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De la pourriture ambiante : le capitalisme comme culte de la mort et la science comme pute de luxe au service d’une idéologie marchande moribonde mais toujours bien dangereuse…

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jesuis

Le capitalisme est un culte de la mort et la science est une pute

Dr Bones

2015

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Le texte superbement mis en PDF par Jo:
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Ce que l’on pourrait appeler “l’état d’esprit païen” pourrait en fait être mieux référer comme une “conscience radicale”.

Je ne me conçois pas comme un païen (je me vois plutôt comme un gnostique et un occultiste), mais dans mon travail j’en ai vu assez pour savoir que les pouvoirs et les divinités servis par ceux se considérant comme tels, sont bien réels. Ce n’est pas parce que je ne travaille pas avec eux que je doute de leur existence. Sur le plan métaphysique, j’ai plus à voir avec un polythéiste qu’avec un monothéiste quoi qu’il en soit. Ce sont deux visions du monde totalement différentes.

L’esprit païen ne fut pas quelque chose de superficiel, mais tout un nid de structures de croyance qui demeura infiltré même sous la main de fer de l’église : là résidaient les raisons pour lesquelles vous laissiez de la nourriture pour les morts, que vous ne coupiez pas certains arbres, que vous pouviez mettre la statue d’un saint à l’envers pour le punir si celui-ci ne faisait pas ce que vous lui demandiez. C’était une carte mentale remplie d’une inter-connectivité de toutes choses où même le plus commun des objets ou la créature la plus commune faisaient parties d’un tout plus grand, plus vaste, plus sacré. Ceci représentait l’affirmation de la vie et non pas la négation de celle-ci ; le monde, le “cosmos” était au-delà du bien et du mal, ses manifestations de la même façon partie d’une grande unité que ses qualités invisibles. Des puissances, que certains comprenaient d’autres pas, interagissaient les unes avec les autres et c’est de cette synthèse qu’était faite la réalité. Arlea Æðelwyrd Hunt-Anschütz a décrit ce concept en tant que Wyrd dans son “Qu’est-ce que le Wyrd ?

“Wyrd veut dire littéralement ‘ce qui est devenu’, cela porte l’idée de “transformation” à la fois dans le sens de devenir quelque chose de nouveau et dans le sens de retourner vers un point de départ. En termes métaphysiques, wyrd personnifie le concept que tout se transforme en quelque chose d’autre tout en étant à la fois tiré vers son point de départ et s’éloignant de ses origines. Ainsi, nous pouvons penser du wyrd comme étant un processus qui travaille continuellement les schémas du passé en ceux du présent.”

Même après sa perte de pouvoir sociétal suite à des générations d’éradication et de conversion, cet état d’esprit d’affirmation et de libération continua soit à exister dans la culture populaire de manière dégradée ou fut gardé gentiment à couvert ; parfois, comme dans ce cas fascinant du culte du crâne de Fontenelle, un peu des deux. Ceci persista parce que ça marchait. Mais maintenait tout cela parmi une culture monolithique et un système de croyance qui niait littéralement les choses que vous entendiez et dont vous étiez les témoins ce qui ne fut pas une mince affaire. Cette conscience radicale fut un rejet en bloc de tout ce que la structure de croyance dominante représentait.

Lorsque le monothéisme chrétien est devenu l’idéologie dominante, il a imposé quelques uns de ses axiomes indiscutables, des schémas de pensée informant les observations quotidiennes de ceux qui y croyaient. Alors qu’auparavant il y avait multiplicité, il n’y avait dorénavant plus qu’une seule et unique explication et un code écrit pour toute chose. Par exemple, seul dieu donne leurs âmes aux humains, les animaux étaient donc des choses insensibles à des fins d’utilisation par les humains. Ceci mena à tous les abus possibles sur le règne animal. L’environnement naturel n’était là donc que pour son utilisation par l’humain et donc avec rien d’autre que quelques outils de base et des armes, l’Ouest américain, cette frontière du “Far-West” vit en son époque une destruction écologique et humaine sans précédent dans la croyance que tout cela n’était juste que des ressources à exploiter. Dans la grande hiérarchie de Jehovah, l’homme sert dieu et la femme sert l’homme, faisant de la moitié d’une espèce des serviteurs permanents de l’autre. Ces édits n’étaient fondés que sur une vision totalement négative de la vie, que le monde d’ici-bas et tout ce qu’il contient n’étaient que de “qualité inférieure” au sein d’une grande hiérarchie emplie d’anges ; plus les choses en étaient éloignées et mieux c’était. Ces idées qui naquirent dans la chrétienté du Moyen-Age, devinrent profondément ancrées dans nos psychées et continuèrent à influencer la pensée humaine, ce longtemps après la substitution des ses ancêtres… jusqu’à aujourd’hui.

“L’esprit païen” en regard de cette idéologie en est l’anti-thèse. D.H. Lawrence in Etruscan Places le décrit fort justement :

“… Le concept de la vitalité de cosmos, la myriade de vitalités dans sa confusion sauvage, qui est toujours prise en compte : et l’humain, dans le tumulte, s’aventurant, luttant pour une chose, la vie, la vitalité, toujours plus de vitalité, emmagasiner en lui toujours plus de la vitalité du cosmos. Voilà le trésor. L’idée religieuse active fut que l’humain, par vivacité et en exerçant subtilement toute sa force, pourrait attirer plus de vie pour lui-même, plus de vie, plus de vitalité resplendissante, jusqu’à ce qu’il devienne brillant comme le matin, irradiant comme un dieu.

La bataille de l’idéologie s’est produite et s’est terminée et nous sommes victorieux.

Je ne dis pas que le fondamentalisme chrétien n’est plus une menace. Le danger rampant du dominionisme, mélange théocratique de fascisme et de christianisme, pourrait parfaitement pondre un daesh protestant si les choses deviennent par trop inconfortables et la pensée chrétienne fondamentaliste imprègne plus que certainement de très larges sections du parti républicain. Tout ceci est vrai. Mais ces gens sont des résidus ou plutôt ce qu’il se passe lorsqu’une communauté commence à fondre. Confrontés à une perte de pouvoir dans un monde changeant, les groupes tendent à placer leurs croyances en des temps de pouvoir sur un piedestal fétichiste. C’est la raison pour laquelle l’URSS devint si paranoïaque et pourquoi les Américains croient toujours que nous pouvons revivre “le bon vieux temps” si seulement nous pouvions nous débarrasser des ces stupides républicains / démocrates et la clique politique (flash Info : non, vous ne le pouvez pas…)

Les évangélistes sont une minorité. Peut-être vocale et amère, mais une minorité néanmoins. Le monde pense qu’ils appartiennent à un musée.

Parce que…

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Dieu est mort…

Le grand philosophe Frédéric Nietzsche, dans son style dynamité, l’a d’abord reconnu dans son ouvrage du “Gai savoir” lorsqu’il y disait :

Dieu est mort. Dieu restera mort et nous l’avons tué. Comment nous réconforterons-nous, meurtriers de tous les meurtriers ? Que fut le plus puissant et plus sacré de tout ce que le monde a possédé et qui fut saigné à mort de nos couteaux ; qui va nous laver du sang qui nous recouvre ? Quelle eau reste t’il pour nous laver ? Quels jeux sacrés devrons-nous inventer ? La grandeur de cet acte n’est-elle pas trop pour nous ? Ne devrions-nous pas nous-mêmes devenir des dieux simplement pour paraître le mériter ?

Il faisait ici remarquer que le vieux monde, le monde des valeurs chrétiennes fondé sur un ordre universel absolu, physiquement maintenu par une déité vengeresse et omnisciente, était perdu à tout jamais, détruit par la popularité et la technique de la science. Le christianisme et ses diktats ne pouvaient plus être pris pour vérité, les mots d’un prêtre crus par dessus tous les autres, les écritures (saintes) n’ont simplement agi que sur une foi et un asservissement aveugles. Et que si vous commenciez à douter de quelques uns de ses segments, alors l’ensemble commençait à s’effondrer. Qui aujourd’hui peut honnêtement dire, parmi le camp fondamentaliste, qu’il ou elle a la même foi que le paysan moyen du moyen-âge ? Qui rejoindrait une croisade des enfants et attendrait que l’océan s’ouvre et les accueille en “terre sainte” ? Tout ça est bel et bien fini !

Mais la nature a horreur du vide et quelque chose d’autre a alors pris sa place. Une nouvelle conscience encore plus étrangère à la notre est montée en puissance : la conscience du capital.

Et Marx fit son entrée

“La bourgeoisie, à chaque fois qu’elle a eu le dessus, a mis fin à toutes relations patriarcales féodales, idylliques. Elle a déchiré sans pitié les liens féodaux qui liaient l’humain à ses “supérieurs naturels” et n’a laissé à ce qui restait rien d’autre que le lien entre l’homme et l’intérêt personnel, le rugueux “paiement en argent sonnant”. Elle a noyé les plus grandes extases de ferveur religieuse, d’enthousiasme chevaleresque, de sentimentalisme philistin, dans l’eau glacée du calcul égoïste. Elle a résolu la valeur personnelle en une valeur d’échange et à la place de libertés nombreuses, invincibles et répertoriées, elle a substitué la liberté unique et sans conscience, celle du libre-échange. En un mot, pour l’exploitation, voilée d’illusions religieuses et politiques, l’exploitation brute, directe, avérée et sans honte.

