Préhistoire de la violence et de la guerre… Recadrage avec la paléontologue Marylène Patou-Mathis (CNRS) ~ Vidéo ~
Résistance 71
12 novembre 2019
Excellente conférence d’introduction à son livre « Préhistoire de la violence et de la guerre », aux éditions Odile Jacob, 2013, de la préhistorienne Marylène Patou-Mathis, directrice de recherche au CNRS et vice-présidente du conseil scientifique du Muséum National d’Histoire Naturelle.
Elle couvre dans cette (courte) conférence sur le sujet un grand nombre de thèmes abordés bien plus en détail dans son livre. Ici, vu les 45 minutes de parole accordées, elle doit faire un peu tout au pas de charge…
Parmi les questions abordées: L’humain a t’il toujours été violent ? Violence et guerre sont elles consubstantielles au genre humain ou sont-elles inhérentes à la construction des sociétés modernes ? Pour répondre à ces questions, il faut sortir le sujet de ses mythes et restituer la réalité de terrain. C’est ce à quoi s’attache Patou-Mathis dans cet exposé et dans son livre, à voir, lire et diffuser sans modération.
La vidéo de la conférence avec Inter-Ligere et
le Club IES (52 minutes):
Quelques citations du livre de Marylène Patou-Mathis:
« … d’après les données archéologiques évoquées précédemment, les Hommes préhistoriques du Paléolithique vivaient sans violence institutionnalisée. L’apparition de celle-ci a donc des causes historiques et sociales… »
« Comme nous l’avons vu précédemment, l’Homme n’est pas le descendant d’un « singe tueur » : la violence n’est pas inscrite dans ses gênes. Alors, est-ce l’empathie, voire l’altruisme, et non la violence, qui a été le catalyseur de l’humanisation ? »
« D’après les donnés archéologiques, il apparaît en effet que les innovations ne sont pas seulement une réponse adaptative aux changements environnementaux, mais correspondent également à une évolution socioculturelle. On constate par exemple que, au cours des 20 000 dernières années, alors que la taille corporelle et le volume du cerveau humains se sont réduits de façon régulière, les capacités comportementales individuelles ont, elles, augmenté. Il n’existerait donc plus de relation directe entre les deux, ce qui attesterait du développement au cours de l’évolution humaine de ‘l’effet réversif de l’évolution’: la civilisation, en institutionnalisant la solidarité sociale s’opposerait ainsi à la sélection naturelle. »
« … Si la violence envers autrui remonte à au moins 120 000 ans, la guerre, elle, n’a pas toujours existé. Apparue il y a moins de 12 000 ans, elle est peut-être, comme le pensaient certains anthropologues évolutionnistes du XIXème siècle, le produit de la ‘civilisation’. »
« Bien que pour les humains les deux mots soient employés indifféremment, ne confondons pas agressivité et violence. L’agressivité est un comportement inné qui permet de sauvegarder l’individu ou l’espèce de sa disparition éventuelle. […] L’agressivité se traduit donc par des réactions automatiques, instinctives, pour défendre sa vie, celles de proches, ses biens, etc. De même pour se nourrir ou copuler, un animal prédateur attaque (du latin aggredi, signifiant « attaquer »), mais s’il est agressif, il n’est pas violent. La violence est un comportement social qui, parfois, se fait institution et moyen de gouvernance, en lien avec le pouvoir, elle détermine la politique. »
« Sous le couvert des sciences anthropologiques, certains théoriciens ont utilisé cette image popularisée d’un passé violent et guerrier pour justifier des ambitions individuelles, nationales ou des haines politiques.
[…] L’Homme n’est pas le descendant d’un singe tueur, la violence n’est pas inscrite dans ses gênes. Au contraire, il a développé très tôt des comportements altruistes au travers, notamment, l’empathie dont il a fait preuve envers ses semblables. Sans ce souci de l’autre, notre espèce, Homo sapiens, ne serait pas apparue ou n’aurait pas survécu. Nous sommes donc là loin de la thèse de René Girard de l’existence d’une « violence primordiale ». [..] Ainsi, les objectifs de ces théoriciens ont été et sont de divers ordres: esclavage, servitude, mercantilisme, pouvoir… la violence n’étant pour eux qu’un moyen de les réaliser et non la mise en forme de prétendues pulsions venues du tréfonds de leur inconscient, souvent présupposées animales. »
« Combattre les comportements violents suscités et légitimés après coup par des idéologies qui tiennent que la violence est inhérente à l’Homme, telle doit être notre ardente obligation. »
Le livre se termine avec 25 pages de notes bibliographiques.
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Lectures complémentaires:
David Graber Fragments Anthropologiques pour Changer l’histoire de l’humanité
James-C-Scott-Contre-le-Grain-une-histoire-profonde-des-premiers-etats
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