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Racisme et antiracisme comme outils de la division et de l’ingénierie sociale (Thierry Meyssan)

Posted in actualité, altermondialisme, crise mondiale, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, militantisme alternatif, pédagogie libération, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , on 23 juin 2020 by Résistance 71

 

“Bref, ni le pouvoir et la puissance de l’État centralisé, ni les enseignements doctrinaires de la haine mutuelle et de la lutte sans merci qui vinrent parés des atours de la science, en provenance de philosophes et sociologues obéissants, n’ont pu se débarrasser du sentiment de solidarité humaine, profondément logé dans la compréhension des hommes et dans leur cœur, parce que ceci a été chéri et cajolé par toute notre évolution précédente.
[…] Et l’Homme est appelé à être guidé dans ses actes, non pas seulement par l’amour qui est toujours personnel, ou au mieux tribal, mais par la perception de son unicité, du sentiment de ne faire qu’un avec chaque être humain.”
~ Pierre Kropotkine, “L’entraide, un facteur de l’évolution” ~

L’ouvrage mentionné et cité ci-dessus est l’antidote absolu à l’idée même de hiérarchie des espèces et des “races”, un antidote au racisme qui n’est qu’une construction sociale, un artifice construit pour maintenir le rapport dominant / dominé sous toutes les coutures possibles. Analyse intéressante de Thierry Meyssan sur le sujet et dont nous adhérons à la conclusion.

~ Résistance 71 ~

 


« Les martyrs, cher ami, doivent choisir d’être oubliés,
raillés ou utilisés ; quant à être compris, jamais. »
~ A. Camus, « La chute », 1956 ~

 

Racisme et antiracisme comme mensonges

 

Thierry Meyssan

 

16 juin 2020

 

url de l’article original:

https://www.voltairenet.org/article210211.html

 

Les idéologies de l’antiracisme et du racisme se fondent sur la même imposture : il existerait des races humaines distinctes ne pouvant avoir de descendance commune en bonne santé ; postulat stupide dont chacun peut constater l’ineptie. Interrogés à ce sujet, les partisans de ces deux idéologies ne peuvent qu’assurer parler au figuré, mais reprennent peu après leur interprétation raciale de l’humanité et de son histoire. Comme le montre Thierry Meyssan, ce couple passionné n’a jamais servi que les intérêts des puissances dominantes.

Les communautés humaines ont tendance à surestimer leur mode de vie et à se méfier de celui des autres. Pour maintenir la cohésion de leur groupe, certains de ses membres ont un réflexe de rejet des nouveaux arrivants. Cependant, dès qu’ils font leur connaissance, qu’ils comprennent que ce sont des hommes comme eux, les tensions s’apaisent.

À ce fonctionnement ethnologique, des idéologies sont venues s’ajouter au XIXème et XXème siècle : le racisme et l’antiracisme. Dans le contexte de l’impérialisme britannique et du développement de la biologie et de la génétique, ces théories permettaient de justifier la hiérarchie ou l’égalité en droits des populations.

Le racisme scientifique

Suite aux théories de Charles Darwin (1809-1882) sur l’évolution des espèces animales, Herbert Spencer (1820–1903), posa qu’il existait des races humaines distinctes et que la sélection naturelle avait abouti à la supériorité des Blancs. C’était le début du « social-darwinisme ». Un cousin de Darwin, Sir Francis Galton (1822-1911), étalonna les races et relia le taux de fécondité des femmes à la dégénérescence des individus. Il put ainsi non seulement prouver la supériorité des Blancs sur les gens de couleur, mais aussi des riches sur les pauvres.

Un « consensus scientifique » établit que les accouplements interraciaux étaient à l’origine de nombreux handicaps. Dès lors, il devenait indispensable de les interdire au même titre que l’inceste pour préserver chaque race. C’était l’« eugénisme ». La mise en application de ce principe fut d’autant complexe que, quelle que soit la définition de chaque race, aucun individu n’est de race pure, par conséquent chaque situation est sujette à discussion. Aux États-Unis cette logique ne conduisit pas seulement à décourager la formation de couples entre Européens d’un côté et Indiens, Noirs ou Chinois de l’autre, mais aussi à privilégier les Blancs Anglo-Saxons sur les Blancs non-Anglo-Saxons (Italiens, Polonais, Serbes, Grecs etc.) (Immigration Act en vigueur de 1924 à 1965).