La bourgeoisie a arraché l’aura de toute occupation, de tout métier vu et honoré. Elle a converti le médecin, l’avocat, le prêtre, le poète, l’homme de science, en travailleurs salariés. La bourgeoisie a arraché de la famille son voile sentimental et a réduit la relation familiale à juste une relation d’échange monétaire.” – Karl Marx, “Le manifeste du parti communiste”, 1848 –

Les êtres humains ont besoin de valeur, nous recherchons et plaçons une signification pour toute chose. Forcés dans un monde avec la (fausse) compréhension que rien n’a de signification intrinsèque, qu’il n’y avait pas d’ordre ni de raison à l’univers, nous avons du créer les nôtres et en les inventant, nous avons eu besoin de mesurer à quel point cela valait la peine parce que nous existions maintenant dans un univers sans ordre moral absolu. Ainsi, l’argent devint le parfait véhicule. L’argent est un outil d’échange facile et aussi de mesure de la valeur, universelle. Tout et toute chose peuvent être mesurés par l’argent. Comme par magie, nous pouvons mettre en équation la valeur de 100 pommes de terre et utiliser ce symbole de la valeur pour acheter et obtenir des choses de valeur similaire. Nous pouvons dire quelles sont les “bonnes” choses parce que les “bonnes” choses sont plus chères. De cette manière, la valeur commerciale devient un étalon pour la valeur réelle elle-même. Le problème est que cela devient la seule mesure de la valeur. Comme l’a dit Marx : “Si l’argent est le lien qui me lie à la vie humaine, qui me lie à la société, qui me connecte avec la nature et l’homme, alors l’argent n’est-il pas le lien de tous les liens ? Ne peut-il pas dissoudre et attacher tous les liens ? N’est-il donc pas aussi l’agent universel de la séparation ?

Si Marx n’est pas votre truc, d’autres philosophes ont aussi noté la même chose.

Tous les liens, du sacré au profane, sont réduits à leur valeur monétaire. Cette façon de penser, cette idéologie infecte toutes nos relations et les brise littéralement. La malédiction bien connue de la loterie en est la preuve. Combien d’argent cela prendrait-il pour vous faire faire quelque chose que vous regretterez le reste de votre vie ? Vendre, trahir un ami ? Être témoin d’un crime et regarder de l’autre côté ? Quelques centaines de dollars ? Milliers ?…

Le Dr Farrell dans la série sur l’Archonologie nous dit :

“Avant l’élection du cardinal Jorge Maria Bergoglio comme pape François 1er, j’ai fait remarquer qu’une chose à bien observer chez le nouveau pape serait sa position sur la banque du Vatican, qui fut, comme vous vous en souvenez, impliquée dans toujours plus de scandales dans des affaires de blanchiment d’argent et quelques transactions des plus opaques avec des banques américaines. Comme les lecteurs de mon ouvrage ‘Covert Wars and Breakaway Civilizations’ se le rappelleront, ceci est une relation remontant à au moins 1948, lorsque l’Institut des Œuvres Religieuses, l’IOR (le nom de la banque du Vatican), fut utilisée comme accessoire dans le blanchiment de fonds de la CIA entrant en Italie afin d’assurer une défaite du parti communiste italien dans les élections de cette année là.

Aucune organisation croyant honnêtement en un dieu vengeur omniprésent, tenant les comptes de toute transaction morale, ne participerait à de telles opérations. Mais elle le ferait si elle ne croyait pas vraiment en toutes ces choses qu’elle prêche et si tout ce qui la préoccupait était l’argent. Le vieux roi est mort. Longue vie au roi !

Mais le capital en lui-même n’est pas suffisant pour façonner le monde à son image. Une nouvelle église doit être construite à la place de l’ancienne, ne serait-ce pour empêcher les gens de remarquer à quel point le roi Capital est mauvais. Et bien, dans la bataille entre dieu et la science, qui gagne ?

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Construire un nouveau dieu

Il y a en fait une nouvelle religion, une nouvelle église mondiale en compétition pour une position, vous n’en avez peut-être jamais entendu parler auparavant : le scientisme. Décrit comme “la croyance en l’application universelle de la méthode et de l’approche scientifiques et la vision que la science empirique constitue la vision du monde la plus “compréhensive” ou la partie la plus valable de l’apprentissage humain, à l’exclusion de tout autre point de vue.” Ceci sonne bizarre, mais suffisamment inoffensif je pense. Analysons tout ça un peu mieux.

La science moderne est souvent décrite comme ayant émergé de la philosophie ; bon nombre des scientifiques modernes originaux étaient engagés dans ce qu’ils appelaient “une philosophie naturelle”. Plus tard la philosophie a été vue comme une activité distincte de, mais intégrante de la science naturelle, chacune adressant des questions séparées par complémentaires, soutenant, corrigeant et soumettant une connaissance l’une à l’autre. Mais le statut de a philosophie a beaucoup perdu ces derniers temps. Ce qui est central au scientisme est la saisie d’un territoire presque entier de ce qui était considéré auparavant comme appartenant à la philosophie. Le scientisme considère la science comme non seulement meilleure pour répondre aux questions de la philosophie, mais encore comme étant le seul moyen d’y répondre. Pour la plupart de ceux qui s’immergent gentiment dans le scientisme, ce glissement est inconnu et n’est peut-être même pas reconnu comme tel. Mais pour d’autres, c’est explicite. Atkins par exemple, est très critique dans sa réfutation de tout le domaine : “Je considère qu’il est défendable de dire qu’aucun philosophe n’a aidé à élucider la nature ; la philosophie n’est que le raffinement de l’obstruction.”

Mais pas n’importe quelle science…

Cette attitude a été articulée dans l’autre groupe principal des théories scientifiques, qui rivalise avec les compréhensions essentialistes, c’est à dire les théories “institutionnelles”, qui identifient la science avec l’institution sociale de la science et ses praticiens. L’approche institutionnelle peut-être utile aux historiens de la science, car cela leur permet d’accepter les définitions variées des domaines utilisés par les scientifiques qu’ils étudient. Mais quelques philosophes vont jusqu’à utiliser des “facteurs institutionnels” comme critères de bonne science. Ladyman, Ross et Spurrett par exemple, disent qu’ils “se démarquent de la bonne science, autour de lignes qui sont inévitablement opaques, en référence à des facteurs institutionnels et non pas à des facteurs directement épistémologiques.

Oh, vous voulez dire ces institutions ?

“Toute discussion sur l’état de la science doit s’adresser directement à une massive expansion de la science financée de manière privée ces dernières décennies. En d’autres termes, cela doit gérer un statu quo que peu de scientifiques questionnent ni même ne reconnaissent…

“Aujourd’hui, un grand nombre de scientifiques sont employés et donc payés par Big Pharma, Big Agriculture et toutes ces entreprises ayant des agendas allant à l’encontre de l’environnement et de la justice sociale. Dans le même temps, les universitaires, bien que toujours largement financés par des fonds publics, ont leurs propres liens avec le capital. Beaucoup reçoivent des budgets de recherche et des bourses d’étude en provenance des entreprises de la biotechnologie, pharmaceutiques ou agricoles. Ils siègent dans des comités de conseil, supervisent et participent dans des évènements et des colloques financés par l’industrie et dépendent de liens avec l’industrie comme des couloirs de sortie pour l’emploi de leurs élèves et doctorants.”

Mais il y a mieux :

Les résultats sont directement apparents. Le grand nombre de rétractations de publications pour cause de mauvaise méthodologie, d’approches erronées, et de mauvaise conduite générale dans la recherche, cette dernière décennie, est absolument époustouflant. On a vu une myriade d’erreurs et de mauvaises études dans quasiment tous les domaines de la science. Le pourcentage des articles scientifiques qui ont été rétractés a décuplé depuis 1975,

Ainsi en va t’il de la “vérité objective”.

Une fois de plus, le capital fait levier et utilise les structures existantes pour façonner le monde à son image, faisant avancer une vision du monde en adéquation avec ses intérêts, dissolvant tous les liens sauf les siens. Quand un système d’idées et de technologies est tenu par des intérêts financiers, ils prennent une toute autre importance, même lorsqu’il s’avère être inutile et même dangereux. Ce système devient un dogme religieux, un canon de vérité indiscutable, des bulles pontificales infaillibles, un test qui sert à déterminer les gens “bons et intelligents” des “mauvais et des idiots”. Les faits, les idées et même les technologies deviennent moins important que de s’assurer que le flot de fric continue de couler et la seule façon de le faire est de faire plaisir aux gens qui ont ce fric, essentiellement en s’assurant aussi que ces personnes continuent à avoir ce fric. Vous ne me croyez pas ? Demandez à Nicolas Tesla ou Rudolf Diesel (si vous pouvez le trouver)…

Une des critiques essentielles de Nietzsche au sujet du christianisme était que cette religion niait la vie, elle était une idéologie construite pour détruire et nier les sentiments naturels de l’Homme, le monde naturel lui-même. Il identifiait dans la vie deux instincts différents : un instinct réactif et un instinct pro-actif. Le Dr W. Large dans un essai sur l’athéisme de Nietzsche dit :

Les forces réactives, comme le suggèrent les mots n’existent qu’au travers une opposition à une autre force qu’elles rejettent. Les forces réactives nous dit Nietzsche sont toujours négatives.  Il serait mieux de comprendre cette relation en termes de modèle politique ou social, c’est à dire en termes de relations entre les groupes. Un groupe réactif est un groupe qui n’a un sentiment de pouvoir et de puissance qu’à travers la haine qu’il éprouve pour un autre groupe et qui ne gagne de valeur qu’à travers cette négation. Tout ce que nous faisons est bon, alors que tout ce que les autres font est mauvais. Les forces pro-actives au contraire s’affirment d’elles-mêmes ; elles possèdent leurs valeurs dès le début et ne les obtiennent pas au travers de la haine qu’ils éprouvent de ceux qui sont différents d’eux. Le christianisme, du point de vue de Nietzsche, est une philosophie réactive, se construisant toujours en insistant sur ce qu’il n’est pas, gagnant du pouvoir en niant les aspects de la vie et de la réalité en les supplantant avec sa propre interprétation et objectifs biaisés ; relevant d’une stricte dichotomie entre le nous et eux, ce monde et notre monde.

