Russell Means prend ici le contre-pied de bien des idées reçues affirmées contre vents et marées par l’anthropologie et l’ethnologie « orthodoxes », qui rappelons-le, comme toute science, sont sous contrôle des payeurs, de ceux qui fournissent argent et logistique pour que la « science » corrobore ce qui DOIT être, souvent bien plus que ce qui EST.
Sa narration de sa mise au défi des archéologues dans leur convention vaut à elle seule son pesant d’or, une intervention à la Russell Means pur sucre… Jubilatoire!
— Résistance 71 —
Les mensonges proférés à notre sujet
Russell Means
Traduit de son livre testament “If you’ve forgotten the name of the clouds, you have lost your way”, 2012
par Résistance 71
3ème partie
A chaque fois qu’une discussion commence au sujet des avantages relatifs à la société matriarcale en opposition à la société patriarcale, ou sur le style de vie des peuples indigènes en comparaison avec le style de vie moderne post-industriel, un nombre de vieux mythes se voulant honorables sont cités par les avocats de la “modernité” afin de discréditer le sauvage ou l’ “homme naturel” primitif. Il est important de considérer ces mythes un par un et de voir lequel ou lesquels, s’il y en a, a le mérite soit de la logique, soit de la preuve de son côté.
Rappelez-vous toujours: Les conquérants et les vainqueurs des guerres ont écrit les livres d’histoire.
- Le mythe de la saleté: dès lors que les peuples indigènes vivent dans des sociétés où tout est organique et retournent aux éléments desquels ils proviennent, il n’y a de fait aucune accumulation de déchets. Ajoutez à cela qu’il n’y a jamais eu de surpopulation, et nous pouvons constater que ce qui est appelé “ordure, déchet” ou “poubelle” dans nos temps modernes, est juste considéré comme un engrais dans la société indigène. Sans aucune accumulation de zones d’ordures, il n’y avait de fait aucun terrain fertile pour l’éclosion de maladies. En ce qui concerne l’hygiène personnelle, qui a le plus de chance d’être plus propre: un “sauvage” qui se purifie lui-même dans les inipi tous les quelques jours, ou l’homme “civilisé” qui se lave une fois par an ou moins ?
- Le mythe des maladies: Les maladies étaient virtuellement inconnues avant l’arrivée de l’homme blanc, comme l’a démontré le manque total de résistance immunitaire des natifs aux pathogènes européens importés qui ont décimés les populations des Amériques. Les archéologues furent stupéfaient de ne pas découvrir de dents pourries dans les corps retrouvés dans les tombes pré-colombiennes qu’ils volaient.
- Le mythe de la mortalité à un jeune âge: Les anciens des Indiens des plaines nous disent qu’avant l’arrivée des blancs, il n’était pas rare que des personnes vivaient jusqu’à 150 ans. Depuis leur arrivée, la longévité des Indiens n’a fait que chuter, elle est maintenant de 43 ans en moyenne aujourd’hui dans la réserve Sioux de Pine Ridge dans le sud-Dakota.
- Le mythe de la famine: Les peuples indiens vivaient en équilibre avec leur environnement. Dans les périodes de disette, ils mettaient moins d’enfants au monde. Les sources alimentaires étaient très nombreuses et très diverses, les gens n’étaient pas dépendants d’une monoculture qui amène une catastrophe en cas d’échec d’une culture ou d’un élevage.
- Le mythe de la sauvagerie: Qui peut être plus sauvage que les inventeurs de l’Inquisition ? Les Européens sont célèbres pour la myriade de formes de torture qu’ils perfectionnèrent les uns sur les autres, les victimes étaient écartelées, démembrées, éviscérées, brûlées vives, torturées sur la roue et la liste est infinie… Le scalpage a été inventé par les blancs, plus spécifiquement par les Hollandais, cela servait à collecter les récompenses pour avoir tué des Indiens hommes, femmes et enfants, dont le prix étaient différents. Payer au scalp était plus facile que payer à la tête. Originellement, les chasseurs de primes blancs étaient requis de ramener les têtes des victimes pour être payés, mais le nombre croissant d’Indiens tués a rendu la pratique plus difficile. Un bouquet de têtes étaient plus difficile à transporter, ainsi le scalpage était plus efficace.
- Le mythe de l’ignorance: Qui peut être plus ignorant qu’une société entière qui, tout en se pavanant d’être à un haut niveau de sophistication, empoisonne son environnment et crée des armes capables de détruire toute vie sur terre ? Aucune société indigène sur cette planète n’est assez ignorane pour faire ne serait-ce qu’une de ces deux choses.
