Archive pour économie escroquerie de la dette

Le rêve américain…

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L’histoire de la plus grande arnaque de tous les temps…

Avec la bible aussi quand même !…

Vidéo qui n’est pas récente, mais qu’il convient de revoir et de diffuser de temps en temps surtout en ce début 2017, version française:

 

Vision à court terme sur l’économie… La destruction à venir

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, économie, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état, Union Europeenne et nouvel ordre mondial with tags , , , , , , , , , , , , , , , on 29 décembre 2014 by Résistance 71

Il n’y a pas de solutions au sein du système, il faut en sortir en créant le contre-pouvoir autogestionnaire et fermer toutes les institutions. Pas vraiment compliqué, il faut deux ingrédients essentiels: la solidarité et une inflexible volonté de résister solidairement…

Notre destruction est planifiée, rien n’arrive par hasard. Ceux qui le pensent encore et pensent pouvoir changer cette ignominie en votant, en pétitionnant, en visitant leur « député », sont des utopistes, des victimes d’une hypnose quasi générale…

Sortez de votre transe ! Solidarité, Union, Action !

— Résistance 71 —

 

La destruction de la classe moyenne est en phase finale

L’élite qui est au courant de la proche destruction monnétaire a placé sa monnaie de singe en dollars dans des biens physiques tangibles

 

Tom Chatham

 

27 Décembre 2014

 

url de l’article:

http://www.infowars.com/the-destruction-of-the-middle-class-is-nearing-the-final-stages/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Les évènements de ces derniers mois sont époustoufflants lorsqu’on les prend dans leur globalité. Le plan pour détruire le dollar US et la classe moyenne américaine évolue à une vitesse toujours croissante.

A la réunion récente du G20 de Brisbane, les nations se sont mises d’accord pour dire qe les dépôts bancaires ne seraient dorénavant plus considérés comme de l’argent. Ces dépôts deviennent la propriété de l’institution bancaire et peuvent ainsi être utilisés de la façon dont les banques pensent être le mieux. Ceci veut dire que l’argent que vous avez en dépôt dans une banque maintenant ne vous appartient plus, mais cela vous fait investisseur dans la banque et sujet à la perte de cet argent si une crise bancaire, financière, coule la banque en question.

La loi sur le budget et les dépenses que vient juste de passer le congrès des Etats-Unis rend les contribuables américains responsables des pertes sur les marchés dérivatifs qui pourraient être subies par les banques. Les tenants des dérivatifs ont maintenant la priorité absolue lorsque des fonds sont versés et les dépositaires, propriétaires des comptes sont relégués en dernière place pour la rémunération. L’assurance FDIC devra payer ces fonds mais elle est loin d’avoir l’argent nécessaire pour ce faire et payer plus de 300 000 milliards de dollars de pertes qui seront dûs dans le cas d’une grave crise bancaire. Ce qui veut dire que tout dépositaire aura très peu d’espoir de revoir son argent. Afin que les dépositaires puissent recouvrer leur argent, il devra y avoir une énorme impression de monnaie, qui ne remboursera que quelques centimes sur le dollar dû.

Si vous pensez qu’il n’y a aucun danger de crise bancaire aux Etats-Unis, vous devriez garder présent à l’esprit que le ministère des finances a récemment passé la commande pour 200 000 US$ de kits d’urgence à 72 heures afin qu’ils soient dispersés dans toutes les banques majeures au travers des Etats-Unis. Ceux-ci sont connus sous le nom de sacs de survie et sont utilisés pour soutenir une personne lors d’un désastre naturel et que les personnes doivent être auto-suffisantes pendant les quelques premiers jours de la crise.

Une nouvelle législation donne maintenant le droit aux plans de retraite de couper les bénéfices des retraités futurs, ce qui rend le bien-être de ces personnes tout à fait incertain pour les années à venir. Ils disent qu’il est nécessaire d’empêcher ces fonds d’investissement d’aller à la banqueroute. Ceci s’appliquera “aux retraites d’employeurs multiples, quand un groupe d’entreprises de la même industrie unit ses forces avec les syndicats pour couvrir les retraites des employés. Ces plans couvrent plus de 10 millions de travailleurs américains” ; Vous serez ravis d’apprendre que ces mesures drastiques n’affecteront bien sûr pas les plans de retraites des membres du congrès des Etats-Unis, aussi longtemps qu’ils sont financés par les contribuables.

