Archive pour doctrine découverte extinction souveraineté

Résistance au colonialisme: Le chemin de la décolonisation du continent américain

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, canada USA états coloniaux, colonialisme, démocratie participative, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, pédagogie libération, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , on 12 novembre 2016 by Résistance 71

« Impliquer que les Indiens reçurent de la terre est un renversement totale des faits historiques. Jamais les Etats-Unis et leur gouvernement fédéral ne donnèrent un quelconque morceau de terrain à une quelconque nation indienne. Ce sont plutôt les Indiens qui donnèrent de la terre aux Etats-Unis en considération du fait de recevoir un titre indien sur le reste des terres et que celui-ci soit confirmé. […]  La culture telle qu’elle est comprise par le peuple indien est essentiellement un style de vie, c’est une expression de soi, mais pas consciemment, c’est plutôt l’expression de l’essence d’un peuple. Tout ce que l’homme blanc a réussi à créer sur ce continent (des Amériques) est un conglomérat violent d’individus et non pas un peuple. »
~ Vine Deloria Jr, 1969 ~

 

Décoloniser le passé et le présent du continent américain

 

Peter d’Errico

 

6 novembre 2016

 

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2016/11/06/decolonizing-past-and-present-western-hemisphere

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

J’ai emprunté le titre de cette article à un article de Paulette Steeves paru en 2015 dans « Archaeologies: Journal of the World Archaeological Congress,« :Paulette F. Steeves (Cree-Métis), presenting an overview of her research overthrowing the Bering Strait theory.

La plupart des gens ne pensent sans doute pas à l’archéologie quand ils observent et analysent la loi fédérale indienne et inversement. Mais les deux secteurs interagissent en tant que composants de la domination continue qui s’exerce sur les peuples indigènes du continent.

La théorie du Détroit de Béring, que Vine Deloria Jr avait appelé « la théorie de la connerie », a longtemps dominé le point de vue officiel en archéologie. Cette théorie dit que l’Île de la Grande Tortue, que les archéologues appellent le continent américain, était vide de gens jusqu’à il y a environ 13 000 ans.

La théorie postule que des communautés humaines migrèrent de la Sibérie vers l’Île de la Grande Tortue au travers d’un “pont terrestre” s’étant établi depuis le continent asiatique et qu’ainsi elles poursuivaient du grand gibier et taillaient des pointes de flèches et de lances d’une forme très distinctive pour tuer leur gibier. Les archéologues appellent ces pointes les “pointes Clovis”, nommées d’après une ville du Nouveau-Mexique où elles furent pour la première fois découvertes. Avant cela, la théorie affirme qu’aucun humain ne vivait sur le continent des Amériques.

Steeves dit: “Cette bataille académique [au sujet de la théorie du Détroit de Béring] n’est pas seulement au sujet des sites archéologiques ou des restes de matériel retrouvés. L’argument reflète une pratique continue coloniale d’effacement et de déni aux peuples indigènes de ce continent, d’une place dans l’histoire de l’ancien monde.” Elle ajoute: “Permettre aux peuples indigènes d’avoir été présents sur le continent des Amériques pour un bien plus grand nombre d’années est de fait solidifier leurs liens aux patries et aux restes de matériel retrouvés.”

La théorie de la connerie joue un rôle très important dans le maintien de la domination des colonisateurs sur les peuples et nations indigènes du continent et offrant une preuve prétendument “scientifique” de ce que cette terre était Terra Nullius, “n’appartenait à personne”, ou était un “no man’s land”, jusqu’à relativement récemment dans l’histoire de la Terre. La théorie dit que le Nouveau Monde n’était pas aussi vieux que l’ancien monde: ses peuples n’y avaient aucune présence ancienne.

Terra nullius va comme un gant à la doctrine chrétienne de la découverte ; lorsque la Cour Suprême des Etats-Unis a adopté cette doctrine comme base pour affirmer la propriété de l’état fédéral sur les terres indiennes, le concept de “no man’s land” résidait en toile de fond. (NdT: c’est du reste sur cette base de la théorie de “terra nullius” que la couronne britannique s’est emparée des terres australiennes et volée les terres ancestrales aborigènes…) La Cour a observé les Indiens et décidé que ceux-ci n’étaient pas totalement humains, n’étaient pas capables de posséder la terre. D’après la CS, les “propriétaires” légaux étaient les “découvreurs” chrétiens.

