“La résistance contre l’occupation israélienne, qui est un danger à la fois présent et futur, reçoit une priorité ultime étant donnés les effets anticipés d’une telle occupation sur le Liban et dans toute la région…”
~ Naïm Qassem, second objectif fondamental édicté à la création du Hezbollah ~
“Israël n’est pas le projet, c’est un outil exécutif dans le projet de l’hégémonie américano occidental dans notre région, il assume un rôle exécutif au service de ce projet. C’est pour cela qu’ils le défendent partout dans toutes les instances, – dont le Conseil de sécurité, où le veto est interdit-, en lui fournissant l’aide financière, militaire et économique et sont prêts à combattre à ses côtés le cas échéant.”
~ S. Hassan Nasrallah (2015) ~
Le Hezbollah livre une bataille existentielle en Syrie
Tony Cartalucci
27 juin 2016
url de l’article original:
http://landdestroyer.blogspot.jp/2016/06/hezbollah-wages-existential-battle-in.html#more
~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~
Le leader du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a annoncé ses intentions de renforcer les positions en Syrie, particulièrement à Alep. Al-Manar dans son article « S. Nasrallah: Hezbollah Will Reinforce Troops in Aleppo to Achieve Major Victory, » rapporte que:
“Le SG du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a confirmé vendredi que le parti allait envoyer plus de troupes en Syrie, à Alep où se déroule une bataille majeure afin de battre le projet terroriste takfiriste soutenu par l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis.”
Nasrallah ajoute que les Etats-Unis et leurs alliés régionaux préparaient d’inonder la Syrie avec des milliers de terroristes mercenaires supplémentaires afin de saisir la vielle d’Alep. Il a aussi fait remarquer comment le soi-disant “cesser-le-feu” était utilisé par des factions variées soutenues par les USA et l’Arabie pour mieux se retrancher et se préparer à la prochaine phase de combat.
Nasrallah avait prévenu le monde en 2007 de la catastrophe à venir en Syrie
En 2007, Nasrallah avait donné un entretien au journaliste Prix Pullitzer Seymour Hersh dans son article: « The Redirection: Is the Administration’s new policy benefitting our enemies in the war on terrorism? »
Dans celui-ci, Nasrallah avait déclaré ce qui suit tout en discutant au sujet de la guerre civile en cours en Irak, des années avant ce qui s’est produit en Syrie n’arrive (NdT: les évènement de Syrie se sont déclenchés en mars 2011):
“Nasrallah a dit qu’il croyait que l’Amérique voulait également procéder à une partition du Liban et de la Syrie. En Syrie, avait-il dit, le résultat serait de pousser le pays dans ‘un chaos et des batailles internes comme en Irak’. Pour le Liban, ‘il y aura un état sunite, un état alawite, un état chrétien et un état druze’, mais avait-il dit ‘je ne sais pas s’il y aura un état chi’ite’.”
Il pensait que des tentatives seraient effectuées pour faire partir les chi’ites du Liban et de la Syrie et aussi loin que du sud de l’Irak, ce qui pourait expliquer pourquoi l’auto-proclamé “État Islamique” opère de manière si propice à la fois en Syrie et en Irak, servant d’outil d’influence non pas seulement de la Syrie, mais de toute la région sur un plan géopolitique.
L’article de Hersch en 2007 révèlait aussi un autre aspect important de la politique étrangère américaine si évident à ce moment là et maintenant si prophétique à posteriori. L’article déclara que “pour réduire l’influence de l’Iran qui est chi’ite de manière prédominante, le gouvernement Bush avait décidé de reconfigurer ses priorités au Moyen-Orient. Au Liban, le gouvernement US a collaboré avec l’Arabie Saoudite sunnite dans des opérations clandestines visant à affaiblir le Hezbollah, l’organisation chi’ite soutenue par l’Iran. Les Etats-Unis ont aussi pris part à des actions clandestines visant l’Iran et son allié de la région, la Syrie. Un des effets secondaires de cette entreprise a été la poussée et le soutien de groupes extrémistes sunnites épousant une vision militante de l’Islam, hostiles aux Etats-Unis et sympathisant d’Al Qaïda.
Ainsi, la recherche de Hersh et ses entretiens révélèrent essentiellement que déjà en 2007, les Etats-Unis travaillaient avec leurs alliés régionaux comme l’Arabie pour pousser et armer des groupes terroristes et leurs réseaux politiques, incluant la confrérie des Frères Musulmans (NdT: qui a été recupérée par les services de renseignement britanniques dans les années 1920 et qui œuvrent comme agents impérialistes depuis lors…), en préparation de la destruction et de la division de la région, ceci incluant la Syrie et le Liban.
