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Résistance politique: Déclaration du Congrès National Indigène

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Les peuples indigènes et la décision des peuples occidentaux de les soutenir, détermineront l’avenir de la planète.

~ Résistance 71 ~

 

Déclaration de la chaire Tata Juan Chávez Alonso

 

mercredi 21 août 2013, par CNI

 

url de l’article:

http://www.lavoiedujaguar.net/Declaration-de-la-chaire-Tata-Juan

 

Aux peuples et gouvernements du monde 
À la Sexta, nationale et internationale 
Aux femmes et hommes élèves de la petite école zapatiste

Ainsi que c’est le cas en ce temps et dans notre histoire avec la Terre Mère, nous les peuples nations et tribus indigènes suivants : Yaqui, Mayo, Náyeri, Wixárika, Rarámuri, Odam, Nahua, Purépecha, Ñañu ou Ñuhu, Mazahua, Popoluca, Tzotzil, Chol, Tzeltal, Tojolabal, Zoque, Totonaque, Coca, Mam, Binnizá, Chinantèque, Ikoot, Mazatèque, Chontal, Ñu Saavi, Chatino, Triqui, Afrométis, Mehpa, Nancue Ñomndaa, Ñhato et Maya péninsulaire des États de Sonora, Chihuahua, Veracruz, Durango, Nayarit, Jalisco, Michoacán, Querétaro, San Luis Potosí, Morelos, État de Mexico, Guerrero, District fédéral, Puebla, Tlaxcala, Oaxaca, Tabasco, Yucatán et Campêche ; ainsi que les peuples Ixil, Quiché, Quechua et Nasa des pays de Guatemala, Pérou et Colombie, avec qui nous avons cheminé ensemble, et attentionnés, comme les enfants, hommes et femmes, de la Terre Mère que nous sommes tous, nous nous sommes rencontrés et nous nous sommes reconnus les 17 et 18 août 2013 à San Cristóbal de Las Casas (Chiapas), dans les locaux du Cideci-Unitierra, pour rappeler la parole vivante de notre grand frère Tata Juan Chávez Alonso et agir en conséquence ; il nous enseigne, il nous guide, et sa mémoire, au bout d’un an d’absence, se transforme en espérance et en force pour nous, les peuples qui nous sommes refondés et reconstitués parce que nous avons décidé de continuer à être les Indiens que nous sommes, de continuer à parler la langue que nous parlons, de continuer à défendre le territoire où nous vivons.

Nous nous reconnaissons dans la lutte pour le respect de notre mode de vie ancestral, lutte que nous avons entreprise ensemble et dans laquelle nous avons parlé, nous avons exigé, et nous avons été trahis de façon répétée par les mauvais gouvernements.

Nous avons appris sur ce chemin de lutte que les puissants n’ont aucun respect pour la parole donnée, ils la trahissent et la violentent encore et encore sur toute l’étendue de ce pays qui s’appelle le Mexique, depuis le reniement des accords de San Andrés Sakamchén de los Pobres, la contre-réforme indigène de 2001, et les innombrables trahisons envers nos peuples des différentes régions et luttes, dans un Mexique indien qui est vivant, debout, et avec un seul cœur qui devient grand, aussi grand qu’est la douleur dont nous souffrons et l’espérance avec laquelle nous luttons, car, malgré la guerre d’extermination qui est devenue plus violente que jamais, nous sommes toujours là.

Nous nous reconnaissons dans le chemin de notre histoire, dans nos ancêtres qui sont le présent, le futur, et le miroir de l’autonomie exercée dans les faits comme seule voie pour l’avenir de notre existence. Elle devient notre vie communautaire, nos assemblées, nos pratiques spirituelles et culturelles, notre autodéfense et notre sécurité, nos projets propres pour l’éducation et la communication, nos revendications culturelles et territoriales dans les villes pour les peuples déplacés ou envahis qui ont gardé une mémoire historique vivante.

Nous sommes les Indiens que nous sommes, bien décidés à nous reconstituer dans un autre monde possible.

Ce miroir profond, ancien et nouveau, ce sont les luttes que nous sommes et pour lesquelles nous nous déclarons avec un seul cœur et une seule parole.

1. Nous exigeons la libération immédiate des prisonniers politiques dans notre pays, en particulier celle de notre compañero indigène tzotzil Alberto Patishtán emprisonné injustement depuis treize ans pour purger une condamnation illégale de soixante ans. De même, nous exigeons la libération de nos six frères nahuas de la communauté de San Pedro Tlanixco, prisonniers injustement au pénitencier d’Almoloya pour avoir défendu l’eau de leur communauté. Il s’agit de nos frères Pedro Sánchez, condamné à cinquante-deux ans, Teófilo Pérez, à cinquante ans, Rómulo Arias, à cinquante-quatre ans, et des compañeros Marco Antonio Pérez, Lorenzo Sánchez et Dominga González, actuellement en cours de procès. Nous exigeons aussi l’annulation des mandats d’arrêt contre Rey Pérez Martínez et Santos Alejandro Álvarez, également de Tlanixco ; la libération des compañeros prisonniers de la communauté tzeltal de Bachajón (Chiapas) Miguel Demeza Jiménez et Antonio Estrada Estrada ; des compañeros loxichas Eleuterio Hernández García, Justino Hernández José, Zacarías Pascual García López, Abraham García Ramírez, prisonniers au Cefereso n° 6 de Huimanguillo (Tabasco) ; ainsi que de Pablo López Álvarez de San Isidro Aloapan (Oaxaca), emprisonné au pénitencier de Villa de Etla.

2. Nous dénonçons le fait que les mauvais gouvernements et les entreprises multinationales se sont servis de groupes paramilitaires pour imposer des mégaprojets d’extraction au moyen de l’exploitation illégale de minerais et de bois précieux, en particulier sur la côte nahua et le plateau purépecha du Michoacán, et la communauté nahua d’Ayotitlán dans la sierra de Manantlán (Jalisco).

3. Nous demandons justice pour la communauté nahua de Santa María Ostula, sur la côte du Michoacán, où les mauvais gouvernements, en collusion avec les cartels du narcotrafic, ont protégé la spoliation des terres ancestrales de la communauté, le pillage des ressources naturelles par des groupes de la délinquance organisée, et la sanglante répression contre l’organisation communale qui a débouché sur des assassinats et des disparitions.

4. Nous saluons la lutte historique de la communauté de Cherán (Michoacán) et le digne exercice du droit d’autodéfense qui a fleuri parmi le peuple purépecha pour la défense de sa propre vie, de ses familles, de sa culture et de son territoire, menacés par la complicité des mauvais gouvernements avec des groupes paramilitaires ; ses exigences sont la sécurité, la justice, et la reconstitution de son territoire.

5. De la même façon, nous saluons la défense digne par les communautés et quartiers indigènes des savoirs traditionnels et de la culture native du maïs.

6. Nous condamnons la répression contre le peuple ikoot de San Mateo del Mar et San Dionisio del Mar, ainsi que celle contre le peuple binnizá de Juchitán et du quartier Álvaro Obregón ; nous exigeons la libération immédiate d’Alejandro Regalado Jiménez et d’Arquímedes Jiménez Luis, de même que l’annulation immédiate des couloirs éoliens aux mains des entreprises espagnoles Endesa, Iberdrola, Gamesa et Unión Fenosa, qui dans la région de l’isthme de Tehuantepec envahissent et détruisent les terres communales et les sites sacrés des peuples ci-dessus mentionnés.

7. Nous exigeons l’arrêt de la répression contre la communauté de San Francisco Xochicuautla de l’État de Mexico, ainsi que l’annulation définitive du projet routier appelé autoroute privée Toluca-Naucalpan ; de même, nous soutenons la demande de mesures de suspension devant le Système interaméricain des droits humains par les habitants de cette communauté.

8. Nous exigeons du mauvais gouvernement fédéral qu’il applique le jugement d’annulation de la construction de l’aqueduc Independencia, qui prétend dépouiller la Tribu Yaqui de l’eau qu’elle a défendue dans l’histoire au travers du río Yaqui ; nous réaffirmons notre parole : nous agirons en conséquence face à toute tentative de répression contre le campement en résistance qui se maintient sur la route internationale à la hauteur de Vícam, premier chef-lieu de la Tribu Yaqui.

9. Nous exigeons l’arrêt de la répression et le retrait de la force publique de la communauté de Huexca (Morelos), à cause de la construction d’une usine thermoélectrique ; l’annulation du projet d’aqueduc et d’extraction d’eau du río Cuautla, car il affectera vingt-deux communautés de la commune d’Ayala ; de même que l’arrêt du harcèlement contre soixante communautés des États de Morelos, Puebla et Tlaxcala qu’on prétend dépouiller par l’installation d’un gazoduc. Tout ce qui précède fait partie du Projet intégral Morelos, qui vise à détruire la vie paysanne de ces territoires pour les transformer en industries et autoroutes. Nous exigeons le respect du gardien sacré, le volcan Popocatépetl, déjà sujet à déprédation par l’abattage clandestin immodéré de ses forêts.