La découverte chrétienne et terra nullius, de manière supposée, des concepts légaux et scientifiques, sont à l’œuvre aujourd’hui aux Etats-Unis et dans bien d’autres endroits (NdT: Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, tous les pays du commonwealth sous domination de la couronne / City de Londres et sa Banque d’Angleterre/Vatican). Elles sont la racine du vol des terres apaches au bénéfice de la grande entreprise transnationale minière Rio Tinto et de l’invasion du territoire de Standing Rock au bénéfice de l’Energy Transfer Partners Corporation. Dans chacun de ces endroits, les peuples indigènes sont vus comme se trouvant “en travers du chemin” de l’extraction coloniale des ressources naturelles.

La doctrine chrétienne de la découverte prescrit que les Indiens ne peuvent pas détenir de titre de propriété, mais ne peuvent “qu’occuper les sols” avec la “permission” du gouvernement. Le fait que les peuples originels ont été sur Oak flat et Standing Rock “depuis des temps immémoriaux” ne compte absolument pas dans les esprits des extracteurs coloniaux.

Steeves dit: “Critiquer les constructions théoriques archéologiques faites sur les peuples indigènes est central à la discussion des controverses en relation aux droits humains et à la souveraineté des nations dans le monde contemporain.” Elle cite Deloria: “A moins que et jusqu’à ce que les ‘Indiens’ soient d’une certaine manière connectés avec l’histoire du monde en tant que peuples premiers… On ne nous accordera jamais une humanité totale.

Elle dit aussi: “Le passé a un pouvoir dans le présent.” Elle cite ensuite David Meltzer, auteur du livre “First Peoples in a New World, » qui écrivit: “Les archéologues sont parfaitement au courant des implications possibles d’une occupation plus ancienne du continent des Amériques par des peuples indigènes, ceci reflète sur les problèmes contemporains d’indentité, d’ancestralité et d’appropriation du passé et du présent.

La recherche de Steeves ajoute à bien d’autres critiques de la théorie de la connerie. Tous ces chercheurs combattent des intérêts particuliers retranchés dans la discipline de l’archéologie. Un article du magazine Smithsonien en 2013 établissait que “La théorie de Clovis, au fil du temps, a acquis la force d’un dogme… Tous les artéfacts que les universitaires affirment être en en provenance d’avant Clovis (NM) ou toute théorie concurrente qui peut jeter un doute sur l’idée première émise par la théorie de Clovis, furent tournés en ridicule par l’establishment archéologique, discrédités comme étant science erronée ou simplement ignorés.

Les gardiens du temple de la profession ont attaqué tout archéologue qui présentait des preuves d’une existence humaine sur le continent des Amériques avant la soi-disants période de Clovis. Malgré cette hostilité sans relâche, des chercheurs indépendants, comme Steeves, ont continué leur travail et ont commencé à attirer l’attention dans la discipline.

Note de Résistance 71: Les gardes-chiourme de l’oligarchie et de ses dogmes scientifiques procèdent de la même manière dans bien des disciplines. En Histoire, sociologie, et de manière plus évidente dans toutes les sciences liées à l’escroquerie du Réchauffement Climatique Anthropique, appelé aujourd’hui « Changement Climatique » (le mot « anthropique » étant maintenant devenu implicite). L’archéologie n’a pas échappé à cette phagocytose par la pensée unique oligarchique. Il en va de même avec la recherche archéologique biblique, qui commence à sortir du placard grâce aux travaux et recherches de scientifiques dissidents. Ceci est confirmé ci-dessous.

En mars 2011, le fondateur de la base de données en ligne Paleoindian pour les Amériques a dit à la revue Science Magazine “beaucoup de lignes de preuve très distinctes et superbement documentées… offrent une confirmation sans équivoque que des humains, des peuples, existaient à l’intérieur de l’Amérique du Nord avant l’époque dite de Clovis…

La recherche de Steeves sera publiée sous la forme d’un livre chez Nebraska Press, il fournira à Mr Toutlemonde aussi bien qu’aux experts, un accès à la base de données qu’elle a construite montrant des centaines de sites d’habitations humaines en Amériqies du Nord et du Sud datant de bien avant la supposée époque de la migration du Détroit de Béring.

Steeves ne rejette en aucun cas les migrations possibles des peuples entre les continents ; mais elle insiste néanmoins sur le fait que les études d’une telle migration ne constitue qu’une pièce de l’histoire bien plus large des populations humaines et que la véritable science ne peut pas être limitée par des marqueurs et des clotures politico-académiques.

