imran Khan a commis une erreur stratégique, car cela a entraîné un vide politique dont l’armée a bénéficié au maximum.
Pour des raisons historiques, l’armée pakistanaise ne pouvait pas se permettre un nouveau coup d’État. Au contraire, elle a bénéficié du mauvais calcul d’Imran Khan et est arrivée à prendre en main le contrôle de la situation, si bien qu’Imran Khan et son parti ne seraient probablement pas en mesure de remporter la majorité aux prochaines élections.
En d’autres termes, Imran Khan a facilement cédé le pouvoir, d’autant plus que la grande influence de l’Arabie saoudite sur certains généraux de l’armée empêche Imran Khan de se former une alliance au sein de l’armée.
Imran Khan projetait de diriger la politique du Pakistan vers une certaine indépendance et d’établir des relations stratégiques avec l’Orient ainsi qu’avec la République islamique d’Iran ; voilà une ambition n’ayant pas plu aux Américains qui n’ont pas hésité à ourdir sa chute.