Archive pour colonialisme terrorisme d’état

Colons !… Arrêtez de nous emmerder !… (Mohawk Nation News)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique with tags , , , , , , , , , , , , , , , , on 9 novembre 2018 by Résistance 71

“Après avoir souffert au-delà de la souffrance, la nation rouge se relèvera de nouveau et ce sera alors une bénédiction pour un monde devenu bien malade. Un monde empli de promesses brisées, d’égoïsme et de séparations. Un monde se languissant de lumière. Je vois une époque de sept générations lorsque toutes les couleurs de l’humanité se rassembleront sous l’arbre sacré de la vie et la terre entière redeviendra de nouveau un cercle unique. Ce jour là, il y aura ceux parmi les Lakota qui porteront la connaissance et la compréhension de l’unité parmi tous les êtres vivants et les jeunes gens blancs viendront vers ceux de mon peuple pour leur demander de leur dispenser leur sagesse. Je salue la lumière dans tes yeux, là où réside l’univers entier. Car quand tu es au centre de toi-même et que je suis également en cet endroit en mon sein, alors nous serons un.”
~ Tasunke Witko, Crazy Horse, Cheval Fou, chef de guerre Oglala ~

Une fois qu’une goutte d’eau suinte à travers le barrage, une fois qu’une brique se détache d’un grand édifice, une fois qu’une maille devient lâche dans le filet le plus solide – le barrage éclate, l’édifice tombe, le filet se détisse.”
~ Léon Tolstoï ~

L’avenir de l’humanité passe par les peuples occidentaux émancipés de l’idéologie et de l’action coloniales, se tenant debout, main dans la main avec les peuples autochtones de tous les continents pour instaurer l’harmonie de la société des sociétés sur terre. Il n’y a pas de solutions au sein du système, n’y en a jamais eu et n’y en aura jamais !
Pour un Réseau de Résistance et de Rébellion International !
~ Résistance 71 ~

Arrêtez de nous emmerder !

 

Mohawk Nation News

 

6 novembre 2018

 

url de l’article: http://mohawknationnews.com/blog/2018/11/06/stop-messing-with-us/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Les peuples naturels de l’Île de la Grande Tortue suivent les instructions de la Nature afin de nourrir et de prendre soin de leurs familles, de vivre en paix où que ce soit. Ces frontières corporato-coloniales mises en place par les envahisseurs sont faites pour empêcher les envahisseurs de circuler librement, pas nous. Ils sont venus ici d’autres parties du monde.

Nous, les véritables peuples natifs naturels de l’île de la Grande Tortue ne sommes pas des immigrants ! Notre famille qui voyage du sud vers le nord traverse notre terre [à tous]. Ils peuvent venir de la façon qui leur plaît, par avion, par train, bateau, voiture ou en mettant un pied devant l’autre.

Ces entreprises coloniales nous veulent comme main d’œuvre à très bon marché et travailler pour l’immigrant [NdT: chrétien-européen aujourd’hui sous domination sioniste autre grand projet colonial en une autre partie du monde sous domination…]. Ces intrus immigrants n’ont absolument aucun droit de les renvoyer, de les empêcher de passer, de les accuser faussement d’être natifs ou de les chasser pour faire ce que nous avons parfaitement le droit de faire. Les immigrants européens sont les criminels et n’ont aucun droit de nous stopper ni d’interférer avec nous et notre libre usage de nos territoires.

Peuples natifs vous êtes famille. Chaque chose sur l’Île de la Grande Tortue, du pôle nord à la pointe sud du continent est notre maison. En tant que membres de la même famille nous devons nous soutenir les uns les autres ainsi notre famille peut continuer de vivre sur notre terre-mère.

Repoussons la propagande colonialiste qui a maintenu notre grande famille séparée, une fois de plus, nous sommes un peuple et nous nous préoccupons les uns des autres.

Lectures complémentaires:

La_City_de_Londres_au_coeur_de_lempire

Comprendre-le-systeme-legal-de-loppression-coloniale-pour-mieux-le-demonter-avec-peter-derrico1

Comprendre-le-systeme-legal-doppression-coloniale-pour-mieux-le-demonter-avec-steven-newcomb1

La_voie_Lakota_et_Crazy_Horse

Effondrer le colonialisme

Manifeste pour la societe des societes

Meurtre par décret le crime de génocide au Canada

Un_manifeste_indigène_taiaiake_alfred

la-sixta

kaianerekowa Grande Loi de la Paix

La Grande Loi du Changement (Taiaiake Alfred)

si-vous-avez-oublie-le-nom-des-nuages-vous-avez-oublie-votre-chemin

Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte

« Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte » (Version pdf gratuite) Steven Newcomb

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Résistance 71

 

8 janvier 2017

 

Nous avions traduit et publié il y a quelque temps, de larges extraits du livre de Steven Newcomb, Shawnee, co-fondateur de l’Indigenous Law Institute / Institut Légal Indigène: « Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte » (Fulcrum, 2008) en 4 parties sur ce blog.
Jo de JBL1960 nous en a fait une très belle version .pdf unifiée que nous vous livrons ici en primeur.

Pour comprendre les véritables dessous du colonialisme chrétien occidental dont les racines profondes se situent au XVème siècle avec des décrets pontificaux qui ont été depuis insérés en filigrane dans les décisions de justice de la Cour Suprême des Etats-Unis et du Canada ; et par-là même pour bien analyser pourquoi nous ne vivons en aucun cas dans un monde dit « post-colonial » et finalement comprendre pour mieux agir contre l’empire actuel anglo-américain, géré par la corporation tentaculaire de la City de Londres et sa succursale de Wall Street.
L’empire américain est un empire sans terre pour la première fois dans l’histoire et pour le faire s’écrouler, il suffit de lui retirer le tapis de la propriété et de sa « loi de la terre » factice et inventée de toute pièce, de dessous les pieds.
Un empire sans terre est un empire à terre !… Les nations indigènes du contient le savent bien et agissent en conséquence pour retrouver leur souveraineté et liberté originelles bafouées et usurpées par la cupidité coloniale européo-chrétienne.

A lire et diffuser sans modération…

Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte 

(Version française en PDF)

Résistance au colonialisme: Oubliez le cirque du G20 et regardez l’hydre corporatiste en face !… (Mohawk Nation News + Russell Means)

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“Un empire sans terre est un empire à terre.”
~ Résistance 71 ~

“Chaque révolution dans l’histoire européenne a servi à renforcer les tendances et capacités de l’Europe à exporter la destruction aux autres peuples, aux autres cultures et à l’environnement lui-même. Je défie quiconque de pointer vers un exemple où ceci n’est pas vrai.”

“Il y a une autre voie. Il y a la voie traditionnelle Lakota et les voies des autres peuples amérindiens. C’est la voie qui sait que les humains n’ont aucun droit de dégrader notre terre-mère, qu’il y a des forces bien au-delà de tout ce que l’esprit occidental a conçu, que les humains doivent être en harmonie avec toutes leurs relatifs ou alors que ces relatifs vont éventuellement éliminer la disharmonie… Toute la tradition occidentale, européenne, marxisme inclus, a conspiré pour défier l’ordre naturel des choses. La terre-mère a été abusée, ceci ne peut pas durer indéfiniment. Aucune théorie ne peut altérer ce simple fait et les abuseurs seront éliminés. Les choses bouclent la boucle, là où tout a commencé. C’est çà la révolution…”

~ Russel Means, discours des Collines Noires, juillet 1980 ~

 

Entreprises bidons

 

Mohawk Nation News

 

4 septembre 2016

 

url de l’article original:

http://mohawknationnews.com/blog/2016/09/04/dummy-corporation/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

A Standing Rock, envoyer des chiens sur des gens désarmés, mordant hommes, femmes et enfants, est comme 1917 en Russie. La police a rejoint le peuple qui se soulevait pour le droit de leurs enfants à avoir du pain à manger. La police armée des oléoducs protège la corporation. Les flics d’oléoduc sont programmés pour tuer. Le juge fédéral Frederick Scullin protège les New York State Troopers qui ont frappé des hommes, des femmes, des enfants et des bébés avec des battes de baseball en 1997. Ils veut que ces flics soient blanchis des accusations de tentative de meurtre. Le tribunal essaie de balancer l’affaire de façon à ce qu’il ne puisse plus subsister d’archives ou de souvenirs de cette attaque.

De telles types d’actions sont décidées dans des endroits comme le Bohemina Grove (NdT: un lieu de réunion de secte des riches en Californie, qui voit se rassembler la fine fleur de “l’élite” criminelle et eugéniste pour des cérémonies bizarroïdes…) où les élites se retrouvent autour d’un feu de camp. Les familles et fils de la crème de cette clique s’y rendent pour y être initiés à diriger l’empire.
A Standing Rock, la corporation pousse à l’action de façon à pouvoir éliminer, assassiner les protecteurs de l’eau. Le monde voit très clairement où va l’empire.

La corporation est une intruse qui essaie de supplanter le monde naturel. Les oléoducs se placent au-dessus de la Nature. Le chemin de fer avait fait exactement la même chose. L’armée précédait les ouvriers du rail. La corporation entraîne ses soldats à créer les guerres, la confusion, la discorde et la frustration partout en en tout.
La guerre est la moisson de la corporation. Les conseils de bandes (Canada) et de tribus (USA) sont ses “compagnons de voyage”. Le Nouvel Ordre Mondial met en place les leaders qui la servent.

Le peuple naturel de la terre est un obstacle. Aucune preuve de notre existence n’est utile pour contrôler le monde. La corporation ne va pas dominer le monde en nous dissolvant.
Ceux qui n’obéissent pas iront en prison ou dans des asiles psychiâtrique gérés par ces barjots psychos entrepreneuriaux.

L’ONU est la trappe d’entrée vers le camp de concentration planétaire. Nous sommes supposément évalués en accord avec notre valeur commerciale. Ensuite nous devrons nous soumettre de façon à gagner notre vie et pouvoir nous nourrir, ou simolement rester vivant. Comme d’hab’ quoi !

On guérit du corporatisme en rendant les actionnaires responsables (et coupables).

*DUMMY CORPORATION: Les Etats-Unis et le Canada (NdT: ainsi que le Mexique, tous les pays d’Amérique centrale et du sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les pays du Commonwealth et Israël…), sont des entreprises bidons qui occupent illégalement l’Île de la Grande Tortue (NdT: et les autres terres usurpées pour les autres pseudo-pays…) et qui prétendent être des pays. Ils n’ont aucune terre. Leur culture et leur langue sont étrangers.

Comprendre le passé colonial pour mieux combattre le fléau aujourd’hui et changer de paradigme politique…

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Très bonne analyse de Saïd Bouamama qui nous fait doublement plaisir. D’abord parce qu’elle décortique efficacement le mécanisme colonial et sa transformation au cours du temps et des empires, mais surtout parce qu’il laisse de côté la doxa marxiste du “tout économique” pour reconnaître que le colonialisme dans ses origines est politico-religieux, même si bien sûr l’économique et la domination pour l’exploitation des ressources suit de très près. Lorsqu’il nous dit: “Il n’y a pas eu naissance du capitalisme puis ensuite extension mais un pillage et une violence totale réunissant les conditions matérielles et financières pour que s’installe le capitalisme.”, il nous fait bien plaisir, car trop souvent la charrue est-elle mise avant les bœufs…

Nous l’avons dit et le répèterons sans cesse: lutter contre l’empire anglo-américain et sa volonté hégémonique aujourd’hui, c’est lutter contre le fléau de l’humanité: le colonialisme dont les racines sont foncièrement politiques puisque seuls les États s’engagent dans la conquête coloniale. Le colonialisme fait partie du “patrimoine génétique” de l’État si on peut dire, en sortir ne peut se faire qu’en sortant de l’État et de ce pour quoi il fut créé: le gardiennage de la classe politique privilégiée garante de la propriété privée génératrice d’accumulation de richesses, d’inégalité et de division des peuples, sacrifiant au passage le bien commun à l’autel du dieu fric et du contrôle politico-économique monopoliste dont la grand-messe sonne de nouveau.

