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Reprise 7 : Résistance au colonialisme et l’affirmation du « don de dieu » d’un droit à la domination (Steven Newcomb)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, canada USA états coloniaux, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, pédagogie libération, politique et social, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 7 septembre 2020 by Résistance 71

 

 

Le “don de dieu” d’un droit à la domination

 

Steven Newcomb

 

21 août 2020

 

url de l’article original:

http://originalfreenations.com/gods-gift-of-a-right-of-domination/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Dans l’ancien testament de la bible, on trouve l’histoire d’un dieu qui a choisi un peuple particulier avec lequel il voulait avoir une relation spéciale. Parce qu’il l’a choisi, ce peuple est connu comme “le peuple élu”. La déité lui a promis une grande terre, mais malheureusement sur cette terre y vivaient d’autres peuples et nations.

D’après l’histoire, le “dieu” de la bible donna à “Son” “peuple élu” le droit d’établir un système de domination sur le nombre de nations vivant sur les terres qu’il lui avait promises.

Dans mon livre “Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte” (Fulcrum, 2008) [dont R71 a traduit de larges extraits à lire sur le lien précédent du titre en français), j’ai écrit : “L’affirmation par les monarques chrétiens d’un ‘droit à la découverte et à la possession’ était aussi une affirmation du droit de tuer et de piller les non-chrétiens. Ce droit au pillage se trouve également dans la tradition d’alliance trouvé dans l’ancien testament. Par exemple dans le livre du Deutéronome, nous y trouvons que “dieu” dit à son peuple élu comment il devait se comporter lorsqu’ “IL” les amènera sur la terre dont ils avaient reçu pour instruction de posséder. Ainsi :

“Quand ton seigneur dieu vous amènera sur la terre, vous devrez la posséder et ce que vous aurez devant vous, délivrées par votre seigneur dieu, les7 nations plus grandes et plus puissantes que vous, vous devrez les écraser et les détruire…

Si le “peuple élu” acceptait de suivre ces mandats “divins”, Yaveh promit de leur donner de “grandes et belles villes”, qu’ils n’avaient pas construites, avec “des maisons remplies de bonnes choses”, qu’ils n’avaient pas remplies, qu’ils n’avaient ni creusées ni construites, et des vignes et des oliveraies, qu’ils n’avaient pas plantées. Après tout, “Il” avait découvert ces terres et les avait promises à “Son” “peuple élu” et parce qu’”Il” est dépeint comme se considérant lui-même comme “dieu”, il fut capable de le passer en héritage à “Son” “peuple élu” “Son”, “droit à la découverte et à la domination”.

Les “grandes et bonnes villes”, “bonnes choses”, “puits”, “vignes”, oliveraies”, tout cela faisait partie du butin pris à l’ennemi que Yaveh commanda aux Hébreux “de manger”. La phrase “manger le butin pris à ton ennemi” correspond, bien entendu avec la métaphore LA COLONISATION EST MANGER.

Ceci constitue le schéma de pensée et de comportement de l’ancien testament que les Etats-Unis ont imposé sur nos nations et peuples originels au nom de la loi et de la politique fédérale indienne. Ezra Stiles, président de l’université de Yale, invoqua ce schéma en 1783 lorsqu’il déclara que dans le futur, “dieu ferait son Israël américain, bien au-dessus de toutes les nations”. Comment cela s’accomplirait-il ? Par les moyens des schémas de domination impériaux et coloniaux. En d’autres termes, par la certaine “colonisation” du continent.


Résistance !

La racine du mot colonisation est “colon”, qui est partie du système digestif du “corps politique colonial” prédateur, qui vient supplanter et envahir nos peuples et nations originels, avec ce désir de les dévorer en tant que proies et butin. La racine de “colon” est “colo” qui veut dire “filtrer les impuretés dans le processus d’extraction minière”. Celle-ci est la toile de fond du processus de colonisation, suffit de regarder toutes les extractions minières qui se sont produites et continuent de se produire sur les terres natives (partout dans le monde).

Tous ces schémas sont le résultat d’un désir de localiser (de “découvrir”) et de “saisir” toute nouvelle zone géographique qui peut être convertie en richesses et en pouvoir. Convertir a aussi une autre signification valide, “prendre illégalement ce qui appartient à quelqu’un d’autre”, comme par exemple à nos nations originelles.

Ce que le juge de la Cour Suprême des Etats-Unis John Marshall a appelé le “droit de découverte” dans sa décision de 1823 dans l’affaire Johnson vs McIntosh est une excroissance d’un droit que le “dieu” de la bible avait dit avoir donné à son “peuple élu”. Le peuple élu de la chrétienté devait mettre les voiles à la recherche des terres distantes non-chrétiennes qui dans ce narratif lui furent promises par “dieu”. Ce schéma de “peuple élu” et de “terre promise”, ainsi que celui du “commandement de dieu” “d’éradiquer” les nations vivant déjà en cet endroit “promis” en les “conquérant” etc, fut éventuellement généralisé et utilisé contre toutes les nations originelles du monde entier.

Ce narratif du “droit divin” à la découverte et à la domination fut imbriqué dans la décision de la Cour Suprême de Justice des Etats-Unis dans l’affaire Johnson & Graham’s Lessee v. McIntosh (1823), où il demeure toujours, avec son affirmation que les monarques de la chrétienté ont assumé que “la domination ultime”, ou le droit de domination, existait “en eux-mêmes”. Quand vous retirez la dernière lettre du mot “dominion” vous obtenez “dominio”, qui veut dire de manière variée “dominer”, “subjuguer” et “subordonner”. Aujourd’hui, bien malheureusement, des schémas de domination et de déshumanisation affligent les gens et les peuples à travers la planète entière.

= = =

Note de Résistance 71 : Comme nous l’avons expliqué dans notre analyse “Nous sommes tous des colonisés !” (voir ci-dessous)

Lectures complémentaires :

5 textes pour comprendre et éradiquer le colonialisme

« Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte », Steven Newcomb, 2008

« Comprendre le système de l’oppression coloniale par mieux le démonter », Steven Newcomb

« Comprendre le système de l’oppression coloniale pour mieux le démonter », Peter d’Errico

« Effondrer le colonialisme », Résistance 71

« Nous sommes tous des colonisés ! », Résistance 71

Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir !

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

+

4 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie

 


Face à face… N.O.M vs Société des Sociétés


Gaulois penseur… donc réfractaire

Coin lecture spécial confinement coronavirus 3ème fournée : colonialisme, fléau d’hier et d’aujourd’hui

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La connexion profonde de l’humanité
est avec la terre…

 

« Cinq siècles plus tard cette résistance demeure, sous des formes variées, en Amérique du nord, du sud et centrale, comme cela se passe aussi chez tous les peuples indigènes sur d’autres terres qui ont souffert de la furie occidentale. En comparaison de ce qu’ils furent, les peuples natifs de la plupart de ces endroits ne sont plus maintenant que des reliques ; mais aussi dans chacun de ces endroits, la lutte pour la survie physique et culturelle et pour la renaissance d’une autonomie et d’une fierté bien méritées, continue sans discontinuer… »
~ David E. Stannard, Ph.D, dans l’introduction de son livre « American Holocaust », Oxford University Press, 1992 ~

 

Résistance 71

 

31 mars 2020

 

1ère fournée

2ème fournée

 

Pour la doxa étatico-capitaliste nous vivons dans un monde « post-colonial »… Vraiment ?… Réfléchissons-y ensemble si vous le voulez bien avec ces 15 textes de pensée critique à lire et partager sans aucune modération.

Bonne lecture !…


… même combat !

Gilets Jaunes, Zapatistes, Rojava, toutes les luttes émancipatrices nous rassemblent.. Nous sommes tous inter-reliés !…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, crise mondiale, démocratie participative, gilets jaunes, guerres imperialistes, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et social, politique française, résistance politique, société des sociétés, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , on 25 janvier 2019 by Résistance 71

“Nous savons que nous avons bien des frères et sœurs dans d’autres pays et continents… Aujourd’hui, nous souffrons d’une nouvelle guerre mondiale, une guerre contre les peuples, contre l’humanité, contre la culture, contre l’histoire. C’est une guerre internationale, celle de l’argent contre l’Humanité, menée par une poignée de centres financiers, sans patrie et sans honte…
Nous sommes unis dans le mécontentement, dans le désir de faire quelque chose, par la non-conformité. L’histoire écrite par le pouvoir nous a appris que nous avions perdu, que le cynisme et le profit étaient des vertus, que l’honnêteté et le sacrifice étaient stupides, que l’individualisme était le nouveau dieu, que l’espoir était une monnaie dévaluée, n’ayant plus court sur les marchés internationaux sans avoir de pouvoir d’achat, sans espoir. Nous n’avons pas appris notre leçon. Nous avons été de très mauvais élèves. Nous n’avons pas cru ce que le pouvoir nous a enseigné. Nous avons fait l’école buissonnière lorsqu’ils enseignaient la conformité et l’imbécilité. Nous avons échoué dans le sujet de la modernité. Mais camarades de classe dans la rébellion, nous avons découvert et nous sommes trouvé des frères.
Nous sommes unis par l’imagination, par la créativité, par demain…”

~ SCI Marcos, 1995 ~

Traduction: Résistance 71

Solidarité ! Union ! Persévérance ! Réflexion ! Action !
Pour une SUPRA lutte émancipatrice.

