Résistance politique: Vous avez dit féminisme ?…

Esprit de femmes amérindiennes, esprit de société

 

Résistance 71

 

12 mars 2018

 


Jadis, la terre était harmonieuse
et nous marchions en paix…

“Il n’y a pas de conflit dans le monde naturel. Il n’y a pas de mal ni de malfaisance… Quand vous respectez les plantes et les animaux, il est facile de voir qu’il n’y a pas de mal dans la Nature… Ainsi, dans un aspect étonnant du mouvement féministe, dans sa course effrénée et désespérée pour que les femmes ressemblent aux hommes, soient comme eux, les féministes qui veulent devenir des figures de proue dans le système socio-économique en place montent avidement à l’assaut pour la perpétuation du viol de la femme ultime: notre grand-mère la Terre… Pourquoi le mouvement féministe est-il si anti-féminin?”
~ Russell Means, 2012 ~

Loin des cris et élucubrations des harpies féministes de tous horizons, façonnées et prisonnières du système socio-politique de la division et de l’antagonisme en place, laissons la parole à quelques femmes des nations natives d’Amérique du Nord, pour qui, dans le respect du grand tout régissant la Nature, le lien de complémentarité entre l’homme et la femme n’est pas une vaine idée, mais une pratique ancestrale quotidienne, que l’imposition du patriarcat occidental chrétien a essayé d’éradiquer afin de maintenir et d’imposer l’antagonisme contre-nature sur lequel est fondé toute société divisée et donc à terme, étatique.

A cet effet, nous avons traduit quelques extraits d’un remarquable ouvrage de Judith et Michael Fitzgerald, américains adoptés par une famille de la nation Crow, préfacé et édité par Janine Pease, directrice fondatrice du Little Big Horn College en territoire Crow dans l’état du Montana. Le livre intitulé “The Spirit of Indian Women” a été publié en 2005 par les éditions World Wisdom et  la Library of Perennial Philosophy ; il regroupe des textes et témoignages de femmes de différentes nations autochtones: Crow, Lakota, Iroquoise, Apache, Navajo, Salish, Cherokee, Hopi, Dakota, Cheyenne, Inuit, Pueblo, Yurok, et bien d’autres. Ces femmes nous éclairent sur la véritable dimension du « féminisme »: celle de la relation de complémentarité. Le livre est illustré de superbes portraits photographiques de femmes natives en costumes traditionnels, la plupart des photos datant de plusieurs décennies.

Il est bien entendu que chaque communauté et peuple possède sa propre culture, mais au-delà des manipulations et du façonnage coercitif, nous pouvons trouver une relation universelle à la femme, à la maternité et à la complémentarité naturelle de la relation mâle-femelle et donc homme-femme. Il n’y a pas d’antagonisme dans la Nature, il n’y a que des relations à la complémentarité nécessaire. Nous devons sortir du cercle vicieux de l’antagonisme qui nous est imposé du haut de la pyramide socio-politique factice et illusoire et retrouver le lien de complémentarité universel avec les forces de la nature dont un des exemples les plus signifiant est celui de la relation sociale qui mène, au-delà de la procréation et perpétuation de l’espèce, à l’harmonie de groupe dans la société humaine, animal grégaire doté de raison qu’il fourvoie et aliène et cette harmonie passe par l’acceptation du lien de complémentarité, le refus de l’antagonisme qu’on nous force à pratiquer et à retrouver la relation d’harmonie dans la complémentarité naturelle entre l’homme et la femme.

= = =

Extraits d’”Esprit des femmes indiennes”, J. et M. Fitzgerald, 2005

 

Traduit de l’anglais par Résistance 71 

 

Mars 2018

 

Les femmes de chaque clan des cinq nations [iroquoises] auront un feu de conseil qui brûlera toujours en préparation d’un conseil de clan. Lorsque cela semblera nécessaire dans l’intérêt de leur peuple, les femmes tiendront conseil et leurs décisions et recommandations seront énoncées devant le conseil des chefs par la chef de guerre afin qu’elles soient prises en considération.
~ Constitution des nations iroquoises ~

Ce sont les mères et non pas les guerriers qui créent un peuple et guident sa destinée.
~ Chef Luther Ours Debout, Oglala Lakota ~

La ligne de descendance du peuple des 5 nations se fera par la ligne des femmes. Les femmes sont considérées comme les progénitrices de la nation. Ce sont elles qui possèdent la terre et le territoire. Hommes et femmes doivent suivre le statut de la mère…
~ De la constitution iroquoise ~