Elle dit que les attaques subies par les chercheurs qui étudient les sites de population antérieurs à ce qui est permis par la théorie du Détroit de Béring, montrent que l’archéologie est “un domaine universitaire et de recherche colonialement chasse gardée. Elle cite John Alsoszatai-Peteho qui dit que “même la simple mention de la possibilité d’une plus grande ancienneté revenait à commettre un suicide professionnel.

Les discours dominants de longue date en archéologie et en anthropologie ont enterré les histoires des peuples indigènes alors qu’ils étaient forcés de vivre dans des “réserves” (NdT: en réalité des camps de prisonniers, comme la réserve Lakota de Pine Ridge, camp de prisonniers #44 en ce qui concerne l’administration yankee, alors que la grande nation Sioux n’a jamais perdu une guerre contre l’armée US, que 2 traités régissent les relations, Fort Laramie 1851 et 1868, tous deux bafoués par les yanks…), refusant aux peuples indigènes la propriété de leurs terres, leur humanité et leur souveraineté au sein d’un terra nullius colonial.

La persistance de Steeves, son courage et son abnégation pour une véritable science face aux brutales guerres universitaires et académiques témoignent de son statut de guerrière, de défenseur de la connaissance du passé soulignant la très longue présence des peuples indigènes sur le continent des Amériques.

Résistance au colonialisme: A ceux qui fêtent encore cette escroquerie du « Thanksgiving » ou de l’action de grâce…

Posted in actualité, altermondialisme, colonialisme, démocratie participative, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, pédagogie libération, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , on 12 octobre 2015 by Résistance 71

Pourquoi la journée du “Thanksgiving” nord-américaine ou “journée d’action de grâce” est vue comme une journée de deuil par les nations amérindiennes:

https://resistance71.wordpress.com/2014/11/27/resistance-au-colonialisme-du-mythe-etats-unien-du-thanksgiving-a-la-realite-coloniale-dapartheid/

 

“La plupart des (nord)-Américains croient aujourd’hui que la fête du Thanksgiving célèbre les bonnes récoltes, mais cela n’est pas du tout le cas. En 1970, la nation Wampanoag a montré une copie de la proclamation de Thanksgiving faite par le gouverneur de la colonie. Le texte révéla la vérité très moche: Après qu’une milice coloniale revint d’avoir massacré des hommes, femmes et enfants d’un village indien, le gouverneur proclama un jour férié de festivités pour remercier de ce massacre. Il encourageait également d’autres colonies à faire la même chose… En d’autres termes, à chaque automne, après avoir rentré les moissons, allez massacrer les Indiens et célébrez vos assassinats par une fête.”

~ Russell Means, 1995 ~

 

L’amérique du Nord est une scène de crime

 

Roxanne Dunbar-Ortiz

 

Extrait de la conclusion de son livre “An Indigenous History of the United States”, Beacon Press, 2014

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Note: Roxanne Dunbar-Ortiz est une historienne (Docteur ès histoire de l’université de Californie Los Angelès, UCLA),. Professeur au Native American Studies Program de l’université d’état de Californie, elle est l’auteure de 7 ouvrages, dont sa thèse de doctorat d’histoire qui fut publiée sous le titre “Roots of Resistance: A History of Land Tenure in New Mexico. Mme Dunbar-Ortiz est Cherokee par sa mère.

Jodi Byrd (historienne, université du Minnesota) écrit: “L’histoire du nouveau monde est une histoire d’horreur, l’histoire de l’Amérique est un crime”. Elle argumente qu’il est nécessaire de commencer avec l’origine même des Etats-Unis en tant qu’état-colonisateur et occupant et son intention explicite d’occuper le continent. Ces origines contiennent les semences historiques du génocide. Une quelconque véritable histoire des Etats-Unis (et de l’Amérique du Nord) doit focaliser sur ce qu’il s’est passé avec les peuples indigènes et ce qu’il se passe toujours avec et contre eux. Ceci n’est pas juste de l’action passée colonialiste, mais aussi “La continuation de la colonisation des nations amérindiennes, de leurs peuples et de leurs terres”, permet aux Etats-Unis (et au Canada et au Mexique) “de projeter so regard impérialiste sur le monde” avec “ce qui est essentiellement une construction nationale d’un occupant colonisateur par elle-même et comme une toujours plus parfaite démocratie multiraciale et multiculturelle”, tout à la fois avec “le statut des Amérindiens comme nations souveraines colonisées par les Etats-Unis continuant de hanter et d’affecter sa raison d’être.

