Archive pour juin, 2015

Impérialisme et propagande: L’occident repose sur des mensonges et de moins en moins de personnes sont dupes… (Paul Craig Roberts)

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, altermondialisme, colonialisme, désinformation, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, média et propagande, militantisme alternatif, N.O.M, neoliberalisme et fascisme, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état, Union Europeenne et nouvel ordre mondial with tags , , , , , , , , , , , , , , , on 30 juin 2015 by Résistance 71

PCR enlève les gants et envoie l’État dans les cordes… crochet au foie… De fait, il n’y a plus AUCUNE raison de mettre quelque gant que ce soit avec la pourriture de l’État et son ministère de la propagande généralisé, qui gangrènent au plus haut point tout ce qu’ils touchent…

— Résistance 71 —

 

La vérité est un crime contre l’État

 

Paul Craig Roberts

 

28 juin 2015

 

url de l’article original:

http://www.paulcraigroberts.org/2015/06/28/truth-crime-state/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

L’édifice complet de l’occident est basé sur des mensonges. Il n’y a aucune autre fondation solide, que des mensonges.

Ceci fait de la vérité un ennemi. Des ennemis doivent être supprimés, donc la vérité doit être supprimée.

La vérité provient de sources d’information étrangères, comme Russia Today (RT) et de sites internet alternatifs, comme celui-ci.

Ainsi, Washington et ses vassaux sont occupés à travailler d’arrache-pied pour fermer les médias indépendants.

Washington et ses vassaux ont redéfini la propagande. La vérité est propagande si elle est dite par des pays, comme la Russie ou la Chine, qui ont des politiques étrangères indépendantes.

La propagande est vérité si elle est dite par Washington et ses marionnettes, comme l’European Union Observer.

L’EU Observer, suivant les ordres de Washington sans aucun doute, a dénoncé les organes de presse RT et Sputnik News (NdT: Nouvel organe de presse russe combinant les sites de RIA Novosti et de la Voix de la Russie…) pour “diffuser des fabrications et un discours de haine depuis leurs bureaux directeurs sis dans les grandes villes de l’UE”.

Je donne souvent des entretiens à la fois sur RT et sur Sputnik News. A mon avis, ces deux organes sont trop timides dans leur reportage, de peur sans aucun doute, d’être fermés, leur auto-restriction ne correspond pas à ce dont a besoin la vérité. Je n’ ai jamais entendu un mot de haine ou de propagande sur aucun de ces organes de presse. La propagande de Washington sans aucun doute oui, mais pas celle du gouvernement de la Russie.

En d’autres termes, Washingon a le monde de l’information tellement sous sa coupe et tellement faussé, que même des médias indépendants ne peuvent parler avec clarté sur les affaires.

La pressetituée occidentale a réussi à créer une fausse réalité pour les Américains insouciants et aussi pour la vaste portion de la population occidentale.

Un bon pourcentage de ces personnes insouciantes croient que la Russie a envahi l’Ukraine et que la Russie menace d’envahir les états de la Mer Baltique et la Pologne. Cette croyance existe malgré toute l’information de renseignement de tous les gouvernements occidentaux diffusée, rapportant qu’il n’y a aucun signe de quelques forces militaires russes que ce soient dans les environs, forces qui seraient requises et nécessaires pour une telle invasion.

“L’invasion russe”, tout comme “les armes de destruction massive de Sadam Hussein et ses connexions avec Al Qaïda”, tout comme “Assad utilisant des armes chimiques contre son propre peuple”, tout comme “les armes nucléaires iraniennes”, n’ont jamais existé, mais néanmoins, tout cela est devenu une réalité dans les médias occidentaux. Ainsi les peuples de l’occident croient-ils en des faits totalement inexistants.

En d’autres termes, juste pour citer le fait évident non controversé, les médias d’information occidentaux ne sont que des ministères de la propagande desquels n’émergent absolument aucune vérité.

Ainsi le monde occidental est régi par la propagande. La vérité en est exclue. Fox “news”, CNN, le New York Times, le Washington Post et tout le reste de cette clique de menteurs accomplis dans l’histoire du monde, répètent constamment les mêmes mensonges et ce pour Washington bien sûr et le complexe militaro-industriel et de la sécurité.

La guerre est le seul résultat possible de la propagande faite pour la guerre. Lorsque les merdias occidentaux irresponsables amènent l’armaguédon sur vous, vous pouvez remercier le New York Times et toute la pressetituée pour votre destruction, celle de tous vos espoirs pour vous et vos enfants.

Stephen Lendman, qui intègre une bonne partie de ce qui reste de la conscience morale de l’occident, explique la situation:

L’EU martèle la “propagande russe”


par Stephen Lendman

Les médias principaux occidentaux marchent au même son de tambours, régurgitant avec diligence la pourriture de désinformation gérée à cet effet, enterrant volontairement les vérités cinglantes sur les problèmes qui comptent le plus.

Les sources alternatives observant la vérité et la divulgant opèrent sur des standards bien différents, engendrant la colère parmi les nations occidentales voulant leurs grands crimes supprimés de l’attention publique et que des sources révèlent avec grand fracas.

L’EU Observer prétend avoir un crédit d’indépendant tout en soutenant les politiques responsables que des sources d’information dénoncent.

Rapporter de manière indépendante des vérités cinglantes ne fait pas partie de son histoire. Son rédacteur en chef, Lisbeth Kirk, est l’épouse de l’ancien député européen danois Jens-Peter Bonde. La directrice d’Human Rights Watch (NdT: financé par le milliardaire protégé des Rockefeller George Soros…) Europe et Asie Centrale Veronika Szente Goldston appelle ses journalistes “les plus ‘rentre-dedans’ de Bruxelles”.

L’UE Observer a attaqué de manière irresponsable Sputnik News et RT, deux sources de réputation pour l’information et l’analyse, qui ont une vue diamétralement opposée à la propagande médiatique occidentale.

Il a appelé sans honte aucune leur information, qui est appréciée par des millions de personnes et plus à venir, “des diffusions fabriquées de toute pièce et des propos haineux en provenance de leurs bureaux respectifs des villes de l’Union Européenne”.

Il a fait allusion à des plans de l’UE de contrer ce qu’ils appellent “l’utilisation et la mauvaise utilisation d’outils de communication… jouant un rôle important dans les développements politiques, économiques et liés à la sécurité dans les pays de l’Est ces 18 derniers mois.

Il a produit un “plan d’action” de neuf pages qui a pour intention de faire passer des messages “positifs”. Il va augmenter le financement pour que la vision de l’Europe retentisse plus profondément et plus efficacement.

Il veut les politiques de l’UE promues dans les anciennes républiques de l’URSS en utilisant la bonne vieille méthode, celle de répéter ad nauseam les plus gros mensonges et le plus souvent possible jusqu’à ce que les gens finissent par les croire.

Une nouvelle cellule du service des relations étrangères de l’UE appelée East StratCom Team et qui sera opérationnelle dès Septembre va gérer tout cela, fonctionnant en cela comme un ministère européen de la propagande.

II “développera des matériels de communication adéquats basé sur des problèmes prioritaires… et qui seront mis à la disposition du leadership politique de l’UE, de ses services de presse, des délégations de l’UE et des états membres de l’UE.”

Le matériel circulé en Russie et dans d’autres pays de l’UE a pour objectif de laisser les consommateurs d’information “comprendre facilement que les réformes politiqus et économiques promues par l’UE peuvent, avec le temps, avoir un impact positif sur leurs vies quotidiennes”, même si précisément c’est le contraire qui est vrai.

Il veut que les soi-disants bénéfices dont les Européens jouiront soient expliqués au peuple à travers tout le continent. Des dizaines de millions de chômeurs, de sous-employés et de personnes appauvries vont-ils croire ce qu’ils savent être faux de par leur propre expérience ?

Sputnik News, RT et des sources d’information indépendantes comme le Progessive Radio Network et bien d’autres gagnent une audience qui ne cesse d’augmenter et de se renforcer au détriment de la pressetituée que les gens abandonnent pour de très bonnes raisons.

De plus en plus de gens veulent la vérité et les révélations sur les choses qui affectent leurs vies et leur bien-être. Les politiciens d’occident veulent que les gens ordinaires soient traités comme les champignons: bien mouillés et dans le noir.

La rédactrice en chef de RT, Margarita Simonyan, a dit que “L’UE essaie de manière diligente d’étouffer la voix alternative de RT dans une période où en Europe, il y a des centaines de journaux, de chaînes de télévision et de radio, qui n’émettent qu’un point de vue à l’unisson sur ce qu’il se passe dans le monde.

La BBC n’est que Fox News avec un accent anglais. Les soi-disantes radios et chaînes de diffusion publiques américaines ne sont pas différentes, disant à leurs auditeurs et à leurs spectateurs tout ce qu’on veut sauf ce qu’ils auraient besoin de savoir le plus.

Simonyan a expliqué “La Grande-Bretagne a une brigade d’armée de 1500 hommes… dont la tâche se compose de lutter contre la Russie dans les médias sociaux. L’OTAN a une force spéciale dont l’objectif est de contrer l’influence russe à travers le monde.

Récemment, la chaîne Deutsche Welle, DW, a lancé une chaîne de télévision 24/24 en anglais pour contrer RT. En même temps, pratiquement tous les médias majeurs de l’occident, incluant la BBC, DW, Euronews, ont depuis longtemps disséminé leur info en langue russe, tandis que Radio Liberty, financée directement par le gouvernement des Etats-Unis, diffuse en russe.”

“Si après tout cela, l’UE se plaint toujours qu’elle ‘perd la guerre de l’information’ contre la Russie, peut-être alors est-il temps de réaliser qu’ ‘un nombre croissant de gens en a ras le bol qu’on leur mente et leur raconte des salades…

Les gens veulent des sources d’information sûres, l’info et l’analyse ne sont pas fournies par les merdias de masse occidentaux qui ne font qu’utiliser des propagandistes déguisés en journalistes.

Visit his blog site at sjlendman.blogspot.com. 

La société contre l’État: Loi sur le renseignement un pas de plus vers le goulag…

Posted in actualité, altermondialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, média et propagande, N.O.M, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, police politique et totalitarisme, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, presse et média, résistance politique, société libertaire, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , on 30 juin 2015 by Résistance 71

Loi sur le renseignement : quoi de neuf ?

 

Groupe Salvador Segui, FA

 

26 juin 2015

 

url de l’article original:

http://salvador-segui.blogspot.com/2015/06/loi-sur-le-renseignement-quoi-de-neuf.html

 

Le pouvoir actuel, socialiste, met en place une nouvelle loi de surveillance. Devons-nous être étonnés de cette initiative ? Est-ce réellement une surprise que de voir ce pouvoir de « gauche » mettre en place des outils sécuritaires et liberticides dans ce qu’ils appellent une démocratie républicaine ? Qu’ils soient de droite ou de gauche, les gouvernements successifs n’ont cessé de promulguer des lois visant à surveiller, collecter, ficher, maîtriser, punir, emprisonner, au nom de la sacro-sainte sécurité. Mais la course à la sécurité dans un monde de plus en plus précaire cache mal les volontés d’asservissement du peuple. Faute d’assurer une sécurité réelle à chacun, les puissants assurent leur propre avenir.

Ainsi, depuis les années 1980 notamment, en matière de sécurité, comme en matière économique et sociale, les différents partis politiques travaillent les détails et la forme afin de masquer leur appartenance et adhésion commune au système capitaliste totalitaire marchand. Ce qu’ils appellent encore la social-démocratie ne ressemble qu’à une parodie tant les inégalités sociales, les injustices, et la mainmise de l’oligarchie sur les structures politiques empêchent l’application des droits fondamentaux de chaque individu. Il n’est pas d’égalité sans liberté et aujourd’hui, par cette énième loi, les libertés sont un peu plus rognées.

Pour faire accepter ces lois scélérates, le pouvoir fait tout naturellement appel aux plus bas instincts et profite de contextes adéquats afin de faire passer les lourdes pilules qu’ils préparent minutieusement.

Ainsi dès 1986, sous l’ère Mitterrand, une première législation spécifique au terrorisme voit le jour. À l’époque déjà on s’attache à lutter contre le mode d’action qu’est le terrorisme, plutôt que de se demander quelles sont les sources et les causes de ces actions. Sans excuser ou justifier l’acte de l’attentat, l’impérialisme, le néocolonialisme, et le néolibéralisme comme apogée du capitalisme doivent être interrogés.

Au milieu des années 1990, Pasqua additionne les mesures sécuritaires et liberticides. La vidéo-surveillance devient un outil privilégié et les préfets voient leur pouvoir s’agrandir avec notamment la possibilité d’interdire des manifestations dans le cas de crainte « de troubles graves à l’ordre public ». Déjà, les mouvements sociaux sont visés !

En 1996 est introduite la notion de délit d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste avec une définition très large permettant d’inquiéter à peu près n’importe qui, là non plus rien de nouveau donc. La loi habilite également les autorités à prendre des mesures préventives s’ils soupçonnent la future commission d’un crime.

En 2001, le gouvernement Jospin accouche de la loi sur la sécurité quotidienne quelques semaines après les attentats du 11 septembre. Déjà les données de communication sont convoitées par le pouvoir. Certaines mesures de cette loi sont annoncées comme temporaires, mais, en 2003, le fameux Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, entérinera ces mesures dans la loi de sécurité intérieure, qui permet, pêle-mêle, l’extension des contrôles d’identité et des fouilles des voitures ; l’extension des fichiers de police et du fichier national des empreintes génétiques ; la légalisation de la consultation de ces fichiers lors d’enquêtes administratives ; la création du délit de racolage passif ; la répression de la mendicité et du bruit dans les halls d’immeuble. Plus de sécurité, vous avez dit ?

En 2001 toujours, le fichier Stic, pour système de traitement des infractions constatées, est officiellement reconnu, alors qu’il fonctionne déjà depuis plusieurs années. On reconnaît ici la supercherie qui consiste à approuver et légitimer des outils utilisés de manière illégale par les services de police. Encore une fois, rien de neuf, nous étions prévenus.

En 2002 et 2004, ce sont les lois Perben qui modifient les modalités de la garde à vue, vous imaginez dans quel sens, autorisent les flics à poser des dispositifs d’écoute dans les véhicules et les domiciles, légalisent les missions d’infiltration, et le mandat de recherche, qui permet d’arrêter quelqu’un et de le mettre en garde à vue, s’il existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner qu’elle a commis ou tenté de commettre un crime ou un délit. Déjà, on était dans l’à peu près et déjà des magistrats avaient manifesté, en vain.

En 2006, la loi relative à la lutte contre le terrorisme généralise l’utilisation de la vidéosurveillance.

La loi relative à la prévention de la délinquance de 2007 durcit les sanctions contre les mineurs dès 10 ans. De nouvelles infractions d’embuscade et de guet-apens contre les policiers sont créées par la même occasion. Doit-on y voir un lien ?

En 2010, la loi relative au renforcement de la lutte contre les violences de groupes  et la protection des personnes chargées d’une mission de service public instituent la création du délit de participation à une bande violente, et les peines encourues sont supérieures pour une personne dissimulant volontairement son  visage.

Ces lois censées assurer la sécurité des individus contre la délinquance, le banditisme, le terrorisme sont d’une part inefficace et d’autre part servent, comme un filet de la NSA, à ratisser large, à offrir des outils de surveillance et de maîtrise de la population. Il s’agit surtout de combattre les déviants, l’ennemi intérieur par la mise en œuvre d’outils de répression toujours plus injustes.

Dans un jeu de dupe à l’Assemblée, les oppositions du moment se placent à tant que défenseur des libertés, mais dans cette mascarade législative, le système répressif et la surveillance généralisée avancent, se mettent en place irrémédiablement, et les uns après les autres, les partis politiques apportent leur contribution à l’édifice immonde.

Cette loi est donc la suite logique d’un processus que nous dénonçons et contre lequel nous nous mobilisons depuis des décennies. Aussi dangereuse soit-elle, cette nouvelle loi n’est qu’une étape supplémentaire dans un parcours déjà bien engagé par les gouvernements successifs qu’ils soient issus du RPR, de l’UMP, du PS, ou qu’ils accueillent des écologistes ou des communistes. Et comment voir des alliés potentiels au travers de ceux qui sont les complices ? Est-ce qu’une manifestation du type « 11 janvier », rassemblant un panel abject de puissants, sans une quelconque cohérence politique, si ce n’est un goût prononcé pour la récupération, pourra constituer une force capable d’inverser le sens de l’histoire? La liberté d’expression est-elle menacée par deux mecs avec des flingues ou par des lois de la sorte?