10. Nous sommes solidaires de la lutte de la communauté coca de Mezcala (Jalisco) pour la récupération de son territoire, et nous exigeons l’annulation de tous les mandats d’arrêt contre des comuneros dont le délit a été de défendre leur terre.

11. Nous exigeons le respect du territoire communal et de l’assemblée générale des comuneros de Tepoztlán, et nous nous joignons à l’exigence d’annulation du projet d’autoroute La Pera-Cuautla ; de même nous rejetons la campagne de mensonges et de tromperies envers l’opinion publique de la part du gouvernement de Morelos pour justifier la spoliation.

12. Nous faisons savoir qu’il existe une attaque sans précédent contre les piliers sacrés du monde reconnus et soutenus par les peuples originaires, qui les défendent très justement au nom de la vie dans l’Univers. C’est le cas des territoires sacrés de Wirikuta et Hara Mara, dans les États de San Luis Potosí et Nayarit, menacés par des projets capitalistes miniers et touristiques avec la complicité des mauvais gouvernements des États et de la Fédération. De même, nous faisons nôtre l’exigence de l’annulation totale des concessions minières et touristiques sur lesdits territoires et sur la totalité des territoires indigènes. Nous condamnons la campagne de confrontation qu’ont menée la compagnie minière First Majestic Silver et le mauvais gouvernement municipal de Catorce (San Luis Potosí). Nous saluons le digne village paysan de Wirikuta qui a décidé d’élever la voix pour la défense de sa terre, son eau, sa santé et son environnement et en solidarité avec le peuple wixárika.

13. Dans le même sens, nous faisons savoir que nous ne resterons pas en marge face à la tentative de destruction du site sacré de Muxatena et quatorze autres sites sacrés du peuple náyeri par le projet de construction du barrage de Las Cruces sur le río San Pedro Mezquital, dans l’État de Nayarit.

14. Nous dénonçons les invasions commises par des entreprises agro-industrielles sur les territoires indigènes et paysans, qui altèrent délibérément le régime des pluies pour leur propre bénéfice et détruisent la vie paysanne, comme c’est le cas de la communauté nahua de Tuxpan (Jalisco) et du Haut Plateau de Potosí sur le territoire sacré de Wirikuta.

15. Nous exigeons l’annulation des concessions minières au cœur de la sierra de Santa Marta, en territoire popoluca, et nous dénonçons la tentative d’invasion des terres communales de San Juan Volador, commune de Pajapan, par l’entreprise éolienne Dragón, au sud de l’État de Veracruz.

16. Nous exigeons l’annulation du projet routier Tuxtepec-Huatulco, baptisé couloir touristique chinantèque, sur le territoire chinantèque, ainsi que l’annulation des réserves écologiques dans la région nord de l’État d’Oaxaca.

17. Nous exigeons l’annulation du projet d’aqueduc impulsé par le mauvais gouvernement du Guerrero qui prétend dépouiller les peuples Na Savi, Nancue Ñomndaa et Afrométis de l’eau du río San Pedro de la Costa Chica du Guerrero.

18. Nous refusons la tentative d’inondation des lieux sacrés du peuple guarijio d’Álamo (Sonora) avec la construction du barrage Pilares, de même que le détournement du río Sonora au préjudice de la nation komkaak, qu’on a privée d’eau depuis quatre mois au profit des grands propriétaires agricoles de la côte du Sonora.

19. Nous dénonçons la politique d’extermination de la part du gouvernement du District fédéral contre les communautés et villages de la sierra del Ajusco, au travers de la spoliation et de la dévastation des territoires des ejidos et des communes de San Miguel Xicalco et San Nicolás Totolapan ; nous soutenons et reconnaissons les sous-délégués communautaires en résistance de San Miguel et Santo Tomás Ajusco.

20. Nous saluons la lutte de la communauté autonome de San Lorenzo Aqueltán, dans l’État de Jalisco, et nous reconnaissons ses autorités autonomes ; nous restons attentifs et solidaires de leur lutte pour la reconnaissance de leur territoire ancestral.

21. Nous saluons et reconnaissons la rénovation des autorités de la communauté autonome wixárika de Bancos de San Hipólito (Durango) ; de même nous soutenons sa lutte pour la reconnaissance de son territoire ancestral qu’elle réclame depuis plus de quarante-cinq ans.

22. Nous rendons responsables les fonctionnaires publics de la délégation politique de Xochimilco des menaces envers le compañero Carlos Martínez Romero, du village de Santa Cruz Acalpixca en lutte pour la défense de l’eau et du territoire.

23. Nous nous joignons aux demandes de dizaines de communautés nahuas et totonaques de la Sierra Nord de Puebla qui exigent l’annulation des concessions à des entreprises minières et de la mise en œuvre de projets hydroélectriques, ainsi que l’annulation des concessions minières dans la Sierra Sud et la Côte d’Oaxaca à l’entreprise Altos Hornos de México.

24. Nous soutenons la lutte de la communauté de Conhuas à Calakmul (Campêche) pour la défense de son territoire et de son travail digne, et en même temps nous exigeons l’arrêt des agressions contre la communauté de la part du gouvernement de cet État.

25. Nous exigeons la reconnaissance des terres communales de San Pedro Tlaltizapán, près de la station thermale du Chignahuapan (État de Mexico), et l’arrêt des projets immobiliers sur les terrains communaux.

26. Nous exigeons le respect des terres récupérées par l’Union paysanne indigène autonome du Río Grande (Oaxaca), et nous saluons son campement en résistance.

27. Nous exigeons également le respect du fonctionnement de la radio communautaire Ñomndaa, voix du peuple amuzgo à Xochistlahuaca (Guerrero), ainsi que le respect de toutes les radios communautaires dans les différents territoires du pays.

28. Nous renouvelons l’exigence que l’État mexicain garantisse les conditions de sécurité de Raúl Gatica, du Conseil indigène et populaire d’Oaxaca Ricardo Flores Magón.

29. Nous exigeons le respect des économies communautaires qui fonctionnent de manière autonome et en marge du libre marché qu’impose le capitalisme, comme c’est le cas de l’usage du tumin sur le territoire totonaque de Papantla (Veracruz), et du conseil du troc dans les communautés de la commune de Tianguistenco, dans l’État de Mexico.

Nous reconnaissons, nous soutenons et nous encourageons les luttes pour l’autonomie et la libre détermination de tous les peuples indigènes qui formons le Congrès national indigène, de la péninsule du Yucatán à la péninsule de Basse-Californie.

C’est cela que nous sommes, c’est là notre parole et notre lutte indéfectible, nous sommes le Congrès national indigène et nôtre est le futur de nos peuples.

Le 18 août 2013, 
au Cideci-Unitierra, San Cristóbal de Las Casas (Chiapas).

Pour la reconstitution intégrale de nos peuples 
Jamais plus un Mexique sans nous

Congrès national indigène

NB : pour la transcription des noms des tribus, nations et peuples indigènes, toujours problématique et controversée, on a décidé de ne pas chercher à se montrer plus indien que le CNI et on a repris l’orthographe du texte original (NdT).

Traduit par El Viejo 
le 21 août 2013.

Source du texte original : 
Enlace Zapatista

Résistance au colonialisme en Amérique du Nord: Entretien avec la fondatrice de Mohawk Nation News…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, économie, démocratie participative, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , on 12 août 2013 by Résistance 71

Un entretien avec la fondatrice (74 ans…) de Mohawk Nation News, dont nous traduisons un certain nombre de textes au fur et à mesure, par la radio « La Voix de la Russie ». Mohawk Nation News est un organe militant de presse Mohawk qui a été créé lors de la crise et du siège d’Oka en 1990. Il est depuis devenu la voix des Warriors de la nation Mohawk au sein de la confédération iroquoise.

Cet entretien militant nous familiarise plus avant avec la situation colonialiste canadienne (et états-unienne) et indique clairement ce que sont le Canada et les Etats-Unis: des entreprises ne rendant de compte qu’à leurs maîtres banquiers offshore, créées pour piller le « nouveau monde » au profit du petit nombre en générant un génocide qui continue de nos jours… Sortons de notre mauvaise foi arrogante et rejoignons ces nations dans leur lutte pour une véritable auto-détermination. Le salut de la planète et de nos sociétés passe par là.

 

Les nations autochtones des Amériques sont en guerre contre le terrorisme depuis 1492 !!

