Changement de paradigme politique: Un exemple de charte de commune libre pour Salas Altas, Espagne, 1936…

Les communes libres, les confédérations de communes libres ont été et sont des réalités qui fonctionnent parfaitement bien. L’étatisme et ses suppôts passent leur vie à expliquer du contraire, passent leur temps à marteler que « sans l’État, point de salut ; sans l’État, ce sera tous contre chacun dans une apocalypse politico-économico-sociale »… Rien n’est plus faux et il est grand temps que le plus de personnes possible s’en rendent compte et que nous recommencions à appliquer ces principes égalitaires et autogestionnaires, c’est la voie naturelle de l’humanité. L’État est un cancer, une anomalie, une « ruse de la raison » hégelienne… Gaston Leval nous rappelle les collectifs espagnols la révolution sociale de 1936-39.

— Résistance 71 —

 

Exemple de charte réglant la vie politique et économique d’un collectif en Espagne, charte établie le 7 décembre 1936

Gaston Leval

Extrait de “Espagne libertaire 1936-39” (1983)

 

REGLEMENT DE LA COLLECTIVITE DE SALAS ALTAS

Les soussignés, réunis en Assemblée générale et après avoir défini les normes collectivistes, décident librement d’organiser une Collectivité et d’y adhérer. Et ils approuvent les bases suivantes pour en assurer le développement économique :

1° Tout habitant de Salas Altas, quelle que soit sa condition et sans distinction d’organisation ouvrière ou de parti, pourra appartenir à la Collectivité.

2° Les membres de la Collectivité nommeront un Comité composé d’un président, un vice-président, un secrétaire, un comptable, un trésorier, et d’autant de membres qu’il le faudra, d’après les tâches à accomplir.

3° Ce Comité aura un caractère purement administratif, et répondra de sa gestion devant les assemblées des collectivistes qui pourront confirmer ou destituer ceux qui n’auront pas rempli leur mandat d’une façon satisfaisante.

4° Les adhérents apporteront tous leurs biens : terres, instruments aratoires, bêtes de trait, argent et divers moyens de travail.

5° Les collectivistes apporteront également leurs animaux de basse-cour avec lesquels on s’efforcera d’organiser une grande basse-cour collective afin de décupler cette richesse. Cette tâche incombera à ceux que l’assemblée choisira.

6° Des écuries communales seront organisées afin que toutes les bêtes de trait soient réunies et soignées par un personnel compétent. Ainsi les conducteurs travailleront moins longtemps que le temps demandé pour les tâches agricoles ou les transports.

7° Les moutons seront groupés en troupeaux, et la Collectivité nommera des pâtres pour les soigner et les faire paître. Un spécialiste sera choisi pour l’abattage. C’est lui qui désignera quels moutons devront être sacrifiés.

8° Les produits de la terre et d’épicerie seront emmagasinés dans les locaux collectifs pour que leur contrôle soit mieux exercé.

9° On constituera une ou plusieurs coopératives ; celles-ci procureront les produits qu’il faudra obtenir au moyen des échanges ; elles distribueront les articles de consommation sur la présentation du carnet de producteur, et d’après les barèmes établis par l’assemblée.

10° Ces barèmes pourront être modifiés en plus ou en moins, selon la situation économique de la Collectivité.

11° Nul ne pourra consommer avec excès. En cas d’exception, et s’agissant d’un malade, la demande devra être justifiée par un certificat du médecin.

12° L’assemblée décidera des jours de vacances annuelles dont pourront bénéficier les membres de la Collectivité.

13° L’argent dont pourra disposer la Collectivité ne servira qu’à se procurer des marchandises dans les régions où la monnaie subsistera encore.

14° Dans toutes les branches du travail (agriculture, élevage, mines), les délégués pourront être réélus ; leurs instructions devront être respectées, faute de quoi la Collectivité prendrait les mesures qu’elle jugerait nécessaires.

15° Au-dessus de quinze ans, tous les membres de la Collectivité devront travailler. L’assemblée décidera de ce que devront faire les jeunes femmes mariées ou les inaptes au travail.

16° Les collectivistes de plus de soixante ans sont dispensés de travailler ; toutefois, si tel est leur désir et que leur état physique le leur permet, ils pourront se livrer à des travaux correspondant à leurs possibilités physiques pour aider la Collectivité.

17° Celui qui, sans cause justifiée, se séparera de la Collectivité, n’aura aucun droit aux biens collectifs.

18° Les résolutions seront prises à la majorité des assemblées.

19° Tout adhérent recevra un reçu des biens par lui apportés au moment de son adhésion.

20° L’assemblée est souveraine et ses accords feront loi, même s’ils modifient les présents statuts.

Tel est le Règlement collectiviste que nous nous engageons à appliquer. Fait à Salas Altas le 7 décembre 1936.

5 Réponses vers “Changement de paradigme politique: Un exemple de charte de commune libre pour Salas Altas, Espagne, 1936…”

  1. Vous avez des retours après lecture ? Y’en a qui doivent gueuler, non ? C’est curieux mais sur certains points c’est très similaire au Khiboutz (enfin ce que j’en sais car je n’ai aucune expérience dans ce domaine et je fais appel à mes souvenirs d’ados de gens ayant eu cette expérience)…

    • l’idée du mouvement kibouthzim est une idée anarchiste à la base avec la mise en application de la vision anarcho-communiste de Kropotkine et Landauer. Comme nous l’avons dit ici, le problème de ce mouvement était qu’il était inféodé à un état nationaliste colonial raciste et génocidaire, il ne pouvait donc pas s’épanouir comme il l’aurait dû. Les communes kibhoutzim était faites pour s’établir en autarcie en milieu « hostile »…
      Dommage…

  2. lefrancois Says:

    y a t il un groupe de personnes ,ou une organisation dans ce pays qui représentent ces valeurs auxquelles je pourrais m associer? j ai beau prospecter sur le Net,à part Mr Chouard,j ai peine à distinguer le sérieux d une telle entreprise.

    • Mais le mieux c’est de créer. Il ne faut pas suivre, il faut regrouper des gens partageant ces valeurs ou du moins n’étant pas hostiles et avancer ensemble. L’idée de Chouard n’est pas mauvaise, son problème est qu’il n’a pas encore « lâcher-prise » du concept étatique et ce n’est pas en prenant pour modèle l’Athènes antique qu’il y parviendra, mais c’est un anarchiste qui s’ignore encore, il y viendra…

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