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Comprendre le colonialisme actuel: « Païens en Terre Promise », décoder la doctrine chrétienne de la découverte (Steven Newcomb) ~ 1ère partie ~

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, démocratie participative, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, N.O.M, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 8 mars 2015 by Résistance 71

« L’Amérique n’a jamais respecté un seul traité ou accord faits avec les nations Indiennes et ce malgré le fait que les Etats-Unis aient signé plus de 400 de ces traités ou accords avec nos nations indiennes… L’histoire montre que les Etats-Unis ont gaspillé plus de 100 milliards de dollars durant la guerre du Vietnam tout en justifiant cette orgie sanguinaire par son ‘devoir de respect des engagements pris’, au même moment ils furent aussi coupable de briser le plus vieux de tous les traités que ce pays colonial avait avec une nation indienne, celui signé entre les Etats-Unis et la nation iroquoise Sénéca, lors du traité de Pickering en 1794. »
~ Vine Deloria Jr. ~

 

“Pagans in the Promised Land, Decoding the Doctrine of Christian Discovery” de Steven Newcomb ~ 1ère partie ~

 

Éditions Fulcrum, 2008

 

Traduction du titre: “Païens en terre promise, décoder la doctrine de la découverte chrétienne”

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Février 2015

 

Introduction

1ère partie

2ème partie

3ème partie

4ème partie

Conclusion

 

Chapitre 2: Expérience métaphorique et la loi fédérale indienne

 

Dans son rapport de 1882 “Rapport annuel du commissaire aux affaires indiennes”, le haut commissaire aux affaires indiennes Hiram Price commentait sur le besoin pour le gouvernement fédéral de coopérer plus avant avec les sociétés religieuses afin de “civiliser” les Indiens:

“[…] La civilisation est une plante à croissance lente, à moins que ne soit mis en œuvre les enseignements chrétiens et leur influence… Il n’y a pas d’autres manières à mon avis, pour que la population indienne soit écartée définitivement de la barbarie, de l’idolâtrie et de la vie sauvage, que celles des opérations éducationnelles missionnaires de peuple chrétien de notre pays.

[…] En fait, le jugement que les Indiens étaient des “sauvages infidèles” vivant dans un “état pathologique” mena à la suggestion et l’affirmation qu’ils vivaient un mode de vie immoral. Ceci mena donc naturellement à la conclusion que les missionnaires chrétiens européens et leurs éducateurs avaient besoin de mener les Indiens vers un mode de vie moral, qui, du point de vue européen, était considéré comme un mode de vie “chrétien” et donc “civilisé”.

[…] Le terme de “colonisation” est dérivé du mot latin “colere”, qui veut dire “labourer, cultiver (la terre)”. Donc, la colonisation peut-être pensée en termes d’étapes dans un processus de culture: prendre en charge le sol indigène, déraciner les plantes existantes (les peuples indigènes), retourner la terre (le mode de vie), planter de nouvelles graines coloniales (colons nés sur place) ou transplanter des plantes coloniales (colons) venues d’un autre environnement et récolter le résultat des semis (les ressources) ou en recueillir les fruits (richesse), résultant du travail de la culture (colonisation). Ainsi ce qui est référé comme étant la “civilisation” pourrait impliquer un processus de colonisation, qui est un processus par lequel un empire s’étend sur de nouvelles terres, augmente sa population, sa richesse, son pouvoir et sa puissance.

La colonisation est un processus d’expansion impérialiste aux moyens de colons, de colonies et d’activités innombrables étendant l’empire.

[…] Une autre métaphore pour colonisation a pour racine le mot “colo”, qui veut dire “retirer des éléments solides par le processus de filtrage” et “passer, laver (l’or dans le processus de collecte)”. Du point de vue chrétien européen, les peuples indigènes sont considérés être ce type de “solides” que l’on doit filtrer, rincer, laver, de la terre afin d’obtenir ce qui a plus de valeur, comme par exemple l’or ou autres minerais et toute autre chose qui peut être transmuté en richesse pour alimenter l’économie et enrichir l’élite de l’imperium.

[..] Ainsi, la loi et la politique fédérales indiennes des Etats-Unis ont toujours reflété la façon dont la société dominante euro-américaine a projeté de manière imaginative et métaphorique un vaste champ de concepts mentaux sur les nations et peuples indigènes.

[…] Les idées connues sous le nom de loi fédérale indienne sont un produit ou un résultat d’un processus cognitif multigénérationnel. Des catégories et des concepts métaphoriques comme Indiens, tribus, primitifs, infidèles, païens, arriérés, sauvages et barbares ne sont pas plus descriptifs de qualités objectives ou de caractéristiques inhérentes des peupes indigènes du continent des Amértiques que des termes comme “devant” ou “derrière” en tant que description objective de la position par rapport à un arbre ou même de l’arbre en tant qu’être vivant (NdT: il n’y a pas de “devant” ou “derrière” un arbre, ce n’est que sujet à la position du moment, ainsi le devant peut devenir le derrière selon où on se trouve par rapport à l’arbre, aucune objectivité la dedans…).