L’unité familiale de la relation parents-enfants n’était pas l’idée finale et complète, celle-ci résidait ailleurs ; elle état partie intégrante d’une plus grande famille, le tiyospaye ou clan, uni par les liens du sang et du mariage.. Les individus constituant ces plus larges groupes entretenaient une relation définie les uns avec les autres et avaient des devoirs en conséquence. Ils fonctionnent comme une unité matérielle et spirituelle, dans une inter-relation sans fin impliquant de s’honorer les uns les autres, jeunes et vieux.
~ Ella Deloria, Yankton Dakota ~

Nous, les peuples indiens, n’avons jamais oublié le statut des femmes.. Ceux qui ont quitté le chemin de la tradition peuvent peut-être agir comme s’ils ne se rappelaient pas mais chacun d’entre nous sait, au plus profond de lui-même. Notre mémoire remonte un grand nombre de générations. Les anciens ont toujours passé cette connaissance à la génération suivante. On nous a enseigné de ne jamais oublier. Ainsi, nous nous rappelons et passons l’information également. Pour nous, il n’y a pas de passé. Tout est dans le présent. Le seul futur est celui des générations à venir.
Ainsi nous continuons nos cérémonies traditionnelles. Y participer c’est participer au grand cercle de la vie, le visible et l’invisible. Elles nous rappellent de maintenir l’équilibre, de vivre en paix les uns avec les autres, d’honorer la Nature, la terre-mère et de reconnaître et de respecter les pouvoirs spirituels de la médecine traditionnelle.
Certaines personnes n’ont plus de cérémonies. Ne plus en avoir, c’est ne plus se rappeler la place de l’humain dans la création naturelle.
~ Femme anonyme amérindienne ~

Toute chose sur terre a un but, chaque maladie possède une herbe qui la guérit et chaque personne a une mission. C’est la théorie indienne de l’existence. Les enfants ont été encouragés de développer une stricte discipline et un grand respect pour le partage. Lorsqu’une fille cueillait ses premières baies ou fruits et déterraient ses premières racines, le fruit de sa récolte était donné à un ancien ainsi elle partagerait son succès futur. Lorsqu’un enfant ramenait de l’eau à la maison, un ancien ou une ancienne le complimentait prétendant que l’eau avait un goût de viande si c’était un petit garçon ou un goût fruité si c’était une petite fille. L’enfant n’était pas encouragé à la paresse et était encouragé à grandir droit comme une pousse d’arbre.
~ Colombe en deuil, Salish ~

Combien de fois a t’on entendu répété que la destinée du monde dépendait de la femme, que la femme est l’agent désigné de la moralité, l’inspiratrice de ces sentiments et de ces dispositions qui forment la nature morale humaine. Ces remarques si communes sont très justes. L’élévation de notre peuple dépend de la façon dont les femmes exécutent cette mission.
~ Qua Tsy, Cherokee ~

La chose la plus simple est de comprendre que la femme a sa place et l’homme la sienne: ils ne sont pas identiques et aucun des deux n’est supérieur à l’autre.
Le partage du travail se passait aussi selon le sexe. Les deux avaient à travailler dur, car leurs vies étaient très demandantes, ais aucune des deux parties n’attendaient de l’autre une aide dans son domaine particulier, cela ne voulait absolument pas dire que l’homme dédaignait le travail de la femme et inversement. L’attitude sur la division du travail était une chose normale, quelle que puisse en être l’apparence pour quelqu’un de l’extérieur.
~ Ella Deloria, Yankton Dakota ~

Une nation n’est jamais conquise tant que le cœur de ses femmes n’est pas à terre. Alors, peu importe la bravoure des guerriers la défendant et la force des armes en leur possession. C’est la fin.
~ Proverbe Cheyenne ~

Le cœur de la famille est la mère parce qu’elle engendre la vie.
~ Proverbe Onondaga (iroquois) ~