Il est grand temps que le colonialisme soit le cheval de bataille de la dissidence, parce que non seulement ne vivons-nous pas dans un monde “post-colonial” comme l’oligarchie nous l’assène matin, midi et soir, mais aussi parce que nous sommes tous des colonisés, certes à des degrés différents.

Il y a quelques jours s’est tenue la Longue Marche sur Rome, qui vit une délégation des nations indigènes de la planète marcher sur le Vatican depuis leur réunion de Florence et remettre au Conseil Pontifical pour la Justice et la Paix une déclaration commune pour la révocation de la bulle pontificale Inter Caetera de 1493, fondatrice du colonialisme chrétien et occidental depuis plus de 500 ans et institutionnalisée dans les systèmes juridiques de l’empire sous la forme de son incorporation de la Doctrine Chrétienne de la Découverte… pas un mot dans les médias… et pour cause. La politique de l’autruche est excellente pour mieux se faire botter le cul !

— Résistance 71 —

 

Colonialisme, néocolonialisme et balkanisation: les trois âges d’une domination

Saïd Bouamama

9 Mai 2016

url de l’article original:

http://www.investigaction.net/colonialisme-neocolonialisme-et-balkanisation-les-trois-ages-dune-domination/

 

Irak, Lybie, Soudan, Somalie, etc., la liste des nations éclatées en morceaux suite à une guerre et à une intervention militaire états-unienne et/ou européenne ne cesse de grandir. Au colonialisme direct d’un « premier âge » du capitalisme et au néocolonialisme d’un « second âge » semble succéder le « troisième âge » de la balkanisation. En parallèle, une mutation des formes du racisme peut être constatée. Au racisme biologique a succédé le racisme culturaliste après la seconde guerre mondiale et ce dernier tend depuis plusieurs décennies à se décliner à partir du religieux sous la forme dominante pour l’instant de l’islamophobie. Nous sommes, selon nous, en présence de trois historicités en articulation étroite : celle du système économique, celle des formes politiques de la domination et celle des idéologies de légitimation.

Retour sur Christophe Colomb

La vision dominante de l’eurocentrisme explique l’émergence puis l’extension du capitalisme à partir de facteurs internes aux sociétés européennes. Il en découle la fameuse thèse de certaines sociétés (certaines cultures, certaines religions, etc.) dotées d’une historicité et d’autres n’en étant pas pourvue. Quand Nicolas Sarkozy affirme en 2007 que « le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire », il ne fait que reprendre une antienne des idéologies de justification de l’esclavage et de la colonisation :

« La « déshistoricisation » joue un rôle décisif dans la stratégie de colonisation. Elle légitime la présence des colonisateurs et certifie l’infériorité des colonisés. La tradition des histoires universelles, puis les « sciences coloniales » ont imposé un postulat sur lequel s’est construite l’historiographie coloniale : l’Europe est « historique » tandis que « l’a-historicité » caractérise les sociétés colonisées définies comme traditionnelles et immobiles. […] L’Europe, mue par ses valeurs intellectuelles et spirituelles, remplit, à travers l’expansion coloniale, une mission historique en faisant entrer dans l’Histoire des peuples qui en étaient privés ou qui étaient figés dans un stade de l’évolution historique dépassé par les Européens (état de nature, moyen âge, etc.)ii. »

L’ancienneté et la récurrence (au-delà des modifications de formes et de présentation) de cette lecture essentialiste et eurocentrée de l’histoire du monde souligne sa fonction sociale et politique : la négation des interactions. Depuis que Christophe Colomb a fait débarquer ses soldats, l’histoire mondiale est devenue une histoire unique, globale, reliée, mondialisée. La pauvreté des uns ne peut plus s’expliquer sans interroger les liens de causalité avec la richesse des autres. Le développement économique des uns est indissociable du sous-développement des autres. Les progrès des droits sociaux ici ne sont possibles que par la négation des droits là-bas.

L’invisibilisation des interactions nécessite une mobilisation de l’instance idéologique afin de formaliser des grilles explicatives hiérarchisantes. Ces grilles constituent le « racisme » à la fois dans ses constantes et dans ses mutations. Il y a invariance car tous les visages du racisme, du biologisme à l’islamophobie, ont une communauté de résultat : la hiérarchisation de l’humanité. Il y a également mutation car chaque visage du racisme correspond à un état du système économique de prédation et à un état du rapport des forces politiques. Au capitalisme pré-monopoliste correspondra l’esclavage et la colonisation comme forme de domination politique et le biologisme comme forme du racisme. Au capitalisme monopoliste correspondra le néocolonialisme comme forme de domination et le culturalisme comme forme du racisme. Au capitalisme monopoliste mondialisé et sénile correspondra la balkanisation et le chaos comme forme de domination et l’islamophobie (en attendant d’autres déclinaisons pour d’autres religions du Sud en fonction des pays à balkaniser) comme forme du racisme.

Les liens entre l’évolution de la structure économique du capitalisme et les formes de la domination ont depuis longtemps déjà été mis en évidence par Mehdi Ben Barka dans son analyse de l’apparition du néocolonialisme comme successeur du colonialisme direct. Analysant les « indépendances octroyées », il les met en lien avec les mutations de la structure économique des pays dominants :

« Cette orientation [néocoloniale] n’est pas un simple choix dans le domaine de la politique extérieure ; elle est l’expression d’un changement profond dans les structures du capitalisme occidental. Du moment qu’après la Seconde Guerre mondiale l’Europe occidentale, par l’aide Marshall et une interpénétration de plus en plus grande avec l’économie américaine, s’est éloignée de la structure du XIXème siècle pour s’adapter au capitalisme américain, il était normal qu’elle adopte également les relations des Etats-Unis avec le monde ; en un mot qu’elle ait aussi son « Amérique Latineiii. »

Pour le leader révolutionnaire marocain, c’est bien la monopolisation du capitalisme qui suscite le passage du colonialisme au néocolonialisme. De même, la précocité de la monopolisation aux Etats-Unis est une des causalités de la précocité du néocolonialisme comme forme de domination de l’Amérique Latine.

Les liens entre la forme de la domination et les évolutions des formes du racisme ont pour leur part été mis en évidence par Frantz Fanon. Les résistances que suscite une forme de domination (le colonialisme par exemple) contraint cette dernière à muter. Cette mutation nécessite cependant le maintien de la hiérarchisation de l’humanité et, en conséquence, appelle un nouvel âge de l’idéologie raciste. « Ce racisme, précise Fanon, qui se veut rationnel, individuel, déterminé, génotypique et phénotypique se transforme en racisme culturel ». Quant aux facteurs qui poussent à la mutation du racisme, Frantz Fanon mentionne la résistance des colonisés, l’expérience du racisme, c’est-à-dire « l’institution d’un régime colonial en pleine terre d’Europe », et « l’évolution des techniquesiv » c’est-à-dire les transformations de la structure du capitalisme, comme le relevait Ben Barka..

Sans entrer dans le débat complexe d’une périodisation précisément datée du capitalisme, il est donc possible de relier les trois ordres de faits que sont les mutations de la structure économique, des formes de la domination politique et des transformations de l’idéologie raciste. Les trois « âges » du capitalisme appellent trois « âges » de la domination suscitant trois « âges » du racisme.

L’enfance du capitalisme

Le propre du capitalisme comme mode de production économique est qu’il appelle par sa loi du profit une extension permanente. Il est d’emblée en mondialisation même si cette dernière connaît des seuils de développement. C’est dire la duperie du discours actuel sur la mondialisation, la présentant comme un phénomène entièrement nouveau lié aux mutations technologiques. Comme le souligne Samir Amin, la naissance du capitalisme et sa mondialisation vont de pair :

« Le système mondial n’est pas la forme relativement récente du capitalisme, remontant seulement au troisième tiers du XIXème siècle lorsque se constituent « l’impérialisme » (au sens que Lénine a donné à ce terme) et le partage colonial du monde qui lui est associé. Au contraire, nous disons que cette dimension mondiale trouve d’emblée son expression, dès l’origine, et demeure une constante du système à travers les étapes successives de son développement. En admettant que les éléments essentiels du capitalisme se cristallisent en Europe à partir de la Renaissance – la date de 1492, amorce de la conquête de l’Amérique, serait la date de naissance simultanée du capitalisme et du système mondial – les deux phénomènes sont inséparablesv. »

Autrement dit, le pillage et la destruction des civilisations amérindiennes ainsi que l’esclavage ont été les conditions pour que le mode de production capitaliste puisse devenir dominant dans les sociétés européennes. Il n’y a pas eu naissance du capitalisme puis ensuite extension mais un pillage et une violence totale réunissant les conditions matérielles et financières pour que s’installe le capitalisme. Soulignons d’ailleurs avec Eric Williams que la destruction des civilisations amérindiennes s’est accompagnée d’une mise en esclavage. Ainsi, ce n’est pas l’esclavage qui est la conséquence du racisme mais ce dernier qui est le résultat de l’esclavage des Indiens. « Dans les Caraïbes, souligne cet auteur, le terme d’esclavage a été trop exclusivement appliqués aux Nègres. […] Le premier exemple de commerce d’esclaves et de main d’œuvre esclavagiste dans le Nouveau Monde ne concerne pas le Nègre mais l’Indien. Les Indiens succombèrent rapidement sous l’excès de travail et, comme la nourriture était insuffisante, ils mourraient de maladies importées par le Blancvi ».

La colonisation n’est ensuite que le processus de généralisation des rapports capitalistes au reste du monde. Elle est la forme de la domination politique enfin trouvée pour l’exportation et l’imposition de ces rapports sociaux au reste de la planète. Pour ce faire, il fallait bien entendu détruire les rapports sociaux indigènes et les formes d’organisations sociales et culturelles qu’ils avaient engendrés. L’économiste algérien Youcef Djebari a montré l’ampleur de la résistance des formes antérieures d’organisations sociales et l’indispensable violence pour les détruire : « Le capital français a été confronté, dans toutes ses tentatives d’annexion et de domination de l’Algérie, à une formation sociale et économique hostile à sa pénétration. Il a déployé tout un arsenal de méthodes pour écraser et soumettre les populations autochtonesvii. » La violence totale est de ce fait consubstantielle à la colonisation.

C’est pour légitimer cette violence et ces destructions qu’apparaît le racisme biologique. Le racisme, souligne Fanon, « entre dans un ensemble caractérisé : celui de l’exploitation éhontée d’un groupe d’homme par un autre. […] C’est pourquoi l’oppression militaire et économique précède la plupart du temps, rend possible, légitime le racisme. L’habitude de considérer le racisme comme une disposition de l’esprit, comme une tare psychologique doit être abandonnéeviii ».

Le racisme en tant qu’idéologie de hiérarchisation de l’humanité justifiant la violence et l’exploitation n’est donc pas une caractéristique de l’humanité mais une production historiquement et géographiquement située : l’Europe de l’émergence du capitalisme. Le biologisme comme premier visage historique du racisme connaît son âge d’or au dix-neuvième siècle en même temps que l’explosion industrielle d’une part et que la ruée coloniale d’autre part. Le médecin et anthropologue français Paul Broca classe les crânes humains à des fins comparatives et conclut que « le Nègre d’Afrique occupe, sous le rapport de la capacité crânienne, une situation à peu près moyenne entre l’Européen et l’Australienix[]». Il y a donc plus inférieur que le Noir, l’Aborigène mais un supérieur incontesté, l’Européen. Et comme toutes les dominations nécessitent des processus de légitimation, si ce n’est similaires du moins convergents, il étend sa méthode à la différence des sexes pour conclure que « la petitesse relative du cerveau de la femme dépend à la fois de son infériorité physique et de son infériorité intellectuellex ».