L’Institut du Kaiser Wilhelm (équivalent allemand du CNRS français) démontra que non seulement la préservation de la race exigeait de ne pas se reproduire avec des individus de race différente, mais aussi de ne pas s’accoupler du tout. En effet, dans le cas de pénétration anale, les gènes de l’un et de l’autre se mêlaient bien que n’ayant pas de descendance. D’où la prohibition de l’homosexualité par les nazis.

Il fallut attendre la chute du nazisme et la décolonisation pour que le « consensus scientifique » se retourne et que l’on prenne conscience de l’incroyable diversité au sein de chaque race supposée. Ce qui nous ressemble chez certains individus d’autres races supposées est beaucoup plus important que ce qui nous distingue d’individus de notre race supposée.

En juillet 1950, l’Unesco proclame l’inanité du « darwinisme social » et de l’« eugénisme ». Tout simplement, l’humanité est certes issue de plusieurs races d’homo sapiens préhistoriques distinctes, mais ne constitue qu’une seule race dont les individus peuvent s’accoupler sans risques. Évidemment, il n’était pas nécessaire d’être scientifique pour le remarquer, mais les idéologies impérialiste et coloniale avaient provisoirement obscurci l’esprit des « savants ».

Le racisme juridique

Alors que les scientifiques retrouvaient leur unité, les juristes se divisaient en deux manières différentes d’aborder la question. Cette fois ce ne sont pas les idéologies impérialiste et coloniale qui les séparent, mais leurs conceptions de la Nation. Pour les Anglo-Saxons, celle-ci est un rassemblement ethnique (au sens culturel), tandis que pour les Français, elle est un choix politique. Le principal dictionnaire juridique US dispose : « Nation : Un grand groupe de personnes ayant une origine, une langue, une tradition et des coutumes communes constituant une entité politique » (“Nation : A large group of people having a common origin, language, and tradition and usu. constituting a political entity,” Black’s Law Dictionary, 2014). Au contraire la France depuis la Révolution dispose : Nation : « Personne juridique constituée par l’ensemble des individus composant l’État » (Arrêté du roi Louis XVI du 23 juillet 1789).

La vision française est aujourd’hui à peu près universelle, celle des Britanniques n’est défendue que par eux et par leurs créations coloniales : les Frères musulmans et le RSS indien [1].

Ainsi malgré les progrès de la science, les Britanniques vivent aujourd’hui sous le Race Relations Act 1976 (Lois sur les relations raciales de 1976) et sont arbitrés par la Commission for Racial Equality (Commission pour l’égalité raciale), tandis que les textes officiels français parlent de « prétendue race ». Dans la pratique, les deux sociétés n’établissent pas de différences « raciales », mais de classe sociale pour les Britanniques et de niveau social pour les Français.

L’antiracisme

En Occident, l’antiracisme est désormais confondu avec l’antifascisme. Alors même qu’il n’y a plus de racisme faute de races, ni de fascisme, faute des situations économiques auxquelles cette pensée répondait. Les groupes qui se réclament de ces idées ont aujourd’hui la particularité de se réclamer de l’extrême-gauche anticapitaliste, mais d’être subventionnés par le spéculateur George Soros et de travailler pour le compte de l’Otan, champion du capitalisme. Ils disposent donc d’un entraînement militaire.

C’est non sans délectation que le président turc Recep Tayyip Erdoğan n’a pas manqué de souligner, lors d’un entretien téléphonique avec son homologue US le 8 juin 2020, que l’Otan avait utilisé les Brigades internationales antifascistes à la fois contre la Syrie et contre la Turquie [2] ; les mêmes « Antifas » qui coordonnent les émeutes antiracistes actuelles aux États-Unis.

En réalité, le racisme et l’antiracisme sont les deux faces d’une même pièce. Tous deux se fondent sur le fantasme des races dont nous savons pourtant qu’elles n’existent pas. Dans les deux cas, il s’agit d’un conformisme à l’air du temps. Les racistes correspondaient aux idéologies impérialiste et coloniale, les antiracistes à la globalisation financière. Leur unique utilité politique commune est d’occuper le terrain pour masquer les authentiques luttes sociales.

Notes :

[1] « Histoire mondiale des Frères musulmans » (6 parties), Thierry Meyssan, 21 juin 2019. « Déjà 10 mois de confinement du Jammu-et-Cachemire », par Moin ul Haque, Dawn (Pakistan) , Réseau Voltaire, 10 juin 2020.

