Société contre l’État: Retrouver la société organique…

“L’État, c’est ainsi que s’appelle le plus froid des monstres froids et il ment froidement et ce mensonge sort de sa bouche: ‘Moi, l’État, je suis le peuple’.”
~ Friedrich Nietzsche ~

“Quand les hommes et les femmes deviendront raisonnables au point de suivre leurs instincts naturels, ils s’uniront au-delà des frontières et constitueront le Cosmos. Ils n’auront pas besoin de tribunaux ni de police. Ils n’auront aucun temple ni lieu public d’adoration, il n’y aura plus besoin d’argent, le don prenant la place de l’échange.”
~ Xénon ~

 

La translation des valeurs

 

Robert Graham

 

11 Mai 2015

 

url de l’article original:

http://robertgraham.wordpress.com/2015/05/11/3796/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Quand Alexandre Berkman et Emma Goldman arrivèrent en Russie en 1919, ils eurent de la sympathie pour les bolchéviques, qu’ils considéraient comme des révolutionnaires sincères. Ils commencèrent à prendre une attitude bien plus critique après avoir pris contact avec ces anarchistes qui restaient encore en liberté. Ils finirent par comprendre que les bolchéviques étaient en train d’établir leur propre dictature sous le prétexte de combattre la contre-révolution. Berkman nota comment “la guerre civile aidait vraiment les bolchéviques. Cela servait à maintenir en vie l’enthousiasme populaire et à nourrir l’espoir qu’avec la fin de la guerre, le parti dominant au pouvoir rendra effectifs les nouveaux principes révolutionnaires et sécurisera le peuple dans la jouissance des fruits de la révolution.” Au lieu de cela, la fin de la guerre civile mena à la consolidation d’une dictature d’un parti politique despotique caractérisé par “l’exploitation du travail, la mise en esclavage des ouvriers et des paysans, l’annulation du citoyen en tant qu’être humain et sa transformation en une infime partie d’un mécanisme économique universel contrôlé et possédé par le gouvernement, la création d’un groupe de privilégiés ayant les faveurs de l’État et le système de service de travail obligatoire ainsi que ses organes coercitifs et répressifs.”

“Oublier les valeurs éthiques, introduire des pratiques et des méthodes inconsistantes avec ou opposées aux hauts buts moraux de la révolution veut dire inviter la contre-révolution et le désastre… Là où les masses sont conscientes que la révolution et toutes ses activités sont entre leurs mains, qu’elles gèrent elles-mêmes les choses et qu’elles sont libres de changer leurs méthodes lorsque cela devient nécessaire, alors la contre-révolution ne peut pas trouver de soutien ni de point d’appui et devient sans danger… le traitement thérapeutique pour le mal et le désordre est plus de liberté et non pas sa suppression,” avait écrit Berkman.

Emma Goldman fit un constat similaire des leçons à tirer de la révolution russe, argumentant que “s’écarter des méthodes de concepts éthiques veut dire sombrer dans les profondeurs de la démoralisation sans borne… Aucune révolution ne peut réussir en tant que facteur de libération à moins que les MOYENS utilisés pour ce faire soient identiques en esprit et en tendance avec les OBJECTIFS à atteindre.” Pour Goldman, l’essence de la révolution ne peut pas être “un changement violent des conditions sociales au travers duquel une classe sociale, la classe ouvrière, devient dominante sur une autre classe”, comme le veut le concept marxiste. Pour que la révolution sociale réussisse, il doit y avoir “un transfert fondamental des valeurs… guidant une transformation des relations de base d’homme à homme et de l’homme envers la société,” établissant ainsi “la sanctification de la vie humaine, la dignité de l’être humain, le droit pour chaque être humain à la liberté et au bien-être.”

En concevant la révolution sociale comme “le régénérateur mental et spirituel” des valeurs humaines et des relations, Goldman adoptait une position alors très proche de celle de Gustav Landauer, le socialiste anarchiste mort en martyr durant la courte expérience de la révolution bavaroise de 1919. Avant la guerre, il critiqua ces révolutionnaires qui regardaient l’état comme une chose “physique, comme un fétiche, que quelqu’un peut écraser pour le détruire.” Au lieu de c ela, “L’État est une relation entre les êtres humains, une façon par laquelle les gens se situent les uns par rapport aux autres.” Si l’État est une sorte de relation sociale, alors “nous sommes l’État” et le demeurerons “aussi longtemps que nous ne changerons pas, aussi longtemps que nous ne créerons pas les institutions qui constituent une véritable communauté et une société d’êtres humains.

Cette conception positive de la révolution sociale en tant que création de communautés égalitaires fut plus tard développée par l’ami de Landauer, le philosophe juif Martin Buber (1878-1965). Cherchant consciemment à construire sur l’héritage de son ami Landauer. Buber appela pour la création d’une “communauté des communautés” ( “Société des sociétés”), une fédération de communes villageoises “où la vie communale est basée sur l’amalgame de la production et de la consommation, la production étant comprise comme l’union organique de l’agriculture avec l’industrie et l’artisanat.” Une telle vision était tirée à la fois de la pensée de Landauer et de celle de Kropotkine, spécifiquement de l’œuvre de ce dernier Fields, Factories and Workshops. (“Champs, usines et ateliers”, 1910) Cette vision fut partagée par la plupart des premiers pioniers du mouvement kibboutzim en Palestine (cf Horrox, 2009) et par Gandhi et ses suiveurs en Inde. Un sang neuf souffla sur le concept après la seconde guerre mondiale avec le développement des concepts du communalisme écologique inspirés des idées anarchistes de gens comme Paul Goodman et Murray Bookchin.

