Archive pour avril, 2015

Résistance kurde à l’EI: L’Autonomie Démocratique du Rojava ou les communes libres contre l’EI…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, démocratie participative, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, militantisme alternatif, politique et social, résistance politique, société libertaire, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , on 30 avril 2015 by Résistance 71

Qui parle de ces héros et héroïnes de la résistance en Syrie à part la communauté anarchiste ? Et pourquoi n’en parle t’on pas ?… La réponse est tellement évidente…

— Résistance 71 —

 

Kobané Rojava résistance et besoins

 

Forum anarchiste du Kurdistan (KAF)

Parus dans Umanità Nova le 22 mars 2015

Traduit par Toni du Groupe Germinal de la FA

 

23 Avril 2015

 

url de l’article en français:

http://www.monde-libertaire.fr/international/17705-kobane-rojava-resistance-et-besoins

 

Après cent trente-quatre jours de fière résistance et de défensive, les hommes, les femmes et leurs combattants, avec l’aide et la solidarité de millions de personnes dans le monde, ont finalement mis en déroute les attaques féroces de l’État islamique et ont libéré leur ville : Kobané.

Ce ne fut pas seulement la défaite de l’État islamique et de son rêve d’établir un califat. Ce fut, surtout, la fin du rêve de l’allié de l’État islamique – l’actuel gouvernement turc – de faire renaître un empire néo-ottoman.

L’attaque dirigée contre Kobané fut une guerre par délégation lancée par l’État islamique au nom des régimes de la région et de plus loin, contre le valeureux peuple de Kobané et l’Autonomie démocratique du Rojava (DSA : Democratic Self-Administration).

Cette guerre a eu un grand impact social et psychologique sur la population de Kobané, y compris sur celle qui a quitté la ville pour trouver refuge dans les régions voisines.

La guerre n’est pas encore achevée. L’État islamique continue de menacer et d’intimider les villages autour de Kobané avec de terrifiantes attaques et la propagande. Naturellement, cette menace demeurera jusqu’à ce qu’elle soit totalement éradiquée de la région.

Nous entrons dans la deuxième phase de la résistance, où il nous faut affronter les conséquences de la guerre. Nettoyer le territoire de mines et des bombes non explosées comme explosées. Naturellement, cette opération ne peut être effectuée par la population de Kobané. Ceci exige un support technique et de l’expérience.

Pour reconstruire Kobané et sauvegarder l’Autonomie démocratique, la population de la ville a besoin de la solidarité internationale la plus grande possible et du monde entier. Faire appel à l’aide des institutions financières internationales et des grandes multinationales ne serait pas la meilleure des idées. En réalité, comme l’enseigne l’histoire, ce serait le meilleur moyen de mettre à bas la révolution en cours au Rojava.

Voici quelques pistes pour exercer la solidarité internationale et contribuer à la reconstruction du Rojava :

– Créer des comités et des associations pour récolter de l’argent, du matériel de construction et des outils pour remettre en état le milieu de vie, plus spécialement à Kobané, ravagé.

– Ouvrir des comptes bancaires pour recevoir dons et contributions, contrôlés par des groupes de solidarité avec le Rojava, dans vos villes et dans vos pays.

– Créer, dans chaque ville, divers groupes et comités, où il sera possible de rassembler le matériel nécessaire à la reconstruction du Rojava. S’assurer que tout ce qui sera obtenu soit transféré rapidement et de façon sûre au Rojava.

– Mettre en place des dépôts aux frontières irakienne, turque et iranienne du Kurdistan, dans l’attente que tout puisse transiter au travers d’un corridor humanitaire.

– Recueillir des remèdes et du matériel hospitalier pour les trois cantons de Rojava : Efrin, Kobané et Jézine.

– Construire des écoles, des hôpitaux, des aires de jeu et des lieux consacrés au rétablissement de la santé physique et psychologique des victimes de la guerre et des réfugiés.

– Mettre en place, pour les trois cantons, une ligne téléphonique et Internet indépendante pour ne plus avoir à faire appel à celles des pays voisins. Lignes téléphoniques et Internet doivent échapper à leur contrôle.

– Permettre aux volontaires qui peuvent aider physiquement et psychologiquement de venir participer directement au soutien de la population et à la reconstruction de Kobané et de tout le Rojava.

– Chaque mise en place d’aide devra se faire après consultation de la population locale du Rojava impliquée dans les communes et des groupes locaux de coordination des membres de la DSA qui prendront, seuls, la décision finale.

Nous concevons la participation et la solidarité avec le Rojava comme un devoir naturel et concret d’anarchiste. Nous espérons que ces souhaits et d’autres seront concrétisés par d’autres compagnons. Nous croyons que ce travail concret ne doit pas se limiter au Rojava mais doit concerner n’importe quel lieu du monde, en particulier tous les lieux que la guerre a détruits. Ceci révèle de quelle façon les anarchistes travaillent à la reconstruction de la société, dans tous les aspects de la vie.

Nous sommes persuadés que rien n’est parfait et ne puisse échapper à la critique, et cela vaut pour nos suggestions. Nous espérons que celles-ci créent des débats et des échanges parmi tous les anarchistes.

Nous tenons par ailleurs à souligner que ceci ne concerne pas seulement Kobané-Rojava parce qu’il est bien possible que nous nous retrouvions confrontés à la même nécessité dans d’autres parties du monde, dans un avenir très proche.

 

Forum anarchiste du Kurdistan (KAF)

Parus dans Umanità Nova le 22 mars 2015

Traduit par Toni du Groupe Germinal de la FA

Résistance politique: Lutte sociale et gestion directe…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, économie, démocratie participative, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, pédagogie libération, politique et social, politique française, résistance politique, Social & Retraite, société libertaire, terrorisme d'état, Union Europeenne et nouvel ordre mondial with tags , , , , , , , , , , , , , , , , , , , on 30 avril 2015 by Résistance 71

Qu’est-ce que la gestion directe ?

 

Fédération Anarchiste

 

10 Avril 2015

 

url de l’article:

http://www.monde-libertaire.fr/autogestion/17719-quest-ce-que-la-gestion-directe#comment-1272

 

En 1981, la « gauche » porteuse d’espoir d’amélioration des conditions d’existence s’emparait des commandes de l’État. Cette expérience a fait la preuve de l’efficacité du clan des politiciens à laisser le chômage et les inégalités se développer. Belles promesses et projets généreux ont été rangés aux oubliettes du « réalisme » socialiste.
Face à la déception et à la grogne, tous les gouvernements tentent de nous faire croire que notre avenir de travailleurs est lié au sauvetage de l’économie des profiteurs. Mais qui peut avaler cela ?
Les dirigeants syndicaux peut-être, qui bradent leur indépendance, trompent leurs mandataires, dévoient leurs syndicats au nom de la « solidarité nationale » entre exploiteurs et exploités, et tous ceux qui prêchent encore les bienfaits de l’austérité aux travailleurs désabusés.
Le revirement brutal de ceux qui, hier encore, mangeaient à la gamelle gouvernementale n’y changera rien. Le monde politique traditionnel est à bout de souffle.

Attention

Plus vite que nous le pensons, nous aurons à choisir. Dans la plupart des pays occidentaux, nous assistons au même phénomène. Au gré des élections, gauche et droite se succèdent sans que de véritables solutions soient apportées. Partout, le patronat durcit ses positions, les travailleurs paient la « crise » de leurs maîtres. Combien de temps encore ce jeu d’alternance durera-t-il avant qu’une droite totalitaire ou une gauche « musclée » balaie les derniers semblants de démocratie ?
Oublier l’histoire, c’est se condamner à la revivre. Devrons-nous attendre, en moutons résignés, l’avènement d’une dictature souhaitée par certains aujourd’hui, ou choisirons-nous la voie de la responsabilité et de l’égalité ?