Nous pouvons espérer que la résistance à cette nouvelle loi constitue une rupture dans l’accompagnement et l’acception des lois liberticides et des politiques gouvernementales, mais cela réclamerait une véritable prise de conscience et une remise en cause des postures, du clientélisme adoptée par certains partis, syndicats, et certaines associations ou ONG. Comme les oppositions factices de l’Assemblée nationale, les opposants politiques se fourvoient dans des compromis pourtant inacceptables et dénués de perspectives réellement progressistes. Les contre-pouvoirs, en premier lieu la justice et les médias, restent chevillés à l’oligarchie à laquelle ils appartiennent. Ainsi, si rupture il y a, elle naîtra uniquement de véritables luttes et combats des opprimés contre les oppresseurs, des exploités contre les exploiteurs, des surveillés contre les surveillants. Une lutte concrète de la base est nécessaire, constituée de fronts communs, une lutte émancipée des partis, des centrales syndicales compromises, une lutte de classe, une lutte autogestionnaire, une lutte qui ne revendique pas mais qui applique. C’est uniquement dans ces perspectives que cette journée peut prendre sens.

Il s’agit pour le pouvoir de punir et de condamner le déviant, l’adversaire politique. Et nous attendons la prochaine vague de lois dégueulasses, pléonasme ! Elles pourraient bien nous venir du Sénat, qui a sorti, il y a quelques semaines, son rapport issu de la Commission d’enquête sur l’organisation et les moyens de la lutte contre les réseaux djihadistes en France et en Europe. En effet, nos chers sénateurs souhaitent « prévenir la radicalisation et adapter la réponse répressive » en mettant « en place des actions obligatoires de formation à la détection de la radicalisation, à destination des acteurs de terrain (personnels enseignants, conseillers d’éducation, personnels de l’aide sociale à l’enfance, éducateurs sportifs, assistants sociaux, personnels pénitentiaires, etc.) » avec la création d’une « grille d’indicateurs listant les comportements susceptibles de signaler l’engagement dans un processus de radicalisation ». Autrement dit un dépistage dès l’enfance de la radicalisation. Ici encore, le phénomène de radicalisation pourra s’adapter à l’ennemi du moment, dissidents politiques en tête. Le rapport associe également radicalisation et troubles psychologiques ; comme dans les États totalitaires du XXe siècle, la psychiatrique serait utilisée afin de faire taire les opposants politiques.

Ce rapport est très instructif sur les ambitions futures du pouvoir. En tant qu’anarchistes, nous sommes les déviants, nous sommes les adversaires politiques des partis au pouvoir, nous sommes les adversaires du pouvoir et de ceux qui souhaitent le conquérir. Nous sommes les inadaptés, les récalcitrants, ainsi nous avons combattu les lois scélérates et nous les combattrons encore.

Il n’existe pas d’égalité et de liberté sous le joug d’un pouvoir, quel qu’il soit. Le pouvoir n’est pas à prendre ou à conquérir, il est à détruire ! Donnons un véritable sens à nos mobilisations et créons immédiatement les rapports de force nécessaires au renversement des lois scélérates et de ceux qui les soutiennent.

Média et propagande: Le fonctionnement du « journalisme » de guerre dans la nébuleuse propagandiste de l’empire…

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, colonialisme, désinformation, documentaire, guerre Libye, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, média et propagande, N.O.M, neoliberalisme et fascisme, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, presse et média, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 30 juin 2015 by Résistance 71

Excellent témoignage de Thierry Meyssan qui a vécu tout cela de l’intérieur d’abord en Libye puis en Syrie. Nous mettons en commentaire un entretien de Meyssan datant d’Août 2011 à Tripoli où il décortique les rouages des servides de renseignement en action avec les journalistes des grands médias opérant en zone de guerre. Son explication de la composition d’une « équipe de télévision » est édifiante à cet égard: Une équipe de « journaleux » en mission de couverture d’un conflit armé dans une guerre de 4ème génération comme cela existe en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie est composé d’une figure médiatique, « celui qui cause dans le poste », qui est un journaliste formé par les services de renseignement de son pays, d’un « producteur » qui est un officier du renseignement militaire en contact permanent via satellite avec sa cellule de l’OTAN et un « technicien/cameraman » qui est un militaire des forces spéciales, chargé de la protection du trio en vadrouille… A voir dans la vidéo de Meyssan ci-dessous ! Très instructif…

— Résistance 71 —

 

Les journalistes et la guerre

 

Thierry Meyssan

 

29 Juin 2015

 

url de l’article:

http://www.voltairenet.org/article187973.html

 

Considérant que les journalistes étaient au service de la paix, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité une résolution pour leur protection en zone de combat. Pourtant, deux semaines plus tard, le département US de la Défense publiait des instructions pour arrêter les professionnels des médias qui se livrent à de l’espionnage ; une décision qui pourrait se retourner contre les journalistes des États membres de l’Otan, observe Thierry Meyssan.

Le débat du Conseil de sécurité du 27 mai dernier sur la protection des journalistes en zone de combat n’a guère fait avancer les choses [1]. Les diplomates ont accusé divers États d’avoir tué ou laissé tuer des journalistes sans relever que la qualité de « journaliste » peut recouvrir des activités de nature différente, y compris de l’espionnage, du sabotage ou du terrorisme.

Jusqu’à présent, on considérait que pour bénéficier de la protection due aux journalistes, il fallait : 
 détenir une carte de presse délivrée par l’autorité compétente de son pays ou de celui dans lequel on travaille ; 
 ne pas prendre part aux combats ; 
 ne pas violer la censure militaire.

On notera l’étrangeté de cette dernière condition initialement prévue pour protéger les secrets militaires, mais utilisable pour masquer la propagande et les crimes de guerre.

En outre, on considérait que les soldats travaillant comme journalistes pour des médias militaires ou les journalistes civils embarqués dans les armées (embedded) ne devaient pas bénéficier du statut de journaliste, mais de celui de soldat.

Se référant au précédent de l’assassinat du commandant Ahmad Shah Massoud par deux journalistes, les États-uniens font valoir que cette profession peut servir de couverture pour une activité terroriste. Plus récemment le citoyen britannique Omar Hussein a rejoint l’Émirat islamique et a publié, sous le pseudonyme d’Abu Awlaki, des articles élogieux de la vie sous Daesh. Cependant, ces exemples de journalistes engagés dans des combats sont complètement marginaux. Le vrai problème est ailleurs avec les médias globaux et la Guerre de 4ème génération (4GW).

Les médias globaux

Jusqu’en 1989, les médias étaient nationaux. La propagande ne pouvait donc s’adresser qu’à son propre camp. On pouvait bien entendu lancer des tracts par avion ou utiliser des émissions de radio en ondes courtes, mais on était toujours perçu comme un locuteur ennemi.

En 1989, une télévision locale états-unienne, CNN, s’est soudainement transformée en télévision globale grâce aux satellites. Son changement de statut —elle n’était plus « américaine »— garantissait sa neutralité dans les conflits. Elle s’est affirmée comme un média d’« information en continu », relayant la chute des Ceaușescu. Le direct garantissait d’empêcher les manipulations et de restituer la vérité.

Or, ce fut exactement le contraire. La rédaction de CNN était —et est de manière définitive depuis 1998— sous la coupe d’une unité militaire installée dans ses locaux, l’United States Army’s Psychological Operations Unit. Elle ne rendit pas compte des événements, mais d’un spectacle mis en scène par la CIA et le Pentagone. On se souvient par exemple de la découverte du charnier de Timișoara. Les images des cadavres de plus de 4 500 jeunes gens [2], vidés de leur sang pour nourrir le dictateur des Carpathes atteint de leucémie ou abattus durant des manifestations, ont fait le tour du monde. Leurs visages avaient été mutilés à l’acide pour qu’on ne les identifie pas. La preuve était faite des horreurs infligées à son peuple par Nicolae Ceaușescu, le « Dracula roumain » [3]. Las ! on apprendra plus tard qu’il s’agissait de corps déterrés au cimetière de la ville.

En diffusant instantanément une fausse nouvelle dans le monde entier, les médias globaux lui ont donné l’apparence d’une vérité partagée. Ce qui faisait la force de cette intoxication, c’est qu’elle était parvenue à convaincre des médias du bloc soviétique, en Hongrie et en Allemagne de l’Est, qui l’ont reprise. Les faits se trouvaient ainsi authentifiés par des alliés de la Roumanie. D’où la concurrence actuelle entre les grandes puissances pour disposer de chaînes globales d’information en continu.

Par ailleurs, les idées selon lesquelles « les journalistes sont là pour dire ce qu’ils voient sur place » et que « le direct empêche les manipulations » sont grotesques. Au contraire, les journalistes ne doivent pas être des témoins, mais des analystes capables de découvrir la vérité derrière les apparences. C’est à cela qu’ils servent, de sorte que le concept d’« information en continu » (au sens de faits filmés sans s’arrêter) est la négation du journalisme. Soit les journalistes sont là pour recouper, vérifier, contextualiser, analyser et interpréter, soit ils ne servent à rien.

Des manipulations comme celle de Timișoara, l’Otan n’a cessé d’en fabriquer durant les guerres de Yougoslavie, d’Irak, d’Afghanistan, d’Irak encore, de Libye et de Syrie [4].

L’incorporation des journalistes de guerre

Cependant, un pas de plus a été franchi, en 1992. Vous avez remarqué que, depuis cette date, les États-Unis et l’Otan n’ont cessé d’être en guerre quelque part dans le monde. Une catégorie de journaliste s’est constituée pour couvrir ces événements. Un peu plus d’une centaine d’entre eux s’est précipitée en Bosnie, puis à Bagdad, à Kaboul ou à Tripoli, donnant ainsi la parole aux adversaires de l’Occident. Or, non pas quelques uns d’entre eux, mais presque tous sont devenus des collaborateurs permanents des services secrets de l’Otan. Et s’ils décrivent les résultats de bombardements de l’Alliance sur des populations civiles, c’est uniquement pour fournir des renseignements militaires et permettre à l’Otan d’ajuster ses tirs. Dès lors, ces journalistes doivent être qualifiés d’agents.

C’est ce que j’expliquais durant la guerre de Libye, soulevant l’indignation de la profession. Pourtant, c’est ce qu’a finalement admis le lieutenant-général Charles Bouchard lorsque l’opération fut terminée. À l’antenne de Radio-Canada, il déclara que le quartier-général de l’Otan à Naples analysait la situation grâce à des « renseignements [qui] venaient de beaucoup de sources, dont les médias qui étaient au sol et nous donnaient beaucoup d’informations sur les intentions et où étaient les forces terrestres ».

Pour crédibiliser le mythe de la « révolution démocratique », l’Otan mettait en scène, en 2012, un village témoin, en Syrie, Jabal al-Zouia. Le cabinet du Premier ministre turc organisait sur place le transport des journalistes qui en faisaient la demande. Ils pouvaient alors filmer les manifestations dans le village et se persuader que toute la Syrie était ainsi. Mais l’Armée arabe syrienne a, elle aussi, envoyé des journalistes —pas des Syriens, bien sûr— auprès des « rebelles » de manière à recueillir des renseignements sur le soutien que leur apportait l’Alliance.

Aussi, la publication cette semaine par le département US la Défense de son Manuel de Droit de la guerre est-elle bienvenue. Ce document explicite l’évolution de la guerre en affirmant que certains journalistes sont en réalité des combattants [5].

Ce faisant, le département de la Défense prend le risque que la plupart des journalistes de guerre occidentaux soient déclarés « belligérants non-privilégiés », une catégorie qu’il a créée lui-même et qui les prive du bénéfice des Conventions de Genève. Lors du prochain conflit, ce pourrait être le sort des collaborateurs d’Al-Jazeera, Al-Arabiya, BBC, CNN, Corriere della Sera, Fox News, France2, France24, Le Monde, Libération, New York Times, Sky News, Washington Post etc… Pour ce citer que ceux que j’ai identifiés.

Les fausses vidéos d’actualité

C’est encore un pas de plus qui a été franchi, en 2011, avec l’usage de vidéos de fiction, tournées en studio à ciel ouvert au Qatar, placées dans les actualités télévisées. Le summum ayant été atteint avec la diffusion, d’abord par Fox News puis par l’ensemble des télévisions atlantistes et du Golfe, d’images de fiction présentant la chute de Tripoli et l’entrée des « rebelles » sur la Place verte, trois jours avant que ces faits ne deviennent réalité.

Un point qui fut violemment démenti par l’Otan avant d’être reconnu par le président du Conseil national de transition, Moustapha Abdel Jalil, au micro de France24 en arabe.

Alors que les États-Unis négociaient avec la Russie un éventuel partage du « Moyen-Orient élargi », en juin 2012, l’Otan envisageait d’utiliser cette technique des fausses vidéos d’actualité pour casser la résistance syrienne et s’emparer du pouvoir. Washington fit déconnecter les télévisions satellitaires syriennes d’ArabSat et s’apprêtait à les chasser également de NileSat. Un pool de chaînes atlantistes (Al-Arabiya, Al-Jazeera, BBC, CNN, Fox, France 24, Future TV, MTV) se préparait à utiliser des images réalisées en studio au Qatar montrant la chute de la République arabe syrienne et des images de synthèse montrant la fuite du président el-Assad [6]. Le signal des fausses chaînes syriennes fut calé sur ArabSat depuis la base de la NSA en Australie. Cependant, l’opération fut annulée juste avant la conférence de Genève 1 du fait des protestations internationales.

Les lois de la propagande sont toujours les mêmes

Ceci dit les développements techniques ne modifient pas les techniques de la propagande. Ce mécanisme reste fondé sur deux principes : 
 par la répétition incessante, un mensonge grossier devient une évidence incontestée ; 
 il ne suffit pas de convaincre les personnes-cibles d’un mensonge, il faut qu’ils le défendent. Et pour cela, il convient de les contraindre, par un moyen ou par un autre, à professer —ne serait-ce qu’une fois— ce qu’ils considèrent encore comme un mensonge. Leur amour-propre suffira à les empêcher de retourner en arrière et de dénoncer la manipulation.

Par exemple, lorsque les services secrets britanniques ont lancé l’idée que la République arabe syrienne lançait des barils d’explosifs depuis des hélicoptères sur sa population civile, vous n’y avez pas cru. En Syrie, où l’on reproche au président el-Assad de brider les actions de l’armée contre les jihadistes par souci de protéger les civils, on n’y a pas cru non plus. Cette accusation est d’autant plus absurde que l’armée dispose de bombes, bien plus efficaces, fournies par la Russie. Pourtant, au bout d’un an de répétition quotidienne, ce mensonge est devenu une vérité incontestée, aussi bien en Occident qu’en Syrie. Peu importe que l’armée n’utilise pas d’hélicoptères à Alep parce que les jihadistes les détruiraient avec des missiles sol-air, la presse publie quand même des « témoignages » de largage de barils d’explosifs depuis des hélicoptères à Alep.

Le système est ainsi fait que les journalistes refusent de reconnaître avoir été trompés et se transforment en propagandistes qui vont, à leur tour, répéter ce que n’importe qui savait au départ être un mensonge. De facto, des professionnels qui pensent être honnêtes, quoique utilisant la rhétorique à la mode, travaillent à répandre le mensonge.

L’incorporation des médias dans l’art de la guerre

Même si de fausses images de la fuite du président el-Assad n’ont finalement pas été utilisées en Syrie, l’Otan a adopté une nouvelle technique de combat : la guerre de 4ème génération (4GW).

La guerre de 1ère génération, c’est la ligne et la colonne, comme au XVIIe siècle. Les armées étaient très hiérarchisées et progressaient lentement. Mais cette organisation ne résista pas à la généralisation des armes à feu. 
La guerre de 2ème génération, c’est la ligne et le feu, comme durant la Première Guerre mondiale. Mais cette organisation s’embourba dans les guerres de tranchées. 
La guerre de 3ème génération, c’est l’infiltration des lignes ennemies et la défense en profondeur. Elle implique la participation des civils, comme lors de la Seconde Guerre mondiale. Mais cette organisation n’a pas résisté au développement des arsenaux et, notamment, aux bombes atomiques. 
La guerre de 4ème génération, c’est celle que l’on ne livre pas soi-même, mais que l’on fait livrer dans des pays lointains par des groupes non-étatiques, comme durant la Guerre froide avec de vraies et de fausses insurrections.