L’alphabétisme est souvent tenu comme un standard de sophistication intellectuelle ou de progressisme. Gardez présent à l’esprit que les peuples qui développent une littérature, ceux qui acquièrent le langage écrit, deviennent mentalement paresseux, ils n’ont plus besoin de se rappeler. A la place des 3R de l’éducation américaine, les Lakota focalisent sur une éducation qui insiste sur les 3 “L” Look, Listen, Learn (Regarder, Ecouter, Apprendre). Ce type d’éducation est parfaitement adaptée au style de vie indigène pour lequel la connaissance importante est dérivée de la Loi Naturelle. De manière démontrable, les peuples indigènes autour du monde obtiennent la connaissance nécessaire pour des sociétés s’épanouissant sur le très long terme, avec aucun impact négatif sur l’environnement. Dans cette situation, il n’y a clairement aucune nécessité pour un langage écrit. Quel système est le “meilleur” ? Vous devez vous poser la question de savoir quel système fonctionne le mieux ? Si les Indiens des Amériques étaient si “ignorants”, pourquoi donc les envahisseurs blancs eurent-il besoin répétitivement de l’aide des Indiens afin de simplement survivre ? Qui est le véritable ignorant ici ? - Le mythe du sacrifice humain: Afin de justifier le meurtre, la mise en esclavage et la torture à mort des Indiens, pour aussi voler leur or et leurs terres, il fut très utile de pouvoir les étiqueter sous le vocable de païens, d’infidèles et de pratiquants de sacrifices humains. Les prêtres espagnols et les conquistadores sous le commandement de Cortez, passèrent 2 pleines années à traquer tous les livres aztèques qu’ils purent trouver, au travers de l’empire Aztèque et les brûlèrent tous. Des livres sur une astronomie très avancée, des livres de mathématiques, de médecine et qui sait quoi d’autre, tous perdus, à tout jamais. Il devient alors très pratique qu’il n’y ait plus de preuves écrites pour contredire les affirmations des Espagnols sur les sacrifices humains et autres atrocités soi-disant commises par les Aztèques. Les Espagnols purent fabriquer tous les mensonges qu’ils voulurent, sans aucune preuve pour les contredire, ces mensonges sont alors devenus partie de la perception du public sur les Aztèques en tant que gens cruels et assoiffés de sang. Mais le rapport moderne sur les Aztèques, et ceci est corroboré par des trouvailles archéologiques récentes, est prouvé historiquement faux. Une fois que tous les livres aztèques furent brûlés, il n’y eut plus aucune documentation écrite de la pratique ancienne des opérations à cœur ouvert que les Aztèques maîtrisaient. Ceci fut très facile donc, pour les Espagnols ignares de les condamer comme “sauvages” pour pratiquer des “sacrifices humains”. Des archéologues pilleurs de tombes ont trouvé des plaques d’or ou d’ivoire qui étaient utilisées pour remplacer et réparer des sections de crâne entières qui avaient été endommagés lors d’accidents ou enlevées pour pratiquer de la chirurgie du cerveau très complexe. Comme le confirme les descendants actuels des Aztèques au Mexique, leurs ancêtres étaient très efficaces dans l’utilisation d’herbes et de racines capables de ralentir le rythme cardiaque à des fins chirurgicales ; seulement récemment ont commencé quelques anthropologues culturels à reconnaître ce fait, qui est connu des praticiens Aztèques depuis les temps pré-colombiens. Cette évidence soutient l’argument que les cérémonies rituelles rapportées par les Espagnols comme étant des sacrifices humains n’étaient en fait que des procédures médicales sophistiquées.
Comme les nazis, les patriarques du monde et à travers de l’histoire ont été bien informés de tactiques arrivant à point nommé pour diaboliser leur ennemi, “l’autre”, en l’accusant de leurs propres crimes et atrocités. En réalité, c’est le patriarcat qui continue de pratiquer les sacrifices humains de nos jours, spécifiquement dans des endroits comme le Texas et la Floride (NdT: Les deux états où il y a le plus d’exécutions au pays du goulag levant, ex-USA). Accompagnés par des dogmes religieux, un rituel et une certaine solennité, les condamnés (trop souvent innocents) hommes et femmes, sont mis à mort de manière “scientifique”. Comme dans tout sacrifice humain, le dieu de la vengeance est soi-disant appaisé et quelques bénéfices sont supposés en être tirés, comme le refus de commettre de futurs crimes, alors que chaque étude scientifique légitime jamais conduite a démontré que le “facteur dissuasion” n’est qu’un leurre et un mensonge.