La lutte pour la gestion directe

Que personne ne décide à notre place ! Organisons la solidarité et l’entraide entre les travailleurs contre les patrons et bureaucrates.
Préparons-nous à remplacer l’État, institution parasite et étouffante, par une organisation fédéraliste des différents secteurs de la société.
Demain, gérons nous-mêmes, directement, notre travail et nos cités. Supprimons les inégalités économiques et sociales.
Après l’échec à l’Ouest et à l’Est de toutes les doctrines autoritaires (démocratiques ou dictatoriales), luttons pour une société libertaire ; débarrassons-nous des patrons et des politiciens.

Les principes

Les principes de l’économie libertaire tels que les anarchistes les conçoivent sont clairs. Ils supposent : le fédéralisme, agent de coordination en remplacement de l’État, agent de coercition du système capitaliste ; l’abolition d’un système économique basé sur le profit, la plus-value et l’accumulation du capital ; la collectivisation des moyens de production et d’échanges ; l’égalité économique et sociale.
La limitation de l’autorité aux accords librement passés entre les participants à l’élaboration d’une économie directement gérée par les travailleurs.
Nous nous démarquons de cette autogestion mise à la mode par les chrétiens progressistes et les marxistes modernistes dont les thèses débouchent toujours sur des projets clairement cogestionnaires.
L’utilisation du terme gestion directe, pour définir notre proposition, semble plus appropriée.

La gestion directe, pour quoi faire ?

La participation à la gestion d’une entreprise n’a d’intérêt, pour un travailleur, que si elle transforme ses conditions d’existence. Gérer une entreprise en commun, alors que cette entreprise conserve ses structures de classes, consisterait, pour les travailleurs, à gérer leur propre misère, leur propre exploitation. Ce qui confère à l’entreprise ses structures de classes, ce sont : la propriété privée de l’entreprise ; l’appropriation par le capital d’une plus-value que le travail de tous a créée ; les différences de rémunérations ; le maintien d’une autorité qui excède le cadre de la tâche à accomplir ; les privilèges de l’encadrement.
Demain, si dans l’entreprise autogérée, il reste des différences économiques, il se reconstituera une nouvelle classe dirigeante qui défendra, par tous les moyens, ses privilèges.
Les anarchistes pensent contrairement aux marxistes avec leur période intermédiaire, qu’il faut supprimer immédiatement tous les privilèges de classe sans exception.
Les travailleurs se demandent ce qu’ils peuvent gagner à la gestion de l’outil de production. Ils pèsent les avantages et les inconvénients qui en résulteront pour eux, et dont le principal est la responsabilité : c’est celui qui le fait le plus réfléchir, car celle qu’ils assureront sur le lieu de travail engagera celle de leur condition économique.
Nous touchons ici au problème humain, celui de l’homme devant la responsabilité, celui de la quiétude qui résulte d’une certaine servilité, surtout lorsqu’elle s’assortit de conditions d’existence économiques et morales acceptables. Mais une autre série de questions se pose au monde du travail. Elles ont trait à la maîtrise des moyens technologiques et des modalités de gestion. Quelles seront les conditions de production et de distribution ? Il est possible d’avancer deux raisons solides qui peuvent nous convaincre que les salariés auraient avantage à gérer la production. La première, c’est qu’ils répartiraient mieux le fruit de leur travail, ce qui est une raison purement économique, matérielle. La deuxième raison est que cette prise en main concourt à l’épanouissement individuel. Mais pour que la gestion directe se traduise en actes, il faut que l’homme se débarrasse des coutumes consacrées par les siècles, il faut qu’il s’émancipe des préjugés.
La production devra être conditionnée par les besoins et non par le profit. La gestion directe implique, de fait, l’abolition du salariat et reste sous-tendue par une gestion globale et rigoureuse du système productif.
Il est important de souligner que si l’égalité économique est une condition nécessaire à la suppression des classes, elle n’est pas suffisante ; la suppression de l’État doit l’accompagner sous peine de voir se recréer une classe dominante.
Cette société sans classe et sans État que nous proposons justifie la prise en main, par les travailleurs, des moyens de production et d’échange, par la population entière la prise en main de la distribution des affaires communales, régionales nationales et internationales par une organisation fédérale adaptée à toutes les situations. Bien évidemment, la gestion directe dépasse ici le cadre strict de l’économie et se généralise à tous les domaines de la vie (cadre et conditions de vie, culture, etc.). Le but du fédéralisme libertaire est de coordonner, d’organiser la vie en société en supprimant tout pouvoir. C’est pour cela que les théoriciens anarchistes, et, à leur suite ceux qui se réclament de l’anarchisme, ont toujours justifié la nécessité de l’organisation.

La coordination sans État

C’est souvent le manque d’organisation structurée qui permet au premier quidam venu d’imposer son autorité et d’être proclamé, suivant les époques : roi, ayatollah ou président. Le fédéralisme libertaire reconnaît, dans toute société, une multitude d’individus et collectivités ayant chacun des aspirations particulières et un rôle propre. C’est pourquoi, l’autonomie la plus large doit être reconnue à chacun, ainsi que la possibilité de s’organiser, de se gérer et de s’administrer comme bon lui semble sans qu’un organe supérieur lui dicte ce qui est bon ou juste. L’autonomie a, bien sûr, ses limites, qui sont le respect de la cohésion de l’ensemble de la société et le non-exercice du pouvoir d’un groupe sur un autre.
Nous voyons donc que contrairement à l’organisation étatique, l’autonomie ou la liberté d’autrui n’est nullement une borne. Mais cette autonomie n’est pas suffisante ; l’entraide est nécessaire. Elle exige de chacun que le contrat librement consenti d’égal à égal remplace la loi édictée et imposée par un seul. Elle exige également que chacun (collectivité et individualité) participe aux décisions communes. Ces différents facteurs combinés transformeraient notre vie de façon radicale en remplaçant le pouvoir de quelques-unes sur tous par une organisation qui, seule, est à même de composer la société sans la paralyser.

La grève expropriatrice gestionnaire

C’est pendant la période où l’État, les directions syndicales et politiques, sont désemparés par un mouvement social de grande ampleur, que l’action décisive est possible. C’est l’instant où, d’une grève revendicatrice, de refus, la grève doit devenir expropriatrice et gestionnaire. Expropriatrice, en refusant de céder les profits aux patrons. Gestionnaire : une fois le patron mis à la porte, il faut continuer la production, trouver les débouchés, repenser une économie dont le moteur n’est plus le profit, mais la satisfaction des besoins.
C’est l’instant de la chance révolutionnaire ; ce qui est rejeté et le but à atteindre doivent être clairement définis. Entre ces deux pôles de la réflexion, quelques idées-forces qui s’inspirent de la conjoncture, et qui varieront avec elle, détermineront les choix. Parce que nous sommes pour la maîtrise totale de l’économie par les travailleurs, nous refusons les systèmes capitalistes, libéral et étatique. Nous voulons établir l’égalité économique et bâtir une organisation de la société débarrassée de l’État.
La grève gestionnaire nous semble, dans l’état de complexité de l’économie moderne, un des moyens les plus efficaces pour arracher aux classes dirigeantes et à l’État les instruments de production et d’échange. C’est donc, à partir des réalités de notre temps que nous poursuivrons notre œuvre de libération sociale, ce qui confère à l’anarchisme son originalité, car, contraire à tous les dogmes, il est une adaptation constante de la proposition théorique aux conditions sociales d’aujourd’hui.

Les origines anarchistes du 1er Mai !…

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Origines anarchistes du 1er mai : une journée internationale de luttes des travailleurs

 

Groupe Emma Goldman de la Fédération Anarchiste

 

23 Avril 2015

 

url de l’article:

http://www.monde-libertaire.fr/syndicalisme/17703-origines-anarchistes-du-1er-mai-une-journee-internationale-de-luttes-des-travailleurs

 

Les années 1880 sont marquées outre-Atlantique par l’essor des luttes ouvrières. Pas étonnant puisque les États-Unis sont mis en coupe réglée par les « robbers barons », les barons voleurs, ces hommes d’affaires comme Vanderbilt, Carnegie, Rockefeller ou J.P. Morgan, qui sont en train de se bâtir des fortunes colossales dans l’industrie, les affaires et les finances. Des barons voleurs qui se fichent comme d’une guigne du droit du travail… et de la vie des travailleurs tout court.