— Résistance 71 —

 

Interview sur “La Voix de la Russie”: Mohawks, les gardiens de  la porte orientale de l’Île de la Grande Tortue

 

Voice of Russia (La Voix de la Russie)

 

26 Mai 2013

 

url de l’article et de l’interview audio originaux:

http://voiceofrussia.com/2013_05_26/The-Mohawk-Keepers-of-the-Eastern-Door-of-Great-Turtle-Island-interview/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Beaucoup de peuples indigènes d’Amérique du Nord ont appelé le continent “l’île de la grande tortue”. Une grande partie de leur philosophie avancée et de leur culture incluent une constitution complexe et extrèmement développée appelée “la grande voie”. La nation Mohawk (partie de la confédération iroquoise) était responsable de maintenir la paix et était les gardiens de la grande loi qui était supposée non seulement amener la paix en amérique du Nord, mais aussi au monde entier. Kahentinetha Horn a parlé à John Robles au sujet de l’histoire de la nation Mohawk, de la culture amérindienne, des croyances et des problèmes actuels d’importance pour les peuples de ‘l’île de la grande tortue”.

Je suis John Robles. Je discute aujourd’hui avec Kahentinetha Horn, elle est une des seniors de la nation Mohawk, aujourd’hui âgée de 74 ans et membre du clan de l’ours. Elle est aussi l’éditrice du site internet d’information Mohawk Nation News (1990) de la communauté de Kahnawake, nation Mohawk (NdT: localisée au sud-ouest de Montréal au Québec, Canada) de l’île de la grande tortue.

Robles: Hello Kahentinetha! Comment allez-vous ?

Kahentinetha: (parle en Mohawk: « Enchantée de pouvoir discuter avec vous; nous avons beaucoup à vous dire au sujet de ce que nous faisons sur l’île de la grande tortue. Notre grande loi de la paix est la voie de la paix fondée sur notre compréhension de la grande puissance naturelle kasatstensera kowa sa oiera)

Robles: Pouvez-vous traduire cela pour nous SVP ?

Kahentinetha: Ceci est ma formule polie d’introduction en Mohawk et j’ai présenté l’île de la grande tortue, ce qui est le nom que nous donnons à toute l’Amérique du Nord, nous ne l’appelons jamais “Amérique du Nord” mais toujours “l’île de la grande tortue”. Les peuples qui vivent originellement sur l’île de la grande tortue sont Ongwehongwe ce qui veut dire “les véritables personnes de l’île de la grande tortue” ; nous poursuivons ainsi: nous avons développé une constitution appelée Kaiainashako:wa, qui veut dire la grande voie et qui est la voie de la paix. Notre philosophie est fondée sur notre compréhension et notre intuition du monde naturel. Ceci en dit un peu plus à notre sujet.

Robles: OK, comme tous les amérindiens, les bases des croyances sont: le respect de la nature et du grand esprit. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur la nation Mohawk en particulier et ce que vous faites pour promouvoir les problèmes qui sont de première importance aux nations indigènes ?

Kahentinetha: Les Mohawks, connus sous le nom de Kanien:kehaka, sont les “gardiens de la porte orientale de l’île de la grande tortue”. Ainsi, nous sommes à l’Est et nous fûmes placés là par la grande puissance de la nature. C’est là où nous sommes. Et notre fonction est de voir les autres personnes qui arriveraient par l’Est. C’est pourquoi nous sommes appelés les gardiens de la porte orientale (NdT: Les gardiens de la porte ouest, occidentale sont la nation iroquoise Cayuga…). Nous avons traversé toute la partie Est de l’île de la grande tortue du nord au sud. Nous avons beaucoup voyagé et nous avons rencontré beaucoup d’autres nations indigènes et nous avons appris à nous connaître. Nous avons forgé des amitiés et des alliances qui demeurent jusqu’à aujourd’hui. Il y avait des centaines et des centaines de nations autochtones. Les Mohawks eurent la responsabilité de maintenir la paix. Nous devons toujours faire cela à cause de la loi de la grande paix (constitution iroquoise), qui représente notre philosophie, nous fûmes les premiers à l’accepter et parce que nous avons été les premiers à le faire, nous avons toujours été responsables de faire respecter la paix, qui est l’essence même de la Grande Loi de la Paix.

Elle amène la paix non seulement sur l’île de la grande tortue, mais à travers le monde. C’est pourquoi cette loi fut donnée à nos peuples. Les Mohawks ont cette… vous savez… Nous le ressentons au tréfond de nous-mêmes. Nous sommes les aigles perchés au sommet de l’arbre de la paix et nous observons si un danger survient, si cela se produit, nous donnons un cri d’alarme à nos peuples, un cri très perçant. C’est pourquoi Mohawk Nation News est aussi venu à exister… J’ai été élevée Mohawk et je n’ai parlé que Mohawk jusqu’à l’âge de 10 ans…

Robles: Merveilleux!

Kahentinetha: Ensuite, j’ai dû apprendre à parler anglais. Donc, en 1990, nous défendions la terre (NdT: référence ici à la crise d’Oka ou pendant plusieurs mois, les Mohawk Warriors furent assiégés par la Sûreté du Québec puis l’armée canadienne, pour refuser de laisser des terres sacrées être transformées en parcours de golf par la municipalité d’Oka…). Les femmes sont ce que nous appelons “les légataires de la Terre” parce que nous sommes liées à la terre et nous sommes des créateurs, des génitrices et nous conservons la terre pour les générations futures, qui ne sont pas encore ici.

Les femmes sont celles qui ont les enfants, qui portent les enfants et les hommes ont le devoir de protéger les femmes et les enfants entre autres devoirs. Ils imitent la responsabilité du soleil: donner de la chaleur, donner une protection, aider à produire la nourriture et enseigner aux enfants, tout ceci afin d’être nos diplomates, nos professeurs et de rencontrer d’autres natifs.

Les femmes: Nos responsabilités viennent de quoi que ce soit que fait la terre, créer des enfants, aider à cultiver la nourriture, nourrir les enfants, les élever, les aider à devenir les avocats de la grande loi de la paix. Il y a un équilibre homme, femme, pas un mâle ou patriarche ou femelle matriarche, il y a un équilibre entre l’homme et la femme.

Robles: Dans la plupart des tribus, les femmes choisissent les leaders parce qu’elles connaissent les caractères des enfants. Est-ce vrai également pour les Mohawks ?

Kahentinetha: Oui. Parce que les gens ont un “feu”, nous avons le feu individuel de chacun qui est ce qui est en nous. C’est notre intuition, notre esprit, notre énergie, ce qui s’appelle le “feu de la vie”. Et nous avons aussi le “feu de la famille” qui est celui des gens proches de nous, puis de la famille étendue, puis de la communauté, puis du clan et puis cela s’étend à la nation, puis finalement cela s’étend à la confédération que nous avons formée.

Ainsi, toutes ces relations sont connectées, toutes circulaires et au centre se trouve moi-même par exemple. Je suis au centre, tous ces autres cercles autour de moi, ils sont tous mes connexions. Ainsi ma responsabilité est dans l’immédiat celle de mes enfants.

Quand un clan sélectionne quelqu’un pour devenir un leader, ou pour nous représenter ou pour être un porte-parole.. nous n’avons pas de leaders, il n’y a pas de leader parce que nous sommes tous égaux, nous sommes tous égaux et avons tous une voix. Donc, ce qui se passe c’est quà la fois les hommes et les femmes, “les personnes”, ont un feu, le feu des hommes et le feu des femmes et les hommes et les femmes ont un feu commun, nous nous réuinissons et nous allons faire une sélection de quelqu’un qui parlera pour nous, nous ne les appelons pas leaders, nous les appelons portes-parole.

Et donc les portes-parole nous représentent ce jour là seulement, seulement ce jour en question. Et les femmes le diront aux chefs et elles diront: “Voici la personne que nous avons sélectionnée et c’est la personne qui parlera pour nous ce jour.” Donc, c’est très différent du type de situation que vous avez, vous voyez…. (rires)

Robles: Bien sûr ! Comme je l’ai compris, les démocraties occidentales ont été fondées sur la loi indienne et les relations indiennes entre les nations et les tribus et les clans. En Europe, ils avaient les monarchies, il n’y avait pas un tel concept de démocratie.

Kahentinetha:

Non, il n’y en avait pas. Et ils ne comprennent toujours pas ce qu’est la véritable démocratie.. Ils appellent cela démocratie, ils se nomment des démocraties libérales, mais en fait, nous voyons cela comme étant très autocrate, c’est un système de gouvernement très hiérarchique et autocrate avec quelqu’un en haut et tout le monde en dessous qui obéit à cette personne au sommet. Ceci est à l’opposé complet de notre système.

Je veux dire que notre système est un peu comme une pyramide inversée ; les gens sont ceux qui prennent les décisions et nous avons des critères à suivre: paix, rectitude et pouvoir et tout cela vient de notre philosophie. Nous devons y penser, nous devons faire en sorte que cela soit et savoir ce qu’il faut pour demeurer en paix, l’équilibre entre nous et disons des adversaires, et bien nous devons trouver une façon d’équilibrer la relation avec qui que ce soit de nos adversaires. S’ils ne veulent pas être en paix avec nous et suivre la grande loi de la paix, alors nous devons les combattre.