[…] Ainsi un point clef essentiel ici est de bien comprendre que les catégories et concepts en référence dans la loi fédérale indienne, incluant des concepts comme découverte, domination, nation domestiquement dépendante, tribu, etc, ne sont que des produits culturels et cognitifs de la société dominante (NdT: fondée en fait sur une subjectivité ethno ou euro-centrique pure…). Ces termes sont la preuve des différentes manières de l’imagination humaine qu’a employées la société états-unienne pour interagir avec les peuples indigènes originels de ce continent et ce de manière dominante et subjugante. Il est donc important de réaliser que la loi fédérale indienne est le résultat de processus cognitifs non-indigènes, de pratiques et de conventions sociales et de schémas culturels, et des façons dont des membres d’une société dominante projettent de manière imaginaire, des catégories et des concepts jugés (subjectivement) valides, sur des populations indigènes (NdT: ethnocentrisme typique).

Depuis des générations, des officiels du gouvernement américain (des juges, des législateurs et des décideurs) ont inventé les idées imaginaires connues sous le nom de loi fédérale indienne dans leurs efforts incessants de contrôler, contenir, refaçonner, retirer, et à terme, d’annihiler les nations et peuples originels de ce continent.

[…] Mais parce que les idées constituant le loi et la politique fédérales indiennes sont un produit de l’imagination euro-américaine, ceci veut dire que les contraintes édictées par cette loi et politique résultante émanent de l’imagination et des conventions sociales euro-américaines. Nous en tant que peuples indiens, devenons des co-participants à ce processus dès que nous assumons inconsciemment que la loi fédérale indienne est une contrainte extérieure qui nous régit.

Après plus de deux siècles de soumission aux politiques abusives des gouvernements des Etats-Unis (NdT: ceci s’applique également au Canada et son Indian Act de 1867 et 1923…), particulièrement dû à l’incarcération et aux tourments subis par les enfants indigènes dans les pensionnats pour Indiens (NdT: aux Etats-Unis et au Canada), nous les peuples indigènes avons graduellement et inconsciemment internalisé les tenants et aboutissements de la loi fédérale indienne (et de l’Indian Act au Canada…).

[…] Ces observations donnent une perspective de l’ampleur de défi auquel nos peuples et nations indigènes doivent faire face dans un effort pour décoloniser nos vies et notre existence collective.

[…]

 

Chapitre 3: Le modèle du conquérant

 

La présomption que les Etats-Unis ont une autorité plénière sur les nations indiennes provient d’une compréhension prise pour évidente que les Etats-Unis, en tant que conquérants des nations indiennes et de par le point de vue corollaire que les “nations indiennes sont conquises et subjuguées”, possèdent cette prérogative. Ce chapitre pose le fait que le pouvoir plénier érigé en doctrine peut–être ultimement tracé vers un Modèle Cognitif Idéalisé (MCI), le modèle du conquérant, qui est imbriqué dans l’inconscient culturel de la société dominante des Etats-Unis. Tout comme les mots acheter, vendre, publiciser et crédit évoquent un MCI de transaction commerciale, ainsi les mots dans le rendu de la cour suprême de l’affaire Johnson contre M’Intosh comme conquérant, conquérir, conquête, domination, découverte, couronne et potentate, évoquent une imagerie entière, un modèle un MCI de conquérant

Un prototype de conquérant est impliqué dans le terme latin dominus (celui qui a subjugué, le subjugateur), qui provient du sanscrit domanus (celui qui subjugue)… En conquérant et en subjuguant, le conquérant prototype établit et maintient un état de domination.

[…] Du point de vue du conquérant, il se considère lui-même comme ayant le droit de subjuguer et de dominer, ce qui inclut le droit de localiser, de conquérir, de posséder et d’occuper des terres lointaines dans le sens d’une occupation militaire et coloniale.

[…] Sur cette base, la domination peut aussi vouloir dire “le droit de possession” afin de conquérir, de subjuguer et d’établir un règne de domination. Pour le conquérant, la domination est l’état optimal de l’être ; il se réjouit de la domination en gardant contact avec la métaphore de la “colonisation est manger”…

Le MCI de conquérant pose comme principe une figure centrale, comme un roi, un monarque, un empereur ou un pape, qui est considéré comme divin et dont le pouvoir est considéré comme dérivant d’une source divine. La présomption de l’origine divine du conquérant mène à la présomption additionnelle que le conquérant possède le “droit divin” d’exercer le contrôle par la force, qui est comprise comme étant le “haut”, avec la métaphore du “pouvoir d’en haut”. Ainsi les gens que le conquérant est supposé avoir subjugué, sont les gens “d’en bas” en relation de leur position vis à vis du conquérant.

[…] Ainsi, il y a une volonté d’affirmer la présomption que le conquérant a le “droit divin” de conquérir, de rechercher et de localiser de nouvelles terres afin de les conquérir et d’en subjuguer les populations, ce qui mène à la phrase utilisée dans les rendus légaux de “droit de découverte”…

Dans le même contexte, l’expression “voyage de découverte” se réfère à un voyage en quête de nouvelles terres à conquérir et de nouvelles populations à subjuguer.

