Nous avons débaptisé il y a plusieurs années les « Etats-Unis » pour les appeler de nom plus judicieux à notre sens de « pays du goulag levant »… En voici une des raisons, parmi bien d’autres.
— Résistance 71 —
Le goulag amérindien du nord: Le cimetière de l’asile de Hiawatha
Laura Waterman Wittstock
3 février 2016
url de l’article original:
http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2016/02/03/native-american-gulag-hiawatha-asylum-cemetery
~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~
L’histoire perverse des relations entre l’état et son gouvernement et la nation Lakota/Dakota (Sioux) a pris une tournure des plus sinistres lorsque l’asile d’aliénés Hiawatha (NdT: les colons choisirent pour nom de l’asile celui de l’aide du faiseur de paix Dekanawida (Huron), fondateur de Kaiane’re:kowah, la Grande Loi de la Paix: Hiawatha de la nation iroquoise Onondaga, pas un hasard non plus, mais une volonté de dégrader plus avant la culture amérindienne…) fut construit 10 ans après le massacre de Wounded Knee du 29 décembre 1890. Il fut opérationnel pendant plus de 30 ans (1902-1934) avant que d’être démoli. Les corps de ces hommes et femmes indiens qui y moururent sont enterrés sous ce qui est aujourd’hui le parcours de golf de Canton dans le Dakota du Sud.
Après les guerres contre le peuple indien, la bataille pour leur cœur et leur esprit est constamment allée de l’avant. Même morts, les 121 personnes enterrées là-bas sont toujours humiliés alors que des balles de golf passent au dessus de leurs têtes et que l’ancien président de la Canton Area Historical Society, Don Pottranz, se réferre à leurs tombes comme “étant quelque chose dont les gens ont conscience, mais c’est maintenant de l’histoire ancienne.”
N’ayant absolument aucune connaissance des cultures natives, des langues, coutumes et de la vie spirituelle des peuples et nations autochtones, le sénateur du Sud-Dakota, R.F Pettigrew, introduisit en 1899 une législation du congrès afin de créer le tout premier asile psychiâtrique pour autochtone de la nation. Le congrès débloqua 45 000 US$
En 1900 la construction débuta après que le député Oscar Gifford (ancien maire de Canton) ait arrangé pour l’achat de 100 acres de terre à environ 3km à l’Est de la ville de Canton.
Les premiers patients y arrivèrent en 1902 et en 1908, Gifford fut viré lorsqu’un médecin accusa le superintendant de lui avoir refusé la permission de retirer des calculs de la vésicule bilière d’un patient, qui mourut peu de temps après. Gifford fut remplacé par Harry Hummel, un psychiâtre. La même année, Hummel fut accusé par 13 employés d’avoir maltraité des patients.
En 1926, les matronnes qui avaient jusqu’ici été employées par l’asile furent remplacées par de véritables infirmières. En 1929, Hummel fut finalement ordonné de quitter les lieux. Le député Louis Cramton intervint alors au plus haut niveau et Hummel fut maintenu dans ses fonctions. En 1933, des patients furent transférés à l’hôpital Ste Elizabeth de Washington D.C et en Avril 1934, le commissaire aux affaires indiennes John Collier ferma l’asile.
Dans l’interim, les délégués de Canton et du Sud-Dakota se battirent pour le maintenir ouvert. Hummel fut mise en accusation pur malfaisance et malpractice en 1933. Il fut finalement viré.
Avec une moyenne de 4 décès de patients par mois sur les quelques trente années plus de son existence, l’asile ne sembla pas être capable de maintenir la santé et l’intégrité physiques de ses patients de manière très efficace. Le Dr. Hummel, connu pour son mauvais tempérament, géra l’institution pendant 25 ans.
Puis, 100 ans après le massacre de Wounded Knee (1990), le journaliste d’enquête indépendant Harold Ironshield (de la nation Yankton: 1945-2008) fit une recherche sur cet ancien asile et ses pensionnaires dont les noms étaient connus et qui figuraient sur la liste de ceux enterrés sur place. Ironshield demanda aux publications indiennes de publier la liste des noms dans l’espoir que des membres encore vivant de leur famille se souviennent et s’identifient pour témoigner de ce qu’ils savaient. Ils voulaient aussi savoir ce que les familles voudraient faire au sujet des tombes et si les restes de leurs parents devaient être déplacés. Il désirait aussi plus d’information sur l’asile lui-même, surtout des explications sur ce qui était supposée être “l’insanité” qui conduisit les patients à l’asile et pourquoi ils furent sélectionnés pour y être incarcérés. D’après des rapports de ceux qui se souvenaient de l’asile, les raisons d’incarcération avaient beaucoup à faire avec le fait de ne pas suivre les règles gouvernementales ainsi que la discipline dans les écoles. Il suggéra que cet asile avait en fait bien plus à faire avec une sorte de goulag pour dissidents qu’à une réponse du gouvernement des Etats-Unis à sa préoccupation de l’état de santé mentale des Indiens.