Dans ce type de guerre, qui s’apparente à un désordre général, le Pentagone intègre des médias dans sa salle d’état-major, en tant qu’unités combattantes. Il faut avoir en tête que les médias ont évolué. Ils ne sont plus des coopératives, mais des entreprises capitalistes avec des salariés qui peuvent être instantanément licenciés. Il ne s’agit donc plus d’une centaine de correspondants de guerre qui travaillent en sous-main comme espions, mais de médias qui participent en tant que tels aux combats en mettant l’ensemble de leur personnel à disposition des armées.

Peu importe ici que les journalistes participent eux-mêmes à des relevés militaires ou à des intoxications. Leur travail, même irréprochable, s’insère dans un ensemble qui fait la guerre. Pis : ceux qui sont sincères servent de paravent à ceux qui trichent en leur donnant de la crédibilité.

En définitive, la résolution 2222 n’a été adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité que parce qu’elle ne répond pas à l’évolution du métier de journaliste.

 

[1] « Résolution 2222 et débats (journalistes en zones de conflit) », Réseau Voltaire, 27 mai 2015.

[2] “Mass Graves Found in Rumania ; Relatives of Missing Dig Them Up”, Associated Press, December 22, 1989.

[3] « Les vautours de Timisoara », par Serge Halimi, La Vache folle, août 2000.

[4] « L’effet CNN », cours de Thierry Meyssan à l’Accademia Nazionale della Politica (Palerme, Italie), Réseau Voltaire, 19 mai 2003.

[5] Law of War Manuel, US Defense Department, June 2015.

[6] « L’OTAN prépare une vaste opération d’intoxication », par Thierry Meyssan, Komsomolskaïa Pravda (Russie), Réseau Voltaire, 10 juin 2012.

Résistance au colonialisme: Déchirer le voile de la « Couronne » (City de Londres)

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, économie, colonialisme, démocratie participative, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, média et propagande, militantisme alternatif, N.O.M, neoliberalisme et fascisme, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , , , on 29 juin 2015 by Résistance 71

La magie du fric babylonien

 

Mohawk Nation News

 

27 Juin 2015

 

url de l’article original:

http://mohawknationnews.com/blog/2015/06/27/babylonian-money-magic/

 

La COURONNE (NdT: la city de Londres) a remis Joe Norton comme chef de Kahnawake. Le chef précédent n’a pas pu remplir son contrat en temps et en heure. Dans la prétendue démocratie, les conseils de bandes des corporations, appelés aussi “les Indiens traînant autour du fort” (NdT: en référence aux Indiens qui vivaient autour des forts militiares coloniaux de la manne des colons. Ces Indiens étaient déconsidérés par leurs pairs refusant la domination coloniale et vivant sur leurs terres ancestrales), obéissent à la COURONNE qui établit les règles et prend les décisions. Les banquiers de la City de Londres ont mis en place une escroquerie depuis le temps où ils ont mis les pieds ici. Ils ont prêté de l’argent à leurs marchands de tapis envoyés pour nous voler tout ce qu’ils pouvaient. Les banquiers reçoivent un retour sur leur investissement, argent qui aurait dû nous être versé pour nos ressources. (NdT: Les Amérindiens ne croient pas en la propriété privée et en l’accumulation de richesse, cette déclaration n’est faite qu’en se plaçant dans le même schéma capitaliste que les colons afin de mieux faire comprendre de quoi il retourne…). La matrice monétaire et militaire du Vatican a été créée pour créer les “possédants” et les “dépossédés”. Ils ont volé et pillé par tous les moyens possible avec la seule force, intimidation et le génocide pour justifications. Les INDIENS des conseils de bandes corporatifs sont là pour les aider dans leur mission.

La matrice coloniale est un racket de protection. Les requins de la finance prêtent de l’argent à très haut taux d’intérêt ou une promesse de nous protéger d’eux-mêmes. Leur agence de ramassage militaire a collecté de nous en nous menaçant de nous briser les jambes, de mettre le feu à nos maisons ou de nous assassiner.

La COURONNE veut retirer Kahnawake de la zone franche (sans impôts). Norton et ses souteneurs ont tenté précédemment d’y amener un casino et les impôts. Le peuple a dit “NON”, deux fois. Dans la matrice du casino, contrôlée par le Canada, les employés ne paient pas d’impôts dans un premier temps. Après 15 ou 20 ans, le fisc débarque et demande des arriérés d’impôts pour les années passée. 100% des profits vont à un petit groupe de vendus et au gouvernement entrepreneurial. Si nous ne les payons pas, nos terres, nos maisons et nos ressources sont saisies. On nous arrête ou on nous déporte de nos terres.

Dans l’affaire du casino d’Akwesasne, la population blanche extérieure a vu notre prospérité. Elle a mis la pression sur la ville d’Albany puis sûr Washington pour nous faire fermer et pour faire passer des lois restreignant notre croissance économique. Pour nous, la terre Ono’ware:geh (native), les passages fluviaux et aériens sont des zones franches, exonérées de toute forme d’impôt.

On donne l’idée à notre peuple que notre éducation, notre santé et nos services sociaux nous sont donnés par les colons et le système colonial. Ce sont nos fonds dont ils se servent pour faire croire à une sorte de “charité”. Toutes les escroqueries s’effondrent lorsque les propriétaires des ressources commencent à résister. Il n’y a qu’un seul business ici pour la COURONNE sur Ono’ware:geh (l’Île de la Grande Tortue) et c’est le vol de nos ressources fondé sur notre génocide. Ongwe’hon:we (peuples natifs) exposent et résistent aux collecteurs qui essaient de récupérer les paiements pour la dette de “protection” de la COURONNE.

Avec l’aide des conseils de bandes INDIENS entrepreneuriaux, la COURONNE planifie de nous exterminer et de contrôler toutes nos affaires en supprimant nos clans et la loi de la terre, Kaia’nereh:kowa. Bien de nos hommes d’affaire flanqués de leur souteneurs de l’extérieur violent notre souveraineté en allant à Ottawa et à Washington pour mendier la permission de créer des entreprises. Les Nations ne font pas cela ! La COURONNE est à notre porte. Chaque ongwe’hon:weh (personne indigène) sait qui doit à qui !

Unistoten Camp:

http://unistotencamp.com/?p=1092

 

-[]-[]-<I>-[]-[]-

 

La chute du vampire romain

 

28 Juin 2015

 

url de l’article:

http://mohawknationnews.com/blog/2015/06/28/fall-of-the-roman-vampire/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

La City de Londres contrôle tous les tribunaux de l’amirauté dans le monde entier (NdT: tribunaux coloniaux). Elle fait passer en force ses lois, so langage et sa culture politique et commerciale et ce à nos périls. X-Rouge, l’être ongwe’hon:weh inter-dimensionnel nous protège. Il dit que la phrase “l’empire sur lequele le soleil ne se couche jamais” nous fut volée. Notre objectif établi de la Grande Paix fut perverti.

Ce qui se veut pouvoir se nourrit d’émotions négatives promues au travers des merdias de masse qu’ils possèdent. Les merdias agissent comme leur usine à bouffe. Ils mourront de faim sans eux. Ils promeuvent la peur, la colère et la haine de tout le monde dans leurs infos afin de contrôler émotionnelement les masses. Ceci est le carburant de leur hiérarchie masculine. Le X-Rouge nous dit: “beaucoup d’ongwe’hon:weh (indigènes) sont assassinés pour nourrir cette bête. Au plus de sang, de meurtres et de suicides, au mieux pour eux.”

X-Rouge nous avertit: “les vampires n’existent que d’émotions négatives. Au travers de leur stratégie babylonienne du diviser pour mieux régner, ils s’attendent à une domination totale du monde entier pour leur Nouvel Ordre Mondial. La grille de contrôle vampire consiste des Banksters, franc-maçons, les Illuminatis et autres groupes ésotériques hiérarchisés. Les vampires aiment se pavaner et montrer leur richesse et leur statut assumé au sein de la populace dont ils se nourrissent.

Ils essaient de nous faire peur en nous disant: “J’ai un pouvoir magique qui va vous nuire”, afin de maintenir en vie leur énergie négative collective mangeuse d’Homme. Leurs institutions mettent leurs instruments de peur dans nos esprits. X-Rouge connaît leur sac de tours bon marché. Comme le magicien, ils font un grand mouvement avec leur main gauche et avec leur main droite ils nous font les poches et nous poignardent.

Lorsque le peuple utilise la plus forte médecine au monde: tekaneron’kwa:tserah, [le seul véritable amour], les vampires vont se recoqueviller et mourir. La paix s’ensuivra. X-Rouge demande: “Allez-vous laisser leurs pensées destructrices envahir votre esprit ?” Nos ancêtres ongwe’hon:weh furent enlevés et emmenés en Europe. Ils y virent des gens, sales, malades, affamés vivant dans un enfer sur terre. Les vampires vont toujours chercher plus de sang. Ils voudront notre terre, nos ressources et voudront nous tuer. X-Rouge dit: “Nous pouvons les battre avec la connaissance et la rapidité de pensée.”

Regardez-vous et votre famille. Notre intelligence est activée par la grande médecine: tekaneron’kwa:tserah.

X-Rouge monta sur son oiseau argenté, “Je reviendrai et entrerai dans vos esprits quand je serai désiré de retour pour nous rappeler de ne pas dévier, rappelez-vous de notre sagesse pour nos enfants, agissez pour le bien et pour chacun de chérir la Grande Paix.”

La plus grande victoire des vampires est de vous faire croire qu’ils n’existent pas: “Gardez l’esprit juste en ne craignez rien. Restez sur le chemin qui mène à la paix et les vampires mourront de faim.”

Socialisme, anarchisme et stratégie Godwin.

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, économie, guerres imperialistes, militantisme alternatif, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, résistance politique, société libertaire, terrorisme d'état, Union Europeenne et nouvel ordre mondial with tags , , , , , , , , , , , , , , on 29 juin 2015 by Résistance 71

Jean-Claude Michéa

 

Source:

http://www.journaldumauss.net/?Socialisme-anarchisme-et-strategie

 

Où l’auteur revient, notamment, sur sa sensibilité anarchiste et sur l’accusation selon laquelle sa critique du capitalisme entretiendrait un « rapport ambigu, certains disent même structurel, avec le « néofascisme » »…Nous remercions notre ami Jean-Claude Michéa et la revue libertaire belge Ballast (http://www.revue-ballast.fr) de nous autoriser à reprendre pour le Journal du MAUSS ce tout récent entretien.

Question 1 : Vous venez du PC et possédez, à la base, une formation marxiste. Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à ces « frères ennemis », pour reprendre la formule de Guérin, que sont Bakounine, Proudhon, Rocker, Camus, Durruti, Voline, Goodman, Louise Michel, Albert Thierry, Chomsky, Landauer, James C.Scott ou Graeber, que vous citez au fil de vos textes ?

Bien des problèmes rencontrés par le mouvement anticapitaliste moderne tiennent au fait que le terme de « socialisme » recouvre, depuis l’origine, deux choses qu’il serait temps de réapprendre à distinguer. Il s’applique aussi bien, en effet, à la critique radicale du nouvel ordre capitaliste issu des effets croisés de la révolution industrielle et du libéralisme des Lumières qu’aux innombrables descriptions positives de la société sans classe qui était censée succéder à cet ordre, qu’il s’agisse du Voyage en Icarie de Cabet, du nouveau monde sociétaire de Charles Fourier ou de la Critique du programme de Gotha de Karl Marx. Or il s’agit là de deux moments philosophiquement distincts. On peut très bien, par exemple, accepter l’essentiel de la critique marxiste de la dynamique du capital (la loi de la valeur, le fétichisme de la marchandise, la baisse tendancielle du taux de profit, le développement du capital fictif etc.) sans pour autant souscrire – à l’instar d’un Lénine ou d’un Kautsky – à l’idéal d’une société reposant sur le seul principe de la grande industrie « socialisée » et, par conséquent, sur l’appel au développement illimité des « forces productives » et à la gestion centralisée de la vie collective (pour ne rien dire des différentes mythologies de l’« homme nouveau » – ou artificiellement reconstruit – qu’appelle logiquement cette vision « progressiste »). C’est donc l’échec, rétrospectivement inévitable, du modèle « soviétique » (modèle qui supposait de surcroît – comme l’école de la Wertkritik l’a bien montré – l’occultation systématique de certains des aspects les plus radicaux de la critique de Marx) qui m’a graduellement conduit à redécouvrir les textes de l’autre tradition du mouvement socialiste originel, disons celle du socialisme coopératif et antiautoritaire, tradition que l’hégémonie intellectuelle du léninisme avait longtemps contribué à discréditer comme « petite-bourgeoise » et « réactionnaire ». J’ajoute que dans mon cas personnel, c’est avant tout la lecture – au début des années 70 – des écrits de Guy Debord et de l’internationale situationniste (suivie, un peu plus tard, de celle de George Orwell, de Christopher Lasch et d’Ivan Illich) qui m’a progressivement rendue possible cette sortie philosophique du modèle léniniste. Les analyses de l’I.S. permettaient à la fois, en effet, de penser le capitalisme moderne comme un « fait social total » (tel est bien le sens du concept de « société du Spectacle » comme forme accomplie de la logique marchande) et d’en fonder la critique sur ce principe d’autonomie individuelle et collective qui était au cœur du socialisme coopératif et de l’« anarcho-syndicalisme ». Et cela, au moment même où la plupart des intellectuels déçus par le stalinisme et le maoïsme amorçaient leur repli stratégique sur cet individualisme libéral du XVIIIe siècle – la synthèse de l’économie de marché et des « droits de l’homme » – dont le socialisme originel s’était précisément donné pour but de dénoncer l’abstraction constitutive et les implications désocialisantes.

Question 2 : Au fond, on sent que la tradition libertaire est chez vous une profonde assise morale et philosophique bien plus qu’un programme politique (pourtant présents, aujourd’hui encore, dans tous les mouvements anarchistes constitués de par le monde). Quelles sont les limites théoriques et pratiques que vous lui trouvez et qui vous empêchent de vous en revendiquer pleinement ?

C’est une question assurément très complexe. Il est clair, en effet, que la plupart des anarchistes du XIXe siècle se considéraient comme une partie intégrante du mouvement socialiste originel (il suffit de se référer aux débats de la première internationale). Mais alors qu’il n’y aurait guère de sens à parler de « socialisme » avant la révolution industrielle (selon la formule d’un historien des années cinquante, le « pauvre » de Babeuf n’était pas encore le « prolétaire » de Sismondi), il y en a clairement un, en revanche, à poser l’existence d’une sensibilité « anarchiste » dès la plus haute antiquité (et peut-être même, si l’on suit Pierre Clastres, dans le cas de certaines sociétés dites « primitives »). C’est ce qui avait, par exemple, conduit Jaime Semprun et l’Encyclopédie des nuisances à voir dans l’œuvre de Pao King-yen et de Hsi K’ang – deux penseurs chinois du troisième siècle – un véritable « éloge de l’anarchie » (Eloge de l’anarchie par deux excentriques chinois, Paris, 2004). Cela s’explique avant tout par le fait que la question du pouvoir est aussi ancienne que l’humanité – contrairement aux formes de domination capitalistes qui ne devraient constituer, du moins faut-il l’espérer, qu’une simple parenthèse dans l’histoire de cette dernière. Il s’est toujours trouvé, en effet, des peuples, ou des individus, si farouchement attachés à leur autonomie qu’ils mettaient systématiquement leur point d’honneur à refuser toute forme de servitude, que celle-ci leur soit imposée du dehors ou, ce qui est évidemment encore plus aliénant, qu’elle finisse, comme dans le capitalisme de consommation moderne, par devenir « volontaire ». En ce sens, il existe incontestablement une tradition « anarchiste » (ou « libertaire ») dont les principes débordent largement les conditions spécifiques de la modernité libérale (songeons, par exemple, à l’œuvre de La Boetie ou à celle des cyniques grecs) et dont l’assise principale – je reprends votre formule – est effectivement beaucoup plus « morale et philosophique » (j’ajouterais même « psychologique ») que politique, au sens étroit du terme. C’est évidemment la persistance historique de cette sensibilité morale et philosophique (l’idée, en somme, que toute acceptation de la servitude est forcément déshonorante pour un être humain digne de ce nom) qui explique le développement, au sein du mouvement socialiste originel – et notamment parmi ces artisans et ces ouvriers de métier que leur savoir-faire protégeait encore d’une dépendance totale envers la logique du salariat – d’un puissant courant libertaire, allergique, par nature, à tout « socialisme d’Etat », à tout « gouvernement des savants » (Bakounine) et à toute discipline de parti calquée, en dernière instance, sur les seules formes hiérarchiques de l’usine bourgeoise. Le problème c’est qu’au fur et à mesure que la dynamique de l’accumulation du capital conduisait inexorablement à remplacer la logique du métier par celle de l’emploi (dans une société fondée sur le primat de la valeur d’usage et du travail concret, une telle logique devra forcément être inversée), le socialisme libertaire allait progressivement voir une grande partie de sa base populaire initiale fondre comme neige au soleil. Avec le risque, devenu patent aujourd’hui, que la critique anarchiste originelle – celle qui se fondait d’abord sur une « assise morale et philosophique » – laisse peu à peu la place à un simple mouvement d’extrême gauche parmi d’autres, ou même, dans les cas les plus extrêmes, à une posture purement oedipienne (c’est ainsi que dans un entretien récent avec Raoul Vaneigem, Mustapha Khayati rappelait qu’une partie des querelles internes de l’I.S. pouvaient s’expliquer par le fait qu’« un certain nombre d’entre nous, autour de Debord, avait un problème à régler, un problème avec le père »). La multiplication des conflits de pouvoir au sein de nombreuses organisations dites « libertaires » – conflits dont les scissions répétitives et la violence des polémiques ou des excommunications sont un symptôme particulièrement navrant – illustre malheureusement de façon très claire cette lente dégradation idéologique d’une partie du mouvement anarchiste moderne : celle dont les capacités de résistance morale et intellectuelle au maelstrom libéral sont, par définition, les plus faibles – comme c’est très souvent le cas, par exemple, chez les enfants perdus des nouvelles classes moyennes métropolitaines (le microcosme parisien constituant, de ce point de vue, un véritable cas d’école ). De là, effectivement, mes réticences à me situer aujourd’hui par rapport au seul mouvement anarchiste orthodoxe et, surtout, mon insistance continuelle (dans le sillage, entre autres, d’Albert Camus et d’André Prudhommeaux) à défendre cette idée de « décence commune » dont l’oubli, ou le refus de principe, conduit presque toujours un mouvement révolutionnaire à céder, tôt ou tard, à la fascination du pouvoir et à se couper ainsi des classes populaires réellement existantes.