Les sanctions économiques qui sont placées contre la Russie commencent à sérieusement déstabiliser le monde en bien des points. La chute soudaine des prix du pétrole va envoyer des ondes de choc à travers bien des nations étrangères et va enflammer une situation déjà bien tendue internationalement. Il semblerait que c’est précisément ce qui est voulu pour provoquer une nouvelle guerre mondiale tout en masquant la complicité des banquiers et des politiciens dans la destruction a venir de l’économie.

Ces dernières années, ceux parmi l’élite qui ont connaissance de la destruction monnétaire a venir, ont converti leur monnaie de singe dollars en des biens tangibles, tout ce qu’ils pouvaient trouver. Les prix récents atteints dans des ventes aux enchères d’objets de collections, n’est qu’un indicateur supplémentaire de ce qu’il se passe et une autre démonstration par ceux qui sont dans la confidence du transfert en biens tangibles de tout leur cash afin de préserver leur richesse.

Cette diversification dans l’achat inclut les métaux précieux, les terres, l’immobilier. Je pense que lorsqu’il n’y aura pratiquement plus de métaux précieux ou de propriétés valables à acheter, ces entités qui contrôlent le jeu financier vont retirer le bouchon de l’évier et vont laisser l’ensemble de l’économie s’effondrer. Ceux qui détiendront du papier monnaie, des électrons ou autres promesses papier seront dévastés alors que ces avoirs s’évaporeront dans l’air du temps.

Vous pouvez vous sentir en sécurité parce que vous avez un bon travail mais parmi les dépots bancaires qui disparaîtront, figureront les milliards des comptes commerciaux qui appartiennent aux entreprises employeuses. Quand ces entreprises perdront cet argent, beaucoup fermeront leurs portes, détruisant des millions d’emplois dans le processus, Ceci enverra une onde de choc dans le systeme de transport, de production et de distribution. Dans une économie basée à 70% sur la consommation, ceci sera dévastateur très vite et à grande échelle et il y aura peu de ressources de choix sur lesquelles se rabattre lorsque cela se produira.

Il y a trois leçons que les gens apprendront dans les mois à venir: Si vous ne l’avez pas déjà tout prêt, il vous sera difficile de l’avoir. Si vous ne l’avez pas physiquement dans vos mains, alors vous ne le possédez pas. Si vous ne pouvez pas le protéger, alors vous ne l’aurez pas pour longtemps.

= = =

Références:

 

http://www.popularresistance.org/docs/bail-in.pdf

http://www.zerohedge.com/news/2014-11-12/russell-napier-declares-november-16-2014-day-money-dies

Cette vidéo date de Mars 2013, mais est de plus en plus d’actualité et ne vous leurrez pas: Lorsque le pays du goulag levant (ex-USA) deviendra le pays du goulag… Ceci déferlera sur le monde occidental à vitesse grand “V”:

http://www.youtube.com/watch?v=MkAn3VIe1yQ#t=521

 

Crise économique: Voir la dette sous un autre angle… pour mieux cesser de la payer !

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Angle de vue très intéressant sur la dette et de rentrer en désobéissance. Il faut sortir de la culpabilité induite au sujet de dettes des nations le plus souvent « odieuses » dans le sens où la responsabilité en incombe essentiellement au système de réserve fractionnel adopté par les escrocs de la finance internationale.

L’auteur a également écrit « Fragments of an Anarchist Anthropology » où figure en bonne place Marcel Mauss, Pierre Clastres, Robert Jaulin et Marshall Sahlins. Histoire de se sentir un peu « à la maison »…

— Résistance 71 —

 

La façon la plus simple de désobéir à la finance est de refuser de payer les dettes

 

David Graeber

 

16 janvier 2014

 

url de l’article original:

http://www.bastamag.net/David-Graeber-La-forme-la-plus

 

La dette ? Une construction sociale, fondatrice d’un pouvoir arbitraire, estime David Graeber, anthropologue et économiste états-unien, considéré par le New York Times comme l’un des intellectuels les plus influents actuellement. Les pays pauvres et les personnes endettées sont aujourd’hui enchainés aux systèmes de crédit. Piégés dans des relations basées sur la violence, les inégalités et justifiées par la morale, décrit l’auteur, dans un ouvrage qui retrace 5000 ans d’histoire de la dette. « Rembourser ses dettes » est devenu un dogme, impossible à contester. Et si, malgré tout, on décidait d’effacer l’ardoise ? Avec le mouvement Occupy Wall Street, David Graeber lance des actions de désobéissance civile pour démontrer l’absurdité du système capitaliste actuel. Entretien.