La tente du chef est la plus grande de toute car elle est la tente du conseil et celle où chacun va quand il a besoin de conseils. En soirée, les leaders y vont discuter de tout et de rien, car les chefs ne dirigent pas comme des tyrans, ils discutent absolument de tout avec le peuple, comme un père au sein de sa famille. Souvent, ils parlent toute la nuit. Ils discutent de tout ce qui touche la communauté. Si les femmes sont intéressées, elles peuvent se joindre à la conversation, s’il n’y a pas assez de place à l’intérieur la réunion se déplace à l’extérieur autour d’un feu. Les hommes sont assis dans un cercle intérieur, les femmes dans un cercle extérieur, car il y a trop de fumée dans l’intérieur du cercle, car les hommes ne parlent jamais avant d’avoir fumé le calumet. Si les enfants veulent venir, ils le peuvent également. Les femmes en savent autant que les hommes sur les affaires de la communauté et leur gestion. On leur demande souvent leur avis, qui est toujours respecté. Nous avons notre démocratie, la tente est notre conseil où chacun peut s’exprimer. Les femmes sont toujours intéressées de savoir ce que pensent et veulent faire leurs pères et maris. Elles peuvent également prendre part aux guerres.
L’homme et la femme prennent charge des enfants ensemble, quand ils deviennent aveugles, ils se soutiennent l’un l’autre.
Si les femmes avaient plus la parole dans votre congrès, je pense que plus de justice serait rendue aux Indiens…
~ Sarah Winnemucca, Paiute ~

Les femmes émergentes sont les cœurs des nations.
~ Megisi, Ojibway ~

La femme est la planteuse, la cultivatrice et la moissonneuse du maïs ; ce rite se veut être le portrait de la part importante qu’elle joue dans le drame de la vie.
~ Femme anonyme Osage ~

Lorsque la femme, toujours changeante, arrive à un certain âge, elle marche vers l’Est. Après un moment, elle se voit dans le lointain avec l’apparence d’une jeune femme marchant vers elle. Elles marchent toutes deux l’une vers l’autre jusqu’à ce qu’elles se rencontrent, puis ne forment plus qu’une. Alors, elle est de nouveau une jeune femme.
~ sagesse apache ~

Le patriarcat est impérialisme, oppression et exploitation de l’autre ; ceci a commencé dès que le patriarcat a pointé sa sale tête il y a un peu plus de 6000 ans. Les patriarches sont les maîtres de la justification de toute malfaisance monstrueuse… La science est la religion du patriarche. A ne pas confondre avec la science native indienne qui est fondée sur le glanage de vérités par l’observation de la Nature à l’œuvre… Aux mains du patriarche, la science devient une machine à tuer.
Les peuples indigènes ont vécu des millénaires sans déséquilibre ni destruction. Le patriarcat est établi sur terre depuis 6000 ans et la planète a été amenée au bord de la destruction totale. Dans le patriarcat, l’assassinat de masse et la destruction de toute forme de vie sont justifiés par les bénéfices que quelques privilégiés en tirent tout en haut de la pyramide. Wall Street n’est en rien différent de toutes les tyrannies et de tous les royaumes de l’histoire.”
~ Russell Means, 2012 ~

Lectures complémentaires:

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Effondrer le colonialisme

Meurtre par décret le crime de génocide au Canada

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La Grande Loi du Changement (Taiaiake Alfred)

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Païens en terre promise, décoder la doctrine chrétienne de la découverte

15 Réponses to “Résistance politique: Vous avez dit féminisme ?…”

  1. Le kohtihon’tia:kwenio, les femmes détentrices du titre de l’île de la Grande Tortue, donnent leur avis ; Nous sommes dans l’obligation de préserver et de protéger la terre pour les générations futures.

    Je le sauvegarde en section commentaires de ce billet du 25/02/2017 intitulé « Les femmes indigènes donnent leur avis » ► https://jbl1960blog.wordpress.com/2017/02/25/les-femmes-indigenes-donnent-leur-avis/

    Et je m’en resservirais en venant piocher une citation, et en mettant un lien vers cet article, pour en prolonger la lecture !

  2. Roseau Says:

    Ce sont plus particulièrement les 3 religions du livre qui ont créé cette horreur : patriarcat = meurtres de masse + esclavages sous toutes ces formes : de plus « traditionnel » à celui par le travail et la dette !

    Pour en revenir à la chrétienneté, elle avait à une époque imaginé que la femme était hystérique, car son utérus se baladerait dans son corps, pour y remédier, elle avait préconisé de la mettre enceinte le plus souvent possible…

    Sans compter, la maltraitance faite aux femmes par l’obligation de certaines tenues vestimentaires, et le délire absolu pour une secte juive qui impose à la femme de se laver habillée car même un mur ne pourrait accepter de voir le corps corrompu d’une femme !

    Actuellement, le féminisme occidental est bien organisé pour nous ramener le plus loin possible en arrière, avec tout son cortège de débilités, et certaines femmes se distinguent tout particulièrement dans cette initiative.

    Ne sait pas : en italien, c’est schi….

    • Oui, du reste la colonisation chrétienne a gavé le monde de son patriarcat toxique dans les traces du judaïsme (qui pourtant reconnaît la matrilinéarité) et précédant la dernière en date des inepties religieuses monothéistes, l’islam.