Le combat de la Syrie est le combat du Liban et donc le combat du Hezbollah
Les maisons de change prominentes de Washington, les blablateurs déguisés du journalisme comme ceux du Daily Beast, ont insisté que le combat du Hezbollah en Syrie est un divorce de l’objectif supposé de l’organisation qui serait comme le proclame de manière si simpliste le Daily Beast, de “combattre Israël”. Das son article « Hezbollah Fighters Are Fed Up With Fighting Syria’s War, » et dans un style si typique du journalisme occidental, le Daily Beast défère à une poignée d’histoires anonymes et anecdotiques pour renforcer ce qui serait autrement une assertion sans fondement aucun pour promouvoir ce qui est finalement un narratif factuellement écorné.
Le but de l’existence du Hezbollah n’est pas de “combattre Israël”. Il est de protéger la nation du Liban et la population chi’ite de toutes menaces (NdT: lors de la dernière guerre d’invasion d’Israël au Liban-Sud, en 2006 le Hezbollah a protégé et logistiquement aidé la population chrétienne, il existe toujours une forte alliance politique entre le Hezbollah et le mouvement politique chrétien de l’ex-général Aoun). L’article de Hersh en 2007 a révélé qu’en plus de la protection des populations chi’ites, même l’ancien agent de la CIA ayant opéré au Liban Robert Baer avait admis que le rôle très important que le Hezbollah avait aussi joué en protégeant les minorités à travers la région, incluant les chrétiens, lorsque la guerre par procuration de Washington menée par Al Qaïda commença.
Comme le but réel et effectif du Hezbollah est la défense du Liban, il n’est donc pas difficile de voir ni de comprendre pourquoi il s’est investi si lourdement dans la guerre faisant rage dans le pays voisin qu’est la Syrie.
La belligérence du régime actuel d’Israël n’est qu’une des nombreuses menaces planant sur le futur du Liban. L’expansion de groupes extrémistes comme Al Nosra (NdT: Al Qaïda en Syrie, créé et armé par les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite, le Qatar et Israël…) et Al Qaïda, en passant par l’État Islamique (NdT: ou EIIL/EI/Daesh aux sponsors identiques), alimentés par les Etats-Unis, l’Arabie, la Turquie, le Qatar, la Jordanie en argent, armes et soutien politique, en est une autre. Ceci constitue une menace essentielle non seulement pour la Syrie, mais aussi pour ses voisins incluant le Liban.
Le Liban en fait, a servi comme un des plusieurs conduits au travers duquel les combattants de la guerre par procuration menée par les Etats-Unis sont transportés en nombre important ainsi que leur logistique. Ceci a mené à des combats au Liban entre des groupes extrémistes et à la fois des membres des milices du Hezbollah et des factions de l’armée libanaise qui tentaient d’interdire le flot d’hommes et de matériel.
Mais l’impact actuel de la guerre en Syrie sur le Liban n’est qu’une menace à laquelle la nation et ses défenseurs doivent faire face. L’autre est la perspective de l’effondrement du gouvernement syrien et que les groupes terroristes soutenus et montés en puissance par l’occident et ses alliés régionaux ne prévalent et ensuite s’étendent partout.
La Libye est un avertissement aux voisins de la Syrie: “Vous êtes les prochaines sur la liste”…
Comme on l’a vu en Libye, l’effondrement induit par l’occident d’un gouvernement et le changement de régime qui a suivi n’est que la première étape d’ambitions bien plus grandes de l’occident. La Libye fut ensuite utilisée comme tremplin pour envoyer des combattants et des armes dans d’autres nations ciblées par Washington et marquées du sceau de “changement de régime”. Ceci incluait la Syrie elle-même.
Les observateurs attentifs du conflit syrien pourront se rappeler qu’à la fin de 2011 et au début de 2012, la Libye contribua à un nombre signifiant de combattants et d’armes pour le conflit en Syrie, armes et personnels entrant en Syrie via le pays de l’OTAN: la Turquie, avec l’assistance du gouvernement des USA et en préparation de l’invasion de la plus grande ville de Syrie: Alep.
