Archive pour colonialisme et terrorisme d’état

Occident et colonialisme…

Posted in actualité, altermondialisme, colonialisme, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, politique et social, politique française, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , on 6 août 2015 by Résistance 71

… C’est toujours avec grand plaisir que nous lisons et relayons les articles lucides sur le cœur des problèmes des peuples du monde: le colonialisme. Nous l’avons dit et le répétons, le colonialisme en général et la colonialisme occidental en particulier ces 500 dernières années est le FLÉAU global à éradiquer. Le seul moyen pour  parvenir est le changement radical de paradigme politico-social, car il est clair qu’il n’y a pas et n’y aura jamais de solutions au sein du système !

— Résistance 71 —

A lire sur le fléau du colonialisme

 

La colonisation occidentale le plus important boulerversement démographique de l’histoire de l’humanité

 

René Naba

 

2 Août 2015

 

url de l’article original:

http://www.madaniya.info/2015/08/02/la-colonisation-occidentale-le-plus-important-bouleversement-demographique-de-l-histoire-de-l-humanite/?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed:+madaniya+%28Madaniya.info+-+Civique+et+citoyen%29

 

«L’histoire se rit des prophètes désarmés», Machiavel.

L’Histoire se rit aussi des peuples désarmés et déboussolés.

1- LA MÉDITERRANÉE UN CIMETIÈRE MARIN

30 000 personnes ont péri en dix ans entre 1995 et 2015 aux portes de l’Europe dont 3.500 en 2014 et 1.800 pour le premier semestre 2015. Un nombre record de 137 000 migrants ont traversé la Méditerranée dans des conditions périlleuses au cours du premier semestre 2015, soit une hausse de 83% par rapport au premier semestre 2014. La situation devrait empirer avec l’été : le nombre de migrants en Méditerranée était passé en 2014 de 75 000 au premier semestre à 219 000 à la fin de l’année, selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés.

L’Union Européenne a mis sur pied un plan d’urgence pour soulager la Grèce et l’Italie, premiers pays concernés par l’afflux de migrants. Selon ce plan, l’Union européenne doit se partager la prise en charge de 40.000 demandeurs d’asile originaires de Syrie et d’Érythrée arrivés en Italie et en Grèce depuis le 15 avril. La France serait censée en accueillir 4 051 venant d’Italie et 2 701 venant de Grèce. Paris devrait également accueillir 2 375 des 20 000 réfugiés reconnus par les Nations unies, qui demandent pour eux une protection internationale.

En comparaison, du fait des guerres de prédations économiques menées par le bloc atlantiste contre les pays arabes, Le Liban, la Turquie et la Jordanie accueillent à eux seuls plus de quatre millions de réfugiés syriens, alors que la France n’en a accueilli que 500 à titre humanitaire depuis 2011 ! « Dans une maison (…), il y a une canalisation qui explose, elle se déverse dans la cuisine. Le réparateur arrive et dit j’ai une solution : on va garder la moitié pour la cuisine, mettre un quart dans le salon, un quart dans la chambre des parents et si ça ne suffit pas il reste la chambre des enfants », a ironisé Nicolas Sarkozy, occultant, lui, ce fils d’immigrés, Français de « sang mêlé », comme il se définit, sa lourde responsabilité dans la destruction de la Libye et de la projection migratoire qui s’est ensuivi vers le Nord de la Méditerranée.

Retour sur ce naufrage civilisationnel

II- UN FARDEAU DE L’HOMME BLANC OU UNE PRÉDATION DE LA PLANÈTE ?

« C’était au début du printemps 1750 que naquit le fils d’Omoro et de Binta Kinté, dans le village de Djoufforé, à quatre jours de pirogue de la côte de Gambie ». (Roots : The saga of an american family (1976) Alex Haley, titre de l’ouvrage en français « Racines » (2).
Curieux cheminement. Curieux croisement : alors que l’Africain du Sine Salloum, région natale de l’auteur de l’ouvrage « Roots », en même temps que celle du signataire de ce papier, était extirpé de ses racines par les colonisateurs de la Sénégambie pour se projeter au-delà des océans en vue de contribuer à la prospérité du Nouveau Monde, les Français et Anglais, Espagnols et portugais, d’abord, au XVIII me -XIX me siècle, puis les Libanais et les Syriens, ensuite au XX me siècle, étaient conduit à l’exode sous l’effet des contraintes économiques.
Un mouvement parallèle… Le Noir allait peupler l’Amérique, quand le blanc se substituait à lui sur son continent, comme intermédiaire entre colonisateurs et colonisés.

Cinquante-deux millions de personnes, colons en quête d’un gagne-pain, aventuriers en quête de fortune, militaires en quête de pacification, administrateurs en quête de considération, missionnaires en quête de conversion, tous en quête de promotion, se sont expatriés du « Vieux Monde », en un peu plus d’un siècle (1820-1945), à la découverte des nouveaux mondes, lointains précurseurs des travailleurs immigrés de l’époque moderne.
Au rythme de 500 000 expatriés par an en moyenne pendant 40 ans, de 1881 à 1920, vingt huit millions (28) d’Européens auront ainsi déserté l’Europe pour peupler l’Amérique, dont vingt millions aux États-Unis, huit millions en Amérique latine, sans compter l’Océanie (Australie, Nouvelle Zélande), le Canada, le continent noir, le Maghreb et l’Afrique du sud ainsi que les confins de l’Asie, les comptoirs enclaves de Hong Kong, Pondichéry et Macao.
Cinquante deux millions d’expatriés, soit le double de la totalité de la population étrangère résidant dans l’Union Européenne à la fin du XX me siècle, un chiffre sensiblement équivalent à la population française.

Principal pourvoyeur démographique de la planète pendant cent vingt ans, l’Europe réussira le tour de force de façonner à son image deux autres continents, l’Amérique dans ses deux versants ainsi que l’Océanie et d’imposer la marque de sa civilisation à l’Asie et l’Afrique.

« Maître du monde » jusqu’à la fin du XX me siècle, elle fera de la planète son polygone de tir permanent, sa propre soupape de sécurité, le tremplin de son rayonnement et de son expansion, le déversoir de tous ses maux, une décharge pour son surplus de population, un bagne idéal pour ses trublions, sans limitation que celle imposée par la rivalité intra européenne pour la conquête des matières premières.
En cinq siècles (XVe-XXe), 40 % du monde habité aura ainsi peu ou prou ployé sous le joug colonial européen. Prenant le relais de l’Espagne et du Portugal, initiateurs du mouvement, la Grande-Bretagne et la France, les deux puissances maritimes majeures de l’époque, posséderont à elles seules jusqu’à 85 pour cent du domaine colonial mondial et 70 % des habitants de la planète au début du XX me siècle, pillant au passage, le Portugal et l’Espagne l’or d’Amérique du sud, l’Angleterre les richesses de l’Inde, la France le continent africain.

III- L’EFFET BOOMERANG : « L’INVASION BARBARE »

Par un rebond de l’histoire, dont elle connaît seule le secret, l’effet boomerang interviendra au XXe siècle. L’Europe, particulièrement la France, pâtira de sa frénésie belliciste, avec l’enrôlement de près de 1.2, millions des soldats de l’outre-mer pour sa défense lors des deux guerres mondiales (1914-1918/1939-1945) et la reconstruction du pays sinistré. Au point que par transposition du schéma colonial à la métropole, les Français, par définition les véritables indigènes de France, désigneront de ce terme les nouveaux migrants, qui sont en fait des exogènes ; indice indiscutable d’une grave confusion mentale accentué par les conséquences économiques que cette mutation impliquait.

L’indépendance des pays d’Afrique neutralisera le rôle du continent noir dans sa fonction de volant régulateur du chômage français. L’arabophobie se substitue alors à la judéophobie dans le débat public français avec la guerre d’Algérie (1954) et la Guerre de Suez (1956), avant de muter en Islamophobie avec la relégation économique de la France à l’échelle des grandes puissances. La xénophobie française se manifestera alors d’une manière inversement proportionnelle à la gratitude de la France à l’égard des Arabes et des Musulmans, dans le droit fil de son comportement post guerre mondiale à Sétif, en Algérie, en 1945, et à Thiaroye, en 1946, au Sénégal.

Cinq siècles de colonisation intensive à travers le monde n’auront ainsi pas banalisé la présence des « basanés » dans le regard européen, ni sur le sol européen, pas plus que dans l’imaginaire occidental, de même que treize siècles de présence continue matérialisée par cinq vagues d’émigration n’ont conféré à l’Islam le statut de religion autochtone en Europe, où le débat, depuis un demi-siècle, porte sur la compatibilité de l’Islam et de la République, comme pour conjurer l’idée d’une agrégation inéluctable aux peuples d’Europe de ce groupement ethnico-identitaire, le premier d’une telle importance sédimenté hors de la sphère européo-centriste et judéo-chrétienne.

Les interrogations sont réelles et fondées, mais par leur déclinaison répétitive (problème de la compatibilité de l’Islam et de la Modernité, compatibilité de l’Islam et de la Laïcité, identité et serment d’allégeance au drapeau), les variations sur ce thème paraissent surtout renvoyer au vieux débat colonial sur l’assimilation des indigènes, comme pour démontrer le caractère inassimilable de l’Islam dans l’imaginaire européen, comme pour masquer les antiques phobies chauvines, malgré les copulations ancillaires de l’outre-mer colonial, malgré le brassage survenu en Afrique du Nord et sur le continent noir, malgré le mixage démographique survenu notamment au sein des anciennes puissances coloniales (Royaume-Uni, France, Espagne, Portugal et Pays Bas) du fait des vagues successives des réfugiés du XX me siècle d’Afrique, d’Asie, d’Indochine, du Moyen-Orient et d’ailleurs ; malgré les vacances paradisiaques des dirigeants français à l’ombre des tropiques dictatoriaux ; comme pour dénier la contribution des Arabes à la Libération de la France ; le rôle de la Libye et de l’Irak de soupape de sûreté à l’expansion du complexe militaro industriel français avec leurs « contrats du siècle », en compensation du renchérissement du pétrole consécutif à la guerre d’octobre (1973).

Le rôle supplétif des djihadistes islamistes sous tutelle occidentale en tant que fer de lance du combat dans l’implosion de l’Union soviétique, dans la décennie 1980, en Afghanistan, puis dans l’implosion de la Yougoslavie (Bosnie et Kosovo), dans la décennie 1990, enfin contre la Syrie, dans la décennie 2010.

Au-delà de la polémique sur la question de savoir si « l’Islam est soluble dans la République ou à l’inverse si la République est soluble dans l’Islam », la réalité s’est elle-même chargée de répondre au principal défi interculturel de la société européenne au XXI me siècle. Soluble ou pas, hors de toute supputation, l’Islam est désormais bien présent en Europe d’une manière durable et substantielle, de même que sa démographie relève d’une composition interraciale, européenne certes, mais aussi dans une moindre proportion, arabo-berbère, négro-africaine, turque et indo-pakistanaise.
Premier pays européen par l’importance de sa communauté musulmane, la France est aussi, proportionnellement à sa superficie et à sa population, le plus important foyer musulman du monde occidental. Avec près de cinq millions de musulmans, dont deux millions de nationalité française, elle compte davantage de musulmans que pas moins de huit pays membres de la Ligue arabe (Liban, Koweït, Qatar, Bahreïn, Émirats Arabes Unis, Palestine, Îles Comores et Djibouti). Elle pourrait, à ce titre, justifier d’une adhésion à l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), le forum politique panislamique regroupant cinquante-deux États de divers continents ou à tout le moins disposer d’un siège d’observateur.

Socle principal de la population immigrée malgré son hétérogénéité linguistique et ethnique, avec près de 20 millions de personnes, dont cinq millions en France, la communauté arabo-musulmane d’Europe occidentale apparaît en raison de son bouillonnement -boutade qui masque néanmoins une réalité- comme le 29 me État de l’Union européenne.

En s’y greffant, l’admission de la Turquie, de l’Albanie et du Kosovo au sein de l’Union européenne porterait le nombre des musulmans à près de 100 millions de personnes, représentant 5 % de la population de l’ensemble européen, une évolution qui fait redouter à la droite radicale européenne la perte de l’homogénéité démographique de l’Europe, la blancheur immaculée de sa population et aux « racines chrétiennes de l’Europe ».

Au point que l’ex UMP, le parti sarkoziste en France, a institué une clause de sauvegarde, soumettant à référendum l’adhésion de tout nouveau pays dont la population excède cinq pour cent de l’ensemble démographique européen.

Pour un observateur non averti, le décompte est impressionnant : l’agglomération parisienne concentre à elle seule le tiers de la population immigrée de France, 37 % exactement, tous horizons confondus (Africains, Maghrébins, Asiatiques, et Antillais), alors que 2,6 % de la population d’Europe occidentale est d’origine musulmane, concentrée principalement dans les agglomérations urbaines. Son importance numérique et son implantation européenne au sein des principaux pays industriels lui confèrent une valeur stratégique faisant de la communauté arabo-musulmane d’Europe le champ privilégié de la lutte d’influence que se livrent les divers courants du monde islamique et partant le baromètre des convulsions politiques du monde musulman.

Fait désormais irréversible, l’ancrage durable des populations musulmanes en Europe, la généralisation de leur scolarisation, l’affirmation multiforme de leur prise de conscience ainsi que l’irruption sur la scène européenne des grandes querelles du monde islamique, le bouleversement du paysage social et culturel européen qu’elles auront impliquées au dernier quart du XX me siècle ont impulsé un début de réflexion en profondeur quant à la gestion à long terme de l’Islam domestique.

Toutefois, sous l’effet de la précarité économique et de la montée des conservatismes, l’Europe, sous couvert de lutte contre le terrorisme, en particulier la France, a pratiqué depuis un quart de siècle une politique de crispation sécuritaire illustrée par la succession de lois sur l’immigration (lois Debré-Pasqua-Chevènement-Sarkozy-Hortefeux), apparaissant comme l’un des pays européens les plus en pointe dans le combat anti-migratoire, alors même que sa population immigrée a baissé de 9 % en une décennie (1990-1999).

L’euphorie qui s’est emparée de la France à la suite de la victoire de son équipe multiraciale à la coupe du monde de Football, en Juillet 1998, n’a pas pour autant résolu les lancinants problèmes de la population immigrée, notamment l’ostracisme de fait dont elle est frappée dans sa vie quotidienne, sa sous-employabilité et la discrimination insidieuse dont elle fait l’objet dans les lieux publics. Avec les conséquences que comportent une telle marginalisation sociale, l’exclusion économique et, par la déviance qu’elle entraîne, la réclusion carcérale.

Les attentats anti-américains du 11 septembre 2001 ont relancé la xénophobie latente au point que se perçoit lors des grands pics de l’actualité, tel le carnage de Charlie Hebdo en janvier 2015, une véritable ambiance d’arabophobie et d’islamophobie.

Trente ans après la révolution opérée dans le domaine de la communication, quinze ans après la communion interraciale du Coupe du monde 1998, les Arabes et les Africains demeurent en France des « indigènes », sous-représentés dans la production de l’information, d’une manière générale dans l’industrie du divertissement et de la culture, et d’une manière plus particulière dans les cercles de décision politique pour l’évidente raison qu’ils sont difficilement perçus comme des producteurs de pensées et de programmes, alors que leur performance intellectuelle ne souffre la moindre contestation.

Au seuil du III me millénaire, la France souffre d’évidence d’un blocage culturel et psychologique marqué par l’absence de fluidité sociale. Reflet d’une grave crise d’identité, ce blocage est, paradoxalement, en contradiction avec la configuration pluriethnique de la population française, en contradiction avec l’apport culturel de l’immigration, en contradiction avec les besoins démographiques de la France, en contradiction enfin avec l’ambition de la France de faire de la Francophonie, l’élément fédérateur d’une constellation pluriculturelle ayant vocation à faire contrepoids à l’hégémonie planétaire anglo-saxonne, le gage de son influence future dans le monde.