Monopoles, néocolonialisme et culturalisme

Le vingtième siècle est celui de la monopolisation du capitalisme. Ce processus se déroule à des rythmes inégaux pour chacune des puissances. Ce sont progressivement de grands groupes industriels qui dirigent l’économie et le capital financier devient prépondérant. Le lien physique et subjectif entre le propriétaire et sa propriété disparaît au profit du lien entre le coupon de l’action boursière et l’actionnaire. Le grand colon propriétaire terrien cède la première place à l’actionnaire des mines. Cette nouvelle structure du capitalisme appelle une nouvelle forme de la domination politique, le néocolonialisme que Kwame Nkrumah définit comme suit : « L’essence du néocolonialisme, c’est que l’Etat qui y est assujetti est théoriquement indépendant, possède tous les insignes de la souveraineté sur le plan international. Mais en réalité son économie, et par conséquent sa politique, sont manipulées de l’extérieurxi. »

Les prises de consciences nationalistes et le développement des luttes de libération nationale accélèrent bien sûr la transition d’une forme de la domination politique à l’autre. Mais, comme l’objectif est de maintenir la domination, il y a encore nécessité de justifier une hiérarchisation de l’humanité. La nouvelle domination politique a besoin d’un nouvel âge du racisme. Le racisme culturaliste émergera progressivement comme réponse à ce besoin en devenant dominant dans les décennies 60 à 80. Désormais, il ne s’agit plus de hiérarchiser biologiquement mais culturellement. L’expert et le consultant remplacent le colon et le militaire. On n’étudie plus « l’inégalité des crânes » mais les « freins culturels au développement ». Ne pouvant plus se légitimer sur la base biologique, la hiérarchisation de l’humain se déplace en direction du culturel en attribuant aux « cultures » les mêmes caractéristiques auparavant censées spécifier les « races biologiques » (fixité, homogénéité, etc.).

Sur le plan international, le nouveau visage du racisme permet de justifier le maintien d’une pauvreté et d’une misère populaire en dépit des indépendances et des espoirs d’émancipation qu’elles ont portés. Eludant les nouvelles formes de dépendances (fonctionnement du marché mondial, rôle de l’aide internationale, franc CFA, etc.), il ne reste comme causes explicatives que des traits culturels censés caractériser les peuples des anciennes colonies : l’ethnisme, le tribalisme, le clanisme, le gout de l’apparat, des dépenses somptuaires, etc. Tout un courant théorique dit « afro-pessimiste » s’est ainsi déployé. Stéphan Smith considère que « L’Afrique ne tourne pas parce qu’elle reste “bloquée” par des obstacles socioculturels qu’elle sacralise comme ses gris-gris identitaires » ou encore que « la dactylo, désormais pourvue d’un ordinateur, n’a plus le front coloré du ruban encreur, à force de faire la sieste sur la machine à écrirexii ». En écho, Bernard Lugan lui répond que la charité, la compassion, la tolérance et les droits de l’homme sont étrangers aux « rapports interafricains ancestrauxxiii».

Sur le plan national, le racisme culturaliste joue la même fonction mais à l’endroit des populations issues de l’immigration. Expliquer culturellement des faits pointant les inégalités systémiques dont ils sont victimes permet de délégitimer les revendications et les révoltes qu’elles suscitent. L’échec scolaire, la délinquance, le taux de chômage, les discriminations, les révoltes des quartiers populaires, etc., ne s’expliqueraient plus par des facteurs sociaux et économiques, par des causalités culturelles ou identitaires.

Capitalisme sénile, balkanisation et islamophobie

Depuis ce qui a été appelé « mondialisation », le capitalisme est confronté à de nouvelles difficultés structurelles. L’approfondissement permanent de la concurrence entre les différentes puissances industrielles rend impossible la moindre stabilisation. Les crises se succèdent les unes aux autres sans interruptions. Le sociologue Immanuel Wallerstein considère que :

« Nous sommes entrés depuis trente ans dans la phase terminale du système capitaliste. Ce qui différencie fondamentalement cette phase de la succession ininterrompue des cycles conjoncturels antérieurs, c’est que le capitalisme ne parvient plus à “faire système”, au sens où l’entend le physicien et chimiste Ilya Prigogine (1917-2003) : quand un système, biologique, chimique ou social, dévie trop et trop souvent de sa situation de stabilité, il ne parvient plus à retrouver l’équilibre, et l’on assiste alors à une bifurcation. La situation devient chaotique, incontrôlable pour les forces qui la dominaient jusqu’alorsxiv. »

Il ne s’agit pas simplement d’une crise de surproduction. Contrairement à celle-ci, la récession ne prépare aucune reprise. Les crises se succèdent et s‘enchaînent sans aucune reprise, les bulles financières s’accumulent et explosent de plus en plus régulièrement. Les fluctuations sont de plus en plus chaotiques et donc imprévisibles. La conséquence en est une quête du profit maximum par n’importe quels moyens. Dans cette concurrence exacerbée en situation d’instabilité permanente, le contrôle des sources de matières premières est un enjeu encore plus important que par le passé. Il ne s’agit plus seulement d’avoir pour soi-même un accès à ces matières premières mais aussi de bloquer l’accès à ces ressources pour les concurrents (et en particulier des économies émergentes : Chine, Inde, Brésil, etc.).

Les Etats-Unis, menacés dans leur hégémonie, répondent par la militarisation et les autres puissances les suivent afin de préserver également l’intérêt de leurs entreprises. « Depuis 2001, fait remarquer l’économiste Philip S. Golub, les États-Unis sont engagés dans une phase de militarisation et d’expansion impériale qui a fondamentalement bouleversé la grammaire de la politique mondialexv ». De l’Asie centrale au Golfe Persique, de l’Afghanistan à la Syrie en passant par l’Irak, de la Somalie au Mali, les guerres suivent la route des sites stratégiques du pétrole, du gaz, des minéraux stratégiques. Il ne s’agit plus de dissuader les concurrents et/ou adversaires mais de mener des « guerres préventives ».

A la mutation de la base matérielle du capitalisme correspond une mutation des formes de la domination politique. L’objectif n’est plus principalement d’installer des gouvernements fantoches » qui ne peuvent plus résister durablement aux colères populaires. Il est de balkaniser par la guerre afin de rendre ces pays ingouvernables. De l’Afghanistan à la Somalie, de l’Irak au Soudan, le résultat des guerres est partout le même : la destruction des bases mêmes des nations, l’effondrement de toutes les infrastructures permettant une gouvernabilité, l’installation du chaos. Il s’agit désormais de balkaniser les nations.

Une telle domination a besoin d’une nouvelle légitimation formulée dans la théorie du choc des civilisations. Cette dernière a vocation de susciter des comportements de panique et de peur dans le but de susciter une demande de protection et une approbation des guerres. Du discours sur le terrorisme nécessitant des guerres préventives à la théorie du grand remplacement, en passant par les campagnes sur l’islamisation des pays occidentaux et sur les réfugiés vecteurs de terrorisme, le résultat attendu est sans-cesse le même : peur, panique, demande sécuritaire, légitimation des guerres, construction du musulman comme nouvel ennemi historique. L’Islamophobie est bien un troisième âge du racisme correspondant aux mutations d’un capitalisme sénile c’est-à-dire ne pouvant plus rien apporter de positif à l’humanité, ne pouvant apporter que la guerre, la misère et la lutte de tous contre tous. Il n’y a pas choc des civilisations mais crise de civilisation impérialiste qui appelle une véritable rupture. Ce n’est pas la fin du monde mais la fin de leur monde qu’ils tentent d’éviter par tous les moyens.

 

Notes:

i_ Nicolas Sarkozy, discours de Dakar du 26 juillet 2007, http://www.lemonde.fr/afrique/article/2007/11/09/le-discours-de-dakar_976786_3212.html.

ii_ Pierre Singaravelou, Des historiens sans histoire ? La construction de l’historiographie coloniale en France sous la Troisième République, Actes de la Recherche en Sciences Sociales, n° 185, 2010/5, p. 40.

iii_ Mehdi Ben Barka, Option révolutionnaire au Maroc. Ecrits politiques 1957-1965, Syllepse, Paris, 1999, p. 229-230.

iv_ Frantz Fanon, Racisme et Culture, Pour la Révolution africaine. Ecrits politiques, La Découverte, Paris, 2001, p. 40.

v_ Samir Amin, Les systèmes régionaux anciens, L’Histoire globale, une perspective afro-asiatique, éditions des Indes savantes, Paris, 2013, p. 20.

vi_ Eric Williams, Capitalisme et esclavage, Présence Africaine, 1968, p. 19.

vii_ Youcef Djebari, La France en Algérie, la genèse du capitalisme d’Etat colonial, Office des Publications Universitaires, Alger, 1994, p. 25.

viii_ Frantz Fanon, Racisme et culture, op.cit., p. 45.

ix_ Paul Broca, Sur le volume et la forme du cerveau suivant les individus et suivant les races, Volume 1, Hennuyer, Paris, 1861, p. 48.

x_ Paul Broca, Sur le volume et la forme du cerveau suivant les individus et suivant les races, op.cit., p. 15.

xi_ Kwame Nkrumah, Le néocolonialisme, dernier stade de l’impérialisme, Présence Africaine, Paris, 1973, p. 9.

xii_ Stephen Smith, Négrologie, : Pourquoi l’Afrique meurt, Fayard, Paris, 2012, p. 49 et 58.

xiii_ Bernard Lugan, God bless Africa. Contre la mort programmée du continent noir, Carnot, Paris, 2003, pp. 141 142

xiv_ Immanuel Wallerstein, Le capitalisme touche à sa fin, Le Monde 16 décembre 2008, http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2008/12/16/le-capitalisme-touche-a-sa-fin_1105714_1101386.html

xv_ Philip S Golub, De la mondialisation au militarisme : la crise de l’hégémonie américaine, A Contrario, 2004, n°2, p. 9.

– See more at: http://www.investigaction.net/colonialisme-neocolonialisme-et-balkanisation-les-trois-ages-dune-domination/#sthash.WvHltdbT.dpuf

Abus et discrimination: L’ONU tape sur les doigts du Canada…

Posted in actualité, colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, militantisme alternatif, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, police politique et totalitarisme, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , on 24 juillet 2015 by Résistance 71

Le Canada doit arrêter sa discrimination contre ses peuples autochtones (ONU)

 

Press TV

 

24 Juillet 2015

 

url de l’article original:

http://www.presstv.ir/Detail/2015/07/24/421592/Canada-rights-indigenous-aboriginals-UN-Human-Rights-Committee-

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Le Comité pour les Droits de l’Homme de l’ONU dit que le Canada doit soutenir les droits des peuples indigènes et arrêter ses mesures discriminatoires contre eux.

Le corps humanitaire basé à Genève a déclaré dans un rapport publié hier jeudi, que le Canada avait toujours un énorme travail à effectuer pour ses peuples et nations premiers, demandant que le gouvernement canadien arrête promptement toute discrimination contre les femmes et les enfants autochtones.

Le comité a aussi fait remarquer le fait de la dispartion et les meurtres de femmes indigènes, notant aussi que le gouvernement canadien devait prendre en compte et s’occuper des abus commis contre les personnes autochtones en prison et devait leur offrir des services de santé essentiels.