[…]

Une “course à l’innocence” est ce qui se produit lorsque des individus assument qu’ils sont innocents de complicité dans des structures de domination et d’oppression. Ce concept capture très bien l’assomption compréhensible faite par de nouveaux immigrants ou les enfants d’immigrants récents dans quelque pays que ce soit. Ils assument qu’ils ne peuvent pas être responsables de ce qu’il s’est passé auparavant dans leur pays d’adoption. Ne se sentent pas responsables non plus les citoyens, même descendants de propriétaires d’esclaves ou de tueurs d’Indiens, ou d’Andrew Jackson lui-même. Et pourtant, dans une société d’occupation coloniale qui n’est pas encore venue à terme avec son passé, quelque soit le traumatisme historique résultant de l’occupation de la terre, cela va affecter les assomptions et le comportement de vie des générations à quelque moment que ce soit, incluant les immigrants et les enfants des immigrants récents.

Aux Etats-Unis, l’héritage du colonialisme d’occupation peut être vu dans les guerres sans fin d’agression et d’occupations menées par ls Etats-Unis et leur empire, dans les milliers de milliards de dollars dépensés dans la machine de guerre perpétuelle, ses bases militaires dans le monde entier, et dans ses personnels de service au lieu de dépenser l’argent dans les services sociaux, l’éducation publique ; cela peut aussi se voir dans les énormes bénéfices réalisés par les entreprises transnationales dont chacune a des ressources plus importantes que la moitié des nations du monde et qui pourtant ne paient quasiment pas d’impôts et ne fournissent que bien peu d’emplois aux citoyens des Etats-Unis. Cela se voit dans la répression toujours plus avancée des activistes qui recherchent à changer le système, dans le taux d’incarcération toujours plus élevé des pauvres, particulièrement les descendants d’esclaves africains, dans l’individualisme savamment inculqué, qui professe l’auto-condamnation pour les échecs personnels et exalte d’un autre côté la compétion de chiens se bouffant entre eux pour le succès possible, même si cela n’arrive que peu fréquemment. Que dire des suicides toujours plus nombreux, de la consommation galopante d’alcool, de drogues et de substances psychothropes, de la violence sexuelle envers les femmes et les enfants, des sans-abri, de l’échec scolaire et de la violence domestique armée.

Ceci ne sont que des symptomes d’une société gravement atteinte et à la dérive. Ceci n’est pas nouveau.

[…]

Il existe une nouvelle mode depuis le début du XXIème siècle qui analyse et cherche à faire revivre le concept de l’Europe médiévale des communes en tant qu’inspiration pour les mouvements sociaux contemporains.

La plupart des écrits à ce sujet ne mentionnent pas ou très rarement la destinée des peuples indigènes en relation avec le partage de la terre, avec leur appel pour que toute la terre soit partagée. Deux activistes universitaires canadiennes, Nandita Sharma et Cynthia Wright par exemple, ne mâchent pas leurs mots quant au rejet des demandes autochtones pour la souveraineté, caractérisant ces demandes d’élitisme xénophobique. Elles voient ces affirmations indigènes comme “du néo-racisme régressif à la lumière de la diaspora mondiale émergeant de l’oppression généralisée autour du monde.

L’universitaire Cree Loraine Le Camp appelle ce type d’effacement des peuple indigènes d’Amérique du Nord le “terra nullisme”, remontant à cette caractéristique de la doctrine de la découverte qui veut que les terres occupés par des païens soient des terra nullis ou “terres vacantes”. Ceci représente une sorte d’histoire à la sauce “c’est la faute à personne”. De la théorie d’un futur libéré sans frontières et sans nations, d’une vague communalité pour tous, les théoriciens oblitèrent le présent et la présence des peuples indigènes luttant pour leur libération des états du colonialisme (NdT: de tous les états des Amériques en fait, avec en tiete les Etats-Unis et le Canada…). De la sorte, la rhétorique et les programmes indigènes pour la décolonisation, la nationalité et la souveraineté, sont, en accord avec ce projet, rendues invalides et futiles. D’une perspective indigène comme l’écrit Jodi Byrd “Toute notion des communs qui parlent pour et en tant qu’indigène se fait le porte-parole de la transformation de la gouvernance indigène ou de l’incorporation des peuples indigènes dans une multitude qui pourrait alors résider sur ces terres prises de force à ces peuples indigènes, ne fait rien pour déranger et interrompre l’intention génocidaire et colonialiste du processus historique initial et maintenant répété.