Au seuil du XXI me siècle, la France offre ainsi le spectacle d’un état aux pouvoirs érodés tant par la construction européenne que par la mondialisation, une société marquée par la désagrégation des liens collectifs, de partis politiques coupés des couches populaires, d’une gauche socialiste à la remorque des thèmes de mode, d’une droite à la dérive reniant ses idéaux, les deux dévastés par les affaires de corruption avec un noyau dur de l’extrême droite représentant 1/5 du corps électoral, une nation mimée par la montée des corporatismes et du communautarisme ainsi que par l’exacerbation, sur fond des guerres de prédation des économies de la rive sud de la Méditerranée (Libye, Syrie), se superposant au conflit israélo-palestinien et à l’antagonisme judéo arabe sur le territoire national. Une France plongée dans la pénombre, en pertes de repères, en quête de sens, victime des remugles de sa mémoire. Le contentieux non apuré en France à propos de Vichy et de l’Algérie continue de hanter la conscience française, de même que son passif post colonial.

Quatre ans après la chute de Kadhafi, la Libye apparaît comme une zone de non-droit, déversant vers l’Europe un flux migratoire constant, lointaine réplique d’une colonisation intensive de l’Occident de l’ensemble de la planète provoquant un bouleversement radicale de la démographie et de l’écologie politique et économique de quatre continents (Afrique, Amérique, Asie, Océanie), sans la moindre considération pour le mode de vie indigène, sans la moindre préoccupation pour un développement durable de l’univers. Sans le moindre motif que la cupidité.

Les cargaisons migratoires basanées projetées navalement par la Libye vers la rive occidentale de la Méditerranée, au-delà du risque qu’elles font planer selon les puristes européens sur la blancheur immaculée de la population européenne, résonne dans la mémoire des peuples suppliciés comme la marque des stigmates antérieures que l’Europe a infligées des siècles durant aux «damnés de la terre» et qu’elle renvoie désormais à sa propre image. Une image de damnation.

« La France n’aime pas qu’on lui présente la facture de son histoire. Elle préfère se présenter comme l’oie blanche innocente qu’elle n’a jamais été. Ce n’est pas ainsi que perdure une grande nation, mais en respectant ses valeurs. Le dire, c’est servir son pays. Le nier c’est l’offenser », Noël Mamère dixit.
L’histoire est impitoyable avec les perdants. Elle est tout aussi impitoyable avec ceux qui l’insultent.

René Naba

Notes

  1. René Naba est l’auteur de l’ouvrage «Du Bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français», (Harmattan 2002) dont est extrait ce chapitre, cf à ce propos «Sur le flux migratoire mondial au XX me siècle – http://www.renenaba.com/les-colonies-avant-gout-du-paradis-ou-arriere-gout-denfer/

Alex Haley : De son vrai nom Alexander Murray Palmer Haley, né le 11 août 1921 à Ithaca, mort le 10 février 1992 à Seattle. Écrivain noir américain, il est connu notamment grâce à sa collaboration à l’autobiographie de Malcolm X et surtout Roots, le livre qui changea la compréhension du problème noir aux États-Unis).

Guerre et impérialisme occidental: La France et les trois angles morts de la commémoration

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Les manipulations médiatiques sur les poilus lors de la commémoration de l’armistice

 

Saïd Bouamama

 

17 Novembre 2014

 

url de l’article:

http://www.michelcollon.info/Manips-sur-les-poilus-3-angles.html?lang=fr

 

Le centenaire du déclenchement de la première guerre mondiale a donné une dimension particulière aux cérémonies de commémoration de l’armistice. L’inauguration d’un « Anneau de la mémoire » à Notre-Dame-de-Lorette par le président de la république a été une nouvelle occasion de justifier les interventions militaires françaises en Afrique et au Moyen-Orient. « Ce sont nos militaires qui se battent encore au Mali, qui évitent des massacres en Centrafrique ou nos aviateurs qui en Irak luttent contre le fanatisme » déclare François Hollande pour souligner que « la paix a besoin de militaires ». Les discours politiques et médiatiques à l’occasion de cette commémoration font apparaître au moins trois angles morts : le silence assourdissant sur les mutineries de soldats, le mutisme généralisé sur les conditions de recrutements des « tirailleurs » issus des colonies, l’absence de référence aux modalités d’utilisation de ces soldats coloniaux. Ces angles morts non exhaustifs sont au service d’une conclusion mensongère assénée en permanence : l’Europe c’est la paix.

Silence assourdissant sur les mutins et fusillés pour l’exemple

Il a beaucoup été question de « patriotisme » dans le discours de Hollande à l’occasion du 11 novembre (1). Il en appelle même à un « patriotisme social » c’est-à-dire à une « Union sacrée » qui unirait ceux que leurs intérêts économiques et sociaux opposent. Au cours de la première guerre mondiale certains vont refuser cette « Union sacrée » pour une guerre qui n’est pas la leur. Henri Barbusse a dès 1916 décrit le sentiment vécu par de nombreux poilus d’une guerre où certains meurent pour les profits d’autres :

« Après tout pourquoi fait-on la guerre ? Pourquoi, on n’en sait rien ; mais pour qui, on peut le dire. On sera bien forcé de voir que si chaque nation apporte à l’idole de la guerre la chair fraîche de quinze cents jeunes gens à égorger chaque jour, c’est pour le plaisir de quelques meneurs qu’on pourrait compter ; que les peuples entiers vont à la boucherie, rangés en troupeaux d’armées, pour qu’une caste galonnée d’or écrive ses noms de prince dans l’Histoire ; pour que des gens dorés aussi, qui font partie de la même gradaille, brassent plus d’affaires […] Et on verra, dès qu’on ouvrira les yeux que les séparations qui se trouvent entre les hommes ne sont pas celles qu’on croit, et que celles qu’on croit ne sont pas (2). »

Les formes d’expression du refus plus ou moins affirmé de participer à la guerre sont multiples : automutilation, refus de montée en ligne, non-exécution des ordres, etc. Ils seront nombreux à être « fusillés pour l’exemple » après le passage devant une justice militaire sommaire. Les évaluations quantitatives du nombre de fusillés diffèrent. Elles varient de 500 à 800 soldats pour l’ensemble de la guerre (3) pour un total de 3500 condamnations pour refus de combattre. Au cours de l’année 1917 le refus de la guerre se fait collectif sous la forme de mutineries. On en dénombre 111 pour l’année 1917 conduisant à 1700 condamnations (4). Si les motivations des mutins sont multiples et hétérogènes, le refus de l’Union Sacrée est incontestable comme en témoigne les paroles de la chanson de Craonne écrites par un auteur anonyme :

Ceux qu’ont le pognon, ceux-là reviendront, Car c’est pour eux qu’on crève, Mais c’est bien fini, car les trouffions, Vont tous se mettre en grève, Ce s’ra vot’ tour messieurs les gros, D’monter sur le plateau, Et si vous voulez faire la guerre, Payez-la de votre peau (5)

Jusqu’à aujourd’hui la réhabilitation collective des fusillés et mutins est une revendication d’un collectif d’associations regroupant la Libre pensée,l’Union pacifiste, la Ligue des droits de l’homme et l’Association républicaine des anciens combattants. Pour ne pas avoir à réhabiliter ces victimes d’une guerre impérialiste, François Hollande a demandé le 7 novembre 2013, qu’un espace soit consacré aux Invalides aux 639 soldats fusillés pour désertion au cours de la guerre. Cette esquive tente de calmer les revendications de réhabilitation tout en maintenant un silence sur le caractère impérialiste de la guerre. Les médias contribuent par leur silence à cette esquive idéologique consistant à classer une question sans la traiter réellement.

Mutisme généralisé sur le « recrutement » des soldats coloniaux

Les soldats coloniaux ont été en revanche présents dans le discours commémoratif du président. Le monument de Notre-Dame-de-Lorette comprend des noms de soldats issus d’une quarantaine de pays dont ceux issus des anciennes colonies. Le 7 novembre 2013, lors du lancement des commémorations officielles du centenaire de la Grande Guerre, le président de la république déclare :

« Comment ne pas saluer les 430 000 soldats venant de toutes les colonies, de l’Afrique à l’Asie du Sud-Est et qui ont pris part à une guerre qui aurait pu ne pas être la leur. Ils y ont participé pour la France, et cet engagement fut ensuite au cœur de leur légitime exigence d’émancipation et d’indépendance. La France a souscrit une dette d’honneur à l’égard de leurs descendants qu’ils soient en Afrique, en Asie ou qu’ils soient aujourd’hui citoyens français. Cette dette d’honneur, nous l’honorons, en ce moment-même au Mali, pour lutter contre le terrorisme et préserver, à notre tour, l’intégrité d’un pays démocratique (6). »

Associer la mémoire des soldats coloniaux à une intervention militaire néocoloniale révèle une logique de pensée qui n’a en rien rompu avec le mépris des indigènes qui a marqué toute l’époque coloniale et tout l’empire colonial français. Présenter l’enrôlement des indigènes comme un « engagement » est tout simplement un mensonge. Rappelons également que le mépris colonial a été présent jusqu’au traitement des « fusillés pour l’exemple » pendant la guerre. Le général Foch ordonne l’exécution de 10 % de l’effectif d’une compagnie de tirailleurs coloniaux dans les termes suivants :

« Les ordres portent qu’il soit tiré au sort un tirailleur sur dix de la compagnie qui a refusé de marcher, sans préjudice des instigateurs de ce refus d’obéissance s’ils venaient par la suite à être connus. Que les tirailleurs désignés par le sort soient promenés devant le front avec un écriteau en français et en arabe portant le mot « lâche », qu’ils soient fusillés aussitôt après (7). »

Il est vrai que la sanction collective faisait alors partie du code de l’indigénat. Ces soldats fusillés se sont-ils réellement engagés et dans quelles conditions ? Il n’est pas inutile de rappeler les conditions d’enrôlement des indigènes dans l’armée à l’époque.

Avant l’imposition de la conscription en 1912 les soldats coloniaux sont uniquement des « engagés volontaires ». Les premiers « volontaires » sont des esclaves rachetés par l’armée. L’abrogation de l’esclavage « provoqua aussitôt une crise du recrutement. Trois ans après 1848, seuls trois candidats s’étaient portés volontaires ; or il fallait au moins deux cent hommes pour assurer la garnison (8) ». Cet exemple du Sénégal se retrouve dans les autres colonies d’Afrique subsaharienne. C’est donc la difficulté à recruter des « volontaires » qui aboutit à la décision d’imposer la conscription.

La France, souligne l’historien canadien Myron J. Echenberg est « la seule puissance à imposer la conscription universelle des hommes aussi bien en période de paix qu’en temps de guerre, et ce, sur presque un demi-siècle, soit de 1912 à 1960 »(9). Voyons comment se réalisent ces « recrutements » en commençant par l’Afrique subsaharienne et en donnant la parole au comité scientifique international de l’UNESCO :

« Après l’ouverture des hostilités, alors que l’Afrique occidentale comptait à elle seule 14785 soldats africains, il fut décidé d’en recruter 50 000 autres au cours de la période 1915-1916. C’est alors que commença en Afrique française ce que le gouverneur Angoulvant a appelé « une véritable chasse à l’homme » et que Jide Osuntokun a récemment qualifié de nouvelle traite des noirs. Ayant à fournir un certain contingent de recrues, les chefs s’emparaient d’étrangers et d’anciens esclaves pour éviter d’enrôler leurs enfants ou leurs parents. Les naissances n’étant pas enregistrées, nombreuses furent les recrues qui avaient dépassé ou n’avaient pas encore atteint l’âge de porter les armes. Mais comme nous le verrons, la campagne de recrutement provoqua d’importantes révoltes, et il fut impossible de lever des troupes dans les régions en rébellion (10). »

Les révoltes contre la conscription sont fréquentes. A l’issue de l’une d’elle au Mali, le gouverneur François Clozel est contraint de constater « l’hostilité incoercible, absolue, définitive des populations au recrutement (11) ». La situation n’est pas meilleure en Afrique du Nord. Voici un témoignage de révolte contre la conscription dans la région de Mascara en Algérie :

« La population de Sidi Daho se révolte le 21 septembre 1914 et refuse que les quarante enfants recensés pour le service militaire partent. Les notables furent arrêtés et les jeunes emmenés de force à la caserne, sans l’examen médical préalable et sans le tirage au sort prévu. L’armée française occupa la région, installa canons et mitrailleuses. Certains détenus ne seront libérés qu’à la fin de la première guerre mondiale en novembre 1918, d’autres envoyés à Cayenne dont un seul reviendra après la deuxième guerre mondiale (12). »

En Asie la situation est similaire. Le futur président Ho Chi Minh donne dans ses textes de l’époque de nombreux exemples. Citons-en un :

« Si les Annamites étaient tellement enchantés d’être soldats, pourquoi les uns étaient-ils enchaînés, tandis que d’autres étaient, en attendant l’embarquement, enfermés dans un collège de Saïgon, sous l’œil des sentinelles françaises, baïonnettes au canon, fusils chargés ? Les manifestations sanglantes du Cambodge, les émeutes de Saïgon, de Bien Hoa et d’ailleurs, étaient-elles donc les manifestations de cet empressement à s’engager « en foule » et « sans hésitation » ? (13) »

Economiser le sang blanc en sacrifiant le sang noir

Les discours militaires et politiques de l’époque sur les soldats coloniaux laissent apparaître un argumentaire essentialiste. La période est riche en projets militaires : Le député Adolphe Messimy défend le projet d’une armée arabe en 1908, Le colonel Charles Mangin en appelle à la création d’une « force noire » en 1909 et le général Pennequin défend l’idée d’une « force jaune » en 1912. Le colonel Mangin publie son livre La force noire en 1910 pour argumenter son projet. L’Arabe étant considéré « comme le plus ingouvernable de tous les peuples », il en appelle aux « qualités des noirs », à savoir « la rusticité, l’endurance, la ténacité, l’instinct de combat, l’absence de nervosité, et une incomparable puissance de choc ». Compte-tenu de ces « qualités » quasi-animales, il est attendu « que l’arrivée sur le champ de bataille produira sur l’adversaire un effet moral considérable (14) ». Dans la même logique essentialiste, Mangin classe les noirs en « races guerrières » que sont selon lui les Mandingues, les Bambaras et les Wolofs et « races non guerrières » qui regroupent les nomades de l’Ouest africain.

Logiquement, il en appelle à une utilisation massive des noirs dans la guerre. La guerre sera une « guerre d’effectifs » pense-t-il, et la mobilisation des noirs doit permettre d’économiser des vies blanches. Jusqu’en 1917 les idées de Mangin influenceront le commandement général. Devenu entretemps général de brigade en 1914, Mangin est affecté à l’état-major. Ses idées et conceptions influencent fortement le très influent général Nivelle. La pression pour un recrutement massif de noirs sur la base de cette logique raciste est tellement forte que des administrateurs coloniaux s’inquiètent des conséquences économiques possibles. Jules Cardes, Conseiller du Gouverneur Général de l’AOF, et Maurice Delafosse, directeur des Affaires indigènes et musulmanes, s’adressent au ministre Maginot :

« Ne peut-on rappeler que, malgré de sanglants avertissements, le commandement a voulu persister dans la guerre d’effectifs ? N’est-ce pas lui qui, pour apaiser l’opinion publique dont le sûr instinct allait voir juste, laissa entendre que cette guerre d’effectifs sera alimentée par de la chair noire au lieu de l’être par de la chair blanche ? [ …] Cet empire africain qui est pauvre en hommes est riche en produits ; laissez-lui sa misérable population pour le ravitaillement pendant la guerre et l’après-guerre (15). »

Cette réaction d’administrateurs coloniaux devant les difficultés et les conséquences du recrutement forcé n’est pas isolée. D’autres administrateurs soulignent les conséquences en termes de révoltes des indigènes. Cela conduit le ministre des colonies à suspendre les recrutements forcés et à n’utiliser que le recrutement volontaire. Le thème de l’économie de la chair ou du sang blanc apparaît jusque dans les directives. Le général Nivelle ordonne ainsi le 21 janvier 1917 :

« Il faut y aller par tous les moyens et ne pas ménager le sang noir pour conserver un peu de blanc (16). » Cette position n’est pas isolé, il y revient en février en demandant au ministre de la guerre que « le nombre d’unités noires mises à ma disposition soit aussi élevé que possible (tant) pour donner de la puissance à notre effectif (que pour permettre d’épargner dans la mesure du possible du sang français) (17) ».