Durant la guerre également, de jeunes hommes et femmes sont envoyés combattre avec une connaissance certaine que beaucoup mourront et que de leur sacrifice en résultera un soi-disant bénéfice. Notez bien que ce ne sont jamais les patriarques qui marchent vers le risque de mourir, mais seulement ceux qui sont trop jeunes, trop innocents et trop naïfs pour en savoir plus. Et c’est en cela que réside le soi-disant bénéfice ? Voilà le sacrifice humain dans sa forme la plus psychopathe. - Le mythe de la guerre: d’après bon nombre “d’experts” blancs, les nations indiennes d’Amérique du nord étaient engagées dans une guerre quasi permanente. Celles-ci étaient soi-disant des “sociétés de guerre” et ce à un degré où le membre mâle de la société indienne est toujours identifié comme étant un “guerrier”.
Il y a un dicton Lakota qui dit ceci: “Les vieillards et les mères connaissent la folie de s’engager dans la bataille”. Lorsque des désaccords ne pouvaient pas être résolus entre nations indiennes, la dispute était alors règlée de manière bien moins dangereuse qu’un match moderne de football américain professionnel.
Lorsque le temps des traités est venu, le gouvernement américain a dit qu’il devrait y avoir des lignes imaginaires autour de votre territoire. Donc nous avons tracé des lignes sur une carte qui comprenaient la zone englobant nos mouvements. D’autres peuples et de plus petits groupes comme les Mandan, les Arikara et les Hidatsa, vivaient dans cette zone plus large que nous fréquentions et qui en accord avec les traités étaient notre territoire. Alors l’homme blanc y jeta un œil et ne puis y comprendre quoi que ce soit à la situation. Comment le territoire d’une nation peut-il se trouver dans le territoire d’une autre ? Quand vus comprenez que chaque aiguille de pin, chaque pierre, chaque grain de sable est sacré, excluriez-vous les êrtres humains de cette sanctité. Ainsi il était facile pour nos de partager cette partie de la terre les uns avec les autres et de commercer les uns avec les autres.
Chez les Amérindiens, chaque territoire d’une nation était entouré de territoires partagés, en commun où vous pouviez rencontrer d’autres gens. Si de jeunes gens dans les terres partagées se conduisaient de manière brutale ou idiote, comme le font parfois de jeunes gens pendant des concours ou des démonstrations de bravoure et d’athléticité et si quelqu’un y était blessé ou tué, ceci ne causait pas une guerre. Comme cela est très commun avec les peuples indigènes du monde, nous avons des mécanismes pour résoudre les conflits entre les gens.
Nos désaccords entre nations indiennes étaient, des mots de Vine Deloria Jr: “largement résolus sans verser le sang.” Par exempe les six nations (iroquoises) règlaient les différents au cours d’un match de Lacrosse. Les nations indiennes du sud avaient un jeu à deux crosses similaire à Lacrosse. Les Indiens de la région atlantique avait un jeu qui ressemblait au football. Bien sûr ces parties pouvaient être violentes, mais les différents y étaient réglés dans verser le sang. Les Maoris de Nouvelle-Zélande, qui tatouent leurs visages avec des dessins très compliqués, règlent leurs disputes dans une compétition de celui qui fait la grimace la plus horrible, expressions facilaes qui sont renforcées par les tatouages. Le gagnant est celui qui fait l’expression la plus horrible. Incidemment, la plus haute insulte pour les Maoris est un défaut d’expression faciale.
Les peuples indigènes sont souvent amusés d’entendre ce que les archéologues écrivent à leur sujet. Le plus souvent, ce qui est écrit est simplement scandaleux. J’ai participé à une convention de l’American Association of Archeologists (AAA), une convention de pilleurs de tombes en quelque sorte, afin de mettre au défi leur affirmation que les Amérindiens étaient des “peuples de la guerre”. J’ai demandé ceci à l’assemblée d’archéologues:
“Dans toutes les tombes pré-colombiennes que vous avez pillé, avez-vous jamais trouvé une simple arme de guerre ? Si vous pouvez produire une seule arme de guerre que vous aavez collecté dans une de ces tombes, je me suiciderai ici, sur cette estrade, devant vous !”
Ne croyez-vous pas que quelques uns de ces archéolos auraient adoré de me voir m’exterminer juste là sur l’estrade ? ou du moins d’essayer de me convaincre de le faire en argumentant ? Quoi qu’il en soit, étant des pilleurs de tombes très experts en la matière, ils savaient la différence entre l’alignement des plumes de l’empennage et la pointe d’une flèche sur des flèches de chasse faites pour percer des côtes verticales et des flèches de guerre faites pour percer des côtes horizontales humaines (flèches qui sont couramment trouvées du reste dans les tombes européennes qu’ils pillent…). Quelle fut la réponse à mon défi de la part de cette assemblée de pilleurs de tombes ? Un silence assourdissant !