Résistance au colonialisme: Doctrine chrétienne de la découverte et « extinction » de la souveraineté des nations…

Posted in actualité, altermondialisme, colonialisme, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , on 4 août 2015 by Résistance 71

“Raviver les braises de la souveraineté qui se sont éteintes il y a longtemps”

 

Steven Newcomb

 

31 Juillet 2015

 

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2015/07/31/rekindling-embers-sovereignty-long-ago-grew-cold

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Quand Cristobal Colón (NdT: la nom hispanisé de Christophe Colomb dans le texte original, qui veut dire “le colonisateur porteur de la croix”) posa le pied sur une plage sablonneuse des Caraïbes, il y planta les étendards royaux de Castille et d’Aragon et y fit un rituel cérémonieux de “découverte et de prise de possession”. Les “Standards” qu’il planta dans le sable furent des étendards certes physiques, mais ils symbolisaient également les idées de la chrétienté et les standards de jugement que Colón et les autres envahisseurs avaient l’intention d’imposer sur la nouvellement “découverte” terre et sur les nations non-chrétiennes libres et indépendantes qui existaient déjà en la place.

En 2005, la cour suprême des Etats-Unis a étendu l’idée de ces “standards” de la chrétienté dans l’affaire City of Shemill contre la nation indienne Oneida (iroquoise) de l’état de New York, lorsqu’elle cita: “Nous tenons pour acquis que ‘les standards de la loi fédérale indienne et la pratique d’équité fédérale’ rendent impossible pour la tribu [la nation indienne Oneida] de raviver les braises de la souveraineté qui s’éteignirent il y a longtemps.” Un conseil du feu traditionnel était le cadre de référence pour l’expression utilisée par la cour suprême “raviver les braises de la souveraineté” et un “feu déclinant” est le cadre de référence pour le terme “braises” et son allusion à l’idée d’un “feu déclinant, mourant” ; ceci rappelle à l’esprit qu’un “feu mourant” est en train de “s’éteindre”. Les deux sens du mot “éteindre ou extinction” sont reliés parce qu’il y a longtemps, le titre foncier, le titre de la terre des nations originelles fut dit “éteint” (par la découverte chrétienne) ; il s’en suit de ce fait que généralement, le feu du conseil des nations autochtones ne pouvait plus être trouvé sur leur terre parce que les gens avaient été déportés de leurs territoires traditionnels ancestraux.

L’utilisation par la cour suprême des mots “raviver” et “braises” évoque une image mentale idéalisée du conseil du feu d’une nation originelle. Ceci implique une toile de fond, qui par implication, vît la cour suprême écrire le faire-part de décès de la nation Oneida et, par extension, celui de chacune de nos nations originelles. La cour semble vouloir dire ceci:

Il était une fois un peuple qui avait un feu de souveraineté vif et ardent en tant que nation libre et indépendante, mais nos ancêtres ont réussi à éteindre ce feu. Ils le firent de telles manière que ne restait plus que quelques braises de votre feu de conseil mourant. Puis, le temps passant, ces braises sont devenues froides alors que la chaleur restante de votre feu de conseil graduellement disparaissait. Nos ancêtres ont éteint avec succès votre feu de souveraineté nationale et ils ont construit un système idéaliste appelé la loi fédérale indienne, qui fut créée de telle façon que cela rende impossible pour votre nation de jamais pouvoir raviver votre feu de conseil pour la souveraineté en tant que nation et peuple indépendants. Nous avons hérité de nos prédécesseurs de cette loi fédérale indienne et de ce système de pensée ainsi que leurs standards de pratique et nous avons parfaitement l’intention de continuer à l’utiliser contre vous.

D’une génération à l’autre, les nations colonisatrices de la chrétienté passèrent les idées dominantes, les valeurs et les standards de jugement qu’ils avaient pour intenton de “planter” dans le sol de vos territoire originaux libres. Aujourd’hui, les Etats-Unis (NdT: et le Canada et en Océanie, l’Australie et la Nouvelle-Zélande…) continuent d’imposer ces idées dominatrices, ces valeurs et ces standards de pratique et de jugement sur vos nations. Derrière l’utilisation par la cour demeure cette présomption clef: Nos nations et peuples originels et initialement libres et indépendants sont maintenant vus comme étant sous le coup du processus mental (idée et standards de jugement) du gouvernement des Etats-Unis de manière générale et de la cour suprême des Etats-Unis en particulier. C’est par le moyen de ces processus mentaux (prenant la forme à la fois d’idées et de décisions de “justice”), que les Etats-Unis prétendent maintenir nos peuples et nations originels captifs et de maintenir le jugement, la vue de l’esprit, que ces mêmes Etats-Unis ont “éteint” avec succès les conseils des feux de notre indépendance nationale.