Beaucoup de personnes des nations indigènes vivent dans une grande pauvreté au Canada et dans des conditions souvent insalubres, sans eau courante, aux logements délabrés, sujets aux addictions en tout genre et ayant un très haut taux de suicide. (NdT: pour les habitués de Résistance 71, vous savez que ceci est en fait le plan de longue durée: assimilation totale sans espoir de retour ou destruction…). Les quelques 1,4 millions membres des nations premières au Canada constituent environ 4,3% de la population du pays (NdT: aujourd’hui, ce n’était pas le cas dans le passé, génocide colonial et immigration massive étrangère d’Europe et d’ailleurs obligent…)

Dans le même temps, le comité des Droits de l’Homme de l’ONU a également exprimé ses préoccupations sur la nouvelle loi anti-terrorisme qui a été votée par le parlement canadien le mois dernier.

Il a contesté le fait de donner au gouvernemt canadien des pouvoirs trop larges ne donnant pas suffisamment de garanties légales pour protéger les droits politiques et civiques des citoyens.

Le comité de l’ONU a demandé aux officiels canadiens de reconsidérer et de réécrire la loi pour assurer qu’elle ne bafoue pas les standards internationaux des droits de l’Homme.

Un porte-parole du ministre de la sécurité publique Stephen Blaney a dit que le Canada réaffirme cette législation.

Ces mesures sont des mesures raisonnables, similaires à celles employées par nos proches alliés pour protéger leurs citoyens”, a commenté le porte-parole Jeremy Laurin.

Article complémentaire sur le même sujet

 

Comprendre le colonialisme actuel: « Païens en Terre Promise », décoder la doctrine chrétienne de la découverte (Steven Newcomb) ~ 3ème partie ~

Posted in actualité, colonialisme, documentaire, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, pédagogie libération, philosophie, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 24 mars 2015 by Résistance 71

“La propriété c’est le vol !”

 “Si la propriété est un droit naturel, absolu, imprescriptible et inaliénable, pourquoi donc de tout temps y a t’il eu tant de spéculation sur son origine ?…

Le droit d’OCCUPATION, du PREMIER OCCUPANT, est ce qui résulte de la possession réelle, actuelle et physique d’une chose. J’occupe un lopin de terre, la présomption est donc que j’en suis le propriétaire jusqu’à ce que le contraire soit prouvé […] Grotius nous dit: ‘originellement, toutes choses étaient communes et indivisées, elles étaient la propriété de tous.’ La propriété est fondée en premier lieu sur la guerre et la conquête, puis sur des traités et des accords… Ces traités furent imposés aux plus faibles par les plus forts et dans ce cas ils sont nuls et non avenus… ainsi vivons-nous un état permanent d’iniquité et de fraude.”
~ Pierre Joseph Proudhon,“Qu’est-ce que la propriété ? 1840~

 

Pagans in the Promised Land, Decoding the Doctrine of Christian Discovery de Steven Newcomb ~ 3ème partie ~

 

Éditions Fulcrum, 2008

 

Traduction du titre: “Païens en terre promise, décoder la doctrine de la découverte chrétienne”

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Mars 2015

 

Introduction

1ère partie

2ème partie

3ème partie

4ème partie

Conclusion

 

Chapitre 7: Johnson contre MacIntosh

L’affaire Johnson & Graham’s Lessee contre McIntosh n’a en fait pas du tout impliqué directement des Amérindiens. L’affaire fut portée devant la justice pour régler une “dispute” entre non-Indiens. Les deux parties clâmant avoir des droits et des doléances rivaux sur la même parcelle de terre dans l’état de l’Illinois. Les évènements initiaux qui menèrent au litige commencèrent juste avant la guerre d’indépendance des Etats-Unis, lorsque deux entreprises immobilières: l’Illinois Land Company et la Wabash Land Company, achetèrent de grosses parcelles de terre aux Indiens. La première vente de terres eu lieu en 1773, lorsque l’Illinois Land Company acheta des terres aux Indiens Illinois (autrement connus sous le nom de Wabash). La seconde vente eu lieu en 1775, lorsque la Wabash Land Company acheta des terres aux Indiens Piankeshaw (autrement connus sous le nom de Kaskaskias). Quatre décennies plus tard, en 1818, le gouvernement des Etats-Unis vendît 4800 Ha de terre à un certain William McIntosh, terres sises dans ce qui devint l’état de l’Illinois. Les terres achetées et occupées par McIntosh étaient dites inclues “dans les limites des terres de l’achat des terres de 1775 aux Indiens Piankeshaws”. Le problème à résoudre pour les différents tribunaux fut celui de savoir qui avait un titre de propriété prédominant sur les terres. Était-ce les compagnies immobilières (qui fusionnèrent après les achats originaux) ou William McIntosh, qui avait acheté sa terre des Etats-Unis ?

L’affaire impliquait tout un tas d’autres questions tangentielles toutes plus intéressantes les unes que les autres comme: Qu’est-ce qu’un titre de propriété ? Quel type de titre de propriété possédait les Indiens en première instance ? Lorsque des sujets britanniques, que ce soient des personnes privées ou des entreprises commerciales, achetaient des terres des nations indiennes, quel type de titre de propriété recevaient alors les acheteurs sujets britanniques ? Est-ce que les spéculateurs fonciers non-indiens qui achetèrent des terres aux Indiens avant l’existence des Etats-Unis d’Amérique, reçurent un titre de propriété valide aussi loin que soient concernées les tribunaux des Etats-Unis ? D’un autre côté, quel type de propriété reçurent les Etats-Unis des Indiens, lorsque le gouvernemnt fédéral acheta leurs terres par traités ? Et lorsqu’il en vint à une concurrence légale entre les anciens sujets britanniques (ou leurs héritiers) qui avaient acheté les terres directement aux Indiens avant que les Etats-Unis ne soient même formés et quelqu’un qui acheta plus tard ces mêmes terres du gouvernement fédéral des Etats-Unis, laquelle des deux parties, de l’opinion de la cour suprême de justice des Etats-Unis, possédait un titre de propriété supérieur à faire valider ?

[…] En conclusion du rendu de la décison de la cour suprême que le juge Marshall écrivit au nom d’une cour unanime, il dit que chaque société a le droit “de prescrire ces règles par lesquelles la propriété peut-être acquise et préservée” et que ce droit ne peut pas être remis en question. La cour en l’occurence a pris sa décision dans cette affaire avec la présomption que les Etats-Unis en tant que société possèdent un droit inquestionable d’établir ses propres règles en regard de l’achat et du maintien de la propriété […]

Le juge Marshall a aussi admis que la cour avait atteint son verdict dans l’affaire Johnson sur la base de concepts injustes, ou sur une injustice, aussi loin que le droit des Indiens soit concerné. De l’opinion de la cour suprême, ce fut la prérogatives des Etats-Unis que de gérer l’affaire Johnson de cette manière et que la cour ne questionnerait pas le droit du gouvernement des Etats-Unis de le faire. Ci-dessous, nous allons voir ce que voulait dire le juge Marshall lorsqu’il se référait à des principes “autres que ceux de la justice abstraite”, à savoir la “découverte” et la “découverte chrétienne”.

L’injustice qui fut appliquée par la cour suprême envers les nations indiennes a tout a voir avec le fait que la cour catégorisa les nations de la manière “nations civilisées” et “nations non-civilisées”. Au tout début de son rendu, le juge Marshall dit que les “nations civilisées” (c’est à dire les nations européennes) possédaient “l’indépendance parfaite”… En vertu de la reconnaissance par la cour que les nations européennes était à la fois des “nations” et qu’elles étaient “civilisées”, la cour leur reconnaissait “l’indépendance parfaite” et la “parfaite souveraineté”.

Au contraire des nations indiennes, qui étaient elle qualifiées par la cour comme “n’étant pas civilisées”. Comme seules les “nations civilisées” chrétiennes européennes étaient reconnues posséder “l’indépendance parfaite”, cela signifiait que les nations indiennes “non-civilisées” étaient reconnues comme ayant un “indépendance imparfaite” et donc de ne pas être indépendantes. Comme nous le verrons plus loin, la cour suprême des Etats-Unis a décidé avec son verdict dans l’affaire Johnson contre M’Intosh que l’indépendance des nations indiennes avait été “diminuée” par la “découverte” du continent par les Européens chrétiens. […]

L’âge de la découverte dans le verdict de l’affaire “Johnson contre McIntosh”

Marshall ouvrit le corps du rendu de justice du verdict de l’affaire Johnson avec la discussion suivante concernant la découverte:

A la découverte de cet immense continent, les grandes nations d’Europe s’empressèrent de s’approprier pour elles-mêmes le plus possible de terres qu’elles purent respectivement acquérir. Cette grandeur de territoire offrait un énorme champ pour l’ambition et l’entreprise de tous ; de plus le caractère et la religion de ses habitants fournissaient une bonne excuse pour considérer les Indiens comme un peuple sur lequel le génie supérieur de l’Europe pouvait affirmer une ascendance.

[…] Les nations européennes avaient justifié leur affirmation de domination (“plus haut pouvoir”) sur le continent basée sur le caractère et la religion des Indiens (“païen”). Considérant que durant l’âge de la découverte, l’Europe occidentale était connue sous le nom de “Chrétienté” (où le christianisme prévaut ou a subjugué avec succès le paganisme), la déclaration de Marshall disant que les Européens avaient affirmé “une ascendance” sur le continent basée sur la religion ne peut-être interprêtée que comme faisant référence au christianisme et au fait que les peuples indigènes n’étaient pas chrétiens. La cour suprême de l’état du Tennessee fournit aussi plus tard, en 1826, une explication similaire dans son verdict de l’affaire Cornet contre Winton:

Pour avoir une vision correcte des règles adoptées et appliquées aux affaires indiennes lorsque des dons furent faits par les rois d’Angleterre sur les terres d’Amérique du Nord, nous devons regarder les opinions qui prévalaient à l’époque en matière de religion. Les pères spirituels de la chrétienté dictèrent la croyance des gens et assumèrent un énorme pouvoir sur ce passage des écritures saintes trouvé dans Matthieu 16:18. En tant que successeur de St Pierre, son don des pays infidèles était considéré scellé dans les cieux et bien entendu, dans la conscience même des chrétiens. Les ténets indiscutables de ceci furent écrit par Lord Coke de Colvin (sic) disant que tous les infidèles sont nos ennemis perpétuels de droit, car il existe une perpétuelle hostilité entre eux, possédés par quelques diables que ce soit et les chrétiens. La vieille loi des nations n’avait pas alors été estompée par la moderne, en ce qui concerne leur conduite envers les pays infidèles. Ce fut pratiqué par toutes les nations de l’antiquité: les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Romains et par les Israélites sous les auspices de Moïse et de Joshua. En accord avec ce qui était permis, ils extirpèrent les habitants des pays qu’ils envahirent, les expulsant de leurs logis ou les tuant ou les réduisant en esclavage, au mieux de leurs intérêts du moment. C’est avec ces opinions religieuses et cette loi des nations pour gouvernement que les Espagnols s’en vinrent aux frontières du Mexique, en possession d’un don qui leur avait été donné par le dépositaire suprême des biens terrestres (le pape), par lequel la totalité du continent des Amériques fut faite sujette de leur domination. Ils appelèrent les nations indigènes à renoncer à leurs erreurs et à la religion de leurs ancêtres afin d’embrasser la seule et unique foi ou de s’abandonner ainsi que leur pays au gouvernement des nouveaux venus. Sous cette loi des nations, ils importèrent des esclaves d’Afrique et consignèrent leurs prisonnier et leurs descendants à un esclavage perpétuel.

Sous ces auspices fut imbriquée la domination européenne sur le sol et les corps des humains, dans les codes de la jurisprudence américaine. Ceci fut tenu pour un titre légal de la plus haute authenticité à travers tout le monde chrétien.

