Archive pour al ciada EEIL

La mascarade de la guerre perpétuelle contre le terrorisme… D’Al CIAïda à l’EI-K en passant par les Talibans, construire la terreur mondiale et surfer sa vague (Pepe Escobar)

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, CIA et traffic de drogue, colonialisme, crise mondiale, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, pédagogie libération, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, résistance politique, sciences et technologies, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , on 9 septembre 2021 by Résistance 71

TalebaNI-MOSSAD-CIA

Endurer la terreur pour toujours : d’Al Qaïda à L’EI-K

Une collaboration entre le Pentagone et les Talibans est établie, les éternelles guerres de l’ombre de la CIA sont une toute autre paire de manches

Pepe Escobar

6 septembre 2021

Source :
https://www.mondialisation.ca/endurer-la-terreur-pour-toujours-dal-qaida-a-lei-k/5659943

C’était il y a 20 ans aujourd’hui. Asia Times a publié « Attrapez Osama ! Maintenant ! Ou bien… » Le reste appartient à l’histoire.

Rétrospectivement, cela ressemble à des nouvelles d’une autre galaxie. Avant la planète 11 septembre. Avant la GWOT (Guerre mondiale contre le Terrorisme). Avant les guerres éternelles. Avant l’ère des réseaux sociaux. Avant le partenariat stratégique Russie-Chine. Avant la Dronification de la Violence d’État. Avant le techno-féodalisme.

Permettez-moi d’être un peu plus personnel. J’étais de retour à Peshawar – la Rome islamique, capitale des zones tribales – il y a 20 ans, après une boucle vertigineuse autour du Pakistan, des territoires tribaux, une opération de contrebande ratée à Kunar, un séjour au Tadjikistan, une arrivée en hélicoptère soviétique dans la vallée du Pandjchir, un voyage en voiture éprouvant jusqu’à Faizabad et un vol de l’ONU qui a mis des siècles à arriver.

Dans le Pandjchir, j’avais enfin rencontré « le Lion », le commandant Massoud, qui préparait alors une contre-offensive contre les Taliban. Il m’a dit qu’il combattait une triade : les Taliban, Al-Qaïda et l’ISI pakistanaise. Moins de trois semaines plus tard, il a été assassiné – par deux opérations d’Al-Qaïda déguisées en équipe de tournage, deux jours avant le 11 septembre.

Personne, il y a 20 ans, n’aurait pu imaginer la fronde et les flèches de la fortune scandaleuse – de la terreur – qui ont suivi. Deux décennies, 2,3 trillions de dollars et au moins 240 000 morts afghans plus tard, les Taliban sont de retour là où ils étaient : au pouvoir en Afghanistan. Massoud Jr dirige en théorie une « résistance » dans le Pandjchir – en réalité une opération de la CIA canalisée par l’intermédiaire d’un agent de la CIA, Amrullah Saleh, ancien vice-président afghan.

Al-Qaïda est un squelette inoffensif, même réhabilité en Syrie en tant que « rebelles modérés » ; le nouveau croquemitaine en ville est l’État islamique au Khorassan (EI-K), une émanation de l’État islamique en Syrie.

Après avoir négocié un accord global stupéfiant avec les Taliban, l’Empire du Chaos conclut une évacuation humiliante du pays qu’il a bombardé en démocratie et soumis pendant deux décennies. Une fois de plus, les États-Unis ont été expulsés de facto par une armée de guérilla paysanne, cette fois-ci principalement composée de Pachtounes, descendants des Huns blancs – une confédération de nomades – ainsi que des Sakas, peuples iraniens nomades des steppes eurasiennes.

L’armée de l’ombre de la CIA

L’EI-K, le nouveau nid de vipères, ouvre de multiples boîtes de Pandore qui pourraient conduire à la nouvelle incarnation des guerres éternelles. L’EI-K a revendiqué la responsabilité de l’horrible attentat suicide de Kaboul.

L’EI-K est apparemment dirigé par un émir fantôme, Shahab al-Mujahir (pas de photo, pas de biographie détaillée), censé être un expert en guerre urbaine qui a travaillé auparavant comme simple commandant de niveau intermédiaire pour le réseau Haqqani.

En 2020, L’EI-K, qui connaît bien les médias, a publié l’un de ses messages audio en pachtou. Pourtant, il n’est peut-être pas pachtoune, mais originaire d’une certaine région du Moyen-Orient, et il ne parle pas couramment cette langue.

Même le commandant du CENTCOM, le général Mackenzie, a admis que l’armée américaine partageait des informations sur L’EI-K avec les Taliban – ou plutôt l’inverse : le porte-parole des Taliban, Zahibullah Mujahid, à Kaboul, a souligné qu’ils avaient préalablement averti les Américains d’une menace imminente pour l’aéroport.

La collaboration entre le Pentagone et les Taliban est désormais établie. Les éternelles guerres de l’ombre de la CIA sont une toute autre paire de manches.

J’ai montré dans cette enquête approfondie comment la priorité absolue des Taliban est de cibler les ramifications de l’armée de l’ombre de la CIA en Afghanistan, déployée via la Force de Protection de Khost (KPF) et au sein de la Direction nationale de la Sécurité (NDS).

L’armée de la CIA, comme je l’explique, était une hydre à deux têtes. Les unités les plus anciennes remontaient à 2001 et étaient très proches de la CIA. La plus puissante était la KPF, basé au Camp Chapman de la CIA à Khost, qui opérait totalement en dehors de la loi afghane, sans parler du budget.

L’autre tête de l’hydre était constituée par les forces spéciales afghanes de la DNS : quatre unités principales, chacune opérant dans sa propre région. La DNS était financée par la CIA et, à toutes fins utiles, ses agents étaient formés et armés par la CIA.

La DNS était donc de facto un mandataire de la CIA. Et voici le lien direct avec Saleh, qui a été formé par la CIA aux États-Unis lorsque les Taliban étaient au pouvoir à la fin des années 1990. Par la suite, Saleh a pris la tête de la DNS, qui travaillait en étroite collaboration avec le RAW, les services secrets indiens. Aujourd’hui, il est un « leader de la résistance » dans le Pandjshir.