Une défense rigide de la science empêche les scientifiques de reconnaître que Monsanto monopolise la production de graines (OGM), dicte les prix du marché pour le bénéfice exclusif des agriculteurs riches, favorise l’émergence de super mauvaises herbes résistantes, permet la transmission transgénique à des cultures sauvages dans d’autres pays et utilise l’État pour doper ses revenus… Pourtant, das le sillage de ces infos qui endettent les fermiers, bon nombre d’entre eux furent amenés au suicide, bon nombre de groupies des cultures OGM ont écrit des réfutations drastiques, refusant d’admettre que la production et l’introduction du coton Bt de Monsanto et les goûts exorbitants des graines et produits chimiques associés ont créé une véritable crise de la dette chez un grand nombre de paysans indiens… Plus troublant encore, Monsanto et autres entreprises multi-millionnaires de l’agribusiness ont supprimé la recherche indépendante sur leurs cultures génétiquement modifiées, ce depuis des décennies.(Source)

Cela ne peut pas être mauvais parce que seuls les non-croyants stupides en la science sont mauvais ! Si on ne la défend pas, cela veut dire qu’ils pourraient avoir raison !” C’est une attitude observée un grand nombre de fois dans le camp fondamentaliste de la “science” et pourtant cette attitude s’accentue dans le monde de la communauté scientifique, qui va même pousser le bouchon jusqu’à fabriquer des citations pour affirmer à quel point ils ont raison et à quel point ont tort les non-croyants. Le système s’auto-nourrit : vous n’obtenez des budgets financiers pour votre science que si vous êtes une personne comp´´tente et intelligente. Comment cela est-il déterminé ? Si vous croyez les mêmes choses que nous, l’establishment, parce que nous savons ce qui est vrai ou faux. Comment le savons-nous ? Parce que les gens que nous payons pour faire la recherche nous ont assuré que nous avions raison. Bien sûr, il y a eu quelques uns de ces scientifiques qui se sont trompés, qui ont eu des vues hérétiques. Mais ne vos inquiétez pas, nous savons comment nous occuper d’eux…

Les similarités entre l’establishment scientifique et le système de patronage de l’église catholique au moyen-âge sont frappantes. Mais qu’est-ce exactement que cette glorieuse vista de progrès qui nous est introduit par les meilleurs esprits que le fric puisse acheter ?

Le modèle prévalent, pas seulement pour l’esprit humain, mais pour la réalité dans son ensemble, est un modèle mécanique déterministe : l’univers opère et se régit sous des lois immuables, sur un chemin immuable et inaltérable et nous ne sommes juste qu’une bande de machines pensantes . Votre personnalité, votre caractère et vos sentiments ne sont que des ornements ; les schémas de pensée collectés au travers de vos années d’existence que vous déterminez être “vous” ne sont que de toutes nouvelles strates de poussières. La vie n’est qu’une concurrence constante entre des factions en lutte pour la survie du plus apte et il n’y a rien d’autre, alors profitez-en du mieux possible tant que ça dure.

Charmant n’est-ce pas ? Quelle belle affirmation de la vie. Pas étonnant que sa très large adoption en Europe ait mené à une baisse drastique de la démographie et à une choquante révolte parmi sa jeunesse. Pris d’un excellent article de la revue Ritual :

“Les agences de renseignement estiment que des milliers de combattants étrangers d’Europe occidentale, se sont rendus en Syrie et en Irak pour répondre aux différents appels aux armes d’organisations djihadistes variées y opérant (NdT : essentiellement créées et maintenues opérationnelles par ces mêmes services de renseignement occidentaux..)… Qu’est-ce que ces jeunes élevés dans le confort tranquille du cœur de ce qui est supposé être “le meilleur des mondes possibles”, espèrent trouver parmi les ruines et les cadavres d’Alep ? Pourquoi des milliers de personnes quittent le soi-disant rêve banlieusard pour combattre et mourir sous la bannière d’un racket brutal dont l’apparence et l’idéologie ressemblent à une ombre atavique d’un autre temps ?

“Parmi les nombreux entretiens, témoignages, documentaires et messages vidéos au sujet et de ces “combattants étrangers” en Syrie, il y a un fragment de discussion de deux djihadistes belges sur leur motivation à rester, à combattre une guerre sanglante dans une ville largement désertée avec laquelle ils n’ont absolument aucune connexion. Au départ, la conversation se focalise sur un devoir théologique, un sens d’empathie humaine pour les victimes du régime d’Al Assad et la frustration émanant de la politique étrangère occidentale, les points de discussion disons classiques. Mais bientôt, la conversation opine vers la vie quotidienne du militant. Comment ici, sur le front d’une guerre sans espoir, ils ont trouvé une communauté de croyants qui mangent ensemble, qui prient ensemble, qui s’occupent les uns des autres, qui pansent leurs blessures et qui se couvrent l’un l’autre sur le champ de bataille. Comme l’a dit un djihadiste britannique : “Nous sommes comme un seul corps, si une partie souffre, les autres parties réagissent.” Ce qu’espèrent trouver ces âmes errantes dans les runes et les morts du Levant est quelque chose en quoi ils peuvent croire, quelque chose qui sature chaque action d’un sens pérenne qui supplante le tangible et le transcient, une communauté pour laquelle cela vaut la peine de vivre et de mourir et maintenue en place par quelque chose d’autre que la règle de l’or, du fric…

“Quand des jeunes de la classe moyenne de villages endormis du cœur de l’Europe décident de prendre les armes pour un racket brutal n’offrant pas grand chose d’autre qu’une mer de décapitations et une mort sous le soleil implacable de Levant, il reste peu de chose à dire au sujet du supposé “triomphe du progrès”, du capitalisme et de la démocratie libérale. Des mots d’un imam canadien dont quelques jeunes élèves sont partis combattre pour l’EIIL / Daesh : ‘Quand vous ne trouvez pas un but, un sens à la vie, la seule chose pour laquelle vous êtes impatient, c’est la mort.”

Quand mourir dans le désert pour une cause dont vous n’avez que la plus petite des connexions devient une meilleure option que l’existence dans un vide spirituel, nous devons nous demander juste à quel point ce système mécanique déterministe est-il valide et fiable. Ici, aux Etats-Unis, la supposée “terre de toutes les opportunités” et de capitalisme à fond la caisse, les gens sont plus déprimés que jamais auparavant et si la bahut est en session cette semaine, il y a une grande chance que quelqu’un y sera tué. Entre tout ça, le taux de suicide continue de grimper, laissant dans l’expectative des communautés entières qui se demandent qu’est-ce qui a bien pu se passer pour en arriver à ce marasme là.

Peut-être est-ce parce que nous sommes forcés de nier une réalité bien plus grande.

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Ne tolérez pas les hérétiques

Nietzsche, bien que virulent athée, a vu les “hommes de science” et les sceptiques de son temps comme n’étant pas meilleurs que ce qu’il pensait être les chrétiens dupés et dupeurs. Il a vu en eux la même marque de fabrique que le Vrai Croyant et a dit dans son livre “Par delà le bien et le mal” :

“L’homme objectif est un instrument, un instrument de mesure coûteux, facilement dommageable et un appareil de réflexion, qui doit être respecté et bien traité ; mais il n’est pas le but, il n’est pas l’homme complémentaire dans lequel le RESTE de l’existence se justifie de lui-même, il n’est pas la fin et pourtant moins que le commencement ou une cause première, rien de tel,

**

vous, taupes pessimistes !” […]

“Quelle est la nature de la réalité ? D’où cela provient-il ? L’univers a t’il eu besoin d’un créateur ? Traditionnellement, ces questions sont pour la philosophie, mais la philosophie est morte. La philosophie ne nous a pas maintenu au niveau des développements modernes de la science, de la physique en particulier. Les scientifiques sont devenus les porteurs du flambeau de la découverte dans notre quête de la connaissance.” — Stephen Hawking et Leonard Mlodinow, The Grand Design —

Vous vous rappelez du truc au sujet des philosophies réactives ? Dans un entretien avec le quotidien The Guardian de Londres, Hawking pontifie “Je considère le cerveau comme un ordinateur qui s’arrêtera de fonctionner lorsque ses composants casseront. Il n’y a pas de vie après la mort ni de paradis pour les ordinateurs brisés. Ce n’est qu’un conte de fée pour les gens qui ont peur du noir…” Vraiment ?

Une vie après la mort, la réincarnation et les vivants parlant avec les morts ? Peut-être après tout que les sorciers et sorcières savaient quelque chose de plus que le commun des mortels.

Et ce n’est pas juste l’existence d’une vie après la mort qu’ils voudraient juste expliquer, mais la nature même de la conscience. On nous dit que nous ne sommes que des machines, que notre esprit est constitué de petites tempêtes électriques, qu’il n’y a aucune preuve que notre esprit s’étende au delà de notre corps. En fait, James Randi, le légendaire sceptique, a offert jusqu’à 1 million de dollars à quiconque pourrait prouver fausse cette vison du monde. Mais voilà, ce n’est pas si simple :

[…]

“Ne faites pas attention à cet homme derrière le rideau”

Demeure la question du pourquoi, pourquoi nous gave t’on avec un establishment scientifique qui ignore pratiquement toutes les données contraires à cette vision du monde matérialiste, qui continue à hurler (même contre des preuves du contraire) qu’un univers vide et stérile est tout ce qu’il y a ? Simple. La seule science qui s’effectue est celle qui est payée, qui reçoit des budgets. Les seules personnes qui peuvent payer pour que tout ceci soit fait sont celles appartenant à des intérêts privés ayant beaucoup de capital. Ces gens veulent qu’une certaine vision du monde soit non seulement confirmée mais aussi disséminée. Parce que tout cela sert un objectif. Nous avons déjà établi comment le système capitaliste est un système global de contrôle et d’exploitation. Il serait impossible de maintenir en place ce système de servitude si la réalité du “non visible” était non seulement prouvée, mais aussi connue dans les grandes largeurs. Vous pensez que les strates supérieures de la pyramide capitaliste ne savent pas et ignorent ce qui a trait aux esprits, aux pouvoirs magiques et aux possibilités réelles de l’esprit humain ? Diable, la CIA possède sa propre division, son propre département de parapsychologie (et l’a fermé lorsqu’un agent en a parlé publiquement) et quelqu’un comme Poutine a un magicien grassement payé dans son personnel du nom d’Alexandre Douguine.