[2] « Les Brigades anarchistes de l’Otan », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 12 septembre 2017.

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Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir !

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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4 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

 


Décolonisons le monde !… Croire que nous vivons
dans un monde « post-colonial »
quand la marchandise a tout colonisé est…
pure utopie ! Le racisme est un dérivé marchand…

L’ineptie de l’affirmation d’un monde post-colonial… Les fondements religieux racistes chrétiens au cœur du système légal impérialiste… (Steven Newcomb)

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A lire: « Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte » (S. Newcomb, 2008, largement traduit par Résistance 71, PDF de Jo de JBL1960)

 

Comment la Cour Suprême des Etats-Unis maintient secrètement l’affirmation chrétienne de suprématie

 

Steven Newcomb

 

1er juin 2017

 

url de l’article original:

https://indiancountrymedianetwork.com/news/opinions/us-supreme-court-covertly-maintains-christian-claim-supremacy/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

En 1901, la Cour Suprême des Etats-Unis (CSEU) a publié son rendu de l’affaire Barker contre Harvey, affaire impliquant le peuple Cupeño de la Californie du sud. Ce peuple résistait son éviction des sources chaudes d’Aqua Cliente dans la zone du Ranch Warner. Pour leur défense, les Cupeño affirmèrent un droit “d’occupation permanente” des sols. La CSEU a rejeté cet argument disant que si les Indiens avaient eu des demandes fondées sur une action préalable du gouvernement mexicain, les Cupeños avaient abandonné ces requêtes en ne les présentant pas lors de la commission fédérale de 1851 afin d’être considérées. Parce que les Cupeños n’ont pas soumis une demande avec cette commission, la CS a dit qu’ils ne pouvaient pas résister avec succès “à toute action du gouvernement afin de disposer de la propriété.” Oublions le fait que les Cupeños ne furent probablement jamais avertis de cette nécessité d’amener leurs demandes devant la commission des requêtes de 1851 ; oublions aussi que dans le même temps, les commissaires aux traités américains créaient des documents officiels de traités avec les leaders natifs de Californie pendant cette même période de 1851-52, bien que ces traités ne furent jamais ratifiés [par le congrès]. Donc quelle aurait dû être la bonne marche d’action à emprunter pour les peuples autochtones ? Pourparlers de traités ou le processus de la commission des requêtes ? S’ils devaient suivre les deux processus, alors pourquoi le gouvernement des Etats-Unis ne leur en a t’il rien dit à cette époque ?

La CS a reconnu que les Indiens Cupeños ne pouvaient que demander un “droit d’occupation” et non pas le titre de propriété de la terre. La CS a aussi dit qu’il pouvait être disputé que le peuple natif ne réclamait pas de terres en Californie sur la base de “tout droit ou titre de propriété dérivés du gouvernement espagnol ou mexicain.” Quoi qu’il en soit, la CS mit en garde que l’argument des Cupeños d’”occupation permanente des sols” sur la terre pourrait bien avoir un “effet à longue portée”.

La CS dit que les sources d’eau chaude d’Aqua Cliente et les terres environnantes seraient “embarrassées” avec un droit indien “d’occupation permanente” et que cela pourrait empêcher définitivement les Etats-Unis de déclarer ces terres comme “faisant partie du domaine public” et “sujettes à un assujettissement total” de la part du gouvernement des Etats-Unis. La CS discuta de la différence entre un scenario dans lequel les Cupeños auraient acquis un droit “d’occupation temporaire des sols” contre un scenario  où ils auraient un “droit permanent d’occupation des sols”.

La CS a dit que désigner une “occupation permanente des sols” pour les Cupeños reviendrait à leur donner une sorte “droit de propriété privée”  c’est à dire une forme de propriété qui précéderait le titre de propriété du gouvernement des Etats-Unis et qui serait supérieur à celui-ci. Si le peuple Cupeño était reconnu comme possédant un droit d’occupation permanent des sols, ceci “limiterait nécessairement le pouvoir des Etats-Unis de disposer de la terre ou de l’attribuer à des tierces parties de leur choix.” Ceci fut de manière évidente une préoccupation majeure pour la CSEU.

La CS a de plus déclaré qu’un quémandeur se rendant devant la commission de 1851 aurait eu peu de raisons de présenter sa demande de territoire à la commission dans un effort de sécuriser cette demande, “si le seul résultat eut été de transférer au quémandeur le titre brut, embarrassé par un droit permanent indien d’occupation des sols.”