Mon enquête a été confirmée immédiatement par le déploiement de la Task Force Pineapple la semaine dernière, une opération menée par la CIA/Forces spéciales pour extraire de Kaboul les derniers agents de renseignement sensibles qui étaient poursuivis par les Taliban.

En parallèle, de sérieuses questions s’accumulent concernant l’attentat suicide de Kaboul et la réponse immédiate du MQ-9 Reaper visant un « planificateur de l’EI-K » dans l’est de l’Afghanistan.

Cette page a suivi avec attention les informations de première importance concernant ce qui pourrait être décrit comme le massacre d’Abbey Gate, et qui a été, sans surprise, enterré par les grands médias occidentaux.

La chaîne YouTube Kabul Lovers, par exemple, pratique un journalisme de rue qui fait honte à toutes les chaînes de télévision multimillionnaires. Un officier militaire qui a examiné les corps de nombreuses victimes de l’attentat à l’hôpital d’urgence de Kaboul a affirmé que la plupart n’étaient pas des victimes de l’attentat-suicide : « Toutes les victimes ont été tuées par des balles américaines, sauf peut-être 20 personnes sur 100 ». Le rapport complet et original, en dari, se trouve ici.

Scott Ritter, pour sa part, a souligné la nécessité d’une « perspective » sur la prétendue frappe de drone contre l’EI-K « de la part d’un véritable expert en drones comme Daniel Hale, mais ils l’ont mis en prison pour avoir dit la vérité sur la faiblesse de notre programme de drones lorsqu’il s’agit de tuer les bonnes personnes ».

Il est maintenant établi que, contrairement aux affirmations du Pentagone, la frappe de drone a touché une maison au hasard à Jalalabad, et non un véhicule en mouvement, et qu’il y a eu des « dommages collatéraux » : au moins 3 civils.

Et le bilan civil d’une frappe de missile ultérieure sur un autre « planificateur de l’EI-K » présumé dans une voiture à Kaboul est déjà de 9 morts, dont 6 enfants.

La filière Syrie-Afghanistan

L’offensive tant vantée du Pentagone contre l’État islamique en Syrie a été tournée en dérision dans tout l’Axe de la Résistance comme une énorme farce.

Au fil des ans, des exposés ont été présentés par Moscou, Téhéran, Damas, le Hezbollah et certaines des Unités de Mobilisation populaire (UPM) en Irak.

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé à plusieurs reprises que « les États-Unis ont utilisé des hélicoptères pour sauver les terroristes de l’EI de l’anéantissement complet en Irak/Syrie et les ont transportés en Afghanistan pour les garder comme insurgés en Asie centrale contre la Russie, la Chine et l’Iran ».

L’envoyé présidentiel spécial russe pour l’Afghanistan, Zamir Kabulov, extrêmement bien informé, a souligné que la Russie avait reçu les mêmes informations des chefs tribaux locaux. Même l’ancien président Hamid Karzai – aujourd’hui négociateur clé pour la formation du prochain gouvernement dirigé par les Taliban à Kaboul – a qualifié l’EI-K d’ »outil » des États-Unis.

Il est important de se rappeler que l’EI-K est devenu beaucoup plus puissant en Afghanistan depuis 2020 en raison de ce que je décris comme une filière obscure de transport entre Idlib en Syrie et Kunar et Nangarhar dans l’est de l’Afghanistan.

Bien sûr, il n’y a pas encore de preuve irréfutable, mais nous avons une hypothèse de travail sérieuse selon laquelle l’EI-K pourrait n’être qu’une autre armée fantôme de la CIA, en collaboration avec la DNS.

Tout cela, si cela se confirme, laisse présager un avenir sombre : la poursuite des guerres éternelles par d’autres moyens – et tactiques. Pourtant, ne sous-estimez jamais le contre-pouvoir de ces descendants des Huns blancs et des Sakas, qui n’ont pas froid aux yeux.

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Quand Boubou le barbu vient en renfort de Bébert Corona, la mascarade s’amplifie… (Résistance 71)

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Boubou et Bébert s’unissent dans la terreur artificielle

Résistance 71

28 octobre 2020

« La vraie passion du XXème siècle, c’est la servitude. » (Albert Camus)

Les réflexions ci-dessous nous ont été inspirées par cet article:
https://francais.rt.com/france/80036-terrorisme-agence-liee-al-qaida-apelle-djihad-individuel-contre-france

Dans « La révolte historique » de son « Homme révolté » (1951), Albert Camus nous dit ceci:

« Dans le règne des personnes, les hommes se lient d’affection, dans l’Empire des choses, les hommes s’unissent par la délation. La cité qui se voulait fraternelle devient une fourmilière d’hommes seuls. […] A partir de là, les relations humaines ont été transformées. Ces transformation progressives caractérisent le monde de la terreur rationnelle où vit, à des degrés différents, L’Europe. Le dialogue, relation des personnes, a été remplacé par la propagande ou la polémique qui sont deux sortes de monologue. […]
La revendication de la révolte est l’unité, la revendication de la révolution historique est la totalité. La première part du non appuyé sur un oui, la seconde part de la négation absolue et se condamne à toutes les servitudes pour fabriquer un oui rejeté à l’extrémité des temps. L’une est créatrice, l’autre nihiliste. La première est vouée à créer pour être de plus en plus, la seconde forcée de produire pour nier de mieux en mieux. La révolution historique s’oblige à faire toujours dans l’espoir, sans cesse déçu, d’être un jour. »

Puis Camus conclut ce chapitre de cette phrase lumineuse aux accents bien nietzschéens :

« […] la révolte aux prises avec l’histoire ajoute qu’au lieu de tuer et mourir pour produire l’être que nous ne sommes pas, nous avons à vivre et faire vivre pour créer ce que nous sommes. »

Retour au présent,

On avait dit il y a peu que la peur par « islamiste planqué sous les lits » ne fonctionnait plus, mais les pitres du pouvoir nous ressortent la menace éculée du placard malgré tout, pour la énième fois. La gronde monte sur la dictature sanitaire ?… Bon.. Temps de faire diversion… Hop ! Ressortons les bons vieux barbus utiles d’Al CIAda et « affiliés » du placard, à grand renfort d’annonce officielle et de message d’officine « islamiste », dont les acteurs de terrain, tout aussi zombifiés qu’ils soient par une came religieuse salafiste des plus frelatées, n’en sont pas moins manipulés par une hiérarchie aux ordres des services occidentaux.