Question 3 : Comme vous savez, le terme « libertaire » a été inventé par Déjacque en opposition au terme « libéral », lors d’une querelle avec Proudhon. Vous n’avez pas de mots assez durs contre les « libéraux-libertaires » chers, si l’on peut dire, à Clouscard. Comment expliquez-vous cette alliance a priori incongrue ?

On aura une idée supplémentaire de toutes ces difficultés sémantiques si l’on ajoute que la traduction américaine du mot « libertaire » (le journal de Joseph Déjacque était certes publié à New-York, mais uniquement en français) est libertarian. Or ce dernier terme (qu’on a curieusement retraduit par « libertarien ») en est peu à peu venu à désigner, aux Etats-Unis, la forme la plus radicale du libéralisme économique, politique et culturel – celle qu’incarnent notamment Murray Rothbard et David Friedman – au point d’être parfois considéré aujourd’hui comme un simple équivalent de celui d’« anarcho-capitaliste » ! Pour dissiper ce nuage d’encre, il est donc temps d’en revenir aux fondements mêmes de la critique socialiste originelle de l’anthropologie libérale. On sait, en effet, que pour les libéraux – il suffit de lire John Rawls – l’homme doit toujours être considéré comme un être « indépendant par nature » et qui ne peut donc chercher à nouer des liens avec ses semblables (ne serait-ce – écrit ironiquement David Graeber – que pour pouvoir « échanger des peaux de castor ») que dans la stricte mesure où ce type d’engagement contractuel lui paraît « juste », c’est-à-dire, en dernière instance, conforme à son « intérêt bien compris ». Dans cette perspective à la Robinson Crusoe (Marx voyait significativement dans le cash nexus des économistes libéraux – terme qu’il avait emprunté au « réactionnaire » Carlyle – une pure et simple « robinsonnade »), il va de soi qu’aucune norme morale, philosophique ou religieuse ne saurait venir limiter du dehors le droit « naturel » de tout individu à vivre en fonction de son seul intérêt égoïste (y compris dans sa vie familiale et affective), si ce n’est, bien entendu, la liberté équivalente dont sont supposés disposer symétriquement les autres membres d’une société libérale (les interventions de l’Etat « minimal » n’ayant alors plus d’autre prétexte officiel que la nécessité permanente de protéger ces libertés individuelles, que ce soit sur le plan politique et culturel – la défense des « droits de l’homme », y compris en Irak, au Mali ou en Afghanistan – ou économique – la défense de la libre concurrence et de la liberté intégrale d’entreprendre, de vendre et d’acheter ). Or si la plupart des fondateurs du socialisme partageaient effectivement l’idéal émancipateur des Lumières et leur défense de l’esprit critique (ils étaient évidemment tout aussi hostiles que les libéraux aux sociétés oppressives et inégalitaires d’ancien régime) ils n’en dénonçaient pas moins l’anthropologie individualiste et abstraite sur laquelle cet idéal était structurellement fondé. A leurs yeux il allait de soi, en effet, que l’homme était d’abord un être social, dont la prétendue « indépendance naturelle » (déjà contredite par la moindre observation ethnologique) impliquait – comme Marx l’écrivait en 1857 – une « chose aussi absurde que le serait le développement du langage sans la présence d’individus vivant et parlant ensemble ». De là, naturellement, le rôle philosophique absolument central que ces premiers socialistes accordaient aux concepts d’entraide et de « communauté » (on a presque fini par oublier que le terme de « socialisme » s’opposait, à l’origine, à celui d’« individualisme ») et leur critique corrélative du dogme libéral selon lequel l’émancipation intégrale des individus ne pourrait trouver ses ultimes conditions que dans la transformation correspondante de la société – pour reprendre une formule de l’école saint-simonienne – en une simple « agrégation d’individus sans liens, sans relations, et n’ayant pour mobile que l’impulsion de l’égoïsme » (la coexistence « pacifique » des individus ainsi atomisés devant alors être assurée par les seuls mécanismes anonymes et impersonnels du Droit et du Marché, eux-mêmes placés sous l’égide métaphysique du Progrès continuel de la Science et des « nouvelles technologies »). Il suffit, dès lors, de réactiver ce clivage originel (ce qui suppose – vous vous en doutez bien – une rupture radicale avec tous les postulats idéologiques de la gauche et de l’extrême gauche contemporaines) pour redécouvrir aussitôt ce qui sépare fondamentalement un authentique libertaire – celui dont la volonté d’émancipation personnelle, à l’image de celle d’un Kropotkine, d’un Gustav Landauer, ou d’un Nestor Makhno, s’inscrit nécessairement dans un horizon collectif et prend toujours appui sur les « liens qui libèrent » (comme, par exemple, l’amour, l’amitié ou l’esprit d’entraide) – d’un « libertaire » libéral (ou « anarcho-capitaliste ») aux yeux duquel un tel travail d’émancipation personnelle ne saurait être l’oeuvre que d’un sujet « séparé de l’homme et de la communauté » (Marx), c’est-à-dire, en définitive, essentiellement narcissique (Lasch) et replié sur ses caprices individuels et son « intérêt bien compris » (quand ce n’est pas sur sa seule volonté de puissance, comme c’était par exemple le cas chez le Marquis de Sade). C’est d’ailleurs cette triste perversion libérale de l’esprit « libertaire » que Proudhon avait su décrire, dès 1858, comme le règne de « l’absolutisme individuel multiplié par le nombre de coquilles d’huîtres qui l’expriment ». Description, hélas, rétrospectivement bien prophétique et qui explique, pour une grande part, le désastreux naufrage intellectuel de la gauche occidentale moderne et, notamment, son incapacité croissante à admettre que la liberté d’expression c’est d’abord et toujours, selon la formule de Rosa Luxembourg, la liberté de celui qui pense autrement.

Question 4 : Le Monde libertaire, fameux organe anarchiste, vous a consacré quelques pages en mars 2014. S’il louait un certain nombre de vos analyses, il vous reprochait votre usage du terme « matriarcat », votre conception de l’internationalisme (en ne prenant pas la défense des travailleurs sans-papiers), et surtout, ce qu’il percevait comme une complaisance à l’endroit des penseurs ou formations nationalistes ou néofascistes au prétexte qu’ils sont antilibéraux et que cela constitue votre clivage essentiel, quitte à fouler aux pieds tout ce qui dans ces traditions, s’oppose brutalement à l’émancipation de chacune des composantes du corps social. En somme, de préférer, à tout prendre, Zemmour ou de Benoist à Fassin ou Besancenot. Comprenez-vous que vous puissiez créer ce « malaise » (le mot est du journal) au sein de tendances (socialistes, libertaires, communistes, révolutionnaires etc.) qui, pourtant, apprécient votre travail atypique ?

Passons d’abord sur l’idée grotesque – et visiblement inspirée par le courant féministe dit « matérialiste » – selon laquelle l’accumulation mondialisée du capital (dont David Harvey rappelait encore récemment qu’elle constituait la dynamique de base à partir de laquelle notre vie était quotidiennement façonnée) trouverait sa condition anthropologique première dans le développement du « patriarcat » – lui-même allégrement confondu avec cette domination masculine qui peut très bien prospérer, à l’occasion, à l’abri du matriarcat psychologique. Une telle idée incite évidemment à oublier – comme le soulignait déjà Marx – que le processus d’atomisation marchande de la vie collective conduit, au contraire, « à fouler aux pieds toutes les relations patriarcales » et, d’une manière générale, à noyer toutes les relations humaines « dans les eaux glacées du calcul égoïste ». Passons également sur cette assimilation pour le moins hâtive (et que l’extrême gauche post-mitterrandienne ne songe même plus à interroger) de l’internationalisme du mouvement ouvrier originel à cette nouvelle idéologie « mobilitaire » (dont la libre circulation mondiale de la force de travail et le tourisme de masse ne représentent, du reste, qu’un aspect secondaire) qui constitue désormais – comme le rappelait Kristin Ross – « le premier impératif catégorique de l’ordre économique » libéral. Mes critiques semblent avoir oublié, là encore, que l’une des raisons d’être premières de l’association internationale des travailleurs, au XIXe siècle, était précisément la nécessité de coordonner le combat des différentes classes ouvrières nationales contre ce recours massif à la main d’œuvre étrangère qui apparaissait déjà, à l’époque, comme l’une des armes économiques les plus efficaces de la grande bourgeoisie industrielle. Comme le soulignaient, par exemple, les représentants du mouvement ouvrier anglais (dans un célèbre appel de novembre 1863 adressé au prolétariat français), « la fraternité des peuples est extrêmement nécessaire dans l’intérêt des ouvriers. Car chaque fois que nous essayons d’améliorer notre condition sociale au moyen de la réduction de la journée de travail ou de l’augmentation des salaires, on nous menace toujours de faire venir des Français, des Allemands, des Belges qui travaillent à meilleur compte ». Naturellement, les syndicalistes anglais – étrangers, par principe, à toute xénophobie – s’empressaient aussitôt d’ajouter que la « faute n’en est certes pas aux frères du continent, mais exclusivement à l’absence de liaison systématique entre les classes industrielles des différents pays. Nous espérons que de tels rapports s’établiront bientôt [de fait, l’association internationale des travailleurs sera fondée l’année suivante] et auront pour résultat d’élever les gages trop bas au niveau de ceux qui sont mieux partagés, d’empêcher les maîtres de nous mettre dans une concurrence qui nous rabaisse à l’état le plus déplorable qui convient à leur misérable avarice » (notons qu’on trouvait déjà une analyse semblable des effets négatifs de la politique libérale d’immigration dans l’ouvrage d’Engels sur la situation de la classe laborieuse en Angleterre). Comme on le voit, la conception de la solidarité internationale défendue par les fondateurs du mouvement ouvrier était donc un peu plus complexe (et surtout impossible à confondre avec ce culte de la « mobilité » et de la « flexibilité » qui est au cœur de l’idéologie capitaliste moderne) que celle du brave Olivier Besancenot ou de n’importe quel autre représentant de cette nouvelle extrême gauche qui apparaît désormais – pour reprendre une expression de Marx – « au-dessous de toute critique ».