Robles: Quel conseil pourriez-vous donner aux actuels leaders mondiaux pour résoudre les problèmes sur la planète ?

Horn: Et bien, la grande loi de la paix est là, c’est notre philosophie. Ils pourraient suivre les racines de la paix à la source, s’assoir et prendre l’ombre sous l’arbre de la paix et apprendre au sujet de la grande loi. C’est ce que nous faisons, c’est ce que nous essayons de faire valoir et de faire pénétrer dans les esprits des gens autour du monde.

La guerre n’est pas nécessaire. La guerre fait partie de la gestion du monde; il y a des gens qui veulent encore et toujours plus d’argent et pour ce faire, ils créent les guerres et c’est une guerre sans fin, et ils veulent toujours plus d’argent, ils veulent les ressources et les ressources qu’ils veulent appartiennent à quelqu’un d’autre, alors ils doivent aller là et créer plus de guerre et commencer à détruire ces gens et les soumettre, ainsi ils s’emparent des terres des indigènes, ils s’emparent des ressources etc et puis, lorsque les gens finissent par se battre en retour, vous savez, un peu comme ici, nous, les peuples autochtones avons été la cible d’un génocide depuis le premier jour de l’arrivée des Européens chez nous, premiers envahisseurs qui ont posés le pied sur cette terre.

Ils nous sont venus et nous leur avons dit, bien, la seule façon pour nous de vivre sur l’île de la grande tortue est que vous suiviez la règle du wampum à deux rangées, ils ont dit: “Qu’est-ce que c’est que çà ?”

Et bien, les deux rangées sont deux voies, les deux voies parallèles et vous devez suivre votre chemin et nous devons suivre le notre et vous devez maintenir vos propres us et coutumes, langage et nous vous montrerons comment vous pouvez vivre ici et vous pourrez avoir vos propres communautés mais vous ne pourrez jamais avoir la terre car cette terre appartient aux générations futures et nous, dans notre canoë, vous dans votre vaisseau, nous descendrons la rivière de la vie et nous maintiendrons toute la terre, l’eau et les ressources qui ne nous appartiennent pas, en fait nous leur appartenons, c’est le monde naturel.

Ainsi, lorsque nous avons eu cette grande paix de Montréal en 1701, toutes les nations de l’île de la grande tortue vinrent pour passer cet accord avec les Français, les Français dirent “c’est d’accord”, nous leur avons dit: “si vous êtes d’accord avec le wampum à deux rangées, alors nous vous autorisons à vivre ici, ceci sera en quelque sorte votre “visa”. Vous pouvez rester, mais si vous violez ce traité, alors vous n’aurez plus aucun droit d’être ici. Cela voudra dire que vous n’êtes pas devenus un esprit avec le notre, vous avez brisé cet accord.”

En même temps, nous allâmes à Albany voir les Angais et ils dirent qu’ils voulaient avoir le même type d’accord que nous avions avec celui de la grande paix de Montréal. Ceci fut signé par 49 nations autochtones pour toutes les nations de l’île de la grande tortue, alors les britanniques acceptèrent et ils l’écrivirent eux-mêmes et l’appelèrent le traité de Nanfan de 1701.

Robles: Mais ils l’ont violé.

Horn: Ils l’ont également brisé. Ceci constituait le seul traité qui jamais donna aux immigrants, ou les envahisseurs, un droit quelconque de vivre ici et ils l’ont violé.

Donc, ils ne sont que des occupants, des occupants illégaux de l’île de la grande tortue aujourd’hui, depuis cette époque jusqu’à aujourd’hui.

De plus, nous n’avons jamais cédé de terres et nous n’avons jamais aandonné nos ressources. Rien, nous n’avons jamais rien cédé simplement parce que nous ne le pouvons pas et ainsi, la corporation, l’entreprise appelée “L’entreprise des Etats-Unis” et “l’entreprise du Canada” furent créées.

La corporation, l’entreprise du Canada, qui a les mêmes actionnaires, les vieilles familles royales d’Europe sont les actionnaires de ces entreprises. En fait, leurs banquiers, qui sont les actionnaires, ont mis en place ces entreprises, l’entreprise du Canada.

Je fis une conférence dans une université à ce sujet et j’y dis ceci: “regardez ce numéro”, les élèves le regardèrent; j’ai dit: “savez-vous ce qu’est ce numéro ?” Ils dirent: “Non !”

Je leur dit alors “c’est le numéro d’enregistrement de l’entreprise Canada, vous pouvez le trouver sur internet.”

Le Canada est une entreprise qui a été enregistrée en tant que telle à Washington DC. C’est une entreprise à part entière avec ses actionnaires et elle est représentée sous le coup de la “loi de l’amirauté” britannique, de la loi des océans. Ils n’ont donc aucun droit de venir sur notre terre, de se positionner sur nos terres, d’y établir leur cours de justice, leurs gouvernements et tout ce qui s’ensuit, ils n’ont aucun droit de faire cela.

Ceci est une violation complète de la grande paix de Montréal et du traité wampum à deux rangées, les fondations de base de cette paix, et cela viole également leur propre loi des mers. Donc maintenant, ce qu’il s’est produit est qu’ils n’ont aucun droit sur nos ressources, mais le Canada a le plus de ressources possible pour pouvoir faire la guerre. Nous avons toutes les ressources possibles nécessaires, plus quelque chose de plus que je vais vous dire: En 1867 fut passée la loi sur l’Amérique du Nord Britannique (British North America Act ou BNAA), loi qui de manière supposée, créa officiellement le Canada, cela devait être soi-disant la constitution, mais ceci passa par le parlement britannique et dans cette loi il y a la section 109.

La section 109 de la loi stipule qu’un compte sera établi au profit des peuples autochtones et de tout l’argent qui sera fait des ventes, loyers, opérations commerciales, de tout ce qui sera fait des ressources du Canada, une portion de cet argent (NdT: qui fut établie à 40%…) devra être créditée sur ce compte qui fut appelé l’Indian Trust Fund.

Ceci fut fait et immédiatement après, l’entreprise Canada nouvellement établie passa une loi illégale, un passe-droit, qui n’est en fait que tout ce que peut faire une entreprise, qu’ils appelèrent la loi sur les Indiens ou Indian Act dans laquelle ils décrétèrent qu’une personne est quiconque n’est pas indien.

Ainsi fûmes-nous déclarés comme non-personnes. Ainsi ils devinrent les curateurs de notre fond, de notre argent, de l’Indian Trust Fund, et depuis ils ont utilisé ce fond pour construire le Canada. Toutes les voies de chemin de fer, tous les bâtiments, les bâtiments du parlement à Ottawa, tout ce que vous voulez, tout a été construit avec l’argent de l’Indian Trust Fund.

Robles: et égalememnt sur des terres volées.

Horn: Oui, sur des terres volées.

Robles: Toute l’Amérique du Nord a été construite sur des terres volées et sur la base d’un génocide, de trahison et de malveillance.

Horn: Tout est mal. Voici ce qu’il s’est passé. Ils ont passé cette loi, ils nous ont déclaré légalement non-personnes, ils ont pris l’argent de notre Indian Trust Fund et ils l’ont utilisé pour construire le Canada et maintenant ce fond vaut peut-être de l’ordre d’une centaine de milliers de milliards de dollars. Il y a autant d’argent sur ce fond. C’est le plus gros fond de Trust au monde… et nous n’y avons pas accès.

Robles: Existe t’il toujours aujourd’hui au Canada?

Horn: Oui. J’ai beaucoup écrit à ce sujet, quiconque serait intéressé, peut aller voir sur mon site internet mohawknationnews.com et chercher à Indian Trust Fund. J’ai écrit extensivement là-dessus. J’ai même publié un tableau qui montre comment notre argent est utilisé ppur soutenir les provinces du Canada et la façon dont tout ceci fut mis en place, manigancé pour que les provinces reçoivent tout le contrôle de nos ressources et qu’elles feraient des affaires avec des entreprises multinationales dont elles donneraient une part au gouvernement fédéral, mais tout ceci provient de nos ressources. L’argent va toujours dans le Trust Fund, et il y a beaucoup d’argent dessus.

Voici ce que j’ai fait: je suis au courant de ce fond depuis toujours, j’ai aujourd’hui 74 ans et je me suis dit, je suis fatiguée de tout ceci et en tant que femme Mohawk, j’ai dit “vous savez, je veux ma part de cet argent”.

Donc, j’ai écrit au premier ministre du Canada Stephen Harper et lui ai dit: “Je veux ma part de cet Indian Trust Fund. Il est là, il existe, je suis une des bénéficiaires de ce Trust.”