C’est cette logique qui conduit à utiliser les troupes coloniales dans certaines missions spécifiques. Ainsi au chemin des dames dans l’Aisne, ils sont utilisés pour « enfoncer les lignes ennemies ». Il y a en fait une théorisation essentialiste de la tactique militaire. Le haut commandement considère les soldats coloniaux comme des « troupes de choc » efficaces pour percer le front. Dans ce contexte il n’est pas étonnant que les soldats noirs et maghrébins aient payés un lourd tribut aux combats du chemin des dames. Ils seront parmi les premiers gazés.

« Du 16 au 30 avril 1917, fait remarquer François Roux, 8000 tirailleurs africains sont massacrés dans l’Aisne, au Chemin des Dames, afin de « tester la qualité des positions ennemies (18) ».

Bien sûr, les soldats coloniaux n’ont pas été plus que d’autres une « chair à canon » au cours de la première guerre mondiale, mais cela révèle simplement que tous les soldats ont été considérés comme chair à canon au cours de cette guerre impérialiste. En revanche, il y a bien eu une perception essentialiste du soldat colonial conduisant à une tactique militaire discriminatoire.

Les trois angles morts que nous abordons ici rapidement ne sont pas les seuls. Ils ne sont pas seulement le fait de l’ignorance des journalistes ou des politiques. Ils contribuent à construire le roman d’une Europe qui aurait apporté la paix. Les horreurs de la guerre d’hier ne sont pas référées à des causes économiques et politiques, mais apparaissent comme le résultat de la division des nations européennes, que l’union actuelle a fait disparaître. Pour cela il convient d’homogénéiser les points de vue et les attitudes des participants au massacre impérialiste : plus de réfractaire à la guerre en 1914-1918, plus de recrutement forcé dans les colonies et plus d’utilisation raciste des soldats coloniaux. Quant à l’idée de l’Europe porteuse de paix elle montre une confusion entre la fin de la guerre sur le continent européen et la fin des guerres menés par les européens. En Irak, en Afghanistan, au Mali, en Centrafrique, en Côte d’Ivoire et malheureusement dans de nombreux autres pays, les peuples savent que l’Europe reste instigatrice ou actrice de guerre pour les richesses pétrolières, gazières et minières.

 

Notes :

1 François Hollande, dépêche AFP du 11-11-2014.

2 André Loez, 14-18. Les refus de la guerre. Une histoire des mutins, Gallimard, Paris, 2010.

3 Frédéric Durdon et Pierryk Hervé, Les fusillés de la Grande Guerre, CNDP, Paris, 2011, p. 6.

4 André Loez, 14-18. Les refus de la guerre. Une histoire des mutins, Gallimard, Paris, 2010.

5 La Chanson de Craonne est d’auteur inconnu. Elle sera interdite jusqu’en 1974 et un million de franc-or fut promis à qui dénoncerait son auteur.

6 François Hollande, discours du 7 novembre 2013, http://www.elysee.fr/declarations/a…

7 Cité in Jean-Claude Flament, 14-18 étions-nous bien défendu ?, Société des écrivains, Paris, 2014, p. 26.

8 Myron J. Echenberg, Les tirailleurs sénégalais en Afrique occidentale française, 1857-1960, Karthala, Paris, 2009, p. 33.

9 Ibid, p. 25.

10 – Michael Crowder, La première guerre mondiale et ses conséquences, in Adu Bohaen (coord.), Histoire générale de l’Afrique, tome 7, éditions de l’UNESCO, Paris, 1987, p. 319.

11 François Clozel, cité in Marc Michel, Les Africains et la Grande Guerre : l’appel à l’Afrique : 1914-1918, Karthala, Paris, 2014, p. 39

12 Moutassem-Mimouni Badra, Passion d’Algérie. Chroniques de tourments et d’obsessions, Karthala, Paris, 2006, pp. 43-45.

13 Ho Chi Min, Le procès de la colonisation française, in Ho Chi Min, Action et Révolution, 10-18, Paris, 1968, p. 44.

14 Charles Mangin, La force noire, Hachette, Paris, 1910, p. 343.

15 Jules Cardes et Maurice Delafosse, Rapport du gouverneur général au ministre Maginot, cité in Marc Michel, op.cit., p. 62.

16 Cité in François Roux, La Grande Guerre inconnue : les poilus contre l’armée française, Les Editions de Paris-Max Chaleil, Paris, 2006, p. 42.

17 Cité dans Bastien Dez, « Dans la guerre des Toubabs ». Les tirailleurs « sénégalais » en 1917, Mémoire de recherche, Paris IV-Sorbonne, 2007, p. 13.

18 François Roux, La Grande Guerre inconnue : les poilus contre l’armée française, op.cit., p. 42.

 

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Vidéo:

14-18: “On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels”

http://vimeo.com/99236165

 

Article connexe:

https://resistance71.wordpress.com/2014/11/17/sport-guerre-et-propagande-du-consentement/

Résistance au fléau de l’humanité: Solutions anti-coloniales pour une décolonisation de l’empire ~ 1ère partie ~ (Taiaike Alfred)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, police politique et totalitarisme, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , on 5 septembre 2014 by Résistance 71

“Tous les Canadiens non-autochtones ont grandement bénéficié de politiques racistes allant du vol de la terre au reniement par le gouvernement de traités officiels et solennels. Tout ceci représente la fondation même de notre richesse. Comme dans toute relation, reconnaître que ceci fut mal et un tort, ainsi que de s’en repentir, constituent les premiers pas vers une cicatrisation et une réconciliation.”
~ Diane Engelstadt ~

“L’authentique libération, le processus d’humanisation, n’est pas un autre dépôt à faire dans la tête de l’Homme. La libération est une praxis: l’action et la réflexion d’hommes et de femmes sur leur monde afin de le transformer…

Ceci est une autre dimension fondamentale de la théorie de l’action oppressive, qui est aussi vieille que l’oppression elle-même. Alors que la minorité oppressive subjugue et domine la majorité, elle doit aussi la diviser et la maintenir divisée afin de parvenir à rester au pouvoir.”
~ Paolo Freire ~

 

La grande loi du changement

 

Solutions anti-coloniales pour une décolonisation de l’empire

 

Taiaiake Alfred Ph.D

Professeur de Sciences Politiques à l’université de Victoria, BC, Canada, membre du clan de l’ours de la nation Mohawk

 

Extraits du livre “Wasase, voies indigènes d’action et de liberté” (2005, seconde édition 2009)

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

1ère partie

2ème partie

 

Ceci constitue la suite de ce que nous avons traduit et publié précédemment (https://resistance71.wordpress.com/2014/08/13/solutions-pour-lutter-contre-le-fleau-mondial-que-represente-le-colonialisme-a-son-apogee-avec-loccident-depuis-le-xveme-siecle-1ere-partie/ ) sur la résurgence indigène dans la lutte anticoloniale au Canada et en Amérique du Nord.

Dans cette partie, le professeur Alfred s’attache à définir, à analyser les méthodes de lutte, à déterminer une méthode d’évaluation du succès d’une quelconque décolonisation, du comment les colons essentiellement occidentaux peuvent être de quelque utilité et de déterminer quelques voies pour une solution au problème colonial et impérialiste.

Cette traduction d’extraits provient de la seconde édition du livre (2009), University of Toronto Press, à partir de la page 204.

-[]- Peut-on envisager une politique de résurgence (indigène) qui soit authentiquement culturelle, spirituellement enracinée et vouée à la non-violence dans sa stratégie et qui par là-même mènerait à la création d’une menace crédible pour l’ordre colonial ? Pour essayer de comprendre, penchons-nous sur le seul mouvement de masse qui fut fondé sur ces prérogatives: celui qui eut lieu en Inde lors de la campagne contre le règne impérialiste britannique, inspiré et mené par Mohandas K. Gandhi. La campagne Satyagraha fut construite sur le concept d’étapes progressives vers la liberté… Depuis sa base de non-coopération avec l’injustice, le mouvemenent élabora et mit en place d’autres idées stratégiques et tactiques, mais le refus individuel et collectif de légitimer le pouvoir britannique et de ses sbires locaux, fut la fondation solide de la délivrance du pouvoir impérial et de sa domination pour ces pays qui devinrent l’Inde et le Pakistan. Pour Gandhi, l’agitation au sein du contexte de la loi coloniale était la première étape nécessaire pour démontrer l’inefficacité des stratégies légales pour les gens opprimés et pour couper l’herbe sous les pieds de toute accusation de déraison qui pourrait être émise contre le mouvement par les forces réactionnaires dans et en dehors du mouvement. Alors seulement des formes plus fermes et plus intenses de contestation pourraient être justifiées.

La seconde étape du mouvement fut la désobéissance civile, une poussée massive du pouvoir indigène contre les structures d’état divisives et directives. Ces formes de résurgence prirent forme lorsque le peuple abandonna son allégeance à l’État et commença à se retirer de la bureaucratie coloniale et des bureaux locaux de structure coloniale qui étaient utilisés pour contrôler les populations locales. Ils commencèrent par boycotter les structures du gouvernement et développèrent dans le même temps des structures alternatives de gouvernement au sein des communautés (NdT: Ce que nous appelons le “contre-pouvoir autogestionnaire”…). Suivant la désobéissance civile, les fonctions du gouvernement colonial furent usurpées par des gouvernements populaires indigènes parallèles afin de terminer de défier l’autorité impériale. Ceci ne se produisit pas de manière uniforme à travers le pays. Les Britanniques furent vaincus par un mouvement de masse qui prit pas à pas la place de beaucoup de fonctions locales et qui fut dirigé contre des cibles institutionnelles qui émergèrent au fil des situations de terrain.

Cinquante ans après la défaite des Britanniques et la partition de leur ancienne colonie en deux pays que sont l’Inde et le Pakistan, nous pouvons analyser et considérer la véritable leçon du mouvement de Gandhi: Le chemin de la liberté pour les personnes colonisées passe par le renforcement personnel pour ensuite développer une capacité d’action collective. Nous apprenons aussi que le mouvement anti-colonial n’est pas une résistance systémique totale. Au lieu de cela, ses actions sont faites pour être spécifiques au mal ou aux injustices ciblés par le mouvement quelque que soit le lieu ou le moment de la lutte. Ceci implique une approche de coopération stratégique avec les parties du système colonial qui sont en fait bonnes ou qui ne sont pas impliquées dans les injustices spécifiques qui sont ciblées pour action par le mouvement. Ceci demande un leadership respecté, des guerriers disciplinés et entraînés, des populations spirituellement et culturellement en confiance et une motivation envers un objectif préalable fondamental.

Dans notre situation, en tant qu’Onkwehonwe (peuples habitants l’Île de la Grande Tortue ou Amérique du Nord), un tel but unifié inclusif unifierait la multiplicité des luttes locales et les aideraient à se joindre en une force concertée et focalisée. Le mouvement pourrait ensuite développer une vision alternative d’une relation entre Onkwehonwe et l’état, surtout une fois que le pouvoir colonial et la volonté de défendre un ordre injuste aient été brisés. Pour concevoir le succès d’une telle action, nos peuples doivent être une incarnation de la morale du guerrier à grande échelle, c’est à dire posséder une large et forte croyance dans la lutte pour un noble et juste cause. La dignité doit être une haute valeur, le sacrifice anobli et les méthodes de lutte doivent être bien connues de tous et pratiquées à la lettre.

[…]

Gandhi lui-même se référait aux activistes de la campagne comme des “soldats de la paix”. Je fus très étonné de lire le point de similarité entre l’idée de Gandhi sur le “guerrier” en le comparant au mot Kanienkeha (Mohawk) de Rotiskenhrakete, c’est à dire “celui qui porte la charge de la paix” et aussi comment le défunt shaman Tuscaroa Ours Fou décrivait dans son concept d’une existence pacifique et authentique d’Onkwehonwe, son concept du “guerrier amical”.

Il y a bien sûr des différences de philosophies entre l’Inde et Onkwehonwe. Les philosophies Onkwehonwe sont plus ancrées dans la nature…

Quelle est donc la synthèse ? Je pense que ce serait un mouvement anti-étatique qui serait orienté vers la reconnexion des gens à leur terre, la réunification de leurs communautés et la restauration de la sécurité culturelle chez les individus et dans les collectifs. Cela recréerait chez les gens une croyance en eux-mêmes et en leur héritage culturel et leur donnerait quelque chose pour quoi lutter en tant qu’Onkwehonwe. Une chose importante néanmoins serait que le mouvement ne soit pas lié au territoire (notion obsolète de propriété) mais à la terre ancestrale commune. Il transcendera les notions euro-américaines de temps et d’espace qui contraignent la reconnaissance de l’identité Onkwehonwe et les droits de ceux qui agissent dans des voies et des endroits de vie sanctionnés par l’État. La terre, n’est pas territoire, sauf au sens colonial du terme. Les résurgences Onkwehonwe agiront contre les limites que la société blanche a placé sur le fait d’être indigène et feront bouger librement sur nos terres ancestrales, car pour Onkwehonwe à Anowara, notre maison est partout et nous sommes tous inter-reliés. Les fronttières territoriales sont une insulte et un assaut à ce sens très autochtone de l’endroit et de l’être.

[…]

L’État est un artifice de rationalité euro-américaine, c’est mécanique, bureaucratique et en fait assez simple. La voie indigène est de respecter les relations et les formes d’organisation et de communication qui sont organiques et naturelles à l’expérience des gens, naturelle, complexe et parfois chaotique selon une perspective euro-américaine qui valorise la régularité et le contrôle par dessus tout. Un empire est fondé sur un procéduralisme obsessif et sur la loi, Kahwatsire (mot Kanienkeha/Mohawk qui désigne le fait que “tous nos feux sont connectés” en référence aux feux des conseils des nations) implique la confiance. Un empire recherche des solutions définies accomplissant la justice comme but ultime; Onkwehonwe est guidé par la compassion universelle et recherche l’accomplissement de connexions. L’empire mène à l’aliénation (NdT: Nous avons le meilleur exemple de tous aujourd’hui dans notre monde du XXIème siècle totalement dominé par l’empire anglo-américain, qui nous démontre au quotidien que l’impérialisme débridé total mène à l’aliénation totale) tandis que les voies autochtones natives génèrent le bonheur humain.

[…]

Ainsi, devant les défis politico-économiques, les leaders potentiels du mouvement (NdT: “leaders” ici ne veut pas dire chef au sens de “donneur d’ordre”, mais de personnalités naturellement plus charismatiques qui deviendront des portes-parole sans pouvoir, en référence à la “chefferie sans pouvoir” très bien étudiée par l’anthropologue politique Pierre Clastres) devront rester focalisés sur le véritable exercice du pouvoir et créer de nouvelles stratégies de mobilisation pour confronter le pouvoir coercitif de contrôle de l’État. En cela, la dimension économique est toujours des plus importante. Elle est le cadre du véritable pouvoir, en opposition avec des stratégies qui ne joueraient qu’un jeu politique au sein du système colonial. L’auto-suffisance individuelle et collective doit-être vue comme une nécessité absolue. C’est une situation qui voit notre dépendance économique être un atout majeur de contrôle utilisé par l’oppresseur colonial pour contrôler notre peuple (NdT: et par extension… Le peuple colon, lui-même colonisé au sein de son système, du moins du système de domination qu’il cautionne…).

A cet égard, le mouvement Zapatiste du Chiapas au Mexique (EZLN), par exemple, explique son propre succès à construire et à maintenir l’intégrité de son peuple et spécifiquement au développement de la capacité à confronter l’état, comme étant une fonction de la résistance à la cooptation, au noyautage:

Ils nous ont offert beaucoup de choses, de l’argent, des projets, de l’aide et quand nous avons tout rejeté, ils se sont mis en colère et nous ont menacé. C’est ainsi que nous avons compris qu’en refusant d’accepter l‘aide du gouvernement, en résistant, nous mettions les puissants en colère et il n’y a rien de mieux pour un combattant zapatiste que de mettre les puissants en colère. Alors, avec une joie singulière, nous sommes nous dédiés à résister, à dire NON, à transformer notre pauvreté en une arme, l’arme de la résistance.