[…] Le modèle du conquérant contient également un sous-modèle que nous appelerons le modèle de l’empire, ou modèle d’imperium, qui est le processus par lequel le conquérant prototype “étend son emprise” et “saisit” de nouvelles terres afin de dominer ces terres et les peuples indigènes qui y vivent. Un dominion, qui était connu dans la loi romaine comme dominium et qui peut-être pensé comme étant un état “établi” de domination.

[…] Relié de manière inextricable au concept de dominium est le terme de dominatio, qui veut dire invariablement: maîtrise, contrôle, pouvoir irresponsable, despotisme. Dominatio réfère aussi à la monarchie, la tyrannie et le gouvernement d’une seule personne, en d’autres termes, le gouvernement le conquérant prototype, le domitor: maître, gouverneur en chef, dirigeant, dominor, qui veut dire “être seigneur et maître”, règle, règne, dominant et dominatus: apprivoiseur, subjugueur, vainqueur, conquérant. Ces concepts nous permettent d’inférer que dominium et dominatio se réfèrent également à “l’activité ou le processus qui mène à étendre avec succès un état déjà existant de domination ou d’étendre la domination du conquérant (despote) sur des terres additionnelles.” Dominatio est achevée par le moyen de l’occupation armée, qui est le processus par lequel le conquérant renverse et prend en compte militairement une “nouvelle” terre afin de la conquérir, la subjuguer et la dominer.

[…] Ainsi une lettre de plénipotentiaires américains à leur contre-partie britannique au traité de Ghent en 1814 stipulait: “Les Etats-Unis clâment, de plein droit, en respect de toutes les nations européennes, et particulièrement en respect de la Grande-Bretagne, la totale souveraineté sur le territoire entier et sur toutes les personnes contenues dans les frontières de leurs dominions.

[…] Plus tard en 1823, dans son rendu de l’affaire Johnson contre M’Intosh, le juge de la cour suprême des Etats-Unis Marshall donne la preuve de son utilisation du modèle du conquérant lorsqu’il écrivit: “Le titre (de propriété) par conquête est acquis et maintenu par la force.

[…] Dans son “New Worlds for Old” William Brandon fournit une étymologue détaillée du mot dominion:

L’idée du vieux monde de propriété était bien exprimée par le mot latin dominium de “dominus”, dérivé du sanscrit “domanus” pour “celui qui subjugue”. En latin, “dominus” avait la même signification de principe “celui qui a subjugué”, par extension naturelle: le maître, le propriétaire, le seigneur, le possesseur”. Le mot “dominium” prend du terme “dominus” le sens de “propriété absolue” et celui qui a sugbjugué devient donc le “propriétaire absolu” avec un sens légal tout spécial de “propriété, de d roit de propriété”. Le mot “dominatio” étend le mot en “règle, dominium” et un second sens odieux, celui de pouvoir non restraint, de dominium absolu, de tyrannie, de seigneurie, de despotisme. Le pouvoir politique émanant de la propriété, du dominium, était de fait, la domination.

Les termes seigneur, maître, possesseur, propriétaire se réfèrent tous au modèle du conquérant, qui peut aussi être référé à un MCI de domination.

[…] Dans le système moral du modèle du conquérant, la coercition, la terreur, la peur, la crainte sont considérées comme les moyens les plus efficaces de gagner et d’assurer une obéissance absolue et continue à l’autorité du conquérant (pensez ici au moderne “choc et stupeur”…). Personne n’est complèteement libre sauf le conquérant et la liberté dans ce contexte réfère à la liberté du conquérant à conquérir, subjuguer, établir et maintenir un règne et un état de domination.

[…] D’après le vision du monde du conquérant, il est tout à fait évident que celui-ci est le plus vertueux, le plus moralement apte et obéissant à dieu lorsqu’il utilise les outils de coercition, de terreur, de peur afin d’accomplir “la volonté de dieu” en conquérant et en subjuguant de nouvelles terres et de nouveaux peuples pas encore conquis. Ceci correspond en fait à l’appel du Vatican dans un bon nombre de bulle papales ou de documents pour que des nations “barbares” non-chrétiennes soient subjuguées. Il en va de même dans ces documents au sujet des terres “pas encore découvertes par un prince ou un peuple chrétiens.”

Le Requerimiento

Le texte espagnol du Requerimiento (la Réquisition) sert d’artifice cognitif et culturel du modèle cognitif du conquérant durant ce qui a été appelé “L’âge de la découverte”. Écrit en 1514 par le juriste espagnol Palacios Rubios du Conseil de Castille, ce document démontre parfaitement la manière dont les chrétiens européens appliquaient le modèle cognitif du conquérant aux nations indigènes du soi-disant “Nouveau Monde” et illustre très bien le système de moralité du conquérant. Dès les premières lignes du document, le roi Ferdinand d’Espagne et sa fille Doña Juana sont référés comme étant “les subjugateurs des nations barbares”, ce qui pourrait aussi être phrasé en “conquérants des nations barbares”.