Basta ! : A quel moment dans l’histoire le crédit est-il apparu ? Qu’est-ce qu’une dette ?

David Graeber [1] : La dette est une promesse, qui a été pervertie par les mathématiques et la violence. On nous a raconté une histoire : « Il était une fois des gens qui utilisaient le troc. Voyant que cela ne marchait pas très bien, ils ont créé la monnaie. Et l’argent nous a amené le crédit. » Du troc au crédit, une sorte de ligne droite nous amènerait donc à la situation actuelle. Si on regarde plus attentivement l’histoire, cela s’est passé bien différemment ! Le crédit a d’abord été créé. La monnaie physique est apparue quelques milliers d’années plus tard. Cela permet de poser les questions différemment : comment sommes-nous passés d’un système où les gens disaient « je vous dois une vache », à un système où l’on peut mesurer la valeur exacte d’une dette ? Ou l’on peut assurer, formule mathématique à l’appui, que « 340 poulets sont équivalents à cinq vaches » ? Comment une promesse, une obligation de remboursement, est devenue une « dette » ? Comment l’idée que nous devons une faveur a-t-elle été quantifiée ?

En quoi quantifier une dette est-elle un problème ?

Quantifiable, la dette devient froide, impersonnelle et surtout transférable : l’identité du créancier n’a pas vraiment d’importance. Si je promets de vous rencontrer à cinq heures demain, vous ne pouvez pas donner cette promesse à quelqu’un d’autre. Parce que la dette est impersonnelle, parce qu’elle peut être exigible par des mécanismes impersonnels, elle peut être transférée à une autre personne. Sans ces mécanismes, la dette est quelque chose de très différent. C’est une promesse qui repose sur la confiance. Et une promesse, ce n’est pas la négation de la liberté, au contraire, c’est l’essence de la liberté ! Être libre, c’est justement avoir la capacité de faire des promesses. Les esclaves ne peuvent pas en faire, ils ne peuvent pas prendre d’engagements auprès d’autres personnes, car ils ne sont pas sûrs de pouvoir les tenir. Être libre, c’est pouvoir s’engager auprès d’autrui.

Au contraire, le « remboursement de la dette » est devenu un dogme moral…

 

La dette a été transformée en une question d’arithmétique impersonnelle, en l’essence même de l’obligation morale. C’est ce processus que nous devons défaire. Il est fascinant aussi de voir le lien entre la notion de dette et le vocabulaire religieux, de constater comment les premières religions débutent avec le langage de la dette : votre vie est une dette que vous devez à Dieu. La Bible par exemple commence avec le rachat des péchés… Devenue dogme moral, la dette justifie les dominations les plus terribles. On ne peut comprendre ce qu’elle représente aujourd’hui sans un détour par cette longue histoire de la dette comme justification morale de relations de pouvoir inégales. Le langage de la dette permet de justifier une relation de pouvoir arbitraire. Et il est très difficile d’argumenter face à un pouvoir arbitraire sans adopter le même langage.

Vous citez l’exemple de la mafia…

Parler de dette devient un moyen pour décrire des relations inégales. Les mafieux ont compris cela : ils utilisent souvent le terme de dette, même si ce qu’ils font est en réalité de l’extorsion. Quand ils annulent ou reportent certaines dettes, cela passe pour de la générosité ! C’est comme les armées qui font payer un tribut aux vaincus : une taxe en échange des vies épargnées. Avec le langage de la dette, on dirait que ce sont les victimes qui sont à blâmer. Dans de nombreuses langues, dette, culpabilité et péché sont le même mot ou ont la même racine.

La monnaie, qui permet de quantifier précisément la valeur d’une dette, apparaît d’ailleurs dans les situations de violence potentielle. L’argent est aussi né du besoin de financer les guerres. La monnaie a été inventée pour permettre aux États de payer des armées professionnelles. Dans l’Empire romain, la monnaie apparait exactement là où stationnent les légions. De la même façon, le système bancaire actuel a été créé pour financer la guerre. Violence et quantification sont intimement liés. Cela transforme les rapports humains : un système qui réduit le monde à des chiffres ne peut être maintenu que par les armes.