Ensuite j’ai écrit à Interpol et leur ai dit: “J’ai écrit au Canada au sujet de ma part de l’Indian Trust Fund et j’ai demandé qu’on me donne ma part, n’ayant pas eu de réponse, je désire que vous fassiez une enquête sur le pourquoi ils ne veulent pas me donner ma part de ce fond.” J’ai reçu en réponse une petite note d’Interpol, je pense donc que l’affaire suit son cours et qu’ils enquêtent.

Robles: Vraiment ?

Horn: Oui.

Robles: Vous pensez vraiment que c’est sérieux ?

Horn: Oui, c’est sérieux. Ils volent cet argent, les banquiers volent cet argent.

Robles: Nous le savons et nous savons qu’ils n’ont aucun droit de faire cela mais ce que je vous demandais si cela était sérieux qu’Interpol faisait vraiment quelque chose à ce sujet ?

Horn: Je ne sais pas. Mais je rend la chose publique. Ils ne peuvent pas l’ignorer car c’est un problème légal. L’argent a été volé, il l’a été par les banquiers, ils l’ont volé pendant tout ce temps. Je parle ici des banquiers internationaux. Ils sont les actionnaires de l’entreprise Canada et ils veulent cet argent et jusqu’ici ceci a été maintenu complètement secret. Mais je l’ai appris et j’ai finalement décidé de rendre cela public et maintenant il y a pas mal de gens qui commencent à m’envoyer plein d’informations complémentaires là-dessus.

C’est là, tout est une question de ressources qui nous sont volées et Harper, à l’heure où nous parlons, est parti en Amérique du Sud et il y est comme un représentant de voitures d’occasion, vendant des produits volés, il vend nos ressources, partout dans le monde. Il va en Chine et signe des accords commerciaux, il est venu en Russie également, il y a vendu nos ressources.

Je vais vous dire ce qu’ils ont fait. Ils ont établi une grille de contrôle faite de nos propres gens, cela s’appelle “le système de conseil de bandes indiennes d’entreprise”, qui travaille pour eux, sont payés par eux et qui sont des entités politico-commerciales intégrées à leur propre système.

Ils les ont placé responsables de chacun de nous sur nos territoires, dans les communautés où nous vivons. Si Harper dit: “Bon, je veux Attawapiskat parce qu’il y a des diamants là-dessous et De Beers doit y aller pour les exploiter.”

Ils vont sur place, trouve quelqu’un, un de leurs indiens d’entreprise et leur disent: “Ok signe ici!” Ce n’est pas légal, mais il dit “j’ai le consentement des autochtones”, même si cela est totalement illégal. Voilà ce qu’ils font.

Robles: Voilà comment ils continuent à violer la terre indienne.

Horn: C’est exactement ce qu’ils font. J’ai écrit à ce sujet depuis bien longtemps.. Ainsi, ce que j’ai dit est que le meilleur moyen que nous ayons pour lutter contre eux et de nous sauvegarger nous-mêmes en conservant et reprenant nos terres collectivement.

Maintenant, ce que le gouvernement canadien essaie de faire d’un coup de plume est de passer une loi stipulant que la terre doit être possédée individuellement, ainsi nous pouvons être appauvris et payer pour obtenir de la nourriture pour nous-mêmes et nos enfants, ils veulent nous acculer à vendre la terre à titre individuel. A l’heure actuelle, cela ne peut pas se produire, mais c’est de qu’ils vont faire. C’est pour cela que nous avons tous ces “Idle No More”, ces gens qui se soulèvent. Ensuite, la seconde chose que nous devrions faire est de nous séparer définitivement des conseils de tribus, de bandes entrepreneuriaux et leur grille de contrôle car cela est illégal et fait partie de l’entreprise commerciale. Ils ne nous représentent aucunement et nous devons faire face à tout ce mal qui se déchaîne contre nous et devons nous débarasser de cette peur.

J’ai maintenant 74 ans, je parle parce que je ne suis plus jeune, mais vous pouvez comprendre à quel point cela est compliqué. Je pense que vous comprenez.

Nous avons besoin de tout le soutien des gens à travers le monde parce que notre but est de stopper la guerre et nous voulons la paix pour tous dans le monde car c’est toute la base de la grande loi de la paix.

C’est pour cela que j’ai toujours l’énergie, même maintenant à un âge avancé, pour continuer de faire ce que je fais, je suis passé au travers bien des guerres et des altercations, mais si je peux diffuser le message que nous avons, que les Mohawks ont, et si vous pouvez nous aider avec çà, alors nous vous en serions tellement reconnaissant…

(formule de politesse de départ en Mohawk)

Robles: Merci

 

Read more: http://voiceofrussia.com/2013_07_06/Canada-is-a-corporation-stealing-Indian-resources-Mohawk-Elder-0665/

Read more: http://voiceofrussia.com/2013_06_07/Canada-is-in-fact-a-corporation-Mohawk-Indian-elder-7758/

 

Read more: http://voiceofrussia.com/2013_05_26/The-Mohawk-Keepers-of-the-Eastern-Door-of-Great-Turtle-Island-interview/

Résistance politique: Venir à terme avec notre culture colonialiste ou la transcendance libératrice ~ 2ème partie ~

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, démocratie participative, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, police politique et totalitarisme, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , on 4 juin 2013 by Résistance 71

Nous avons traduit de larges extraits d’une des recherches essentielles du professeur de science politique de l’université de Victoria (BC, Canada) Taiaiake Alfred, publiée en 1999 sous le titre: « Peace, Power & Righteousness, an indigenous manifesto » et réédité en 2009, que nous publions ici en deux parties.

Comment lutter efficacement contre le colonialisme toujours en vigueur dans des pays comme le Canada ou les Etats-Unis ainsi que contre cette mentalité globaliste néo-coloniale qui perdure dans la société occidentale ? Comment aller au delà, transcender cette hégémonie culturelle de destruction fondamentalement raciste et euro-centriste pour unifier le monde au sein d’un nouveau paradigme de paix et de tolérance.

Plus qu’une analyse, une vision fraîche pour une société universelle égalitaire.

== 1ère partie  ==

— Résistance 71 —

 

“Voici ce que la chrétienté a fait aux nations natives: Ils nous ont dit, tu ne voleras point et pourtant l’église possède plus de terres sur les réserves indiennes que n’importe quelle entité. Ils nous ont divisé ! Les missionnaires sont venus avec la bible dans une main et l’épée dans l’autre. Ils avaient le livre et nous avions la terre; maintenant nous avons le livre et ils ont nos terres.”

~ Clyde Bellecourt, Objiwe, fondateur de l’American Indian Mouvement, AIM ~

« La société primitive est le lieu du refus d’un pouvoir séparé, parce qu’elle-même et non le chef, est le lieu réel du pouvoir. La société primitive sait par nature, que la violence est l’essence du pouvoir. En ce savoir s’enracine le souci de maintenir constamment à l’écart l’un de l’autre le pouvoir et l’institution, le commandement et le chef ; et c’est le champ même de la parole qui assure la démarcation et trace la ligne de partage.
En contraignant le chef à se mouvoir seulement dans l’élément de la parole, c’est à dire dans l’extrême opposé de la violence, la tribu s’assure que toutes les choses restent à leur place, que l’axe du pouvoir se rabat sur le corps exclusif de la société que nul déplacement des forces ne viendra bouleverser l’ordre social. Le devoir de parole du chef, ce flux constant de paroles vides qu’il doit à la tribu, c’est sa dette infinie, la garantie qui interdit à l’homme de parole de devenir homme de pouvoir. »
— Pierre Clastres —

 

Pour une meilleure réfutation du colonialisme: “Paix, Pouvoir et Rectitude, un manifeste indigène” (Seconde édition 2009, extraits)

2ème partie

 

Taiaiake Alfred, Ph.D

 

Professeur de Science Politique à l’université de Victoria, Colombie Britannique, Canada

Kanahwake Mohawk du Québec

 

~ Extraits traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

== 1ère partie ==

 

~ 2ème et dernière partie ~

 

II

 

Sur l’État colonialiste

La souveraineté de l’État dépend de la fabrication de fausses informations qui exclut la voix indigène. L’ignorance et le racisme (littéralement la croyance en la supériorité d’une race sur une autre) sont les principes fondateurs du colonialisme et de l’État colonial, ainsi que des concepts concernant la souveraineté indigène qui ne défient en rien ces principes, mais en fait, servent même à les perpétuer. Affirmer que la légitimité de l’État repose sur la règle de la loi est hypocrite et anti-historique. Il n’y a aucune justification morale pour la souveraineté de l’État. La vérité est que le Canada et les Etats-Unis furent établis seulement parce que les peuples indigènes furent décimés par des maladies venant d’Europe entre autre et furent incapables de prévenir l’immigration massive des populations venues d’Europe.