      « Sans la répression des femmes, la répression de la société n’est pas possible, ni même concevable. Le sexisme fait des femmes la pire de toutes les colonies. »
      ~ Abdullah Ocalan, « Le confédéralisme démocratique » ~

  3. Roseau Says:

    Et oui… le judaïsme seul se transmet par la mère… pour le reste, j’ai l’impression que c’est aux archives.

    Erdogan est vert de rage avec les propos d’Abdullah Ocalan, car il est comme Valls « éternellement attaché à Israël »..

    L’un est maranne et l’autre dönme… proviennent d’Espagne !

  4. RM : Le patriarcat est impérialisme, oppression et exploitation de l’autre ; ceci a commencé dès que le patriarcat a pointé sa sale tête il y a un peu plus de 6000 ans.
    =*=
    Et donc, cela correspond au moment où cela a merdé non ?

    • Roseau Says:

      Je suis curieuse de savoir comment les femmes ont-elles pu se faire avoir à ce point lorsque ce patriarcat satanique a été lancé ?

      Un vrai lancement orchestré ce truc, 6 millinéaires avant nos marketeux…

      • C’est pourquoi il est vraiment intéressant de lire Kaianerekowa, La Grande Loi de la Paix, et non pour en prôner un quelconque application Per se bien entendu ; Nos sociétés qui sont culturellement et structurellement différentes de la société iroquoise, mais nous devrions l’étudier et adapter ce qui est adaptable notamment dans le domaine de l’horizontalité de la prise de décision politique et du schéma de la chefferie sans pouvoir.

        Une charte de ce style a non seulement un impact sur le processus politique d’une société, mais aussi sur le processus économique et donc écologique. Et c’est là qu’on peut également noter le processus politique par des femmes et des conseils des femmes, dans une société matrilinéaire et égalitaire.

        • Roseau Says:

          OK – mais, il serait malgré tout intéressant de savoir comment au départ, ils ont pu prendre le pouvoir sur les femmes, car il n’y avait pas de guerriers de conquêtes.

          Après avec le nombre, on connait bien les génocides qu’ils ont commis partout.

          Et pour l’écologie, tu as vu que bébé Rotschild est allé signer des pré contrats pour des EPR en Inde… Je fais un voeux pour que la technologie EPR ne soit jamais opérationnelle… les milliards perdus c’est du néant par rapport à la VIE.

          • Pour le Baby MacDeRoth, ché pu quoi dire… Le gars est surement dépassé par l’importance de son propre rôle, mais p’tain qu’il aime ça comme disait Coluche…

            La Grande Loi de la Paix datant du XIIe siècle, cela correspond, dans le monde chrétien au Pape Innocent III je crois (qui était particulièrement fissuré le gars) et atteste, pour le moins, que les peuples originels vivaient eux depuis des millénaires sous la Loi Naturelle, tandis que le monde chrétien, qui se préparait à les conquérir était lui passé au Patriarcat depuis un bail… Avec les hommes en jupe, notamment !

            • Roseau Says:

              Oui, et tu as sûrement été interloquée par son « Just, do it ! » signifiant à l’assemblée de faire sans se pré-occuper de quoi que ce soit.

              J’invite tous les laissés pour compte, dans le fossé ou près à y tomber, de répondre de la même manière aux administrations françaises, avec si nécessaire une note explicative « allez vous faire F…. »

              Et, t’as vu aussi que, comme du temps des Rois, il y a maintenant soirée théâtre le jeudi (des souvenirs de jeunesse pour la momie).

              Pour en revenir au patriarcat, il semblerait que cela coïncide avec la sédentarisation et la mise en place de l’agriculture… et donc le judaïsme en même temps.

            • oui néolithique et la « domestication », « révolution agricole »… La patriarcat va de pair avec la centralisation et l’institutionnalisation religieuses et séculières.

  5. Cela m’a remis en mémoire la présentation de La Grande Loi de la Paix : qui précise qu’Il est également à noter le processus politique par des femmes et des conseils des femmes, dans une société matrilinéaire et égalitaire.

    Comme vous l’aviez reprécisé dans ce billet ; Paix, Pouvoir, Rectitude ► https://jbl1960blog.wordpress.com/2017/10/03/paix-pouvoir-rectitude-invitation-de-la-nation-mohawk/

    Dont est issue cette illustration qui est raccord avec votre article du jour ;

    “Les génitrices de la terre ont le devoir de se dresser et d’agir.”
    ~ Conseil des femmes de la nation Mohawk ~

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