Il y a des réalités pratiques incontournables comme celles de se nourrir, de se loger, de s’habiller et de soutenir les gens qui sont impliqués dans le mouvement de manière indépendante ou du moins sans le financement du gouvernement ou d’entités commerciales. Tant que nous ne pourrons pas mettre de la nourriture dans nos bouches, nous héberger, nous vêtir, nous fournir en médicaments de manière indépendante sans être obligés de dépendre de nos adversaires, nous n’aurons pas de véritable mouvement de liberté et d’émancipation. Historiquement, les nouvements idéologiques de libération ont toujours échoué de produire un changement réel dans la vie des gens opprimés. Le contrôle économique et l’auto-suffisance sont très importants et il y a très peu de personnes mis à part les Zapatistes du Mexique, qui peuvent dire qu’ils ont la capacité d’agir indépendemment du contrôle de l’État sur les ressources qui assurent la survie même des personnes physiques et des communautés. (NdT: Dans l’époque moderne, les communes anarchistes espagnoles entre 1868 et 1939 l’ont également fait et il a fallu une union sacrée étatiste entre les fascismes brun, rouge et une république modérée: la France, pour en venir à bout et restaurer le statu quo oligarchique…).

La plupart d’entre nous Onkwehonwe, ont été élevés dans une société coloniale et avons été corrompus par la richesse nous entourant et ne pouvons même pas imaginer rejeter le confort du monde moderne pour la liberté d’action en tant qu’Onkwehonwe. Les populations Mayas qui forment le cœur même du mouvement zapatiste au Mexique sont incroyablement pauvres en terme matériel et vivent enourés de colons qui ne sont qu’un peu plus riches qu’eux. Les Zapatistes sont capables de vivre de cette façon et en ont la volonté. Nos peuples ici ne l’ont pas, ceci représente la réalité de terrain.

L’auto-suffisance doit être conçue et réalisée dans le contexte de la vie de nos peuples…

La vaste majorité de nos gens a été déconnectée (par la société coloniale) de son environnement naturel dans les réserves mêmes ou dans des villes où il manque de connaissance et de force de caractère pour vivre le type de vie que vivait nos ancêtres. Le “retour à la terre” n’est tout simplement pas ou plus quelque chose de vital pour notre peuple.

Ces Onkwehonwe qui ont fait la démarche vers l’auto-suffisance sont parvenus à un degré d’indépendance pour eux-mêmes et ont acquis le soutien de leurs pairs non pas en se retirant du système, mais en défiant activement ce système économique. Ils ont conceptualisé le colonialisme comme une dépendance et ont attaqué ce problème de dépendance frontalement en recherchant des moyens alternatifs de se nourrir, de se loger et de subvenir à leur population en leurs propres termes. Ces dernières années, le mouvement Onkwehonwe d’auto-suffisance et de contrôle économique est virtuellement devenu synonyme d’entreprises de jeu et de l’établissement de casinos et de business associé avec les casinos dans les réserves indiennes.

[…]

Est-ce cela consistant avec une existence indigène authentique ?

Beaucoup de personnes parmi nos anciens les plus respectés de nos communautés Onkwehonwe nous disent qu’il y a des valeurs et caractéristiques essentielles à être Onkwehonwe qui ne peuvent pas être compromises, ignorées ou altérées et ce même dans une lutte à mort avec un ennemi puissant et terrifiant.

[…]

Maintenant nous sommes entourés des avocats d’un autre paradigme idéologique.

Suivant dans le sillage d’un nationalisme mal conçu et d’un traditionnalisme naïf, nous sommes dans la poigne politique d’une idéologie légaliste et non-controversive que j’appelle l’aborigénisme qui soutient que la solution aux problèmes de nos peuples consiste en la notion illusoire que l’argumentation légale en cour de justice coloniale peut déloger des siècles de racisme retranché et enraciné et le privilège impérial et ainsi transformer les sociétés coloniales en sociétés humaines. Il n’y a simplement aucun fondement expérimental pour soutenir l’hypothèse sur laquelle cela repose…

Le nationalisme autochtone a pris une base solide de vérité indéniable, nos existences collectives en tant que nations et que peuples et y a greffé une mauvaise analyse politique et en résultante un mauvais programme politique. Trente ans plus tard, nos nations ont été cooptées, noyautées, dans des mouvements “d’auto-gouvernement” et de “compensations pour revendications territoriales”, qui sont définis dans leurs objectifs par l’état colonial et qui sont en complète opposition avec nos objectifs originaux. Notre concept de nation a été corrompu en le positionnant dans un cadre idéologique et au lieu de refléter un sens authentique de l’être collectif Onkwehonwe, le cadre idéologique lui-même est devenu le véhicule dérouté par lequel la bureaucratisation et la corruption ont été amenées dans nos vies. On a promis à nos peuples qu’ils seraient reconnus en tant que nations et que leurs terres leur seraient retournées, mais au lieu de réaliser ces objectifs, on nous a laissé avec un cas particulièrement grave de métastases gouvernementalistes.

Le traditionnalisme, le mouvement pour restaurer l’intégrité politique, sociale et culturelle de nos communautés en restaurant les modèles anciens de gouvernance et d’interactions sociales s’est dégradé à un point risible de New-Age nombriliste, un spectacle cérémonieux ou écran de fumée derrière lesquels les bas abus des maîtres coloniaux continuent à un niveau personnel et collectif.

[…]

Comment confrontons-nous le pouvoir de l’État et sa capacité à battre (de toutes les manières) nos protestions contre l’injustice ?

Mettre en échec le grand mensonge des mythologies coloniales est possible. L’État capitaliste impérialiste (colonial) est une énorme machine, impossible à vaincre, ou même à confronter de force et frontalement. Il doit être confronté en angle et avoir ses forces les plus fortes retournées contre lui-même. La manière de mettre en échec l’État colonial est de lutter au moyen de contentieux créatifs pour le délégitimer et pour affaiblir les croyances et les engagements dans les esprits des colons et non pas en confrontant l’État sur ses propres termes et en jouant sur sa force: la violence. Onkwehonwe doit arrêter de manifester contre l’injustice. Les manifestations classiques doivent être mises au placard, car elles sont inutiles pour quiconque a une motivation sérieuse pour un changement politique. La protestation, rendue publique par la maifestation organisée renforce l’autorité ; pour défaire l’autorité coloniale (NdT: et ceci est valable aussi pour les peuples colons victimes de l’idéologie coloniale qui s’applique à elle en première instance…), mettons en échec les injustices coloniales, et créons les conditions d’une coexistence pacifique, il est nécessaire pour Onkwehonwe de s’embarquer dans une attaque directe sur la fondation même de la puissance de l’état et de son autorité, ceci est fait par les stratégies de contentieux créatifs, le chemin du milieu entre l’insurrection armée et la manifestation conventionnelle.

Il y a apparemment deux façons d’attaquer la légitimité des institutions gouvernantes. La première est de la confronter activement, la seconde est la stratégie de retirer son consentement et de ne plus coopérer avec les institutions, comme l’ont fait Gandhi et les Zapatistes en défense contre le colonialisme. Ceci fut développé également et mis en pratique par Vaclav Havel, le leader politique tchèque contre l’occupation et la domination soviétique…

Le défi tchèque contre l’autorité soviétique par leur retrait de participation et leur refus de coopérer activement à leur propre subjugation, fut un mouvement très puissant de contentieux créatif, qui mena à la défaite d’un empire et dont l’exemple de liberté contribua grandement à la délégitimation de l’autorité soviétique dans l’empire lui-même.

Lorsque l’État possède une force militaire très importante, les opposants doivent utiliser leurs ressources et capacités pour empêcher l’état de poursuivre ses activités et son agenda et de perturber le système. Nos corps, nos esprits et notre coopération sont tous trois importants au fonctionnement du système colonial. La force militaire peut créer une peur pour forcer l’obéissance, mais c’est une force destructive. Cela ne peut générer qu’une force coercitive et est incapable de créer les forces positives pour faire fonctionner les relations politiques et économiques du système colonial. La force militaire peut forcer les gens hors de leur terre, les déconnecter de leurs familles et leur occasionner des dommages physiques, mais elle ne peut rien générer de positif, elle ne peut donc pas être la force utilisée par l’empire pour coloniser et induire l’obéissance et la coopération, cette force est l’effet psychologique de la menace de la violence. Ainsi, si un peuple peut résister l’assaut physique de la force militaire et maintenir son courage et sa liberté d’esprit, il demeurera essentiellement non-colonisé, sujet à l’usurpation de ses droits et à l’occupation injuste des ses terres, mais demeurera spirituellement libre.

Les non-colonisés possèdent un pouvoir qui est au-delà de la poigne et hors d’atteinte des autorités coloniales. Ils demeurent enracinés dans leur authenticité malgré les assauts physiques et autres activités coloniales, qui ne peuvent pas en fait être maintenues sur le long terme sans la coopération explicite et le consentement des gens.

Les politiques de contentieux, de défis, se produisent lorsque les gens reconnaissent une chance d’affirmer leurs existences authentiques, lorsque des fêlures et des faiblesses dans le système colonial deviennent des opportunités. Reconnaître que le système colonial se nourrit de la collaboration du mensonge et de la peur induits par la menace implicite de la violence et encouragé par des avantages monnétaires ou psychologiques, les guerriers Onkwehonwe de la vérité, immunisés de la peur et éclairés des réalités du vrai pouvoir, démasquent les supercheries de l’État. Ils forcent les autorités à démontrer à la population ce que les guerriers savent déjà: qu’il n’y a aucune moralité, aucune base légale, aucune équité, aucune vérité ni justice dans quelque forme de pouvoir d’État que ce soit et que son seul pouvoir indéniable est celui d’une violence débordante, du monopole de la violence qu’il juge légitime. Une fois que le charme de la loi, de la moralité et de la fiction culturelle est brisé et que les gens peuvent voir par eux-mêmes que la seule chose sous-jacente de la relation de contrôle des colons sur Onkwehonwe est la force brute, il n’y a alors plus aucune légitimité envers l’entière entreprise coloniale. A partir de là. Il n’y a plus loin à aller pour un changement total de relation.

Cette politique est un grand jeu de l’esprit où le champ de bataille est la conscience du public, qui est formatée, manipulée par les médias et par des actions de défi programmées. Dans cet environnement, le plus important est la façon dont les ressources, l’éducation et l’entrainement sont dirigés, plutôt que leurs existences dans les communautés. Ceci est quelque chose de complètement ignoré par nos aboriginalistes qui s’imaginent que nos communautés vont survivre simplement au travers du processus de l’éducation publique et d’une formation au travail capitaliste…

Ainsi, le contentieux créatif et non-violent, le retrait de la participation aux institutions politiques de l’État et le renforcement de notre présence et de l’utilisation effective des médias de masse, sont des piliers pratiques dont nous avons besoin pour construire le support même de la décolonisation sur ce continent.

[…]

De la situation aujourd’hui, envahis par des leaders corrompus, divisés entre nous et englués dans des institutions cooptées et noyautées, je pense que nous avons besoin de quatre choses:

  • Unifier les préoccupations et les approches des différentes parties des mouvements des peuples indigènes, car il n’y a en ce moment aucune focalisation de l’activisme ni en termes d’objectifs, ni en termes de stratégies ;
  • Appeler les gens qui ne se commettent pas à donner leur soutien actif, la plupart des Onkwehonwe sont apathiques, désillusionnés et ne participent pas du tout à la vie publique ;
  • Attaquer agressivement les hypocrisies et les inconsistances de la société coloniale afin de la délégitimer ou bien même de gagner divers segments de cette société et les gens qui l’administrent et ;
  • Maintenir une constance avec les enseignements et la vision d’une coexistence pacifique qui est l’héritage de tout Onkwehonwe.

Nous devons également définir ce que représente un “succès” du mouvement pour des raisons psychologiques et stratégiques, comme quelque chose de progressif de déroulant sous différentes formes et à différents degrés. L’État concède le pouvoir sur une base de calcul coût/profit ; ainsi quand le coût d’une concession a la justice est moindre que le coût d’une maintenance d’une injustice, il fera cette concession. Donc la question est de savoir comment savons-nous que nous gagnons lorsque nous sommes dans le processus de décolonisation ?

(NdT: Ceci s’applique aussi parfaitement à nous, les victimes de l’intérieur du système colonial qui imposent sur nous ses visions et son dogme pour que tout cela soit possible en première instance, nous pouvons utiliser ces mêmes critères et stratégies pour nous émanciper et rejoindre nos frères colonisés, parce que quelque part… NOUS SOMMES TOUS DES COLONISÉS !)
Le premier signe de victoire va se produire lorsque nous définissons le terrain moral de la politique, que nous créons des normes de jugement et des attentes par lesquels les colons vont commencer à évaluer leurs propres attitudes et choix. Cette appropriation progressive du terrain moral rend la délégitimation de l’État possible. Secundo, sur un plan pratique, le succès survient lorsque Onkwehonwe se retirent et attaquent les réseaux de pouvoir institutionnels qui constituent l’État, comme des radicaux libres envahissant le corps colonial. Par l’effet cumulatif de petites résurgences et d’abdications, l’État va être rendu inutile dans ses fonctions centrales de contrôle. Un autre signe de victoire viendra lorsque le pouvoir de l’État sera dans un tel désarroi, qu’il ne pourra plus interférer avec les existences des gens, leur permettant ainsi de commencer à mettre en application et a véritablement vivre des alternatives authentiques à la réalité coloniale.

Enfin, le succès sera vu ans un sens plus ferme, lorsque les fières actions d’onkwehonwe à la confiance agressive (NdT: être sûr de soi n’est pas à confondre avec l’arrogance ou la prétention…) engendreront des réactions violentes de l’État ou de groupes organisés de protection des colons (NdT: comme cela se passe en Israël aujourd’hui et se passait en Amérique du Nord de la fin du XIXème siècle aux années 1980…)
En tant que partie intégrante de notre héritage culturel et de lutte politique, nous avons développé la défiance, la ténacité et une capacité incroyable à endurer la souffrance, ce qui a eu pour résultat de développer notre courage moral et une patience à toute épreuve. Nous avons l’héritage constitutionnel (avec Kaiakereko:wa) de briser les règles injustes de l’état colonial ; mais nous avons aussi été formés à une acceptation destructive du colonialisme.

[…]

Pour remettre les choses en perspective, la violence et la lutte armée, dans un contexte de lutte anti-impérialiste globale, ont prouvé être la voie de gagner l’indépendance nationale.

Les choses sont différentes aujourd’hui.

L’adversaire a changé. L’État s’est réformé de la première à la seconde vague et a été subjugué lui-même par le pouvoir consolidé des groupes d’entreprises transnationales et des capitalistes qui les dirigent. Dans cette seconde vague de la globalisation de l’euro-pouvoir, ce ne sont plus les politiciens et les gens qui prennent les décisions basées sur des motivations religieuses ou culturelles, mais des comités directeurs d’entreprises transnationales, d’institutions financières internationales et de cette “élite” sociétale qui possèdent des actions de ces entreprises ; tous ces gens prenant des décisions fondées sur leurs intérêts particuliers. En termes éthiques, rien n’a changé. Des hommes blancs très riches continuent de contrôler les gouvernements et d’exploiter tous ces non-blancs pauvres du monde et de la Terre pour leur propre bénéfice égoïste, qui ont maintenant mis au point une façon de ne plus rendre de comptes à quiconque si ce n’est eux-mêmes en éliminant les contrôles que les institutions “démocratiques” avaient l’habitude de placer sur leurs activités, les remplaçant par des règles financières et d’entreprises faites pour garantir que la seule logique prépondérante pour la prise de décision soit celle des “marchés”. L’histoire, le droit et la moralité deviennent toujours plus obsolètes à ces gouvernements euro-américains alors que la politique globale est reconfigurée comme un réseau ne servant que de simple arbitre aux relations commerciales entre les entreprises transnationales. La classe travailleuse blanche avait l’habitude de profiter un peu aussi avec les riches de l’exploitation des terres autochtones et de leurs ressources. Il n’y avait jamais de cris d’indignation de la part du public lorsque les seuls à souffrir de l’exploitation et de l’oppression étaient des gens de couleurs et des noirs ! Maintenant que la classe moyenne et laborieuse blanche sent le vent du boulet de la mondialisation sous la forme de pertes de revenus, d’emplois et de dissolution culturelle, nous nous rendons compte que la mondialisation a été étiquetée comme mauvaise.