Non, la personne qu’ils ne veulent absolument qu’elle ait des connaissances sur ces sujets c’est VOUS, les gueux, la classe travailleuse, l’homme du commun. Et pourquoi ? Et bien c’est assez simple. Cela devient très difficile d’avoir quelqu’un se concentrer neuf heures ou plus par jour dans son temps de travail lorsque cette personne sait que sa conscience peut littéralement se déplacer dans le temps… Cela devient un défi de maintenir la jeunesse focalisée essentiellement sur l’acquisition de biens de consommation absolument inutiles quand ils sont certains que cette vie n’en est qu’une parmi tant d’autres. […]

En bref, leur monde, le monde du pognonthéisme devient non seulement sans importance, mais complètement futile et obsolète.

Le monde capitaliste repose sur un vide qui ne peut être que remplit par des biens matériels, repose sur des personnes terrifiées et se sentant effroyablement seules. Il va vigoureusement écraser et annihiler tout challenge à son existence vide parce que s’il les autorise à avoir raison, ne serait-ce qu’une fois, alors cela remet tout en question. Si les gens peuvent apprendre d’un monde plus profond, bien plus riche, complètement distancié du monde mesquin de la finance, un monde qui transcende les commodités et les prix, d’une plus grande existence sur laquelle ils peuvent se brancher aujourd’hui, sans avoir à payer quoi que ce soit… alors le monde de la production capitaliste tombe comme ce jouet bon marché et sans goût qu’il est. Ainsi, la vieille conscience radicale, maintenant mise sur les rails et se développant, sera maintenue censurée et enterrée.

Et tout comme nous avons survécu à la première suppression, nous survivrons à celle qui vient.

Le texte en PDF : Le-capitalisme-est-un-culte-de-la-mort-la-science-une-pute

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Il n’y a pas de solution au sein du système ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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4 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

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Deux communiqués sur la guerre en Ukraine à diffuser sans modération :

la-ou-nul-nobeit-personne-ne-commande

destruction_creation
La vie est une relation extatique entre la destruction et la création…
La société marchande est la mort…
La société des sociétés est la vie…

Errico Malatesta : Capitalisme et irréconciliable contradiction…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, économie, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, gilets jaunes, guerres hégémoniques, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, résistance politique, sciences et technologies, syndicalisme et anarchisme, terrorisme d'état, Union Europeenne et nouvel ordre mondial with tags , , , , , , , , , on 6 avril 2021 by Résistance 71

Nous avons traduit et publié bon nombre de texte d’Errico Malatesta depuis quelques années sur Résistance 71. Ce texte ci-dessous est remarquable dans sa justesse d’analyse et son actualité… 121 ans plus tard. Serait-ce un signe une fois de plus que rien n’a vraiment changé depuis ?…

Malatesta (1853-1932) rejoignit la 1ère Internationale en 1871 à l’âge de 18 ans. En 1872, il rencontra Bakounine et rejoignit l’Internationale Anarchiste du congrès de St Imier. Malatesta fut longtemps un adepte de la “propagande par le fait”, c’est à dire un avocat de l’insurrection armée, mais il changea d’avis avec le temps. Il fut un des leaders anarchistes qui refusa d’accepter la 1ère guerre mondiale, argumentant que tout cela n’était qu’un accord des riches pour faire s’entretuer les pauvres au nom de leur profit et de leur richesse. Mécanicien et électricien de formation, il milita et aida à l’organisation de la lutte ouvrière dans l’optique de l’établissement de la société anarchiste dans bon nombre de pays, en Italie, son pays d’où il dût s’exiler pendant 35 ans, en Belgique, en France, en Suisse, aux Etats-Unis et en Argentine. Il passa 12 années de sa vie en prison et fut condamné 3 fois à mort.

Errico Malatesta est une des grandes figures historiques de l’anarchisme, grand organisateur et fédérateur de volonté. Il maniait le verbe et l’action avec la même efficacité. Ce n’est pas un hasard si nous le sortons du “placard” à intervalles réguliers. Quand on parle de complémentarité osmotique, il est intéressant de lire et de puiser dans les écrits et la pensée de Proudhon, Kropotkine, Bakounine, Landauer et Malatesta, le meilleur de chacun d’entre eux se cristallisera dans la société des sociétés que nous sommes déjà en train de construire, pour beaucoup sans même le savoir…

~ Résistance 71 ~

L’irréconciliable contradiction

Errico Malatesta

Mars 1900

Traduit de l’anglais par Résistance 71

Avril 2021

Ils écrivent depuis Bari en Italie :

Notre ville subit une bien triste crise. La fabrique de tonneaux, qui fut autrefois une industrie flamboyante, est de plus en plus sur le déclin. La cause de ce déclin réside dans l’introduction de nouveaux tarifs pour le transport ferrovier, qui permet le retour de tonneaux vides à un très bas prix, ce qui occasionne un déclin dans la consommation de tonneaux. Il y a quelques temps, les maîtres d’œuvre de la fabrication des tonneaux demandèrent que les prix de transport des tonneaux vides soient augmentés. Dimanche dernier, devant la préfecture, ils ont rencontré les autorités pour leur demander de les aider. Un comité de 12 membres de la corporations des tonneliers, accompagnés d’un inspecteur de la sécurité publique, fut reçu par le préfet, qui a promis de résoudre cette affaire.

Comment diable le préfet va t’il résoudre cela ?

En donnant l’ordre aux compagnies ferrovières d’augmenter encore le prix de transport des tonneaux vides ? Comment cela se peut-il, si les capitalistes sont ceux qui possèdent les chemins de fer, ceux qui commandent aux préfets et qui sont les maîtres de ceux-ci !

Et puis, augmenter le prix du retour des tonneaux vides fera immanquablement augmenter le prix du vin.

Si les consommateurs de vin en venaient à se retourner contre le préfet, leur promettrait-il ces choses aussi ?

Ce pauvre préfet doit se sentir dans la position de dieu tout puissant à qui une personne demande de la pluie et une autre le beau temps. Et il n’est même pas omnipotent !…

Mais nous nous préoccupons en vain de la position des préfets, qui savent parfaitement bien comment se sortir de tels meli-melos… en faisant des promesses à tout le monde et n’en tenant aucune !

Ce sont ces pauvres travailleurs qui méritent bien plus notre considération car, ignorants de la cause initiale de leurs problèmes, se laissent berner et moquer d’eux au point qu’ils se laissent escorter à la préfecture par un inspecteur de la sécurité publique et espèrent que les autorités vont s’occuper de leur fardeau.

Ce cas des tonneliers de Bari est un cas typique, qui montre on ne peut plus clairement la totale absurdité de la société capitaliste.

Dans ces cas similaires, il ne peut pas y avoir d’autre cure que l’abolition du capitalisme et la transformation radicale du système de production. Et chaque corps de métier, chaque forme d’activité humaine doit, tôt ou tard, se retrouver dans le même dilemme, ce qui est déjà abondamment étendu dû au fait de la surabondance de travail.

Les associations ne sont d’aucun secours, ni ne le sont les grèves, ni les coopératives ni toute autre forme de résistance dans le système.

A chaque fois qu’on n’a pas besoin du travail d’un ouvrier, celui-ci ne peut pas imposer quelque sorte d’accord que ce soit : il doit mourir de faim, plus ou moins lentement, plus ou moins convulsivement, mais il doit mourir de faim… à moins qu’il puisse se libérer du système en cours.

De plus, le progrès a la tendance à rendre le travail de plus en plus de personnes inutile.

Ceci est l’ultime et irréconciliable contradiction entre le capitalisme et le progrès. Tous deux empêchent un véritable progrès, glorifiant les castes actuelles, abolissant la concurrence entre les capitalistes, interdisant tout développement de production, toute nouvelle machine, toute application scientifique nouvelle et réduisant les ouvriers au statut d’animaux domestiques auxquels leurs maîtres donnent une pitance rationnée, en bref, un régime tel que celui mis en place par les jésuites au Paraguay. Pour en sortir, nous devons détruire le capitalisme et organiser la production non pas pour le profit du petit nombre, mais pour le plus grand bien-être de tous.

La requête des tonneliers de Bari pour augmenter le tarif de transport des tonneaux vides afin que les marchands de vin trouvent plus faciles de les brûler après usage plutôt que de les renvoyer, est la même chose que de demander aux tonneliers de n’envoyer que 10 tonneaux sur 100 qu’ils fabriquent sur le marché et de détruire les 90 autres avant qu’ils ne soient utilisés.

Est-il possible de faire cela ? Bien sûr que non, et pourtant la structure actuelle de la société est si absurde que cela rendrait bénéfique une telle mesure.

Quand des gens meurent de faim parce qu’il y a trop de choses ou parce que c’est trop facile de le produire ou parce que c’est trop durable, la destruction peut apparaître et bizarrement être plus utile que la production. Un grand incendie ou un tremblement de terre peuvent être une aubaine, amenant du travail et du pain aux sans emplois. [NdT: à noter que toutes les grandes crises modernes se sont “résolues” au sein du système par de non moins grandes guerres, détruisant beaucoup et tuant des millions de gens. Guerre et reconstruction sont faites par les mêmes entités qui profitent de tout et les banques qui les financent plus encore, le contrôle est mis d’amont en aval de toute crise, le plus souvent planifiée, rien ou si peu n’arrive par hasard…]

Mais la destruction de richesse n’est pas la manière dont les travailleurs pourront s’émanciper. Et par bonheur, le temps est passé, du moins dans les pays les plus avancés, durant lequel les ouvriers pensaient pouvoir arrêter le progrès et mettre autant d’énergie à briser les machines que cela aurait demander pour les contrôler.