10 Réponses to “Société contre l’État: Retrouver la société organique…”

  1. JBL1960 Says:

    Merci pour avoir dénicher le préambule par Xénon “Quand les hommes et les femmes deviendront raisonnables au point de suivre leurs instincts naturels, ils s’uniront au-delà des frontières et constitueront le Cosmos. Ils n’auront pas besoin de tribunaux ni de police. Ils n’auront aucun temple ni lieu public d’adoration, il n’y aura plus besoin d’argent, le don prenant la place de l’échange.”
    Cela résume bien ma pensée. Ce Xénon est le Zénon d’Élée contradicteur d’Aristote et l’auteur des paradoxes de Zénon ?
    Si oui, fallait le trouver celui-là… Merci à vous R71.

  2. michel Says:

    Pour mémoire :
    TAO : « Se laisser conduire par sa propre nature, c’est cela le TAO ; et assumer pleinement cette nature reçue du Ciel, c’est cela la Vertu ».
    « Un homme qui a le TAO change à l’extérieur et ne change pas à l’intérieur ; en changeant à l’extérieur, il se mêle aux hommes ; en ne changeant pas à l’intérieur, il garde son intégrité. Ainsi, il a une conduite sûre à l’intérieur, mais à l’extérieur peut se courber ou se redresser, avoir en superflu ou être en manque, se lover ou s’étendre et échanger avec les êtres. Aussi, même élevé très haut, il ne tombe pas. Ce qui fait le prix du Saint, c’est sa capacité à se métamorphoser comme un Dragon ».
    (Les grands traités du Huainan zi)

    Liberté ou Bonheur, qui nous est naturel : l’autonomie. Nous croyons que le bonheur se trouve dans les objets (dont l’étatisme) ! Et ça fait des millénaires que ça dure avec la misère qui colle avec !!!

  3. michel Says:

    À propos de « société organique », certaines « élites » se sont penché dessus ! dans la si longue troisième république française, notamment un Léon Bourgeois (qui porte bien son nom) et qui ne pouvait être que membre du Grand Orient de France, et bien-sûr un Prix du dynamiteur Nobel.
    Les lieux d’aisance de la république au temps du sabre et du goupillon (avant le machin ONU).
    La « défense sanitaire » semblait aussi importent que « la défense du pays » (il fallait éduquer les prolétaires à chier correctement avec des « profs francs-maçons » de chez Abraham).

    « Les mesures sanitaires sont conformes à la justice, car elles ne sont appliquées à un citoyen qu’autant qu’elles sont nécessaires pour défendre contre lui la santé et la vie des autres citoyens. Elles sont conformes aux principes de la démocratie républicaine, car elles profitent avant tout aux petits, aux faibles et aux malheureux. Elles répondent enfin aux nécessités du patriotisme, car elles ont pour but et pour effet de conserver et d’accroître ce capital humain dont la moindre parcelle ne peut être perdue sans une atteinte à la sécurité nationale et à la grandeur de la patrie ».
    On peut reconnaitre là le lyrisme typique de cette nouvelle franc-maçonnerie spéculative née en 1717… à Londres…

  4. JBL1960 Says:

    HS ; avez-vous lu cet excellent article qui permet de comprendre l’implication US dans la déstabilisation de la Russie depuis toujours finalement ; http://lesakerfrancophone.net/et-si-poutine-dit-la-verite-on-fait-quoi/ C’est vrai que quand on fait l’autruche, qu’on se place soit même la tête dans le sable ; On a le cul à l’air ! Et bien l’Empire de la Démence se fissure vraiment de tout côté, les gens parlent, et c’était inévitable. De même, quand on voit les images de prise de contrôle d’une région, d’une cité, comme Palmyre, par l’EIL ça vous fait pas une curieuse impression ? Moi, si et j’arrive pas à définir ce que c’est…

    • Peut-être la rage de savoir que l’oligarchie qui a créé et contrôle l’EI, légion mercenaire de la CIA, est en train de détruire les vestiges de l’humanité ?
      Le but est l’amnésie généralisée… le contrôle de l’histoire pour pouvoir (essayer de) réimprimer les esprits !

      • JBL1960 Says:

        Effectivement, c’est surement cela notamment à la lecture de votre article sur « l’Infestation » ça paraît presque comme une évidence. Mais, instinctivement, je ressens un malaise à la vue de ces images comme si, le sens cachée de ces images était là sous mes yeux, et le malaise vient du fait, que pour moi, c’est perceptible et visible… J’ai eu une tante qui s’appelait Palmyra, que l’on appelait Palmyre, et ce nom résonne fort en moi, comme une réminiscence ; Y’a surement un peu de ça aussi…

      • Salut

        Hervé du sakerfrancophone, content de voir que ma trad sur poutine et la vérité plaise à vos lecteurs.
        je venais demander votre autorisation pour reproduire sur notre site avec citation de la source cette traduction de PCR qui est vraiment enrichissante. J’avais déjà vu des bouts de traduction de cet officier US.
        Hervé
        PS : pas la peine de publier ce commentaire 🙂

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