Il y a aussi une inversion : le créancier semble être devenu la victime. L’austérité et la souffrance sociale sont alors considérées comme un sacrifice nécessaire, dicté par la morale…

Absolument. Cela permet par exemple de comprendre ce qui se joue en Europe aujourd’hui. L’Europe est-elle une communauté de partenaires égaux ? Ou y a-t-il une relation de pouvoir entre entités inégales ? Est-ce que tout peut être renégocié ? Quand une dette est établie entre égaux, elle est toujours traitée comme une promesse. Nous renégocions des promesses tout le temps, car les situations changent : si je vous promets de vous voir demain à cinq heures, si ma mère meurt, je ne suis pas obligé de tenir ma promesse.

 

Les gens riches peuvent être incroyablement compréhensifs concernant la dette des autres riches : les banques états-uniennes Goldman Sachs et Lehman Brothers peuvent se concurrencer, mais quand quelque chose menace leur position générale de classe, soudain elles peuvent oublier toutes les dettes contractées si elles le veulent. C’est ce qui s’est passé en 2008. Des trillions de dollars de dettes ont disparu, parce que cela arrangeait les puissants. De la même façon des gens pauvres vont être très compréhensifs les uns envers les autres. Les prêts que l’on fait à des proches sont finalement souvent des cadeaux. C’est lorsqu’il y a des structures d’inégalités, que soudain la dette devient une obligation morale absolue. La dette envers les riches est la seule à être vraiment « sacrée ». Comment se fait-il que Madagascar soit en difficulté quand il doit de l’argent aux États-Unis, mais que lorsque ce sont les États-Unis qui doivent de l’argent au Japon, c’est le Japon qui est en difficulté ? Le fait notamment que les États-Unis ont une puissante armée change le rapport de force…

Aujourd’hui, on a l’impression que la dette a remplacé les droits : les droits à la formation ou au logement se sont transformés en droit au crédit ?

Certains utilisent leur maison pour financer leur vie en contractant de plus en plus de prêts hypothécaires. Leurs maisons deviennent des distributeurs de billets. Les micro-crédits pour faire face aux problèmes de la vie se multiplient, en substitution de ce qui était auparavant assuré par l’État-providence, qui donnait des garanties sociales et politiques. Aujourd’hui, le capitalisme ne peut plus offrir un bon « deal » à tout le monde. On sort de l’idée que chacun pourrait posséder un bout du capitalisme : aux États-Unis, chacun était censé pouvoir investir dans les entreprises, qui en fait exploitent chacun. Comme si la liberté consistait à posséder une part de notre propre exploitation.

Puis les banquiers ont transformé la dette en produits bancaires, échangeables comme de la monnaie…

C’est incroyable ! Il y a six ans, même des gens très intelligents disaient : « Que ces gens sont brillants, ils ont créé de l’argent à partir de rien ». Ou plutôt avec des algorithmes tellement complexes, que seuls des astrophysiciens pouvaient les comprendre. Mais cette incroyable sophistication s’est révélée être une escroquerie ! J’ai eu récemment des entretiens avec de nombreux astrophysiciens, qui m’ont affirmé que ces chiffres ne veulent rien dire. Tout ce travail semble très sophistiqué, mais en fait il ne l’est pas. Une classe de personnes a réussi à convaincre tout le monde qu’ils étaient les seuls à pouvoir comprendre. Ils ont menti et les gens les ont cru. Soudain, un pan de l’économie a été détruit, et on a vu qu’eux-mêmes ne comprenaient pas leurs instruments financiers.

Pourquoi cette crise n’a-t-elle pas changé notre rapport à la dette ?

A cause d’un profond déficit intellectuel. Leur travail idéologique a été tellement efficace que tout le monde est convaincu que le système économique actuel est le seul possible. Nous ne savons pas quoi faire d’autre. Alors nous posons un morceau de scotch sur le problème, prétendant que rien ne s’est passé. Où cela nous mènera-t-il ? A une nouvelle panne. Nous entrons désormais dans une nouvelle étape : celle du jeu défensif. Comme la plupart des justifications intellectuelles du capitalisme s’effondrent, ses promoteurs attaquent aujourd’hui toutes les alternatives possibles. En Grande-Bretagne, après la crise financière, la première chose qu’ont voulu faire les responsables économiques a été de réformer le système scolaire, pour le rendre plus compétitif. En réalité, le rendre plus semblable au système financier ! Pourquoi ? Sans doute parce que l’enseignement supérieur est un des seuls espaces où d’autres idées, d’autres valeurs, peuvent émerger. D’où la nécessité de couper court à toute alternative avant qu’elle ne puisse émerger. Ce système éducatif fonctionnait pourtant très bien jusqu’à présent, alors que le système financier a failli de manière spectaculaire. Il serait donc plus pertinent de rendre le système financier semblable au système éducatif, et non l’inverse !