Ainsi, malgré la présence de dizaine de millions d’autochtones vivant déjà au préalable sur ce continent, on nous dit que les monarchies de la chrétienté occidentale ont assumé le droit de régner sur les terres de ce continent “d’en haut” (projection métaphorique de “l’ascendance” décrite…). Marshall a écrit que les Européens ont utilisé le “caractère” indien (sauvage) et la “religion” (païenne ou infidèle, incroyant) comme justification de leur affirmation d’ascendance (de domination) sur le continent. Mais il a aussi fait référence à l’Europe ayant un “génie supérieur”. Ceci est une référence directe et une affirmation que les Européens étaient placés “plus haut” sur l’échelle de l’intelligence que les Indiens et aussi suggère que les Européens, en vertu d’une intelligence “supérieure”, possédaient une plus haute position de pouvoir en relation à la terre du continent et en relation aux peuples indigènes y vivant.

Puis Marshall affirma que les monarques européens se sont convaincus eux-mêmes qu’ils étaient justifiés d’assumer “l’ultime domination” sur les terres nouvellement “découvertes” du continent parce que les Indiens seraient adéquatement compensés par la civilisation européenne et le christianisme. Comme le dit Marshall, les Indiens recevraient la civilisation et le christianisme “en échange” de “l’indépendance illumitée” pour les Européens.

L’emploi par le juge de la cour suprême du concept “d’échange” demande un MCI de transaction commerciale. Une transaction commerciale se doit de toujours être un “échange réciproque” d’une chose pour une autre. Les participants à la transaction sont à la fois donneurs et receveurs. Sur la base de ce modèle, nous pourrions caractériser Marshall comme décrivant la civilisation et le christianisme comme étant des produits donnés ou “offerts” aux Indiens “en échange” d’une “indépendance illimitée” que les monarques européens auraient reçu des Indiens.

Cette mention par Marshall d’un tel “échange” est assez troublante. Après tout il a dépeint les monarques européens comme offrant et recevant, mais il n’a jamais explicitement expliqué ce que les Indiens “donnèrent” de fait, encore moins qu’ils donnèrent une “indépendance illimitée” aux monarques européens Le seul indice que l’on trouve est l’implication par Marshall que les monarques avaient “l’intention” de donner la civilisation et le christianisme aux Indiens comme moyen de “compensation”. Une compensation est faite pour quelque chose qui a été perdu, ou pour une blessure reçue ou pour de dégâts occasionnés. Il y a une partie responsable et cette partie doit compenser la ou les victimes.

Ainsi une manière d’interpréter ce langage quelque peu troublant de Marshall, serait de considérer que les Indiens seraient la partie lésée qui méritaient d’être compensée, dédommagée parce que les monarques européens s’étaient aloués à eux-mêmes une “indépendance illimitée” sur le continent ; ce qui handicaperait, minimiserait les Indiens en ne les autorisant pas à maintenir leur propre indépendance. En d’autres termes, les Indiens méritaient d’être dédommagés pour leur perte d’indépendance et de liberté. Et pourtant, l’explication de Marshall devint ironique lorsqu’il suggéra que les Indiens seraient compensés de leur perte d’indépendance par les deux choses qui ont été responsables de cette perte en première instance: la civilisation européenne et le christianisme. Ceci implique qu’une fois le processus “d’échange” complèté, les Indiens perdraient leur indépendance, mais ils auraient été adéquatement dédommagés en recevant la “civilisation européenne, le christianisme et un système de lois coercitives imposées.

[…] Marshall n’a jamais indiqué que les Indiens aient jamais volontairement été d’accord “d’échanger” leur propre indépendance contre la civilisation européenne et le christianisme. Ceci peut-être interprété comme une image conceptuelle. Marshall de manière évidente considérait comme inutile de savoir que les Indiens n’étaient en fait aucunement participants dans cet “échange”. Malgré le désir des Indiens de garder leurs terres et leurs modes de vie traditionnels, le phrasé de Marshall implique que les monarques chrétiens européens avaient conceptuellement “échangé” la civilisation européenne et le christianisme pour l’indépendance indienne. Il a été dès lors nécessaire pour les sujets des monarques de s’engager sur le dur chemin mental et physique de faire de l’indépendance européenne et de la subjugation physique, sociale et culturelle indienne, une réalité.

Le modèle du “peuple élu-terre promise” et le verdict de l’affaire Johnson

[…] Nous avons vu que les nations de la chrétienté ont conceptuellement emprunté au narratif biblique de l’ancien testament, de l’histoire du “peuple élu sur la terre promise” du contexte Moyen-Oriental et l’ont étendu au monde entier. Pour ce faire, elles se sont aventurées dans des voyages de croisades océaniques tout en se voyant comme un nouveau peuple élu, qui sur la base de passages bibliques comme celui de la Génèse 1:28 et psaumes 2:8, furent déterminées à subjuguer la terre et à étendre leur domination à toutes choses et être vivants. Ce sens d’une mission religieuse de croisade afin de christianiser, évangéliser et dominer le monde entier fut un objectif majeur de l’âge de la découverte, ce que le juge Marshall expliqua en tant que rapporteur de la cour suprême des Etats-Unis.

Comme les nations européennes étaient toutes à la recherche de terres sur le même continent, pour éviter “des colonisations conflictuelles et par conséquent des guerres les unes avec les autres”, elles avaient établi entr’elles un “principe”, que toutes devaient reconnaître comme étant la Loi par laquelle le droit d’acquisition de la terre sur le continent fut que “la découverte donnait le titre au gouvernement pour lequel les sujets ou autorités avaient fait la découverte, contre tous les autres gouvernements européens.

L’utilisation par Marshall d’un tel phrasé de “nations européennes” et “gouvernements européens” pourrait mener le lecteur à penser et à conclure que le principe de découverte identifié par Marshall était en fait séculier et non pas religieux. Fort heureusement quoi qu’il en soit, le juge associé à l’affaire Joseph Story, qui siégeait également à la cour suprême au moment du verdict dans l’affaire Johnson contre McIntosh, donna une vision plus profonde de la nature religieuse et de la toile de fond historique du concept de Marshall sur la “découverte”. Story était un ami intime de Marshall…

Voici ce que dit Story, son explication fut d’abord publiée juste 10 ans après que le verdict fut rendu dans l’affaire Johnson (NdT: en 1833 donc), l’utilisation d’expression linguistique séculière comme “nations européennes” pour disctuter du principe de la découverte, pour immédiatement passer à une explication de la “découverte” en termes du pape et en termes de catégorisation religieuse des Indiens comme étant des “païens infidèles”:

“[…] Les Indiens étaient une race sauvage, profondément plongée dans l’ignorance et le paganisme. S’ils n’étaient pas extirpés pour leur manque de religion et de morale juste, ils auraient pu être récupérés de leurs erreurs. Ils étaient voués à se soumettre au génie supérieur de l’Europe et en échangeant leurs habitudes sauvages et dégradantes pour la civilisation et le christianisme, ils devaient alors y gagner bien plus que l’équivalemt pour leurs souffrances et sacrifices. L’autorité papale fut aussi amené au secours de ces grands plans afin de renverser le paganisme et de propager la religion catholique. Alexandre VI, par sa bulle édictée en 1493 (bulle Inter Caetera), donne à la couronne de Castille la totalité de ce très vaste territoire qui venait juste d’être découvert, ou à découvrir, entre les pôles, aussi loin que ces terres n’étaient pas déjà possédées par un prince chrétien.

[…] Story ensuite décrivit “l’autorité papale” et une “bulle papale publiée en 1493” comme contexte du concept de la découverte qu’il allait expliquer. Dans ce document du Vatican dit Story, le Pape accordait “à la couronne de Castille l’entièreté du très vaste territoire découvert, ou à être découvert, entre les pôles, autant que les terres ne furent pas au préalable, possessions d’un prince chrétien.” Quel était le motif de ce don ? D’après Story, une des raisons pour laquelle le pape fit ce don était “pour le but de renverser le paganisme et de propager la religion catholique.” Ainsi, l’histoire que le juge suprême Story utilisa afin de contextualiser le concept de découverte dans l’affaire Johnson avait tout a faire avec quatre bulles papales émises par le pape Alexandre VI en 1493 après que le pape fut mis au courant par le roi Ferdinand et la reine Isabelle que Cristobal Colòn avait réussi à localiser des terres de l’autre côté de l’océan Atlantique. Dans la bulle Inter Caetera du 4 Mai 1493, le pape Alexandre VI déclara être de son désir que les “nations barbares” soient renversées, subjuguées et converties à la foi catholique et la religion chrétienne “pour l’honneur de dieu et pour l’expansion de l’empire chrétien.” Dans la bulle Inter Caetera, la pape déclare que:

“[…] qu’en notre époque spécifiquement, la foi catholique et la religion chrétienne soient exaltées et se développent partout, que l’on s’occupe de la santé des âmes et que les nations barbares soient renversées et amenées à la foi elle-même.
[…] Et afin que vous puissiez entreprendre une telle grande chose avec plus de promptitude et de motivation permises par notre faveur apostolique, nous, de notre plein accord, pas à votre requête ni la requête de quiconque d’autre à votre égard, mais de par notre seule largesse et certaine connaissance et de par la plénitude de notre pouvoir apostolique, par l’autorité de Dieu tout puissant qui nous est transmise par Pierre et le vicaire de Jésus Christ, que nous détenons sur terre, déclarons par la présente, que toutes îles trouvées par vos envoyés et vos capitaines, vous soient attribuées à vous vos héritiers et successeurs, rois de Castille et de Leon, pour toujours, avec l’ensemble des dominions/colonies, villes, camps, places et villages et tous droits, jurisdictions et appartenances de toutes îles et territoires trouvés ou à trouver, découverts ou à découvrir vers l’Ouest et le Sud, en traçant et en établissant une ligne allant du pôle arctique, ci-après nommé le Nord au pôle sud ci après nommé le Sud, sans se soucier si les terres ou les îles découvertes ou à découvrir se situent en direction de l’Inde ou vers quelque autre quartier ; la ligne se situant à cent lieues à l’Ouest et au sud des îles des Açores et du Cap Vert. Avec cette précaution néanmoins qu’aucune de ces îles et de ces terres trouvées ou à trouver, découvertes ou à découvrir, au-delà de cette ligne vers l’Ouest et le Sud, ne soient déjà en possession d’un roi ou d’un prince chrétien au jour de la naissance du Christ notre seigneur de l’an précédent cette années de grâce 1493. Nous vous faisons, appointons vous et vos héritiers et successeurs futurs, roi de celles-ci avec tout pouvoir, autorité et juridiction de toute sorte, avec toutefois cette provision que tout roi ou prince chrétien en possession de ces terres ne puisse en être dépossédé ou être expulsé. De plus, nous vous ordonnons en vertu de la sainte obéissance, qu’employant toute diligence dûe sur place, comme vous l’avez promis et sans que nous doutions de votre obéissance inhérente à votre loyauté et largesse d’esprit royale, vous devrez nommer sur ces terres des hommes d’expérience, obéissants et vivant dans la crainte de Dieu, afin qu’ils instruisent les habitants et les résidents de ces contrées à la foi catholique et à les entraîner à la bonne morale. De plus, quiconque de quelque rang que ce soit, même royal ou impérial, contreviendrait à l’interdiction de se rendre sur ces terres trouvées ou à trouver, découvertes ou à découvrir, sans permission spéciale de votre part ou de vos héritiers et successeurs, pour y faire commerce ou pour toute autre raison que ce soit, se verrait excommunié late sententie ipso facto.
[…] Ne laissons personne contrevenir éhontement à notre recommandation, exhortation, réquisition, don, permission, tâche, constitution, décret, mandat, prohibition et volonté. Quiconque tenterait ceci doit savoir qu’il subira la colère de Dieu tout puissant et des apôtres Pierre et Paul. Édicté à Rome, St Pierre, dans l’année de l’incarnation de notre seigneur mil quatre cent quatre-vingt-treize, le quatrième jour du mois de mai, dans la première année de notre pontificat.