En permettant aux peuples indigènes une toute petite mesure d’auto-administration et en refusant de prendre une toute petite portion de l’argent dérivé de l’exploitation des territoires indigènes, l’État a créé des incentifs pour l’intégration au sein de son propre cadre souverainiste. Ces communautés qui coopèrent sont les bénéficiaires de la flatterie faussement altruiste qui regarde les peuples indigènes comme autant de restes anachroniques de nations du passé, les descendants de peuples qui furent indépendants et qui par une combinaison de ténacité et de chance ont pu survivre et doivent maintenant être protégés comme minorités. En acceptant de vivre comme objets, de telle communautés co-optées se garantissent un rôle dans la mythologie étatique, par laquelle elles espèrent pouvoir négocier un ensemble de droits limités mais perpétuels. En vérité, le compromis est un véritable marchandage pathétique du principe. La reformulation de la nationalité pour créer des objets historiques qui prêtent une légitimité à l’économie politique de l’état moderne, n’est rien de moins qu’une trahison.

Qu’est-ce que les traditionalistes espèrent protéger ? Qu’ont oublié les co-optés ? Dans les deux cas, la réponse est le cœur même des nations indigènes: Un ensemble de valeurs qui défient la force destructrice et homogénéisante du libéralisme occidental et du capitalisme de libre-échange et ceci honore l’autonomie de la conscience individuelle, de l’autorité non-coercitive et la profonde inter-connexion entre les êtres humains et les autres éléments de la création.

Rien n’est plus en contraste entre les traditions native et occidentale (dominante), que leurs approches philosophiques respectives sur les problèmes fondamentaux du pouvoir et de la nature. Dans les philosophies natives, le pouvoir coule du respect de la nature et de l’ordre naturel. Dans la philosophie occidentale dominante, le pouvoir dérive de la coercition, de la force et de l’artifice, effectivement, d’une aliénation de la nature. […]

C’est le matérialisme de possession intense qui est au cœur des économies occidentales, qui doit être rejeté, pour la bonne raison que ceci contredit les valeurs tradutionnelles qui ont pour but de maintenir un bon et respectueux équilibre entre les gens et entre les humains et la Terre.

La forme de justice sociale distributive promue par l’État aujourd’hui dépend de l’industrie, de son développement et de celui des entreprises qui pourvoient au travail pour les gens et aux revenus pour les institutions gouvernementales. Le plus souvent, spécifiquement sur les territoires indigènes, ces industries et entreprises se concentrent sur l’extraction des ressources naturelles. Les arbres, cailloux, poissons, deviennent des commodités marchandables dont la valeur n’est calculée qu’en terme monétaire sans référence à la connexion spirtituelle entre elles et les peuples natifs. D’un point de vue traditionnel, ceci représente une dévaluation extrême de la nature.

[…] Ainsi, créer une relation post-coloniale légitime veut dire abandonner les notions de supériorité culturelle européenne et d’adopter une attitude de respect mutuel. L’idée qu’il n’y a qu’une seule façon correcte de faire les choses n’est plus tenable. Les valeurs traditionnelles des peuples indigènes menacent directement le monopole du contrôle du pouvoir dont l’État jouit pour l’heure. Certains universitaires ont interprété la violence qui se produit lorsque l’État confronte le traditionalisme indigène, comme étant une réaction étatique naturelle à cette menace sur son monopole.

Sur le cooptage et la méthodologie coloniale

Note du traducteur: Ici nous demandons au lecteur de considérer la chose suivante… Substituer les mots “natifs”, “indigène”, “leader natif ou indigène”, “communauté indigène” dans ce qui suit par des mots plus génériques comme “communes”, “maires”, “leaders politique” etc… Vous vous rendrez sûrement compte que mis à part quelques états de fait très spécifique au cas amérindien, l’oligarchie applique ses méthodes coloniales de la même manière, contre nous, les peuples occidentaux. De fait le dogme colonial et sa perpétration est le fait du petit nombre qui oppresse de la même manière les nations conquises et leurs peuples à la maison, la différence réside essentiellement dans le degré, l’intensité de l’oppression et de sa méthodologie…

Le cooptage de notre leadership politique est un fait subtil, insidieux et indéniable et il a résulté en une perte collective de la capacité à confronter les injustices quotidiennes de la vie native, à la fois les petites et les plus profondes. Politiquement et économiquement, tous les peuples natifs sont dans une position de vulnérabilité face au pouvoir supérieur de l’État. Ceci est la réalité à laquelle nous devons faire face. Les personnes, en tant qu’individus, répondent à cette relation injuste au pouvoir de manière différente: certains résistent, d’autres collaborent. Ceux qui rationalisent et participent activement à leur propre subordination et à la maintenance de la supériorité de l’autre, sont co-optés.

Toujours, lorsque les objectifs de la communauté diffèrent des intérêts qui déterminent la politique de l’État, les leaders de la communauté sont soumis à de grosses pressions et sont incités à coopérer avec le pouvoir d’État. Des pressions politiques, sociales, psychologiques et économiques sont exercées sur les leaders de la communauté afin de les persuader ou les inciter à utiliser les ressources de pouvoir à disposition au sein de la communauté pour servir les intérêts de l’État. Un tel co-optage est difficile à résister pour les natifs à cause de la distance politique et culturelle existant entre les cultures indigène et étatique

[…]

Les stratégies de co-optage sont régulièrement utilisées par des officiels gouvernementaux à tous les niveaux de leur interaction avec les leaders natifs. C’est pourquoi il est important de bien en comprendre les mécanismes.

Quelles méthodes les agents de l’État utilisent-ils pour co-opter les leaders natifs ?

  • Influencer sur la composition du leadership de la communauté: Dans les systèmes aux racines fragiles en place dans les communautés natives aujourd’hui, les gouvernements promeuvent et soutiennent avec consistance ceux qui posent le moins de problème et de menace envers le statu quo et qui ne défient pas de manière tangible le pouvoir de l’État.
    Pour s’assurer que les communautés natives soient formellement représentées par des leaders co-optés, l’État se fie à quatre tactiques majeures:
    (i) Il légitimise les personnes désirables en leur donnant une reconnaissance formelle ou un statut légal (similairement, au niveau infrastructurel, il promeut le cadre colonial plus que le cadre traditionnel, comme la reconnaissance légale des conseils de “bandes” au Canada, conseils de “tribus” aux Etats-Unis)
    (ii) Il ignore certains individus ou court-circuite leur leadership en faveur de discuter avec des gens plus désirables (similairement, les processus gouvernementaux sont structurés de telle manière, que les communautés natives doivent dépendre de l’expertise et de la représentation de personnes non-indigènes)
    (iii) Il marginalise les personnes indésirables en attirant l’attention sur les inégalités qui existent au sein de la communauté et en étiquetant certains groupes ou perspectives différentes comme étant “extrémistes” et
    (iv) Il divertit l’attention et l’énergie hors de la résolution des problèmes importants et vers la gestion pure et simple des symptômes de la colonisation.
  • Diviser pour mieux régner: Dans ses efforts d’influencer la composition du leadership, l’état joue sur ou amplifie les divisions sociales, politiques et économiques, déjà existentes au sein de la communauté. Il peut ensuite utiliser ces clivages pour empêcher la communauté de parachever ses efforts d’unité et de solidarité, qui sont essentielles pour défier effectivement le pouvoir étatique.
  • Générer la dépendance: Les communautés qui manquent la capacité de base qu’est l’auto-suffisance, ne peuvent pas faire reconnaître fortement leur concept de nation. En gardant ceci à l’esprit, l’État empêche le développement d’une base économique pour les communautés natives et encourage la dépendance envers des forces extérieures. Avec une dépendance quasi complète de fonds transférés de l’état vers les individus et les communes, les communautés natives sont sujettes à la coercition perpétuelle et ne peuvent défier le pouvoir de l’état qu’au risque d’une privation extrême sur le plan économique et social.
  • Incorporer: Focalisant sur la co-optation des leaders individuels, cette stratégie exploite la fallacie très répandue que le système peut être changé de l’intérieur. Ceci tend à manipuler les leaders vers une position où il y a un bon degré de conflit entre leurs positions, valeurs et intérêts et ceux de la communauté. En d’autres termes: l’État travaille à resserrer le fossé entre lui et l’individu et à augmenter le fossé entre l’individu et son chez lui et ce au point où l’identité de la personne est formée non pas seulement par la tension entre le normal et la communauté mais par le processus, les politiques ou les institutions avec lesquelles il s’est associés. Breton décrit le résultat comme suit:
    Les leaders et leurs organisations deviennent partie d’un système inter-organisationnel avec un certain nombre d’intérêts communs. Ils deviennent participants dans une politique dans laquelle des organisations d’une société plus vaste jouent, en toute possibilité, un rôle meneur. En un certain degré, ils deviennent des agents de la politique de l’État.

[…] Le long processus de la colonisation a eu un impact sur notre façon de penser. Les gens sont devenus les outils de leur propre oppression (NdT: concept également énoncé chez le pédagogue critique brésilien Paolo Freire)… Les peuples natifs ne peuvent pas s’effacer du monde qui les entoure. En fait, il est essentiel d’engager la lutte contre la société blanche et de défier l’État à tous les niveaux par tous les moyens possibles.