Tremblez manants ! Les barbus viennent en renfort de Bébert Corona pour vous terrifier, vous faire cloîtrer toujours plus chez vous et anéantir toute velléité de rébellion. Ne craignez rien ! L’État dans toute sa splendeur et pourriture décadentes est là pour vous protéger. Ayez confiance vous martèle t’on !
On attend aussi avec impatience le vaccin anti-islamiste. Allez Bill, un petit effort. Une idée ? Que nos braves scientifiques et médecins du sérail, tous ceux à qui les conflits d’intérêt ne posent plus de problèmes (immunisation de troupeau ?…), nous pondent dans les plus bref délai un super vaccin 2 en 1 : anti COVID / anti islamiste. Une piquouze miracle et hop ! Finis Bébert et Boubou ! A la trappe immunitaire toute aussi fictive.

Les gouvernements, français en tête de pont, créent, fabriquent, illusion sur illusion car il n’y a plus qu’une seule chose qui maintient ce système étatico-capitaliste en place : la peur, la terreur synthétiques et la répression qui va avec.

Avec tout ça, Bébert Corona et le énième retour des barbus, si la France n’est pas sous loi martiale avant Noël c’est que vraiment ces guignols du pouvoir sont des incapables les plus crasses…

Ceci dit compañeros, compañeras, ne croyez-vous pas qu’il est l’heure ? L’heure de leur mettre cette méga-gifle tant attendue, celle de leur dire : NON ! Halte au sketch ! Nous reprenons la barre du bateau ivre… Il suffit de dire NON ! et tout ce cirque s’arrête, c’est en fait aussi simple que cela et les ordures du pouvoir le savent pertinemment, d’où leurs constants efforts de nous maintenir divisés sur toutes les lignes de fractures possibles.

Oyez ! Oyez ! La balle est dans notre camp… Depuis un bon moment ! Notre problème ? Trop ne le savent pas et attendent, attendent et attendent toujours… Quand assez est-il assez ? Que s’arrête le cirque et que commence la vie… tout simplement.

Il n’y a pas de solution au sein du système, n’y en a jamais eu et ne saurait y en avoir !

Comprendre et transformer sa réalité, le texte:

Paulo Freire, « La pédagogie des opprimés »

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4 textes modernes complémentaires pour mieux comprendre et agir:

Guerre_de_Classe_Contre-les-guerres-de-l’avoir-la-guerre-de-l’être

Francis_Cousin_Bref_Maniffeste_pour _un_Futur_Proche

Manifeste pour la Société des Sociétés

Pierre_Clastres_Anthropologie_Politique_et_Resolution_Aporie


Bouh !…

ça marche moins bien ?…


Du renfort pour continuer à enfumer la masse…

Résistance au Nouvel Ordre Mondial: Al Qaïda ce croquemitaine créé par la CIA

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La CIA l’Arabie saoudite et l’histoire inavouable d’al-Qaïda

 

Par Maxime Chaix

 

11 septembre 2016

 

url de l’article original:

http://maximechaix.info/?p=3605

 

Quinze ans après le 11-Septembre, alors que le Congrès vient d’autoriser les citoyens américains à poursuivre l’Arabie saoudite pour son rôle présumé dans ces attentats, la « guerre contre le terrorisme » lancée peu après l’effondrement des Tours jumelles ne trouve pas de conclusion. Dans ce contexte, un nombre croissant d’experts désignent le militarisme occidental dans le « Grand Moyen-Orient » comme un facteur majeur d’amplification de la menace terroriste. Or, une attention bien moindre a été accordée aux politiques clandestines de la CIA, des services secrets saoudiens et de leurs alliés, qui sont pourtant à l’origine de ce fléau. En effet, tout observateur avisé est au courant du rôle central de ces agences dans la création et l’essor d’al-Qaïda, depuis la campagne antisoviétique des années 1980 en Afghanistan jusqu’au soutien des groupes armés qui tentent de renverser Bachar el-Assad en Syrie. Plongée dans une période trouble et mécomprise de l’histoire récente des services spéciaux américains et de leurs principaux partenaires.

Après le scandale du Watergate, le Congrès impose à la CIA de sévères restrictions légales et budgétaires. En réponse, des officiers de l’Agence créent un réseau alternatif appelé le Safari Club, du nom d’une luxueuse résidence de vacances au Kenya où ses membres se réunissent. Comme l’a expliqué l’ancien diplomate canadien Peter Dale Scott dans son dernier ouvrage, L’État profond américain, « durant les années 1970, d’importants officiers actifs ou retraités de la CIA (…) étaient mécontents des réductions budgétaires menées sous le Président Carter par Stansfield Turner, le directeur de l’Agence. En réponse, ils organisèrent un réseau alternatif que l’on appelle le Safari Club. Supervisé par les directeurs des services secrets français, égyptiens, saoudiens, marocains et iraniens (alors sujets du Shah), le Safari Club était secondé à Washington par un “réseau privé de renseignement”, selon Joseph Trento. Ce réseau regroupait alors des officiers de l’Agence tels que Theodore Shackley et Thomas Clines, qui avaient été marginalisés ou renvoyés par le directeur de la CIA Stansfield Turner. Comme le prince [et ancien chef des services secrets saoudiens] Turki ben Fayçal l’expliquera plus tard, l’objectif du Safari Club n’était pas seulement l’échange de renseignements, mais également la conduite d’opérations clandestines que la CIA ne pouvait plus mener directement en raison du scandale du Watergate et des réformes qui s’ensuivirent. » Ainsi fut mise en place une sorte de « deuxième CIA » hostile au Président Carter, mais favorable à celui qui allait lui succéder, l’ancien gouverneur Ronald Reagan – un farouche opposant à l’apaisement entre les États-Unis et l’URSS.