Je dois dire que maintenant, lorsque je vois un bûcheron ou un pêcheur ou un ouvrier d’usine blanc, se plaindre de la douleur pour sa famille dûe à l’interférence que la mondialisation a causé dans leurs vies, j’essaie de faire passer de la sympathie et de figer dans ma mémoire (la courte) ce même blanc, blâmant les mauvaises fortunes des Indiens et leur pauvreté chronique sur leur “fainéantise”… J’essaie, mais je me retrouve toujours en train de penser quelque chose du style: “Hum… On dirait que nous sommes tous des Indiens maintenant he ?”

[…]

La seule sympathie et soutien potentiels pour les causes autochtones existe chez certaines, mais pas toutes, organisations transnationales et les mouvements qui s’opposent à la mondialisation. Les opposants domestiques à la globalisation dans des pays coloniaux comme le Canada et les Etats-Unis (NdT: et l’Australie, la Nouvelle-Zélande), sont en fait des adversaires d’Onkwehonwe parce qu’ils ne sont rien d’autre que de farouches défenseurs de la première vague de la mondialisation et sont juste contre la seconde (qui les touche négativement). Ce sont le plus souvent des nationalistes euro-américains qui ont l’intention de préserver les insitutions coloniales et les relations au pouvoir (colonial).

Où sont nos alliés alors ?
Où sont ces gens non-autochtones qui pourraient devenir partie intégrante du réseau de résurgence indigène ?
Une question classique, une qui a été posée j’en suis convaincu, à tous les leaders/conférenciers Onkwehonwe qui ont fait un discours et accepté les questios de l’audience à l’issue, est celle-ci: “Que puis-je faire en tant que blanc pour aider les peuples autochtones ?”

Je pense que la réponse la plus sérieuse à cette question trop commune est celle que fît Malcolm X en réponse à une question qui lui fut posée par le magazine Young Socialist en 1965: “Les blancs sincères devraient s’organiser entre eux et imaginer une stratégie pour briser le préjudice (racial) qui existe dans les communautés blanches. C’est là qu’ils peuvent fonctionner le plus intelligemment et le plus efficacement.
Reçu 5/5 mon frère !

A suivre…

Colonialisme Afrique: L’empire attaque le néo-panafricanisme comme il a attaqué et détruit le « Black Power » du pays du goulag levant…

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L’Africa Power d’Obama : Décimer le panafricanisme non-aligné comme ils ont décimé le «Black Power» U.S

Kémi Seba

15 Août 2014

url de l’article:

http://www.cameroonvoice.com/news/article-news-16117.html

 

Les afro-américains se sont battus pour que puisse exister un président noir siégeant dans la Maison Blanche (cf. Maison de l’Oligarchie Blanche Circoncise) . Ils ont oublié que le président n »était qu’un SIMPLE locataire de la demeure, soumis aux règles des propriétaires, accessoirement grands architectes, peu francs et maçons de cette blanche maison.

En laissant rentrer ce « black » président (comme ils l’appellent) dans cette pâle maison d’Occident, les propriétaires savaient qu’il OXYDERAIENT tout un processus de lutte noire pour la réappropriation d’un pouvoir politique auto-déterminé et INTÈGRE. Ils savaient qu’en créant une vague de soutien immense dans l’afro-communauté, ils court-circuiteraient le principe d’ébène fierté en rendant les sympathisants noirs d’Obama complices des oligarques méfaits. Martin Luther King, dans les derniers jours de sa vie, disait à Harry Belafonte, au sujet de sa lutte pour l’intégration ,« J’AI PEUR D’AVOIR FAIT RENTRER MON PEUPLE DANS UNE MAISON EN FEU » (http://www.walkingbutterfly.com/2012/01/16/mlk-jr-were-integrating-into-a-burning-house/). Il se fit assassiner lorsqu’il voulut faire marche arrière. OBAMA (avec tous ceux qui l’ont supporté) est rentré dans cette maison en feu, et pire encore, en pyromane missionnaire, a exporté ce feu aux 4 coins du monde, sur les bons conseils de ses propriétaires.

Après avoir décimé le BLACK POWER U.S, les propriétaires de la BARAQUE (et de BARACK) ont décidé de s’attaquer (en agissant toujours sous proxy) à l’Afrique, continent dans lequel ils ont perdu beaucoup de terrain face à la Chine. En proposant un plan énergétique d’envergure de 26 milliards de dollars pour la Terre-Mère, les USA ont pour objectif double de :

1) pousser l’Union Africaine, déjà bien fragile et malléable, à infléchir sa posture traditionnellement non alignée, lors des conflits dans lesquels les Américains sont partis pris en l’aidant plus que quiconque sur ses problèmes d’électricité, un souci majeur sur le continent.

2) Étendre des bases d’Africom, (http://www.voltairenet.org/mot2299.html?lang=fr) à terme partout sur le territoire.

En somme, désintégrer le panafricanisme anti-mondialiste, comme ils ont désintégré le BLACK POWER U.S.

Pour l’éviter il ne tiendra, qu’aux Africains, de demeurer vigilants, ne pas tomber DANS L’ÉMOTION, sous prétexte que le président noir de la Maison Blanche veut nous aider. N’oubliez pas, à toutes fins utiles, que les propriétaires de cette Maison Blanche ont fait tuer les présidents et 1er ministres noirs de nos maisons NOIRES , les mêmes qui aujourd’hui veulent nous vendre de l’espoir et leur monde illusoire.

Source: http://makandalspeaks.blogspot.it/2014/08/lafrica-power-dobama-decimer-le.html

Résistance politique: Boycott de la mascarade de la « réunion pléniaire mondiale » de l’ONU sur les peuples indigènes…

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L’arrogance et le racisme des états occidentaux est incommensurable. L’ONU à tous les niveaux est une mascarade oligarchique gérée par les banquiers depuis un terrain Rockefeller volé aux Indiens. Tout est là.

–Résistance 71 —

 

Servir les peuples indigènes

 

Steven Newcomb

 

28 Avril 2014

 

url de l’article:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2014/04/28/serve-indigenous-peoples

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Pour ceux qui ont grandi en regardant les séries classiques de science-fiction de Rod Serling, The Twilight Zone, il y a un épisode mémorable de 1962 intitulé: “To Serve Man.” Ou “Servir l’Homme”.

De manière ironique en vue de cet article, le bâtiment du QG de l’ONU (NdT: construit sur un terrain “donné” par la famille Rockefeller…) à New York est montré au début de l’épisode et à la minute 5:39, Rod Serling réfère de manière prophétique à “un Christophe Colomb venant d’une autre galaxie et d’un autre temps”.

Dans cet épisode, les extra-terrestres connus comme Kanamites, viennent sur Terre et à l’ONU de New York, devant la télévision, le représentant des kanamites “lit” (de manière télépathique) d’un livre écrit dans son langage extra-terrestre. Les Kanamites professent l’altruisme et ne vouloir que rendre service à l’humanité. Après son message, le représentant Kanamite laisse le livre dont il a lu des pasages sur une table. Eventuellement, la femme qui a la tâche de décoder le langage du livre finit par comprendre que le titre veut dire “Servir l’Homme”.

En se basant sur le message de paix et d’altruisme du message des Kanamites, les humains sont convaincus qu’une vie meilleure les attend s’ils montent à bord des vaisseaux spatiaux qui les attendent pour les emmener en voyage sur la planète lointaine. Après que bon nombre d’humains aient déjà quitté la Terre pour visiter la planète distante, le personnage principal se prépare à monter à bord d’un vaisseau Kanamite, lorsque la femme qui travaillait sur le décodage du livre fait irruption et lui crie: “Mr Chambers, ne montez pas dans ce vaisseau. Le reste du livre, “Servir l’Homme”… c’est un livre de cuisine !”

Trop tard. Il est forcé à bord et décolle pour la planète extra-terrestre. A la fin de l’épisode, Mr Chambers regarde la caméra et dit: “Et vous, toujours sur Terre, ou dans le vaisseau avec moi ? Mais tout cela n’a pas vrament d’importance, parce que tôt ou tard, nous seront tous au menu, tous.”

Aujourd’hui, nous pourrions écrire un épisode imaginaire de notre propre “Twilight Zone” intitulé: “Servir les peuples indigènes”. L’épisode serait construit sur un ostentatoire message de paix et d’altruisme pendant les préparations pour la réunion pléniaire de l’ONU et de son assemblée générale, qui n’est pas une conférence mondiale sur les peuples indigènes bien qu’elle soit présentée comme telle. Le but de cette réunion de haut niveau de l’assemblée générale, est, nous dit-on, pour mettre en lumière les “meilleurs pratiques” pour les états de mettre en application de la déclaration des droits des peuples indigènes de l’ONU. Un document sera créé à cet effet à la fin de la conférence, dont le contenu sera contrôlé par les gouvernements des états.

Beaucoup de personnes dans le monde appelées “indigènes” (à savoir: “sous domination”) ont cautionné cet évènement parce qu’on leur a fait croire que c’est en fait une “conférence mondiale sur les peuples indigènes”. Hors, ces nations et peuples indigènes qui participèrent au Caucus des Peuples Indigènes d’Amérique du Nord les 1 et 2 Mars courant à Kamloops, en territoire Secwépemc de Kamloops en “Colombie Britannique” (Canada), ont décidé d’appeler à l’annulation de cette assemblée pléniaire de l’ONU à venir, car elle n’est pas une conférence mondiale sur les peuples indigènes.

Pourquoi ? Parce que cette réunion pléniaire est structurée de manière prévisible et déséquilibrée de façon à placer les états au dessus des peuples étiquetés “indigènes” et aussi parce que l’écriture du document final sera entièreement contrôlée par les états membres de l’ONU. Un processus informel se tiendra qui incluera au mieux 32 personnes indigènes, d’une population mondiale estimée de plus de 370 millions de personnes indigènes et des milliers de peuples et nations indigènes. La réunion nord-américaine a appelé pour que l’assemblée générale de l’ONU annule la réunion pléniaire, pour la bonne raison que cette réunion n’est pas fondée sur l’égalité des nations et des peuples étiquetés “indigènes”.

Vous allez me dire, mais qu’est-ce que cela a à voir avec un épisiode imaginaire de la “Twilight Zone” ? Le 4 Avril, le ministère des affaires étrangères américain a envoyé une invitation pour une consultation sur la réunion pléniaire, ce qui représente un suivi de sa session du 10 Mars de “prise d’info” sur le même sujet. La réunion du 10 Mars a duré 90 minutes, mais durant ce laps de temps, aucun officiel “tribal” élu ou représentant d’organisations comme le National Congress of American Indians (NCAI) ne mentionna le sujet épineux du “document de cloture” de la réunion pléniaire.

Le point le plus important en fait de cette réunion pléniaire, le document qui s’en suivra, n’a même pas été abordé. Ceci serait l’équivalent dans l’épisode classique de Twilight Zone, que les humains ne mentionneraient même pas, sans parler même de le déchiffrer, du document extra-terrestre “Servir l’Homme”. L’invitation du ministère du 4 Avril possède une terminologie clef qu’il convient d’examiner plus précisément.

Dans le graphe ci-dessous (voit le document original en anglais), la colonne de gauche tente d’illustrer la hiérarchie subordonnante pro-US de l’évènement de “consultation” du ministère des AE du 9 Mai. La structure de l’invitation communique l’idée que les nations et peuples “indigènes” sont politiquement subordonnés aux Etats-Unis. La partie droite du graphique tente d’illustrer la structure inégale de la réunion pléniaire de l’ONU en Septembre. La colonne de droite montre également la nature verticale de haut en bas de la réunion pléniaire de l’ONU et les 32 ou moins individus indigènes qui seront autorisés à avoir un rôle de “consultation” dans la phase INFORMELLE du développement de la rédaction du document de cloture de l’assemblée.

Dans son invitation du 4 Avril, le ministère US des AE a mis les initiales “U.S” devant les mots “peuples indigènes” pour créer l’impression que ces gens nommés “indigènes” appartiennent “de droit” aux Etats-Unis tout comme le “US State Department” appartient aux Etats-Unis. Il y a néanmoins une différence fondamentale entre les deux phrases. “peuples indigènes des Etats-Unis” est interprêté, du point de vue des Etats-Unis, comme “appartenant aux Etats-Unis en tant que possessions de type colonial”.

Le ministère américain des AE utilise la loi et la politique fédérales sur les Indiens dans ce contexte pour cadrer la participation “tribale” à cette “consultation” du ministère du 9 Mai. C’est bien sûr la même loi fédérale sur les Indiens qui ne fonctionne pas et qui oblige les Indiens à rechercher la justice dans l’arène internationale depuis les années 1970. Les textes de loi fédéraux sur la loi sur les Indiens ne sont-ils pas pleins d’idees faites pour mieux “servir les Indiens” aux Etats-Unis dans un processus continu et graduel de subordination politique, d’assimilation et de .. digestion ?

Le mot “assimilation” vient de la philosophie politique et transfère un terme de physiologie du corps humain au “corps” de la politique. Conservant l’analogie, Les Etats-Unis ou tout “corps” politique, “mange” et a un “système digestif” et un “colon”. La métaphore obtenue de la “colon-isation” est en fait “manger”. L’expression “être dans le ventre de la bête” a une connexion naturelle avec la métaphore de la “colinisation est manger”. Toujours dans l’analogie, le “corps politique” prédateur (l’état) travaille pour digérer et “assimiler” les peuples indigènes qu’il “mange” et “absorbe”.

Ces leaders Indiens et activistes qui allèrent dans l’arène internationale dans les années 1970 recherchaient un moyen, une voie, pour mettre fin aux injustices créées par la loi et la politique fédérale américaine sur les Indiens et non pas apprendre comment être de meilleures victimes des “recettes” de la loi sur les Indiens. Les leaders élus d’aujourd’hui vont-ils simplement accepter, pour l’objectif de la réunion pléniaire de l’ONU et de son document final, le contexte injuste mis en place par la loi et la politique fédérale américaine sur les Indiens ? Ou vont-ils utilisé l’arène internationale pour travailler vers la fin du racisme, de la bigoterie religieuse et le la nature injuste de ce système digestif fédéral ?

Le langage de l’invitation du ministère montre que les Etats-Unis utilisent cette occasion de la réunion de l’ONU et les “meilleurs pratiques” fondées sur la déclaration des droits des peuples indigènes de l’ONU, comme une opportunité de notre incorporation et assimilation plus avant (colonie = colon = digestion) dans le corps politique des Etats-Unis.

Certains ont dit: “si vous n’êtes pas à la table, c’est que vous êtes probablement a menu”. En politique internationale, pour des nations et peuples présumés existant sous la dominance des états (signification de “peuple indigène”), on peut vous donner l’illusion d’être à la table mais de toujours être au menu du repas qui résultera de nos nations et de nos peuples toujours digérés plus avant par les états. Dans notre épisode de “Twilight Zone”, au vu comment les choses se passent actuellement, les “peuples indigènes” sont au menu de la réunion de l’ONU, ainsi donc le titre du document de cloture devra être: “Servir les peuples indigènes”.

Steven Newcomb (Shawnee, Lenape) est le co-fondateur et co-directeur de l’ Indigenous Law Institute, auteur de Pagans in the Promised Land: Decoding the Doctrine of Christian Discovery (Fulcrum, 2008). Il a étudié la loi fédérale indienne et la loi internationale depuis le début des années 1980.

Résistance politique au colonialisme: Prosélytisme de l’idéologie raciste coloniale à la chambre du pays du goulag levant…

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Quand nous disons sans cesse que nous ne vivons en aucun cas dans une « société post-coloniale » comme l’oligarchie essaie de le faire croire depuis un demi-siècle, mais dans une société où le colonialisme est non seulement vivace, mais dont l’idéologie est affirmée quasiment quotidiennement en occident. En voici encore une preuve…

Il n’y a pas de solution pour l’humanité sans l’éradication de ce fléau. Le colonialisme, expression de la coercition suprémaciste occidentale, est le fondement de la misère dans le monde. Il est plus que grand temps d’y mettre un terme définitif en privant l’empire de son territoire volé depuis plus de 500 ans!