La cour suprême a aussi utilisé la doctrine de la découverte pour le contexte de ce qu’elle a avancé au sujet des “braises de la souveraineté” dans son rendu de l’affaire City of Sherill de 2005. La note de bas de page numéro 1 dit ceci: “Sous la doctrine de la découverte… le titre de propriété des terres occupées par les Indiens lorsque les colons arrivèrent fut assigné au souverain…” La note continue en ces termes: “d’abord la nation européenne découvreuse puis ensuite les états originaux et enfin les Etats-Unis.” Le juge Ginsberg tira ce langage de la décision de 1974 dans l’affaire Oneida Indian Nation v. County of Oneida (414 US.661) dont le phrasé stipule:

“Il fut accepté très tôt cette doctrine dans cette cour stipulant que, bien que le titre des terres occupées par les Indiens lorsque les colons arrivèrent devint possession du souverain, d’abord la nation européenne découvreuse puis plus tard les états originaux pour finir avec les Etats-Unis, un droit d’occupation des sols pour les tribus indiennes fut néanmoins reconnu.”

Dans la décision de 1974 d’Oneida Nation que le juge Ginsberg utilisa pour Sherrill, la cour suprême en vint à faire remarquer que dans l’affaire Etats-Unis contre Sante Fe Railroad Company de 1941, elle avait “succintement résumé” unanimement “l’essence des affaires passées relevantes à ce sujet”. Dans son rendu de l’affaire de Santa Fe Railroad, la cour stipulait:

“Ce fut la politique du gouvernement fédéral de manière incontestable et ce depuis le début que de respecter le droit d’occupation des sols des Indiens, ce qui ne peut-étre interféré avec ou déterminé que par les Etats-Unis eux-mêmes.” Cramer v. United States, 261 U. S. 227. Cette politique fut pour la première fois reconnue dans le rendu de l’affaire Johnson v. M’Intosh, 8 Wheat. 543, en 1823 et a été réaffirmé à maintes reprises depuis.

Ainsi, le fait que le juge Ginsberg se soit appuyé sur la doctrine de la découverte dans l’affaire City of Sherrill v. Oneida Indian Nation of New York, nous mène directement au rendu de la cour suprême dans Johnson & Graham’s Lessee v. M’Intosh en 1823. Cette même décision de la cour suprême remonte à la cérémonie des étendards, de la prise de possession des terres et de l’impostion des “standards chrétiens” sur le sol de nos nations et sert de pierre angulaire aux “standards de la loi fédérale indienne”, que le juge Ginsberg, pour la majorité de la cour, a utilisé pour rendre impossible pour la nation Oneida et par implication, toute autre nation indigène, de raviver son feu de conseil de l’indépendance.

En d’autres termes, “Les standards de la loi fédérale indienne” auxquels se réfère le juge Ginsberg dans City of Sherrill, remontent à ce que le juge Marshall appelait “le droit à la découverte” dans son rendu de l’affaire Johnson contre M’Intosh de 1823. La Cour Suprême a dit que la proclamation du “droit à la découverte” (et de “domination ultime”) était exclusif au peuple chrétien lorsque la cour trancha que cela était un “droit” confiné aux “pays alors inconnus de tous les peuples chrétiens”. Imbriquée dans le rendu de l’affaire City of Sherrill v. Oneida Indian Nation of New York se trouve l’idée que les “standards” de la domination chrétienne (que le juge Marshall dénomma “L’ascendance”) empêchent nos nations originelles à ce continent de raviver nos feux de conseils de l’indépendance et nous empêchent d’être reconnues comme nations ayant droit de vivre et d’exister librement et indépendamment des proclamations des nations chrétiennes et de leur domination.
Les concepts, métaphores et catégories élucubrées par la cour suprême des Etats-Unis en regard des droits “d’ascendance” et de “domination ultime” doivent être rejetés, répudiés et démantelés. Au minimum en partie de notre travail pour insister sur et actualiser le droit de nos nations de vivre libres de toute forme de domination que ce soit, nous devons donc développer de puissants arguments contre toutes ces fausses proclamations.