Adressé aux nations “barbares” non-chrétiennes qui étaient considérées comme étant destinées à être subjuguées, le Requerimiento déclare d’un point de vue chrétien: “Notre seigneur dieu, vivant et éternel, a créé la terre et les cieux et il a créé un homme et une femme, de qui vous et nous, et tous les humains du monde, sont les descendants et tous ceux qui vinrent après nous.” Des cinq mille ans qui se sont écoulés après la création comme le dit le Requerimiento “il fut nécessaire que certains hommes ailent d’un côté et d’autres d’un autre et qu’ils seraient divisés en maints royaumes et provinces, car ils ne pouvaient pas rester en un seul.” De toutes ces nations, dit le document “Dieu notre seigneur a donné la charge du monde a un homme appelé Saint Pierre pour qu’il soit le supérieur et le maître de tous les hommes du monde, que tous doivent lui obéir et qu’il soit à la tête de la race humaine, où que les hommes vivent et quelque soit la loi, la secte ou la croyance qu’ils suivent et il lui donna le monde pour royaume et jurisdiction.

Ainsi le Requerimiento pose la figure du personnage central, du modèle de conquérant, qu’il soit monarque ou pape et qui est considéré comme divin ou dont le pouvoir est considéré comme ayant une origine divine. En latin, la phrase “dieu notre seigneur” est “deus dominus” ou en d’autres termes “dieu qui a subjugué”.

[…] Puis le docuement continue à expliquer que le pape (St Pierre à l’origine) a “donné” les terres indigènes au roi Ferdinand et à sa fille Juana.

[…] Ce don des terres indigènes habitées possède le même schéma noté par le juge de la cour suprême John Marshall dans son rendu de l’affaire Jonhnson contre M’Intosh en 1823, lorsqu’il dit que les monarques d’Europe “ont assumé la domination ultime et ont affirmé et exercé en conséquence la domination ultime, un pouvoir d’assumer la terre, tandis que celle-ci était toujours en possession des natifs.

[…] Dans le système moral du conquérant, celui-ci se considère comme déjà propriétaire par droit divin des terres indigènes et possède aussi le droit de les donner à qui il le désire.

Le Requerimiento explique également aux nations indigènes l’implication totale du fait que leurs terres ont été données par le pontif de Rome au roi Ferdinand et la reine Juana.

 

[le texte donne ici de longs exemples sans le Requerimiento du choix donné aux indigènes d’accepter ou de refuser les termes de la notification qui leur est donnée…]

 

Puis le Requerimiento s’appuie sur le modèle du conquérant pour expliquer en termes non équivoques, ce que seront les conséquences de la résistance et quelles actions seront prises à l’encontre des nations indigènes insoumises:

Si vous refusez les termes, je vous certifie qu’avec l’aide de dieu, nous entrerons de force dans votre pays et nous vous ferons la guerre de toutes les manières que nous jugerons bonnes, nous vous mettrons sous le joug de l’obéissance à l’église et à leurs seigneuries et majestés, nos vous prendrons, vous, vos femmes et vos enfants et vous réduirons en esclavage et vous vendrons de la manière que leurs majestés le désireront, nous saisirons tous vos biens, et vous ferons tout le mal et la misfortune possibles, comme à tous les vassaux qui n’obéissent pas et refusent de servir leur maître (dominus dans le texte, subjugateur), lui résistent et le contredisent ; nous déclarons de plus que toutes les morts et pertes résultant de tout cela seront comptées comme étant de votre faute et non pas de celles de leurs majestés ou de la notre, ni de ces cavaliers qui viennent ici avec nous. Nous déclarons vous avoir averti de la présente réquisition, nous requérons qu’un acte notarié soit établi pour être notre témoin ainsi que tous ceux présents ayant été témoins de la réquisition.

Les prêtres avaient pris pour habitude de lire le Requerimiento en latin à l‘entrée des villages indiens avant que les conquistadores espagnols (conquérants) n’en fassent le siège. Bien entendu, les Indiens étaient incapables de comprendre le latin et furent incapables de comprendre la teneur des demandes placées sur eux-mêmes. Lisant le Requerimiento, le grand avocat des Indiens Bartolomé de Las Casas a dit: “Je ne pouvais pas décider si je devais rire ou pleurer.

Ce document du Requerimiento est un excellent exemple des méthodes chrétiennes européennes, fondées sur l’affirmation d’un droit divin, “mettant à plat” de manière formelle la “règle de la loi” pour les nations et peuples indigènes. C’est néanmoins trop euphémistique que de se référer à ce document comme un exemple de l‘explication légale tant furent brutales et vicieuses les manières génocidaires avec lesquelles il fut mis en pratique.

[…] Ainsi, d’un point de vue autochtone, lorsque nous rejetons d’emblée la fausse assertion des chrétiens européens prétendant que dieu les a envoyé sur ce continent pour coloniser les terres indigènes des “Amériques”, il est évident que les chrétiens européens n’avaient aucune autorité légitime sur les nations indigènes et leurs territoires ancestraux. Ce que les chrétiens européens ont clâmé sur la base inconsciente du modèle cognitif du conquérant n’était rien d’autre qu’un droit à un empire et à une domination, qui était intégrante à la mentalité dominatrice de la chrétienté.

 

A suivre…

 

Source:

“Pagan in the Promised Land, Decoding the Doctrine of Christian Discovery”, Steven T. Newcomb, Fulcrum, 2008

 

 

 

Lutte contre le colonialisme: Balayer d’abord le pas de sa porte…

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Vous ai-je entendu dire que 10% des ressources énergétiques des Etats-Unis se trouvent en territoire autochtone ?