 

Années 1980 : la BCCI, la « deuxième CIA » et la création de la future al-Qaïda

 

À cette époque, le Safari Club a besoin d’un réseau de banques pour financer ses opérations anticommunistes. Avec la bénédiction du directeur de la CIA George Bush sénior, le chef des services secrets saoudiens Kamal Adham transforme la banque BCCI en une véritable blanchisserie internationale d’argent sale. Toujours selon Peter Dale Scott, « dans les années 1980, le directeur de la CIA William Casey prit des décisions cruciales dans la conduite de la guerre secrète en Afghanistan. Toutefois, celles-ci furent élaborées hors du cadre bureaucratique de l’Agence, ayant été préparées avec les directeurs des services de renseignement saoudiens – d’abord Kamal Adham puis le prince Turki ben Fayçal. Parmi ces décisions, nous pouvons citer la création d’une légion étrangère chargée d’aider les moudjahidines afghans à combattre les Soviétiques. En clair, il s’agit de la mise en place d’un réseau de soutien opérationnel connu sous le nom d’al-Qaïda depuis la fin de cette guerre entre l’URSS et l’Afghanistan. Casey mit au point les détails de ce plan avec les deux chefs des services secrets saoudiens, ainsi qu’avec le directeur de la Bank of Credit and Commerce International (BCCI), la banque pakistano-saoudienne dont Kamal Adham et Turki ben Fayçal étaient tous deux actionnaires. Ce faisant, Casey dirigeait alors une deuxième Agence, ou une CIA hors canaux, construisant avec les Saoudiens la future al-Qaïda au Pakistan, alors que la hiérarchie officielle de l’Agence à Langley “pensait que c’était imprudent”. »

Massivement cofinancée par les pétrodollars des Saoud – dont ceux puisés dans les caisses noires des contrats d’armements gérées par leur ambassadeur à Washington, le prince Bandar ben Sultan –, l’opération de soutien au jihad afghan débouchera sur le renforcement des seigneurs de guerre extrémistes et des trafiquants d’opium et d’héroïne dans les années 1980. Dans un précédent ouvrage, qui avait été recommandé par le général d’armée (2S) Bernard Norlain lorsqu’il dirigeait la Revue Défense Nationale, Peter Dale Scott expliqua qu’« en mai 1979, [les services secrets pakistanais de l’ISI mirent] la CIA en contact avec Gulbuddin Hekmatyar, le seigneur de guerre afghan qui bénéficiait certainement du plus faible soutien dans son pays. [Islamiste radical,] Hekmatyar était aussi le plus important trafiquant de drogue moudjahidine, et le seul à avoir développé un complexe de six laboratoires de transformation de l’héroïne dans le Baloutchistan, une région du Pakistan contrôlée par l’ISI. Cette décision prise par l’ISI et la CIA discrédite l’habituelle rhétorique américaine selon laquelle les États-Unis aidaient le mouvement de libération afghan. En fait, ils soutenaient les intérêts pakistanais (et saoudiens) dans un pays face auquel le Pakistan ne se sentait pas en sécurité. Comme le déclara en 1994 un dirigeant afghan à Tim Weiner, un journaliste du New York Times, “nous n’avons pas choisi ces chefs de guerre. Les États-Unis ont créé Hekmatyar en lui fournissant des armes. À présent, nous souhaitons que Washington les lâche et leur impose de ne plus nous tuer, afin de nous protéger de ces gens.” » Finalement, au début de l’année 2002, Hekmatyar appellera à la « guerre sainte » contre les États-Unis depuis son lieu d’exil dans la capitale iranienne, avant de s’installer au Pakistan pour organiser des opérations anti-occidentales en Afghanistan.

 

Années 1990 : les pétrodollars saoudiens financent les talibans et al-Qaïda… avec l’appui des services américains

 

Dans les années 1990, les pétrodollars saoudiens et le discret soutien de la CIA, du MI6 et de l’ISI favoriseront l’émergence des talibans. En effet, d’après le chercheur et journaliste britannique Nafeez Ahmed, qui fut un consultant dans les enquêtes officielles sur les attentats du 11-Septembre et du 7-Juillet, « à partir de 1994 environ et jusqu’au 11-Septembre, les services de renseignement militaire américains [1] ainsi que la Grande-Bretagne, l’Arabie saoudite et le Pakistan, ont secrètement fourni des armes et des fonds aux talibans, qui abritaient al-Qaïda. En 1997, Amnesty International a déploré l’existence de “liens politiques étroits” entre la milice talibane en place, qui venait de conquérir Kaboul, et les États-Unis. (…) Sous la tutelle américaine, l’Arabie saoudite continuait de financer [l]es madrasas. Les manuels rédigés par le gouvernement américain afin d’endoctriner les enfants afghans avec l’idéologie du jihad violent pendant la guerre froide furent alors approuvés par les talibans. Ils furent intégrés au programme de base du système scolaire afghan et largement utilisés dans les madrasas militantes pakistanaises financées par l’Arabie saoudite et l’ISI (…) avec le soutien des États-Unis. »

 

Dans un monde où, pour citer le général de Gaulle, « les États n’ont pas d’amis [mais] que des intérêts », Nafeez Ahmed explique ces politiques clandestines de soutien aux talibans par le fait que « les administrations Clinton et Bush espéraient se servir [de ces extrémistes] pour établir un régime fantoche dans le pays, à la manière de leur bienfaiteur saoudien. L’espoir vain et manifestement infondé était qu’un gouvernement taliban assure la stabilité nécessaire pour installer un pipeline trans-afghan (TAPI) acheminant le gaz d’Asie centrale vers l’Asie du Sud, tout en longeant la Russie, la Chine et l’Iran. Ces espoirs ont été anéantis trois mois avant le 11-Septembre, lorsque les talibans ont rejeté les propositions américaines. Le projet TAPI a ensuite été bloqué en raison du contrôle intransigeant de Kandahar et de Quetta par les talibans ; toutefois, ce projet est désormais en cours de finalisation », mais visiblement sans la participation des supermajors occidentales. Rappelons alors que la multinationale californienne UNOCAL, qui a été absorbée par ChevronTexaco en 2005, négociait ce projet avec les talibans entre 1997 et le printemps 2001, avec le soutien du gouvernement des États-Unis. Or, le régime du mollah Omar protégeait Oussama ben Laden et ses hommes à cette époque.