Nous ne devons pas nous battre contre le progrès, mais au contraire le diriger pour qu’il profite vraiment à tout le monde.

Pour que cela se produise, il faut que les travailleurs prennent possession du capital, de toute la richesse sociale de façon à ce que ce soit dans leur intérêt de voir une abondance de produits et une production demandant le moins d’effort possible.

Voilà pourquoi il est nécessaire de faire une révolution [sociale]

L’organisation du travail, les syndicats, les grèves et toute sorte de résistance peuvent à un certain point de l’évolution capitaliste améliorer les conditions de travail et de vie des travailleurs ou empêcher que ces conditions ne se détériorent ; elles peuvent bien servir à entraîner les travailleurs à la lutte ; ils sont toujours en de bonnes mains, un bon moyen de promotion des idées ; mais ils sont sans espoir et impuissants à résoudre la question sociale. Tout cela doit donc être utilisé de façon à aider à préparer les esprits et le muscle pour la révolution, pour l’expropriation.

Quiconque ne voit pas et ne comprend pas cela en est réduit à aller mendier devant les préfets… et d’en être la risée.

= = =

Lecture complémentaire : Nous conseillons tout particulièrement cette compilation d’écrits de Malatesta qui sont d’une justesse et d’une actualité (hélas !) sans bornes…

Errico Malatesta, écrits choisis

Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir ! (Résistance 71)

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

+

4 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie


1ère action directe : dire NON !

Le capitalisme, une arme de destruction massive au service exclusif de l’oligarchie…

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Que les parasites se rassemblant à Davos, Bilderberg et autres inepties de privilégiés sachent que les peuples ensent de plus en plus qu’il n’y a pas de solutions au sein du système. La société étatique hiérarchique, inégalitaire, oppressive, coercitive et destructrice est une anomalie de l’histoire humaine, une tumeur cancéreuse dont nous nous débarrasserons en traitant la cause de la gangrène installée: la division politique.

Le temps arrive de remplacer ce modèle obsolète et mortifère par les confédérations de communes libres à l’échelle de ce qui est aujourd’hui les « nations ». Peu à peu cela deviendra une évidence et une fois mise en place, les générations futures se demanderont en étudiant l’histoire pré-autogestionnaire, comment nous, leurs ancêtres pouvions-nous vivre… L’état et le capitalisme seront relégués là où ils appartiennent d’ores et déjà: aux oubliette de l’Histoire.

— Résistance 71 —

 

Un monde de plus en plus inégalitaire

 

Tarik Bouafia

 

23 Janvier 2015

 

url de l’article original:

http://www.michelcollon.info/Un-monde-de-plus-en-plus.html?lang=fr

 

Victor Hugo a un jour écrit : « C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches ». Ce glaçant constat dressé il y a plus d’un siècle par l’auteur des Misérables est plus que jamais d’actualité. Pendant que de plus en plus de gens font face à la précarité, au chômage, à la pauvreté, à l’exclusion, l’élite mondiale des ultra-riches, elle, ne connaît pas la crise, mieux, elle en profite pour s’enrichir.

Un constat alarmant

L’organisation non gouvernementale (ONG) Oxfam a publié cette semaine un rapport sur l’état des inégalités dans le monde. Autant dire tout de suite que les riches ne se sont jamais aussi bien portés qu’aujourd’hui. Les chiffres ont de quoi donner le tournis. En effet, l’ONG prévoit qu’en 2016, les fameux 1% les plus riches posséderont plus de la moitié de la richesse mondiale. Les 99% restants devront se partager le reste du gâteau. Les 80 plus grosses fortunes de la planète détiennent ainsi autant de richesses que les 3,5 milliards des plus pauvres. Chaque adulte de cette élite possède personnellement plus de 2,7 millions de dollars. Des inégalités qui au fil des années ne cessent de se creuser. En 2010, les 1% détenaient 44% de la richesse mondiale contre 56% pour le reste. En 2020, on estime que la part de leur richesse atteindra 52,5%.

Par ailleurs, selon une étude réalisée par la banque suisse UBS en partenariat avec le cabinet de recherche singapourien Wealth X, le nombre de milliardaires dans le monde s’élève en 2014 à 2.235, soit une augmentation de 7% par rapport à 2013. La crise économique de 2008 n’a en rien affecté l’élite mondiale, bien au contraire. Alors que des millions de personnes se retrouvaient sur le carreau du jour au lendemain, renvoyés de leur travail après de bons et loyaux services, pendant que des millions d’Européens, d’Etats-uniens sombraient brusquement dans la pauvreté et la précarité et que des pays du Sud subissaient des famines toujours plus dévastatrices, l’élite capitaliste mondiale faisait exploser ses comptes en banques. Cette énième crise du capitalisme a mis une nouvelle fois à nu ce système injuste et cruel. Et aucun pays de l’OCDE n’est épargné par cette dérive inégalitaire.

En France par exemple, tandis que les grands patrons et les actionnaires se goinfraient de dividendes, de stock options et de retraites chapeau, la masse de la population recevait et continue de recevoir les foudres de ce système basé sur l’hyper profit de quelques-uns et l’exploitation du plus grand nombre. Les statistiques sont là pour en témoigner. Alors que, dans toute son histoire, la France n’a jamais été aussi riche, on compte plus de 140.000 sans domicile fixe. Selon l’Insee, le taux de pauvreté était de 12,6% en 2004, il a grimpé à plus de 14% en 2012. De plus, ce sont plus de 3,5 millions d’individus qui bénéficient de l’aide alimentaire et 3,8 millions de personnes qui perçoivent les minimas sociaux. Et les riches dans tout ça ? Ne nous inquiétions surtout pas pour eux, ils vont très bien ! L’Europe est en récession mais par contre la croissance des milliardaires, elle, est affolante. En effet, selon le magazine Challenges ils étaient 55 en 2013. En 2014, ils étaient 12 de plus. Leur patrimoine lui aussi se porte bien. Ce dernier a augmenté de 15% en un an, atteignant ainsi les 390 milliards d’euros. Après, on vient nous raconter que l’État est ruiné et qu’il n’a plus d’argent pour assurer les services publics.

Aux États-Unis, pays de l’argent-roi, le constat est encore plus inquiétant. 22%, c’est la part de la richesse nationale détenue par…0,1% de la population alors qu’en 1970, cette oligarchie en possédait « seulement » 7%.

Les 75.000 individus les plus riches détiennent, tenez vous bien, 10.265 milliards de dollars soit plus de deux tiers du PIB du pays. Depuis quelques mois, tous les médias dominants encensent l’économie états-unienne qui affiche un taux de croissance de l’ordre de 3 à 4%. Mais croissance économique ne rime pas avec réduction des inégalités. Cette croissance est en effet accaparée par les plus riches. Par ailleurs, les classes laborieuses ne profitent pas des fruits de cette croissance. Le salaire moyen stagne, voire régresse, et atteint un niveau à peine plus élevé qu’en…1964. Le salaire minimum, lui, reste bloqué à un maigre 7,25 dollars de l’heure malgré les nombreuses protestations des salariés, notamment de chaînes de fast-food qui réclament des hausses de salaires.

Un problème éminemment structurel- L’Etat au service des riches

Après la seconde guerre mondiale, les États ont joué un rôle prépondérant dans la conduite de l’économie permettant aux puissances occidentales d’afficher des taux de croissance annuels avoisinant les 10%. L’État se posait alors en arbitre des conflits de classes entre le capital et le travail et veillait à que les inégalités n’explosent pas. Ces taux de croissance ont permis de développer des services publics performants dans le domaine de la santé, de l’éducation, des transports, de l’énergie. Néanmoins, malgré les avancées sociales dues notamment à l’important rapport de force qu’entretenaient les syndicats et les partis communistes avec les bourgeoisies nationales, les structures économiques, sociales, politiques et culturelles ne furent pas modifiées. La domination capitaliste s’étatisa. Voilà pourquoi on parle de « capitalisme d’État » pour définir cette période des « trente glorieuses ». Cependant, il ne faut pas oublier que la prospérité qu’ont connue les pays capitalistes occidentaux au lendemain de la seconde guerre mondiale s’est faite sur le dos des peuples du Sud. Colonialisme, impérialisme, pillage des ressources naturelles, imposition par le « Nord » de dettes « odieuses »…

La richesse des uns a provoqué la misère des autres, tout comme aujourd’hui. Puis tout a commencé à basculer avec le virage néolibéral initié aux États-Unis par Ronald Reagan et en Angleterre par Margaret Tchatcher, avant de se propager dans le reste du monde occidental et finalement dans toute la planète. Le néolibéralisme se caractérise par l’ouverture de nouveaux domaines à la loi du marché, par une financiarisation croissante de l’économie et surtout par un désengagement important de l’État dans sa participation à la gestion de l’économie. Ce désengagement est l’une des causes majeures de cette recrudescence des inégalités. Prenons quelques exemples très concrets : depuis maintenant près de 30 ans, une petite musique lancinante s’impose aux oreilles des citoyens européens. C’est la fameuse musique de la « dette ». « La dette explose ! », « L’État n’a plus les moyens » « Il faut dégraisser le mammouth », l’ « État est obèse ». Principaux dirigeants politiques, économistes, « experts », chroniqueurs, éditorialistes… Ils ont appris la chanson par cœur et la chantent à merveille. Alors, on nous répète à longueur de journée que l’ « État a trop dépensé » (pour les services publics), que l’ « État vit au-dessus de ses moyens » et qu’il faut donc baisser les dépenses sociales dans la santé, l’éducation, les allocations… Puis, on nous répète qu’il faut privatiser les entreprises appartenant à l’État et donner plus de marges aux entreprises, baisser l’impôt des plus riches…Bref, il faut libéraliser radicalement notre économie. Notons au passage que le mot « radical » n’est pas connoté de la même manière quand il s’agit de prôner un radicalisme de « gauche » ou un radicalisme de « droite ».