Quant à l’idée selon laquelle ma critique du capitalisme entretiendrait un rapport ambigu, certains disent même structurel, avec le « néofascisme » – idée notamment propagée par Philippe Corcuff, Luc Boltanski et Jean-Loup Amselle – elle me semble pour le moins difficile à concilier avec cet autre reproche (que m’adressent paradoxalement les mêmes auteurs) selon lequel j’accorderais trop d’importance à cette notion de common decency qui constituait aux yeux d’Orwell le seul fondement moral possible de tout antifascisme véritable. Il est vrai que les incohérences inhérentes à ce type de croisade (dont le signal de départ avait été donné, en 2002, par la très libérale Fondation Saint-Simon, avec la publication du pamphlet de Daniel Lindenberg sur les « nouveaux réactionnaires ») perdent une grande partie de leur mystère une fois que l’on a compris que l’objectif premier des nouveaux évangélistes libéraux était de rendre progressivement impossible toute analyse sérieuse (ou même tout souvenir concret) de l’histoire véritable des « années trente » et du fascisme réellement existant. Et cela, bien sûr, afin de faire place nette – ce qui n’offre plus aucune difficulté majeure dans le monde de You tube et des « réseaux sociaux » – à cet « antifascisme » abstrait, et purement instrumental sous lequel, depuis 1984, la gauche moderne ne cesse de dissimuler sa conversion définitive au libéralisme. Bernard-Henri Levy l’avait d’ailleurs reconnu lui-même lorsqu’il écrivait, à l’époque, que « le seul débat de notre temps [autrement dit, le seul qui puisse être encore médiatiquement autorisé] doit être celui du fascisme et l’antifascisme ». Or on ne peut rien comprendre à l’écho que le fascisme a pu rencontrer, tout au long du XXe siècle, dans de vastes secteurs des classes populaires, et des classes moyennes, si l’on ne commence pas – à la suite d’Orwell – par prendre acte du fait qu’il constituait d’abord, du moins dans sa rhétorique officielle, une forme pervertie, dégradée, voire parodique du projet socialiste originel (« tout ce qu’il y a de bon dans le fascisme – n’hésitait pas à écrire Orwell – est aussi implicitement contenu dans le socialisme »). Ce qui veut tout simplement dire que cette idéologie ontologiquement criminelle (analyse qui vaudrait également pour les autres formes de totalitarisme, y compris celles qui s’abritent aujourd’hui sous l’étendard de la religion) trouvait, au même titre que le socialisme, son point de départ moral et psychologique privilégié dans le désespoir et l’exaspération croissante d’une partie des classes populaires devant cette progressive « dissolution de tous les liens sociaux » (Debord) que le principe de neutralité axiologique libéral engendre inexorablement (processus qu’Engels décrivait, pour sa part, comme la « désagrégation de l’humanité en monades dont chacune à un principe de vie particulier et une fin particulière »). Naturellement, la fétichisation du concept d’unité nationale (qui ne peut qu’entretenir l’illusion d’une collaboration « équitable » entre le travail et le capital) et sa nostalgie romantique des anciennes aristocraties guerrières (avec son culte du paganisme, de la hiérarchie et de la force brutale) interdisaient par définition au fascisme de désigner de façon cohérente les causes réelles du désarroi ressenti par les classes populaires, tout comme la véritable logique de l’exploitation à laquelle elles se trouvaient quotidiennement soumises. De là, entre autres, cet « antisémitisme structurel » (Robert Kurz) qui « ne fait que renforcer le préjugé populaire du « capital accapareur » rendu responsable de tous les maux de la société et qui, depuis deux cents ans, est associé aux juifs » (Robert Kurz ne manquait d’ailleurs pas de souligner, après Moishe Postone, que cet antisémitisme continuait d’irriguer, « de façon consciente ou inconsciente » – et, le plus souvent, sous le masque d’une prétendue solidarité avec le peuple palestinien – une grande partie des discours de l’extrême gauche contemporaine). Il n’en reste pas moins que l’idéologie fasciste – comme c’était d’ailleurs déjà le cas, au XIXe siècle, de celle d’une partie de la droite monarchiste et catholique (on se souvient, par exemple, du tollé provoqué sur les bancs de la gauche par Paul Lafargue – en décembre 1891 – lorsqu’il avait osé saluer dans une intervention du député catholique Albert de Mun « l’un des meilleurs discours socialistes qui aient été prononcés ici ») – incorpore, tout en les dénaturant, un certain nombre d’éléments qui appartiennent de plein droit à la tradition socialiste originelle. Tel est bien le cas, entre autres, de la critique de l’atomisation marchande du monde, de l’idée que l’égalité essentiellement abstraite des « citoyens » masque toujours le pouvoir réel de minorités qui contrôlent la richesse et l’information, ou encore de la thèse selon laquelle aucun monde véritablement commun ne saurait s’édifier sur l’exigence libérale de « neutralité axiologique » (d’ailleurs généralement confondue, de nos jours, avec le principe de « laïcité ») ni, par conséquent, sur ce relativisme moral et culturel « postmoderne » qui en est l’expression philosophique achevée (à l’inverse, on aurait effectivement le plus grand mal à trouver, dans toute l’œuvre d’Eric Fassin, une seule page qui puisse réellement inciter les gens ordinaires à remettre en question la dynamique aveugle du capital ou l’imaginaire de la croissance et de la consommation). C’est naturellement l’existence de ces points d’intersection entre la critique fasciste de la modernité libérale (ou, d’une manière générale, sa critique « réactionnaire ») et celle qui était originellement portée par le mouvement ouvrier socialiste, qui allait donc permettre aux think tanks libéraux (Fondation Saint-Simon, Institut Montaigne, Terra Nova etc.) de mettre très vite au point – au lendemain de la chute de l’empire soviétique – cette nouvelle stratégie Godwin (ou de reductio ad hitlerum) qui en est progressivement venue à prendre la place de l’ancienne rhétorique maccarthyste. Stratégie particulièrement économe en matière grise – d’où le succès qu’elle rencontre chez beaucoup d’intellectuels de gauche – puisqu’il suffira désormais aux innombrables spin doctors du libéralisme de dénoncer rituellement comme « fasciste » (ou, à tout le moins, de nature à engendrer un regrettable « brouillage idéologique ») toute cette partie de l’héritage socialiste dont une droite antilibérale se montre toujours capable, par définition, de revendiquer certains aspects – moyennant, bien sûr, les inévitables ajustements que son logiciel inégalitaire et nationaliste lui impose par ailleurs. A tel point que les représentants les plus intelligents de cette droite antilibérale ont eux-mêmes fini par comprendre, en bons lecteurs de Gramsci, tout le bénéfice qu’il leur était à présent possible de tirer de leurs hommages sans cesse plus appuyés – et sans doute parfois sincères – à l’œuvre de Marx, de Debord ou de Castoriadis. Un tel type de récupération est, du reste, d’autant plus inévitable que le disque dur métaphysique de la gauche moderne – à présent « prisonnière de l’ontologie capitaliste » (Kurz) – ne lui permet plus, désormais, de regarder en face la moindre réalité sociologique concrète (comme dans le célèbre conte d’Andersen sur les Habits neufs de l’Empereur) et, par conséquent, de percevoir dans la détresse et l’exaspération grandissantes des classes populaires (qu’elle interprète nécessairement comme un signe de leur incapacité frileuse à s’adapter « aux exigences du monde moderne ») tout ce qui relève, au contraire, d’une protestation légitime (je renvoie ici au remarquable essai de Stephen Marglin sur the Dismal science) contre le démantèlement continuel de leurs identités et de leurs conditions matérielles de vie par la dynamique transgressive du marché mondialisé et de sa culture « postmoderne » (« cette agitation et cette insécurité perpétuelles » – écrivait déjà Marx – « qui distinguent l’époque bourgeoise de toutes les précédentes »). De là, bien entendu, l’étonnante facilité avec laquelle il est devenu aujourd’hui possible de discréditer a priori toutes ces mises en question de la logique marchande et de la société du Spectacle qui, il y a quelques décennies encore, étaient clairement le signe d’une pensée radicale – qu’il s’agisse de l’école de Francfort, de l’Internationale situationniste ou des écrits d’Ivan Illich. Si, par exemple, le Front National – tournant le dos à la rhétorique reaganienne de son fondateur – en vient, de nos jours, à soutenir l’idée que les politiques libérales mises en œuvre par la Commission européenne, et le déchaînement correspondant de la spéculation financière internationale, sont l’une des causes majeures du chômage de masse (tout en prenant évidemment bien soin de dissocier ce processus de financiarisation « néolibéral » des contradictions systémiques que la mise en valeur du capital productif rencontre depuis le début des années soixante-dix), on devra donc désormais y voir la preuve irréfutable que toute critique de l’euro et des politiques menées depuis trente ans par l’oligarchie brixelloise ne peut être que le fait d’un esprit « populiste », « europhobe » ou même « rouge-brun » (et peu importe, au passage, que le terme d’« europhobie » ait lui-même été forgé par la propagande hitlérienne, au cours de la deuxième guerre mondiale, dans le but de stigmatiser la résistance héroïque des peuples anglais et serbe à l’avènement d’une Europe nouvelle !). En ce sens, la nouvelle stratégie Godwin apparaît bien comme l’héritière directe de la « Nouvelle Philosophie » de la fin des années soixante-dix. A ceci près, que là où un Glucksmann ou un BHL se contentaient d’affirmer que toute contestation radicale du capitalisme conduisait nécessairement au « goulag », la grande innovation théorique des Godwiniens aura été de remplacer la Kolyma et les îles Solovski par Auschwitz, Sobibor et Treblinka. De ce point de vue, Jean-Loup Amselle – avec son récent pamphlet sur les « nouveaux Rouges-Bruns » et le « racisme qui vient » – est incontestablement celui qui a su conférer à ces nouveaux « éléments de langage » libéraux une sorte de perfection platonicienne. Au terme d’une analyse fondée sur le postulat selon lequel « la culture n’existe pas, il n’y a que des individus » (hommage à peine voilé à la célèbre formule de Margaret Thatcher) il réussit, en effet, le tour de force de dénoncer dans le projet d’une « organisation sociale et économique reposant sur les principes d’échange non marchand, de don, de réciprocité et de redistribution » – autrement dit dans le projet socialiste traditionnel – l’une des incarnations les plus insidieuses, du fait de son supposé « primitivisme », de cette « posture rouge-brune qui fait le lit du Front national et de Riposte laïque » (il est vrai qu’aux yeux de cet étrange anthropologue de gauche, les partisans de la décroissance, les écologistes et les « anarchistes de tout poil » avaient déjà, depuis longtemps, largement contribué à cette lente fascisation des esprits). Le fait qu’une pensée aussi délirante ait pu rencontrer un écho favorable auprès de tant d’« antifascistes » auto-proclamés (pour ne rien dire des éloges dithyrambiques d’un Laurent Joffrin) nous en apprend donc énormément sur l’ampleur du confusionnisme qui règne aujourd’hui dans les rangs de la gauche et de l’extrême gauche post-mitterrandiennes – mouvement anarchiste compris. Et, comme par hasard, c’est précisément dans un tel contexte idéologique – contexte dans lequel tous les dés ont ainsi été pipés d’avance – que tous ceux qui tiennent la critique socialiste de Marx, d’Orwell ou de Guy Debord pour plus actuelle que jamais et contestent donc encore, avec un minimum de cohérence, le « monde unifié du capital » (Robert Kurz) se retrouvent désormais sommés par les plus enragés des « moutons de l’intelligentsia » (Debord) de s’expliquer en permanence sur la « complaisance » que cette critique entretiendrait nécessairement avec les idéologies les plus noires du XXe siècle. Avec à la clé – j’imagine – l’espoir des évangélistes libéraux d’amener ainsi tous ces mauvais esprits à mettre, à la longue, un peu d’eau dans leur vin, de peur de passer pour « passéistes » ou « réactionnaires ». Tout comme, sous le précédent règne du maccarthysme, c’était, à l’opposé, la peur d’être assimilés à des « agents de Moscou » qui était censée paralyser les esprits les plus critiques. Il se trouve hélas (et j’en suis sincèrement désolé pour tous ces braves policiers de la pensée qui ne font, après tout, que le travail pour lequel l’Université les paye) qu’il y a déjà bien longtemps que j’ai perdu l’habitude de me découvrir – dans la crainte et le tremblement – devant chaque nouvelle procession du clergé « progressiste » (ou, si l’on préfère, devant chaque nouvelle étape du développement capitaliste). Mais n’est-ce pas George Orwell lui-même qui nous rappelait qu’« il faut penser sans peur » et que « si l’on pense sans peur, on ne peut être politiquement orthodoxe » ?

Autogestion au Japon après la seconde guerre mondiale…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, économie, crise mondiale, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, neoliberalisme et fascisme, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, société libertaire, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , , on 28 juin 2015 by Résistance 71

Vive le contrôle de la production par les travailleurs au Japon (Seisan Kanri)

 

Patrick Le Tréhondat

 

25 Juin 2015

 

url de l’article original:

http://www.autogestion.asso.fr/?p=5276

 

En 1945, le Japon impérial est écrasé. Le pays est mis sous la coupe réglée des Américains et un semblant de démocratie se reconstruit. Le peuple japonais vient de sortir de plusieurs décennies d’un régime autoritaire et militariste. Un puissant désir de libération politique et sociale soulève le pays. Entre avril et mai de la même année, on recense 110 luttes pour le contrôle de la production (seisan kanri) par les travailleurs.

Des conflits sociaux éclatent dans tout le pays. Les travailleurs doivent alors affronter en plus de leur propre patron, un gouvernement hostile aux intérêts ouvriers et surtout un commandement et une armée américaine dirigés par le général Douglas MacArthur et le SCAP (Commandant suprême des forces alliées, en fait les USA). Les conflits portent autant sur des revendications économiques que sur le contrôle de la production.

Le premier quotidien japonais autogéré

Le quotidien Yomuri était dans les années 1930, l’un des trois plus importants quotidiens japonais. Ce journal était dirigé par Skoriki, farouche ultra-nationaliste. Pendant la guerre, le quotidien avait activement collaboré avec le régime fasciste nippon. En 1945, les employés du journal demandent la poursuite de Skoriki pour sa responsabilité dans la guerre et la démocratisation interne du journal. En octobre, 1 000 employés sur les 1 875 que compte le quotidien forment un syndicat. Outre les revendications démocratiques, ceux-ci exigent des augmentations de salaires, le respect du droit humains des employés et la démission collective des responsables de la rédaction. Le SCAP reste circonspect face à ce mouvement. En ce début d’occupation du pays, les autorités américaines entendent organiser la reconstruction du pays, mais elles ne peuvent pas totalement s’appuyer sur les couches dirigeantes issues de l’ancien régime. Aussi, le plus habilement possible, elle gère les contradictions sociales, veillant à ce qu’elles n’aillent pas trop loin. Si la légalisation des syndicats est acquise, pour autant le SCAP entend maintenir dans les limites raisonnables le mouvement de la lutte de classes. Ainsi, lorsque celles-ci sont dépassées, le général MacArthur intervient publiquement pour stopper des développements inquiétants. En mai 1946, il menace publiquement le mouvement populaire et ses manifestations et, plus tard, il interdit la grève générale de février 1947. La direction américaine flaire, à juste titre, un réel danger subversif dans cette ébullition nippone.

Face au refus attendu de la direction du Yomuri  de satisfaire les revendications des employés, un « comité de lutte » est élu dans tous les services du journal, et l’ensemble des comités sont coordonnés par une instance dite « suprême ». Le journal est alors occupé et le 25 octobre les salariés en prennent le contrôle. Un nouveau journal, qui porte toujours le nom de Yomuri, aux positons progressistes sort des  presses. Son tirage atteint 1 700 000 exemplaires. L’ensemble de la gauche (PS, PC et syndicats) le soutient. L’ancien directeur  Shoriki démissionne. Un nouveau conseil de gestion (keiei kyogikai) est élu et composé dans leqquel les salariés sont représentés pour moitié. Le 12 décembre 1945, l’éditorial du Yomuri annonce à ses lecteurs : « Jusqu’ici le journal a été l’organe des capitalistes, il a opprimé le peuple… Maintenant, Yomuri a été libéré du joug du capital… Nous proclamons qu’à partir de maintenant,  Yomuri deviendra le réel ami du peuple et un organe du peuple pour l’éternité ». Le Yomuri  était devenu le premier journal autogéré japonais.

Des productions en réseau

Dans les mines de Takahagi, du 6 avril au 14 juin 1947, les mineurs prennent, eux aussi, le contrôle de l’extraction de charbon et c’est le syndicat qui perçoit le produit des ventes. À la même période, les ouvriers de la chimie, les mineurs et les fermiers vivent une expérience étonnante.

Tokyo Gosei était une petite entreprise chimique qui devait fermer. Immédiatement, ses 190 salariés fondent un syndicat et décident de poursuivre la production sous leur propre gestion. Ils apprennent alors que les salariés d’une autre entreprise chimique de Tokyo, Edogawa Manufacturing (500 employés), ont pris la même décision et vendent leur production au nom de leur syndicat. Des contacts sont noués et il apparaît que Edogawa Manufacturing a besoin de la matière première produite par Tokyo Gosei. Aussi les ouvriers de Tokyo Gosei passent un accord avec les salariés de Edogawa Manufacturing pour leur vendre les produits dont ils ont besoin et encaissent ainsi 300 000 yens. Le même type d’accord commercial est passé avec une association de coopératives agricoles de Niigata forte de 15 000 membres pour lui vendre des fertilisants. Des coopérations ouvriers-paysans se tissent rapidement. Ainsi l’association des coopératives agricoles échange du riz contre du charbon avec des mineurs, mais leurs achats de fertilisants avec Tokyo Gosei  se paient en espèce. Tokyo Gosei vend également du méthanol à Edogawa Manufacturing qui achète en espèces du charbon aux mineurs.

En 1947, les usines de Nippo Kokan (NKK, sidérurgie) à Kawasaki et Tsurumi connaissent une forte mobilisation.  Les travailleurs considéraient tout simplement que si les revendications n’étaient pas satisfaites, ils devaient expulser les directions d’entreprise et assurer eux-mêmes la production. En 1946, le Japon connaissait une grave crise d’approvisionnement. Le syndicat de NKK obtint alors le droit de fabriquer du sel dans l’entreprise en utilisant son infrastructure industrielle, pour ensuite, le distribuer aux ouvriers qui pouvaient ainsi l’échanger au marché noir contre de la nourriture. Le syndicat met également en place « un comité de crise contre le ravitaillement » qui gère cette production et sa distribution. Ce comité négocie aussi avec la compagnie des « congés d’approvisionnement » qui devaient permettre aux ouvriers d’aller dans les campagnes faire leurs opérations de troc.  Ces opérations d’échange avaient lieu avec des coopératives qui allaient apporter des pommes de terre, plus tard, en solidarité avec les grévistes de NKK. Des terrains de la société laissés en friche sont également récupérés par le syndicat qui les cultive. Enfin des quantités de charbon sont allouées et distribuées par le syndicat. Cette appropriation syndicale des moyens de l’entreprise dans l’intérêt des salariés  renforçait la culture syndicale autogestionnaire. Dès 1946, le syndicat avait exigé un droit de veto sur les licenciements et le monopole de l’embauche. De son côté, la direction acceptait au mieux de consulter les représentants des travailleurs sur ces sujets.  Le 4 octobre 1946, la grève éclate. Le 9 octobre, la direction concède un droit de veto sur les principes de la politique d’embauche et les sanctions. Le syndicat accepte le compromis.

Alors qu’en janvier 1948, la direction refuse une augmentation salariale, le syndicat se met à examiner les livres de comptes de l’entreprise et attire l’attention de tous sur les dépenses somptuaires de la direction. Il donne consigne à ses sections d’atelier de contrôler le matériel et de signaler tout gaspillage. Le résultat de cet « audit » syndical connu, la direction de l’entreprise concède le 6 mars la prime réclamée par le syndicat. Porté par cette dynamique, le syndicat présente, le 15 mars, « Un projet pour un mouvement de relance de la production par et pour les travailleurs ». Cette initiative visait à quasiment confier aux travailleurs la gestion de l’entreprise. Elle n’était pas acceptable pour les propriétaires de l’entreprise et échoua.