Dans une période de crise économique sévère, les grèves se succèdent, impulsées notamment par des organisations ouvrières de plus en plus puissantes, comme les Chevaliers du travail ou la Fédération américaine du travail. Les migrants européens, allemands notamment, sont légion parmi eux.

Les organisations ouvrières décident de faire du 1er mai 1886 la date à partir de laquelle la revendication des huit heures de travail quotidiennes doit entrer en application. Pour se faire, ils en appellent à la grève générale. À Chicago, ils sont donc 80 000 à se croiser les bras. Chicago est la ville phare du mouvement ouvrier américain : les journaux socialistes et révolutionnaires y sont nombreux, les syndicats y sont puissants et actifs. Le 3 mai, à l’issue d’un rassemblement ouvrier devant l’entreprise MacCormick qui vient de licencier tout son personnel et de le remplacer par des non-grévistes (les jaunes ou « scabs »), la police et son auxiliaire, la célèbre agence Pinkerton qui fournit provocateurs et tueurs à gage au patronat, font feu sur les manifestants, tuant deux d’entre eux. Le lendemain, il est décidé d’organiser en riposte un grand meeting à Haymarket Square. Devant 3 000 personnes, les intervenants se succèdent pour défendre les revendications ouvrières et dénoncer les violences policières. À la fin d’un discours, les forces de police interviennent pour mettre fin au meeting. C’est alors qu’une bombe est lancée dans les rangs policiers. Aussitôt, c’est la panique et l’affrontement. Quand le calme revient sur Haymarket Square, on relève treize cadavres : six ouvriers et sept policiers. Dès le lendemain, la presse, qui est aux mains des industriels, se déchaîne contre les syndicalistes et les anarchistes qu’elle rend responsables de l’attentat. La police effectue une rafle dans les milieux révolutionnaires et emprisonne huit hommes : Oscar Neebe, Louis Lingg, Michael Schwab, Samuel Fielden, August Spies, George Engel, Albert Parsons et Adolf Fischer. Leur particularité : tous sont des militants anarchistes et aucun n’était sur les lieux au moment de l’explosion, hormis Fielden et Parsons, présents à la tribune.

Leur procès se tient en juin de la même année. C’est un procès politique, évidemment truqué, le genre de procès dont sont friandes nos démocraties quand leurs intérêts vitaux sont en jeu : tous les jurés, comme le juge, ont été choisis dans les milieux bourgeois et réactionnaires de la ville. Le procureur, Julius Grinnel, déclare ainsi lors de ses instructions au jury : « Il n’y a qu’un pas de la République à l’anarchie. C’est la loi qui subit ici son procès en même temps que l’anarchisme. Ces huit hommes ont été choisis parce qu’ils sont des meneurs. Ils ne sont pas plus coupables que les milliers de personnes qui les suivent. Messieurs du jury : condamnez ces hommes, faites d’eux un exemple, faites-les pendre et vous sauverez nos institutions et notre société. C’est vous qui déciderez si nous allons faire ce pas vers l’anarchie, ou non. »

L’issue du procès ne fait donc aucun doute : seul Neebe échappe à la peine de mort. Durant l’année qui suit, les campagnes internationales de solidarité se succèdent pour essayer d’arracher à la potence les sept anarchistes. Le 10 novembre 1887, l’un d’eux, Louis Lingg, charpentier de son état, âgé de 21 ans, meurt en prison. À l’exécution, il a préféré le suicide. Le même jour, le gouverneur Oglesby confirme les peines de mort pour quatre des prisonniers : Adolf Fischer, George Engel et August Spies et Albert Parsons. Justice de classe, justice expéditive… Vingt-quatre heures plus tard, les quatre anarchistes condamnés sont pendus. Pas moins de 250 000 personnes accompagneront le cortège funéraire de ceux que l’on appelle dès lors les « martyrs de Chicago ».

En 1893, la révision du procès reconnut l’innocence des huit inculpés ainsi que la machination policière et judiciaire mise en place pour criminaliser et casser le mouvement anarchiste et, plus largement, le mouvement ouvrier naissant.

Les suppliciés furent alors réhabilités et les trois emprisonnés purent quitter le bagne. Sur une stèle du cimetière de Waldheim, à Chicago, sont inscrites les dernières paroles de l’un des condamnés, August Spies : « Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui. » En 1889, à Paris le congrès de l’Internationale socialiste décide de consacrer chaque 1er mai journée internationale de lutte des travailleurs.

Depuis, les politiciens de tout bord, conscients du caractère subversif du 1er mai, se sont échinés à détourner de sa signification ouvrière et révolutionnaire la journée du 1er mai. Des bolcheviks aux pétainistes, le 1er mai ne doit plus être un symbole de lutte et d’émancipation, mais la fête des travailleurs et la glorification du travail, de la productivité et de la paix sociale ! En 1920, la Russie bolchevique décide que le 1er mai sera chômé et deviendra la fête du travail (la propagande stalinienne glorifiera ensuite la productivité en inventant le stakhanovisme, du nom du mineur de choc Alekseï Stakhanov qui aurait extrait 102 tonnes de charbon en six heures, soit environ quatorze fois le quota demandé à chaque mineur).

En 1933, en Allemagne, Hitler, parvenu par les urnes au pouvoir aux élections législatives de mars, institue le 1er mai comme jour chômé célébrant la fête du travail. Les manifestations du 1er mai sont interdites, les syndicats sont dissous et déclarés illégaux le lendemain. En 1941, en France, pendant l’occupation allemande, le 1er mai est officiellement désigné par René Belin, ministre du Travail de Pétain, principal rédacteur de la Charte du travail et ancien secrétaire de la CGT, comme la fête du travail et de la concorde sociale et devient chômé.

Depuis, cette fête du travail a été relayée servilement par la majorité du « peuple de gauche » sans plus de protestation chaque année en France. Même les « communistes » du PCF et autres socio-démocrates y distribuent depuis des décennies leur muguet. Et, pourtant, c’est encore sous Pétain que le muguet (blanc comme le lys, symbole de sainteté et de la monarchie) vient remplacer les églantines rouges (symbole révolutionnaire depuis la première commune de 1793 et repris comme symbole des luttes ouvrières) ou l’aubépine (en hommage à la jeune ouvrière Maria Blondeau tuée un bouquet d’aubépine à la main lorsque l’armée tira sur le cortège du 1er mai 1891 à Fourmies faisant 9 morts et 30 blessés) qui étaient alors portées et distribuées le jour du 1er mai avant le régime de Vichy. C’est bien de la responsabilité de certains syndicats, qui n’ont cessé de revendiquer cette « fête du travail », si cette journée est aujourd’hui célébrée selon des rites travaillistes et autoritaires hérités du pétainisme.

En 1947, le 1er mai est inscrit dans le Code du travail comme journée fériée, chômée et payée, le gouvernement reprend et officialise l’année suivante la dénomination vichyste de « fête du travail ».

Plus récemment, la récupération et le détournement du 1er mai ne s’embarrassent d’aucune limite : le Front national organise chaque année une manifestation pour fêter le travail et Jeanne d’Arc. « Travail, famille, patrie », voilà le message que ces politiciens veulent nous imposer ce 1er mai !

Les élections et les partis politiques sont les ennemis de l’émancipation ouvrière. Les revendications des travailleurs, les luttes sociales ne doivent pas céder devant la lutte des politiciens pour la conquête du pouvoir et la lutte des places. Tout ce que nous avons obtenu, nous l’avons obtenu par la lutte, par l’action directe des travailleurs contre le patronat, contre tous les gouvernements et contre les bureaucraties syndicales.

Le 1er mai est donc bien une journée inscrite dans l’histoire du mouvement ouvrier avec le sang de militants anarchistes. Elle appartient à ceux et celles qui se battent pour leur émancipation, pas pour célébrer le salariat, l’exploitation et la souffrance au travail !