Réseau de Résistance et de Rébellion International

 


Gilet Jaunes = Lutte d’émancipation indigène
Nous subissons la même oppression…
Ce n’est qu’une question de degré !

 

Le combat des zapatistes est le combat universel  de la vie contre la désertification de la terre

 

Raoul Vaneigem

 

21 janvier 2019

 

Source de l’article en français:

https://www.lavoiedujaguar.net/Le-combat-des-zapatistes-est-le-combat-universel-de-la-vie-contre-la

 

Alors que les intérêts financiers et le totalitarisme de l’argent tuent tout ce qui vit en le transformant en marchandise, le vent d’une révolte se lève et se propage, issue moins du souffle des idées que de l’existence intolérable imposées aux hommes et aux femmes du monde entier.

Cela fait cinquante ans que ce qu’il y avait de plus radical dans le Mouvement des occupations de mai 1968 a manifesté son refus de cette imposture qu’était le welfare state, l’état de bien-être consumériste. Il y a vingt-cinq ans qu’a retenti le « ¡Ya basta ! » par lequel les zapatistes manifestaient leur volonté de décider librement de leur sort en formant des collectivités capables de mettre fin à l’oppression qui depuis des siècles bafouaient leurs droits et leur dignité d’hommes et de femmes. Si cette expérience d’une vraie démocratie a très vite suscité des échos bien au-delà d’un petit territoire, dont le mensonge médiatique aurait aimé souligner le caractère strictement local, c’est que le volcanisme de cette éruption sociale faisait resurgir dans l’émoi la ligne de rupture sismique tracée par la liberté tout au long de l’histoire. Une éducation de l’ignorance et une culture du préjugé avaient enterré dans le passé les grandes espérances qu’avaient fait naître la Révolution française, la Commune de Paris, les soviets de Cronstadt, les collectivités autogérées de la Révolution espagnole. Or, la conscience humaine ne meurt jamais, elle s’assoupit, végète, tombe épisodiquement en léthargie, mais il y a toujours un moment où elle s’éveille et, en quelque sorte, rattrape le temps perdu.

La détermination combative des zapatistes, de même que la lutte acharnée du Rojava forment des zones de résonances où la conscience humaine se ressource, où le droit à la vie est déterminé à briser les puissances de la mort rentabilisée. Ce n’est pas sans raison que la cupidité capitaliste déploie sa force de frappe à l’encontre des territoires où des formes de société radicalement nouvelles redécouvrent, avec le sens humain, un style de vie fondé sur la solidarité, la gratuité, la création se substituant au travail. On l’a vu lorsque, en France, le gouvernement technocratique, véritable rouage de la grande broyeuse à profit a écrasé sous la botte de l’Ordre dominant les potagers collectifs, la bergerie, les habitats autoconstruits et la société nouvelle en gestation qui s’esquissait à Notre-Dame-des-Landes.

Dans le même temps que l’on entend s’aiguiser la faux de la désertification, résonnent aussi les cris d’une révolte longtemps contenue. Même si le mouvement des Gilets jaunes devait retomber dans les ornières du passé, sombrer dans la confusion, se déliter, il n’en restera pas moins qu’il a fait montre d’une radicalité appelée à renaître et à se développer. Le refus des chefs et de représentants, le rejet du clientélisme politique, la dénonciation du mensonge médiatique, la condamnation d’un système déshumanisant où le cynisme et l’arrogance imposent un plan de paupérisation tel qu’exigent la frénésie du profit à court terme et l’accroissement de sommes pharamineuses gonflant jusqu’à l’absurde la bulle spéculative. Des milliards sont là qui tournent par-dessus nos têtes et nous devons supporter les restrictions budgétaires qui affectent la santé, l’enseignement, les transports, les biens indispensable à la simple survie.

Retourner à la base est la seule façon d’en finir avec cette politique qui de sa hauteur imbécile prétend prendre des décisions à notre place. La république des statistiques, des bilans et des chiffres n’a rien de commun avec les notes de chauffage et la dégradation de l’environnement qui accablent celles et ceux que le pouvoir maltraite et manipule en les appelant « citoyens ».

Il n’y a que les assemblées locales qui soient au courant des problèmes rencontrés par les habitants d’un village, d’un quartier, d’une région. Il n’y a que l’assemblée populaire pour tenter de résoudre ces problèmes et pour fédérer ces petites entités afin qu’elles forment un front, inséparablement local et international, contre cette Internationale du fric dont la pourriture journalistique consacre le caractère et le développement inéluctable en le baptisant mondialisation. La solidarité avec l’EZLN a-t-elle une meilleure façon de se manifester que par la multiplication et la radicalisation spontanée de collectivités autogérées dans le monde entier ?

Ce qui est en train de se construire sans aucune forme institutionnelle, c’est une internationale du genre humain, c’est la découverte de cette poésie pratique qui, faite par tous et toutes et par chacune et chacun, décrète « nous ne sommes rien soyons tout ».

Raoul Vaneigem

Publié en espagnol par La Jornada,

Mexico, le 20 janvier 2019.

=*=*=

“Nous les Zapatistes disons ceci: ‘Je suis comme je suis et vous êtes comme vous êtes. Construisons un monde où je puisse être sans avoir à cesser d’être moi, où vous pouvez être et ne pas avoir à cesser d’être vous, et où ni moi ni vous ne forceront qui que ce soit d’autre d’être soit comme moi ou comme vous.’ Ainsi, lorsque les Zapatistes disent: ‘Un monde où beaucoup de mondes s’intègrent’, ils disent plus ou moins ceci: ‘Chacun fait ses propres choses.’ “

~ SCI Marcos, 1999 ~

Traduction: Résistance 71

Six textes fondamentaux pour nous aider à  y parvenir, ensemble, à  lire, relire et diffuser sans aucune modération:

 

Fragments de résurgence anti-coloniale autochtone dans les Amériques du XXIème siècle (Résistance 71)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, colonialisme, démocratie participative, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , on 7 juin 2017 by Résistance 71

“Il me semble que nous en Australie, avons beaucoup de choses honteuses à nous reprocher en ce qui concerne notre histoire et tant que nous ne ferons pas face à cette honte, nous ne pourrons jamais célébrer de manière satisfaisante les deux cents dernières années…”
~ John Dawkins, ministre fédéral de l’éducation, Australie, 1988 ~

“Le crime de colonialisme est toujours présent aujourd’hui, tout comme ses perpétrateurs.”
~ Taiaiake Alfred, Ph.D, professeur de science politique, université de Victoria, Canada ~

“Notre cri de guerre est le suivant: Le pouvoir réside dans le peuple !”
~ Kahentineta Horn, Mohawk Nation News , 2017 ~

 

Voix anti-coloniales autochtones des Amériques au XXIème siècle

Sortir de l’idéologie coloniale par l’alliance naturelle des peuples

 

Resistance 71

 

7 juin 2017

 

Considérant le fait que nous ne vivons absolument pas dans un monde “post-colonial” comme voudrait nous le faire avaler la doxa étatico-coloniale occidentale, ne cherchant qu’à valider son hégémonie culturo-religieuse et à s’exonérer des crimes génocidaires commis à travers le monde au nom d’un impérialisme masqué derrière le “doux” visage de la “civilisation” et aujourd’hui de “l’humanisme”, nous nous sommes, depuis des années, levés contre l’idéologie et la pratique coloniales toujours en action aujourd’hui.

Nous avons cité de nombreux résistants indigènes de tous les continents, mais nous voulons aujourd’hui donner la parole à la résistance et à la résurgence des peuples natifs du XXIème siècle. Nous citerons ici quelques fragments de pensées de  grands penseurs et résistants autochtones anti-coloniaux contemporains du continent des Amériques. Puisse leur pensée faire tache d’huile, nous toucher, et rassembler l’humanité dans ce véritable et seul combat pour regagner notre indépendance et nous émanciper ensemble vers la société des sociétés anti-autoritaires et non coercitives des confédérations d’associations et de communes libres, parce qu’en fin de compte, c’est parce que nous sommes tous des colonisés que nous devrons nous unir et mettre à bas le système oligarchique totalitaire étatico-capitaliste.

Nous avons traduit quelques exergues importantes de déclarations de résistants indigènes des nations Maya du Mexique (Chiapas), Shawnee, Mohawk et Lakota, toutes faites entre 2003 et 2012, au sujet de la manière de comprendre et de sortir du colonialisme et de son carcan sociétal tant pour eux que pour nous. Laissons leur la parole, puisse t’elle aider à inspirer le grand souffle de l’alliance organique dont l’humanité a tant besoin.

“Il y a place pour tout dans la loi naturelle, où est le mal ? Où est le mal dans la Nature ? En vivant de par la loi naturelle, nous recevons pleinement au travers de nos sens, nous développons une pleine et riche appréciation du monde réel autour de nous, pour ce que nous expérimentons dans nos vies quotidiennes ; pour la réalité.”

“Si les gens vivent par et obéissent à la loi naturelle, il n’y a aucun besoin de lois humaines en toute circonstance. La toute première loi humaine signe l’arrêt de mort de la loi naturelle. Une fois qu’une loi humaine a été édictée, l’humain devient uns sorte de dieu. Ainsi tout l’objectif de l’existence humaine tourne à l’échec. La loi naturelle est la loi de la vie ; la loi humaine est la loi de la mort.”