En rejetant la requête des Cupeños pour un “droit d’occupation permanente”, la CS maintenant la théorie que les Cupeños n’avaient qu’un “droit d’occupation temporaire” des sols, c’est à dire révocable, arrivant à expiration. L’utilisation par le tribunal du mot “temporaire” correspond à ce que le juge Joseph Story avait dit dans ses “Commentaires sur la Constitution des Etats-Unis” de 1836, lorsqu’il y dit des peuples autochtones que “le territoire sur lequel ils erraient et qu’ils utilisaient pour leurs objectifs temporaires et fugitifs, était, en regard des chrétiens, estampillé comme n’étant habité que par “des animaux brutaux.”

Dans l’affaire Byrne contre Alas (1888), la CS de Californie a cité le rapport de Jones sur le titre des Indiens suite aux systèmes légaux espagnol et mexicain. Ce rapport disait que la couronne d’Espagne n’avait pas reconnu un quelconque droit au sol de ces “tribus sauvages et errantes”. Un défaut de reconnaissance mentale de la part de la couronne d’Espagne eut pour résultat un non droit au titre pour les nations originelles de l’endroit, que les Etats-Unis étaient obligés de reconnaître ou de respecter. Dit différemment, ce n’est que si les gouvernements espagnol et mexicain avaient mentalement reconnu les nations autochtones originelles comme ayant un droit fondamental au sol, que les Etats-Unis auraient été obligés, en tant que successeurs de la couronne espagnole et du gouvernement mexicain, de reconnaître que les nations indiennes avaient un droit à la terre.

Il y a une forme de raisonnement derrière l’idée d’un droit “d’occupation temporaire” des sols pour le peuple indien. Une fois que les Etats-Unis déclarent  avoir pris militairement et politiquement la zone géographiquement dénommée “la Californie” par le biais du traité de Guadalupe Hidalgo (NdT: qui mit fin à la guerre entre les USA et le Mexique et vit les USA s’emparer de près de 50% du territoire mexicain, lui-même usurpé aux natifs de l’endroit..) et une fois déclarée l’existence de “l’état de Californie” et admis dans l’union des autres états, les gouvernements de Californie et fédéral ne se considéraient plus obligés de faire que ce que les gouvernement espagnol et mexicain avaient fait avant eux. En 1885, le juriste Frederick Hall publia son livre “Les lois du Mexique”, fondés sur ses recherches dans les archives mexicaines à Mexico City. La section 1 de son livre commence ainsi:

  • Don du pape — Ayant pour objectifs d’´éradiquer la paganisme et de faire avancer la religion catholique, le pape Alexandre VI a émis une bulle en 1493, donnant à la couronne de Castille et Léon le très vaste domaine découvert ou à découvrir entre les poles nord et sud, ou tout ce qui n’était pas considéré être en possession de puissances chrétiennes.
  • D’après les règles de la chrétienté, les terres vues par l’Espagne comme étant en possession de quelque “puissance chrétienne” méritait une reconnaissance formelle. Les terres en possession de nations non-chrétiennes, comme par exemple celles des Indiens Cupeños, ne se devaient pas d’être reconnues pour quoi que ce soit en vertu des lois et règles de la chrétienté. Les terres qui étaient “en regard des chrétiens”, habitées par de brutes animaux (pour utiliser le phrasé du juge Joseph Story), n’étaient pas considérées être la propriété de quelque forme de pouvoir en relation avec la terre et l’eau que le monde chrétien fut obligé de reconnaître. Les nations chrétiennes n’avaient aucun devoir de reconnaître les nations non-chrétiennesAinsi, les terres non-chrétiennes étaient considérées vides de la domination chrétienne (un droit de propriété et de domination) et étaient donc en cela “ouvertes” à l’établissement de la domination chrétienne (christian dominion), qui était la destinée décidée par le “dieu” chrétien. Les non-chrétiens, a dit Joseph Story, étaient “destinés à se soumettre au génie supérieur de l’Europe”, une idée que le juge de la CS John Marshall exprima également dans son rendu de l’affaire Johnson contre M’Intosh de 1823. Jusqu’à aujourd’hui même, les nations natives comme les Cupeños et bien d’autres, sont toujours, et sur cette base religieuse, forcées de fonctionner au sein des contraintes imposées par ces idées et arguments préconçus chrétiens, en Californie et ailleurs.