En novembre 2011, le Telegraph dans leur article: « Leading Libyan Islamist met Free Syrian Army opposition group, » rapportait:
“Abdul Hakim Belhaj, chef du conseil militaire de Tripoli et ex-leader du Groupe Combattant Islamique Libyen (GCIL) a rencontré les chefs de l’Armée Syrienne Libre (ASL) à Istanboul et à la frontière turco-syrienne, a dit le responsable militaire travaillant avec Mr Belhaj. Mustapha Abdoul Jalil, le président libyen intérimaire, l’a envoyé là-bas.” Il doit être noté que le leader terroriste Belhaj, soutenu par les Etats-Unis a apparemment joué un rôle essentiel dans la présence de l’EIIL en Libye.
Dans un autre article du Telegraph: « Libya’s new rulers offer weapons to Syrian rebels, » il est admis:
“Les rebelles syriens ont eu des négociations secrètes avec les nouvelles autorités libyennes vendredi, le but étant de sécuriser plus d’armes et d’argent pour leur insurrection contre le régime du président Al-Assad, a appris le Daily Telegraph
A cette réunion, qui a eu lieu à Istanboul et qui comprenait des officiels du gouvernement turc, les Syriens ont requis l’assistance des représentants libyens et des armes et des volontaires leur furent offerts. Il y a quelque chose de planifé pour envoyer des armes et même des combattant libyens en Syrie, a déclaré une source libyenne, parlant sous condition d’anonymat. Il y a une intervention militaire en route, dans quelques semaines vous verrez.”
Plus tard ce mois là, quelques 600 terroristes libyens seront rapportés être entrés en Syrie pour commencer des opérations de combat et par la suite, CNN dont le journaliste Ivan Watson qui accompagna les terroristes à travers la frontière turco-syrienne et dans la ville d’Alep, révéla qu’en fait des combattants étrangers se trouvaient parmi les militants, surtout des Libyens. Il fut admis que:
“Dans le même temps, des résidents du village où les Faucons Syriens établissaient leur QG affirmaient qu’il y avait là des combattants de plusieurs pays d’Afrique du Nord servant dans les brigades combattantes. Un combattant volontaire libyen a aussi dit à CNN qu’il a l’intention d’aller en Syrie via la Turquie dans les jours qui venaient afin d’ajouter une “section” de combattants libyens au mouvement armé.”
CNN ajouta également:
“Mercredi, l’équipe de CNN a rencontré un combattant libyen qui était entré en Syrie via la Turquie avec quatre autres Libyens. Le combattant portait une tenue complète militaire camouflée et portait un fusil d’assaut Kalashnikov. Il a dit que plus de combattants libyens étaient en route.
Parmi les combattants étrangers, certains d’entre eux sont clairement attirés là-bas car percevant ce combat comme un “djihad”. Ceci est donc un aimant à dhihadistes qui voient cela comme un combat pour les musulmans sunnites.”
Avec ceci à l’esprit, on ne peut qu’imaginer à quel point serait les ramifications de ces groupes terroristes avec la Syrie devenant un autre havre d’entraînement, de logistique et de trafic d’armes et de combattants, alors que l’occident ferait glisser sa guerre par procuration vers le Liban, l’Iran et même le sud de la Russie (Caucase) et la Chine occidentale.
Le Liban, sans le gouvernement et la force militaire syriens et avec l’Iran combattant une guerre par procuration qui traverserait inévitablement ses frontières si la Syrie tombait, n’a aucune chance contre les mercenaires de la guerre par procuration soutenus par le sponsorship multinational du terrorisme mené par les Etats-Unis. La bataille pour la Syrie est la bataille du Liban. Elle est aussi la bataille de l’Iran, et celle de la Russie et même de la Chine. Ces nations ne soutiennent ni ne défendent le gouvernement syrien juste parce qu’ils en sont les alliés. Elles le font en connaissance de cause sachant que le conflit s’étendra s’il n’y est pas mis fin en Syrie dès maintenant.
C’est précisément pour cela que ni la Russie, ni l’Iran, ni le Liban et à moindre mesure ni la Chine, ne peuvent se permettre d’abandonner la Syrie.
Ceci est aussi pourquoi les “assurances” en provenance des Etats-Unis disant que si “un changement de régime” se faisait en Syrie, le conflit prendrait fin, ne peuvent pas et ne doivent pas être crues.
“Le changement de régime” n’a pas mis fin au conflit en Libye, ni au rôle de la Libye dans le soutien de plus vastes conflits au-delà de ses frontières. Cela ne sera pas le cas en Syrie non plus. Ceci ne fera que mener au prochain conflit qui sera bien plus important.
Le Hezbollah ne combat pas “pour Assad” en Syrie. Le Hezbollah se bat pour le Liban et la stabilité de la région entière de laquelle le futur du Liban dépend directement.