~ Russell Means, Lakota, 2012 ~

“Les villages [des peuples descendants des Mayas] ont compris que les projets que le gouvernement mexicain donnait aux communautés n’étaient jamais décidés par et pour le peuple, le gouvernement ne demandait jamais ce que les gens voulaient vraiment. Le gouvernement ne veut pas s’occuper des besoins des villages, tout ce qu’il désire c’est se maintenir en état de fonctionnement. De là naquit l’idée que nous devions être autonomes, que nous devions imposer notre volonté, que nous serions alors respectés et que nous devions faire quelque chose de façon à ce que le désir et la volonté du peuple soient pris en considération. Le gouvernement nous traite comme si nous ne pouvions pas réfléchir.”

“Nous avons déjà une façon de faire et nous développons une théorie. C’est comme cela que çà s’est passé, après la grande trahison, après que les partis politiques et le gouvernement aient refusé de reconnaître les peuples Indiens originels ; alors nous avons commencé à voir comment faire les choses par et pour nous-mêmes.

Dans la pratique nous avons formé des communes autonomes et après nous avons pensé à faire des associations de communes autonomes qui seraient une sorte de modèle pour des comités/conseils de bon gouvernement… Nous avons eu l’idée et nous l’avons mis en pratique. Nous avons pensé que la théorie peut donner de bonnes idées, mais qu’en pratique, nous pouvons voir s’il y a des problèmes et comment les résoudre lorsqu’ils émergent. Chaque municipalité a des problèmes différents à régler. Il y en a certaines qui progressent plus que d’autres, mais lorsqu’elles se rassemblent et commencent à se parler sur le comment résoudre les problèmes, cela mène à une nouvelle structure, les conseils de bon gouvernement…”

Nous montrons au pays [le Mexique] et au monde que nous sommes capables de développer une vie bien meilleure et qu’on peut le faire sans la participation du mauvais gouvernement [de l’État]. Le progrès dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’échange, tout cela sont des projets que nous menons avec la société civile nationale et internationale, parce qu’ensemble nous construisons ce que nous pensons être le bien pour les gens, pour le peuple. Pourquoi le peuple mexicain et les peuples du monde nous soutiennent-ils ? Nous pensons que c’est parce que nous ne pensons pas à nous. Nous disons simplement que les peuples peuvent planifier et décider le comment de leur économie et de leur politique, de leur mode de gouvernement et que nous travaillons dans la pratique et montrons cette forme de gouvernement par la base des conseils.”

~Comandante Insurgente Moisés, EZLN, Chiapas, Mexique, 2008 ~

“Le peuple doit travailler pour que les municipalités autonomes soient un succès. Diriger en obéissant, voilà comment l’autorité doit véritablement gouverner. Maintenant nous mettons tout cela en pratique, parce que c’est le rôle qui nous revient.”

~ Compañero zapatiste, Chiapas (Mexique), 2008 ~

“Un guerrier confronte le colonialisme avec la vérité afin de régénérer une authenticité et recréer une vie qui vaut la peine d’être vécue et des principes qui valent la peine de mourir… Je désirerais suggérer comme point de départ, la conceptualisation d’un anarcho-indigénisme… Il y a une connexion philosophique entre le mode de pensée indigène et quelques courants de la pensée anarchiste au sujet de l’esprit de liberté et des idéaux d’une bonne société.”

“Il est impossible à la fois de transformer la société coloniale de l’intérieur des institutions coloniales ou de parvenir à la justice et à une coexistence pacifique sans fondamentalement transformer les institutions de la société coloniale. Pour faire simple, les entreprises coloniales qui opèrent sous le déguisement d’états libéraux démocratiques sont par design et par culture, incapables de relations justes et paisibles avec Onkwehonwe (peuples autochtones). Le changement ne pourra seulement se produire que lorsque les colons seront forcés d’admettre qui ils sont, ce qu’ils ont fait et ce de quoi ils ont hérité ; alors ils seront incapables de fonctionner en tant que coloniaux et commenceront à engager leurs relations avec les autres comme des relations respectueuses des êtres humains.”

La décolonisation est un processus de découverte de la vérité dans un monde créé du mensonge… Dans une réalité colonisée, notre lutte existe contre toutes les formes existantes de pouvoir politique et dans ce combat, nous n’amenons que notre seule véritable arme: le pouvoir de la vérité.”

“Si nous pouvons œuvrer ensemble vers l’accomplissement de ces choses: libération de la domination, libération de la peur, un régime décolonisateur, une éthique de guerrier et une re-connexion avec les cultures indigènes, alors nous nous libérerons de la cage et du carcan du colonialisme et connaîtrons une fois encore ce que cela veut dire d’être Onkwehonwe sur cette terre. Nous serons indépendants, auto-suffisants, respectueux, partageurs, spirituels et flexibles. Nous serons puissants dans la coexistence pacifique avec ceux qui vivent parmi nous et à côté de nous comme nos voisins et amis. C’est tout ce que les êtres humains ont le droit de demander.”

~ Taiaiake Alfred, Mohawk, Canada, 2005 ~

“C’est toujours l’objectif des gouvernements canadien et américain de se débarrasser des Indiens ou, faute de quoi, de les empêcher de bénéficier de leurs territoires ancestraux.”

“Au moment des premiers contacts avec les Européens, chrétiens, la très vaste majorité des sociétés natives des Amériques étaient parvenues à la véritable civilisation: elles n’abusaient en rien la terre, elles promouvaient la responsabilité communale, elles pratiquaient l’égalité en tout y  compris celle des genres et elles respectaient la liberté individuelle.”

“Nulle part ailleurs ne saisit-on le contraste entre les traditions indigènes et de domination occidentale que dans leurs approches philosophiques des problèmes fondamentaux que sont le pouvoir et la nature. Dans les philosophies indigènes, le pouvoir découle du respect de la nature et de l’ordre naturel des choses. Dans la philosophie de l’occident dominant, le pouvoir dérive de la coercition et de l’artifice et par effet direct, de l’alliénation de la nature.”

“Créer une relation légitime post-coloniale veut dire abandonner les notions de la supériorité culturelle européenne et d’adopter une position de respect mutuel. L’idée qu’il n’y a qu’une seule façon de voir et de faire les choses n’est plus du tout tenable.”

“Toutes les actions dans cet effort [de changer les relations], non pas seulement les nôtres mais aussi celles de ceux non-natifs qui nous soutiennent, doivent être inspirées par quatre principes: (1) diminuer l’impact des supposés intellectuels du colonialisme ; (2) Agir sur l’impératif moral du changement ; (3) ne pas coopérer avec le colonialisme ; (4) finalement, résister plus avant à l’injustice.

Nous pouvons parvenir à la décolonisation par le travail intense concerté et par des sacrifices fondés sur ces quatre principes énoncés, tout cela de concert avec la restauration d’une culture politique indigène au sein de nos communautés.”

~ Taiaiake Alfred, Mohawk, Canada, 2009 ~

“Voici quelques fondamentaux trouvés dans la sagesse du grand résistant Shawnee Tecumseh, qui mèneront à un changement de paradigme transformateur:

Aimez votre vie, perfectionnez votre vie, embellissez toutes choses dans votre vie,

Recherchez la longévité et mettez son but au service de votre peuple,

Préparez un noble chant de mort

Pour le jour où vous ferez le grand saut

Donnez toujours un mot gentil lorsque vous croisez ou rencontrez un ami

Faites de même pour les étrangers dans des endroits esseulés,

Respectez tout le monde et ne querellez personne

Lorsque vous vous levez le matin,

Remerciez pour la nourriture et pour la joie de vivre,

Si vous ne voyez aucune raison de remercier, la faute vous en revient,

N’abusez rien ni personne,

Car l’abus transforme le sage en imbécile

Et vole l’esprit de ses visions.

Le moyen de sortir de cette noire période dans laquelle nous nous trouvons tous doit impliquer un changement positif de paradigme cognitif hors de la mentalité et de l’attitude de l’empire et de la domination qui ne sont que les effets du modèle de conquête et de celui du “peuple élu sur une terre promise” fournit par l’Ancien Testament biblique et ce incluant la doctrine chrétienne de la découverte et de la domination que l’on trouve dans le rendu de l’affaire Johnson c. M’Intosh (CSEU, 1823).”

“En tant que nations et peuples originels de l’Île de la Grande Tortue, nous devons inviter le monde à marcher à nos côtés sur ce beau chemin de la vie en gardant de manière centrale un des grands enseignements de la loi indigène: respecte la terre comme ta mère, et porte un regard sacré sur tout le vivant.”

~ Steven Newcomb, Shawnee, USA, 2008 ~

Puisse la sagesse de ces paroles nous inspirer tous pour sortir de l’étau colonial qui nous étouffe tous et toutes ; sans oublier que de l’autre côté du miroir, nous attend l’émancipation, l’égalité, la fraternité et donc la liberté, la seule qui se doit de guider nos pas.

Ske:nen (Paix) et fraternité

Résistance 71

Résistance au colonialisme: Questions aux chrétiens sur leur doctrine de la découverte fondement du colonialisme

Posted in altermondialisme, colonialisme with tags , , , on 31 juillet 2015 by Résistance 71

Rejoignez le mouvement pour la répudiation des bulles papales colonialistes, plus nous mettrons de pression sur la hiérarchie cléricale jusqu’au Vatican et plus ces diktats papaux auront de chance à être répudiés.

