Les horreurs de la mise en esclavage des autochtones en Nouvelle-Angleterre révélées dans une nouvelle publication
Christina Rose
Novembre 2016
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~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~
L’histoire de la mise en esclavage des autochtones en Nouvelle-Angleterre est finalement en train d’être mise au grand jour après des siècles de silence. Un nouveau livre expose le fait que jusqu’à un tiers des survivants autochtones de la guerre du roi Philippe dans le sud de la Nouvelle-Angleterre (NdT: la Nouvelle-Angleterre est aujourd’hui composée de 6 états dans l’Est et le nord-est des Etats-Unis: Connecticut, Maine, Massachussetts, New Hampshire, Rhode Island et le Vermont) furent mis en esclavage ou en servitude contrôlée.
Margaret Ellen Newell, auteure de “Brethren by Nature: New England Indians, Colonists, and the Origins of American Slavery,” est en tournée promotionnelle de son livre qui étudie de près la mise en esclavage et en servitude des populations autochtones. L’esclavage des Indiens a commencé avec Christophe Colomb et a doucement cheminé plus au nord le long des côtes avant l’arrivé du navire Mayflower. Il atteignit la Nouvelle-Angleterre vers la fin du XVIème siècle et en 1641, devint politique officielle dans les colonies anglaises.
Après les guerres des Péquots et du roi Philippe, les prisonniers autochtones étaient envoyés dans les Caraïbes et échangés contre des esclaves africains.
A la fin de la guerre contre les Péquots en 1637, la nation fut bannie par les tribunaux. Pour empêcher sa reformation, les hommes Péquots furent exécutés ou réduits en esclavage, dit Kevin McBride, archéologue Péquot de Mashantucket. McBride a dit au cours d’un entretien au Mashantucket Pequot Museum and Research Center, que le travail était critique pour le développement des colonies anglaises. “Il n’y avait alors pas un seul foyer qui n’avait pas son serviteur forcé ou un esclave”, a t’il déclaré.
Mais d’après McBride, la plupart des Péquots condamnés à l’esclavage étaient des femmes et des enfants de haut rang. “De fait, ceci fut une opération appelée aujourd’hui génocide”, a t’il dit. “Ils ne voulaient plus que les Péquots se reconstituent en famille pour perpétrer leur héritage, ainsi les hommes étaient exécutés ou déportés.”
En 1641, Le Corps des Libertés du Massachussetts déclara que seuls les prisonniers pris pendant la guerre, ou ceux qui se soumirent volontairement à l’esclavage ou étaient déjà esclaves, pouvaient être vendus. Mais, le Corps des Libertés permit aux tribunaux de condamner à l’esclavage des autochtones pour de petits crimes ou délits, ce qui devint une des causes majeures de la mise en esclavage.
“Les gens devaient payer leurs dettes ou restitution 3 ou 4 fois et ceci s’appliquait à tout le monde ; mais de plus en plus vous voyiez des personnes de couleurs condamnées à la servitude. Au XVIIIème siècle, cela devint un mode de punition pour les Indiens, les Africains libres et parfois des Indiens de Caroline et de Floride”, ajouta Newell.
Pendant et après la guerre du roi Philippe, “Les gens achetaient et vendaient les Indiens, les emmenant chez eux comme parfois partie de leur salaire. A Boston, on les vendait aux enchères. A Rhode Island et dans le Connecticut, ils donnaient des captifs esclaves aux membres du gouvernement et aux officiers de l’armée. Les villes se substituèrent pour distribuer les prisonniers aux citadins afin qu’ils développent plus d’intérêt dans la pratique de l’esclavage,” dit Newell. Même après la guerre, les enchères publiques continuèrent pour ceux qui étaient condamnés à la servitude par les tribunaux.
Beaucoup des esclaves autochtones qui furent envoyés dans les Caraïbes finirent partout dans le monde Atlantique. “Ils ne revinrent jamais”, dit Wendi-Starr Brown, la conservatrice d’histoire tribale de la nation Narragansett. Brown a dit qu’elle avait même entendu parler d’esclaves Narragansett qui servirent dans les armées de Napoléon.
A l’exception de la Nouvelle-Angleterre, toutes les autres sociétés coloniales esclavagistes perpétuaient l’esclavage par la mère, a dit Newell. Après la seconde ou troisième génération, les autochtones commencèrent à défier leur situation au travers des tribunaux, certains gagnant même leur liberté. “Ceci met les législations sens dessus-dessous,” dit Newell. “Les communautés commencèrent à soutenir leur liberté. Les gens commencèrent à aider ces Indiens, des groupes et associations anti-esclavagisme se formèrent au moment de la révolution [pour l’indépendance achevée en 1776].”
L’ancien de la nation Wampanoag Tall Oak Weeden a dit: “L’esclavage a eu un impact majeur sur notre peuple ici. La plupart des gens, Indiens et non-Indiens, ne comprennent pas que nous fûmes transportés sur le tout premier bateau esclavagiste d’Amérique, ce soi-disant “Berceau de la Liberté”, construit ici à Marblehead, Massachussetts, et qui faisait partie de Salem.”
“Je suis moi-même un descendant d’esclave indien, ceci m’est très personnel,” a ajouté Weeden.