Colonialisme occidental: Sémantique, subterfuge et « réconciliation » amérindienne… Vraiment ?…

Réconciliation traités indiens et réditions ?

Steven Newcomb

16 Mai 2016

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2016/05/16/reconciliation-and-indian-treaties-and-surrenders

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Comment pouvons-nous correctement interprêter le mot “réconciliation” dans le titre de ce qu’est la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) du Canada ? Une des manières de répomdre à cette question est en nous demandant “Qu’est-ce que les mots réconcilier, soumettre, soumission et rédition ont en commun ?” Réponse: Ils sont synonymes. Un des sens donné au mot “réconcilier” est “amener à se soumettre ou à accepter”. Considérant l’héritage des pensionnats de la domination pour Indiens et l’effort pour supprimer la souveraineté des nations autochtones originellement libres et indépendantes et d’assimiler ces peuples dans la “société canadienne”, il n’y a de fait aucune amitié à “restaurer” entre la couronne (NdT: La City de Londres et sa banque d’Angleterre/Vatican) et les nations originelles de l’endroit. Une des images restante et sensible de la “réconciliation” derrière la CVR est donc l’image d’un abandon par une forme de soumission à la “souveraineté assumée de la couronne”.

Un des sens donné au mot “soumettre” est “accepter la gouvernance ou l’autorité.” Un des sens de “réconcilier” est d’”accepter la gouvernance ou l’autorité.” Additionnellement, un des sens de soumission est “d’agir en acceptance de l’autorité ou au contrôle de quelqu’un d’autre”. Un des sens donné au mot “se rendre, rédition” est “d’accepter le pouvoir, le contrôle ou à la possession d’autrui par compulsion/obligation ou par demande.” Un autre sens est de “s’abandonner au pouvoir d’un autre: accepter, acquiescer”.

Une série de livres en trois volumes intitulée “Canada—Indian Treaties and Surrenders” est très instructif à lire. Cette série fut initialement publiée en 1891 à Ottawa par la maison d’édition “Brown Chamberlin, Printer to the Queen’s Most Excellent Majesty.” Voici un exemple de schéma de “réconciliation” trouvé dans les traités:

“Que tout le monde sache que par ceci, nous, les sous-signés chefs et hommes principaux de la bande d’Indiens possédant la réserve indienne de Garden River dans la province de l’Ontario du Dominion du Canada, agissant au nom de notre peuple, rendant par la présente le titre (de propriété), relaxons, abandonnons, arrêtons de clâmer et acceptons, acquiesçons à notre souveraine dame la reine, ses héritiers et successeurs pour toujours, le tout et les parties des portions de terre formant le lieu dit de la réserve indienne de Garden River…”

Notez les termes de “province”, “dominion”, “abandon”, “accepter, acquiescer” et de “notre dame souveraine”. Un empire tel que le Royaume-Uni a des provinces et des dominions (zones coloniales de domination). De tels termes et phrases semblent créer l’impression distinctive que le peuple d’une nation originelle donnée considère “la reine” être leur “dame souveraine” en relation avec ces nations originelles du continent. Dans ce contexte, le mot “souverain” dénote “quelqu’un possédant ou tenu pour posséder la souveraineté” ; et quelqu’un “qui exerce l’autorité suprême au sein d’une sphère délimitée.”

En regardant dans le dictionnaire sous le mot “souveraineté” (un mot que Jonathan Havercroft a dit être “une forme injuste de domination”), le terme “dominant” apparaît, ainsi que le mot “libre” sous les vocables synonymes. “Le souverain” est vu comme à la fois dominant et libre en comparaison de ceux qui sont dits avoir cédé, abandonné, accepter la domination d’autrui sur leurs terres, en l’occurence “la reine souveraine”.

Ainsi dans ce contexte, le “titre de la couronne” est le titre souverain dominant, tandis que le titre de nos nations originelles est vu comme un “titre d’abandon” ou en d’autres termes “un titre de simple occupation des sols” comme ce fut cité dans le rendu de la cour suprême des Etats-Unis de l’affaire Johnson & Graham’s Lessee v. M’Intosh (1823), ce qui n’est pas considéré comme un titre de propriété qui puisse surpasser le droit de domination (dominium) et de propriété suprême du “souverain”.

Clairement, les nations originelles existant au nord de la frontière internationale entre le Canada et les Etats-Unis ne considèrent pas leurs traités être “des traités d’abandon”. Il y a de grandes chances qu’elles prennent un fort ombrage à une telle caractérisation. Ceci est bien compréhensible. Quoi qu’il en soit, les trois volumes publiés par la couronne en 1891 révèlent que “la couronne” interprète ses documents de traité avec les nations originelles sous cet angle là. L’image de la “réconciliation” comme un abandon, une rédition, une soumission ou un acquiescement, correspond à cette idée que ces traités sont en fait une sorte de rédition, d’abandon [de souveraineté]. Qu’en serait-il alors si le mot de “réconciliation” dans le nom même de Commission Vérité et Réconciliation du Canada est fondée sur ce cadre de domination, de relation dominant/dominé ?