Nouvel Ordre Mondial: la construction du discrédit de la dissidence « complotiste »…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, économie, crise mondiale, démocratie participative, guerres imperialistes, Internet et liberté, média et propagande, militantisme alternatif, N.O.M, neoliberalisme et fascisme, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, résistance politique, terrorisme d'état, Union Europeenne et nouvel ordre mondial with tags , , , , , , , on 28 juin 2015 by Résistance 71

L’épouvantail de la théorie du complot: un paravent commode

 

Michel Segal

 

25 Juin 2015

 

url de l’article original:

http://www.kairospresse.be/content/l’épouvantail-de-la-théorie-du-complot%E2%80%89-paravent-commode

 

Le 4 janvier dernier, le New-York Times ouvre un débat dans ses colonnes avec une courte série d’articles sur les théories du complot1. Après les attentats parisiens du 7 janvier paraissent également dans les journaux français de nombreux articles sur ce thème – avec des titres explicites trahissant l’objectif poursuivi. On peut lire par exemple : «Les jeunes plus exposés à la théorie du complot », «Comment naissent les théories du complot », «   La théorie du complot, l’arme politique du faible», « Les rouages de la machine complotiste » ou encore « Pourquoi les enfants sont tentés par la théorie du complot?».

Tous ces articles évoquent les théories du complot sans qu’aucun d’eux n’ose préciser ce que ce vocable, hors de toute conviction, de toute réalité et de toute opinion, peut objectivement désigner. A leur lecture, apparaît pourtant le seul dénominateur commun de tous ces points de vue : la perte de confiance d’une partie de la population face à la présentation officielle d’évènements (ou à leurs analyses), c’est-à-dire émanant du pouvoir, grands médias ou institutions politiques. Cette défiance – justifiée  ou non – vis-à-vis des thèses officielles porte de plus en plus de gens à accorder leur confiance à des sources non officielles présentant des versions des faits sensiblement différentes. Dès lors, si l’on imagine que ce phénomène peut se généraliser à une part importante de la société, on comprend mieux l’inquiétude des pouvoirs, et plus généralement de nos élites. Car que resterait-il de notre système si les populations ne croyaient plus ce que leur disent les élites  politiques et médiatiques qui les dirigent ?

L’objectif de tous ces articles apparaît sans ambiguïté : décrédibiliser toute personne mettant en doute les thèses officielles, c’est-à-dire la vérité telle que la conçoit le pouvoir. A ce titre, toutes les vieilles méthodes sont employées, à commencer par l’emploi de néologismes suggestifs, comme « les conspirationnistes » évoquant sans détour l’image de gens à moitié fous s’imaginant que des comploteurs masqués se réunissent en secret la nuit dans les caves pour nuire à la communauté tout entière.

La seconde méthode, qui était fréquemment pratiquée par l’URSS et la Chine de Mao, consiste à disqualifier la parole des gens qui doutent des versions officielles en leur collant sur le dos une pathologie certifiée par des spécialistes. Ainsi, toute parole dissonante ou dissidente sera considérée comme un comportement déviant qu’il faut soigner. Comme le disait très sérieusement une journaliste de France 2 : «il faut repérer et traiter tous ceux qui ne sont pas Charlie »2. Dans la demi-douzaine d’articles du NYT3, un supposé spécialiste du phénomène dénonce la nature « paranoïaque » des conspirationnistes, un autre y voit le symptôme d’une anxiété « de masse » (on notera le choix du terme soulignant la nature peu instruite ou éduquée des conspirationnistes qui appartiennent à « la masse »), un autre encore évoque les croyances populaires aidant le peuple à admettre ce qu’il ne comprend pas.  Le portrait est dressé : celui qui émet un doute sur les thèses présentées par le pouvoir s’appelle un conspirationniste, c’est un malade mental généralement peu instruit appartenant à la masse et sujet à des croyances populaires car il ne comprend pas le monde. Dans les articles français, on trouve l’utilisation de la même méthode, puisque l’on parle de « vulnérabilité »  au conspirationnisme4  comme à une maladie, vulnérabilité accrue avec la jeunesse : l’idée est de faire passer la remise en cause des thèses officielles pour de l’adolescence attardée. Les conspirationnistes sont donc des victimes – immatures dans la totalité des cas – et les journalistes se demandent comment leur venir en aide. L’un des articles va d’ailleurs plus loin que la simple référence à l’adolescence puisqu’il parle des enfants tentés par la théorie du complot5. Ainsi, si un doute naît dans votre esprit sur ce qui vous est présenté officiellement, cela signifie que vous êtes retombés en enfance. Dans le même esprit, on notera également l’intervention dans les colonnes du NYT6 d’une professeure de psychologie qui use d’une bienveillance maternelle avec une extrême condescendance jugeant ces théories risibles et inoffensives pour la plupart.

« Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage », c’est la troisième méthode destinée à neutraliser toute idée contraire aux thèses officielles. Pour cela, on va associer au conspirationnisme des thèses parfois indéfendables ou saugrenues, ou encore poursuivies par la loi. Ainsi, en lisant les articles cités plus haut, on pensera que les conspirationnistes ne croient pas aux premiers pas sur la lune en 1969, qu’ils sont convaincus que les extra-terrestres ont débarqué sur terre il y a longtemps (mais que les gouvernements nous le cachent), et enfin, que ce sont des négationnistes. Sachez donc que si vous doutez de certaines informations ou analyses exposées dans les grands médias, cela signifie que vous pensez que les extra-terrestres sont parmi nous et que vous niez l’existence des chambres à gaz. Cette méthode est d’une efficacité redoutable puisque, en ces temps terrifiants de procès pour pensée, de dénonciation calomnieuse d’intention ou de non-charlisme, chacun redoute, et c’est bien légitime, d’être soupçonné de la sorte et lynché.

Le portrait-robot du conspirationniste ayant été tracé, que ce soit sous les traits de la naïve victime de son incompréhension du monde, ou sous ceux du délire paranoïaque du malade mental, il faut aussi en citer des exemples et le situer sur un échiquier politique infréquentable. On lira alors dans Le Figaro : « le conspirationnisme était le propre de l’extrême droite. Depuis les attentats du 11 septembre, on le trouve aussi chez certains courants de la gauche radicale»7. Le message est clair : extrême droite et extrême gauche se rejoignent dans la déraison  ; seuls des extrémistes peuvent douter des versions officielles. Quant aux exemples, ils sont explicites : Alain Soral, l’humoriste Dieudonné ou Jean-Marie Le Pen sont cités. Une fois toutes ces précautions prises, on peut alors qualifier certaines analyses de conspirationnistes pour les discréditer. On apprend ainsi, par de supposés experts censés « démonter les mécanismes complotistes»8, que le conspirationnisme est très répandu en Russie. En effet, toujours dans le même article, d’après « l’expert » interrogé, « les télévisions du Kremlin décrivent (…) les révolutions de couleur comme des complots occidentaux». Cette fois, si vous pensez que certains renversements de régime ont été organisés ou soutenus par des agences américaines, c’est que vous êtes victime de la propagande du Kremlin passé maître dans l’art du conspirationnisme. Dans Le Monde, on peut lire le même type de discours, tout aussi accusateur quand, à propos de l’assassinat de Boris Nemtsov, le journal écrit : «La théorie du complot prend de l’ampleur à Moscou (…) et le pouvoir russe n’hésite pas à désigner son commanditaire: l’Occident»9. L’objectif est ici, à l’aide de disqualification par théorie du complot, d’écarter toute explication autre que celle de l’assassinat de Nemtsov par le Kremlin.

Plus intéressante encore, et infiniment plus inquiétante, la description des conspirationnistes faite par la fondation Jean-Jaurès, le fameux think tank du parti socialiste auquel le président Hollande a commandé un rapport en janvier. Voici ce que le laboratoire d’idées, réputé siège de l’élite des intellectuels du parti gouvernemental, écrit  dans son rapport10 lorsqu’il entreprend de décrire  ceux qui doutent des thèses officielles : « (…) mouvance hétéroclite, fortement imbriquée avec la mouvance négationniste, et où se cotoient admirateurs de Hugo Chavez et inconditionnels de Vladimir Poutine. Un milieu interlope que composent d’anciens militants (…) d’extrême gauche,(…), souverainistes, nationaux-révolutionnaires, ultra-nationalistes, nostalgiques du IIIème Reich, militants anti-vaccination, partisans du tirage au sort, révisionnistes du 11 septembre, antisionistes, adeptes des médecines alternatives, agents d’influence du régime iranien, bacharistes, (…) ». De cet odieux inventaire à la Prévert destiné à rendre compte du conspirationnisme tel que l’entend le pouvoir, c’est le mépris et l’intolérance, voire la haine et l’insulte qui émergent de ces associations infâmes, mêlant sans honte les adeptes de la médecine douce avec les admirateurs de nazis et de Hugo Chavez (à propos de ce dernier, rappelons qu’il a été le président de gauche du Venezuela, régulièrement élu quatre fois consécutives, et qu’il s’est illustré au plan international par son refus de se plier à la domination américaine  ; son alliance avec Morales en Bolivie, Correa en Equateur ou Castro à Cuba en font un acteur majeur de la vague socialiste en Amérique latine, vague qui vient de faire plier Obama il y a quelques jours, contraint de lever l’embargo sur Cuba). D’après le Parti Socialiste français, approuver le socialisme de Chavez, c’est être un paria, tout comme refuser d’alimenter la guerre civile en Syrie, ou faire partie d’un milieu interlope, ou être antisioniste, ou être un nostalgique du IIIème Reich, c’est appartenir à une mouvance où se côtoient tous les infréquentables, tous les sorciers qu’il faut combattre. Notons d’ailleurs qu’à cette liste noire, la fondation Jean Jaurès ose ajouter, déshonorant ainsi le nom qu’elle porte, celui d’Etienne Chouard, simple citoyen blogueur devenu célèbre en 2005 pour avoir lancé une campagne pour le « Non » au référendum sur la Constitution européenne, et revendiquant aujourd’hui une position radicale sur la nécessité de repenser la démocratie.

A la lecture de cette description pitoyable – dont il faut répéter qu’elle est réalisée par l’élite du parti au pouvoir – on comprend aisément que sont estampillés conspirationnistes tous ceux qui ne pensent pas comme le veulent nos élites. Ainsi, le problème « complotiste» n’est plus de distinguer le vrai du faux, le vraisemblable de la fable ou le délire de la raison, non, le problème est de penser ou non comme le suggère le pouvoir. Il faut donc condamner tous ceux qui, finalement, « ne sont pas Charlie ».

Ce mois de janvier 2015 s’achève par un texte étonnant :

«  Pour combattre un ennemi, il faut d’abord le connaître et le nommer (…) c’est toujours le complot, le soupçon, la falsification (…). Les théories du complot se diffusent sans limites et ont, dans le passé, déjà conduit au pire. Alors face à ces menaces, il nous faut des réponses, des réponses fortes, des réponses adaptées. (…) Il faut prendre conscience que les thèses complotistes prennent leur diffusion par internet et les réseaux sociaux (…). Nous devons agir au niveau international pour qu’un cadre juridique puisse être défini, et que les plateformes qui gèrent les réseaux sociaux soient mises devant leurs responsabilités et que des sanctions soient prononcées en cas de manquement. »

Ces quelques lignes ne sont pas extraites d’un manuscrit d’Orwell qui n’aurait pas encore été publié, mais du discours de François Hollande prononcé le 27 janvier dernier à propos de l’antisémitisme. Deux semaines après ce discours, est publié le décret d’application11 du blocage de sites internet sans juge pour suspicion d’apologie d’actes terroristes, ce qu’Amnesty International dénonce comme un concept flou12 dans un article où l’on apprend le 18 mars que cinq sites ont déjà été bloqués sans procédure de justice.

Le 19 mars est présenté en Conseil des ministres le projet de Loi Renseignement, prévoyant de renforcer les données liées aux connexions internet : l’idée majeure est d’installer des boîtes noires chez les fournisseurs d’accès internet contrôlant et vérifiant tous les transits de données. L’argument est de les équiper d’algorithmes destinés à déceler des comportements proches d’éventuels terroristes, et de contrôler les personnes en contact avec les personnes déjà suspectées. De plus, la conservation des données est étendue de un à cinq ans et tous les opérateurs devront fournir les éléments permettant le déchiffrement des données. Le quotidien   Le Monde précise13 : « La France n’est pas seule à se pencher sur la question du chiffrement : le sujet est aussi à l’origine d’un bras de fer entre le FBI, Apple et Google. (…) Le premier ministre britannique, David Cameron, a quant à lui menacé ces derniers mois de rendre illégaux les systèmes de chiffrement dont les créateurs n’auront pas fourni les « clefs» aux autorités. »

Enfin, le 9 avril, les principaux hébergeurs de sites internet réagissent en lançant un signal d’alerte dans un communiqué adressé au Premier Ministre14. Outre dresser un tableau noir des conséquences économiques qu’aurait l’adoption d’une telle loi (perte de plusieurs milliers d’emplois et déménagement vers l’étranger de toutes leurs plateformes), ils s’opposent à la « captation en temps réel des données de connexion » par les boîtes noires aux  contours flous, et déclarent :   « [40% de clients étrangers] viennent parce qu’il n’y a pas de Patriot Act en France, que la protection des données des entreprises et des personnes est considérée comme importante. Si cela n’est plus le cas demain en raison de ces fameuses «boîtes noires», il leur faudra entre 10 minutes et quelques jours pour quitter leur hébergeur français.» (…)   «   En effet, nous ne sommes pas les États-Unis, nous n’avons pas de NSA, dont les activités de surveillance opaques ont poussé nombre d’entreprises et de particuliers du monde entier à devenir clients de la France: une démocratie plus transparente et respectueuse des droits de ses citoyens.»

Ainsi pourraient se dessiner les contours d’un nouveau monde, bien étrange, un monde dans lequel de grosses entreprises viennent au secours de nos libertés en nous protégeant du pouvoir politique.

Michel Segal

Auteur de Ukraine: Histoires d’une Guerre, éditions Autres Temps, 2014.

Addendum: la loi «boîtes noires» a finalement été votée à l’Assemblée Nationale dans l’urgence la nuit du 16 avril. Elle a été adoptée par vingt-cinq voix contre cinq; il y avait au moment du vote environ 95% de députés absents15.

 

  1. « Room for debate : Are conspiracy theories all bad ? », New-York Times, 4 janvier 2015.
  2. «Il faut repérer et traiter ceux qui ne sont pas Charlie », Nathalie de Saint Cricq, youtube.
  3. Voir Note 1.
  4. «Les jeunes plus exposés et plus sensibles à la théorie du complot», Le Figaro, 16 janvier 2015. Cette lecture est édifiante. L’article a la forme d’une interview de Gérard Bronner qui est présenté comme un sociologue spécialiste de la distinction entre croyances et savoir. Outre qu’il contient de nombreuses fautes d’orthographe, le texte est écrit dans un français absolument épouvantable, mélangeant formulations alambiquées, fautes de syntaxe et phrases incomplètes ou sans signification énoncées par l’interviewé.
  5. « Les enfants tentés par la théorie du complot», L’Express, 4 février 2015. Cet article particulièrement odieux est écrit par une énigmatique « chercheuse en psychologie ».
  6. Voir note 1.
  7. « Crash du MH17, comment naissent les théories du complot», Le Figaro, 21 juillet 2014. C’est un article très intéressant, un cas d’école, car il explique sans détour que, « alors que les Etats-Unis impliquent Moscou dans la destruction du MH17, (…) des médias russes évoquent un complot ». Ainsi, l’accusation américaine sans fondement mais reprise par la presse sans le moindre questionnement est présentée par le journaliste comme l’expression de la raison, tandis que les protestations, la réfutation et la défense de Moscou est associée au délire d’une théorie du complot.
  8. Voir note précédente.
  9. «Russie : la stratégie du complot permanent », Le Monde, 6 mars 2015.
  10. « Conspirationnisme : un état des lieux », Fondation Jean Jaurès, 24 février 2015.
  11. J.O. du 5 février 2015.
  12. « Blocages de sites internet en France : l’autorisation d’un juge est indispensable », www.amnesty.fr7.
  13. http://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/03/18/ce-que-prevoit-le-projet….
  14. Ici publié en intégralité: http://www.ovh.com/fr/news/articles/a1743.le-gouvernement-veut-il-contra….
  15. Voir www.numerama.com/magazine/32817-boites-noires-les-5-deputes-qui-ont-vote….

Résistance politique: La déliquescence du système de la « démocratie » représentative ouvre la porte à la société non étatique…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, crise mondiale, démocratie participative, militantisme alternatif, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, résistance politique, société libertaire, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , on 27 juin 2015 by Résistance 71

Nous bâtirons notre émancipation sur les ruines de leurs Parlements

 

Guillaume Goutte

Groupe Salvador Segui, FA

 

25 Juin 2015

 

url de l’article original:

http://salvador-segui.blogspot.com/2015/06/nous-batirons-notre-emancipation-sur.html

 

« Ils disent nous représenter mais connaissent quoi de nos existences ?