— Résistance 71 ~

 

Question pour les chrétiens: Demander pardon sera t’il suffisant ?

 

Peter d’Errico

 

29 Juillet 2015

 

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2015/07/29/question-christians-will-saying-sorry-be-enough

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

La demande de “pardon” du pape François 1er le 9 Juillet 2015, pour les “crimes commis contre les peuples natifs durant la soi-disante conquête des Amériques” indique combien a évolué la discussion sur la complicité chrétienne dans la domination coloniale (de l’occident), éperonnée par la critique croissante de la doctrine chrétienne de la découverte.

En 1993, lorsque Birgil Kills Straight, Steven Newcomb et Maria Braveheart Jordan envoyèrent une “lettre ouverte” au pape Jean-Paul II, appelant pour la révocation de la bulle papale vieille de 500 ans qui mettait en œuvre la doctrine chrétienne de la découverte (NdT: Inter Caetrera, pape Alexandre VI, Mai 1493), leur action paraissait être don quichotesque pour le moins. Beaucoup de gens (ré)agirent comme si les documents de l’ère coloniale étaient en quelque sorte sans importance dans le monde moderne.

Maintenant, près d’une génération plus tard, la révocation de la doctrine chrétienne de la découverte est passée d’un projet utopiste à une cible largement comprise et entendue dans le mouvement de libération des peuples et nations indigènes des Amériques (NdT: et d’ailleurs) comme ayant des effets continus et permanents incluant des programmes de domination. Aux Etats-Unis par exemple, la doctrine chrétienne de la découverte est sous-jacente à la loi fédérale sur les Indiens jusqu’à ce jour.

Le pape François n’a pas mentionné la doctrine chrétienne de la découverte, mais il a été plus loin que le pape Jean-Paul II, dont “les excuses” de l’an 2000 blâmaient en fait des individus, plutôt que l’église elle-même, pour la violence contre les peuples et nations indigènes et autres. François a demandé le “pardon” pour “les offenses de l’église elle-même”. Notez également que François a parlé de “crimes” ; il ne s’est pas limité à la douce rhétorique des “pêchés”.

Le pape François a également contribué à une importante clarification au sujet du rôle de la doctrine de l’église dans la colonisation lorsqu’il s’est référé à une “soi-disant conquête” de l’Amérique. Comme la Cour Suprême des Etats-Unis l’a déclaré dans sa décision dans l’affaire Johnson contre McIntosh de 1823, la doctrine chrétienne de la découverte sert de “prétention” à la conquête. Là où une conquête réelle possède des implications légales de domination justifiable, la doctrine chrétienne de la découverte n’est justifiable que pour ceux qui placent la discrimination religieuse contre les païens non-chrétiens comme fondation même de la loi.

D’après le New York Times, “les excuses pour la complicité de l’église dans l’ère coloniale a reçu une ovation immédiate de la foule présente”, foule qui était constituée “d’environ 200 activistes sociaux, fermiers, éboueurs et activistes de voisinages”, à Santa Cruz en Bolivie.

Comment les gens autochtones qui se considèrent chrétiens vont-ils répondre à la critique de la domination coloniale chrétienne ? Vont-ils demeurer satisfaits avec une demande du pape pour le pardon ? Ou vont-ils insister pour qu’une demande de pardon soit suivie par une action démontrant un changement réel, comme une révocation papale des décrets pontificaux offensants ?

Beaucoup de gens ont critiqué la canonisation plannifiée de Junipero Serra, le moine du XVIIIème siecle qui fut une force vive de la colonisation espagnole sur la côte ouest de l’amérique du Nord (Californie). Serra organisa l’effort de conquête spirituelle et temporelle de la conquête des peuples natifs en “Nouvelle Espagne”. Il fut responsable de la plupart de la violence qui eut lieu pour l’évangélisation au nom du christ alors qu’il cornaquait la force de travail native pour remplir les demandes de tributs et de trésors de la couronne espagnole.

Les autochtones chrétiens seront-ils capables de voir et de comprendre que Junipero Serra ne peut pas être un “saint” si ce qu’il fit est un crime ? Les natifs chrétiens lèveront-ils leurs voix pour défier la canonisation et verront-ils la “sainteté” de Serra comme la continuation des mêmes actes pour lesquels le pape François et d’autres papes ont demandé pardon ?

Y aura t’il plus de natifs chrétiens qui appelleront l’église à prendre l’étape suivante après la demande de pardon et qui est d’officiellement révoquer les bulles papales vieilles de 500 ans, qui ont autorisées la violence et la domination contre les peuples et nations indigènes ?

L’histoire de la résistance indigène au colonialisme espagnol en Amérique du Sud ne laisse aucun doute sur la capacité des peuples indigènes à aller au-delà de l’allégeance à l’église dans leur lutte pour l’auto-détermination.

Lorsque Tupac Amaru a commencé sa campagne contre le joug espagnol dans le Pérou du XVIIIème siècle, il croyait que l’église soutiendrait son mouvement de libération des peuples Incas de l’oppression des officiels coloniaux et des grands propriétaires terriens, qui maintenaient des communautés entières de peuples autochtones dans des conditions d’esclavage. Les demandes initiales de Tupac Amaru pour la fin de la domination espagnole étaient souvent faites depuis les marches des églises où il appelait ses suiveurs à respecter les prêtres tandis qu’il défiait les autorités séculières.

Malgré la volonté de quelques prêtes d’œuvrer avec les leaders natifs, la hiérarchie de l’église prit alors un rôle définitivement antagoniste. L’évêque Moscoso de Cuzco ordonna aux prêtres de prêcher contre les forces indigènes. Moscoso prit le rôle de leader dans l’assistanat de la réponse militaire espagnole à la rébellion. Il excommunia Tupac Amaru dans un effort de le dépeindre comme un païen plutôt qu’un héros.

Lorsque Tupac Amaru réalisa que les plus hautes instances de l’église ne lui étaient pas acquises et complotaient avec les officiels séculiers pour détruire la révellion incas, il fut abassourdi. L’excommunication l’affaiblit autant qu’elle le rendit fou de rage, car elle minimisait le soutien parmi les indigènes convertis, qui se distancièrent de la rébellion et rejoignirent mêmes pour certains, des milices espagnoles.

Dans un livre récent: “— »The Tupac Amaru rebellion« , l’auteur Charles F. Walker écrit ceci: “Hautement religieux, les leaders rebelles ne pouvaient pas concevoir le monde sans l’église et ne pouvaient pas parvenir à réduire au silence des leaders de l’église comme l’évêque Moscoso.

Walker écrit aussi: “Le plus grand ou du moins, le défi le plus inattendu auquel durent faire face les chefs rebelles fut de savoir comment réconcilier leur religiosité avec les efforts intensifs contre-révolutionnaires…. de l’église.

Aujourd’hui, les critiques de la doctrine chrétienne de la découverte ont le vent en poupe, atteignant même l’ONU et son Forum Permanent pour les Affaires Indigènes dont “l’étude” sur les impacts de la doctrine de la découverte appelle pour “des mécanismes, des processus et des instruments de redressement des torts” infligés aux peuples indigènes.

Comme l’a écrit Steven Newcomb, la pape François 1er “a pris un premier pas très important vers la révocation des bulles papales d’empire et de domination”. Newcomb mérite de recevoir les plus grandes accolades et le plus grand crédit pour avoir tant aider à forger les fondations de ce travail. Il fit suivre son rôle de co-auteur de la “lettre ouverte” au pape de 1993 avec un livre publié en 2008: “Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte”, ouvrage qui met à nu la fondation religieuse chrétienne toujours active de la loi fédérale sur les Indiens des Etats-Unis.

Le pape François 1er semble parfaitement au courant de la non-viabilité ou tout au moins de l’inacceptabilité de régimes fondés sur le schéma de la domination chrétienne. Il faudra voir si l’église, ses leaders et ses membres, sauront faire face à l’énorme tâche de construire un monde sans de tels schémas.

Colonialisme et culture du meurtre: La fabrique des assassins de l’État… Canada cas d’école (Mohawk Nation News)

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Rejoignez le mouvement pour la répudiation des bulles papales colonialistes, plus nous mettrons de pression sur la hiérarchie cléricale jusqu’au Vatican et plus ces diktats papaux auront de chance à être répudiés.

— Résistance 71 ~

 

Aimer… Tuer !

 

Mohawk Nation News

 

Mars 2013

 

url de l’article original:

http://mohawknationnews.com/blog/2013/03/19/like-killing/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

L’État a conduit des recherches tres intensives sur l’entraînement des humains à tuer d’autres humains. Les peuples indigènes ont très souvent été les victimes de massacres de masse tout à fait calculés. Les Allemands ont étudié de près le génocide nord-américain (Etats-Unis et Canada) des Indiens. Ils ont déshumanisé les juifs afin de créer les conditions de l’holocauste.

Une minorité de psychopathes a développé un système d’entraînement pour aller au delà de l’instinct de reconnaître l’humanité d’autrui. Ils furent particulièrement alarmés de savoir que seulement 15 à 20% des soldats tiraient sur l’ennemi dans les zones de combat et que seulement 2 à 3 % au grand maximum étaient des tueurs nés. Tuer provoque des réactions extrêmes comme des nausées, vomissements et de longues périodes de désordre post-traumatique ou DPT.