 

Toujours dans les années 1990, les politiques clandestines de la CIA et de ses alliés britanniques, saoudiens et pakistanais favoriseront l’essor global d’al-Qaïda – une réalité documentée mais largement ignorée dans le monde occidental. Dans ce même article, Nafeez Ahmed rappelle que, « comme l’historien britannique Mark Curtis le décrit minutieusement dans son livre sensationnel, Secret Affairs: Britain’s Collusion with Radical Islam, les gouvernements des États-Unis et du Royaume-Uni ont continué de soutenir secrètement des réseaux affiliés à al-Qaïda en Asie centrale et dans les Balkans après la guerre froide, et ce pour les mêmes raisons que précédemment, à savoir la lutte contre l’influence russe, et désormais chinoise, afin d’étendre l’hégémonie américaine sur l’économie capitaliste mondiale. L’Arabie saoudite, première plateforme pétrolière du monde, est restée l’intermédiaire de cette stratégie anglo-américaine irréfléchie. »

 

Après les attentats contre les Tours jumelles et le Pentagone, la CIA durcira sa politique antiterroriste en détenant arbitrairement, en torturant et en liquidant des membres présumés ou avérés du réseau de Ben Laden dans le cadre de la « guerre globale contre le terrorisme ». Pourtant, « vers le milieu [des années 2000], l’administration Bush décida d’utiliser l’Arabie saoudite pour transmettre des millions de dollars à des jihadistes affiliés à al-Qaïda, à des extrémistes salafistes et à des islamistes des Frères musulmans. L’idée était de renforcer ces groupes à travers le Proche-Orient et l’Asie centrale, dans l’objectif de contrer et de refouler l’influence géopolitique de l’Iran chiite et de la Syrie. En 2007, [le grand reporter] Seymour Hersh lui-même rapporta en détail le déploiement de cette stratégie dans le New Yorker, citant un certain nombre de sources gouvernementales issues des milieux de la défense et du renseignement aux États-Unis et en Arabie saoudite. » Ainsi, l’administration Bush revendiquait alors une « guerre contre le terrorisme » tout en soutenant des groupes jihadistes par l’entremise des services saoudiens – une politique de guerre par procuration qui trouve ses origines en Afghanistan dans les années 1980, et qui sera imposée à la Syrie trois décennies plus tard.

 

Années 2010 : la CIA coordonne l’effort de guerre anti-Assad des pétromonarchies et de la Turquie

 

En janvier 2016, quarante ans après la création du Safari Club, le New York Times révéla que l’Arabie saoudite avait été « de loin » le principal financeur de la guerre secrète de la CIA en Syrie, baptisée « opération Timber Sycamore ». Ce journal cita le rôle majeur du prince Bandar ben Sultan dans celle-ci – alors qu’il dirigeait les services saoudiens entre juillet 2012 et avril 2014 –, tout en reconnaissant que cette opération de « plusieurs milliards de dollars » annuels avait conduit au renforcement des groupes jihadistes en Syrie, avec la complicité de la CIA. Selon le Times, « les efforts saoudiens [en Syrie] furent dirigés par le flamboyant prince Bandar ben Sultan, (…) qui demanda aux espions du royaume d’acheter des milliers [de mitrailleuses] AK-47 et des millions de munitions en Europe de l’Est pour les rebelles. La CIA a facilité certains [sic] de ces achats d’armements pour les Saoudiens, dont un vaste deal avec la Croatie en 2012. Durant l’été de cette même année, ces opérations semblaient être hors de contrôle à la frontière entre la Turquie et la Syrie, les nations du Golfe transmettant de l’argent et des armes à des factions rebelles – y compris à des groupes dont les hauts responsables américains craignaient qu’ils soient liés à des organisations extrémistes comme al-Qaïda. »

 

En réalité, malgré ces craintes à Washington, la CIA coordonnait clandestinement depuis le mois de janvier 2012 au moins deux réseaux d’approvisionnement en armes financés par les pétromonarchies du Golfe et la Turquie : une série de livraisons aériennes depuis les Balkans, qui a récemment fait l’objet d’une enquête approfondie du BIRN et de l’OCCRP confirmant le rôle central de la CIA dans ce trafic d’armes illégal ; et une autre voie d’approvisionnement maritime depuis la Libye, selon les révélations jamais démenties du journaliste d’investigation Seymour Hersh.

 

Ainsi, le New York Times confirma indirectement les propos de la parlementaire américaine Tulsi Gabbard. Trois semaines avant les attentats du 13-Novembre, elle avait dénoncé sur CNN le soutien clandestin d’al-Qaïda par la CIA sur le front syrien, critiquant le fait que l’Agence avait pour objectif de renverser Bachar el-Assad en soutenant des rebelles loin d’être aussi modérés qu’ils nous avaient été décrits jusqu’alors. Comme elle l’affirma durant cet entretien, « les États-Unis et la CIA doivent stopper cette guerre illégale et contreproductive pour renverser le gouvernement syrien d’Assad et doivent rester focalisés sur le combat contre notre ennemi réel, les groupes islamistes extrémistes. Car actuellement, nous voyons pourquoi cela est contreproductif : en œuvrant (…) pour renverser le gouvernement syrien d’Assad, nous [sommes] en train de renforcer nos ennemis, les islamistes extrémistes. »

 

Avant de donner de plus amples détails sur cette politique clandestine et ses conséquences, elle rappela qu’« il n’y pas eu de vote au Congrès pour autoriser l’usage de la force, pour autoriser une guerre visant à renverser un gouvernement souverain. Depuis que j’ai siégé [à la Chambre des Représentants], il n’y a eu aucun vote, y compris avant que je sois élue [en 2013]. Donc le peuple américain n’a pas eu l’opportunité de s’exprimer, d’approuver ou de désapprouver une telle guerre. Par conséquent, elle est illégale. » Il est fort probable que le caractère illicite de ces opérations explique pourquoi le Président Obama, l’ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton et d’autres hauts responsables américains ont systématiquement occulté le rôle majeur de la CIA dans le conflit en Syrie, comme l’a récemment souligné le professeur à l’université Columbia Jeffrey D. Sachs.

