Colonialisme, Vatican et l’héritage de la domination
Rejoignez le mouvement pour la répudiation des bulles papales colonialistes, plus nous mettrons de pression sur la hiérarchie cléricale jusqu’au Vatican et plus ces diktats papaux auront de chance d’être répudiés.
— Résistance 71 ~
Un héritage de domination dans les décrets de l’église catholique
Steven Newcomb
12 avril 2016
url de l’article original:
http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2016/04/12/legacy-domination-catholic-church-decrees
~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~
La Canadian Conference of Catholic Bishops (CCCB) ou Conférence Canadienne des Évêques Catholiques (CCEC) comprend quatre organisations catholiques du Canada. Le 19 mars 2016, la CCEC a publié “The ‘Doctrine of Discovery’ and Terra Nullius: A Catholic Response.” Ou “La doctrine de la découverte et Terra Nullius: une réponse catholique”, écrite en partie en réponse à Calls to Action #46 et #49 du rapport final de la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) ; la déclaration catholique est dite “répudier les concepts utilisés pour justifier la souveraineté européenne sur les terres et peuples autochtones, tels que ceux de la doctrine de la découverte et de terra nullius.”
Il y a 24 ans, mon ami et mentor Birgil Kills Straight (Oglala Lakota Nation) et moi-même avons démarré une campagne globale contre la Doctrine de la Découverte. Nous avions commencé par appeler le pape Jean-Paul II pour qu’il révoque le décret pontifical (bulle) Inter Caetera du 4 Mai 1493. Pourquoi ? C’était un parmi plusieurs documents du Vatican qui appelait à la domination (chrétienne) des nations non-chrétiennes. Parce que nous persistons avec notre travail international à ce niveau et sur ces documents, nous avons quelque chose à dire au sujet de la déclaration récente de l’église catholique sur cette doctrine de la découverte.
Malheureusement, le rapport final de la CVR n’inclut pas le point de focus de notre campagne ; le rapport n’utilise pas une seule fois le mot “domination”. Pendant plus de deux décennies nous avons utilisé les bulles pontificales du XVème siècle comme méthode d’éducation des nations et peuples autochtones ici et ailleurs autour du monde, pour faire mieux comprendre au sujet des schémas courants de domination et de déshumanisation que l’on peut tracer aux textes mêmes de ces vieux documents du Vatican. Pendant des siècles, les schémas dominants de pensée et de comportement ont été imbriqués dans les systèmes légaux et politiques de pays tels que les Etats-Unis, le Canada (et d’autres), où ils persistent aujourd’hui. Ce qui est typiquement et quelque peu ineptement appelé la doctrine de la découverte est un système de langage et de domination perdurant, qui est toujours utilisé à ce jour contre nos peuples et nos nations autochtones et originels.
Le 24 mars 2016, l’évêque Donald Bolen, du diocèse catholique de Saskatoon, a été interviewé au sujet de la déclaration publique de la CCEC. Ceux-ci révèlent que l’église catholique ne reconnaît pas les bulles pontificales comme étant des documents de domination. Plus encore, lorsqu’il lui fut demandé: “Quelle est la relation entre la doctrine de la découverte et les déclarations pontificales remontant au XVème siècle ?” Il répondit: “Il n’y a aucune relation directe.” Puis il continua de la sorte: “Il y a eu plusieurs bulles pontificales en cette fin de XVème siècle qui effectivement accordèrent des droits aux pays européens le droit sur des territoires d’autres peuples.” L’affirmation de l’évêque Bolen qu’il n’y a “aucune relation directe” entre les bulles pontificales et la doctrine est contredite par le phrasé spécifique de ces documents même: une gratification pontificale de “découvrir” et de “dominer” les territoires d’autres nations fut un droit affirmé de domination explicitement fondé sur le fait que nos nations n’étaient pas chrétiennes.
En Mai 2013, la Dr. Debra Harry (de la nation Paiute), l’avocate Sharon Venne (de la nation Cree) et moi-même, nous sommes rendus dans la ville de Séville en Andalousie, dans le sud de l’Espagne. Là, nous avons visité les Archives Générales des Indes (occidentales). Le directeur des archives nous a très gentiment accordé la permission de voir le parchemin pontifical original datant de 1493, émis par le pape Alexandre VI (NdT: Rodrigo Borgia, père de Cesar et Lucrèce Borgia…), que nous avons examiné exactement 520 ans jour pour jour après sa date d’émission le 4 Mai 1493. Au dos d’un des deux documents, nous y avons vu une anotation écrite par le secrétaire royal d’Espagne il y a plus de cinq siècles.
L’anotation royale dit en espagnol que le décret pontifical est un don du pape Alexandre VI pour “ganaran y conquistaron de las Indias” (“pour gagner et conquérir [dominer] les Indes.” Lorsque comprise dans le contexte du texte original en latin, cette anotation nous permet de saisir l’intention du pape à savoir que les monarques catholiques partiraient à la recherche de terres non-chrétiennes “à être découvertes”, avec pour but le “dominorum Christianorum” (dominateurs chrétiens), forçant les terres des “nations barbares” sous la domination chrétienne. Nos nations vivent maintenant avec/sous l’héritage de la tradition de la chrétienté de chercher un “nouveau monde” et de nouvelles terres à envahir et à dominer.