Donné par ordre de notre plus grand saint seigneur, le pape

June. For the referendary,     For J. Bufolinus,

  1. de Mucciarellis.         A. Santoseverino.
  2. Podocatharus.

Comme mentionné dans les chapitres précédents, le saint siège du Vatican avait accordé au Portugal au XVème siècle, le droit de sugjuguer toutes les terres non-chrétiennes le long de la côte occidentale africaine et ailleurs. La bulle papale Dum Diversas émise par le pape Nicolas V pour le roit Alphonse V du Portugal, accordait au roi et à son neveu le prince Henri le navigateur le droit “d’envahir, de capturer, de vaincre et de subjuguer tous les sarrasins, païens et autres ennemis du Christ, de les réduire en esclavage perpétuel et ainsi de prendre possession de tous leurs biens, richesses et propriétés”. Le langage du pape Alexandre dans la bulle Inter Caetera reflète son désir pour le saint siège de voir que le droit du roi du Portugal soit protégé, qu’il puisse garder toutes les terres non-chrétiennes que le Vatican avait auparavant donné au Portugal, tout en s’assurant que le roi Ferdinand d’Espagne et la reine Isabelle reçoivent une grande latitude de pouvoir eux-mêmes posséder et coloniser les terres distantes non-chrétiennes.
Ce qui est important ici est que le juge Story a identifié une bulle papale du Vatican datant de 1493 comme origine du principe de la découverte que son ami et mentor John Marshall avait incorporé dans le rendu du verdict de l’affaire Johnson contre McIntosh. Le Vatican promulga ce principe dans le but religieux de renverser (”subjuguer”) le paganisme et de propager la doctrine de la foi catholique chrétienne.
J’ai indiqué ci-dessous en italique le phrasé identique utilisé par Story en comparaison avec celui de Marshall pour exprimer le principe de la découverte, dont il dit qu’il a pour origine la bulle papale de 1493:
“Alexandre VI, par une bulle émise en 1493, a accordé à la couronne de Castille l’immense territoire alors découvert ou à ietre découvert, entre les pôles, pour autant que ces terres ne soient pas déja en possession d’un prince chrétien. Le principe donc, que la découverte a donné le titre au gouvernement dont les sujets ou ceux qui en avaient l’autorité, contre tous les autres gouvernements européens, ayant été établi (par le don du pape), il devint alors évident, que tout gouvernement dans les limites de ses découvertes excluait toutes autres personnes de tout droit d’acquérir le sol par quelque don que ce soit des natifs. Aucune nation ne souffrirait que ses propres sujets ou ceux d’une autre nation puissent être suspicieux d’un tel titre. Il fut décrété n’être qu’un droit appartenant exclusivement au gouvernement dans sa capacité souveraine de mettre un terme au titre indien sur la terre et de perfectionner sa propre domination sur la terre et d’en disposer comme bon lui semble.”
[…]

La découverte chrétienne dans le verdict de l’affaire Johnson

Ce fut lorsque le juge Marshall examina les chartes royales d’Angleterre dans la décision de l’affaire, qu’il révéla explicitement l’origine religieuse chrétienne du concept de la découverte qu’il avait mentionné au début de son rendu.
Marshall déclara: “Personne de toutes les puissances d’Europe, n’a plus donné son plein accord de principe et ce sans équivoque que l’Angleterre.” Il continua en se référant à une terminologie religieuse spécifique qu’il considérait illustrative de “ce principe” de découverte ; il plaça même en italique dans le texte les mots peuple chrétien pour insister explicitement sur ce point:
“Les documents à ce sujet sont nombreux et très complets. Dès 1496, la monarchie donna une commission aux Cabot père et fils, pour découvrir des pays inconnus des peuples chrétiens et d’en prendre possession au nom du roi d’Angleterre. Deux ans plus tard, John Cabot fit ce voyage et découvrît le (sous) continent de l’Amérique du nord, il en longea les côtes le plus au sud possible jusqu’à la Virginie. C’est à cette découverte que les Anglais tracent leur titre de propriété.”
[…] Puis Marshall insista encore sur la présomption trouvée dans les chartes anglaises qui disaient que le “peuple chrétien” avait le droit de prendre possession des terres, pays “découverts”, pourvu que ces contrées fussent habitées par des “païens” ou non-chrétiens. Ainsi:
“[…] Le droit de découverte donné par cette commission est confiné en ces contrées “inconnues des peuples chrétiens” et à ces pays dont Cabot fut autorisé à prendre possession au nom du roi Henri VII d’Angleterre. Assumant ainsi un droit de prendre possession, nonobstant l’occupation des terres par les peuples natifs, qui étaient païens et en même temps, admettant et reconnaissant le titre de propriété de tout peuple chrétien qui en aurait fait la découverte préalable.
Le même principe de découverte continua à être reconnu. La charte donnée à Sir Humphrey Gilbert en 1578 l’autorise à découvrir et à prendre possession de tels territoires reculés, païens et barbares n’étant pas encore la propriété d’un prince ou d’un peuple chrétien. Cette charte fut ensuite renouvelée pour être donnée à Sir Walter Raleigh dans pratiquement les mêmes termes.”
La répétition des expressions peuple chrétien et prince ou peuple chrétiens et la distinction faite entre les deux catégories de peuple chrétien et de natifs, qui étaiet païens, nous permet de bien saisir le fondement et le contexte religieux de ce concept de découverte. Ceci est aussi pourquoi il est plus précis de se référer à la conception principale qui régit le verdict de l’affaire Johnson contre McIntosh comme étant celle de la découverte chrétienne que simplement la découverte ou découverte européenne. Le fait que Marshall ait aussi associé le principe de découverte chrétienne avec les affirmations de domination euro-chrétiennes, est illustré par son insistance sur le fait que le roi d’Angleterre donna à John Cabot et à d’autres explorateurs anglais le “droit de prendre possession” des terres barbares et paiennes. L’expression de Marshall droit de prendre possession, dont Thomas Hobbes dit qu’il “est appelé dominion”.
C’est pourquoi la déclaration de Marshall disant que les Anglais ont assumés un “droit de prendre possession” fut une autre façon que de dire, au nom de la cour suprême des Etats-Unis, que les peuples chrétiens avaient assumé la “domination” sur toutes terres non-chrétiennes qu’ils avaient localisées sur le continent nord-américain.

A suivre…

 

 

S’immuniser contre le colonialisme et ses opérations psychologiques de dégradation ethnocidaire…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, démocratie participative, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, média et propagande, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , on 17 janvier 2015 by Résistance 71

Mettre fin aux attitudes mentales de la colonisation

 

Peter d’Errico

 

6 janvier 2015

 

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2015/01/06/ending-mental-attitudes-colonization

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Damian Webster et Emmy Scott posent des questions importantes dans leur article récent “Une défense du traditionalisme” ( article,): Qu’est-ce qu’une personne native qui a réussi ?” “Quel standard essayons-nous d’accomplir ?” “Attendons-nous de nos enfants qu’ils connaissent nos histoires de création du monde, notre discours traditionnel, no chants de cérémonies, de la même manière dont nous nous attendons à ce qu’ils sachent leurs tables de multiplication, les dates importantes de l’histoire ou la constitution des Etats-Unis ?”

Ils posent ces questions dans le contexte du requis de la langue navajo qui empêcha Chris Deschene de se présenter à la présidence de la nation Navajo. Webster et Scott ne critiquent par Deschene pour ce qu’il parle plus l’anglais que le navajo, ni ne font problème du fait que l’autre candidat à la présidence, Joe Shirley Jr. professe quant à lui un mélange de croyances chrétiennes et navajos.

Leur défense des valeurs traditionnelles se focalise sur un appel philosophique à l’action, plus grand et plus large qu’une campagne politique spécifique. Comme ils le font justement remarquer, la défense des valeurs traditionnelles confronte la culture de masse, le mercantilisme et fait pression vers l’uniformité. Le système capitaliste rend tout, terres et personnes, sous forme de marchandises à vendre et à acheter.

L’expression “libre-échange” cache le fait que nous ne pouvons pas participer à l’économie de marché à moins d’avoir de l’argent; et le seul moyen d’avoir de l’argent (si vous n’êtes pas né dedans…), imnplique le fait de trouver quelque chose à vendre, alors nous apprenons à nous vendre nous-mêmes. Nous apprenons à cadrer avec les “besoins du marché”.

L’identité devient une marque, plutôt qu’un signe de signification interne, individuel. La pub vous dit: “soyez vous-même”, mais cela est fait pour vendre un produit. L’économie de marché parle d’”individualisme”, mais produit de l’assimilation.

Comme le disent Webster et Scott: “Les hommes et femmes amérindiens souvent coupent leurs cheveux disant que cela est mieux pour trouver un emploi. Nous nous habillons en costume-cravate sans nous poser de questions parce que nous voulons paraître “présentables” dans nos carrières. Mais de quels standards s’agit-il ? Qui détermine ce qui est supposé être présentable ?”

Ils ajoutent: “Nous nous conformons à un système qui a été fait pour nous exclure entièrement. Malgré cette compréhension, nous continuons à permettre aux autres de choisir nos standards. Nous avons besoin de défier ouvertement ces standards imposés.”

L’économie de marché exclut les façons de vivre qui limitent le flot du capital. Quand un peuple défend ses terres contre l’extraction des “ressources” capitalistes, le marché voit un ennemi. Le système de marché ne connaît pas de terre sacrée.

De la même manière, il n’y a pas de place dans le marché pour les relations humaines fondées sur le sacré. Les sociétés traditionnelles gênent le marché, parce qu’elles ne chérissent pas l’argent par dessus tout. (NdT: il est clair quer le “marché”, l’économique est devenu la nouvelle religion avec ses dogmes, ses prophètes, ses “lois”, ses hérétiques, son inquisition et ses piloris/bûchers…). Le marché peut gérer l’artisanat traditionnel et peut faire d’une cérémonie traditionnelle une attraction touristique (NdT: réduire une culture à un folklore commercialisable est une caractéristique de l’ethnocide). Mais lorsqu’un peuple insiste pour le maintien de relations traditionnelles, qui souvent, peut-être même toujours, impliquent le partage des nécessités de la vie, le marché y voit alors un nouvel ennemi.

Le colonialisme vise à imposer le système de marché sur les communautés traditionnelles, à détruire les économies de partage traditionnelles et à forcer les gens à ne pouvoir vivre qu’en vendant leur force de travail. Un principe central du processus d’alotement fut encouragé et soutenu par les missions chrétiennes, celui-ci fut de “civiliser” les Indiens en brisant leurs relations sociales de partage et les forcer à se soumettre à une “auto-suffisance” individuelle. Le programme des pensionnats pour Indiens (aux Etats-Unis et au Canada) avait essentiellement cela pour objectif (NdT: en plus d’éliminer physiquement une bonne partie des générations futures indiennes, créant chez les survivants un traumatisme quasi indélébile… Lavage de cerveau, destruction de la culture, de la langue et peur permanente d’une mort violente = cocktail de destruction psychologique).

Bien que le régime de pensionnats pour Indiens ne domine plus l’éducation des Amérindiens, la mission “civilisatrice” n’en continue pas moins, sous d’autres déguisements. Comme le disent Webster et Scott: “Nous continuons à pousser l’éducation occidentale sur nos enfants année après année, comme cela nous fut imposé et à ceux avant nous également. On dit souvent qu’il faut connaître son ennemi si on veut le battre, le battre à son propre jeu. Nous pouvons le comprendre, mais qu’en est-il de l’autre côté ? Nous connaissons sans doute très bien notre ennemi maintenant, mais nous connaissons-nous nous-mêmes si bien ?”

Webster et Scott concluent: “Ce serait une forte affirmation pour nos générations futures si nous dédiions autant d’effort au succès de nos institutions tribales que nous en avons dédié à celles de l’occident.”