 

Lors de cette interview sur CNN, Tulsi Gabbard expliqua également que cette guerre secrète « est contreproductive car actuellement, des armements américains vont dans les mains de nos ennemis, al-Qaïda et ces autres groupes, des groupes islamistes extrémistes qui sont nos ennemis jurés. Ce sont des groupes qui nous ont attaqués le 11-Septembre, et nous étions censés chercher à les vaincre, mais pourtant nous les soutenons avec ces armes pour renverser le gouvernement syrien. (…) Je ne veux pas que le gouvernement des États-Unis fournisse des armes à al-Qaïda, à des islamistes extrémistes, à nos ennemis. Je pense que c’est un concept très simple : vous ne pouvez vaincre vos ennemis si, en même temps, vous les armez et vous les aidez ! C’est absolument insensé pour moi. (…) Nous en avons discuté [avec des responsables de la Maison-Blanche,] à la fois durant des auditions [parlementaires] et à d’autres occasions, et je pense qu’il est important que les citoyens des États-Unis se lèvent et disent : “Regardez, nous ne voulons pas aller [en Syrie] et faire ce qui s’est passé avec Saddam Hussein, faire ce qui s’est passé en Libye avec Kadhafi, car ce sont des pays qui ont sombré dans le chaos et qui ont été conquis par des terroristes islamistes à cause des actions des États-Unis et d’autres [pays].” »

 

Interrogé quelques semaines après ces déclarations, [2] Nafeez Ahmed souligna que « la représentante Gabbard est une femme politique de premier plan au sein du Parti Démocrate », dont elle assurait la vice-présidence avant de rejoindre l’équipe de campagne de Bernie Sanders. Ce bon connaisseur des arcanes de Washington ajouta qu’elle dispose d’un « accès à des informations gouvernementales confidentielles relatives aux politiques étrangères et militaires des États-Unis, puisqu’elle siège dans deux importantes commissions parlementaires : la Commission de la Chambre des Représentants sur les Forces armées et celle concernant les Affaires étrangères. De ce fait, ses critiques visant les politiques clandestines de l’administration Obama en Syrie sont à prendre très au sérieux. »

 

Surpris que les déclarations de Tulsi Gabbard n’aient pas suscité d’indignation nationale aux États-Unis, Nafeez Ahmed ajouta que « son témoignage sur CNN, loin d’être une “théorie du complot” infondée, confirme le soutien de la CIA en faveur de groupes affiliés à al-Qaïda en Syrie – qui s’opère principalement par l’entremise de nos partenaires régionaux tels que les États du Golfe et la Turquie. » Ces actions clandestines étant aujourd’hui de notoriété publique, elles soulèvent des questions dérangeantes sur la façon dont les intérêts géostratégiques court-termistes des États-Unis et de leurs alliés continuent de menacer la sécurité nationale de nos démocraties, et de déstabiliser un nombre croissant de pays. Finalement, moins d’une semaine après les attentats du 13-Novembre, Tulsi Gabbard déposa une proposition de loi, dont le but est de « stopper immédiatement la guerre illégale et contreproductive visant à renverser le gouvernement syrien d’el-Assad », cette initiative n’ayant toujours pas été débattue ni votée à la Chambre des Représentants.

 

Comment les opérations de la CIA et de leurs alliés saoudiens échappent au contrôle du Congrès

 

L’article du New York Times cité précédemment souligna aussi l’importance des chefs de station de la CIA en Arabie saoudite, qui y sont décrits comme étant « le véritable lien » entre Washington et Riyad depuis plusieurs décennies. Le Times fit remonter les origines de cette relation opaque et fusionnelle à la création du Safari Club. En mobilisant des fonds étrangers dans les années 1980, ce réseau a permis de financer les opérations clandestines de la CIA en Angola, au Nicaragua et en Afghanistan tout en échappant à la supervision du Congrès américain. Un tel système de financement sera adopté dès 2012 dans la guerre en Syrie, cette institution ne pouvant contrôler ce que le Washington Post a décrit en 2015 comme un « vaste effort [anti-Assad] de plusieurs milliards de dollars impliquant [la CIA,] l’Arabie saoudite, le Qatar [,] la Turquie » et leurs alliés, à travers l’« une des plus grandes opérations clandestines » de l’Agence. Conformément à la doctrine du « déni plausible », les financements extérieurs qu’elle mobilise ne sont pas soumis à la supervision du Congrès, qui ne peut exercer son contrôle sur les activités et les budgets des services spéciaux étrangers. Il en résulte que les États-Unis peuvent aisément rejeter la faute de l’essor des groupes extrémistes en Syrie sur leurs alliés du Proche-Orient, alors que la CIA soutient activement leurs opérations depuis les « MOC » (Military Operations Centers), des bases secrètes en Turquie et en Jordanie depuis lesquelles ont été livrées des milliers de tonnes d’armement aux milices anti-Assad, y compris les plus extrémistes.

 

Si les politiques imposées depuis quarante ans par les maîtres-espions américains et saoudiens recèlent encore bien des secrets, il ne fait plus de doute qu’elles ont grandement favorisé la création et l’internationalisation des réseaux jihadistes qui menacent dorénavant la paix mondiale. Comme l’avait expliqué Yves Bonnet, l’ancien responsable « de la Direction de la surveillance du territoire (DST) (…), la CIA et l’Arabie saoudite ont créé de toutes pièces le terrorisme messianique dont se réclament Al-Qaïda et Daesh. » Et pour citer à nouveau Nafeez Ahmed, « les réseaux moudjahidines afghans ont été formés et financés sous la supervision de la CIA, du MI6 et du Pentagone. Les États du Golfe ont apporté des sommes d’argent considérables, tandis que l’Inter-Services Intelligence (ISI) pakistanais a assuré la liaison sur le terrain avec les réseaux militants coordonnés par [Abdullah] Azzam, [Oussama] ben Laden et [leurs complices]. L’administration Reagan a par exemple fourni 2 milliards de dollars aux moudjahidines afghans, complétés par un apport de 2 milliards de dollars de l’Arabie saoudite. »

 