Dans le vocabulaire de la noble pensée, le premier est connoté péjorativement tandis que le second est qualifié positivement. Ainsi, il faut « se serrer la ceinture ». Mais lorsqu’on regarde les chiffres de plus près, surprise, la réalité s’avère bien différente. En effet, selon un rapport du Collectif citoyen de la dette (CAC), 59% de la dette française est purement et simplement illégitime. Pourquoi ? Parce que cette dette n’est pas le fruit d’un emprunt contracté par l’État français pour financer l’économie et ainsi œuvrer à servir à l’intérêt général. Non ! Cette dette est due à une politique extrêmement avantageuse menée en faveur des plus riches. Autrement dit, l’État s’est volontairement privé de rentrées fiscales pour satisfaire la classe des plus riches. Niches fiscales, « boucliers fiscaux » (600 millions d’euros donnés aux plus riches), exonérations d’impôt, baisse de la fiscalité pour les ménages les plus aisés et les grandes entreprises comme Total (qui ne paye pas un centime d’impôt en France) … Autant de cadeaux fiscaux qui ont vidé les caisses de l’État.

Ainsi, la part du PIB lié à ces recettes fiscales a fondu de 5 points, de 22% dans les années 1980, elle est passée à 17% au cours des trois dernières années. Et les dépenses publiques, ont-elles vraiment explosé comme aiment à nous le répéter les prédicateurs néolibéraux ? Eh bien encore une fois, le système médiatique a menti. Les dépenses publiques ont diminué en part du produit intérieur brut (PIB) passant en moyenne de 22,7% en 1980 à 20,7%. Nous avons ici l’exemple type du genre de politiques économiques qui ont favorisé l’aggravation des inégalités. L’État a donc artificiellement créé les conditions pour qu’émerge une forte inégalité entre les très riches et le reste de la société. Les messagers de la sacro-sainte parole libérale nous avait pourtant assuré que cette politique en faveur des riches profiterait à la population. Résultat ? La France connaît un chômage de masse qui touche plus de 5 millions de personnes et le nombre de travailleurs pauvres ne cesse d’augmenter. Malgré ce cuisant échec, les serviteurs politiques au service de la classe possédante persistent et signent.

Un autre exemple très concret montre comment l’État participe à l’accroissement des inégalités. C’est le cas de l’Angleterre. Les grands patrons, qu’ils soient français, allemands, espagnols appuyés par les médias et les dirigeants politiques ne manquent jamais l’occasion de dénoncer « l’assistanat », les « assistés » autrement dits les chômeurs, les bénéficiaires d’allocations et parfois même les étudiants ou les retraités. Ces gens qui, nous dit-on, « profitent du système », ces personnes qui vivent aux « crochets de la société »… Vraiment, ces individus sont-ils vraiment les assistés du système ? Ne sont-ils pas au contraire les premières victimes de cette société injuste et inégalitaire ? Allons, remettons les choses à l’endroit et un peu d’ordre dans toute cette confusion entretenue par l’oligarchie au pouvoir. Les « assistés », les vrais, ce sont les plus riches, les grandes entreprises, les grandes fortunes, ceux qui vivent grâce à l’État, cet État « prédateur » qu’ils dénoncent quand il intervient dans l’économie et qu’ils vénèrent lorsqu’il sauve les banques de la faillite. En Angleterre donc, l’État investit dans des infrastructures qui profiteront non pas à la population mais au secteur privé. Dans le secteur ferroviaire, la situation est inédite. Depuis que le réseau a été privatisé en 1993, les dépenses publiques ont été multipliées par six ! Le réseau est privatisé mais c’est l’État qui continue à payer les frais d’entretien car les compagnies privées n’investissent pas assez. Entre 2007 et 2011, les cinq principales compagnies ferroviaires ont reçu 3 milliards de livres de l’État. C’est ce qu’on appelle communément se faire « plumer ».

Enfin, dernier exemple : l’État exonère annuellement de 88 millions de livres sterling les familles qui envoient leurs enfants dans les écoles privées. Ces écoles étant réservées aux plus riches, les familles aisées bénéficient de la grande générosité de l’État anglais. Pendant ce temps-là, le gouvernement ultra-libéral de David Cameron a décidé de réduire les prestations attribuées aux chômeurs et aux travailleurs. C’est plus de trois millions quatre cents mille personnes qui vivent avec le salaire de subsistance soit 7,20 de l’heure. Les budgets alloués au logement, à la santé ont diminué considérablement. Cette situation où l’État veille au bien-être des riches et néglige le reste de la société a été formulée de la manière suivante par l’écrivain Owen Jones : « socialisme pour les riches, capitalisme pour les autres ». 


Que dire également de ce grave phénomène qu’est l’évasion fiscale ? Là aussi, les États font mine de ne rien voir. Pourtant, ils sont en capacité d’agir et de punir ceux qui décident de déposer leur argent dans des paradis fiscaux. On estime qu’en France l’évasion fiscale représente un coût d’environ 60 milliards de dollars par an. Ce serait entre 80 et 100 milliards d’euros en Espagne, sans compter les 40 milliards détournés par la corruption. Au total, ce sont plus de 1000 milliards d’euros qui échappent aux pays de l’Union Européenne. Enfin, les gouvernements occidentaux ont trouvé la solution pour venir en aide aux pauvres : le développement de la philanthropie et de la charité. A défaut de servir l’intérêt général, l’État délègue ces fonctions à des milliardaires comme Bill Gates par exemple. Santé, école, alimentation, ces bienfaiteurs de l’humanité s’occupent des plus démunis. L’État se dirige vers des fonctions régaliennes (sécurité, justice) et laisse la « main invisible » du marché réguler l’économie.

On demande à l’État d’intervenir de moins en moins dans la sphère économique tout en comptant sur lui au cas où il faudrait sauver des banques en faillite ou envoyer son arsenal répressif pour tuer de jeunes manifestants pacifiques… L’essor de la charité a également pour but de légitimer la richesse des riches en les rendant indispensable. Voilà comment la société dans laquelle nous vivons s’éloigne de ses responsabilités sociales, économiques pour faire émerger la figure du riche-sauveur et ainsi le légitimer alors que c’est lui le véritable responsable des maux dont souffrent nos économies.

Mondialisation et accroissement des inégalités

Alors bien sûr, on ne peut évoquer le thème des inégalités sans pointer du doigt la mondialisation. Cette mondialisation sauvage qui crée un fossé toujours plus abyssal entre les pays très développés et les pays les plus pauvres. Prenons deux exemples qui mettent en exergue la fabrication économique, sociale et géographique des inégalités. Premièrement, les délocalisations. Ces dernières ont pour but de transférer les activités d’une entreprise dans un pays où le prix du travail est inférieur et où les matières premières sont moins chères… Ces délocalisations ont certes apporté du travail aux pays concernés mais pour quel salaire ? De véritables salaires de misère, voilà la réalité. Pendant ce temps, l’entreprise ou la multinationale multiplie son coût de revient par 5, 10, 15… L’exemple le plus connu est celui des maquiladoras au Mexique.

Ces usines proches de la frontière états-unienne qui produisent jours et nuits des jeans pour la marque Levis, GAP… Un jean coûte peut être à la fabrication 10 dollars, 4 seront donnés au travailleur et le reste pour payer les matières premières. A peine sorti d’usine, il sera exporté vers les États-Unis pour être vendu dans les magasins de New York ou Miami à 70, 80, 90 dollars. L’exploitation du travailleur permet au patron de tirer une marge conséquente et ainsi de faire croître rapidement sa richesse pendant que l’ouvrier lui, n’aura pas assez d’argent pour subvenir à ses besoins les plus élémentaires. Voilà comment se crée l’inégalité entre l’employeur et l’employé. L’appauvrissement du second conditionne l’enrichissement du premier. Et puis, il ne faut pas oublier les salariés qui ont été licenciés dans le pays d’origine afin que l’usine puisse être délocalisée. Ils se retrouvent au chômage pendant que leur ancien patron s’enrichit. Ce dernier rejoignant doucement les 1% et eux glissant sûrement vers les 99%.

Deuxième exemple, les politiques agricoles notamment mises en place aux États-Unis et en Europe, comme la politique agricole commune en vigueur en Europe. Cette dernière subventionne la production agricole mais pas seulement. Elle subventionne aussi les exportations. Une politique qui ne manque pas de créer des désastres économiques et humains. En effet, prenons un agriculteur espagnol qui reçoit des subventions pour exporter ses poulets au Sénégal. Étant donné qu’il a reçu des subventions de la part de l’Union Européenne, il peut se permettre de baisser le prix de son poulet pour ainsi être plus compétitif sur le marché local. Cependant, l’agriculteur sénégalais, lui, n’a pas reçu de subventions, il ne peut donc pas se permettre de baisser le prix de son produit. Mais, pour les consommateurs à faible revenu, il est plus économique d’acheter le poulet européen, moins cher. Conséquence : l’agriculteur africain ne vend plus, il fuit vers la ville pour trouver un emploi et, comme dans la majorité des cas il n’en trouve pas, il décide de prendre le chemin de l’émigration pour venir parfois mourir en méditerranée. C’est encore un exemple qui démontre comment le Nord tente de maintenir certains pays du Sud dans la soumission et la domination. Des politiques injustes et inéquitables qui provoquent de graves conséquences et qui participent au creusement des inégalités entre le Nord et le Sud.