 

John Kane

 

18 février 2014

 

url de l’article:

http://bsnorrell.blogspot.com/2014/02/john-kane-did-i-hear-you-say-10-percent.html

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Attendez une minute… Dites-moi, comment se fait-il que quelques ressources que ce soit sur nos terres puissent être considérées comme un pourcentage des ressources de quelqu’un d’autre ?

Laissez-moi vous le dire…

D’abord, ceci s’est produit sous le coup d’un vol en plein jour. Un vol commis au travers de la fraude et de l’extorsion… avec un petit peu de religion dessus pour mieux faire glisser. Puis le même vol a continué avec des miettes des fortunes réalisées jetées aux pauvres gens choqués et/ou leurs leaders corrompus afin de légitimer le vol en quelque sorte.

Puis on en arrive là où ceux qui ont été achetés parce qu’à vendre parmi nous, ont fait des accords pour recevoir l’argent rapide et facile, ceux se proclamant nos “leaders tribaux” déclarant que tout ceci était bien sûr au nom du progrès, du développement économique ou pire ; étiquetant nos ressources comme n’étant pas notre mais celles de la nation qui a déjà volé tout ce qui a déjà pu l’être et ainsi promettant nos ressources pour que l’Amérique soit fière de nous.

Durant son adresse à l’état de la nation indienne délivrée au National Congress of American Indian’s (NCAI) par  le président Brian Cladoosby, furent répété là-bas des références à ce que “nous, les peuples autochtones” représentons pour les Etats-Unis. Il insista sur les revenus que l’état de Washington (NdT: sur la côte Ouest, capitale Seattle à ne pas confondre avec Washington District of Columbia, capitale des Etats-Unis) reçoit des “tribus”, incluant sa propre tribu Swinomish et durant tout ce discours au sujet de notre place sous la jupe de Mme la belle Amerique, vint la référence de ce que 10% des ressources énergétiques de “la nation”, se trouvaient sur nos territoires.

Ceci n’est pas un problème de possession mal placée ou mal exprimée, c’est un problème d’intention réelle. Même si beaucoup d’entre nous ont tracé une ligne dans le sable, et pas seulement le sable bitumeux, sur l’extraction minière et la dégradation de l’environnmeent, il y a ceux d’entre nous qui sont entourés d’avocats, de lobbyistes, de consultants et d’investisseurs faisant des contrats de millions de dollars pour vendre chaque baril, chaque tonne, chaque m3 de quoi que ce soit qu’ils puissent avoir et vendre.

Les plus grands des facteurs sur l’impact négatif sur l’environnement, le profit et l’intérêt des investisseurs sont l’échelle et l’ampleur. Combien peut-on extraire et à quelle vitesse ? Bien sûr jettez-y un peu de “personne ne vit là à part un petit nombre de marginaux” et bingo! Vous avez la chose la plus formidable sur la réserve depuis… et bien… le Bingo…

Ceci m’amène à ce qui est le plus évident. Bon je sais qui et quoi sont ces “leaders tribaux”. Le gouvernement fédéral leur donne sa “reconnaissance” et donc, leur donne le pouvoir et bien que leur boulot consiste à se trouver une bonne petite niche tranquille au sein du pouvoir colonial pour en profiter, pouvoir qui ne fait que les utiliser, ce n’est en revanche pas mon boulot.

L’activiste féministe Nikki Craft a dit: “La tâche de l’activisme n’est pas de naviguer les systèmes du pouvoir avec le plus d’intégrité personnelle possible, mais elle est de démanteler ces systèmes.”

Notre tâche en tant que survivants de la tentative la plus longue de génocide que le monde n’ai jamais connu (NdT: Depuis 1492… quand même !…) et défenseurs de nos générations futures, protecteurs de la Terre-Mère, n’est certainement pas de nous coucher devant nos abuseurs et de négocier des positions  confortables dans le système qui utilise tout pour son profit (NdT: C’est exactemet ce qu’il s’est produit avec les syndicats et la lutte syndicale, phagocytés pour que leurs leaders puissent bouffer au ratelier du système. Ceci n’est pas une opinion, mais un fait établi…). Notre boulot n’est pas de protéger la “marque déposée” “Canada” ou “Etats-Unis” ou délivrer du “made in Canada” ou “made in the USA” sur le marché global. Ce n’est pas non plus notre boulot de regarder de l’autre côté tandis que la veulerie nous arrache les mains pour soutenir le sempiternel “made in China”. Si nous choisissons  de développer ces ressources, alors ceci devra se faire pour que leur production apporte le maximum de valeur à nos communautés que possible. Les matières premières ne doivent pas être arrachées à la terre, pompées et sorties de nos territoires pour assouvir la soif inextinguible de ceux qui voudraient détruire la planète pour le seul profit. Nos petites populations et les petits territoires encore sous notre contrôle devraient non seulement avoir un futur énergétique garanti mais aussi une échelle et un ampleur de production adaptées à nos communautés et à nos besoins, car ceux-ci et nos désirs, ne devraient jamais excéder ce que l’environnement peut de fait supporter.