— Résistance 71 —

 

Une tradition sans fin des croisades, 2014

 

Steven Newcomb

 

28 mars 2014

 

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2014/03/28/never-ending-crusading-tradition-2014

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

“Je pense à cet hémisphère occidental, dans sa totalité, comme le domaine de la chrétienté”, député républicain de l’Iowa Steve King, dans son discours à l’assemblée des Etats-Unis le 25 février 2014.

Les lecteurs réguliers de mes colonnes savent que j’écris continuellement, certains pourraient dire obsessivement, au sujet des acquis de la “découverte” chrétienne, de la “domination/dominion” et de la “loi” coloniale. Je suis sûr que certaines personnes voient sans doute mes écrits sur le sujet et disent: “pas encore, Newcomb n’a t’il pas encore réalisé que tout cela s’est passé il y a bien longtemps ? N’a t’il pas encore compris que cette façon de penser est toute dans le passé ?”

Et bien, le 25 février courant, le député Steve King (Républicain, Iowa) a fait un discours sur les “valeurs judéo-chrétiennes” au parlement américain. Le député King a dit qu’il pense que “l’hémisphère occidental, dans sa totalité est celui de la chrétienté occidentale.” Il parla du “fondement de la civilisation occidentale, du judéo-christianisme, des valeurs qui viennent de l’ancien et du nouveau testaments, les valeurs que Christophe Colomb a amené ici à travers l’océan.”

King a dit que la chrétienté occidentale “n’a pas été affirmée assez fortement dans cette partie du monde, et sûrement pas assez dans les autres.” Il s’est fait le partisan de ce que le gouvernement Obama devrait imposer de telles valeurs sur ce qui est typiquement appelé “l’Amérique Latine”.

Avec son discours, le député King a clairement démontré qu’une telle pensée occidentale sur la chrétienté ne fait pas du tout “partie du passé”. De telles idées sont toujours employées contre nos nations, contre nos peuples dans le présent et ce depuis les plus hautes positions du pouvoir au sein du gouvernement des Etats-Unis. Le commentaire de King me fait penser à celui du juge John Catron et de ce qu’il avait à dire sur la “loi de la chrétienté” à la cour suprême de l’état du Tennessee dans l’affaire “l’état contre Foreman” en 1835. Deux ans plus tard, Catron était nommé à la cour suprême des Etats-Unis par le président qui haïssait les Indiens, Andrew Jackson. Voici ce que Catron écrivit dans l’affaire État contre Foreman:

Nous maintenons que les principes édictés au XVème siècle comme étant la loi de la chrétienté, que la découverte a donné le titre et le pouvoir d’assumer la souveraineté sur et de gouverner les autochtones non-convertis et non baptisés d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Nord et du Sud, a été reconnue comme faisant partie de la loi nationale (la loi des nations) depuis près de quatre siècles et que ceci est maintenant reconnu comme étant le pouvoir chrétien dans ses départements politique et judiciaire… Que, du cap Horn à la Baie d’Hudson, la loi de la chrétienté est reconnue et pratiquée comme la seule règle de pouvoir souverain par lequel l’Indien autochtone est forcé d’obéir (par coercition)… Notre affirmation est fondée sur le droit de forcer (coercition) les autochtones à l’obéissance.

Le discours du député King près de 180 ans après la décision de l’État contre Foreman, nous permet de focaliser sur un fait très peu connu: Une tradition de l’impérialisme chrétien sert de pierre angulaire à la loi et la politique indienne des Etats-Unis. Ces idées fondatrices peuvent être tracées jusqu’à ce qui a été appelé “l’âge de la découverte” et proclame un droit de domination territorial royal, qui est très bien symbolisé par Colomb, Cortez, Pizarro, Cabot, Cartier et bien d’autres agents colonisateurs et porteurs de domination et de déshumanisation.

“Colomb” a un autre nom: Christobal Colón ou “le colonisateur porteur du Christ”. Ce que le député King appelle les “valeurs que Colomb a apporté à travers l’océan” est un système de valeur de domination contre nos nations originelles. Guidé mentalement par des passages bibliques de l’ancien et du nouveau testaments, Colón et d’autres voyageurs envahisseurs des XVème, XVIème, XVIIème siècles et des siècles ultérieurs, clamèrent et affirmèrent la domination royale, droit de la domination chrétienne, sur les terres, territoires, ressources de nos nations et de nos peuples. Ces saisies, qui furent faites pour faire bénéficier, donner le pouvoir et enrichir la “chrétienté occidendale”, persistent à l’encontre de nos nations jusqu’à aujourd’hui. Bon nombre “d’états” du monde sont devenus les successeurs des monarques de la chrétienté.

Ceci parce que des pays comme le Canada, les Etats-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, ainsi que d’autres pays de part l’hémisphère occidental ont été fondé cérémonialement sur la base de dogmes religieux clef et de jugements contre les non-chrétiens. Le juge suprême John Marshall exemplifia tout ceci lorsqu’il affirma dans le rendu de la décision de la cour suprême des Etats-Unis sur l’affaire Johnson contre mcIntosh (1823), que le “droit de la découverte”, et l’assertion d’une “domination ultime”, ont été “confinés à des pays alors inconnus au peuple chrétien.

En touchant terre, Colón plantait les standards royaux (drapeaux) qui symbolisaient la prise de juridiction dominante et les standards royaux de jugement que lui et le monde chrétien utilisaient contre les nations et les peuples originels. Pour ce faire, Colón érigea deux symboles principaux sur place: une croix symbolisant la religion chrétienne, dont la source est la bible et un échafaud qui symbolise le “système judiciaire chrétien” et qui sera utilisé contre les “païens” et les “infidèles”.

Les “valeurs” dominantes portées par Colomb (Colón), sont très bien illustrées dans une lettre qu’il envoya à la reine Isabelle de Castille et au roi Ferdinand. Dans la lettre, Colón dit des îles où il toucha terre:

Et j’en ai toutes pris possession pour vos altesses, par proclamation et par déploiement des standards royaux, il ne me fût fait aucune opposition.

Les monarques de la chrétienté s’arrogèrent le droit de “prendre possession” de manière cérémonieuse de terres et d’en exercer la “domination territoriale” sur ces terre “découvertes et à être découvertes” et ce partout dans le monde où des nations non-chrétiennes et leurs peuples vivaient. Ces monarques d’esprit chrétien le firent sur la base de la croyance et de leur jugement que nos ancêtres étaient “des barbares” ou “des bêtes”, parce qu’ils n’avaient jamais été baptisés chrétiens.

Ceci est le fondement de la définition internationale fonctionnelle du terme “indigène” (ou “peuples dominés”, aussi bien que le fondement de l’affirmation que nos nations et nos peuples n’ont aucun droit d’être libérés du cadre de cette domination.

Ceci représente la tradition de croisade génocidaire et mortelle que le député King a invoqué lorsqu’il parla de “la grande empreinte des valeurs morales et de l’éthique qui a émergé des valeurs de notre ancien testament ainsi que de notre nouveau testament…” Rappelez-vous le discours du député King au sujet de la “chrétienté occidentale” et de l’affirmation de Catron sur le “droit de forcer à obéir”, la prochaine fois que vous verrez une manchette de journal expliquant la criminalisation, l’arrestation, la mise sous surveillance, des peuples originels, déclarés conjointement “adversaires de l’état”, pour protester contre la destruction de nos terres et de nos territoires comme par exemple avec les pipelines du North Gateway et Keystone XL ou le problème de l’exploitation des sables bitumeux.

Rappelez-vous le discours de King la prochaine fois que vous penserez à l’empoisonnement de nos eaux autrefois si pures et par exension à l’empoisonnement des générations futures avec des polluants chimiques et radioactifs et finalement, rappelez-vous le discours de King la prochaine fois que vous entendrez une discussion au sujet du comment nous avons besoin de “nous réconcilier”, “d’accepter” l’assomption de la “souveraineté de la couronne”, qui est faussement fondée sur la doctrine de la chrétienté, de la découverte chrétienne et de la domination.

Steven Newcomb est le co-fondateur et co-directeur de l’Indigenous Law Institute et il est l’auteur de l’ouvrage “Pagans in the Promised Land: Decoding the Doctrine of Christian Discovery” (2008, Fulcrum). Il étudie la loi fédérale indienne et la loi internationale depuis le début des années 1980.

La voie légale de la destruction de l’empire: Éliminer le colonialisme a sa racine…

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“Nous pensons que l’amour des possessions matérielles est une faiblesse qu’il faut surmonter. Ce désir fait appel à la partie matérielle et si on le permet, il pertubera en son temps l’équilibre spirituel de tout à chacun. Ainsi, les enfants doivent apprendre très tôt la beauté de la générosité. On leur enseigne de donner ce qu’ils ont de plus cher, ainsi ils peuvent expérimenter la joie profonde de donner.”

~ Ohiyesa, wahpeton Santee Lakotah (Sioux) ~

 

“Cela prend tout un village pour élever un enfant”
~ Dicton d’Afrique Occidentale ~

 

“Il n’y a pas de mot pour dire ‘mensonge’ dans la langue Lakotah ; personne n’est capable d’insulter quelqu’un ou quoi que ce soit. Dans la loi naturelle, chaque chose est à sa place. Où est le mal ? Il n’y a pas de mal dans la nature. En vivant par la loi naturelle, nous sommes capables de percevoir au travers de nos sens, nous développons une appréciation riche et pleine du monde réel qui nous entoure, pour ce que nous expériementons quotidiennement… pour la réalité.”

~ Russell Means, 2012 ~

 

Comprendre la doctrine chrétienne de la découverte, fondement du colonialisme occidental et de ses méfaits depuis le XVème siècle

 

La voie de la destruction légale de l’empire et du colonialisme occidental

 

Résistance 71

 

28 Mars 2014

 

De plus en plus de personnes prennent conscience du marasme politique et sociétaire dans lequel le monde se trouve. Nous sommes loin des années où évoquer le Nouvel Ordre Mondial et la dictature de la finance transnationale faisaient lever les sourcils et penser que l’interlocuteur relevait plus de la psychose que de la raison. Aujourd’hui, le mensonge, la duperie, le vol, le pillage, la déstabilisation de nations souveraines, les guerres pour le pur profit, sont monnaies courantes, quotidiennes et s’étalent au vu et au sus de toutes et tous ; le dernier épisode en date étant le putsch de l’extrème droite ukrainienne, soutenue, aidée et financée par l’occident et ses officines ONG, professionnelles de la déstababilisation politico-économique.

L’emprise économico-politique d’un petit nombre d’oligarques sur les affaires du monde est un fait établi et fait douter de moins en moins de personnes sur sa réalité de fait.

L’information alternative a contribué pour beaucoup à cette prise de conscience globale et les efforts doivent se poursuivre pour exposer les turpitudes de l’agenda mondialiste, mais nous devons également nous consacrer maintenant aux solutions à apporter au monde pour un changement de paradigme salvateur.

Bien des personnes parlent de “l’empire” en référence à l’entité qui a coalisé la haute finance et la grosse entreprise monopolistes pour phagocyter les États et mener le monde au chaos et à la gouvernance mondiale d’un fascisme supranational. Très bien. Mais comment en venir à bout ? Comment rendre aux peuples leur souveraineté, qui sera la base d’un changement de paradigme politique. La solution n’est pas économique, elle est politique. Le changement doit-être avant tout politique, car comme l’ont prouvé les travaux de l’anthropologue politique français Pierre Clastres (1934-1977, directeur de recherche au CNRS), la division de la société est politique avant d’être économique et c’est la division de la société qui amène l’avènement de l’État, paragon du pouvoir coercitif et répressif. Chaque état est un empire qui se réalise ou en puissance.

A cet égard, il convient de se poser une question somme toute relativement simple: Quelle est la base de l’empire dominant anglo-américain actuel et de ses satellites occidentaux ?

Il est à noter une chose ici qui est unique dans l’histoire de l’humanité ; en effet, jusqu’ici, tous les empires sans exception, que ce soit Athènes, Rome, Carthage, Byzance, puis les empires Francs (Charlemagne) jusqu’aux empires plus modernes à partir du XVème siècle qui nous préoccupe plus ici, du Portugal, Espagne, France, Angleterre, Ottoman, Allemagne, URSS, partageaient la même caractérisitque fondamentale: Une nation, un peuple, rayonne de son espace national vers l’extérieur pour y conquérir terres, ressources et nouveaux débouchés économiques, y envoie des colons s’y établir, mais conserve sa base territoriale “naturelle”, celle de la nation mère. Prenons par exemple les conquistadores espagnols et portugais, ceux-ci établissaient des colonies dans des contrées lointaines annexées sous la loi canon catholique de la doctrine de la découverte, mais n’avaient aucun désir de s’établir dans les contrées colonisées. Le but était: coloniser, exploiter, devenir si possible riche le plus vite possible et retourner à la maison en Espagne ou au Portugal vivre de ses rentes. Dans le cas de l’Amérique du Nord, devenue aujourd’hui le plus grand et plus puissant empire de l’histoire de l’humanité, il en fut bien différemment.

Pour la première fois dans l’histoire, des colonies, peuplées d’immigrants, volant et pillant les terres annexées au nom de la chrétienté et du droit divin dans un premier temps, étendant leurs possessions en dépouillant sans vergogne les natifs de l’endroit, allaient devenir un empire dont, et c’est bien là l’unicité historique en même temps que la plus grande chance légale d’y mettre un terme, la terre, le territoire est totalement illégitime et a été établi sur la base exclusive de lois chrétiennes racistes permettant le vol, le pillage, le génocide et l’ethnocide des populations locales, reconnues comme non-existantes du fait qu’elles étaient “non-chrétiennes” et païennes.

De fait, depuis le tout début du XVIème siècle, des colons établis sur des terres usurpées, ont développé leurs colonies (toujours dépendantes et liées à la City de Londres, plus grand centre financier mondial), pour en faire aujourd’hui, le plus puissant empire de l’histoire de l’humanité certes, mais un empire hégémonique qui possède en lui-même, contrairement aux empires européens précédant, une tare et une faiblesse faramineuse que l’oligarchie en place s’est bien sûr empressée de masquer et d’enfouir de son mieux: Cet empire n’a aucune base territoriale légale ni légitime. Donc, si on retire sa base territoriale à tout empire, que se passe t’il ? Il s’effondre inéluctablement. Voilà le talon d’Achille de cet empire, colosse aux pieds d’argile, voilà là où il faut le frapper. Comment ? En utilisant des flèches légales et en attaquant les dogmes erronés qui le fondent sous la forme de bulles papales datant du XVème siècle, qui sont le fondement même des lois de la propriété sur le continent des Amériques. Les nations autochtones des Amériques ont cette capacité, mais elles ont également besoin de nous pour détruire l’empire sans détruire les hommes. Détruire l’idéologie et la structure coloniale, sans détruire les ressources humaines.

Cela peut se faire de manière LÉGALE, sans armes, ni haine, ni violence.

C’est ce que nous allons étudier plus avant ici. Pour ce faire, il nous faut remonter aux origines de l’affaire de la colonisation du “nouveau monde”. Nous avons couvert certains aspects ici-même sur ce blog ; nous allons dans cet article, entreprendre d’éclairer l’affaire coloniale du continent américain en nous référant aux travaux du Professeur Robert Miller, professeur de droit à la faculté de Lewis & Clark Lawschool, Portland, Oregon et spécialiste du droit natif et de la “doctrine chrétienne de la découverte” (de pair avec le co-fondateur de l’Indigenous Law Institute: Steven Newcomb, qui présenta à cette mème conférence, après le professeur Miller).

Dans une analyse faite en Novembre 2012 devant la chambre des représentants de l’État d’Arizona (voir vidéo en exergue), le Prof. Miller explique plus avant au sujet de la doctrine chrétienne de la découverte et de son impact sur les nations autochtones aujourd’hui ; il explique également l’impact du dogme américain de la “destinée manifeste” (Manifest Destiny) concernant la “mission divine” des Etats-Unis d’Amérique.