Malheur aux pays du Sud qui osent se développer en toute indépendance…

Dans son célèbre ouvrage, L’ Impérialisme, stade suprême du capitalisme, Lénine montre comment le capitalisme, avide de nouveaux territoires, de nouveaux espaces, de nouvelles ressources pour se développer et écouler ses marchandises tente à travers l’exportation de capitaux de conquérir de nouvelles terres et de nouveaux marchés. L’histoire du capitalisme est intimement liée au colonialisme et à l’impérialisme. En effet, ce sont les ressources naturelles d’Amérique, d’Afrique et d’Asie qui ont permis au capitalisme de voir le jour, ce que Marx a appelé l’ « accumulation originaire ». Les siècles ont passé, les colonies ont acquis leur indépendance mais l’impérialisme, lui, est loin d’avoir disparu. Et les disparités, les inégalités de richesses entre le Nord et le Sud sont la conséquence de ces siècles d’exploitation et de pillage.

Les inégalités restent toujours importantes à cause de cet héritage du passé mais également parce que certains pays sont aujourd’hui devenus des néo-colonies. Certes, ils ne sont plus occupés militairement mais l’économie, elle, profite à la bourgeoisie du pays en question et à la bourgeoisie des pays du Nord. Ces inégalités sont la conséquence du pillage des ressources naturelles et des accords de libre-échange extrêmement défavorables aux pays du Sud tels que l’ALENA entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. Cette quête des ressources naturelles et énergétiques sont essentielles pour assurer la survie des grandes puissances. C’est pourquoi les gouvernements capitalistes occidentaux sont prêts à tout pour empêcher un pays du Sud de se développer de manière indépendante et autonome. Les puissances occidentales ont tellement été habituées à piller les ressources des pays du Tiers Monde en toute quiétude que lorsque des présidents progressistes, voire révolutionnaires, arrivent au pouvoir pour améliorer la vie de leur peuple, ils sont prêts à tout pour les renverser. L’indépendance économique est perçue comme un crime par les 1%. C’est pourquoi on a tenté de faire tomber Hugo Chavez, Fidel Castro, Evo Morales, Thomas Sankara, Patrice Lumumba, Gamal Abdel Nasser avec plus ou moins de succès. L’enjeu est clair : soit les pays du Sud se développent de manière souveraine et indépendante et ainsi les inégalités Nord-Sud diminueront, soit les puissances impérialistes continuent à mettre la main sur les ressources naturelles des pays en développement et, là, le fossé risque de grandir à une vitesse phénoménale.

Circulez y’a rien à voir

Il serait intéressant d’analyser le traitement ou plutôt le non traitement médiatique suite au rapport sur les inégalités. En effet, ce rapport a été traité de manière très timide, voire silencieuse, de la part des médias dominants. Quelques annonces et articles dans les JT, à la radio et dans les journaux, et puis plus rien. Pourtant, le sujet est particulièrement grave et mérite qu’on s’y arrête bien plus longuement. Mais rien à faire, l’élite journalistique, corollaire et complice de l’élite économique et financière n’a pas l’air très intéressée par ce sujet, pourtant d’une importance capitale pour l’avenir de l’humanité. On avait connu plus grande indignation de la part des médias… Un constat alarmant sur les inégalités évoqué vite fait bien fait et puis on en parle plus. Pas de véritable débat au sens démocratique du terme, c’est à dire des débats où s’affrontent des pensées, des idéologies et des projets (vraiment) contradictoires. Car en effet, nos médias nous ont plutôt habitués à des simulacres de « débats » où chaque intervenant prend la parole pour dire à la virgule près ce que son « opposant » a affirmé quelques minutes plus tôt. Pas d’édition spéciale non plus. Aucune recherche approfondie pour trouver les véritables raisons de ce fossé qui se creuse entre les hyper-riches et le reste de la société.

Au fond, le message des médias est plutôt clair : pourquoi s’attarder sur des sujets auxquels on ne plus pas changer grand-chose ? En effet, les libéraux considèrent presque l’économie comme une science exacte et les problèmes comme les « inégalités » sont quasiment perçus comme des sujets d’ordre « naturel » contre lesquels on ne peut rien. Par conséquent, il est inutile de polémiquer sur ces derniers puisque le cours des choses ne changera pas. Voilà en substance la vision des médias, ces dignes porte-paroles de la classe dominante. Et puis, on peut trouver la raison de ce silence coupable des médias en cherchant à qui appartiennent ces fameux organes de propagande. Et là, on y trouve peut-être une explication.

La plupart des organes de presse appartiennent à de puissants industriels, banquiers et hommes d’affaires. Et, comme par hasard, certains de ces patrons de presse comme M. Dassault, M. Pinault, M.Lagardère ou M.Arnault sont multi milliardaires. Pas étonnant alors que les médias, aux ordres de leurs patrons évoquent subrepticement ces chiffres sur les inégalités. Il ne faut surtout pas donner une mauvaise image des milliardaires. Ne surtout pas montrer comment ces nantis se sont enrichis, en exploitant des travailleurs, en les licenciant pour augmenter leurs profits et parfois en influant sur des gouvernements pour lancer la guerre à un pays et ainsi lui piller ses ressources naturelles.

Et puis enfin, ne surtout pas montrer que ces inégalités ne sont pas les fruits du hasard mais que ces dernières sont structurelles et inhérentes au système capitaliste. Dire cela pousserait sans doute plus de citoyens à se poser des questions sur le sujet et ainsi les pousserait éventuellement à la révolte. « Il y a toujours eu des riches, toujours eu des pauvres, la guerre a toujours existé, la faim a toujours existé, c’est comme ça, c’est la vie on n’y peut rien ». Pour résumer, « subissez et fermez-là ». Voilà le constat et les orientations que proposent les « nouveaux chiens de garde ».

Faire face à la résignation

Alors bien sûr, cette situation est loin d’être une fatalité. L’ONG Oxfam qui a réalisé l’enquête a avancé plusieurs pistes afin de lutter contre ces inégalités. Parmi elles, le retour de l’État Providence, un revenu garanti pour les plus pauvres, une lutte acharnée contre l’évasion fiscale, la gratuité des services publics ou encore une plus grande taxation des revenus du capital. Des mesures qui vont bien évidemment dans le bon sens, qui pourraient donner un bol d’air frais à l’économie et qui permettraient également de réduire les inégalités. Néanmoins, ces solutions ne sont pas du goût de tout le monde. En effet, pour Nicolas Doze, chef du service économie de la très libérale chaîne française d’information BFMTV, les solutions proposés par l’ONG sont « dogmatiques ». Encore une manière de pousser les gens à la résignation en leur faisant comprendre que des solutions progressistes ou radicales sont bonnes pour la poubelle.

Mais au fait qui fait preuve de dogmatisme ? Les propositions formulées par l’ONG sont-elles vraiment « dogmatiques » ou bien tout simplement réalistes et adaptées à la gravité de la situation ? Taxer plus fortement le capital, c’est être dogmatique maintenant ? Assurer des services publics pour tous, c’est être irresponsable ? Allons, les vraies dogmatiques dans l’histoire ce sont ces fanatiques de la religion libérale qui ne connaissent aucun autre discours que celui qui prône le désengagement de l’État, la suppression des 35 heures et l’autorisation du travail dominical. Et même les échecs patents de leurs politiques ne les font pas changer d’avis. Ils promettent plein emploi et croissance. Résultat, les pays sont en récession et le chômage ne cesse de bondir jour après jour. Mais, pas grave, ils persistent et signent. Si ça, ce n’est pas être dogmatique, il faut alors m’expliquer ce qu’est le dogmatisme. Une chose est sûre dans cette histoire, c’est que les citoyens n’ont strictement rien à attendre des partis dominants, et plus généralement de l’État, en tout cas de cet État. Les responsables politiques ne sont pas la solution, ils sont le problème. Cet Etat, quant à lui, n’est là que pour servir les intérêts de la classe dominante. La classe politique n’étant que la garante institutionnelle et politique de la classe possédante. 

Les solutions avancées par l’ONG vont dans le bon sens mais ne doit-on pas être plus radical ? Là est toute la question. La sortie du modèle néolibéral est une urgence absolue, partagée par des millions de citoyens européens. Mais après ? Laisse-t-on au capital le rôle de diriger l’économie ? Doit-on continuer à subir la dictature d’une petite élite parasite qui ne représente personne sinon elle-même ? 

Après la crise de 2008, Nicolas Sarkozy avait plaidé pour une « moralisation du capitalisme ». Mais peut-on moraliser l’immoral ? Le capitalisme est par essence un système extrêmement violent. Les crises, les bouleversements, les catastrophes qu’il provoque font de lui le principal danger pour la survie même de l’espèce humaine. Réguler le capitalisme est une idée partagée par de nombreuses personnes, mais cela reste une idée largement inoffensive. Ne doit-on pas au contraire confier au travail, c’est à dire aux salariés, aux créateurs de richesses, la gestion même de l’économie ? Et puis n’oublions pas la question centrale de la démocratie. Celle-ci est complètement noyée dans le capitalisme. Elle n’existe pas. La preuve, si elle existait, les richesses seraient déjà beaucoup mieux partagées. 

Alors voilà, le monde est aujourd’hui à un carrefour essentiel de son histoire. Les bouleversements politiques, économiques, géopolitiques qui jalonnent le monde sont en train de façonner la planète de demain. De grandes puissances sont en déclin, d’autres montent en puissance. De nouveaux acteurs, de nouveaux pays viennent frapper à la porte du concert des nations du monde. Nous avons la chance de vivre la fin d’un monde, la fin d’une époque, la fin d’une hégémonie (occidentale). Reste maintenant à savoir quels chemins nous choisirons pour créer un nouveau modèle de civilisation. Continuerons-nous à suivre ce même système, dans cette même société impitoyable, inhumaine, ou bien dirigerons-nous vers des sociétés plus égalitaires et définitivement libérées du joug de l’argent ? 

Les inégalités peuvent être des facteurs de fragilisation de la cohésion sociale. Elles peuvent également être l’élément déclencheur d’une lutte entre les différentes composantes de la société, lassées d’un système injuste et qui ne les représente pas. 

Le combat sera long mais il vaut la peine d’être vécu !