Nous devons continuer à nous battre, contre les patrons, contre les bureaucrates politiciens ou syndicaux pour que cette journée demeure une journée de luttes sans jamais perdre à l’esprit qu’« il n’est pas de sauveurs suprêmes : ni dieu, ni césar, ni tribun. Travailleurs, sauvons-nous nous-mêmes » !

Ukraine: l’assassinat de la vérité (Paul Craig Roberts)

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Analyse simple, courte et concise de Roberts, ce sont le plus souvent les meilleures… Nous rajouterons ceci: le but ultime de l’établissement de ce régime nazi en Ukraine mis en place par l’occident, sera de le faire se connecter avec l’EI, lui-même une création des mêmes services occidentaux. Le but ? Importer le chaos en Europe et faire de l’Ukraine la plaque tournante pour les agressions clandestines sur la Russie via le Caucase et la diffusion de la drogue en provenance d’Afghanistan sur l’Europe et la Russie sous contrôle de la CIA. L’Ukraine a été planifiée pour devenir un narco-état voyou totalement contrôlé par les services occidentaux. Ceci permettra de semer toujours plus de chaos à la fois en Russie et en Europe. C’est en tout cas ce qui semble être prévu.

— Résistance 71 —

 

L’assassinat de la vérité

 

Paul Craig Roberts

 

28 Avril 2015

 

url de l’article original:

http://www.paulcraigroberts.org/2015/04/28/truth-murdered-paul-craig-roberts/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistsnce 71 ~

 

Le régime Obama et ses monstres néo-conservateurs ainsi que leurs vassaux européens ont ressuscité un gouvernement nazi et l’ont localisé en Ukraine. Lisez cette déclaration d’elena Bondarenko, députée ukrainienne:

http://slavyangrad.org/2015/04/18/statement-by-elena-bondarenko-peoples-deputy-of-verkhovna-rada-of-ukraine/

Les médias occidentaux ont créé un narratif fictif de ce qu’il s’est passé en Ukraine. Le coup organisé par le régime Obama qui a renversé le gouvernement démocratiquement élu de l’Ukraine n’est jamais mentionné ; les milices arborant des symboles nazis sont ignorées. Ces milices nazies sont la principale source de violence qui a été infligée aux populations russophones, ceci ayant eu pour résultat une sécession des républiques du Donbass. Au lieu de rapporter ce fait, les médias occidentaux corrompus jusqu’à la möelle ne font que régurgiter la propagande de Washington pour dire que la Russie a envahi et est en tran d’annexer l’Ukraine de l’Est et du Sud. Les politiciens britanniques et européens répètent les mensonges de Washington comme des perroquets.

Les médias occidentaux sont les cmplices de bien des crimes de guerre qui ont été couverts par des mensonges, mais le tissu de fadaises tissé par les médias occidentaux au sujet de l’Ukraine est la collection la plus audacieuse de mensonges à ce jour. En réalité, la vérité a été assassinée en Occident. Il n’y a absolument aucune respect que ce sit pour la vérité dans toutes les capitales occidentales.

Le coup d’état en Ukraine représente l’effort de Washington pour enfoncer une dague au cœur de la Russie. L’inconsidération d’un tel acte criminel a été maquillée en construisant une fausse réalité au sujet d’un peuple en révolution contre un gouvernement corrompu et oppresseur. Le monde devrait être choqué du fait qu’”apporter la démocratie” soit devenu la couverture de Washington pour raviver un état nazi.

Moyen-Orient: La guerre du Yémen menée pour le cartel pétrolier…

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La guerre au Yémen est une guerre pour le cartel pétrolier Rothschild/Rockefeller

 

Dean Henderson

 

26 Avril 2015

 

url de l’article original (interview on Press TV, cliquez sur le lien dans l’article original):

http://hendersonlefthook.wordpress.com/2015/04/26/press-tv-interview-yemen-war-on-behalf-of-rothschildrockefeller-oil-cartel/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71~

 

Les Etats-Unis soutiennent l’action militaire de l’Arabie Saoudite contre le Yémen parce que cette opératon est menée pour les grandes compagnies pétrolières, explique un commentateur politique.

“Le Yémen a toujours été une sorte de paillasson dans cette région. Le peuple yéménite a toujours été gravement exploité par les nations membres du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) et les royaumes du Golfe Persique”, a dit Dean Henderson dans un entretien avec Press TV dimanche.

“Essentiellement, les grosses compagnies pétrolières coopèrent dans cette région, donc la campagne de bombardement meurtrière de l’Arabie Saoudite… est faite pour le bénéfice des grosses entreprises pétrolières.”

Vendredi, le ministres US des AE John Kerry a soutenu les raids aériens contre le Yémen.

Le chef de la diplomatie américaine a félicité la monarchie saoudienne d’être passée d’une campagne de bombardement totale aux bombardements ciblés lorsque les combattants d’Ansrallah du mouvement Houthi essaient de saisir plus de territoire au Yémen. Henderson a aussi expliqué d’autres raisons pour lesquelles Kerry aime la campagne de bombardement saoudienne

“Les Houthis sont les ennemis d’al Qaïda dans la péninsule arabe (AQPA) et nous devons nous rappeler que les Saoudiens, les Etats-Unis, les Britanniques et Israël soutiennent tous Al-Qaïda, ont créé Al Qaïda,” a t’il dit.

“Donc en diminuant le pouvoir des Houthis, vous écrasez les ouvriers, les gens qui en ont marre d’être toujours exploités par ces royaumes pétroliers,” a noté l’analyste. Henderson a aussi dit que les ennemis du Yémen renforcent AQPA, qui est l’outil qu’ils utilisent pour maintenir le Yémen sous le joug et maintenir les gens dans un état de sous-développement, divisés et ainsi s’assurer que ces gens ne puissent pas devenir une nation elle aussi développée.

Henderson a décrit la situation comme étant un autre cas d’intervention néo-coloniale de l’occident.

L’Arabie Saoudite a commencé son agression militaire contre le Yémen le 26 mars, sans aucun mandat de l’ONU, afin de mettre un terme au mouvement Houthi Ansurallah et de restaurer au pouvoir le président fugitif Abd Rabbuh Mansour Hadi, un proche allié de Ryadh.

Plus de 1000 personnes incluant au moins 115 enfants ont été tuées au yémen depuis que L’Arabie Saoudite a commencé son offensive militaire illégale, a dit vendredi l’ONU.

Génocides occidentaux et déconstruction de l’occident…

Posted in actualité, altermondialisme, colonialisme, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, média et propagande, militantisme alternatif, N.O.M, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , on 28 avril 2015 by Résistance 71

Le grand historien Howard Zinn disait qu’on ne peut pas être neutre dans un train en marche. Nous, peuples occidentaux, devons venir à l’âge de raison et cesser de nous laisser dicter nos pensées et actions par ces parents abusifs que sont les États. Venir à l’âge de raison veut aussi dire cesser de se masquer la vérité. Nous devons accepter l’horreur de la réalité historique si bien rappelée ici par le professeur Chitour: Nous, membre de cette “grande civilisation” que serait l’Occident chrétien, sommes les complices volontaires ou involontaires du massacre organisé de centaines de millions de personnes dans le monde, occident compris, depuis les premières croisades au “choc des civilisations” de l’empire anglo-américano-sioniste en passant par la subjugation codifiée par la doctrine chrétienne de la découverte, d’un “nouveau monde” qui n’était “nouveau” que pour ses colonisateurs, car bien connu des dizaines de millions d’habitants du continent dans l’époque dite “pré-colombienne”.

Nous l’avons dit ici même à maintes reprises et le dirons sans cesse: l’avenir de l’humanité, notre avenir, celui de nos enfants et de tous les non-nés à venir, dépend de l’union des peuples dans la seule lutte qui vaille la peine d’être mentionnée, celle pour l’émancipation des peuples du système pyramidal autoritaire, coercitif et mortifère, de ce système oligarchique qui vampirise la planète dont l’État, sous quelque forme que ce soit, représente la structure de contrôle, l’outil de discorde qui nous maintient divisés sur des lignes politiques, sociales, culturelle et religieuses qui sont fictives et n’ont aucun lieu d’être.