Pourtant, malgré toutes ces ressources énergétiques vantées par Mr le président du NCAI, nous avons des membres de nos communautés mourant de froid, non pas au cours de marches forcées ou d’activités extérieures dans la nature sauvage, mais chez eux. Mourant de froid dans ce pays de Mr Obama qui échangeait il y a peu des plaisanteries sur le rachat de la Louisiane avec le président français, et ne tarissant pas sur le fait que cela avait été une super affaire, le tout sous les yeux de Mr le président du NCAI, honoré de se trouver parmi eux. Donc, alors que le débat et la lutte pour bloquer le pipeline Keystone XL  et les sables bitumeux font rage, nous devons regarder ces visages près de nous, pas seulement ces magnats de l’industrie. Nous devons les réveiller de la torpeur illusoire de la subjugation et du leurre de ce rêve américain. Nous devons devenir un phare d’espoir, pas seulement pour nous-mêmes mais aussi pour le nombre toujours plus croissant de personnes qui nous regardent, nous observent et nous demandent d’aider à briser le consensus du statu quo.

Un puit de gaz en territoire Seneca (NdT: nation de la confédération iroquoise) ne devrait pas remplir le pipeline des entreprises utilitaires américaines. Il devrait suppléer le peuple Seneca. Il devrait produire de la  chaleur, de l’électricité et du carburant. Les gens ne devraient pas être pompés par National Fuel pour rembourser des investisseurs qui financent la contamination des terres Seneca et met en danger la santé des personnes et de la vie dans la région.

On peut dire la même chose au sujet du charbon, du pétrole, du gravier, de l’eau et des arbres sur chacun de tous nos territoires. Vendre notre terre par bennes de camion, pipeline ou chemin de fer est toujours vendre notre futur et celui des générations à venir.

Ceci est un système de pouvoir qui se doit d’être démantelé…

Résistance contre le colonialisme au XXIème siècle: La résurgence indigène… (Taiaiake Alfred)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, démocratie participative, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, société libertaire, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , on 21 février 2014 by Résistance 71

… gagnera à notre sens, non seulement toutes les sphères culturelles des pays et peuples colonisés des continents des Amériques, d’Afrique, d’Océanie, d’Asie, mais aussi… d’Europe, car nous sommes tous des colonisés idéologiquement avant que de l’être physiquement et culturellement.

Cet article de présentation par le professeur Taiaiake Alfred de la conférence annuelle Narrm de l’université de Melbourne en Australie, rejoint tout à fait les dires des deux articles récents (1 et 2) de Panafricanisme 2.0 que nous avons publié ces derniers jours.

L’avenir de l’humanité passe par les peuples occidentaux ayant brisé les chaînes de l’idéologie colonialiste qui les forcent à accepter et qui se tiendront debout, côte à côte, avec leurs frères des nations indigènes colonisées. L’Idée et sa pratique sont en marche…

— Résistance 71–

 

Être et devenir autochtone: Résurgence contre le colonialisme contemporain

 

Taiaiake Alfred

1

3 Décembre 2013

 

url de l’article original:

http://taiaiake.net/2013/12/13/being-and-becoming-indigenous-resurgence-against-contemporary-colonialism/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

L’oratoire Narrm 2013 (Université de Melbourne, Australie) : “Être et devenir indigène: La résurgence contre le colonialisme contemporain”, fut délivré par le professeur Taiaiake Alfred le 28 Novembre.

Le professeur Alfred est le fondateur et directeur de la chaire de Gouvernance Indigène de l’université de Victoria en Colombie Britannique (Canada). Il se spécialise dans les modes traditionnels de gouvernance, les stratégies de décolonisation et la restauration culturelle fondée sur la terre et le territoire.

La conférence Narrm se tient annuellement au Melbourne Institute for Indigenous Development de l’ University of Melbourne en Australie, dont l’hôte est Murrup Barak, avec le soutien de Rio Tinto Australia depuis 2009.

Les conférenciers (par ordre d’apparence)


Professor Glyn Davis AC, Vice-Chancellor, The University of Melbourne

Professor Ian Anderson, Director Murrup Barak and Assistant Vice- Chancellor Indigenous Higher Education, The University of Melbourne

Professor Taiaiake Alfred, Founding Director, Indigenous Governance Program, University of Victoria, British Colombia


Professor Marcia Langton AM, Foundation Chair of Australian Indigenous Studies, The University of Melbourne.

“Il y a un danger que de permettre à la colonisation de n’être que la seule histoire des vies indigènes. Le colonialisme est un cadre analytique efficace, mais il est limité en tant que théorie de la libération. C’est un narratif dans lequel le pouvoir du colon est fondamental et non remis en question ; il limite la liberté des colonisés en cadrant tout mouvement comme actes de résistance ou résultats du pouvoir colonial. Pour les peuples indigènes, les systèmes coloniaux ont toujours été des moyens de gagner le contrôle sur les peuples autochtones et leurs terres pour le salut des notions de progrès dictées par les colons occidentaux et leurs intérêts. Nous vivons maintenant dans une ère de manipulation coloniale post-moderne, les instruments de la domination changent et les “élites” inventent de nouvelles méthodes pour effacer les identités indigènes et leurs présences.