Aujourd’hui, aux États-Unis, des gens sont emprisonnés pour incapacité à rembourser leurs dettes. Vous citez l’exemple d’un homme condamné à la prison en 2010 dans l’État de l’Illinois pour une durée illimitée, tant qu’il n’aura pas réussi à rembourser 300 dollars…

Aux États-Unis, des gens sont emprisonnés parce qu’ils n’ont pas réussi à payer les frais de citation en justice. Alors qu’il est presque impossible de poursuivre des banques pour des saisies illégales ! Les banques peuvent toujours aller voir la police pour leur demander de vous arrêter pour défaut de paiement, même si tout le monde sait qu’il s’agit d’une saisie illégale. Pouvoir financier et pouvoir politique sont en train de fusionner. Police, collecteurs d’impôts, les personnes qui vous expulsent de vos maisons, opèrent directement dans l’intérêt des institutions financières. Peu importe votre revenu, un robot signe votre expulsion et la police vous fait sortir de votre maison.

Aux États-Unis, tout le monde croyait faire partie de la classe moyenne. Ce n’est pas vraiment une catégorie économique, plutôt une catégorie sociale et politique : on peut considérer que font partie de la classe moyenne les citoyens qui se sentent plus en sécurité quand ils voient un policier, que l’inverse. Et par extension, avec toutes les autres institutions, banques, écoles… Aujourd’hui, moins de la moitié des Américains considèrent qu’ils font partie de la classe moyenne, contre les trois quarts auparavant. Si vous êtes pauvres, vous supposez que le système est contre vous. Si vous êtes riches, vous avez tendance à croire que le système est avec vous. Jusqu’à présent aucun banquier n’a été mis en prison pour des actes illégaux durant la crise financière. Et des centaines de manifestants ont été arrêtés pour avoir tenté d’attirer l’attention sur ces faits.

La dette provoque toujours contestation et désordre dans les sociétés, écrivez-vous. Et depuis 5000 ans, les insurrections populaires commencent très souvent par la destruction des registres de dette…

La dette semble être le plus puissant des langages moraux jamais créés pour justifier les inégalités et les rendre « morales ». Mais quand tout explose, c’est avec une grande intensité ! L’historien britannique Moisis Finley défendait l’argument que dans le monde antique, il n’y avait qu’une seule demande révolutionnaire : abolir les dettes, et ensuite redistribuer les terres. De la décolonisation de l’Inde à l’Amérique latine, les mouvements d’abolition des dettes semblent partout une priorité. Lors de révolutions paysannes, une des premières actions des insurgés est de trouver les registres de dettes pour les brûler. Puis les registres de propriété des terres. La raison ? La dette, c’est pire que si vous dites à quelqu’un qu’il est inférieur, esclave, intouchable. Car cela signifie : « Nous ne sommes pas fondamentalement différents, vous devriez être mon égal, mais nous avons conclu un contrat d’affaires et vous avez perdu. » C’est un échec moral. Et cela peut engendrer encore plus de colère. Il y a quelque chose de profondément insultant, dégradant avec la dette, qui peut provoquer des réactions très violentes.

Vous réclamez un jubilé, c’est-à-dire un effacement des dettes – dettes souveraines des États mais aussi dettes individuelles. Quel impact économique cela aurait-il aujourd’hui ?