Pour que le colonialisme puisse s’implanter au profit de la minorité oligarchique, il faut d’abord que l’idéologie colonise les esprits à la maison, c’est pour cela que nous sommes tous des colonisés ! Ceci est induit, piloté depuis la cellule oligarchique, il suffit de dire NON ! de retirer notre consentement à cette clique de parasites et de reprendre le pouvoir ensemble, peuples colonisés, la main dans la main, pour le rediluer dans les peuples, là où il est particulièrement soluble et d’où il n’aurait jamais dû sortir, puisque c’est la nature de l’affaire !

Union, boycott, contre-pouvoir autogestionnaire et confédération des communes libres !

Liens connexes sur le sujet:

https://resistance71.wordpress.com/colonialisme-doctrine-chretienne-de-la-decouverte/

https://resistance71.wordpress.com/colonialisme-luttes-indigenes/

https://resistance71.wordpress.com/abolir-lempire-mouvement-pour-la-repudiation-de-la-doctrine-chretienne-de-la-decouverte/

Excellente vidéo explicative sur la stratégie du “diviser pour mieux régner” de James Corbett, le dernier mot revenant au toujours plus remarquable George Carlin (la vidéo sera placée dans la section commentaire sous cet article):

http://www.youtube.com/watch?v=k50rGvQofok

 

~ Résistance 71 ~

 

Les génocides occidentaux dans l’histoire ou la nécessaire déconstruction de la civilisation occidentale

 

Professeur Chems Eddine Chitour

 

27 Avril 2015

 

url de l’article:

http://www.mondialisation.ca/les-genocides-occidentaux-dans-lhistoire-la-necessaire-deconstruction-de-la-civilisation-occidentale/5445672

 

«Quand la violence entre par la porte, la loi et la justice sortent par la cheminée.» (proverbe turc)

Encore une fois, l’actualité mean stream nous rattrape et nous oblige à témoigner pour déconstruire un mythe et dans le même mouvement replacer les meurtres de masse depuis la découverte du Nouveau Monde. Nous ne parlerons pas des différents massacres de masse de peuples entiers, les Indiens, les Aztèques, les Incas, avec la bénédiction de l’Eglise et ceci malgré les rares suppliques à l’instar de celle de Bartoloméo de Las Casas.

Le mot génocide est-il une marque déposée?

Le terme génocide est apparu pour la première fois dans l’étude Axis Rule in Occupied Europe en 1944 pour tenter de définir les crimes perpétrés par les nazis à l’encontre des peuples juifs, slaves et tziganes durant la Seconde Guerre mondiale, ceux commis par le gouvernement des Jeunes-Turcs de l’Empire ottoman à l’encontre des Arméniens pendant la Première Guerre mondiale et ceux dont furent victimes les Assyriens en Irak en 1933. Même la terminologie doit obéir au magistère. Ce terme nous dit- on ne doit pas être utilisé à tort et à travers d’autant qu’il y a des mots qui sont interdits d’utiliser.

A titre d’exemple je cite l’article sur La déportation de Noirs. Rosa Amelia Plumelle-Uribe écrit: «Lors d’une table ronde sur la traite des Noirs et l’esclavage, en octobre 1998, j’avais traité le thème de «la déportation massive d’Africains, un crime contre l’humanité». De retour vers Paris, un historien, professeur à l’université d’Orléans, m’a suggéré d’une façon très amicale de «ne pas employer le mot déportation s’agissant de la traite car il vaut mieux éviter les malentendus». (…) J’ignorais que même le droit d’appeler par son nom la déportation d’êtres humains la plus gigantesque que l’histoire de l’humanité ait connue pouvait nous être contesté. (…) Ainsi, parce que les auteurs de ces actes barbares privilégièrent l’emploi d’euphémismes comme «traite», nous serions priés de nous en tenir là? Le monopole des mots et des définitions n’est pas anodin. Il fait partie de la manipulation de l’histoire et du contrôle de son interprétation (…) Il est temps et il est nécessaire qu’au moins les Noirs sachent que la différence fondatrice du décalage entre le génocide afro-américain et les génocides hitlériens relève non pas des faits, mais de leur qualification juridique.» (1)

La réalité des massacres des Arméniens

On ne peut comprendre l’acharnement de certains pays dont la France à qualifier les massacres de la Première Guerre mondiale des Arméniens de génocide sans parler de la réalité et de la qualification des faits. Interrogé par les journalistes du Monde, sur son refus de reconnaître le génocide arménien, Bernard Lewis, professeur à Princeton, déclare: «(..) Vous voulez dire reconnaître la version arménienne de cette histoire? Il y avait un problème arménien pour les Turcs à cause de l’avance des Russes et d’une population anti-ottomane en Turquie, qui cherchait l’indépendance et qui sympathisait ouvertement avec les Russes venus du Caucase. Il y avait aussi des bandes arméniennes – les Arméniens se vantent des exploits héroïques de la résistance -, et les Turcs avaient certainement des problèmes de maintien de l’ordre en état de guerre. Pour les Turcs, il s’agissait de prendre des mesures punitives et préventives contre une population peu sûre dans une région menacée par une invasion étrangère. Pour les Arméniens, il s’agissait de libérer leur pays. (…) Nul doute que des choses terribles ont eu lieu, que de nombreux Arméniens – et aussi des Turcs – ont péri. Mais on ne connaîtra sans doute jamais les circonstances précises et les bilans des victimes. (…) Pendant leur déportation vers la Syrie, des centaines de milliers d’Arméniens sont morts de faim, de froid… Mais si l’on parle de génocide, cela implique qu’il y ait eu politique délibérée, une décision d’anéantir systématiquement la nation arménienne. Cela est fort douteux. Des documents turcs prouvent une volonté de déportation, pas d’extermination.(2)

Pour Bernard Lewis, la vérité historique, l’honnêteté intellectuelle et le devoir de mémoire auraient voulu que le souvenir des populations musulmanes d’Anatolie orientale massacrées par les Brigades de Volontaires Arméniens engagées dans les rangs des troupes tsaristes, soit également évoqué dans ce débat. Mais force est de constater que les Arméniens se gardent bien de parler des atrocités qu’ils ont commises à l’encontre des Turcs, et passent sous silence leur alliance avec la Russie contre l’Empire ottoman…(3) (4)

Gilles Martin-Chauffier rédacteur en chef de Paris-Match et écrivain, a malgré l’acharnement des biens-pensants refusé d’utiliser le mot génocide. Pour lui, La Turquie a été dépecée. L’Arménie s’est retrouvée avec le tiers de la Turquie. Elle allait de la mer Noire à la Syrie. Pourquoi elle a eu un tel cadeau l’Arménie? Pourquoi un cadeau aussi extraordinaire, sinon parce qu’elle avait rendu des services extraordinaires.» (5)…

Un autre témoignage est celui de l’historien irlandais le Dr Patrick Walsh qui déclare: «Les faits sont des tragédies pour les chrétiens et pour les musulmans. Mais si la question reste plantée sur l’expression de génocide’, nous n’avancerons jamais. Tout le monde sait qu’à l’origine de la question, il y a les grandes puissances comme la Russie.» Walsh met l’accent sur l’importance des démarches lancées par la Turquie pour une réconciliation et ajoute que les Turcs et Kurdes sont aussi les victimes des incidents de 1915 tout comme les Arméniens. Pour lui «l’éventualité d’un Etat arménien n’était pas possible car la population arménienne était une minorité à l’est de l’Anatolie. Les pays de l’Entente ont intelligemment profité des Arméniens. Et les Arméniens qui ont compté sur les pays de l’Entente ont fait une mise.» Patrick Walsh s’attarde également sur le rôle de l’Angleterre tout comme la Russie sur ces incidents et indique que «l’Angleterre a entraîné la déstabilisation de la région dès le début du 20e siècle. (…) Les nationalistes arméniens qui ont profité de la Première Guerre mondiale qui a opposé l’Etat ottoman à la Russie en 1914, ont collaboré avec les forces russes pour créer l’Etat arménien. Quand l’armée russe envahit l’Est de l’Anatolie, elle connaît un grand soutien des Arméniens ottomans (…). En même temps, les gangs arméniens ont massacré et réprimé les civils dans les endroits qu’ils ont occupés. (…) En raison des attaques qui se sont poursuivies une décision a été adoptée le 27 mai 1915 pour la déportation des Arméniens dans les zones de conflits et en coopération avec l’armée russe occupante». (6)