Leur appel fait écho aux mots de Patrice Lumumba, un des grands leaders anti-coloniaux du XXème siècle, qui mena le mouvement d’indépendance du Congo contre la Belgique et qui fut élu premier ministre du Congo. Le gouvernement de Lumumba ne survécu que douze semaines, tandis qu’un rival qui avait comploté avec les Belges pour prendre le contrôle des énormes ressources minières du pays, le chassa du pouvoir. La CIA et le MI6 britannique furent tous deux impliqués dans l’assassinat de Lumumba dans une de ces manœuvres de la guerre froide au sein des anciennes colonies européennes.

Une des déclarations les plus célèbres que fît Lumumba fut celle de la session d’ouverture du congrès pan-africain du mois d’Août 1960, où il expliqua que “peu importe les standards de vie qu’expérimentent les colonisés”… la lutte anti-coloniales allait “restaurer la dignité des peuples.” Il ajouta: “Notre objectif est de restaurer les valeurs culturelles, philosophiques, éthiques et sociales de l’Afrique et de protéger nos ressources.” (NdT: par cette simple phrase, tout comme Sankara après lui, il était devenu un ennemi du “marché” et signait par là-même, son arrêt de mort…)

Webster et Scott parlent d’une voix similairement forte, appelant les peuples natifs “à maintenir qui nous sommes et demeurer distincts dans nos nations.”

Lumumba avait décrit l’effort pour défaire le colonialisme, ce à quoi se réfèrent Webster et Scott en tant que “dédication au succès dans nos propres institutions autochtones”, disant “nous… devons réviser tout ce que nous avons fait, et devons repenser absolument tout par nous-mêmes… Nous savions que nous devrions réviser les méthodes qui ont été forcées sur nous et par-dessus tout redécouvrir notre nous-même intime et nous débarrasser des attitudes mentales et habitudes complexes où la colonisation nous a enfermé depuis des siècles.”

Qu’il en soit ainsi.

Peter d’Errico est diplômé de la Yale Law School en 1968. Il a été membre du cabinet d’avocats de Dinebeiina Nahiilna Be Agaditahe Navajo Legal Services, 1968-1970, à Shiprock. Il a été professeur de droit à l’University of Massachusetts, Amherst, 1970-2002. Il est aujourd’hui consultant légal sur les affaires indiennes.

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A lire sur le même sujet:

Taiaiake Alfred, Mohawk, professeur de sciences politiques et chaire du programme sur la gouvernance indigène de l’université de Victoria, Colombie-Britannique, Canada, traduit par nos soins:

https://resistance71.wordpress.com/2014/09/05/resistance-au-fleau-de-lhumanite-solutions-anti-coloniales-pour-une-decolonisation-de-lempire-1ere-partie-taiaike-alfred/

https://resistance71.wordpress.com/2014/09/10/resistance-au-fleau-de-lhumanite-solutions-anti-coloniales-pour-une-decolonisation-de-lempire-2eme-partie-taiaike-alfred/

https://resistance71.wordpress.com/2014/02/21/resistance-contre-le-colonialisme-au-xxieme-siecle-la-resurgence-indigene/

https://resistance71.wordpress.com/2013/12/13/colonialisme-dhier-et-daujourdhui-en-sortir-par-et-pour-les-peuples-analyse-taiaiake-alfred/

Notre dossier: “Colonialisme et luttes indigènes”

https://resistance71.wordpress.com/colonialisme-luttes-indigenes/

 

 

 

Contre le colonialisme, la société traditionnelle africaine et le communalisme égalitaire…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, économie, colonialisme, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, philosophie, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , on 2 décembre 2014 by Résistance 71

La plus grande partie des sociétés traditionnelles originelles africaines, du continent des Amériques, d’Asie, d’Oceanie et de l’Europe pré-athénienne, sont des sociétés communalistes au pouvoir partiellement ou totalement dilué dans les peuples des communautés. L’humanité a vécu des dizaines de milliers d’années de la sorte et contrairement au dogme inculqué, l’Etat n’est pas le « stade ultime » de la société humaine et encore moins sa plus grande « réussite », de fait, l’anthropologie politique démontre qu’il est une « anomalie », un artifice mis en place pour maintenir la division politique de la société une fois celle-ci apparue.

Il est plus que grand temps que nous retournions sur le chemin de la Nature dont nous nous sommes égarés en suivant une fausse signalisation routière…

— Résistance 71–

 

L’anarchisme africain et son origine communaliste

 

Sam Mbah & I.E. Igariwey, 1997

 

url de l’article original:

http://robertgraham.wordpress.com/2014/11/22/sam-mbah-in-memoriam/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Les sociétés traditionnelles africaines étaient pour la plus grande part, fondées sur le communalisme. Le terme est utilisé ici dans un sens binaire. D’abord il dénote un mode défini de production ou de formation sociale qui vient généralement, mais pas inévitablement, des sociétés de chasseurs-cueilleurs et précèdent le féodalisme. Si on accepte l’évolution culturelle, on peut voir que la plupart des sociétés européennes et asiatiques sont passées par ces étapes du développement. (NdT: Ce qui inscrit cette réflexion dans un cadre anthropologique structutaliste évolutioniste [Levi-Strauss] et qui prescrit que la société passe par des étapes évolutives allant des sociétés primitives aux sociétés structurés étatiques, l’État représentant le stade ultime du développemnt sociétaire humain. Cette théorie a été démontée par la recherche et l’analyse de l’anthropologue politique français Piere Clastres que nous avons abondamment publié sur ce blog, à lire pour en savoir plus…)

Le communalisme est aussi utilisé dans un second sens pour dénoter une façon de vivre qui est distinctivement africaine. Ce mode de vie peut-être entr’aperçu dans la structure collectiviste des sociétés africaines dans lesquelles:

  • Des communautés différentes apprécient une indépendance (presque) inconditionnelle l’une de l’autre
  • Les communautés gèrent leurs propres affaires et agissent en tout point de manières autogestionnaire et
  • Chaque individu sans exception prend part, soit directement ou indirectement, à la prise de décision et à la gestion des affaires de la communauté et ce à tous les niveaux

En contraste avec l’Europe et l’Asie. L’essentiel du continent africain ne s’est jamais développé au-delà du stade communaliste. Malgré le développement féodal indigène et plus tard l’imposition du capitalisme (NdT: nouvelle forme de féodalisme surtout dans sa forme néo-libérale extrême…), les caractéristiques communales persistent toujours aujourd’hui, parfois pervasiment, dans la plupart des sociétés africaines qui se situent en dehors des grandes agglomérations et des banlieues/bidonvilles de celles-ci. De manière essentielle, la plupart de l’Afrique est communaliste à la fois au sens culturel (production/formation sociale) et descriptif (structurel).

Parmi les caratérisrtiques les plus importantes du communalisme africain figurent l’absence de classes sociales, de stratification sociale, l’absence de relations exploitantes ou socialement antagonistes, l’existence d’un accès égalitaire à la terre et aux autres éléments de production, égalité au niveau de la distribution du produit social et le fait que de forts liens de familles et de relations fraternelles forment la base même de la vie sociale dans les sociétés africaines communalistes. Au sens de ce cadre défini, chaque famille a été capable de subvenir à ses besoins fondamentaux. Sous le communalisme, par vertu d’être un membre d’une famille ou d’un communauté, chaque Africain était assuré d’avoir suffisamment de terre pour subvenir à ses propres besoins.

Parce que dans les sociétés traditionnelles africaines l’économie était largement horticole et la subsistence fondée, comme le note Robert Horton “souvent sur de petits vllages agriculteurs, chasseurs, éleveurs, pêcheurs etc… qui s’occupaient d’eux-mêmes de manière indépendante avec peu de référence au reste du continent.” Des communautés variées produisaient des surplus ou des commodités qu’elles échangeaient au moyen du troc, contre les choses qui leur manquaient. La situation était telle que personne ne mourrait de faim tandis que d’autres s’empiffraient et jetaient les excédents.

D’après Walter Rodney: “De cette façon, l’industrie du sel d’une localité serait stimulée, tandis que l’industrie du fer serait encouragée dans une autre. Dans une zone côtière, de lac ou de rivière, le poisson séché pouvait devenir profitable, tandis que le yams et le millet poussaient très bien ailleurs, ce qui donnait une base solide d’échange.” Ainsi, dans bien des parties de l’Afrique une symbiose se développa entre des groupes gagnant leur vie de manières différentes, ils échangeaient des produits et coexistaient à leur avantage mutuel.

L’organisation politique sous le communalisme était une structure horizontale, caractérisée par un haut niveau de diffusion des fonctions et du pouvoir. Le leadership politique, pas l’autorité, prévalait et le leadership n’était pas fondé sur l’imposition des choses, sur la coercition ou la centralisation; il se dégageait d’un consensus commun ou d’un besoin mutuellement ressenti.

Le leadership développé sur la base des liens de la famille et de la fraternité, de la reconnaissance confraternelle, évoluait autour des anciens ; il n’était conféré que par l’âge, un facteur qui a de profonde racine dans le communalisme. En Afrique, l’âge avancé était équivalent et l’est toujours du reste, à la possession de la sagesse et du jugement rationnel. Les anciens présidaient aux réunions et dans les règlements des disputes, mais pratiquement jamais avec un sens de “supériorité”, leur position ne conférait pas à une autorité étendue socio-politique associée au système moderne de l’État ou avec les états féodaux. (NdT: A ce sujet, la ressemblance est stupéfiante avec la structure de fonctionnement socio-politique des sociétés traditionnelles du continent des Amériques. Ceci représente une fonction universelle de la société humaine et confirme de plus en plus que la forme de gouvernance moderne de “l’État”, si elle est un avantage pour maintenir la division politique puis économique des peuples et donc de maintenir le consensus oligarchique du pouvoir, n’est pas en fait comme on veut nous le faire entendre, une “logique naturelle” de la société humaine, mais bel et bien une anomalie qui se doit d’ètre corrigée, une autre de ces “ruses de la raison” si chères au philosophe Friedrich Hegel…)

Il y avait un sens profond d’égalité parmi les membres de la communauté. Le leadership se concentrait sur les intérêts du groupe plutôt que sur l’autorité sur les membres de la communauté. Invariablement, les anciens partageaient le travail avec le reste de la communauté et recevaient la même part ou valeur du total social produit que le reste des personnes, souvent sous forme aussi de tributs et de mécanismes de redistribution (NdT: similaires aux potlaches des communautés amérindiennes du nors-ouest du continent)

La relation entre les segments de coordination de la communauté était caractérisée par l’équivalence et l’opposition et ceci avait tendance à empêcher l’émergence d’un rôle de spécialisation et donc d’une division du travail parmi les individus. Généralement, les anciens présidaient à l’administration de la justice, des disputes et de leurs arrangements ainsi que de l’organisation des activités communales, des fonctions qu’ils partageaient nécessairement avec des représentants sélectionnés de leurs communautés, dépendant de la nature spécifique de la dispute ou du problème impliqué.

De telles réunions ou assemblées n’étaient pas guidées par des lois écrites, car il n’y en avait simplement pas. Au lieu de cela, elles se fondaient sur les systèmes de croyance traditionnelle, du respect mutuel, des principes indigènes de la loi naturelle et de la justice. Les sanctions sociales existaient pour des cas variés de transgressions pour vol, sorcellerie, adultère, homicide, viol etc… Quand un individu commettait une offense à la communauté, souvent sa famille entière, ses parents et sa famille étendue souffraient avec lui et parfois pour lui/elle. Ceci était dû au fait que de telles offenses, crimes étaient vus par la communauté comme quelque chose qui amenait la honte non seulement sur l’individu contrevenant, mais encore plus parfois sur sa famille.