Note du traducteur: Taiaiake Alfred passe ensuite en revue les caractéristiques nécessaires pour un bon développement de l’autogestion et de la gouvernance autonome. En lisant cette liste, ne pensez pas qu’il s’adresse exclusivement aux Amérindiens, étendez sa pensée à nous, les peuples occidentaux… Le résultat ne serait-il pas le même ?… Que pouvons-nous donc en déduire ?

Les communautés qui s’immergent dans le traditionalisme auto-conscient trouveront qu’en traduisant et en adaptant les concepts traditionnels aux réalités modernes, ils finiront par incarner les caractéristiques mêmes qui constituent l’idéal contemporain d’une nation native forte:

  • Entièreté et diversité: le membres de la communauté sont confiants de savoir qui ils sont et ce qu’ils représentent, ils ont un haut niveau d’implication dans le groupe, haut niveau de solidarité, mais aussi un grand sentiment de tolérance pour ce qui est différent et non central à l’identité de la communauté.
  • Culture partagée: Les membres de la communauté connaissent leurs traditions, les valeurs et les normes qui forment la base de la société, celles-ci sont clairement établies et universellement  acceptées.
  • Communication: Il existe un réseau de communication important au sein de la communauté et les institutions de gouvernement ont clairement établi les couloirs de passage de l’information qui est mise à disposition des gens.
  • Respect et confiance: Les personnes sont motivées à coopérer les unes avec les autres, leur gouvernement et la communauté. Ils font confiance en l’intégrité de chacun et chacune.
  • Entretien du groupe: Fierté d’appartenir à la communauté. Les membres ont établi des limites culturelles claires et œuvrent avec le gouvernement afin que celles-ci ne s’érodent pas.
  • Gouvernement participatoire et basé sur le consensus: Les leaders de la communauté sont responsables et redevables devant tous les autres membres, ils les consultent attentivement et extensivement et fondent leurs décisions sur le principe de consensus général.
  • Pouvoir de la jeunesses: La communauté est motivée à éduquer et à guider sa jeunesse, à l’impliquer dans tous les processus de prises de décisions et de respecter les défis uniques auxquels ils devront faire face.
  • Liens forts sur le monde extérieur: La communauté a des relations politiques, économiques, sociales et culturelles extensives avec les autres communautés et ses leaders cherchent constamment à développer et créer, renforcer le soutien avec les autres communautés indigènes et internationales.

[…] En effet, quel est le bénéfice d’être appelé comme il est de coutume maintenant dans certains provinces du Canada, “nations originales”, “premières nations” ou “nations natives”, lorsque la structure du gouvernement n’est rien d’autre qu’un conseil tribal légitimisé par la loi de l’Indian Act ? La seule valeur de ce jeu de mot est pour l’establishment blanc, qui ne doit pas faire face à un racisme impliqué dans la structure même de leur pays supposé éclairé. Au lieu d’être des Indiens gouvernés par l’état sous l’Indian Act, ils sont maintenant reconnus comme “peuples aborigènes” avec un “droit inhérent” à “l’auto-gouvernement”.

Allez dans une réserve et regardez autour de vous et demandez-vous si les Indiens sont mieux lotis parce que la société blanche s’est libérée de son fardeau terminologique ?

La malhonnêteté intellectuelle est un des éléments essentiels du colonialisme !

Nous devons arrêter de croire aux mensonges qui ont été dits et perpétués par les Euroaméricains pour nornaliser la tempête de ruine qui a été perpétrée sur les autres peuples. Les peuples natifs ont été enveloppés dans ces mensonges ; maintenant, nous sommes prisonniers, otages du statu quo, incapables de bouger. Nous devons nous libérer des mythes de la société blanche et commencer à agir selon nos vérités. Nous devons nous référer et crier ces mots forts et vrais de Luther Ours Debout:

“… Il n’y a pas, j’insiste là-dessus, de problème indien créé par les Indiens eux-mêmes. Chaque problème qui existe aujourd’hui en regard de la population native est dû à l’état d’esprit de l’homme blanc, qui est incapable, du moins réticent, à rechercher la compréhension et parachever l’ajustement nécessaire dans un nouvel environnement dans lequel il vient d’arriver.”

[…]

La solidarité est le pouvoir qui vient de la reconnaissance et du respect de ce que les peuples indigènes ont en commun: la lutte pour l’auto-détermination. Nous soutenons tous notre frère indigène parce que nous comprenons que tous les natifs sont liés dans l’opposition à l’injustice à laquelle nos devons faire face dans nos vies quotidiennes.

[…]

Concernant le leadership, à qui rendons-nous des comptes ?

Il est dans la nature des systèmes politiques traditionnels indigènes que le pouvoir ne soit aucunement centralisé, que l’obéissance à l’autorité ne soit absolument pas coercitive, mais volontaire et que la prise de décision en tout domaine demande le consensus.

[…]

En politique native, il y a deux approches du futur:

  • La recherche de la résurrection d’une forme de nation en tant qu’objectif traditionnel.
  • Tenter de parvenir à une reconnaissance partielle d’un droit à l’auto-gouvernement au sein du confinement légal et structurel de l’État, ce qui constitue un but assimilatoire.

 

C’est la divergence de positions politiques des organisations indigènes variées, qui permet à l’État de manipuler le soi-disant processus de “décolonisation” et ce vers ses propres objectifs.

En cela, le droit historique et moral de la nation indigène, en termes légaux, l’existence du droit indigène d’auto-détermination, gagne la reconnaissance en dehors des communautés natives. Les gens historiquement conscients et bien éduqués réalisent parfaitement le bien-fondé de la position traditionnelle native.

La loi internationale a rendu le colonialisme illégal. Néanmoins, à cause de la domination des états colons dans le système international, ce principe légal n’est appliqué que dans le contexte de relations d’état à état: la forme de colonialisme intérieur pratiqué par le Canada, les Etats-Unis, le Mexique, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et d’autres pays (NdT: comme Israël) ayant de substantielles populations indigènes est exclu.

[…] Les solutions au colonialisme doivent être développées coopérativement et en respect du pricipe d’auto-détermination. Consentir à abaisser ce standard qui donne la primauté au droit colonial, ou accepter des contraintes politiques et/ou économiques, n’est que capituler à la logique tordue du colonialisme.

Pour contraster la perspective co-optée avec une vue fermement ancrée dans la philosophie indigène, considérons les perspectives envisagées par Atsenhaienton de la nation Kanien’kehaka ou peuple de Flint, plus connu sous le nom de nation Mohawk de la confédération iroquoise et membre du clan de l’ours. Il a plus de dix ans d’expérience de travail avec l’ONU sur les processus concernant les nations indigènes, il fut un porte-parole international de la nation Mohawk et est une voix reconnue et respectée sur les problèmes de communautés et de gouvernement traditionnel par Rotinohshonni ou la Confédération Iroquoise:

Il y a une autre part très importante de l’histoire, le système de clan: Le faiseur de paix nous a amené le système de clans, où tous les loups et les ours et les tortues étaient de la même famille. Les ours des Mohawks étaient les frères des ours des Oneidas, des Onondaga, des Senecas et des Cayugas, il y avait un lien de famille non sanguin. C’est ce qui a vaincu l’hostilité à terme et a découragé les guerres, car vous devriez avoir à guerroyer contre vos frères et sœurs. Une fois tous les membres de mêmes clans frères et sœurs à travers les nations, il devint très difficule de faire la guerre l’un contre l’autre. Les gens oublient que cela est une des raisons, et non des moindres, du système de clan. Je pense que le système de clan casse le nationalisme, c’est le nationalisme qui cause les conflits, les Mohawks contre les Oneidas ou contre les Onondagas. Si nous nous asseyons tous dans nos clans et discutons des problèmes, nous nous éloignons du nationalisme qui nous divise. La paix serait parfaitement atteignable et le leadership se focaliserait sur d’autres choses. Il faut parler des problèmes au lieu de prendre position en tant que nation.

Je pense qu’il y a des visions extrêmes du rôle des leaders qui étaient applicables au XVème ou XVIème siècles; mais dans l’ère moderne, avec les télécommunications, téléphones portables, ordinateurs, fax etc, la Confédération doit s’ajuster à une forme plus participatrice de gouvernement qu’auparavant.

Les jeunes gens aujourd’hui au sein de la Confédération ont une vision bien plus claire de la véritable intention de l’auto-détermination. Ils en savent plus au sujet du gouvernement participatoire que la vieille garde, ainsi que le cercle interne des chefs et des clans des mères. Un jour, la nouvelle génération sera en charge et tout cela va changer pour le mieux, parce qu’ils savent qu’il doivent suivre un meilleur chemin. La nouvelle génération voit très bien ce qui ne fonctionne pas et comment le faire fonctionner et ils le feront, parce qu’ils voient également les problèmes liés à l’Indian Act, les systèmes électifs de délégation ainsi que les conseils de bandes et tribaux élus, qui se retrouvent hâpés dans la vie politique commune étatique.