La genèse réelle de ces massacres: la lutte contre l’islam

Tour revient en définitive, à la lutte contre l’islam représenté par l’Empire ottoman, l’homme malade de l’Europe et que la sainte coalition a arrêté aux portes de Vienne en 1687. Par la suite, l’empire vermoulu fut attaqué de toutes parts par les deux nations diaboliques de l’époque, la perfide Albion et son acolyte le coq gaulois sous prétexte de précaution des minorités «La genèse historique de l’Occident, lit-on sur cette contribution, étant ce qu’elle est, cette histoire de la civilisation judéo-chrétienne jonchée de périodes troubles est entachée de crimes de masses, de génocides, de pogroms que l’Occident aimerait oublier à défaut de pouvoir l’occulter totalement. En dépit de toutes les accusations portées à l’encontre de l’islam, il n’a jamais été prouvé que cette religion, dans sa dimension politique, idéologique ou même spirituelle, ait été à l’origine de génocides ou de pogroms. (…) Si aujourd’hui avec la France en tête, les Occidentaux reprochent à la Turquie de ne pas admettre un génocide taillé sur mesure pour les descendants des Ottomans, c’est l’islam, par prolongement, qui est bien entendu visé…. Nombreux sont les historiens, intellectuels et écrivains, des Arméniens comme Asoghik et Mathieu d’Edesse à Voltaire, en passant par Lamartine à Claude Farrère, Pierre Loti, Philip Marshall Brown, Michelet, Sir Charles Wibon, Bronsard, Edgar Granville et bien d’autres qui ont fait l’éloge de la gestion admirable et équitable de la société multi-ethnique du Califat ottoman. Alors que la même époque l’Europe judéo-chrétienne vivait ses moments plongés dans les ténèbres de l’ignorance et de la barbarie médiévale et de l’inquisition.» (7)

Que s’est-il passé? Il semble que les Occidentaux ont promis l’indépendance aux Arméniens. «Au début du XXe siècle, les Arméniens se trouvent au sein d’une tourmente entre Orient et Occident. « Manipulés par les Russes, puis par l’Europe, les Arméniens occupant des positions-clés au sein de l’appareil d’Etat ottoman, ont joué un rôle décisif et n’hésitèrent pas à participer à la déstabilisation du Califat. En 1915. Le nouvel Empire ottoman n’était plus qu’un petit territoire de 120.000 kilomètres carrés, couvert en majeure partie de terres inexploitables. La Première Guerre mondiale achève son démembrement; les territoires arabes qu’il contrôle (Syrie, Palestine, Liban, Irak, Arabie) sont placés sous protectorat britannique et français (accord Sykes-Picot), le Caucase est perdu. Le traité de Sèvres du 10 août 1920, consacre le démembrement de l’Empire ottoman. La SDN confie les provinces arabes à la France et au Royaume-Uni. Il sera révisé par le traité de Lausanne du 24 juillet 1923, conclu avec la Turquie ‘moderne” d’Atatürk. Pour Norbert de Bischoff, ‘Ainsi s’effondrait après une chute sans égale, un des plus grands empires qu’ait connus l’histoire moderne.» (7)

La modernité génocidaire commence en 1492

Si nous voulons  en honnêtes courtiers rapporter les faits ou plutôt les méfaits d’Un Occident sûr de lui,  dominateur et dictant la norme, il nous faut remonter loin dans le temps pour comprendre cette pulsion de donner la mort aux peuples faibles ,sous couvert d’évangélisation, de civilisation  pour nous faire  entrer dans l’histoire pour utiliser une expression malheureuse    de Nicolas Sarkozy venu apprendre à Dakar ,aux Africains  de ne plus rêver  et d’entrée dans cette histoire que l’Occident a inauguré dit-on avec les grandes découvertes.. Ce fut la curée  synonyme de Règle des  trois C. Christianisation, Commerce, Colonisation . Il est sûr, écrit l’écrivain éclectique Kaddour M’Hamsadji, présentant l’ouvrage «L’Occident à la conquête du Monde» (8); que nous observons avec le grand historien français Marc Ferro, ce qu’il dénonce dans son «Livre noir du colonialisme, XVIe-XXIe siècles», quand il écrit: «Aujourd’hui, devant les famines qui menacent, les grandes puissances jouent les Ponce Pilate comme si elles n’étaient pas des agents de cet impérialisme multinational qui, sur les populations les plus faibles, resserrent les rets de la mondialisation. Un autre génocide, d’une certaine façon?» Mais, en vérité, «l’odieux prestige» de l’Occident impérialiste, dans tous ses états de terreur et de répression, aura commencé des siècles et des siècles plutôt dont celui où se sera inscrite l’année 1492. Cette date n’aura été qu’un repère bien «médiocre» sur son parcours vers la domination totale des peuples qu’il aura fallu convertir aux «valeurs de l’Occident»… »(9)

« À ce sujet, l’ouvrage «L’Occident à la conquête du monde» de Chems Eddine Chitour apparaît comme une étude riche en questionnements. «Le postulat de départ, écrit-il, est que l’Occident chrétien se veut être, à tort, le seul producteur de sens et de normes. […] Mais le régime colonial n’est pas seul en cause, pas plus qu’un antisémitisme allemand permet d’ignorer parfois l’extension des crimes contre des non-juifs et les ordres d’extermination mis en oeuvre avant 1914 contre les Hereros du Sud-Ouest africain.» «Décrire toutes les horreurs induites par la colonisation, sans décrire les fondements des processus de colonisation, ne pourrait permettre de savoir ce qui s’est réellement passé et pourquoi cela s’est passé.» En conclusion, ayant savamment «déconstruit notre imaginaire hérité».(9)

Des bons et des mauvais génocides

Dans le même ordre de la déconstruction/reconstruction du modèle occidental , une étude magistrale de Mohamed Abassa fait d’une façon élégante mais sans concession le procès de ce magistère occidental dixit adoubé par l’Eglise qui dit-il connaît l’histoire et ne se trompe pas. Il écrit:

«Le pape François, dont on devine l’immense bonté pour tout ce qui est chrétien, déplore et dénonce les trois génocides du siècle dernier: le massacre des Arméniens chrétiens, les massacres nazis contre les juifs et les massacres du stalinisme communiste, du Rwanda, du Burundi et du Cambodge. (…) Pourquoi être comptable de seulement trois génocides et autres suggérés accessoires par le non-dit, et pourquoi sur un seul siècle? Les Etats-uniens comptent, à eux seuls, plus de 2000 agressions militaires directes contre des pays souverains, 402 traités de paix par eux violés, et résultat de la course, plus de 50 millions d’êtres humains massacrés par leurs armées dans les cinq continents ». (10)