Pratiquement tout le monde peut-être entraîné à devenir un meurtrier dans certaines conditions, d’après le colonel Dave Grossman : “On Killing: The Psychological Cost of Learning to Kill in War and Society”, New York; Little, Brown & Co. 1995. 

Comment tuer un humain:

  1. Commande autoritaire: Une hiérarchie crée un “réflexe d’obéissance”.
  2. Psychologie de groupe: Dans un groupe, l’individu évite la responsabilité personnelle. Dans un peloton d’exécution par exemple, le tueur peut imaginer que quelqu’un d’autre a tiré la cartouche fatale.
  3. 3. Distanciation des victimes: sous-estimer leur humanité. Ne pas regarder la victime dans les yeux ou sentir sa peur. Les armes sont faites pour se distancier de l’ennemi. Les drones sans pilotes protègent le tueur de voir l’agonie humaine. Les assassinés sont des moins que rien, personne.
  4. 4. Ne pas regarder les yeux de la victime: Abattre la victime dans le dos lorsqu’elle s’enfuit, pas lorsqu’elle attaque. Les kidnappers sont plus enclins à tuer une victime encagoulée.
  5. Eviter de penser à l’humanité ordinaire: les victimes ne peuvent pas être vues faire des choses de la vie ordinaire comme manger, fumer une cigarette ou jouer avec leurs enfants. La culture de l’ennemi doit rester inconnue. C’est pourquoi les écoles canadiennes n’enseignent rien au sujet de nos cultures indigènes. Nous sommes des cibles qui doivent être éliminées.
  6. Utiliser le bias des médias: Ne rapporter que de la négativité afin de créer une image antipathique des victimes.
  7. Déshumaniser les cibles: Les Américains appelaient les Vietnamiens des “Gooks” (“Niaquoués”), des “geeks” “ineptes” et des “cibles”. Les Arabes sont des “extrémistes”, des “fondamentalistes”, des “islamistes”, des “insurgés”. Le Canada définissait une personne comme “qui que ce soit n’étant pas Indien” entre 1876 et 1952. (NdT: en 1876, des amendements à la loi sur les Indiens, Indian Act, introduisirent le concept “légal” du fait que les “Indiens sont des non-personnes du Canada”…) Le taux de meurtre a augmenté jusqu’à 95% lorsque les soldats ont tiré sur des cibles ayant forme humaine. La police canadienne tire sur des cibles qui ressemble à des femmes autochtones.
  8. Conditionnement: Créer des batailles réalistes. Une réplique de Kahnawake (territoire Mohawk) a été construite pour conditionner les soldats à tuer les Mohawks.
  9. Le “double lien”: Le tueur est mis dans une position où il pense qu’il est à risque et doit tuer pour survivre.

Les agents des services de frontière canadiens d’Akwesasne utilisent souvent le “double lien”. En 2008, deux grands-mères furent arrêtées, leurs cartes d’identité et la clef de la voiture furent confisqués ; elles furent obligées de rester assises dans la voiture pendant plus d’une heure, encerclées par des commandos armés. D’autres indigènes furent contrôlés mais laissés tranquilles. Les gardes restèrent soudés de façon à ce qu’aucun d’entre eux ne succombe aux sentiments d’une humanité commune vis à vis des deux femmes. Aucun ne put prendre la responsabilité pour l’attaque vicieuse qui s’en suivie.

Une voix donna des ordres sur un téléphone portable au commandant de l’unité.

Une des femmes fut tirée hors de la voiture, attrapée par derrière et fut jetée au sol, son visage sur la route jusqu’à ce qu’il soit griffé et égratigné. Ses os furent presque amenés au point de rupture. La seconde femme fut tirée de la voiture et l’agression vint encore de par derrière. Ses mains furent attachées dans son dos. Les gardes avaient pris position là où ils ne pouvaient pas voir son visage alors qu’ils serraient les menottes jusqu’à couper la circulation sanguine. Alors qu’elle était victime d’un malaise cardiaque, un homme l’attrapa par le pantalon, lui ordonna de se pencher en avant et essaya de lui baisser le pantalon. Dans le poste de police, 6 ou 7 autres fonctionnaires intervinrent sur les lieux pour assurer que la pression psychologique demeure.

La folie continua, puis un avocat entra dans la pièce. Soudain, ils devenaient responsables. Ils retirèrent les menottes, lui donnèrent un endroit pour s’assoir et lui offrirent un verre d’eau. On appela une ambulance. Deux policiers autochtones regardaient en silence, pris entre le marteau et l’enclume de deux groupes identitaires.

Ces tactiques pour faire la guerre et tuer sont développer de manière scientifique par les banksters royalistes et leur armée.

Ces tactiques nous rappellent la chanson de Freddie Mercury: Killer Queen “She’s a killer queen. Gun powder, gelatine. Dynamite with a laser beam. Guaranteed to blow your mind, anytime.”

 

Sémantique coloniale… La doctrine de la conquête comme système de domination…

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Rejoignez le mouvement pour la répudiation des bulles papales colonialistes, plus nous mettrons de pression sur la hiérarchie cléricale jusqu’au Vatican et plus ces diktats papaux auront de chance à être répudiés.

— Résistance 71 ~

 

La conquête comme système conceptuel de domination

 

Steven Newcomb

 

3 avril 2015

 

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2015/04/03/conquest-idea-system-domination

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Bien que les Etats-Unis aient imposé par la force des critères de domination sur la nations natives originelles de ce continent, il est somme toute assez typique de voir les tribunaux des Etats-Unis et la plupart des universitaires de droit utiliser les mots “conquérant”, conquête” et “conquérir” et non pas les mots “domination”, “dominants”, “dominer”. Le professeur Robert Miller (Shawnee) par exemple, a intitulé son livre: “Native America: Discovered and Conquered” (2008). Le théologien George “Tink” Tinker (Osage) a intitulé son livre de 1993 “Missionary Conquest” et dans mon livre Pagans in the Promised Land (2008), je réfère au modèle mental de “conquérant” et à l’idée de conquête.

Avec le recul, je vois maintenant que cela aurait eu plus de sens d’écrire au sujet du “dominant” et de son modèle mental. Pensez à la différence apportée si George Tinker avait intitulé son livre Missionary Domination, (Domination missionnaire) ou si Robert Miller avait intitulé le sien “Native America: ‘Discovered’ and Dominated.” Se référer à nos nations comme étant “découvertes et conquises” donne l’impression que la lutte est terminée et que les Etats-Unis sont les “gagnants” contre l’ “ennemi” que sont les nations natives du continent et que nous devons vivre avec cette conséquence à tout jamais.

Une bonne partie du processus de décolonisation implique le fait d’embrasser le besoin de se démarquer consciemment des termes colonisateurs de référence en n’utilisant plus le mot de “conquête” et de commencer à utiliser le terme de “domination” en référence au système de la loi et politique fédérale indienne adopté par les Etats-Unis. Cette façon de cadrer l’affaire suggère ainsi que la domination des Etats-Unis, toujours imposée sur nos nations originelles, est invalide et doit être mise au défi et terminée.

Peut-être qu’une analogie aiderait à illustrer ce point. Pensez pour un instant à l’empire romain battant une nation ou un peuple en imposant un régime de domination. Imaginons que les Romains réfèrent typiquement de manières orale et écrite à leur système comme étant une “conquête”, ce qui veut dire une “victoire”, un “triomphe”. Cela n’aurait absolument aucun sens pour la nation ou le peuple sur lequel l’empire romain a imposé son règne par la force, d’appeler cette imposition étrangère sur leur sol une “conquête”, voulant dire une victoire romaine ou un “triomphe” sur un ennemi.

Le livre d’Edward Gibson The Rise and Fall of the Roman Empire (Edited with Introduction and Notes by J. W. Saunders, George G. Harrap & Co., 1949) fournit des exemples de langage utilisé de cette façon. Comme l’écrivit Gibson: “Nous avons déjà eu l’occasion de mentionner la conquête de la Grande-Bretagne et de fixer le terme de province romaine sur cette île (p.29) “ et “Avant la conquête romaine, le pays qui est maintenant appelé la Lombardie n’était pas considéré comme partie de l’Italie,” (p.30)

Pour ceux sur qui un système de domination romain a été imposé, appeler cette imposition romaine une “conquête” serait se positionner dans une perspective romaine pour se catégoriser eux-mêmes. Cela voudrait dire qu’ils se verraient comme une ou des nations sur lesquelles une “victoire”, un “triomphe” romain a été accompli, point final. Afin d’éviter une telle erreur, une telle nation ou un tel peuple devrait plutôt utiliser le mot “domination” pour référer au système romain qui leur a été imposé. (NdT: On peut se poser la question de savoir comment les Gaulois, conquis après Alésia, jugèrent la domination romaine ? Il est intéressant de constater que nos livres d’histoire relatent très brièvement la guerre des Gaules pour passer directement au monde “gallo-romain”, présenté comme source progressiste infinie, justifiant ainsi l’idéologie de la conquête au nom de la “civilisation”, employée par nos empires modernes en permanence… N’est-ce pas très convénient de voir la chose de cette façon pour l’oligarchie dominante ? Question: quelle fut la résistance gauloise à l’occupation romaine après la victoire de Jules César ?... Quelles furent les mesures ethnocidaires prises par les occupants pour détruire la culture gauloise ? Y sont-ils parvenus ?)