Après avoir rappelé ces faits bien connus, Nafeez Ahmed remet en cause une idée fausse qui a été continuellement reprise par une grande majorité d’experts et de journalistes occidentaux depuis le 11-Septembre : « Selon la croyance populaire, cette configuration désastreuse d’une collaboration entre l’Occident et le monde musulman dans le financement des extrémistes islamistes aurait pris fin avec l’effondrement de l’Union soviétique. Comme je l’ai expliqué lors d’un témoignage au Congrès un an après la sortie du rapport de la Commission du 11-Septembre, cette croyance populaire est erronée. (…) Un rapport classifié des services de renseignement américains, révélé par le journaliste Gerald Posner, a confirmé que les États-Unis étaient pleinement conscients du fait qu’un accord secret avait été conclu en avril 1991 entre l’Arabie saoudite et Ben Laden, alors en résidence surveillée. Selon cet accord, Ben Laden était autorisé à quitter le royaume avec ses financements et partisans et à continuer de recevoir un soutien financier de la famille royale saoudienne à la seule condition qu’il s’abstienne de cibler et de déstabiliser le royaume d’Arabie saoudite lui-même. Loin d’être des observateurs distants de cet accord secret, les États-Unis et la Grande-Bretagne y ont participé activement. »

Dans le dernier livre de Peter Dale Scott, cet accord d’avril 1991 entre Ben Laden et la famille royale saoudienne est corroboré en citant le livre lauréat du prix Pulitzer de Lawrence Wright sur al-Qaïda et le 11-Septembre. D’après d’autres sources crédibles, cette entente aurait été renouvelée en 1995, selon Anthony Summers, puis en 1998, selon Ahmed Babeeb. Parallèlement, d’après l’ancien diplomate et officier consulaire américain à Djeddah Michael Springmann, « la CIA transféra [des moudjahidines ayant combattu en] Afghanistan vers les Balkans, l’Irak, la Libye et la Syrie en leur accordant des visas US illégaux » – affirmant avoir découvert que le consulat dans lequel il travaillait était en fait une « base de la CIA ».

 

Au vu des éléments étudiés dans cet article, loin d’être la nébuleuse insaisissable qui nous est décrite dans les médias occidentaux, le réseau d’al-Qaïda a été utilisé par les services spéciaux américains et leurs partenaires y compris après la guerre froide, afin de remplir différents objectifs géostratégiques inavouables. Comme nous l’avons analysé, il s’agit de faits corroborés qui nous permettent, quinze ans après le 11-Septembre, de mesurer à quel point ces politiques clandestines de la CIA et de leurs alliés sont hors de contrôle. Les informations montrant que les forces soutenues par l’Agence en Syrie combattent celles qui appuient les opérations du Pentagone sur le terrain en sont une illustration édifiante.

 

La « guerre contre le terrorisme » : une guerre perpétuelle, lucrative (et mondiale ?)

 

Ainsi, une étude approfondie de l’histoire d’al-Qaïda indique que l’essor global du jihad armé découle essentiellement des relations troubles entre les responsables de la CIA et leurs homologues saoudiens, dont le royaume est décrit par de nombreuses sources autorisées comme le principal sponsor des organisations islamistes à travers le monde. Du jihad afghan au takfir syrien, des actions clandestines de la CIA massivement cofinancées par les pétrodollars saoudiens ont donc renforcé la nébuleuse al-Qaïda jusqu’à présent, et ce malgré le 11-Septembre, la mal-nommée « guerre contre le terrorisme », et les récents attentats ayant frappé les populations occidentales. Comme nous l’avons étudié, ces opérations de la CIA ont été bien souvent déléguées aux services saoudiens et à d’autres partenaires étrangers, ce qui explique pourquoi il est si difficile de comprendre le jeu dangereux de l’Agence vis-à-vis du terrorisme islamiste.

Peu traitée dans les médias, l’histoire inavouable d’al-Qaïda doit être expliquée à l’opinion publique car, comme le démontre la tragédie syrienne, les leçons du jihad afghan n’ont visiblement pas été retenues par nos dirigeants. Ainsi, de nouvelles catastrophes liées au terrorisme sont à craindre dans le monde occidental, notamment du fait du retour de Syrie des combattants extrémistes dans leurs pays d’origine. Hélas, dans un contexte de guerre perpétuelle qui génère annuellement des milliards de dollars de profits pour les multinationales de l’énergie, de l’armement, du mercenariat et du renseignement privé, les dirigeants occidentaux ont-ils la volonté de stopper ces interventions et de redéfinir une stratégie proche-orientale moins militarisée, mais certainement plus constructive ? Après quinze années d’une « guerre contre le terrorisme » qui a considérablement amplifié cette menace, qui a favorisé une privatisation massive des opérations militaires, et qui aurait engendré la mort de plus d’un million de personnes rien qu’en Irak, en Afghanistan et au Pakistan, cette question dérangeante mérite d’être posée.

 

Enfin, concernant le casus belli qui a légitimé cette guerre perpétuelle, une interrogation tout aussi perturbante subsiste. En effet, les principaux accusés des attentats du 11-Septembre n’ont toujours pas été jugés par les tribunaux militaires de Guantánamo. Bien que les aveux extirpés sous la torture sont juridiquement irrecevables, il n’en demeure pas moins que le plus grand crime de l’Histoire moderne des États-Unis n’a encore jamais fait l’objet d’un quelconque procès. Or, le Congrès américain vient d’autoriser les familles des victimes de ces événements à poursuivre l’Arabie saoudite en justice pour son rôle présumé dans ces attaques – malgré le veto du Président Obama, qui empêchera la promulgation de cette loi. Dans ce contexte, au vu de la relation fusionnelle entre le royaume des Saoud et la CIA, cette analyse écrite par Jean-Pierre Chevènement en 2004 est encore plus pertinente aujourd’hui : « la propagation du terrorisme islamiste, certes regrettable, fournit aussi un alibi idéal à l’entreprise de recolonisation du Moyen-Orient et de domination mondiale, à l’échelle d’un “nouveau siècle américain”, dans laquelle s’est lancée l’administration de George W. Bush. L’histoire du retournement des milices wahhabites d’Oussama ben Laden contre les États-Unis, qui les avaient soutenus contre l’URSS en Afghanistan, comporte tant de zones d’ombres qu’on peut se demander si la coopération très étroite entre la CIA et les services secrets saoudiens du prince Turki, congédié seulement quinze jours avant le 11-Septembre, n’éclairerait pas utilement les circonstances d’un événement qui a ouvert une page nouvelle dans l’histoire des relations internationales : comme Athéna sortant tout armée de la cuisse de Jupiter, la “Quatrième Guerre mondiale” a été décrétée ce jour-là. » [3]

 

Maxime Chaix

 

Notes

 

[1]. J’ai demandé à Nafeez Ahmed ce qu’il signifiait par « services de renseignement militaire », une expression qu’il emploie fréquemment. En réalité, il fait référence aux branches paramilitaires des services spéciaux agissant dans le cadre d’opérations clandestines, comme celles de la CIA, du MI6, de l’ISI (etc.), et qui sollicitent parfois l’appui des forces spéciales et des services de renseignement militaire.