Bien que subtile et non-violente en surface, ces stratégies nient la capacité des peuples indigènes d’agir par leurs identités réelles et authentiques, coupant les vies autochtones de leurs connexions vitales avec la terre, la culture et la communauté et n’offrent qu’une option aux peuples indigènes: la dépendance ou la destruction. Loin d‘être une ère post-coloniale , la survie même des nations autochtones est menacée aujourd’hui de la même maniière que durant les périodes plus brutales  de l’oppression coloniale. Le discours actuel et l’encadrement des peuples natifs au Canada est un exemple de cette nouvelle réalité. Une façade de “réconciliation” est utilisée pour étayer la suprématie blanche, pacifier et coopter le leadership indigène et faciliter l’accès total aux terres autochtones pour le développement et l’extraction de ses ressources. Contre cela, un mouvement ancestral a réémergé parmi quelques penseurs indigènes et activistes alliés indigènes et colons en amérique du Nord: la résurgence indigène.

Ces personnes se consacrent à repositionner les peuples autochtones en termes d’authenticité et de sens afin de régénérer et d’organiser une conscience politique radicale, de réoccupper les terres et d’obtenir la restitution, de protéger l’environnement et de restaurer une relation de nation à nation entre les nations autochtones et les colons. Ce recadrage de l’indigénéité en tant que résurgence promeut le type d’action et donne une base spirituelle et éthique pour un mouvement transformatif qui a le potentiel de libérer à la fois les peuples indigènes et les colons eux-mêmes du colonialisme.”

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Vidéo de la conférence à Melbourne:

http://www.youtube.com/watch?v=VwJNy-B3lPA

Durée: 1h36 (en anglais, activez le sous-titrage français, approximatif, mais mieux que rien…)

Durant sa conférence, le professeur Alfred tient dans ses mains un exemplaire du Wampum Deux Rangées, qu’il présentera à l’audience à la fin de son internvention en expliquant ce que représente la ceinture.

Comprendre le pouvoir colonial actuel et passé et son fondement « domination/subordination »…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, démocratie participative, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, N.O.M, neoliberalisme et fascisme, police politique et totalitarisme, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , on 3 février 2014 by Résistance 71

Si ceci s’applique aux peuples dominés, cela s’applique aussi aux peuples dominants, car n’oublions jamais que nous sommes tous des colonisés de l’idéologie suprémaciste, raciste, coloniale. Si un petit nombre y trouve toujours son compte, les crimes d’hier et d’aujourd’hui perpétrés au nom des peuples occidentaux, sont avant tout rendus possible par la propagande du consentement généralisé.

L’avenir de l’humanité réside en cela dans les peuples occidentaux débarrassés de l’idéologie raciste coloniale, se tenant côte à côte avec les nations indigènes colonisées, génocidées et exploitées.

Plus tôt le plus grand nombre s’en rendra compte et au plus tôt nous pourrons vraiment changer de paradigme et retrouver le droit naturel de l’égalité (politique et sociale), de la liberté et de la poursuite du bonheur. Tout le reste n’étant que perte de temps et frivolités aristocratiques au service du plus petit nombre.

— Résistance 71 —

 

« Pourquoi prendriez-vous de force ce que vous pouvez obtenir par amour ? Pourquoi voulez-vous nous détruire, nous qui vous nourrissons ? Que pouvez-vous obtenir par la guerre ? Nous sommes désarmés et avons la volonté de vous donner ce que vous demandez, si vous venez de manière amicale. »
~ Powhatan, Confédération Algonquine à John Smith, 1609 ~

 

Domination et le pipeline du Northern Gateway (Passage Nord)

 

Steven Newcomb

 

27 janvier 2014

 

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2014/01/27/domination-and-northern-gateway-pipeline

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

J’ai lu avec intérêt “Could First Nations still stop the Northern Gateway pipeline?” d’Anna Tremonti, la version texte de son programme radio  “The Current Review” passé sur les ondes de la radio canadienne  CBC Radio 1 le 20 décembre 2013.

Le sujet de l’article de Mlle Tremonti démontre la trame de DOMINATION et de SUBORDINATION qui définit le mieux ce que veut dire d’être étiqueté “d’autochtone”. La domination est en fait définie comme “une nation ou un peuple exerçant un contrôle arbitraire sur un autre peuple ou nation et ainsi le rendant sujet à la volonté de celui qui le domine.”

La phrase suivante illustre la rengaine à laquelle je réfère: “Une population indigène possède toutes les caractéristiques d’une minorité nationale subjuguée par une société dominante.” (Sadruddin Aga Khan and Hassan bin Talal, Indigenous Peoples: A Global Quest for Justice, A Report for the Independent Commission On International Humanitarian Issues, 1987, p. 9)

Les termes clef dans cette phrase: “indigène”, “population”, “minorité”, “nationale”, “subjuguée par” et “société dominante”, sont tirés d’un paradigme de la domination qui est utilisé de manière constante contre les nations et peuples étiquetés “indigènes ou autochtones” (i.e “dominés”).