Les citations ci-dessus provenant de Gibson démontrent comment, au travers de leur utilisation de “la conquête”, les Romains ont assumé une attitude triomphante envers ceux qu’ils dominaient. Les Romains utiliseraient l’expression d’”après la conquête” pour référer au temps d’après que leur imposition soit devenue “gagnante” en forçant les autres peuples et nations sous l’ascendance romaine. Si une nation ou un peuple subjugué décidait qu’il voulait remettre en question l’imposition romaine, il pouvait le faire de manière effective en utilisant l’expression “après la domination” fondée sur l’assomption que la domination d’une nation par une autre est invalide et inacceptable.

Passons maintenant à l’application du mot “conquête” envers nos nations. En 1986, dans l’affaire Chunie v. Ringrose (impliquant une demande territoriale Chumash sur deux îles au large de la côte de Santa Barbara en Californie), la cour d’appel du 9ème district utilisa le mot “conquête” dans le sens de “victoire” ou de “triomphe” de l’Espagne sur les nations indiennes. La cour écrivit: “L’Espagne a acquis les îles par la conquête et la colonisation et ces îles sont ensuite passées au Mexique lorsqu’il a obtenu son indépendance de l’Espagne.” Cette façon de cadrer l’histoire est tellement bateau , que la personne de base qui lirait ce verdict et même le juge et les assesseurs qui l’ont forgée auront peu de chance d’interpréter le mots “conquête” et “colonisation” comme voulant dire “domination”.

Si la cour avait reconnu ce fait, elle aurait pu écrire quelque chose comme: “L’Espagne a acquis ces îles par domination et colonisation”. Mais un tel phrasé ouvrirait ainsi la possibilité d’une reconnaissance de la domination des nations natives par les Etats-Unis et défierait son bien-fondé, la rendant ainsi invalide et serait vue comme devant être terminée.

La décision de la 9ème chambre d’appel dans l’affaire Ringrose déclare: “Après la conquête par les puissances européennes, les Indiens furent permis d’occuper le territoire sur lequel ils avaient précédemment exercé une ‘souveraineté’”. Puis la cour renchérit: “Ce droit (d’occupation des sols) n’est pas un droit de propriété, mais est plutôt un droit d’occupation accordé par le souverain conquérant.” Du point de vue Chumash, qui désire défier le schéma de domination, “après la conquête” devrait-être réexprimé sous la forme “après la domination”. D’un tel point de vue, l’expression “souverain conquérant” serait plus précisément rephrasé en “souverain dominant” qui nie aux nations natives toute forme de titre sur la terre, titre qui pourrait entrer en compétition avec cette domination supposée.

Notez bien la différence de ton lorsque nous écrivons: “après la domination par les puissances européennes, les Indiens furent permis d’occuper le territoire sur lequel ils avaient précédemment exercé une souveraineté. Ce droit n’est as un droit de propriété, mais plutôt un droit d’occupation des sols accordé par le souverain dominant.” Dans l’affaire des Indiens Tee-Hit-Ton contre les Etats-Unis en cour suprême des Etats-Unis (1955), la cour déclara ceci: “Après la conquête, ils (les Indiens) furent autorisés d’occuper des portions de territoire sur lesquelles ils avaient précédemment exercé une ‘souveraineté’, comme nous utilisons ce terme.” Réexprimé d’un point de vue de nation originelle cela sonnerait comme ceci: “Après la domination, ils furent autorisés d’occuper des portions de territoire sur lesquelles ils exerçaient précédemment une ‘souveraineté’, comme nous utilisons le terme.

Appeler un système de domination par son nom de “domination” est un moyen de dire la vérité au pouvoir, mais c’est aussi un moyen d’identifier précisément la nature du système linguistique, mental et comportemental contre lequel nous luttons. Dans son livre Domination and the Arts of Resistance: Hidden Transcripts (Yale University Press, 1990), James C. Scott cite George Orwell en disant “quand l’homme blanc devient tyran, il détruit sa propre liberté”. La surveillance de la population américaine par la NSA, la contraction des libertés civiles du peuple américain en général et la poussée pour un état de sécurité nationale démontrent que bien que le peuple américain pensait être le bénéficiaire du système de domination de l’empire américain, en réalité c’est sa propre existence qui est en train d’être détruite par ce même système impérialiste qui travailla si dur pour détruire l’existence libre de nos nations. (NdT: Ce que dit Newcomb est exactement ce que nous disons depuis le départ de nos analyse et dans notre article de synthèse publié en Mai 2013: “Tous colonisés !”)

L’utilisation par les tribunaux états-uniens d’expressions clefs comme “après la conquête”, “le conquérant souverain” et “la domination ultime” fait partie des transcriptions cachées du mot domination que les Etats-Unis ont utilisé et continuent d’utiliser contre nos nations originellement libres et toujours libres de droit. Une partie de notre tâche immédiate est d’ouvrir ces transcriptions cachées à la scrutinité afin de pouvoir nommer et éliminer précisément et efficacement les schémas ancrés de domination, de subordination et de déshumanisation qui sont utilisés contre nos peuples et nos nations.

Résistance politique au colonialisme: La chrétienté source de la chienlit colonialiste moderne…

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« Transposer un sens éthique et cette idée sur un plan de philosophie politique concise est difficile, car cela résiste l’institutionnalisation…  Je pourrai suggérer un point de départ en conceptualisant une forme d’anarcho-indigénisme. Pour prendre racine dans l’esprit des gens, la nouvelle éthique doit capturer l’esprit du guerrier dans la bataille et l’amener en politique. Comment peut-on décrire cet esprit en terme contemporain en relation à un mouvement politique ? Les deux éléments qui viennent à l’esprit sont « indigène », évoquant l’enracinement culturel et spirituel dans cette terre et la lutte Ongwehonwe pour la justice et la liberté et le philosophie politique et le mouvement qui est fondamentalement anti-institutionnel, radicalement démocratique et focalisé à agir pour forcer un changement de société: l’anarchisme.« 

~ Taiaiake Alfred ~

 

Le contexte des traités avec les nations indiennes

 

Steven Newcomb

 

27 Février 2015

 

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2015/02/27/context-indian-nation-treaties

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Le National Museum of the American Indian (NMAI) a créé une exhibition importante et visuellement captivante appelée “De nation à nation: Les traités entre les Etats-Unis et les nations amérindiennes”. Cette exposition s’est ouverte le 21 Septembre 2014 et durera jusqu’à l’automne 2018. Un résumé sur le site internet du NMAI stipule: “Les traités sont au cœur de la relation entre les nations indiennes et les Etats-Unis,” et que l’exhibition sur les traités explique “l’histoire de cette relation, incluant l’histoire et l’héritage de la diplomatie états-uno-amérindienne de la période coloniale à nos jours.

Il y a, quoi qu’il en soit, une importante question qui n’est bien évidemment pas posée par l’exposition du musée: Pourquoi les traités avec les nations indiennes ne sont-ils pas classifiés de la même manière que les traités des Etats-Unis avec des nations comm,e par exemple, la Grande-Bretagne, la France ou l’Espagne ? Une explication du cadre utilisé par les Etats-Unis, et toujours utilisé aujourd’hui, pour interpréter les traités établis avec nos nations indiennes “originelles” a été publiée en 1848. Elle fut publiée “sous l’autorité du congrès des Etats-Unis” dans le Volume II des statuts publics généraux des Etats-Unis: “The Public Statutes at Large of the United States of America,” qui fut mise en page et éditée par l’avocat Richerd Peters.

Le Volume II est intitulé “Traités entre les Etats-Unis et les tribus indiennes” / “Treaties Between the United States and the Indian Tribes,” caractérisant de la sorte les traités avec les Indiens comme n’ayant pas été faits avec des nations indiennes… A leur crédit, disons que les curateurs de l’exposition du NMAI mettent en contradiction dans leur exhibition sur les traités, cette attitude vis à vis des termes “nation à nation” et “Nations Indiennes Américaines”.

Dans la table des matières du Volume VII des “statuts généraux”, sous la “Liste des traitées entre les Etats-Unis et les tribus indiennes”, Peters écrit: “ les principes généraux reconnus (sic) par la cour suprême des Etats-Unis en relation avec les tribus indiennes” et note en page une qu’il s’était senti obligé de commencer le livre avec une information expliquant comment “des traités entre les Etats-Unis et des tribus indiennes” sont interprétés du point de vue des Etats-Unis. Une partie de cette explication implique ce qu’il appelle “les principes généraux qui ont été reconnus (sic) par la cour suprême des Etats-Unis et les tribus indiennes”, et “le titre indien des terres qu’ils occupent”.

Le corps de ce VIIème volume des statuts généraux commence avec “l’affaire de Johnson et de Graham Lessee contre William McIntosh, rapports de Wheaton 8”, dont le rendu fut écrit par le juge de cour suprême John Marshall. Il reproduit ensuite, presque verbatim, la quasi totalité de la décision de l’affaire Johnson contre M’Intosh en 1823. Cette décision est bien évidemment conçue et fondée sur ce que le juge Marshall a appelé “le droit à la découverte, confiné aux pays chrétiens, des terres alors inconnues du peuple chrétien”.