Sont-ils déjà venus dans nos rues, histoire de voir ce qui se passe ? 

À moi seul, je te représente plus que ton député, 

tes sénateurs, ministres et autres fils de… »

Fonky Family – Dans la légende

 

La démocratie parlementaire – ce système qui, via un ensemble d’institutions de « représentation » verticale, capte la souveraineté populaire pour nous déposséder de notre capacité à décider collectivement de nos vies – est moribonde. Du moins sous nos latitudes, où une majorité des individus autorisés à voter rechignent, depuis plusieurs années, à se rendre aux urnes pour porter au pouvoir une des crapules qui disent nous représenter. Rien qu’aux dernières élections – les départementales de mars 2015 –, le taux d’abstention a atteint les 50,02 % au second tour (soit plus d’un électeur sur deux). Et qu’on ne vienne pas nous le justifier en arguant que les départements n’intéressent personne ou que leurs prérogatives ne sont pas assez évidentes, puisque les dernières législatives – qui désignent les députés, tout de même ! – en date (2012) ont été boudées par 44,59 % des électeurs (second tour) et les élections européennes (2014) par 56,7 %.

L’escroquerie parlementaire

Si le désamour est sensible, il n’est pas étonnant. Les élus, les éditocrates et les philosophes de plateaux télé ont beau s’acharner à nous présenter la démocratie parlementaire comme l’expression la plus aboutie de la liberté politique, nous ne sommes plus dupes. Les scandales politiques, financiers, sexuels se multiplient, n’ayant de cesse de dévoiler une classe politique qui pue comme un cadavre, agrippée à ses privilèges comme un enfant gâté à ses jouets. Détournements d’argent, passe-droits de tous ordres, agressions sexuelles et impunité s’ajoutent aux lois antisociales, aux logiques sécuritaires tous azimuts et aux politiques d’austérité qui accablent le quotidien des plus fragiles. Comment avoir confiance en des élus qui vous demandent de vous serrer la ceinture, tout en propulsant ministre de l’Économie un banquier millionnaire (Emmanuel Macron pour ne pas le nommer) ? Comment peut-on encore croire que cette démocratie-là incarne un idéal de liberté quand ses gendarmes tuent un manifestant à Sivens ou quand ses flics assassinent dans les commissariats, la plupart du temps en toute impunité ?

Mais au-delà des seules magouilles, des scandales et des bavures, le problème de la démocratie parlementaire réside dans son essence même, il est structurel. En plusieurs décennies d’existence, ce système – quelles que soient les formes qu’il a épousées – n’est parvenu qu’à faire la preuve de son inaptitude à sortir d’un modèle de société autoritaire et carcéral, où l’ordre se construit et se maintient à coups de matraque. Une exigence sécuritaire dictée par l’organisation politico-juridique que cette démocratie parlementaire sous-tend et reproduit, en tant que classe spécifique, à savoir l’État. Cette démocratie verticale est une démocratie en uniforme, conçue et pensée pour préserver ses propres intérêts et ceux des bourgeoisies. Et c’est pourquoi elle s’est aussi historiquement illustrée par son incapacité à émanciper le prolétariat de l’exploitation capitaliste – une incapacité qui découle de ce projet de société étatique dans lequel elle s’inscrit de fait. N’en déplaise aux partisans des révolutions sociales par le haut et par les urnes – celles des partis politiques –, la démocratie parlementaire n’a jamais aboli le rapport social capitaliste, et ne le fera jamais – le contraire la condamnerait à se nier elle-même. Les gouvernements changent de couleurs politiques, passent un coup à gauche un coup à droite, multiplient les portefeuilles ministériels ou les réduisent, mais rien n’y fait : chaque matin, c’est la rue, le turbin ou la prison qui nous tend les bras, pendant qu’eux s’occupent d’administrer les richesses qu’ils captent de notre travail ou se dorent la pilule sur les plages de je ne sais quel paradis fiscal. C’est un peu trivial, diront certains, mais notre quotidien aliéné l’est tout autant. L’exploitation de l’homme par l’homme n’a, au fond, pas besoin de deux mille pages pour s’énoncer clairement.

Le vote obligatoire, ou comment fabriquer la légitimité

Le désaveu de ces électeurs – ces « mauvais citoyens » qu’on appelle « abstentionnistes », quand ce n’est pas carrément « cons » (rappelez-vous la une de Libération) – traduit non seulement un désintérêt pour les programmes politiques de ceux qui affichent leur visage tout sourire dans nos rues, mais aussi, et c’est plus profond, une perte de confiance populaire dans le système électoral lui-même, qui n’est plus perçu, à juste titre, que comme une machine destinée à régénérer toujours la même classe politique. C’est précisément ce qui fait frémir certains élus. Car s’ils peuvent se contenter du « tous pourris » – après tout, ils savent ce qu’ils sont –, ils ne s’imaginent pas encore pouvoir gouverner sans avoir été portés par un système – en l’occurrence les élections – disposant encore d’une certaine légitimité. Non qu’ils soient particulièrement soucieux de démocratie (au sens premier du terme : le pouvoir du peuple), mais ils ont bien compris qu’un système sans un minimum d’assise populaire – au moins de façade – n’est pas amené à durer (bien des dictatures en témoignent).

Aussi, pour combattre l’abstentionnisme, certains ont-ils récemment proposé de recourir à la solution préférée de toute démocratie parlementaire : la répression. Et Claude Bartolone, actuel président (PS) de l’Assemblée nationale, d’évoquer la possibilité de rendre le vote… obligatoire ! Autrement dit de sanctionner par une amende tout électeur qui n’irait pas aux urnes. Une manière, en somme, de fabriquer de toutes pièces, par la menace, une légitimité au système électoral parlementaire. En échange, Claude Bartolone propose de reconnaître officiellement le vote blanc, donc de le comptabiliser. On les comprend : contrairement à l’abstention, le vote blanc ne les inquiète pas en soi, car si ce dernier peut traduire l’impopularité des candidats proposés, la première exprime un désaveu pour le système électoral en lui-même ; et c’est ce désaveu-là qu’ils veulent faire taire en poussant les gens dans les isoloirs.

Nos voisins belges, nous dit-on, expérimentent déjà depuis un certain temps le vote obligatoire : quiconque ne remplit pas son « devoir citoyen » peut être condamné à payer une amende de 30 euros. Le montant n’est certes pas extrêmement élevé, mais le principe de coercition est bien là et, en régulant cet acte sacré de toute démocratie parlementaire qu’est le vote, il achève de s’imposer comme principe régulateur majeur de la société elle-même dans son ensemble.

Éconduire et désamorcer nos rages

Au-delà de l’élaboration de cette légitimité artificielle, le vote obligatoire et la reconnaissance du vote blanc visent aussi à faire taire les expressions plus radicales des contestations sociales et populaires. Comme le rappe IAM dans La Fin de leur monde : « On râle, on gueule, on vote, espérant que ça va changer
 / Mais dresse tes barricades et tu les verras tous hésiter. » Car l’une des escroqueries de la démocratie parlementaire, c’est bien de nous faire croire qu’un bulletin de vote est en mesure d’incarner et d’exprimer nos colères et que les élections sont l’ascenseur permettant de faire remonter nos doléances au haut de la pyramide étatique. C’est d’ailleurs ce que les médias appellent, après chaque dépouillement, le « vote sanction » : on vote pour untel parce qu’il est contre le gouvernement actuel et voter devient un exutoire.

La montée de l’abstention fait craindre aux puissants que les colères générées par la misère sociale s’expriment autrement qu’à travers un inoffensif bulletin de vote. Ils voudraient faire de l’isoloir le substitut des grèves, des manifestations, des occupations, des sabotages, des espaces de libre expression publique, des barricades, de toutes ces formes d’action directe qui, elles, sont susceptibles de faire plier nos exploiteurs pour satisfaire nos intérêts de classe et, pourquoi pas, porter des ambitions plus grandes de révolution sociale. L’isoloir a toujours été le tombeau des rêves émancipateurs, et les croquemorts qu’on appelle « hommes politiques » feront tout pour qu’il le reste.

Cette démocratie qui s’arrête aux portes de l’entreprise

Le recours au vote obligatoire est bien aussi la preuve que ces mêmes hommes politiques ne croient pas eux-mêmes au système qui les porte. Car si les parlementaires étaient des individus de conviction, ils chercheraient moins à brandir la menace de la répression qu’à s’attaquer aux raisons mêmes, et profondes, de ce désamour croissant pour les élections. Mais de la part de politiciens qui préfèrent ouvrir des prisons plutôt que des écoles, il n’y a, là encore, rien d’étonnant.

Cette inconsistance idéologique s’illustre également par le « deux poids-deux mesures » — travers que les hommes politiques ont depuis longtemps érigé en principe de gouvernement — qu’on a récemment pu observer à l’égard de cette question de la participation aux élections. En effet, il y a quelques mois, fin 2014, l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel adoptaient et validaient la suppression des élections prud’homales, retirant aux travailleurs leur droit à choisir eux-mêmes leurs conseillers prud’homaux (désormais désignés directement par les organisations syndicales). Prétexte ? Trop peu de travailleurs y participaient – et cela coûtait trop cher. À suivre cette implacable logique, on devrait donc supprimer les élections départementales et européennes. Ou obliger les travailleurs à voter aux élections prud’homales. Mais, là, on ne joue plus sur le même terrain. Les prud’hommes, ce n’est plus l’hémicycle de l’Assemblée nationale ou le parquet ciré de l’Élysée, c’est le terrain de l’exploitation économique, celui de la lutte des classes, du travail, autrement dit d’un espace quasi totalitaire qui s’accommode fort peu de démocratie – et au sein duquel moins il y en a, mieux nos dirigeants se portent. Or on contrôle mieux les bureaucrates d’une grande organisation syndicale (surtout à notre époque) que le vote des travailleurs qui ont compris l’importance de la justice du travail.

Construire nous-mêmes nos libertés et leurs garants

Au final, ce qu’il faut surtout retenir de cette volonté de faire taire notre refus des processus de régénération de la classe politique dirigeante, c’est qu’il traduit avant tout l’aveu de faiblesse d’un système désormais vraiment malade. Et contre lequel on devrait redoubler d’attaques, pour l’achever. Mais de même que « nous n’avons pas peur des ruines », « nous sommes capables de bâtir aussi », disait en son temps l’anarchiste espagnol Buenaventura Durruti. Et, de fait, ces nouvelles offensives doivent dépasser le simple discours du « tous pourris » (aussi chéri par le Front national) pour embrasser des perspectives révolutionnaires proposant d’autres possibles, des alternatives concrètes, profondément inscrites dans un projet de société sans classes, sans État, donc sans aliénation, qu’elle soit politique ou économique.

L’histoire du mouvement ouvrier compte nombre d’expériences réelles de démocratie directe qui portent en elles le refus d’une société étatique au profit d’une organisation sociale basée sur des assemblées populaires souveraines et des élus contrôlables, révocables et porteurs de prérogatives définies collectivement – autant de garde-fou pour parer toute transformation du « pouvoir de faire » en « pouvoir de dominer ». Actuellement, dans notre jeune XXIe siècle, les rebelles zapatistes du Chiapas, en révolution depuis 1994, expérimentent un tel fonctionnement antiautoritaire, apportant quotidiennement la preuve que, comme le libéralisme, la démocratie parlementaire n’est pas une fatalité, et encore moins l’expression la plus aboutie de la liberté en société.

Abstention, abstentionnisme et action directe

En période électorale, on voit parfois fleurir, au milieu des gesticulations démagogiques des candidats, des campagnes appelant à une abstention révolutionnaire. La logique est simple à saisir, puisqu’il s’agit simplement d’appeler les électeurs à ne pas se rendre aux urnes et « à agir au lieu d’élire ». Mais tout cela est-il bien sérieux ? Une abstention peut-elle vraiment être révolutionnaire ? À mon sens, non. Tout comme le vote, l’abstention n’est absolument pas en mesure de bouleverser le monde capitaliste. Et si voter ne changera jamais rien à nos vies, s’abstenir non plus. Pour un révolutionnaire, l’abstention doit moins être considérée comme un acte politique fort que comme une simple posture éthique, qui découle d’un refus légitime et conscient de participer à l’accession au pouvoir de tyrans qui nous écraseront demain. L’abstention n’a jamais changé le monde, et elle ne sera probablement jamais amenée à le faire. Et c’est bien pourquoi l’abstentionnisme – pensée qui consiste à faire de l’abstention un vecteur d’émancipation – me paraît aussi vain et dénué d’intérêt que le vote.

En réalité, plutôt que de s’époumoner à appeler à une abstention déjà conséquente, nous devrions observer à l’égard des périodes électorales une attitude de total désintérêt : convaincus qu’il n’y a rien à attendre de ces mascarades, nous ferions mieux de nous consacrer pleinement à des œuvres militantes plus utiles, au sein des luttes sociales, des expériences d’autonomie et en poursuivant le travail acharné de diffusion des idées et des pratiques anarchistes. Seule l’action directe, sous ses formes les plus diverses, pourra nous conduire à la ruine des Parlements, préalable indispensable à l’épanouissement concret de nos libertés et à la désaliénation de nos quotidiens.

Résistance écologique: vision anarchiste…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, écologie & climat, démocratie participative, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, résistance politique, terrorisme d'état, Union Europeenne et nouvel ordre mondial with tags , , , , , , , , , , on 27 juin 2015 by Résistance 71

Écologie et anarchie : sortir de la confusion

Une réponse à la Lettre aux anarchistes de Jean-Louis Phan-Van.

 

Philippe Pelletier

 

Mai-Juin 2015

 

url de l’article:

http://www.monde-libertaire.fr/ecologie/17794-ecologie-et-anarchie-sortir-de-la-confusion

 

La question mésologique est l’un des enjeux majeurs du XXIe siècle. Cette formulation de mésologique (« ce qui est au milieu » ou « ce qui relève du milieu ») est plus pertinente que question environnementale car les êtres humains ne peuvent être abstraits de ce qui est supposé les « environner » : ils sont issus de la nature, d’un milieu, c’est-à-dire du monde naturel et social.
C’est un enjeu majeur pour la bonne et simple raison que nous n’avons jamais été aussi nombreux sur terre, et que le besoin mécaniquement croissant de ressources (à moins de plaider pour un maintien de la faim dans le monde et autres misères collectives) se traduit par une occupation de l’espace à la fois plus extensive (en surface) et plus intensive (en concentration, en densité). Soulignons au passage que densité n’est pas synonyme de pauvreté, et inversement (Monaco, Hong Kong ou Singapour versus Dharavi, Morro de Favela ou les bidonvilles de Lagos).
Capitalisme ou non, tout cela est une réalité anthropique, une situation difficile à gérer mais incontournable, sauf à prôner une forme de primitivisme au demeurant à la fois utopique et stupide. 1

De la science naturaliste à l’idéologie écologiste

La quasi-totalité des médias dominants voire des dirigeants eux-mêmes parle désormais de « question écologique » (« la maison brûle » façon Hulot-Chirac). Or cette expression, apparemment sympathique et anodine, est loin d’être neutre. Elle est, en fait, doublement réductrice pour ne pas dire trompeuse — je pense même délibérément manipulatrice — pour deux raisons.
Premièrement, comme nous venons de le voir, l’être humain ne peut pas être extrait de son milieu. La question des ressources n’est pas seulement une question naturelle (écologique, écosystémique) mais aussi humaine : c’est « la nature prenant conscience d’elle-même » comme le proclamait Elisée Reclus, c’est-à-dire encore la nature, mais plus uniquement la nature puisqu’il y a conscience et son dépassement, sauf à vouloir revenir à l’état animal. Toute re-naturalisation d’un phénomène qui est également économique et sociale vise en réalité à détourner la question politique qui la fonde : qui décide, comment et pourquoi ?
Deuxièmement, l’écologie, discipline scientifique fondée en 1866 qui ne doit pas être confondue avec l’écologisme sous peine de graves dérives, a pour but d’étudier l’interrelation entre les espèces vivantes et « l’environnement » 2. À priori, cette science n’a pas vocation à être directement politique. Mais la posture de Haeckel — social-darwinienne, naturaliste et moniste 3 — a des implications idéologiques qui vont s’étendre dans le monde scientifique (début du XXe siècle), puis au monde politique (fin du XXe siècle).
En bref, rappelons que le protestant fondamentaliste Eugen Warming réussit, au début du XXe siècle, à imposer le terme d’« écologie » à la place de « géographie des plantes ». S’impose dans la foulée la théorie du climax qui croit dans des états écologiquement stables alors que tout est évolution. Au cours des années 1930, l’école dite de Chicago applique à la sociologie de la ville les termes, les méthodes et les valeurs de l’écologie naturaliste : c’est « l’écologie urbaine ». Celle-ci, au passage, légitime « scientifiquement » le fait qu’il y ait, comme dans une ruche, une tête (l’élite travaillant dans le centre-ville) et des jambes (les prolétaires placés en périphérie) 4.
À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, la naturalisation du social est largement en place dans les milieux intellectuels américains. En Europe occidentale, dans le sillage du personnalisme et du groupe de L’Ordre nouveau (1930-1938), des intellectuels habiles et politisés vont enfoncer ce clou.
C’est le cas de l’ex-doriotiste, et fondateur du club néo-libéral du Mont-Pèlerin (1947), Bertrand de Jouvenel qui, en 1957, dans un article absolument séminal, pose les fondements théoriques et politiques de « l’écologie politique », comme il l’appelle (il est le premier à le faire) : on y trouve quasiment la philosophie et le programme des partis écologistes actuels, et donc la logique en cours du « capitalisme vert ».