Je laisse les détails techniques aux économistes… Cela supposerait notamment de revenir à un système public pour les pensions de retraite. Les précédentes annulations de dettes n’ont jamais concerné toutes les dettes. Mais certains types de dettes, comme les dettes de consommation ou la dette souveraine des États, pourraient être effacées sans réels effets sociaux. La question n’est pas de savoir si l’annulation de dette va avoir lieu ou pas : les gens qui connaissent bien la situation admettent que cela va évidemment arriver. La Grèce, par exemple, ne pourra jamais rembourser sa dette souveraine, elle sera progressivement effacée. Soit avec de l’inflation – une manière d’effacer la dette qui a des effets délétères – soit par des formes d’annulation directe. Est-ce que cela arrivera « par en bas », sous la pression des mouvements sociaux, ou « par en haut », par une action des dirigeants pour tenter de préserver le système ? Et comment vont-ils habiller cela ? Il est important de le faire de manière explicite, plutôt que de prétendre à un simple « rachat » de la dette. Le plus simple serait de dire qu’une partie de la dette est impayable, que l’État ne garantit plus le paiement, la collecte de cette dette. Car pour une grande part, cette dette existe uniquement parce qu’elle est garantie par l’État.

L’effacement de la dette des États, c’est la banqueroute. Les experts du FMI ou de la Banque mondiale seront-ils un jour d’accord avec cette option ?

Le FMI annule actuellement des dettes en Afrique. Les experts savent que la situation actuelle n’est pas viable. Ils sont conscients que pour préserver le capitalisme financier et la viabilité à long terme du système, quelque chose de radical doit avoir lieu. J’ai été surpris de voir que des rapports du FMI se réfèrent à mon livre. Même au sein de ces institutions, des gens proposent des solutions très radicales.

Est-ce que l’annulation de dettes signifie la chute du capitalisme ?

Pas nécessairement. L’annulation de dettes peut aussi être un moyen de préserver le capitalisme. Mais à long terme, nous allons vers un système post-capitaliste. Cela peut paraître effrayant, puisque le capitalisme a gagné la guerre idéologique, et que les gens sont convaincus que rien d’autre ne peut exister que cette forme précise de capitalisme financier. Il va pourtant falloir inventer autre chose, sinon dans 20 ou 30 ans, la planète sera inhabitable. Je pense que le capitalisme ne sera plus là dans 50 ans, mais je crains que ce qui arrive ensuite soit encore pire. Nous devons construire quelque chose de mieux.

Dans le cadre du mouvement Occupy Wall Street, vous êtes l’un des initiateurs de la campagne Rolling Jubilee. Quels sont ses objectifs et son impact ?

C’est un moyen de montrer à quel point ce système est ridicule. Aux États-Unis, des « collecteurs » achètent de la dette, à 3% ou 5% du montant de la dette initiale, et vont ensuite tenter de recouvrer la totalité de l’argent en faisant payer les personnes endettées. Avec la campagne Rolling Jubilee, nous faisons comme ces collecteurs de dette : nous achetons collectivement nous-mêmes de la dette – ce qui est parfaitement légal – et ensuite, au lieu d’exiger leur remboursement, nous effaçons ces dettes ! Quand nous atteindrons un niveau où cela commence à avoir un effet réel sur l’économie, ils trouveront sans doute un moyen de rendre ça illégal. Mais pour le moment, c’est un bon moyen de mettre en évidence l’absurdité du système (sur cette campagne, lire notre aticle « Strike debt » : un plan de sauvetage du peuple par le peuple). En complément, nous développons le projet « Drom », Debt resistors operation manuel, qui fournit des conseils légaux et pratiques aux personnes endettées.

La façon la plus simple de désobéir à la finance, c’est de refuser de payer les dettes. Pour lancer un mouvement de désobéissance civile contre le capitalisme, on peut commencer par là. Sauf que les gens le font déjà ! Un Américain sur sept est poursuivi par un collecteur de dettes. 20 % au moins des prêts étudiants sont en situation de défaut. Si vous ajoutez les prêts hypothécaires, sur les 80 % de la population qui sont endettés aux États-Unis, entre un quart et un tiers sont déjà en situation de défaut de paiement ! Des millions d’Américains font déjà de la désobéissance civile par rapport à la dette. Le problème est que personne ne veut en parler. Personne ne sait que tout le monde le fait ! Comment réunir tous ces gens isolés ? Comment organiser un mouvement social si tout le monde a honte de ne pas réussir à rembourser ses dettes ? À chaque fois que vous refusez de payer une dette médicale, une dette « odieuse » créée par la collusion entre gouvernement et financiers – qui piège les gens dans des dettes que vous n’avez d’autre choix que de subir – vous pouvez dépenser votre argent pour quelque chose de socialement important. Nous voulons encourager les « coming-out » sur cette résistance au système. Fédérer cette armée invisible de gens qui font défaut, qui sont déjà sur le terrain de bataille, s’opposant au capitalisme par une résistance passive.