Plus tard, citant Etats-Unis contre Clarke, 9 Peters, 168, Peters écrivit que “le prix ultime était dans la couronne et ses allotements”, sujet au “droit de possession indien” . Le terme “prix ultime” d’après le dictionnaire légal Black, veut dire “titre complet et absolu”. “un “prix” (NdT: “fee” dans le texte original anglais…) est “propriété permanente et absolue, détenue par un seigneur supérieur.” Il continue: “ceci a la même signification que celle du domaine féodal et son concept de seigneurs féodaux et leurs sujets ainsi que dans l’idée de la relation du roi avec des terres “vacantes”, c’est à dire des terres de nations non-chrétiennes.

Peters, citant toujours Etats-Unis contre Clarke, se réfère à “une règle légale établie en Angleterre, qui de par sa prérogative, disait que le roi etait l’occupant universel de toutes terres vacantes dans ses domaines et avait le droit de les donner comme bon lui semblait, prérogative également valide au travers de la volonté de ses administrateurs dûment autorisés.” Cette explication est en accord avec la déclaration du juge suprême Marshall dans le rendu de Johnson contre M’Intosh: “D’après la théorie de la constitution britannique, toutes les terres vacantes sont reversées à la couronne, comme représentante de la nation et le pouvoir exclusif de le faire est admis résider dans la Couronne en tant que branche de la prérogative royale. Il a déjà été montré que ce principe était aussi reconnu en Amérique que sur l’île de Grande-Bretagne.

Marshall dit plus avant à la cour: “En virginie donc, aussi bien que n’importe où ailleurs dans les dominions britanniques, le titre complet de la Couronne sur les terres vacantes était reconnu. Aussi loin que va le respect de l’autorité de la couronne, aucune distinction ne fut faite entre les terres vacantes et les terres occupées par les Indiens. Le titre de propriété, soumis seulement aux limites du droit d’occupation des sols par les Indiens, fut admis être investi dans la personne du roi, tout comme ce fut son droit d’attribuer ce titre. Les terres auxquelles cette proclamation se référait étaient donc des terres que le roi avait le droit d’attribuer ou de réserver aux Indiens.

La déclaration de la cour suprême des Etats-Unis disant que la couronne britannique n’avait fait aucune “distinction” “entre les terres vacantes et les terres occupées par les Indiens”, fut clarifiée plus avant par Benjamin Munn Ziegler dans son livre: The International Law of John Marshall. Comme le dit alors Ziegler: “Aussi loin que fut respectée l’autorité de la couronne, aucune distinction ne fut faite entre les terres vacantes et les terres occupées par les Indiens” (p.46). Il nota ensuite en passant: “Le terme “terres inoccupées”, réfère bien sûr aux terres en Amérique qui “étaient occupées par les Indiens” lorsqu’eles furent découvertes, mais elle étaient “inoccupées” par des chrétiens…”

Voilà… Les territoires traditionnels de nos nations originelles étaient des “terres inoccupées par des chrétiens” (NdT: conformément aux bulles papales du XVème siècle, elles pouvaient être saisies, volées, usurpées..) est la réponse à la question du pourquoi le gouvernement des Etats-Unis ne classifie pas les traités avec nos nations de la même manière que ceux qu’ils établirent avec des nations comme la Grande-Bretagne, France ou l’Espagne ou tout autre pays. Les traités établis par les Etats-Unis avec les nations indiennes furent des traités établis avec des nations non-chrétiennes. L’historien Francis Jennings a résumé cette attitude de manière succinte dans son “The Invasion of America” lorsqu’il y dit ceci: “ La condition de sauvagerie impliquait plus qu’une sensibilité esthétique et le juge suprême (Marshall) d’un pays embrassant la séparation de l’église et de l’état pouvait montrer aucune préoccupation officielle au sujet de manque de chrétienté des Indiens comme critère de leur statut légal.” Nous devrions ajouter ici “et de leur statut politique”.

Les Etats-Unis ont utilisé le “manque de chrétienté” de nos ancêtres comme critère de jugement du statut politique de nos nations et des traités, le tout devant être subordonné à la “souveraineté” et la “domination” prévalentes des Etats-Unis. Tandis que les curateurs du NMAI méritent des félicitations pour avoir cadré l’exposition dans les termes de nos “Nations”, un grand pas en avant serait de parvenir à focaliser l’attention publique sur le fondement religieux chrétien bigot issus de la bible qui est sous-jacent à la loi et la politique fédérales indienne et qui fut rendu possible par le moyen des décisions de la cour suprême des Etats-Unis dans les affaires Johnson contre McIntosh (1823) et Tee-Hit-Ton Indians vs United States de 1955.

Petit cours d’histoire de France en passant par le Québec sur fond d’indépendance écossaise… une vision Mohawk…

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Le Haggis contre la Poutine

 

Mohawk Nations News

 

17 Septembre 2014

 

url de l’article original:

http://mohawknationnews.com/blog/2014/09/17/haggis-vs-poutine/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Guswentha / Traité Wampum Deux Rangées

 

Les Québecois se rassemblent pour observer le referendum sur la séparation de l’Écosse d’avec la Grande-Bretagne. Ils veulent se séparer du Canada. Mais il y a une grosse différence. Les Écossais sont indigènes à leur terre et ont été colonisés par l’Angleterre. Ils votent pour retirer ce singe de leur dos. Les Québecois sont des immigrants français que les natifs ont laissé s’installer sur l’Île de la Grande Tortue. Ils veulent déclarer leur souveraineté et essayer de mettre en place une nouvelle entreprise commerciale sur notre terre ! Lisez: MNN. “Real Referendum”.

Les Écossais veulent à juste titre leur identité en se libérant de l’empire banquier romain du Vatican (City de Londres) ; ils veulent reconquérir leur souveraineté et se reconnecter avec leur histoire fondé sur le système des clans qui les connecte à la terre. Pour faire cela, les Québecois devront retourner en France. Le Canada et les Etats-Unis dépendent de bulles papales du XVème siècle comme celles édictant la doctrine chrétienne de la découverte, Terra Nullius et autres qui sont essentiellement de la fiction pseudo-légale pour maintenir leur poigne sur la terre d’Onowaregeh ou Île de la Grande Tortue.

Les Québecois ont quitté la France pour se libérer de la tyrannie de l’empire romain (la papauté) et pour recommencer de rien sur notre terre. Quelques immigrants ont appris nos façons et se sont bien entendus avec nous, comme la “cour du bois”. Les autres furent assimilés par l’élites corporatrices au travers du mandat de leur règle des 51% de majorité.

En 1689, les colons français ont voulu nous tuer tous de façon à pouvoir revendiquer nos terres comme étant les leurs. Notre réponse est historiquement connue comme le “massacre de Lachine”. Nous avons éliminé ce camp colonial. Les Français voulurent la paix. Le 25 Juin 1701, ils furent d’accord de vivre en paix sous les auspices de Guswentha ou le Traité Wampum Deux Rangées. Ils violent continuellement cet accord.

Les Québecois pourraient voter pour se séparer de l’entreprise Canada, qui est une entreprise commerciale fondée sur les lois de l’amirauté. Puis ils pourraient essayer de renouveler leur accord Guswentha pour vivre en paix avec nous. Ils ont grand besoin d’une cérémonie de codoléances pour que cela leur rappelle qu’ils sont en terre indienne. Pour rester, ils devront accepter de vivre sous Kaianereko:wa, la Grande Loi de la Paix (NdT: constitution de la confédération iroquoise), la loi de l’Île de la Grande Tortue.

Est-ce que l’histoire se répète ?

Comme les Écossais qui veulent retrouver leur véritable identité, les Québecois doivent retourner à leurs racines en France. Autrement ils vont demeurer colériques, désillusionnés et jamais en paix. Comme les Etats-Unis et le Canada, ils n’ont jamais honoré leur parole envers nous. Ils doivent arrêter de mordre la main qui les nourrit. Eux et le monde savent comment ils ont pris de nous tout ce qu’ils ont.

Ils ne peuvent pas se séparer de notre terre. Même s’ils nous exterminaient tous, cette terre ne leur appartiendrait toujours pas. Même dans la mort, elle est nôtre. Les Québecois ne peuvent pas obtenir une quelconque souveraineté ici. Nous sommes les souverains. La séparation veut dire partir. Ils nous ont montré à maintes reprises qu’ils ne respectent pas nos lois ou les accords passés de longue date avec nous. Voilà pourquoi leur rêve de souveraineté ne se réalisera jamais !

Stompin Tom discute des Écossais et des Québecois au sujet de cuisine: “There was a guy from PEI they used to call ‘Potatoe’. He met this young Leamington Ontario tomato. But he had eyes for other girls and she was a little mushy. So he said, ‘Let’s get wed, there’s no sense in being fussy’. Big size French fries, how they love tomatoes. So dress them up with Heinz Ketchup. Ketchup loves potatoes. Ketchup loves potatoes”.

Réflexion sur le colonialisme occidental passé et présent: L’échec de la réconciliation (Taiaiake Alfred)

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“Cinq cents ans de guerre physique et psychologique ont créé une culture coloniale de la peur parmi à la fois les peuples subjugués et les peuples dominants… La culture coloniale, pour à la fois les victimes et les perpétrateurs, est fondamentalement un déni du passé et de ses implications morales.”