L’adjectif “aborigène” remonte au nom “aborigine” qui est listé comme “quelqu’un des peuples natifs (un individu) par contraste avec le peuple envahisseur ou colonisateur.” La nature de soumission du langage de ce que la couronne appelle “traités et réditions” (soumettre, se rendre, soumission et accepter, acquiescer), caractérise la vision de la couronne de ce que les “aborigènes” non-chrétiens doivent devenir soumis à la couronne envahissante et colonisatrice. Ceci va de paire par exemple, avec le phrasé de la charte royale de 1496 donnée par le roi d’Angleterre Henri VII à John Cabot et ses fils et qui continue de former une partie de la loi organique de la couronne.

La charte Cabot stipule en anglais que lorsque les Cabot localisent toutes terres “qui avant cette période ont été inconnues des chrétiens”, alors “le sus-mentionné et ses fils, ou leurs héritiers et assignés peuvent subjuguer, occuper, et posséder toutes ces villes, châteaux et îles qu’ils trouveront, qu’ils peuvent ainsi subjuguer, occuper et posséder en tant que vassaux et lieutenants, nous donnant le droit, le titre et la jurisdiction de ces mêmes villages, villes, châteaux et terres ainsi découvertes.

Le thème de la domination est bien plus explicitement évident dans la version latine de la charte donnée aux Cabot, qui comporte des mots de domination tels que “subjugari”, “occupari et possideri possint”, “subjugare”, “Dominum Titilum et Jurisdictionem”. Subjuguer est le fait “d’amener sous le joug du pouvoir et de la domination: conquérir par la force ou forcer à se soumettre en tant que sujet au gouvernement d’autrui.” C’est aussi définit comme “forcer à se soumettre, faire se soumettre, induire sous la gouvernance, rendre soumis ou sujet: maîtriser” et aussi “amener ou maintenir sous le contrôle strict ou amener à une position subordonnée.” Clairement, un tel langage révèle la domination qui est à la racine même de l’assomption de la souveraineté de la couronne.

Imaginez que la CVR ait révélé dans son rapport final la vérité sur ces significations ci-dessus mentionnées dans sa discussion de la soi-disante doctrine de la découverte. Le rapport final de la CVR aurait dès lors exposé le système de domination qui a été et continue d’être si destructeur et mortifère pour les nations originelles de l’Île de la Grande Tortue. Une preuve vivide et graphique de l’effet mortifère réside dans l’incidence récente des jeunes autochtones mettant fin à leurs jours prématurément. Ces décès et bien d’autres indicateurs sont des résultats et une excroissance directs des pensionnats de la domination pour Indiens et du fait que nos nations originelles continuent sans relâche à être soumise à la domination et à la déshumanisation, dont la forme la plus extrême est le génocide.

18 Réponses to “Colonialisme occidental: Sémantique, subterfuge et « réconciliation » amérindienne… Vraiment ?…”

  1. Si je pouvais j’enverrais bien cet article à la Djemila Benhabib qui prétendait dans Marianne il y a peu que ; « Le Québec, qui n’a aucun passé colonial, rappelons-le… » dans son article « Québec, le faux paradis des communautarismes religieux ».

    Newcomb va toujours plus loin dans la sémantique et c’est vraiment utile car ceux qui espèrent cette « réconciliation » vont attendre un moment… Je m’en vais relire « dernier pape, dernière reine » tient pour la la peine…

    • Attends, on est en train de traduire « Murder by Decree » le contre-rapport de la commission vérité et réconciliation du canada sur le génocide des enfants dans les pensionnats canadiens pour Indiens gérés par les églises catholique, anglicane et unifiée du canada sous couvert d’un programme de l’état canadien et une connexion avec le projet MKUltra de la CIA. CA DECOIFFE GRAVE… d’autant plus que c’est tellement dur que çà draine mentalement des traducteurs…

  2. C’est tellement raccord avec cet article de Newcomb et bien que je vous l’avais déjà mis, je ne résiste pas (d’autant que c’était votre traduction) je l’ai remis à jour avec des liens vers des billets plus récents et toujours dans le but de faire tomber l’empire in fine ; https://jbl1960blog.wordpress.com/2015/12/13/dernier-pape-derniere-reine/ JBL

Répondre à jo Busta Lally Annuler la réponse.

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