L’affirmation de l’évêque Bolen disant “aucune relation directe” entre les décrets pontificaux du XVème siècle et la doctrine de la découverte mène à une conclusion des plus importantes: La CCEC a échoué dans la compréhension que l’utilisation par la chrétienté de la domination comme moyen de tenter de détruire les nations non-chrétiennes a mené aux problèmes actuels expérimentés par nos peuples et nations originels. (NdT: ou la CCEC feint de ne pas comprendre… c’est notre position…) Le traumatisme concourant qui a résulté de ces décrets pontificaux (ex: la déshumanisation et la mort d’enfants de nos nations originelles dans les pensionats pour Indiens aux Etats-Unis et au Canada), est un des facteurs qui ont mené à la création d’une Commission pour la Vérité et la Réconciliation au Canada. Le mot “vérité” dans le titre de cette commission doit impérativement être au sujet de dire la vérité historique et non pas de la démanteler.
L’évêque Bolen a aussi dit que les bulles pontificales “adressèrent un conflit entre l’Espagne et le Portugal pas ceux qui colonisèrent ce qui est maintenant le Canada.” Il ne semble pas réaliser que l’Angleterre était toujours catholique en 1496 lorsque le roi Henri VII imita les bulles pontificales de 1493 en émettant une charte royale à John Cabot afin qu’il “subjugue” (domine) les terres des “païens et des infidèles”. Ce document résulta en l’assomption que la “souveraineté de la couronne” (la “domination”) est toujours affirmée aujourd’hui en relation de ce qui est maintenant typiquement appelé le “Canada” et “l’Amérique du Nord”. La France était catholique lorsque le pape Clément VII donna la permission au roi François 1er de s’engager dans ses propres voyages de colonisation chrétienne (avec, par exemple, le voyage de Jacques Cartier en 1534 dans la région maintenant appelée le fleuve Saint-Laurent).
L’église catholique manque totalement d’une perspective historique du point de vue des nations originelles de la terre quant à la domination que l’on trouve exprimée (NdT: et qui fut mise en pratique directement et violemment…) dans les décrets pontificaux du XVème siècle. Il est plus que grand temps que se réunisse une conférence internationale majeure au sujet de ces documents et des conséquences qu’ils ont eu sur nos peuples et nations originels. Un tel évènement créera une opportunité pour établir un dialogue plus profond entre le Saint Siège et nos leaders spirituels indigènes, se rassemblant avec nos universitaires et érudits et ceux que le Vatican choisira lui-même.
Nous n’avons pas besoin de réconciliation, nous avons besoin de décolonisation.
This entry was posted on 25 avril 2016 at 4:44 and is filed under actualité, altermondialisme, colonialisme, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, pédagogie libération, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, résistance politique, terrorisme d'état with tags amérindiens contre colonialisme, canada colonialisme terrorisme d'état, canada terrorisme d'état, colonialisme canada états-unis, crimes de guerre, démantèlement doctrine chrétienne de la découverte, dissidence a l'oligarchie, dissidence au nouvel ordre mondial, doctrine chrétienne de la découverte, guerre contre le terrorisme d'état, inter caetera doctrine de la découverte, politique française, résistance politique, société état et démocratie, terrorisme d'état, vatican colonialisme bulle inter caetera 1493, vatican colonialisme doctrine de la découverte, vatican colonialisme guerres impérialistes, vatican colonialisme occidental, vatican doctrine chrétienne de la découverte, vatican terrorisme d'état. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.
4 Réponses vers “Colonialisme, Vatican et l’héritage de la domination”
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25 avril 2016 à 5:33
Ouais, le fond du problème est posé ici. Aucun nouveau paradigme, à mon sens, ne peut être enclenché si une décolonisation concertée n’est pas au préalable organisée et mise en œuvre.
Et c’est là qu’on comprend que c’est pas gagné… Mais pas perdu non plus !
25 avril 2016 à 6:02
Il y en a encore pour dire que c’est un combat vain voire un peu stupide. Aussi, en lisant cet article sur Marianne http://www.marianne.net/agora-laicite-conseil-etat-ouvre-nouvelle-breche-loi-1905-100242344.html qui démontre que la Justice française légitime autant qu’elle peut les racines judo-chrétienne de la France en battant en brèche la loi de 1905 de séparation de l’église et de l’état comme c’est le cas avec la cour de cassation qui nous refuse la radiation de nos noms des registres des baptêmes comme précisé dans le mouvement pour l’abolition des bulles papales ici et dans mon blog ; https://jbl1960blog.wordpress.com/faire-tomber-lempire/ Comme disait H. Zinn ; « On ne peut rester neutre dans un train en marche. » Et rester neutre, c’est consentir, c’est laisser faire. Et il n’est plus temps de laisser faire. Il faut dire STOP, ÇA SUFFIT, PLUS EN MON N.O.M.
Bon, c’est pas que ça urge, mais enfin un peu qd même…
26 avril 2016 à 12:23
juste et ultimement seuls les peuples pourront agir de manière politiquement informé, seuls eux-mêmes se libéreront, pourront le faire, personne ne peut le faire pour eux.
C’est pour cela que l’information qui forme et forge la conscience politique individuelle et collective, qui résulterait en une union est la véritable hantise de l’oligarchie.. Celle-ci dépense des milliards pour nous maintenir divisés et abrutis de propagande…
Quand on pense qu’il suffit de dire NON !… 😉
26 avril 2016 à 11:32
C’est ça qui est un peu usant. Mais avec le temps on comprend qu’un NON engendre beaucoup de difficultés qu’un OUI, non ?