Résistance au colonialisme: Réécriture raciste de l’histoire par le premier ministre australien…

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Nous parlons souvent ici du colonialisme toujours actif et des gouvernements coloniaux au pays du goulag levant (ex-USA) et au Canada ainsi qu’en Israël, mais nous avons aussi mentionné le colonialisme génocidaire australien. L’illustration ici de l’outrageant racisme d’un suprémaciste colon, premier sinistre australien et idiot patenté de son état.

— Résistance 71 —

 

“Cru et basique”: Le premier ministre australien compare la nation à la lune avant la colonisation britannique

 

RT

 

14 Novembre 2015

 

url de l’article original:

http://rt.com/news/205687-abbott-indigenous-people-bush/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Le premier ministre australien Tony Abbott a causé une explosion de colère sur la toile après avoir déclaré qu’avant la colonisation britannique de 1788, la pays “n’était rien que des buissons”, oubliant apparemment les peuples indigènes du pays.

Lorsque nous regardons cette ville glorieuse, lorsque nous constatons son développement extraordinaire, il est dur de penser qu’en 1788 il n’y avait rien à part des buissons et que les marins et les détenus (NdT: l’Australie a été peuplée en premier lieu par les forçats déportés par la Grande-Bretagne…) ont dû penser qu’ils étaient arrivés presque sur la lune.” A t’il dit dans une réunion de petit-déjeuner avec le premier ministre britannique David Cameron à Sydney.

Tout a dû sembler si extraordinairement cru et basique,” a t’il dit. Vendredi, des manifestants aborigènes contre le G20 se sont rassemblés pour protester contre le nombre de morts des leurs entre les mains de la police.

Un des manifestants a dit à Buzzfeed: “Il rigole non ? Ne réalise t’il pas à quel point cela nous offense ?

L’attitude d’Abbott est le genre de connerie qui mène à la situation que nous avons en ce moment. Vous venez de constater pourquoi nous sommes rassemblés ici aujourd’hui”, a dit un autre manifestant.

Les médias sociaux ont exprimé leur incrédulité concernant sa capacité apparente à oublier l’histoire aborigène du pays. “Waouh, simplement Waouh!” écrit une personne sur Twitter.

Le commentaire “rien que des buissons” de Tony Abbott est une illustration de la valeur qu’il place sur les droits des peuples indigènes et sur l’environnement”, ajoute un autre.

Notre premier ministre vient juste de réécrire l’histoire de l’Australie”, dit une troisième personne.

Ce n’est pas la première fois qu’Abbott a fait ce genre ce commentaires. En Août, lançant un projet sur les 100 plus grands moments de l’histoire de l’Australie au musée national, Abbott déclara que “l’arrivée de la première flotte (britannique) a été le moment le plus important de l’histoire de ce continent.

Ce fut le moment où ce continent entra dans le monde moderne”, avait-il dit.

En réponse au commentaire d’Abbott, le directeur du panel de conseil du premier ministre, Warren Mundine, a dit à ce moment là: “Ce fut aussi un grand moment désastreux pour le peuple indigène.

Depuis 1788, il y a eu un grand déclin de la population (des premières nations). L’enlèvement forcé des enfants aborigènes à leurs parents en bien des endroits a depuis été appelé du terme de la “génération volée”.

La destinée de la population aborigène en Australie a incité des universitaires tel Dirk Moses, à explorer le sujet dans le cadre d’études sur le génocide.

La fourberie de l’empire… La Turquie (OTAN) bombarde les Kurdes et laissent l’EI tranquille à l’instar des yanks qui tiennent l’armée syrienne à distance…

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L’EIIL / EI est l’armée mercenaire de l’OTAN. Objectif: réaliser la partition du Moyen-Orient pour un contrôle impérialiste. De fait, l’EI est la nouvelle armée coloniale de l’occident… Les terroristes sont à Washington, Londres, Paris, Ankara au chaud dans les gouvernements… ou plutôt les extensions de conseils d’administration des banques, compagnies pétrolières et marchands de canons…

— Résistance 71 —

 

Washington parviendra t’il à faire nettoyer ethniquement le nord de la Syrie ?

 

Thierry Meyssan

 

14 octobre 2014

 

url de l’article original:

http://www.voltairenet.org/article185560.html

 

À Kobané et dans sa région, où plus de 300 000 Kurdes syriens sont menacés d’extermination par l’Émirat islamique, chacun peut mesurer la duplicité de l’Otan. Alors que la Coalition états-unienne déclare lutter contre l’Émirat islamique, un membre de l’Otan, la Turquie, lui fournit l’assistance militaire et médicale dont il a besoin, empêche les civils de fuir et les combattants du PKK de venir à leur aide.

Dans le théâtre antique grec, chaque spectateur connaissait à l’avance la fin tragique de la pièce. Les personnages, aveuglés par les Dieux, poursuivaient en actes ce qu’ils prétendaient rejeter en paroles. Mais le chœur révélait aux spectateurs les projets du Destin.

La tragédie qui se joue à Kobané (en arabe Aïn al-Arab) a été écrite pour se clore par le génocide annoncé de 300 000 Kurdes syriens. L’Émirat islamique a déjà pris le contrôle de plusieurs quartiers de la ville et de nombreux villages alentour. Si l’Armée arabe syrienne ne parvient pas à franchir les lignes de l’Émirat islamique pour les sauver, ils seront tous massacrés.

La population kurde est défendue par le PYG (parti autonomiste soutenant la République arabe syrienne), mais la Turquie a fermé sa frontière de sorte que les civils ne peuvent pas fuir et que les renforts du PKK turc (parti indépendantiste lié au PYG) ne peuvent arriver.

Les forces kurdes sont commandées par Mahmoud Barkhodan, assisté de Narine Afrine (de son vrai nom Mayssa Abdo). Le choix d’une femme comme commandant en second a semé la panique au sein de l’Émirat islamique, les jihadistes étant convaincus qu’ils ne peuvent entrer au paradis s’ils sont tués par une femme.

Face à la résistance kurde, l’Émirat islamique a transféré l’essentiel de ses forces en Syrie pour écraser Kobané.

Selon notre analyse, maintes fois répétée dans ces colonnes et dans de nombreuses émissions de radio et de télévision en Amérique latine, en Russie et dans le monde musulman, l’Émirat islamique est une création des États-Unis chargée de nettoyer ethniquement la région de manière à pouvoir la remodeler. Chacun peut constater que les déclarations lénifiantes des dirigeants états-uniens sont démenties par leur action militaire sur le terrain, non pas contre, mais en faveur de l’Émirat islamique.

La Coalition a procédé à six vagues de bombardements à Kobané. Elle n’a jamais ciblé des positions de l’Émirat islamique et ne lui a causé aucune perte. Elle tient par contre à distance, plus au Sud et à l’Ouest, l’Armée arabe syrienne qui ne parvient pas à ouvrir une brèche pour sauver la population.

Le Gouvernement régional du Kurdistan irakien (pro-Israélien) refuse d’aider les Kurdes syriens, avec lesquels il est en conflit depuis longtemps. Il argue de ne pas avoir d’accès direct à la Syrie pour justifier sa passivité.

Membre de l’Otan, la Turquie refuse de porter assistance aux populations menacées de génocide tant que les Kurdes syriens ne renoncent pas à leur statut autonome en Syrie et qu’ils ne rejoignent pas le combat de l’Otan contre la République arabe syrienne et son président élu Bachar el-Assad.

Selon les combattants du PYG, la Turquie fournit quotidiennement des armes à l’Émirat islamique et accueille ses blessés dans ses hôpitaux, alors que eux-mêmes ont les plus grandes difficultés à acheminer les blessés kurdes en Turquie pour y être soignés.

En Turquie, le groupuscule islamiste kurde Hür Dava Partisi (anciennement dénommé Hezbollah de manière à créer une confusion avec la résistance libanaise) est entré en guerre contre le PKK (parti kurde majoritaire dans le pays). Le Hüda-Par (abréviation du Hür Dava Partisi) est soutenu en sous-main par l’AKP du président Recep Tayyip Erdoğan à la fois pour lutter contre l’indépendantisme kurde et pour soutenir les Frères musulmans.

Le 30 août, un leader de l’Émirat islamique, Hikmet, et deux de ses gardes du corps ont été tués par le PKK à Istanbul où ils séjournaient à l’invitation du Hüda-Par et sous la protection de la police turque.

Dans un SMS envoyé à tous ses militants, le PKK a donné instruction d’éliminer physiquement tous les membres du Hüda-Par, accusés de travailler pour le gouvernement turc et d’aider l’Émirat islamique.

Établissant une comparaison avec le massacre de Srebrenica (Yougoslavie, 1995) l’émissaire spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a mis en cause le 10 octobre la responsabilité turque en cas de chute de Kobané et de génocide de sa population. Il a exigé vainement que la Turquie ouvre sa frontière.

Le chef de la Coalition états-unienne, le général John Allen, a également publiquement sommé la Turquie d’ouvrir sa frontière et d’empêcher le génocide des Kurdes de Kobané. Toutefois, il ne semble pas que le refus turc ait altéré les relations entre Washington et Ankara, bien au contraire.

Le nouveau ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu, a affirmé que son pays n’interviendrait pas tant que la Coalition formée par les États-unis contre l’Émirat islamique (et dont la Turquie fait partie) ne déciderait pas d’imposer une zone d’exclusion aérienne au nord de la Syrie et ne se donnerait pas pour objectif de renverser la République arabe syrienne.

Au demeurant, le Parlement turc a autorisé son gouvernement à combattre à la fois l’Émirat islamique et le PKK.

Recevant M. Çavuşoğlu à Paris, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a appuyé l’idée de la création d’une « zone de sécurité » au Nord de la Syrie, sans préciser ce qu’il entendait exactement par là, mais soulignant son accord avec la Turquie.

La France, également membre de l’Otan, fournit directement des armes au Gouvernement régional séparatiste du Kurdistan irakien, sans autorisation du Gouvernement central irakien. Le Gouvernement régional du Kurdistan irakien a étendu son territoire de 40 % de manière coordonnée avec l’Émirat islamique lorsque celui-ci s’emparait de la zone arabe sunnite irakienne. Durant les années précédentes, la France soutenait politiquement le PKK turc (pro-Syrien), elle aide désormais militairement le Gouvernement régional du Kurdistan irakien (pro-Israélien).

Actuellement, l’espace aérien au Nord de la Syrie est contrôlé par la Coalition menée par les États-Unis. L’Émirat islamique dispose d’avions (des Mig volés à la Syrie et des F-15 volés à l’Irak), mais n’a que peu de pilotes et de personnel technique pour les utiliser. La création d’une zone d’exclusion aérienne par l’Otan en territoire syrien, outre qu’elle constituerait une violation flagrante du droit international, n’aurait donc aucune incidence sur les combats en cours.

L’idée de la création d’une zone de non-survol en Syrie a été promue par Israël qui y voit un moyen de démembrer à terme ce pays, sur le modèle de ce qui fut fait de 1991 à 2003 en Irak (au profit de l’actuel Gouvernement régional du Kurdistan). Cependant, la seule comparaison valable doit être faite avec la zone tampon imposée en 1983, durant la guerre civile libanaise. Ressentie comme une recolonisation ouverte du Liban, elle tourna au fiasco après l’élimination de 300 soldats états-uniens et français.

En Turquie, le PKK multiplie les manifestations pour contraindre le gouvernement Erdoğan à rouvrir la frontière. 31 personnes ont déjà été tuées par la police durant la répression de ces manifestations.

La seule question est de savoir combien de temps encore les Kurdes syriens pourront résister seuls aux jihadistes armés et financés par les États-unis en vertu d’un vote du Congrès, réuni en séance secrète en janvier 2014. En d’autres termes : quand Washington et ses alliés parviendront-ils à faire nettoyer ethniquement le Nord de la Syrie par leur créature, l’Émirat islamique ?