« Personnellement poursuit l’auteur, , le massacre d’un seul être humain pour le motif de ses idées, de sa peau, sa religion, sa race ou ses croyances constitue en soi un génocide. Tuer quelqu’un parce qu’il est juif, chrétien ou musulman, athée ou agnostique ou rien de tout cela, est un génocide. Qu’a fait la papauté de Pie XII pour dénoncer les massacres de civils algériens, 40.000, un véritable génocide, le 8 mai 1945, à Sétif? Rien». (…) Ces génocides des cinq derniers siècles où donc sont-ils passés dans la mémoire du saint pape? Sont-ils oubliés, gommés parce que l’Eglise, la chrétienté et l’Occident y sont impliqués jusqu’à l’os? L’occupation et l’évangélisation des Amériques par l’Eglise et les Européens, Anglais, Espagnols, Portugais, Hollandais et Français en tête, ont provoqué des millions de morts, des centaines de génocides! Qui en parle? Personne. Est-ce de bons génocides? Qui ne dit mot consent. Qui a exterminé, il y a moins de trois siècles, les Sioux, les Apaches, les Navarro, les Cheyenne, les Cherokee, les Creeks, les Iroquois, les Esquimaux? Tous massacrés, leur bétail aussi et leurs récoltes incendiées pour les faire mourir de faim et de maladies, pour les exterminer, éteindre à jamais leurs races. L’épopée du Far West n’est rien d’autre qu’une fumisterie cachant une multitude infâme de génocides dont l’Eglise était partie prenante.» «Epopées odieuses dont s’est inspirée l’armée coloniale française pour tenter d’éteindre à jamais la race algérienne, A l’arrivée, par la force, de la France en Algérie, la population algérienne était estimée entre sept et huit millions d’habitants. En 1920, elle était estimée par l’administration coloniale à sept millions d’individus alors que normalement elle aurait dû être atteindre statistiquement, sur la base d’un taux de progression démographique moyen, pendant un siècle, les 11 millions d’habitants. Où sont donc passés les quatre millions d’Algériens manquants selon les prévisions des calculs démographiques? C’est tout simplement les effets différés et cumulés de la politique de 100 ans d’exterminations,(…) Ce que qualifieront Victor Hugo, Jules Ferry et Alexis de Tocqueville de «marche de la civilisation sur la sauvagerie». Ce à quoi répliquera tranquillement l’Emir Abdelkader: «Non, messieurs des Misérables c’est votre sauvagerie qui marche sur notre civilisation. Je reconnais vos traces et vos passages à mes bibliothèques et livres brûlés.» (10)

Camille Loty Malebranche a bien raison d’écrire: «La seule morale des puissances occidentales, est leur prépondérance et au nom de celle-ci tout, même l’argument du divin et de l’humanisme humanitaire, est évoqué pour autoriser les guerres, les bombardements et les crises humanitaires dues aux pires détresses humaines. (…). L’Occident crée les conditions de multiples détresses dont il n’assume point sa sinistre responsabilité.»(11)

Les massacres de masses des Arméniens , n’ont pas jailli du néant, ils sont la conséquence es Nations occidentales qui ont donné l’illusion à l’Arménie , que la « bête était morte » et que la curée pouvait se faire sur la dépouille encore frémissante de l’empire ottoman  attaqué  de toute part depuis plus d’un siècle notamment après la bataille de Lépante où l’Eglise rameuta tous les croisés ; C’était en 1827. Ce fut ensuite, les attaques des grecs , des bulgares, ce fut ensuite l’ingérence directe dans   « la question d’Orient » où l’Angleterre et la France avaient tout fait pour exciter les Chrétiens, au point qu’ils subirent des massacres en Syrie ; On le répétera jamais assez ce fut un Musulman qui sauva les 3000 chrétiens, les logea les protégea les nourrit , jusqu’à ce que les émeutes s’arrêtèrent . Résultat des courses on imposa à l’empire un gouverneur chrétien pour s’occuper des Chrétiens  « Moutassarif » . Ce fut ensuite des prêts toxiques qui achevèrent de ruiner l’empire vermoulu, jusqu’à cette première guerre où l’Empire ottoman se rangea du mauvais côté. La guerre n’était pas encore terminée que les acolytes Sykes et Picot  commencèrent à se partager la dépouille …

En définitive,  Il ne sert à rien de nous devons ré étalonner les mots et convenir dorénavant que toute vie humaine perdue est une tragédie sans faire dans l’étalonnage par le nombre.   L’Occident a perdu tout magister moral  que les nations lui faibles lui avaient attribué. Il nous fait découvrir chaque jour sa nature ; Sous des mots doucereux,  Il nous sature l diode avec les Droits de l’Homme – en fait des Droits de l’Homme Occidental-  il nous berce d’illusions sans lendemain. Nous devons imaginer de nouvelles grilles de lecture, qui doivent nous aider à mieux appréhender le monde et ne plus développer des réflexes pavloviens au moindre stimuli des médias occidentaux  qui nous vendent un projet d’accaparement du monde au profit, non pas des couches laborieuses, même  dans ces pays occidentaux, mais au profit exclusif d’une oligarchie  qui tient les rênes du grand capital et partant de la marche du monde. Pour paraphraser  Jean Paul Sartre  quand les riches se font la guerre , ce sont les faibles qui meurent. Ceci à moins de résister et patiemment montrer qu’ il y a une alternative, que l’on peut coexister  ensemble sans s’étriper. Faisons la paix, malgré eux, unissons nous pour un monde meilleur.

 

Notes

1.Rosa Amelia Plumelle-Uribe  http://reseauinternational.net/la-deportation-de-noirs/ 25 04 15

  1. Bernard Lewis interview par J.P. Langellier, J.P. Peroncel-Hugoz Le Monde, 16.11.1993
  2.  http://www.tetedeturc.com/home/spip. php?article14#06

4.Chems Eddine Chitour  http://www.lexpressiondz.com/chroniques/analyses_du _professeur _chitour/145022-les-politiques-dictent-l-histoire.html  24Décembre 2011

  1. Gilles Martin-Chauffier    http://www.armenews.com/article.php3?id_article=110466

6.http://www.alterinfo.net/Turcs-et-Kurdes-egalement-victimes-des-incidents-de-1915_a113196.html

  1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9 _de_S%C3%A8vres

8.Chems Eddine Chitour: L’Occident à la conquête du Monde. Edtions Enag 2010

9.Kaddour M´hamsadji http://www.djazairess.com/fr/lexpression/77879 23 – 06 – 2010

10.Mohamed Abassa http://www.algeriepatriotique.com/article/une-contribution-de-mohamed-abassa-des-bons-et-des-mauvais-genocides15 Avril 2015

11.Camille Loty Malebranche http://intellection.over-blog.com/2015/04/capitalisme-immanence-actuelle-d-une-hegemonie-colonialiste-exterminatrice.html

Colonialisme occidental: Pape, génocide et doctrine chrétienne de la découverte…

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Nous dédions cette traduction au troll « wared »…

— Résistance 71 —

 

Le pape et le génocide: regardons l’ensemble du paysage

 

Peter d’Errico

 

25 Avril 2015

 

url de l’article original:

http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2015/04/25/pope-and-genocide-lets-look-whole-picture

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Le pape François 1er a récemment fait plus fort que le politiquement correct sur un autre sujet des plus sensibles: le massacre turc du peuple Arménien il y a cent ans. Les remarques du pape furent faites au cours d’une commémoration de masse à la basilique St Pierre de Rome pour le centenaire du début du massacre (en 1915). Il a décrit le massacre des Arméniens par les Turcs Ottomans comme étant “le premier génocide du XXème siècle”.

Comme rapporté dans le New York Times, le gouvernement turc a répondu véhémentement, exprimant “une grande déception et tristesse”, caractérisant la déclaration du pape comme “loin de toute réalité légale ou historique”.

Le gouvernement turc nie que le massacre des Arméniens et des Kurdes durant la première guerre mondiale fut un génocide. En fait, la loi turque interdit à quiconque de référer à l’évènement comme étant un génocide. Les gens qui utilisent cette terminologie peuvent être emprisonnés pour le crime de “dénigrement du fait d’être turc”.

Ainsi la Turquie nie la preuve et l’archivage historique montrant qu’un tiers du peuple arménien a été éliminé dans une série d’assassinats de masse organisés sur une période d’environ 4 ans. Plus de vingt pays reconnaissent maintenant le massacre des Arméniens comme étant un génocide. Le mot “génocide” fut originellement créé par Raphael Lemkin pour décrire l’effort d’éliminer le peuple arménien.