~ Taiaiake Alfred, Wasase, 2005 ~

 

Travaux du professeur Taiaiake Alfred

 

L’échec de la réconciliation

 

Taiaiake Alfred, Ph.D

 

Conférence du professeur Taiaiake Alfred (Université de Victoria, BC) prononcée dans le cadre du colloque “Civic Freedom in an Age of Diversity : James Tully’s Public Philosophy” qui s’est tenu du 24 au 26 avril 2014 à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

 

Vidéo de la conférence: 92 minutes

http://taiaiake.net/2014/05/14/the-failure-of-reconciliation/

 

~ Résumé de la conférence en français par Résistance 71 ~

 

6 Juin 2014

 

Le sujet abordé ici est l’impact du colonialisme sur la société, spécifiquement dans le cas de la société canadienne.

La décolonisation d’une société dans sa forme moderne, passe par une réconciliation entre les colons et les colonisés. Ceci a été le but avoué de la Commission pour la Vérité et la Réconciliation (CVR) du Canada, but qui a échoué ; nous allons ici essayer de voir pourquoi.

Quel est l’impact majeur du colonialisme sur une société ?

On peut l’identifier comme étant la déconnexion des peuples indigènes avec leur terre et donc à terme, leur culture et ce afin d’exploiter les ressources naturelles. Partout où il y a eu colonisation et le Canada n’échappe pas à la règle, tout passe par la relation qu’ont les peuples autochtones avec leurs terres ancestrales et culturelles.

Ainsi, la dynamique du colonialisme est de déconnecter les gens colonisés d’avec leur terre. La CVR sert de fait de “tampon” pour adoucir les rancœurs nées de cette déconnexion et de sa contre-partie inhérente: l’exploitation capitaliste de cette terre. De tous les critères identifiables créant, façonnant un peuple, une nation, il est indéniable que la connexion établie avec la terre, le territoire (ici pris dénué du sens de la propriété qui n’existe pas dans la culture amérindienne, où la terre est vue comme un lieu d’existence nourricier, partagé par tous et emprunté d’une génération à une autre…), constituent l’identité des peuples indigènes et ce où que ce soit sur Terre.

Ainsi, la vision occidentale de vouloir “compenser” des personnes pour une “perte” (illégale de surcroi) de terre est futile et contre-productif, car cela ne résoud en rien le problème de base, ni ne fait “tourner” la page de l’histoire, chose que les colons occidentaux sont si prompts à faire ou vouloir faire.

Ainsi, il est aujourd’hui évident que le but ultime du programme des pensionnats pour Indiens du gouvernement canadien (qui vit la mort de plus de 50 000 enfants autochtones entre les années 1820 et 1996), était d’intensifier la déconnexion des peuples autochtones avec leur terre. Ceci eut aussi pour effet de diviser plus avant la société native.

Il est établi que lorsque les gens sont déconnectés de leur terre et territoires ancestraux, privés de leur identité culturelle profonde, il est bien plus facile de les déplacer afin de pouvoir utiliser et exploiter l’environnement et ses ressources naturelles (pour le Canada, elles sont multiples sous la forme d’eau, de bois, de gaz naturel, de pétrole par exemples, mais aussi de la commodité d’utilisation des territoires pour le transport fluvial, routier ou la constructions d’oléo/gazoducs etc…).

Ainsi le développement colonialiste de la terre brise les liens ancestraux, viole la terre et diminue les communautés qui vivent sur une terre brisée, morcelée et ayant de plus perdu sa spiritualité.

Quels sont les effets directs de tout ceci ?

Une certaine perte d’autonomie dans les activités de ressources ancestrales telles que la chasse, la pêche, les agricultures traditionnelles, ceci engendrant fatalement une perte de liberté.

Couper les communautés de leurs terres détruit un peuple (partie intégrante de l’ethnocide) et le rend ainsi plus facile à contrôler.

Il est vital de comprendre que tout objectif sincère et réel de RÉCONCILIATION entre les colons et les colonisés doit impérativement remplir le devoir de RECONNECTER les peuples autochtones avec la terre. La reconnexion devient l’union de la communauté.

Quand on analyse la pensée coloniale occidentale et sa mise en pratique, on s’aperçoit très vite que pour les colons, la réconciliation est parfaitement synonyme de “compensation” (toujours financière) et, ceci fait, de “tourner la page, d’aller de l’avant” et de bien sûr continuer à exploiter les terres. Pour la société coloniale, on paie afin d’en finir.

Hors, que signifierait véritablement une réconciliation efficace:

  • Arrêter de nuire
  • Restituer
  • Rétablir de nouvelles relations sur d’autres bases

Ainsi, le premier pas tangible et réel vers une réconciliation véritable est un transfert massif de territoires en retour aux nations autochtones ! Le retour de la terre à ses peuples natifs est essentiel pour la re-culturation. Toute solution économique ou sociale est grandement insuffisante.

Le processus de la véritable décolonisation passe immanquablement, par la reconnexion des peuples autochtones avec leur terre. C’est cela que nous appelons la RÉSURGENCE indigène.

Pour cela, il faut réimplanter les gens dans les communautés et faire en sorte que les enfants des personnes reconnectées deviennent pas à pas, plus culturellement autochtones que leurs parents. Le concept par de la base: On ne parle pas de “nation”, mais de familles, de clans (associations volontaires de plusieurs familles) et du comment rendre les familles plus fortes et plus soudées. Il y a de par le monde de très bons exemples de succès de ce type de projet comme à Hawaii ainsi que la reconnexion des population Maoris de Nouvelle-Zélande avec la terre et la culture maori.

De fait, en ce moment même, le Réseau International de Résurgence Autochtone connecte entre eux des projets du Canada, des Etats-Unis, d’Hawaii (USA), de Nouvelle-Zélande et d’Australie. Le professeur Taiaiake Alfred voyage, s’informe et enseigne dans ce réseau.

Une des caractéristiques de la perte culturelle est la perte de la langue. Dans certaines communautés Mohawk (confédération iroquoise) dont fait partie le professeur Alfred (territoire Mohawk de Kanahwake, Québec, clan de l’ours), jusqu’à 90% des membres des communautés ne parlent plus la langue Mohawk. Ainsi il est important de concevoir le rattachement à la terre comme étant l’antidote au colonialisme dans une perspective autochtone. Par la reconnexion à la terre renaît la culture, l’autonomie, la solidarité et donc la liberté d’un peuple et d’une nation.

NdT: La notion de “nation” n’a ici rien à voir avec la notion d’état, les sociétés indiennes étant d’excellents exemples de nations sans état, aux chefferies sans pouvoir obéissant aux peuples… Le mouvement zapatiste du Chiapas au Mexique a réactualisé ce concept avec son motto de “diriger en obéissant”…

Note: à ce stade (62 minutes dans la conférence, les organisateurs décident de passer à une session de questions/réponses avec l’assistance)

En réponse à des questions de l’audience voici, en substance, ce qu’ajoute le professeur Alfred à son exposé:

La restitution de la terre est en fait un problème qui va bien au-delà de la perte potentielle d’exploitation pour l’état colonial, car celui-ci craint, est terrifié en fait, à l’idée que les autochtones ne fassent de ces territoires restitués, des “zones autonomes souveraines”, ce qui représente un des aspects de l’éternel conflit entre les sociétés et l’État. Parce que l’état est si reluctant à restituer, nous pouvons considérer que le concept de “reconnexion avec la terre” est crucial, vital et touche le véritable nerf sensitif du système colonial.

L’État ne veut pas en fait valider la terre et veut à tout prix préserver l’autorité, son autorité, à déterminer qui est “autochtone” et qui ne l’est pas.

Les Etats-Unis et le Canada refusent en tant qu’entités coloniales de négocier selon les termes établis dans la Déclaration des Droits des Peuples Indigènes de l’ONU (UNDRIP) sur les questions territoriales et d’autorité ainsi que d’autonomie. Il est devenu évident que l’UNDRIP est devenue totalement inutile pour les luttes de terrain et leurs revendications idoines.

Le Canada en particulier, demeure sur la position de la possession de la terre par la “couronne” (Note du traducteur: Nous savons que la “couronne” ne représente pas la “famille royale britannique”, mais la City de Londres, sa Banque d’Angleterre sous l’égide du Vatican). L’État ne cesse de demander le compromis sans jamais rien donner en échange ou si peu que c’en est insultant.

A terme il est très important de gagner le “cœur et l’esprit” du plus de blancs possible, car lorsque qu’un Indien parle, cela est perçu le plus souvent par la communauté coloniale comme la litanie d’“encore un Indien qui se plaint…” Au contraire, lorsqu’un blanc prend la parole de manière argumentée, les autres personnes de la communauté écoutent ou, en tout cas, les chances qu’ils écoutent sont bien plus élevées. Le débat peut ainsi intervenir au sein de la communauté coloniale et faire avancer les choses de l’intérieur.

De fait, les intellectuels et les universitaires commencent sérieusement à reconsidérer et à rephraser leur concept sur le colonialisme et le problème inhérent de la réconciliation.

Nous allons dans la bonne direction et gagnons le momentum nécessaire.

 

Fin (92 minutes)