 

Sur le rendu de justice de la cour suprêmes des Etats-Unis en 1823 suite à l’affaire Johnson contre McIntosh en relation avec la doctrine chrétienne de la découverte

 

L’analyse de ce rendu affirme explicitement que:

  • Le pays des Etats-Unis est construit sur la base de la découverte et de la conquête
  • La “découverte” a de facto limité les véritables droits à la propriété autochtone
  • La “découverte” a limité les droits de souveraineté tribaux

 

De là découlent les 10 éléments de la Doctrine Chrétienne de la Découverte:

  • Première découverte de terres non-chrétiennes
  • Occupation des sols: la découverte n’est pas suffisante, il faut qu’il y ait une occupation des sols => création de colonies
  • Pré-emption du titre européen:  Il suffit que les Européens arrivent et ils “créent” un nouveau monde/paradigme
  • Le titre de propriété indien est diminué et annihilé: Les Etats-Unis sont propriétaires du “titre foncier” de la terre et la souveraineté indienne s’est éteinte par le dominion résultant de la “découverte” européenne. Les indigènes ne conservèrent que le droit d’occupation de la terre. Ainsi les nations indiennes ne peuvent pas vendre la terre, seul le gouvernement des Etats-Unis le peut. (il est à noter ici que ceci est même impensable pour les sociétés traditionnelles amérindiennes qui toutes s’accordent sur un principe fondamental qui est que “La terre ne nous appartient pas, nous appartenons à la terre”, ceci en dit suffisamment long sur le concept de (non)propriété ancré dans les sociétés amérindiennes…)
  • Limitation des droits de souveraineté et des droits commerciaux des nations indigènes
  • Contiguité des terres à “annexer”
  • Terra Nullius: La terre est vide d’occupants chrétiens, le reste n’existant pas
  • Conquête: Loi de la guerre européenne, si les autochtones perdent la guerre, ils sont sous le coup de la loi de la guerre européenne ou, s’il n’y a pas de guerre, le simple moment où les Européens arrivent en terre non-chrétienne avec leur drapeau et la croix du christ, il y a conquête, cela suffit pour annihiler la souveraineté des païens résidents,
  • Supériorité chrétienne: supériorité culturelle. Les chrétiens amènent la civilisation et la chrétienté aux païens…
  • Civilisation => Le christianisme amène la civilisation aux sauvages incroyants

 

De cette interprétation de la Doctrine Chrétienne de la Découverte est venue, suite au jugement de l’affaire Johnson contre McIntosh, ce que les légistes actuels appellent toujours la “doctrine américaine de la découverte”. A ce sujet, Steven Newcomb insiste à juste titre de ne pas changer de terminologie et de conserver l’originelle et de toujours se référer à la “doctrine chrétienne de la découverte” parce que c’est de cela qu’il s’agit de manière fondamentale. La racine du mal est et demeure religieuse, malgré le gommage du temps et l’altération plus ou moins volontaire de la terminologie.

 

Des fondements religieux de la doctrine chrétienne de la découverte a également émergé le principe doctrinaire de la Destinée Manifeste (Manifest Destiny) des Etats-Unis, qui est le guide des actions américaines depuis l’indépendance de 1776. Ce principe fut repris de la doctrine instaurée en premier lieu vers 1690 par les immigrants puritains de la Nouvelle-Angleterre et de leur allégorie de “la cité lumineuse du haut de la colline” en se référant à leur colonie.

De fait, Miller nous confirme que les historiens américains sont souvent d’accord pour affirmer que les Etats-Unis ont:

  • Des vertus spéciales et de grandes institutions et sont “la cité lumineuse en haut de la colline” qui rayonne sur le monde
  • Pour mission de rendre le monde à leur image
  • Une destinée historique sous la guidance de dieu pour accomplir des choses merveilleuses

 

L’impact actuel de la Doctrine Chrétienne de la Découverte

 

  • Le congrès des Etats-Unis  possède un pouvoir pléniaire aux dessus des nations et tribus autochtones et peut faire ce qu’il veut
  • L’état américain est responsables des nations et tribus indigènes qui sont pupilles de la nation
  • La souveraineté de la gouvernance des nations et des tribus est diminuée à cause des 10 éléments de la Doctrine Chrétienne de la Découverte analysés ci-dessus

 

Soit, dirons Français et Européens du XXIème siècle, mais en quoi cela nous concerne t’il ?

Comme nous l’avons dit au début, comprendre l’empire, c’est comprendre la colonisation tant à la maison qu’outre-mer, nous en sommes tous victimes, nous sommes tous des colinisés ! Changer de paradigme politique, changer de système politico-économique passe avant tout par détruire le monstre froid qui nous “gouverne”, qui nous subjugue plutôt.

A cet égard, comprendre les origines profondes du colonialisme, plus grand fléau sociétaire de l’histoire de l’humanité, est promordial, parce que ce n’est que lorsque la vision sera claire, dénuée des écrans de fumée diffusés par la propagande oligarchique de toujours, que la conscience politique reviendra à son meilleur pour nous permettre de reprendre les commandes du bateau ivre à la dérive sur lequel nous sommes et le remettre en ligne parallèle avec celui des peuples indigènes que nous avons menacé depuis des siècles.

L’empire dominant depuis l’après seconde guerre mondial est l’empire anglo-américain, pourquoi “anglo”, parce que rien ne peut se faire sans l’aval du cœur même de la finance internationale: La City de Londres où règne la Banque d’Angleterre et inféodés, alias “la Couronne”, qui dirige les colonies, dominions du Commonwealth, dont les Etats-Unis sont un de facto satellite (sur un plan financier) et certainement le bras armé des banquiers mondialistes. Cet empire nous venons de le voir, n’a absolument aucune légitimité territoriale. Les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, la Nouvelle-Zélande ne possèdent rien ; il en va de même de toutes les nations d’Amériques du sud et centrale. Ces entités commerciales coloniales perdurent sur des terres volées et maintenues au pris du plus grand génocide de l’histoire de l’humanité. L’empire survit au gré d’une usurpation pseudo-légale, fondée sur des diktats religieux (chrétiens), racistes et esclavagistes datant du XVème siècle. Sa destitution territoriale est une affaire légale parfaitement envisageable dont voici un aspect sur lequel les peuples doivent appréhender pour pouvoir sortir de la domination du colosse aux pieds d’argiles. En cela, les nations indigènes de deux continents (Amérique et Océanie) avec un soutien international, peuvent mettre l’empire à genoux et le détruire à tout jamais ainsi que l’outil capitaliste qui le soutient dans son hégémonie. De là renaîtra un monde ou la possibilité d’y voir émerger égalité, fraternité et donc liberté sera réelle et il ne tiendra qu’à nous les peuples de le réaliser.

L’avenir de l’humanité passe par l’organisation d’un nouveau paradigme politique et social, un renouveau politique passant par l’avènement des confédérations de communes égalitaires, fraternelles et donc libres, La voie est tracée par tous les peuples indigènes traditionnels du monde, qui vivent au gré de la loi naturelle et de l’entraide mutuelle. L’avenir de l’humanité passe par la délivrance du colonialisme toujours actif et bien présent. Ceci se produira lorsque les peuples colons occidentaux, enfin libérés et émancipés de l’idéologie colonialiste qui leur a été imposée aveuglément au fil de l’histoire, se tiendront debout, côte à côte avec leurs frères des peuples indigènes, provoquant de la sorte une véritable réconciliation culturo-politique et une union qui sera fatale à l’oligarchie répressive dominante. De là, les peuples reconquèreront véritablement leur souveraineté et c’est ensemble qu’ils gèreront le monde, la nature et ses ressources, par la base, sans délégation de pouvoir et sans mesures de répression.

Le mouvement de conscience est en marche, puis viendra sa mise en pratique. L’humanité prévaudra sur le monstre froid du colonialisme mercantile oligarchique, qui n’a fait qu’amener inégalité, misère, destruction, violence, répression, guerres, génocides, esclavages, salariats et contrôle sur une humanité enfumée et indolente.

Ceci touche à sa fin, la résurgence indigène se ligue avec les opprimés du monde dont nous faisons toutes et tous partie et la résultante donnera raison à Victor Hugo lorsqu’il disait: “Aucune armée ne peut faire face à une Idée dont l’heure est venue.”

 

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Sources ayant servi à la rédaction de cet essai:

 

Conférence du professeur Robert Miller au parlement de l’état d’Arizona, Novembre 2012 (vidéo, en anglais: 31 min):

 

http://www.youtube.com/watch?v=QBAqizD_7Ls&feature=plcp

 

Vidéos conférences sur la Doctrine Chrétienne de la Découverte:

 

http://www.dismantlingdoctrineofdiscovery.org/#!resources/c1xnc

 

http://www.youtube.com/watch?v=QZBKbNhfh-c&feature=plcp

 

Conférence du professeur David Stannard sur l’Holocauste américain:

 

http://www.youtube.com/watch?v=Qra6pcn4AOE

 

Séminaire International sur la Doctrine Chrétienne de la Découverte:

 

http://media.wix.com/ugd/3a8566_30f09000b79dc84134566c6d66aadf26.pdf

 

ONU et colonialisme: La Déclaration des Droits des Peuples Indigènes… Vraiment ?…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, démocratie participative, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , on 19 mars 2014 by Résistance 71

En tout point de vue, l’ONU n’est pas la solution aux problèmes, mais bel et bien une partie du problème global et du problème colonialiste en particulier. L’ONU couvre la fange impérialiste et colonialiste, mais que peut-on décemment attendre d’une entité dont le QG à New York repose sur un terrain « donné » par la famille Rockefeller ? Justice, équité, compassion, honneur, pacifisme ?… Y croire est vraiment le degré zéro de la naïveté !…

Les nations amérindiennes en ont parfaitement conscience, même si leurs « chefs élus » (ceux des conseils de bandes et de tribus) et non représentatifs de leurs nations font semblant d’y croire par intérêt personnel. Le vent est en train de tourner pour l’entité onusienne qui n’est que l’ossature de l’état fasciste supranational du Nouvel Ordre Mondial voulu par la clique banquière Rothschild/Rockefeller and co.

— Résistance 71 —

 

Les limites de la Déclaration des Droits des Peuples Indigènes de l’ONU

 

Steven Newcomb

 

14 mars 2014

 

url de l’article:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2014/03/13/limitations-un-declaration-rights-indigenous-peoples

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Pour les nations et les peuples typiquement appelés “indigènes”, 2014 sera une année importante dans l’arène internationale. Au mois de Septembre prochain, l’assemblée générale des Nations-Unies (NdT: qu’il faut comprendre être l’infrastructure du Nouvel Ordre Mondial) a convenu d’organiser une haute réunion pléniaire en regard de la Déclaration des Droits des Peuples Indigènes des Nations-Unies. Les préparations battent leur plein et l’évènement programmé génère une grande discussion mettant en lice les pro et les contre, parmi les représentants des peuples indigènes.

D’après une résolution de l’ONU, cette réunion pléniaire devra être connue sous le nom de “Conférence Mondiale sur les Peuples Indigènes”. Ceci donne la fausse impression que cela EST de fait, une conférence mondiale des Nations-Unies. Il n’en est rien. Une véritable conférence mondiale sous l’égide de l’ONU dure en général de 9 à 10 jours, tandis que cette réunion pléniaire durera environ 180 minutes total et ce sur une période de deux jours à New York.

L’idée d’une réunion pléniaire de l’ONU fut une initiative des états, à commencer avec celui de Bolivie. La réunion a été promue comme un rassemblement qui agira vers la mise en pratique des 46 articles de la Déclaration des Droits des Peuples Indigènes de l’ONU. De manière plus importante, la réunion sera utilisée comme une opportunité pour les gouvernements des états du monde d’écrire et d’adopter un “document inhérent”. Évidemment, le texte de ce document servira de cadre de mise en application de la déclaration pour les états. Quoi qu’il en soit, bien qu’il y ait quelques possibilités pour les représentants des peuples indigènes de faire quelques suggestions, les nations indigènes et leurs peuples n’auront aucun impact direct sur sa rédaction, son contenu et son interprétation ne seront déterminés que d’après les intentions et les prérogatives dominantes des états.

Cet arrangement hiérarchique du haut vers le bas est en fait totalement consistant avec la règle de domination-subordination que le professeur Anthony Anghie a identifié dans son livre: Imperialism, Sovereignty, and the Making of International Law (traduction du titre: Impérialisme, souveraineté et la construction de la loi internationale) en étudiant les différentes époques de la loi internationale et de l’arène politique internationale. Ce schéma est explicitement identifié par le professeur James Crawford, un mentor d’Anghie.

Le professeur Anghie remarque de manière particulière que nos nations indigènes et leurs peuples devraient prendre à cœur de manière plus spécifique le fait que “la confrontation coloniale fut centrale à la création de la loi internationale et de son concept fondateur spécifique qu’est la souveraineté.” C’est dans ce contexte étatique colonial et impérialiste et de loi internationale que fut créée la Déclaration des Droits des Peuples Indigènes de l’ONU et qui va maintenant être dûment interprêtée par les états eux-mêmes Ceci sera également le contexte duquel naîtra le quelconque document inhérent que les états sont en train de terminer de concocter  et d’adopter.

Il y a eu pas mal de discussions à ce jour pour savoir si le nouveau président de l’assemblée générale de l’ONU John W. Ashe mettra en place un “co-facilitateur indigène” pour la réunion pléniaire. Suite à une réunion à l’ONU le 28 Janvier dernier, nous savons que Mr Ashe a refusé une telle nomination. Un effort de lobbying de cinq représentants indigènes a échoué à faire changer d’avis Mr Ashe qui est un citoyen de la nation de Commonwealth des Barbades. La résolution de l’ONU qui sert de cadre “opératoire” pour la réunion pléniaire, ne prévoit pas de position de co-facilitateur indigène et donc d’après la règlementation de l’ONU, Mr Ashe n’a aucune autorité pour satisfaire cette demande.

La perspective de cette réunion pléniaire en revient à une question clef: Quel document inhérent les gouvernements des états vont-ils produire ? Les nations et peuples indigènes doivent faire particulièrement attention à l’article 46 de la déclaration. C’est un des articles les plus pro-état. Il donne aux états une “porte de sortie” en donnant un explicatif pour limiter la capacité des nations indigènes et leurs peuples de mettre en pratique “les droits cités” dans la déclaration.

En fait, l’article 46 dit spécifiquement que les états peuvent mettre certaines limites sur “l’exercice des droits indiqués dans la déclaration”. Mais l’article dit aussi que de telles limites doivent “être déterminées par la loi” (cela veut-il dire la loi du pays, la loi internationale ou les deux ?,,) De telle limites peuvent être imposée par les états “en accord avec les obligations internationales des droits de l’Homme.” De manière importante, les gouvernements des états interprètent les “droits de l’Homme” comme les droits individuels dans le contexte de la  société civile. L’article 46 dit aussi que de telles “limites” ne devront intervenir que lorsque qu’elles sont “strictement nécessaire pour le seul but de sécuriser la reconnaissance et le respect des droits et des libertés des autres.” Le mot “autres” réfère aux sociétés dominantes non-indigènes.

Si on le dit différemment, des limites sur l’exercice des droits de la déclaration des peuples indigènes de l’ONU peuvent-être imposées par les états afin de “sécuriser” la “reconnaissance des droits et des libertés de…” ceux définis comme non-indigènes. Il y a une autre manière de dire ceci: L’exercice des droits établis dans la déclaration ne sera seulement limité que si et quand les états jugent ces limites nécessaires pour “sécuriser” et “faire respecter” les droits et les libertés d’une société non-indigène donnée.

De plus, de telles limites imposées par l’état seront placées sur les droits énumérés dans la déclaration de l’ONU lorsque de telles limites seront jugées nécessaires  par les états afin “de remplir les requis justes et les plus admirables d’une société démocratique”. A chacun d’interpréter ce que cela veut dire, mais surtout qui va décider ce que cette phrase veut dire ?