De l’idéologie à la politique écologiste

Une partie du mouvement soixante-huitard reprend cette écologie politique, pour plusieurs raisons qui s’enchevêtrent.
L’urbanisation galopante, l’exode rural, les nouveaux modes de vie, le consumérisme, la dégradation des milieux ou des paysages et autre déménagement du territoire suscitent des réactions légitimes. Le catholicisme social de la CFDT et du PSU en France— à l’avant-garde des nouvelles luttes comme le Larzac — et le puritanisme protestant en Allemagne ou en Amérique y voient une occasion en or de se refaire une santé — c’est-à-dire un pouvoir — au sein de sociétés en voie de déconfessionnalisation 5.
Simultanément, alors que le stalinisme ayant inféodé le syndicalisme et le mouvement ouvrier vivait son apogée, l’anarchisme, qui est au plus bas, résiste mal aux démagogues qui ont, depuis pour certains, effectué de belles carrières politiciennes (en particulier au sein des partis écologistes). Il subit la confusion, tout en ratant le virage de la reconstruction là où il était le plus fort : en Espagne.
L’un des éléments problématiques pour l’anarchisme est que les ex-marxistes et les chrétiens qui ont rejoint l’écologisme, voire le courant libertaire, ont gardé de leurs anciennes croyances l’idée-force selon laquelle le capitalisme allait mourir : soit sous la crise économique, soit sous la crise écologique. Mais non, désolé, le capitalisme a une capacité incroyable de rebond, comme il le démontre depuis plusieurs siècles : ni optimisme, ni pessimisme, cela ressort d’une analyse fondée sur l’histoire et la géographie. Il ne va pas mourir mécaniquement, sauf si les êtres humains veulent et décident autre chose.
De la même façon que le syndicalisme d’origine socialiste a escorté l’évolution du capitalisme fordiste du XXe siècle, l’écologisme — d’abord radical et contestataire à ses débuts, comme le syndicalisme l’était à ses origines souvent révolutionnaires — restructure le capitalisme du XXIe siècle. Avec des tensions, des contradictions, des récupérations, mais il le fait, par l’école, les médias, les prêches, les nouvelles politiques « vertes » et autre « développement durable ». Par naïveté ou par manque de lucidité, les anarchistes devraient-ils à nouveau accompagner le processus ?
Le prophétisme marxiste, chrétien et écologiste est accompagné de la vieille idée religieuse de la fin du monde (eschatologie) et du messianisme (on écoute le gourou ou l’expert qui nous l’annonce). Or, ou bien il tétanise les énergies sur fond de fatalisme, ou bien il les place sur des rails trompeurs.
Contre cette véritable foi dogmatique — puisque celles et ceux qui la critiquent sont sans cesse renvoyés à une inéluctabilité, rendant ainsi inutile la discussion des arguments — la géographie sociale et l’anarchisme se fondent sur le principe de réalité, de l’ici et du maintenant.

La double manipulation : diktat de la science et gouvernement des experts

Qui prend un peu de recul voit donc la double manipulation qu’il y a à parler d’« écologie » (ou d’ « écologie politique »), et non d’ « écologisme » (mouvement qui affirme s’appuyer sur la science écologique).
Double, car au nom de quoi une science serait-elle qualifiée pour nous dicter notre modèle de société ? Cela n’ouvrirait-il pas la voie à une quelconque « biologie politique », à une « génétique politique » ou à une « éthologie politique » ? C’est d’ailleurs ce qui se passe… En recourant au terme de « biopolitique », le philosophe Michel Foucault a même introduit de l’ambiguïté puisqu’on ne sait pas s’il l’utilise pour dénoncer le système ou pour appeler de ses vœux une « véritable » biopolitique 6…

En choisissant de parler de « géographie sociale » et non d’écologie, Reclus récuse de ce fait l’idée d’une géographie anarchiste (ou libertaire), tout en affirmant l’existence de géographes libertaires (des personnes qui restent critiques, même vis-à-vis de leur science). En parlant d’« écologie sociale », Murray Bookchin part d’une bonne intention (et peut-être d’une forme d’opportunisme, disons-le), mais il entretient la confusion en replaçant au centre politique le naturalisme dont se défaisait la géographie sociale, et cela pour le plus grand bonheur des naturalistes intégristes dont c’est la posture philosophique et politique.
De fait, on conviendra que, lorsqu’on parle d’écologie, le quidam pense d’abord à « nature » et non à « société », et que tout effort pour socialiser l’écologie (?) reste vain à partir du moment où la question est mal posée.
Double car cela donne le pouvoir scientifique et politique à une cohorte d’experts en écologie, parlant au nom de la nature, mettant la pression politique et donc sociale sur le même mode que « l’impératif catégorique » de Kant qu’ont pourtant contesté des générations d’anarchistes (Proudhon, Bakounine, Reclus, Kropotkine, Malatesta…). Le paradoxe, c’est que ceux-là même qui critiquent la science et la technique (pas leurs excès, mais leur réalité même) appuient leurs arguments sur des constats scientifiques pris comme articles de foi. Or la servitude volontaire passe par la foi (et l’inculture de l’histoire militante).
Aujourd’hui, tout le monde est écolo comme tout le monde est démocrate, ce qui pousse les anarchistes à jongler avec le vocabulaire de l’adversaire : la « démocratie directe » ne se confond pourtant pas avec le « fédéralisme libertaire » ou la « gestion directe ». Passe encore que cela soit une étape commode pour se faire comprendre, mais gare à la légitimité qu’en retirent les politiciens démocrates ou écologistes. Vu l’actuel rapport de forces, c’est d’ailleurs ce qui se passe.

Du communalisme au fédéralisme libertaire, fédération des luttes et des initiatives

On l’aura compris, il ne s’agit pas de contester la dégradation des milieux, l’enjeu des ressources et l’importance d’une mésologie sociale. Bien au contraire. Dans toutes les luttes mésologiques actuelles, les anarchistes doivent prendre leur place, avancer leurs analyses et leurs pratiques. Le combat des Valsusains contre le TAV, où les pratiques autogestionnaires sont allées très loin (républiques libres, presidi, solidarités, méfiance envers les politiciens…), montre que tout cela va bien au-delà du percement d’un tunnel ou de la construction de quelques viaducs : la question est reposée de produire, consommer et habiter comment et pour qui. Il s’agit d’une réoccupation sociale et publique de l’espace au-delà d’une seule défense des écosystèmes.
C’est ce retour au communalisme, qu’on entrevoit également à Notre-Dame des Landes ou à Sivens, qui est essentiel. C’est lui qui renoue avec le cœur de la problématique anarchiste à condition de ne pas oublier son organisation et son changement d’échelle : le fédéralisme libertaire. Car isolée, non seulement la lutte périclite mais son schéma conforte aussi, paradoxalement, l’injonction du libéralisme à être mobile, mouvant, fugitif, et celle de la religion à former des petites communautés de croyants économiquement séparées mais unies par un même dieu.
Au-delà des luttes plus ou moins ponctuelles, c’est bien cette reconquête de la commune qui importe dans la perspective de fédérer toutes les initiatives économiques ou culturelles existant un peu partout, et qui pratiquent l’anarchisme comme Jourdain faisait de la prose.
Pour cela, il ne faut pas camper sur ses certitudes, ni se réfugier dans des démarches sectaires (petit groupe de convaincus entre soi, imposition de pratiques alimentaires ou de son mode de vie) 7, mais se colleter à la vie du quartier ou de la commune, tout en clarifiant les idées et les pratiques. Car cette clarification est fondamentale : tout en recherchant l’unité dans la lutte ou dans l’action locale (même réformatrice au départ), elle relance la perspective révolutionnaire globale, qui a disparu dans les poubelles écologistes 8, et elle permet de se réapproprier l’enjeu métapolitique dont l’ultra droite et l’extrême droite ont fait leur champ de bataille. D’une pierre deux coups.
C’est là que le « municipalisme libertaire » de Bookchin, sans se satisfaire de ses approximations sur l’anarcho-syndicalisme, ou le « municipalisme de base » des anarchistes italiens peuvent offrir des perspectives intéressantes.

 

  1. 1. Ce qui ne signifie évidemment pas qu’il n’y ait rien à apprendre des sociétés dites « premières », de la même façon qu’elles peuvent apprendre des « sociétés dites civilisées ». Élisée et Élie Reclus évoquaient déjà cette co-relation il y plus d’un siècle.
2. Soit dans le vocabulaire d’Haeckel : Umgebund (« environnement ») ou umgebende Aussenwelt (« monde extérieur environnant ») et non pas Umwelt (« milieu »). Ce choix sémantique n’est pas neutre. C’est l’une des raisons pour laquelle, avec le social-darwinisme prôné par Haeckel et qu’il récusait, Élisée Reclus n’a jamais adopté « l’écologie », qu’il connaissait, mais la « mésologie » et la « géographie sociale ».
3. Le monisme postule la fusion de l’inerte et du vivant, ce qui revient à désubjectiviser l’humain, donc à dénier la liberté et la volonté humaines. Les anthroposophes l’ont bien compris qui s’en sont emparés, non sans incidences politiques vu les accointances de leurs leaders avec le nazisme, lequel prônait « la supériorité des lois de la vie » (et donc des « plus forts »).
4. C’est bien entendu un résumé de « l’écologie urbaine ». Pour un exposé plus précis de la question, cf. L’Imposture écologiste (1993).
5. Leur attaque systématique du « matérialisme », du « prométhéisme » et du « progrès » est redoutable. Sous couvert de dénoncer les abus du consumérisme, elle vise en réalité à remettre en cause la philosophie matérialiste (donc l’anarchisme) et à discréditer l’idée que la société (le socialisme) pourrait améliorer les choses. Rappelons que Prométhée s’est rebellé contre les dieux pour voler le feu, si utile. La métapolitique religieuse est en place.
6. Le respect des intellectuels envers Foucault est tel que, tout en oubliant le soutien que ce philosophe avait apporté au régime des ayatollahs iraniens, ils ont du mal à critiquer sérieusement ce fascinant concept de « biopolitique ». Or de nos jours, tout est « bio », même les mouvements comme Pro-Life, Pro-Vie, etc…
7. C’est le mot « imposer » qui a toute son importance ici. Car « imposer » ou « ne pas imposer » est au fondement de l’anarchisme.
8. Plus exactement, une fraction importante de l’écologisme parle de « révolution intérieure » et nous intime de commencer par là, comme, par exemple, le film En quête de sens. Les anarchistes chevronnés y reconnaîtront sans peine le vieux discours des métaphysiciens et des religieux, qui regagne du terrain puisque les marxistes et les nationalistes ont galvaudé et sali l’idée même de révolution, et que les anarchistes eux-mêmes se sont montrés inconséquents (cf. les mémoires de Juan Garcia Oliver). La pente est difficile à remonter.

Résistance politique: vaincre le processus de domination

Posted in actualité, altermondialisme, colonialisme, démocratie participative, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, politique et social, politique française, résistance politique, société libertaire, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , on 26 juin 2015 by Résistance 71

“Il y a la place pour toute chose dans la loi naturelle, où est le mal ? Il n’y a pas de mal dans la Nature. En vivant par la loi naturelle, nous percevons pleinement au travers de nos sens, nous développons une appréciation pleine et complète de ce monde réel nous entourant, pour ce que nous expérimentons dans nos vies quotidiennes ; pour la réalité.”

~ Russell Means, Lakota ~

“Ni les pouvoirs écrasant de l’état centralisé ni les enseignements de haine mutuelle et de lutte pathétique qui vinrent, enrobés des attributs de la science, de philosophes et de sociologues obligés, ne purent arracher le sentiment de solidarité humaine profondément enraciné dans la compréhension et le cœur des humains, simplement parce que ce sentiment a été chéri et entretenu par toute notre évolution précédente.”

~ Pierre Kropotkine ~

 

Le processus de domination / subjugation et de libération / émancipation dans la société autoritaire de type pyramidal

 

Résistance 71

 

26 Juin 2015

 

La relation de force imposée par l’État et ses institutions depuis sa création est identique pour le colonialisme et son expansionnisme économico-politique extérieur aussi bien que pour la domination de la masse des citoyens par la clique oligarchique au pouvoir réel (banquiers et gros industriels transnationaux) et de façade (politiciens et hauts fonctionnaires d’état, gérants de la machine economico-étatique) sur le plan domestique. De fait, l’oligarchie agit de la même façon pour subjuguer son peuple et celui d’un pays envahi.

Une analyse critique pour une meilleure compréhension des rouages de l’oppression afin de mieux pouvoir espérer s’en libérer ainsi que de ceux de la libération/émancipation, est nécessaire. Cela fait partie de la pensée critique indispensable pour l’établissement d’une ligne de réflexion/action de la part des opprimés en voie d’émancipation.

Voici ces rouages résumés:

 

4 piliers de l’oppression 4 piliers de la libération
1- Conquête 1- Coopération
2- Diviser pour régner 2- Unité pour libération
3- Manipulation 3- Organisation
4- Invasion culturelle 4- Synthèse culturelle

Source: Paolo Freire (1970)

 

Il est important de développer un niveau de conscience (politique) qui nous permette d’apprendre à percevoir, nous les opprimés, les contradictions, les vastes fumisteries sociales, politiques et économiques, qui nous sont imposées et d’agir réellement et efficacement contre les éléments oppresseurs de notre réalité dans le but de réaliser les 4 piliers de la libération contre les 4 piliers de l’oppression. Ce n’est que lorsque nous maîtrisons la compréhension de tous les éléments de l’oppression et de la libération, que nous pouvons agir simultanément à notre pensée. De fait, idéalement, la maîtrise des éléments permet de passer de la réflexion à l’action sans qu’il y ait l’épaisseur d’un cheveu entre les deux.

Ainsi, la réflexion sans l’action n’est que verbiage creux ne menant nulle part et l’action sans réflexion n’est qu’un activisme aveugle menant à l’échec.

Lorsqu’on regarde autour de nous, la très vaste majorité des gens manifestant le désir de changer de paradigme sont soit d’un côté, soit de l’autre. Joindre la pensée critique et la réflexion à l’action militante organisée, unie et efficace (c’est à dire hors du principe éculé de “l’avant-gardisme” béat de parti…) est un signe de maturité politique.

Sortons donc de l’immaturité politique entretenue par l’oligarchie et œuvrons pour une société juste, égalitaire, anti-autoritaire et non-coercitive. Comprenons que bien plus de choses nous rassemblent que de choses nous séparent. Reconvergeons vers l’intérêt et le bien commun. Répondons enfin de manière mature à l’appel de notre nature: l’union, la coopération, l’entr’aide mutuelle mènent à l’égalité et au-delà… à la liberté, qui ne peut exister sans égalité ni coopération.

Mitakuye Oyasin

Nous sommes tous inter-reliés

= = =

“L’ordre que représente l’anarchie n’est pas quelque chose qui doit être inventé, un nouveau paradigme et une nouvelle terre. C’est la même terre et la même humanité que nous avons toujours connues, attendant d’être réveillées dans la liberté. Le futur est caché dans le présent. Dans le vieux conte de fée, les chaussures enchantées reposent dans la forêt impénétrable ; mais la forêt est pénétrée et le charme rompu.”

~ George Woodcock ~