 

[2]. Je réalisais alors une interview écrite de Nafeez Ahmed, qui n’a jamais vu le jour en raison des attentats du 13-Novembre et de la surcharge de travail que ce drame avait engendrée pour lui et moi.

 

[3]. Hyperlien et accentuation ajoutés.

Orlando: Anatomie d’un Massacre

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Résistance 71

 13 juin 2016

 

Massacre Orlando: Misa à jour du 14 juin 2016

 

Flinguage de masse dans une discothèque LGBT à Orlando en Floride.

Que nous dit la version officielle:

Un “loup solitaire” musulman “radicalisé” d’origine afghane (tellement mieux hein ?…) du nom d’Omar Mateen, appelle 911 avant de passer à l’acte du massacre de masse et prête allégence à l’EI/EIIL. Il tue plus de 50 personnes et en blesse au moins autant dans ce qui est à ce jour donc, le record toutes catégories du massacre à l’arme légère au pays du goulag levant (ex-USA)

Qu’apprend-on rapidement quand on se donne la peine de chercher un peu:

Que le dénommé Omar Mateen est lié à un certain Marcus Dwayne Robertson, alias Abou Taubah, ex-US Marine (fusilier marin, corps d’élite de l’armée yankee), lui même ancien garde du corps de Sheikh Omar Abdul Rahman un des associés d’Al Qaïda (alias Al CIAda) avec Oussama Ben Laden à la fin des années 1980 en Afghanistan. Abdul-Rahman, tout comme Ben Laden, est un agent de la CIA. Boulot terminé en Afghanistan, Abdul-Rahman a été exfiltré (alors qu’il était connu et était devenu un des “terroristes” soi-disant les plus recherchés de la planète avec son comparse Ben Laden) et importé aux Etats-Unis par la CIA, à New York, grâce au système de visa sponsorisé par la CIA depuis les consulats yankees dans le monde.

A New-York il rencontrera l’ex-marine, recruté par la CIA Robertson alias Taubah, lui-même aussi un membre de gang de rues à NY. Robertson, informateur du FBI pendant 15 ans, deviendra le garde du corps d’Abdul-Rahman.

Robertson/Taubah deviendra également l’Imam du “Séminaire de Connaissance Islamique Fondamentale” à… Orlando au début des années 1990., point de connexion avec Omar Mateen Les merdias à la botte éludent la liaison entre Mateen et Robertson et par lui Abdul-Rahman, au cœur de la mouvance Al CIAda.

Il est plus que vraisemblable qu’Omar Mateen ait été sous contrôle de la CIA/FBI et que c’est en tant que tel qu’il a agit, qu’on l’a fait agir devrions-nous dire. Bien évidememnt, une fois de plus l’homme de paille a été lui aussi victime de sa propre violence.. Les morts ne parlent pas, c’est bien connu !

N’oublions jamais que L’EI/Daesh est passé par les noms suivants avant de devenir ce qu’il est ou prétend être: EIIL (État Islamique en Irak et au Levant) et qu’avant de prendre ce nom, il s’appelait: AQIL (Al Qaïda en Irak et au Levant), entitée créée par la CIA et les forces spéciales yankees en Irak, recrutant les cadres des prisons, comme le fameux “Al Baghdadi”. Al Qaïda est une création de la CIA au début des années 1980 en succession des “Moudjahdines”, soutenus par la même CIA et forces spéciales yankees contre les soviétiques en Afghanistan. Si Zbigniew Brzezinski alors Conseiller à la Sécurité Nationale de Jimmy Carter et son sous-fifre Robert Gates de la CIA, ont créé AQ, leurs successeurs ont continué le recyclage de cette légion mercenaire dans le monde pour entretenir l’idéologie psychopathe du “choc des civilisations” néo-conservatrice et le chaos qu’elle annonce, debant mener dans leur délire sociopathe à l’établissement de leur Nouvel Ordre Mondial par la “Full Spectrum Dominance” de l’état “indispensable” de la planète. Donc lorsqu’on entend les mots “d’Al Qaïda” ou d’ “état islamique” ou de “daesh”, on doit immédiatement traduire par: CIA et ses aides de terrain que sont le MI6 britannique, le Mossad israélien et les services de l’OTAN et de leurs alliés du Golfe.

Ainsi, pour conclure, cette attaque faux-drapeau arrive t’elle à point nommé car elle fait d’une pierre un paquet de coups:

  • Continuation de la stigmatisation des musulmans pour entretenir l’idéologie mortifère et totalement fabriquée du “choc des civilisations”
  • Attaque en règle du second amendement de la constitution yankee sur le droit inaliénable du peuple à être en arme
  • Montée au maximum l’alerte “terroriste” en pleine campagne électorale yankee
  • Peut-être mettre des bâtons dans les roues du milliardaire candidat à la maison blanche qui dérange les cadres du “bon vieux parti”
  • Pousser au déblocage de plus de budget / d’endettement pour les projets du Pentagone et du complexe de la sécurité, fonds essentiellement détournés par des entreprises sous contrats qui engrangent les profits comme jamais
  • Terroriser les populations plus avant afin de mieux faire passer la pilule de l’état policier permanent mis en place et l’élimination irrémédiable de la liberté des peuples
  • Détourner l’attention négative qui montait durablement sur l’autre candidate à la présidentielle yankee, dont les casseroles lui pendant au cul font un tintamarre qu’on ne peut que difficilement ignorer

Dans cette fumisterie du jeu de dupes, des innocents ont encore payé un lourd tribut pour que règne le crime organisé du plus petit nombre.

Une fois de plus répétons la sempiternelle question: Quand les peuples arrêteront-ils de prendre les vessies pour des lanternes et mettront-ils un terme à cette vaste entreprise criminelle planétaire gérée depuis la City de Londres et sa succursale de Wall Street ?