Oligarchie et Nouvel Ordre Mondial: le marasme économique américain est aussi notre marasme…

Posted in actualité, économie, crise mondiale, démocratie participative, guerres imperialistes, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, politique et social, résistance politique with tags , , , , , , , , , , , on 22 juillet 2011 by Résistance 71

Nous avons traduit ici le tout dernier article en date de Paul Craig Roberts. Cet article est important car il résume en des mots simples et concis la situation américaine.

Certains d’entre nous peuvent considérer qu’on « en a rien à faire de ce qu’il se passe aux Etats-Unis, on en a assez avec nos problèmes ici.. », nous répondons en disant que tout ce qui se passe dans le monde aujourd’hui (et ce depuis la fin de la seconde guerre mondiale) a à voir avec l’empire américain (et son comparse britannique bien sûr…). La crise de 2008 a éclaté aux Etats-Unis, la situation de l’Europe et donc de la France est liée directement à ce qu’il se passe aux States, qu’on le veuille ou non…

Ainsi cet article lucide aide à réaliser les enjeux et confirme le fait évident que le système capitaliste est au delà de toute rédemption possible. Il faut en sortir, par le bas, par les peuples et non pas en faisant l’erreur de croire aux fadaises de « réformes » du système et de son mea culpa à venir pour garder les faveurs du public.

2012 est une année d’élection aux Etats-Unis… et en France. Ceux qui croient encore que mettre un papelard dans une boîte à suggestions pour esclaves va changer quoi que ce soit à ce qui se passe sont des naïfs bien moins innocents qu’ils ne le furent dans le passé. Il suffit de voir et regarder autour de soi pour comprendre qu’il n’y a pas de solutions au sein du système. Nous, les peuples, devons reprendre le pouvoir et diriger notre destin nous-mêmes, sans délégation de pouvoir, en démocratie participative directe, en communes volontaires, fédérées et solidaires. Il est évident que cela est la seule solution viable pour un progressisme social mondial.

Boycott du vote et des institutions ! Union et solidarité des peuples pour une autonomie libertaire !

— Résistance 71 —

 

Une économie détruite: l’ennemi c’est Washington

 

Par Paul Craig Roberts

Le 21 Juillet 2011

 

Url de l’article original:

http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=25732

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

 

Les agences de notation qui ont données au préalable une note triple A à des dérivatifs pourris, ont récemment menacé de diminuer les bons du trésor américains si la Maison Blanche et le Congrès ne parvenaient pas à un accord de réduction et d’augmentation du plafond de la dette. Cette menace n’est pas crédible, tout comme ne l’est pas la menace de faire défaut sur la dette. Ce ne sont que des crises fabriquées qui sont montées en épingle afin de forcer des coupures drastiques dans les programmes Medicare, Medicaid et de sécurité sociale.

Si ces agences de notation réduisaient la valeur de la trésorerie, les exécutifs de la compagnie seraient arrêtés pour les notes frauduleuses qu’il donnèrent à la camelote financière dont Wall Street a gavé le monde. Les compagnies seraient détruites et leurs notes discréditées. Le gouvernement américain ne va jamais faire défaut sur ses emprunts, parce que ses bons du trésor, contrairement à ceux de la Grèce, de l’Espagne et de l’Irlande, ont leur valeur dans leur propre monnaie. Indépendemment du fait que le plafond de la dette ne soit relevé, la réserve fédérale va continuer à acheter de la dette. Si Goldman Sachs est trop importante pour se planter, alors le gouvernement américain l’est également.

Il n’y a aucune provision sur les guerres illégales et les occupations militaires auxquelles le gouvernement américain  se livre dans au moins six pays ou sur l’occupation datant de 66 ans au Japon et en Allemagne, ainsi que sur le cercle des bases militaires construites ou en construction autour de la Russie.

Le budget total militaire et de la sécurité est de l’ordre de 1 200 milliards de dollars, ce qui représente de 70 à 75% du déficit budgétaire fédéral.

Par contraste, la sécurité sociale est solvable. Les dépenses du Medicare sont proches de dépasser les 2,3% de l’impôt sur le revenu qui le finance, mais il est malhonnête pour les politiciens et les critiques de blâmer le déficit du budget américain sur “les programmes de droit social”.

Ceux-ci sont financés avec un impôt sur le revenu. Les guerres ne sont pas financées par quoi que ce soit. Le régime criminel de Bush a menti aux citoyens américains en leur disant que la guerre d’Irak ne coûterait que 70 milliards de dollars et que cela se paierait sur les revenus du pétrole irakien. Lorsque le conseiller économique principal de Bush, Larry Lindsey, a dit que l’invasion de l’Irak allait coûter 200 milliards de dollars, l’imbécile de la maison blanche l’a viré. En fait, Lindsey s’était trompé par un facteur de 20. Les experts en économie et budget ont calculé que les guerres d’Afghanistan et d’Irak ont grillé 4000 milliards de dollars et ont déjà induit des coûts futurs. En d’autres termes, les guerres et occupations de pays actuelles ont déjà bouffé plus de 4 000 milliards de dollars qu’Obama espère couper des dépenses fédérales sur les dix prochaines années. En un mot: bombardez maintenant, payez plus tard.

Comme taxer plus les riches ne fait pas partie de la solution politique, le point de focalisation est donc de récompenser les compagnies d’assurance en privatisant le Medicare dans le futur avec des premiums d’assurance subventionnés par le gouvernement le tout en plafonnant l’aide médicale et en chargeant une classe moyenne se réduisant comme une peau de chagrin d’un impôt additionnel sur la sécurité sociale.

Les priorités de Washington et de sa presse prostituée ne peuvent pas être plus claires. Le président Obama, comme Georges W. Bush avant lui, les deux partis politiques au congrès, les médias audio-visuels et de la presse écrite ainsi que la radio publique ont clairement établi que la guerre était bien plus importante que la santé publique et les retraites des Américains.

Le peuple américain ainsi que ses besoins et ses désirs ne sont pas représentés à Washington. Washington sert des groupes d’intérêt puissant comme le complexe militaro-industriel et de la sécurité, Wall Street et sa cohorte de banksters, le complexe agro-alimentaire, les compagnies pétrolières, d’assurances, les laboratoires pharmaceutiques et les industries des mines et du bois. Washington dote ces intérêts particuliers avec des profits considérables en s’impliquant dans des crimes de guerres et en terrorisant les populations étrangères avec des bombes, des drones et des invasions, en dérégularisant le secteur financier et en les sauvant de leur erreurs induites par la volonté du toujours plus, non sans avoir au préalable permis le vol des retraites, des maisons, des boulots des Américains; en refusant de protéger leur sol, leur air, leur eau, leurs océans et leur faune sauvage des pollueurs et des exploiteurs et en construisant un système d’assistance médicale qui a les plus hauts coûts et le maximum de profits au monde.

Le moyen de réduire les coûts d’assurance maladie est de couper dans les coûts et les profits avec un système de paiement unique. Un système privé peut opérer en parallèle pour ceux qui peuvent se le permettre financièrement.

Le moyen de contrôler le budget de nouveau est d’arrêter ces guerres inutiles et hégémoniques, guerres qui vont se terminer en confrontation nucléaire.

L’économie américaine est dans un état de récession qui s’aggrave et pour lequel il n’y a pas de récupération possible, parce que les travaux de la classe moyenne américaine dans la production de biens et de services ont été délocalisés et donnés à l’étranger. Le PIB américain, ainsi que le pouvoir d’achat de ses consommateurs et sa base imposable ont été transférés en Chine, en Inde, en Indonésie et ce uniquement afin que Wall Street, les actionnaires et les PDG d’entreprises puissent gagner beaucoup plus.

Quand les biens de consommation et les services produit à l’étranger reviennent aux Etats-Unis, ils reviennent sous forme d’importations. La balance commerciale empire, le dollar s’enfonce plus avant dans le déclin et les prix augmentent pour les Américains dont les revenus sont au mieux stagnants au pire en régression.

Ceci n’est rien d’autre que de la destruction économique. Cela se produit invariablement lorsqu’une oligarchie prend le pouvoir et contrôle un gouvernement. Les profits à courts termes des puissants sont maximisés aux dépends de la viabilité de l’économie.

L’économie américaine est dirigée par la demande des consommateurs, mais avec un taux réel de 23,2% de chômage, des salaires stagnant ou en déclin et avec une augmentation croissante de la dette des ménages, devenue de fait si importante que les consommateurs ne peuvent plus emprunter pour consommer, il n’y a plus rien pour faire rouler l’économie.

La réponse de Washington à ce dilemne est de renforcer l’austérité ! Couper dans les assurances maladies, la sécurité sociale, renforcer le déclin des salaires en détruisant les syndicats et en délocalisant encore plus (ce qui résulte en un surplus de force de travail et des salaires plus bas) et faire monter les prix alimentaires et énergétiques en dépréciant le dollar plus avant ne fait qu’éroder plus le pouvoir d’achat du consommateur. La réserve fédérale peut imprimer de l’argent pour sauver les escrocs des institutions financières, mais elle ne peut pas sauver le consommateur américain.

Une chose pour finir, confrontez enfin le fait qu’on vous ment même au sujet de la “réduction du déficit”. Même si Obama arrive à faire sa “réduction de déficit” de 4 000 milliards de dollars sur dix ans comme annoncé, cela ne veut pas dire que la dette nationale actuelle sera amoindrie de 4 000 milliards de dollars. Le terme “réduction” veut dire que la croissance de la dette sera amoindrie de 4 000 milliards de dollars. Indépendemment de toute “réduction du déficit”, la dette nationale dans dix ans d’ici sera bien plus importante qu’elle ne l’est aujourd’hui.

Dr. Roberts était le secrétaire d’état au ministère des finance américain sous l’administration Reagan, il fut le rédacteur en chef associé du Wall Street Journal et professeur d’économie dans six universités.