La phrase suivante de l’article de Mlle Tremonti sur la situation dans le contexte canadien démontre clairement le manque de pouvoir pour les nations et peuples labellisés “indigènes”: Après 180 jours de débats dans 21 communautés de Colombie Britannique et d’Alberta le Join Review Comittee fédéral (comité de révision) a signé hier sur la proposition de pipeline. Ceux qui sont nommés comme “premières nations” dans l’histoire de Mlle Tremonti ne sont pas ceux qui ont eu la décision finale en regard de ce qui est leurs propres territoires. Pourquoi ? Parce que le processus de décision finale est caractérisé comme étant “à la volonté” de ceux qui sont étiquetés preneurs de décision “fédéraux” à Ottawa.

“Ottawa” est le nom de la capitale du Canada, c’est un nom utilisé par le système canadien de gouvernement, considéré comme le preneur de décision “ultime”. Le SYSTÈME DE DOMINATION déclare les “premières nations” comme étant “subordonnées” aux décisions prises par le gouvernement des officiels d’Ottawa, qui sont assis dans la position “dominante” du pouvoir.

Les première nations sont fortement concernées que le pipeline du passage nord (northern gateway) résultera dans l’empoisonnement et la contamination des eaux et des vies des nations originelles de l’Île de la Grande Tortue (NdT: langage autochtone pour l’Amérique du Nord). Mais si les preneurs de décision siégeant à Ottawa ne sont pas d’accord avec l’évaluation des premières nations, le SYSTÈME DE DOMINATION accorde aux preneurs de décision fédéraux le droit parfait d’ignorer les préoccupations des nations premières en favorisant les intérêts entrepreneuriaux et le pipeline.

Le système auquel je me réfère est fait de telle façon que les décisions et les intérêts économiques de ceux qui ont “une autorité décisionnaire supérieure” prévalent toujours. C’est pour cela qu’ils sont appelés “dominant”. Ils se considèrent eux-mêmes comme les “cadors” si on veut.

Si et quand une telle décision a été prise, je peux juste entendre quelques guignols impérieux dire: “Ce sont les règles. Vous ne les aimez peut-être pas, mais elles sont ce qu’elles sont.”. Ainsi, en tant qu’expérience, disons que ceci “est la règle”. Une question se pose alors: “Comment ces règles et leurs assomptions de DOMINATION-SUBORDINATION ont-elles vu le jour en première instance ?”

Répondre à cette question demande de penser en arrière vers l’établissement du début de ce système de domination dans cette région géographique connue aujourd’hui sous le nom de “Canada”. Ce système n’est pas seulement le contexte du débat au sujet du pipeline du Nothern Gateway ; mais en fait le contexte de toute décision clef qui a été prise à tout moment par le “gouvernement canadien” en ce qui concerne les nations originelles de l’Île de la Grande Tortue.

Je veux en venir à ceci: répondre à la question au sujet d’où proviennent le SYSTÈME DE DOMINATION et ses “règles”, demande que nous réfléchissions au temps où les chrétiens européens accostèrent sur nos côtes en provenance de l’autre côté de l’océan Atlantique. Ils amenèrent avec eux les assomptions au sujet de leur “droit divin” de coloniser (et de dominer) toutes les terres non-chrétiennes et les nations à travers “Les Amériques” et nous étions tous des non-chrétiens à cette époque. (NdT: Ce “droit divin” ayant été écrit de la main des papes, vicaire de dieu dans leurs bulles Romanus Pontifex et Inter Caetera du XVème siècle)

L’arrivée des plus invasives de la chrétienté fut la génèse de la DOMINATION de l’Île de la Grande Tortue. Faire cette connexion à l’heure actuelle est d’une importance capitale, considérant le fait que le premier ministre canadien Stephen Harper est un chrétien fondamentaliste. Il est membre de la Christian and Missionnary Alliance d’Alberta au Canada. La secte chrétienne de Harper ne fait pas confiance à la science. Ainsi, c’est plus qu’une coïncidence que le gouvernement Harper ait brûlé ou jeté dans des décharges, des archives sur l’environnement. Un tel comportement rappelle celui des fascistes en Europe dans les années 1930.

Une telle attitude si questionable est faite pour demeurer en adéquation avec la première règle du fondamentalisme chrétien qui se trouve dans la Genèse de la bible avec son langage de DOMINATION-SUBORDINATION: “Soumet la terre et domine les oiseaux du ciel et les poissons de la mer et toutes les choses rampantes et grouillantes de la terre”. Les mots “soumet” et “domine” dans ce passage biblique portent en eux-mêmes le SYSTÈME DE DOMINATION que le premier ministre Harper et le gouvernement canadien utilisent contre les nations originelles et les peuples qui sont étiquettés “indigènes”. Même si vous enleviez l’origine chrétienne, le schéma de domination est toujours en place. Ce qui est important est ceci: Il est grand temps de dire au système de gouvernement canadien d’arrêter de se comporter en termes de DOMINATION envers les nations et les peuples originels de l’Île de la Grande Tortue.

Steven Newcomb (Shawnee, Lenape) est le co-fondateur et co-directeur de l’Indigenous Law Institute et auteur du livre “Pagans in the Promised Land: Decoding the Doctrine of Christian Discovery (Ed Fulcrum, 2008).