Il est intéressant de noter que le mot “requis” dans l’article 46 de la déclaration nous fait penser à un vieux “document inhérent” espagnol célèbre connu sous le nom de “Requerimiento”. Ce document fut établi par un théologien catholique espagnol il y a 500 ans. La monarchie espagnole avait ordonné que ce document fut lu, en espagnol, par les Conquistadores, dans les villages indiens. Ce texte était utilisé comme moyen de communiquer aux Indiens libres et indépendants qu’ils étaient “requis” de se soumettre à la monarchie espagnole pour des raison justes et admirables, comme celles de l’histoire à dormir debout de la création biblique et la chaîne de commandement qui s’ensuit.

Le requis principal auquel les Indiens étaient informé (NdT: en espagnol rappelons-le…) et comme rendu obligatoire de manière supposée par le “dieu” de l’homme blanc, était qu’ils devaient se soumettre sans réserve et pacifiquement à la règle imposée et à l’autorité du pape et de l’église catholique, des monarques catholiques, ainsi qu’aux conquistadores, qui étaient les messagers et les porte-flingues du roi Ferdinand et de la reine Isabelle d’Espagne. Les Indiens étaient informés que tout manquement à se soumettre résulterait en la mort immédiate ou la mise en esclavage et, comme ceux qui résistèrent s’en rendirent vite compte, les Espagnols ne rigolaient pas.

Le Requiremiento n’est qu’un des exemples historiques des origines de la relation domination/subordination et de ce que l’état appelle du doux euphémisme de “loi” et de “société démocratique” de l’Europe et de nos nations et nos peuples ainsi que de nos territoires traditionnels. La base de la “loi” dans la tradition européenne a été défini par “l’habitude de l’obéissance”. En accord avec cette tradition, il y a une chose dont nous pouvons être certains: Les états du monde vont forger et interprèter le document inhérent qui sortira de la réunion pléniaire comme une base de protection “pour des raisons justes et admirables”, des prérogatives de domination des états et ce, contre les nations et peuples que le système étatique international définit comme “un sous-ordre”, ou “indigène”.

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Article connexe:

https://resistance71.wordpress.com/2014/03/18/resistance-politique-mouvement-pour-le-boycott-de-la-conference-mondiale-indigene-de-lonu/

Résistance au colonialisme: Le vol des terres amérindiennes entériné par une décision de la cour suprême de 1823…

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Note de Résistance 71: Il est très important de comprendre les tenants et aboutissements de cette affaire légale, car ce jugement de la cour suprême des Etats-Unis datant de 1823 sur l’affaire Johnson contre McIntosh, a non seulement établi la loi sur la propriété aux Etats-Unis, mais ce cas a également fait jurisprudence et a été cité à maintes reprises dans les tribunaux anglo-saxons coloniaux du Canada, d’Australie et de Nouvelle-Zélande afin de confirmer la non-souveraineté et l’impossibilité pour les peuples autochtones à posséder la terre.
Avec comme base pseudo-légale la doctrine chrétienne de la découverte fondée sur le droit canon (Vatican), nous nous rendons compte que le droit de propriété des envahisseur du nouveau monde est purement fictif et ancré dans une idéologie profondément religieuse et raciste. De fait, la base territoriale de l’empire, de l’impérialisme anglo-saxon, est usurpée, illégale et criminelle puisque fondée sur le non-droit des nations originelles, dépouillées sans vergogne de leur souveraineté territoriale, politique et culturelle.
Tout ceci doit prendre fin, pour le salut de l’humanité… L’empire n’a pas de base territoriale légale, c’est aussi simple que cela. De là, y donner les suites nécessaires devrait être à l’ordre du jour. Les Amérindiens s’y emploient, mais ils ont besoin de nous, car n’oublions jamais que nous sommes tous des colonisés !

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1823: La cour suprême des Etats-Unis décide que les Amérindiens ne possèdent pas la terre

 

Native Voices

 

url de l’article:
http://www.nlm.nih.gov/nativevoices/timeline/271.html

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

La première de trois affaires de justice (connue sous le nom de la “Trilogie Marshall” du nom du juge ayant rendu les verdicts au nom de la cour suprême des Etats-Unis), qui devient la fondation même de la loi américaine sur les Indiens, est décidée.. L’affaire implique une série de transferts de terres. Dans les années 1770 (avant l’indépendance de 1776), les Indiens Illinois et Plankeshaw, ont vendu des terres de ce qui est aujourd’hui l’état de l’Illinois, à un Thomas Johnson. Après l’indépendance américaine (1776), les Indiens vendirent la même terre au gouvernement américain, qui lui, la revendit à un William McIntosh. Dans l’affaire Johnson contre M’Intosh, le juge suprême de la cour des Etats-Unis John Marshall entérine la validité de la propriété de la famille McIntosh, terres achetées au gouvernement fédéral américain. La raison invoquée est que le gouvernement fédéral contrôle désormais la terre et que les Indiens n’ont qu’un “droit d’occupation” et n’ont effectivement aucun droit de propriété de la terre.
Le juge Marshall fonda sa décision sur la “doctrine chrétienne de la découverte”, référant à la manière dont les puissances coloniales ont pris possession des terres nouvellement découvertes: en d’autres termes, la propriété de la terre va à ceux qui la “découvrent” et ce sans égards envers tout non-chrétien s’y trouvant au préalable. Dans l’affaire Johnson vs M’Intosh et d’autres cas légaux, la doctrine a eu pour effet d’ignorer la possession aborigène des terres. Les autres cas de la “Trilogie Marshall” sont La nation Cherokee contre l’état de Georgie (1831) et Worcester contre l’état de Georgie (1832).

Source: http://www.nlm.nih.gov/nativevoices/timeline/271.html

Sur Wikipedia:
http://en.wikipedia.org/wiki/Johnson_v._M’Intosh

 

=  =  =

Compte-rendu de l’affaire Johnson contre McIntosh (1823)

 

Chicago-Kent College of Law

 

Source: http://www.oyez.org/cases/1792-1850/1822/1822_0

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Note de Résistance 71: Il est très important de comprendre les tenants et aboutissements de cette affaire légale, car ce jugement de la cour suprême des Etats-Unis datant de 1823, a non seulement établi la loi sur la propriété aux Etats-Unis, mais ce cas a également fait jurisprudence et a été cité à maintes reprises dans les tribunaux anglo-saxons coloniaux du Canada, d’Australie et de Nouvelle-Zélande afin de confirmer la non-souveraineté et l’impossibilité pour les peuples autochtones à posséder la terre.
Avec comme base pseudo-légale la doctrine chrétienne de la découverte fondée sur le droit canon (Vatican), nous nous rendons compte que le droit de propriété des envahisseur du nouveau monde est purement fictif et ancré dans une idéologie profondément religieuse et raciste. De fait, la base territoriale de l’empire, de l’impérialisme anglo-saxon, est usurpée, illégale et criminelle puisque fondée sur le non-droit des nations originelles, dépouillées sans vergogne de leur souveraineté territoriale, politique et culturelle.
Tout ceci doit prendre fin, pour le salut de l’humanité… L’empire n’a pas de base territoriale légale, c’est aussi simple que cela. De là, y donner les suites nécessaires devrait être à l’ordre du jour. Les Amérindiens s’y emploient, mais ils ont besoin de nous, car n’oublions jamais que nous sommes tous des colonisés !

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Les faits

En 1775, Thomas Johnson et d’autres citoyens britanniques achetèrent de la terre dans le territoire du nord-ouest, alors la colonie de Virginie, de membres de la nation indienne Piankeshaw. Cet achat fut arrangé sous l’égide de la proclamation du roi d’Angleterre, dite proclamation de 1763. Thomas Johnson laissa cette terre en héritage aux siens. En 1818, William McIntosh acheta du congrès des Etats-Unis, 11 000 acres de cette même terre au préalable achetée par Johnson. Réalisant le conflit dans les titres de propriété, les héritiers de Johnson attaquèrent en justice les McIntosh auprès du tribunal de district de l’Illinois afin de récupérer la terre. Le tribunal de district trancha en faveur des McIntosh, déclarant que le titre de propriété des McIntosh était valide car délivré par le congrès des Etats-Unis d’Amérique. Les héritiers de Johnson firent appel devant la cour suprême des Etats-Unis.

Question 

La requête de McIntosh au sujet de la dispute sur la propriété des terres était-elle supérieure à celle des Johnson parce que la requête de McIntosh était le résultat d’une action du congrès des Etats-Unis ?

Conclusion
La réponse fut oui. Dans une décision unanime, la cour suprême confirma le titre de propriété de McIntosh supérieur à celui de Johnson, reconfirmant ainsi le verdict du tribunal de district. Dans une opinion écrite par le juge suprême John Marshall, la cour suprême avait établi que le gouvernement fédéral avait “seul le droit” de négociations avec les nations autochtones. Par la guerre révolutionnaire d’indépendance et les traités qui s’en suivirent, les Etats-Unis gagnèrent le “droit exclusif… de mettre un terme au titre de propriété des Indiens sur la terre et d’attribuer le sol.” Les Indiens eux-mêmes n’avaient pas le droit de vendre des propriétés à des individus. La requête de McIntosh, dérivée du congrès des Etats-Unis, était supérieure à la requête de Johnson, qui elle était dérivée des droits non-existants des Indiens à vendre leur terre.

Lutte contre le colonialisme: Balayer d’abord le pas de sa porte…

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Vous ai-je entendu dire que 10% des ressources énergétiques des Etats-Unis se trouvent en territoire autochtone ?

 

John Kane

 

18 février 2014

 

url de l’article:

http://bsnorrell.blogspot.com/2014/02/john-kane-did-i-hear-you-say-10-percent.html

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Attendez une minute… Dites-moi, comment se fait-il que quelques ressources que ce soit sur nos terres puissent être considérées comme un pourcentage des ressources de quelqu’un d’autre ?

Laissez-moi vous le dire…

D’abord, ceci s’est produit sous le coup d’un vol en plein jour. Un vol commis au travers de la fraude et de l’extorsion… avec un petit peu de religion dessus pour mieux faire glisser. Puis le même vol a continué avec des miettes des fortunes réalisées jetées aux pauvres gens choqués et/ou leurs leaders corrompus afin de légitimer le vol en quelque sorte.

Puis on en arrive là où ceux qui ont été achetés parce qu’à vendre parmi nous, ont fait des accords pour recevoir l’argent rapide et facile, ceux se proclamant nos “leaders tribaux” déclarant que tout ceci était bien sûr au nom du progrès, du développement économique ou pire ; étiquetant nos ressources comme n’étant pas notre mais celles de la nation qui a déjà volé tout ce qui a déjà pu l’être et ainsi promettant nos ressources pour que l’Amérique soit fière de nous.

Durant son adresse à l’état de la nation indienne délivrée au National Congress of American Indian’s (NCAI) par  le président Brian Cladoosby, furent répété là-bas des références à ce que “nous, les peuples autochtones” représentons pour les Etats-Unis. Il insista sur les revenus que l’état de Washington (NdT: sur la côte Ouest, capitale Seattle à ne pas confondre avec Washington District of Columbia, capitale des Etats-Unis) reçoit des “tribus”, incluant sa propre tribu Swinomish et durant tout ce discours au sujet de notre place sous la jupe de Mme la belle Amerique, vint la référence de ce que 10% des ressources énergétiques de “la nation”, se trouvaient sur nos territoires.

Ceci n’est pas un problème de possession mal placée ou mal exprimée, c’est un problème d’intention réelle. Même si beaucoup d’entre nous ont tracé une ligne dans le sable, et pas seulement le sable bitumeux, sur l’extraction minière et la dégradation de l’environnmeent, il y a ceux d’entre nous qui sont entourés d’avocats, de lobbyistes, de consultants et d’investisseurs faisant des contrats de millions de dollars pour vendre chaque baril, chaque tonne, chaque m3 de quoi que ce soit qu’ils puissent avoir et vendre.

Les plus grands des facteurs sur l’impact négatif sur l’environnement, le profit et l’intérêt des investisseurs sont l’échelle et l’ampleur. Combien peut-on extraire et à quelle vitesse ? Bien sûr jettez-y un peu de “personne ne vit là à part un petit nombre de marginaux” et bingo! Vous avez la chose la plus formidable sur la réserve depuis… et bien… le Bingo…

Ceci m’amène à ce qui est le plus évident. Bon je sais qui et quoi sont ces “leaders tribaux”. Le gouvernement fédéral leur donne sa “reconnaissance” et donc, leur donne le pouvoir et bien que leur boulot consiste à se trouver une bonne petite niche tranquille au sein du pouvoir colonial pour en profiter, pouvoir qui ne fait que les utiliser, ce n’est en revanche pas mon boulot.

L’activiste féministe Nikki Craft a dit: “La tâche de l’activisme n’est pas de naviguer les systèmes du pouvoir avec le plus d’intégrité personnelle possible, mais elle est de démanteler ces systèmes.”

Notre tâche en tant que survivants de la tentative la plus longue de génocide que le monde n’ai jamais connu (NdT: Depuis 1492… quand même !…) et défenseurs de nos générations futures, protecteurs de la Terre-Mère, n’est certainement pas de nous coucher devant nos abuseurs et de négocier des positions  confortables dans le système qui utilise tout pour son profit (NdT: C’est exactemet ce qu’il s’est produit avec les syndicats et la lutte syndicale, phagocytés pour que leurs leaders puissent bouffer au ratelier du système. Ceci n’est pas une opinion, mais un fait établi…). Notre boulot n’est pas de protéger la “marque déposée” “Canada” ou “Etats-Unis” ou délivrer du “made in Canada” ou “made in the USA” sur le marché global. Ce n’est pas non plus notre boulot de regarder de l’autre côté tandis que la veulerie nous arrache les mains pour soutenir le sempiternel “made in China”. Si nous choisissons  de développer ces ressources, alors ceci devra se faire pour que leur production apporte le maximum de valeur à nos communautés que possible. Les matières premières ne doivent pas être arrachées à la terre, pompées et sorties de nos territoires pour assouvir la soif inextinguible de ceux qui voudraient détruire la planète pour le seul profit. Nos petites populations et les petits territoires encore sous notre contrôle devraient non seulement avoir un futur énergétique garanti mais aussi une échelle et un ampleur de production adaptées à nos communautés et à nos besoins, car ceux-ci et nos désirs, ne devraient jamais excéder ce que l’environnement peut de fait supporter.

Pourtant, malgré toutes ces ressources énergétiques vantées par Mr le président du NCAI, nous avons des membres de nos communautés mourant de froid, non pas au cours de marches forcées ou d’activités extérieures dans la nature sauvage, mais chez eux. Mourant de froid dans ce pays de Mr Obama qui échangeait il y a peu des plaisanteries sur le rachat de la Louisiane avec le président français, et ne tarissant pas sur le fait que cela avait été une super affaire, le tout sous les yeux de Mr le président du NCAI, honoré de se trouver parmi eux. Donc, alors que le débat et la lutte pour bloquer le pipeline Keystone XL  et les sables bitumeux font rage, nous devons regarder ces visages près de nous, pas seulement ces magnats de l’industrie. Nous devons les réveiller de la torpeur illusoire de la subjugation et du leurre de ce rêve américain. Nous devons devenir un phare d’espoir, pas seulement pour nous-mêmes mais aussi pour le nombre toujours plus croissant de personnes qui nous regardent, nous observent et nous demandent d’aider à briser le consensus du statu quo.

Un puit de gaz en territoire Seneca (NdT: nation de la confédération iroquoise) ne devrait pas remplir le pipeline des entreprises utilitaires américaines. Il devrait suppléer le peuple Seneca. Il devrait produire de la  chaleur, de l’électricité et du carburant. Les gens ne devraient pas être pompés par National Fuel pour rembourser des investisseurs qui financent la contamination des terres Seneca et met en danger la santé des personnes et de la vie dans la région.

On peut dire la même chose au sujet du charbon, du pétrole, du gravier, de l’eau et des arbres sur chacun de tous nos territoires. Vendre notre terre par bennes de camion, pipeline ou chemin de fer est toujours vendre notre futur et celui des générations à venir.

Ceci est un système de pouvoir qui se doit d’être démantelé…