Voici les noms des personnes décédées et enterrées au cimetière de l’asile psychiâtrique Hiawatha:
- Long Time Owl Woman
- Juanita Castildo
- Mary Fairchild
- Lucy Reed
- Minnie La Count
- Sylvia Ridley
- Edith Standing Bear
- Chur Ah Tah E Kah
- Ollie House
- Asal Tcher
- Alice Short
- Enos Pah
- Baby Ruth Enas Pah
- Agnes Sloan
- E We Jar
- Kaygwaydahsegaik
- Chee
- Emma Gregory
- Magwon
- Kay Ge Gah Aush Eak
- Kaz Zhe Ah Bow
- Blue Sky
- Louise McIntosh
- Jane Burch
- Dupue
- Maggie Snow
- Lupe Maria
- Lizzie Vipont
- Mary Peirre
- Nancy Chewie
- Ruth Chief on Top
- Mary G. Buck
- Cecile Comes at Night
- Maud Magpie
- Poke Ah Dab Ab
- Sits in it
- Josephine Wells
- A.B. Blair
- Josephine Pajihatakana
- Baby Caldwell
- Sallie Seabott
- Selina Pilon
- Mrs. Twoteeth
- Kayso
- Josephine De Couteau
- Jessie Hallock
- Marie Pancho
- Ede Siroboz
- Kiger
- Mary Bah
- Cynia Houle
- Drag Toes
- Charlie Brown
- Jacob Hayes
- Toby
- Tracha
- Hon Sah Sah Kah
- Big Day
- Fred Takesup
- Peter Greenwood
- Robert Brings Plenty
- Nadesooda
- Taistoto
- James Chief Crow
- Yells at Night
- John Woodruff
- George Beautiste
- Baptiste Gingras
- Lowe War
- Silas Hawk
- Red Cloud
- Howling Wolf
- Antone
- Arch Wolf
- Frank Starr
- Joseph Taylor
- Amos Brown
- James Crow Lightening
- John Martin
- Red Crow
- James Blackeye
- Abraham Meachern
- Aloysious Moore
- Tom Floodwood
- James Black Bull
- Benito Juan
- Seymour Wauketch
- Anselmo Lucas
- Chico Francisco
- Roy Wolfe
- Matt Smith
- Two Teeth
- Pugay Beel
- Merbert Conley
- Jack Root
- Charlie Clafflin
- John Hall
- Amos Deer
- Ne Bow O Sah
- Thomas Chasing Bear
- Dan Ach Onginiwa
- Joseph Bigname
- Falkkas
- Steve Simons
- James Two Crows
- F.C. Eagle
- Andrew Dancer
- Apolorio Moranda
- Harry Miller
- Herbert Iron
- Fred Collins
- John Coal on Fire
- Joseph D. Marshall
- Willie George
- James Hathorn
- Ira Girstean
- Edward Hedges
- Omudis
- Guy Crow Neck
- John Big
- A. Kennedy
Des gens appartenant à des nations autochtones en provenance de tous les Etats-Unis furent placés dans l’asile. Les archives montrent que les conditions sanitaires y étaient horribles. En plus d’être enchaînés aux lits et à la tuyauterie, les patients étaient obligés de se vautrer dans leurs propres excréments et des draps propres n’étaient que rarement distribués. De l’opinion du Dr Hummel, la folie augmentait parmi les Indiens et il avait probablement raison dans la mesure où la famine artificielle créée et bien documentée qui sévissait dans les réserves indiennes causait bien de la douleur et de la souffrance. Les Indiens arrachés à leur culture étaient poussés toujours plus avant dans les couloirs de plus en plus étroits de la “civilisation” forcée et de “l’assimilation” (toute aussi forcée…)
La pure vérité au sujet de cette chambre de l’horreur ne sera peut-être jamais vraiment connue, mais ceci fut clairement un cas de mélange particulièrement empoisonné et toxique de médecine et de politique.