[…]

Une certaine cicatrisation doit s’opérer avant que de pouvoir exercer l’auto-détermination. Nous devons avoir des familles fortes avant d’avoir de fortes communautés, avant d’avoir une nation forte. […] Dans le système issu de l’Europe, la couronne est souveraine, tandis que dans notre système le peuple est souverain. Leur concept de souveraineté est très différent du notre historiquement; en ce sens il y a un lien fondamental entre la lutte de nos peuples et ceux des autres peuples natifs de par le monde. Les luttes sont très similaires (NdT: Le cas palestinien par exemple en dehors du continent américain…), il suffit de changer les noms et c’est la même chose ! Tout le monde combat le colonialisme d’une manière ou d’une autre.”

Les traités modernes: le chemin de l’assimilation ?

Toutes les litigations au sujet de la terre au Canada, incluant celles impliquées dans le processus du traité de Colombie Britannique, proviennent de l’erreur primordiale de ce que le Canada clâme posséder la terre sur laquelle il existe. En fait, là où les populations indigènes n’ont pas abandonné leur propriété, le titre légal à la “couronne”, la terre n’existe pas, c’est une fiction de la loi coloniale canadienne. Accepter et endorser la validité de la possession par la couronne des titres de terre que les populations indigènes n’ont pas abandonnées par traité est accepter les affirmations racistes des siècles précédents, quand les intérêts européens obtenaient automatiquement la priorité sur les droits de peuples supposés “non-civilisés”. Ceux qui n’acceptent pas l’idée que les peuples indigènes possèdent tous leurs territoires traditionnels à moins qu’ils n’aient été abandonnés par traité, sont soit ignorant de la réalité historique ou sont des racistes qui ignorent cette réalité afin d’imposer une hiérarchie du droit fondé sur la “conquête”. Une des raison pour laquelle l’État a pu imposer sa vision raciste, anti-historique est la simple arrogance culturelle. L’État continue de négocier aujourd’hui depuis une position de force fondée sur sa fausse prétention de moralité, de justice et d’autorité.

De fait, le gouvernement canadien (quelque soit le bord politique du moment) assume de manière arrogante les droits de propriété sur l’identité des nations indigènes. Avancé dans le XXIème siècle, la solution finale du Canada pour le problème indien est de forcer les indigènes, qui ont habités cette terre depuis des millénaires, de faire ce qu’aucun peuple au monde n’est obligé de faire: de formaliser une définition d’eux-mêmes pour l’éternité et d’être d’accord sur un nombre de critères pour déterminer le fait d’être membre et qui ne sera sujet à évolution ou changement alors que le groupe doit répondre à un changement de réalités de l’environnement politique et social.

[…]

Nos communautés pour l’heure manquent du rôle culturel solide et bien défini pour les anciens et les enseignants traditionnels qui pourraient aider à la transmission de la connaissance et de la pensée. La formation d’une nouvelle intelligentsia indigène qui comprend l’essence de l’enseignement traditionnel est crucial pour réformer notre politique et notre société.

Les quatre objectifs de base de la bonne gestion d’institutions dans la société moderne:

  • Réforme structurelle: Les gouvernements natifs doivent devenir légitimes au sein de leurs communautés. Le seul moyen d’y parvenir est de rejeter les politiques électorales et de restructurer les gouvernements indigènes pour accommoder la prise de décision traditionnelle, la consultation avec tous les membres de la communauté, incluant les anciens, la jeunesse et les femmes et la mise en place de processus dispute-solution. Dans le même temps, la dépendance de la communauté auprès des conseillers blancs se doit d’être vraiment diminuée en insistant sur la capacitee du gouvernement indigène à s’auto-gérer. Ceci demande un effort soutenu pour éduquer et entraîner les membres des communautés.
  • Réintégration des langues natives: Les langues natives personnifient l’identité des peuples et sont l’élément le plus important de leur culture. Elles doivent être ravivées et protégées comme à la fois des symboles et des sources de nationalité. Ceci peut-être accompli en faisant de la langue la langue officielle de la communauté, celle utilisée par les leaders, celle utilisée pour discuter des politiques à suivre ainsi que la version officielle dans laquelle tous les documents seront écrits. Les communautés doivent faire de l’enseignement de leur langue aux adultes et aux enfants, une priorité absolue.
  • Auto-suffisance économique: Un progrès significatif vers l’auto-détermination ne peut jamais être fait tant que les communautés natives ne sont pas libres économiquement. L’auto-suffisance est impossible sans une base de ressource et des terres adéquates pour bâtir une économie. Pour ce faire, les communautés natives doivent étendre leur base de territoires et gagner un contrôle sur les activités économiques qui prennent place sur leurs territoires de façon à ce qu’elles puissent en bénéficier. De plus les communautés doivent se concentrer sur l’éducation technique et commerciale. Ce n’est qu’en développant nos ressources que nous pourrons nous émanciper du gouvernement colonial et augmenter notre capacité de contribution à la communauté.
  • Relations avec l’état colonial de nation à nation: Un espace politique doit être créé pour faire place à l’auto-détermination. Les communautés natives doivent rejeter l’autorité clâmée par l’état colonial, affirmer leur droit de gouverner leurs propres territoires et leurs peuples et agir en toute capacité pour ce faire. Les communautés doivent être préparées à bouger pour défendre leurs territoires et leur nationalité en temps et en heure, lorsque l’État se retranche dans une position de déni et négocier des nouvelles voies inovantes pour que l’État reconnaisse le principe quand leur acrtivisme crée l’espace du mouvement vers la justice.

Les natifs sont toujours obligés de négocier avec des représentants de l’État qui opèrent dans un style réaliste et adhèrent à trois principes de base qu’il faut toujours garder présent à l’esprit:

(i)  Les affaires humaines sont toujours contingentes

(ii)                  La fin justifie les moyens

(iii)                Le mensonge et la tromperie sont nécessaires

 

La forme bureaucratique a six caractéristiques essentielles:

(i)  La dépendance en des procédures formelles

(ii)                  La hiérarchie

(iii)                La tension entre le protocole et la vie réelle

(iv)                Des délais sans fin

(v)                  La subordination de la parole aux écrits

(vi)                La substitution de la personne bureaucratique pour la véritable personalité et la responsabilité

 

[…] Mettre un point final au colonialisme demande une complète destruction de ses présupposés intellectuels et moraux. A leur place, nous devons établir une bordée de justifications pour l’auto-gouvernement, l’auto-gestion indigènes, qui résonneront avec les meilleures traditions alternatives au sein de la société dominante également.

[…] La décolonisation structurelle et psychologique est un processus intellectuel tout autant que politique, social et spirituel. Nous ne considèrerons pas avoir un blanc représentant nos peuples, initiant une cicatrisation ou nous donner des leçons au sujet de notre spiritualité. Similairement, la revitalisation de nos idées et institutions ne doit pas être sous-traitée par d’autres…

Il n’y a aucun espoir, ni aucun sens, d’attaquer l’État au moyen de la force physique ou à rechercher la paix par des moyens non pacifiques. Les buts qui émanent de nos traditions demandent une approche fondée sur la diminution des fondations morales et intellectuelles du colonialisme et exposant les contradictions internes des États et des sociétés qui promettent la justice et pratiquent l’oppression. Les personnes non-indigènes doivent être amenées à réaliser que leur notion de pouvoir et de son extension sur les peuples indigènes est mauvaise sur quelque standard moral que ce soit. Cette approche promet de grandes choses pour la liberté des peuples indigènes.

[…] A cet effet, il faudra sortir le mouvement politique et intellectuel des croyances et des structures prévalentes. En cela, toute action doit être guidée par quatre principes fondamentaux:

(i)  Diminuer les certitudes intellectuelles du colonialisme

(ii)                  Agir sur l’impératif moral pour le changement

(iii)                Ne pas coopérer avec le colonialisme

(iv)                Résister toute injustice supplémentaire

 

Nous pouvons parvenir à la décolonisation au travers de sacrifice et d’un dur labeur basés sur ces principes, de concert avec la restauration d’une culture politique indigène au sein de nos communautés.

Ces mots constituent un manifeste, un défi, et un appel à l’action. Ne préservez pas la tradition, vivez là !

 

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Note de Résistance 71:

Ceci correspond à la traduction d’extraits de l’ouvrage de Taiaiake Alfred: “Peace, Power, Righteousness, an indigenous manifesto”, 1999, seconde édition 2009 aux éditions Oxford University Press.

 

Autre ouvrage de l’auteur: “Wasase, indigenous pathways of action and freedom”, 2005, University of Toronto Press.