Dans un signe d’approche mentale indépendante en ce qui concerne sa papauté, le pape s’est exprimé sur l’Arménie malgré le fait que les diplomates du Vatican évitent ce sujet. Comme le suggère l’article du Times: “François a clairement l’intention de provoquer une réponse”. Il met le massacre des Arméniens dans la même catégorie que d’autres massacres de masse, incluant ceux perpétrés par les nazis et les soviétiques.

La critique du pape de la violence gouvernementale place le génocide dans son juste contexte, comme le résultat de régimes violents “exploitant les différences ethniques et religieuses”. Un génocide ne se produit pas par accident ou par inadvertance. Un génocide se produit parce qu’il est le résultat d’intentions politiques et religieuses de domination d’autrui avec l’intention de détruire un autre peuple. La Convention des Nations-Unies de 1948 sur le génocide définit le “génocide” comme “des actes commis avec l’intention de détruire, en partie ou en intégralité, un groupe national, ethnique, racial ou religieux en tant que tel.

Wikipedia, citant une vaste source de documents, décrit les évènements arméniens comme “perpétrés en deux phases: le massacre généralisé de la population mâle mature par les massacres eux-mêmes ou la subjection des conscripts militaires au travail forcé, suivi de la déportation des femmes, des enfants, des personnes âgées et des infirmes au moyen de marches de la mort les menant dans le désert syrien. Poussés de l’avant par une escorte militaire, les déportés étaient privés de nourriture, d’eau et étaient périodiquement soumis au vol, au viol et au massacre.

Quiconque a étudié l’histoire des Etats-Unis va immédiatement reconnaître le schéma de ces marches de la mort forcées. Elles se produisirent dans l’épisode connue sous le vocable de la “Piste des larmes”. Les preuves historiques montrent plus d’une piste aux larmes, mais bien plus d’épisodes en fait, lorsque les forces militaires des Etats-Unis attaquèrent les nations indigènes avec l’intention de les détruire. Le président George Washington et les généraux Sherman et Sheridan ont tous appelés à “l’exermination” des peuples natifs. Lord Jeffrey Amherst, commandant des forces coloniales avant la révolution américaine, se référaient aux Indiens en les traitant de “vermine” et appela pour leur “extirpation totale”.

Le pape François 1er dénonçant le génocide arménien est quelque chose d’important, mais le pape ne s’est pas intéressé à l’histoire des Etats-Unis, il ne s’est pas non plus trop penché sur les archives coloniales chrétiennes. Sa proposition de canoniser le moine espagnol Junipero Serra cette année durant sa visite aux Etats-Unis montre qu’il est en état de déni complet au sujet du génocide des Amérindiens.

Un profil biographique de Serra publié par Public Broadcasting System (PBS), décrit le moine comme ayant été “une force décisive dans la conquête et la colonisation espagnole de ce qui est aujourd’hui l’état de Californie.” PBS fait remarquer que les missions espagnoles avaient pour but “à la fois de christianiser la masse des populations indiennes et aussi de servir l’intérêt stratégique de l’Espagne en empêchant l’exploration russe et sa possible annexion de la côte pacifique de l’Amérique du Nord.

En fait, la papauté possède un passé tres nébuleux lorsqu’il s’agit de génocide. Le pape Pie XII par exemple, n’a jamais publiquement condamné la persécution nazie des juifs, alors même que ceux-ci étaient arrêtés en masse et déportés depuis Rome. Pie XI soutint en fait Mussolini et son gouvernement fasciste, comme détaillé dans le livre de David Kertzer « The Pope and Mussolini: The Secret History of Pius XI and the Rise of Fascism in Europe. » Un document interne du Vatican de l’époque déclare: “Les catholiques ne peuvent en fait penser qu’avec terreur ce qui pourrait se produire en Italie si le gouvernement de l’honorable Mussolini devait tomber… ils ont ainsi tout intérêt à le soutenir.

Lorsque le pape Jean-Paul II a émis ses “excuses” pour 2000 ans de violence contre les juifs, les hérétiques, les femmes, les Roms et les peuples natifs, il blâma des individus plutôt que l’église elle-même, une position en cela similaire de celle du gouvernement turc, qui ne nie pas que des Arméniens fiuent tués, mais décrit les assassinats comme plus ou moins des actes isolés de soldats en guerre, plutôt que d’un effort prémédité d’un gouvernement pour éliminer un peuple entier.

L’héritage du pape comme opposant au génocide ne sera pas complet ni assuré tant qu’il ne répudiera pas la doctrine “chrétienne de la découverte”. Cette doctrine fut ciselée par la papauté au XVème siècle en tant qu’infrastructure légale et religieuse du colonialisme chrétien européen sur le “Nouveau Monde”. Elle survit de nos jours dans la loi fédérale indienne et dans d’autres systèmes légaux d’états colons (NdT: comme le Canada par exemple..) comme le fondement de la domination gouvernementale des terres natives.

La Cour Suprême des Etats-Unis a établi les droits de propriété des Etats-Unis contre les peuples natifs sur la base de la doctrine chrétienne de la découverte en 1823, dans le verdict de l’affaire Johnson contre M’Intosh. Les Etats-Unis ont réaffirmé la doctrine en 1955 dans le verdict de l’affaire Tee Hit Ton contre les Etats-Unis. Les deux affaires sont citées régulièrement jusqu’à ce jour dans des affaires légales où les tribunaux déboutent les plaintes des peuples natifs concernant la domination des Etats-Unis sur leurs vies et leurs terres.

Si le pape a vraiment l’intention de se concentrer sur l’histoire du génocide, il devra étendre ses références pour y inclure le contexte nord-américain. Le pape François 1er pourrait commencer à s’occuper de l’holocauste des Amérindiens en abandonnant la canonisation de Juniper Serra. Puis, il devrait reconnaître le rôle de l’église et de sa doctrine comme facilitatrice de 500 ans (nous comptons toujours…) de violence coloniale et de génocide et répudier la doctrine chrétienne de la découverte.

Peter d’Errico est diplômé de la fac de droit de Yale en 1968. Il a été avocat pour les Dinebeiina Nahiilna Be Agaditahe Navajo Legal Services, 1968-1970, in Shiprock. Il a enseigné le droit à l’université du Massachussetts, Amherst de 1970 à 2002. Il est avocat consultant pour les affaires concernant les indigènes.

Politique et histoire: Lénine, agent de la City et la trahison du peuple…

Posted in Uncategorized on 27 avril 2015 by Résistance 71

Les « soviets » ou assemblées populaires furent créés depuis le modèle anarchiste du premier soviet qui vît le jour à St Petersbourg en 1905. Ces véritables force et pouvoir révolutionnaires auraient abolis l’État et redonner le pouvoir au peuple si la chance leur en avait été donnée. Lénine et Trotski, agents de la haute finance respectivement de la City de Londres et de Wall Street, s’assurèrent de trahir les soviets et donc le peuple au profit de leurs commanditaires. Regard sur un fragment de leur trahison…

— Résistance 71 —

 

De l’autogestion à la bureaucratie soviétique, 1917-1921

 

Daniel Guérin

 

Novembre 1981

 

Texte de l’intervention de Daniel Guérin lors du colloque «De Kronstadt à Gdansk», organisé en novembre 1981, publié in A la recherche d’un communisme libertaire.

url de l’article:

http://bataillesocialiste.wordpress.com/documents-historiques/1981-11-de-lautogestion-a-la-bureaucratie-sovietique-1917-1921-guerin/

 

Après la révolution de février 1917, les ouvriers s’emparent des usines et s’y organisent en comités ou conseils. Ils prennent ainsi à l’improviste les professionnels de la révolution. De l’aveu même de Lénine, les masses ouvrières et paysannes sont alors «cent fois plus à gauche» que les bolcheviks.

Cependant le parti bolchevik, bien qu’encore minoritaire, est la principale force politique révolutionnaire organisée. Il regarde avec méfiance les diverses structures qui lui portent ombrage. La tendance à la socialisation est d’abord canalisée par le contrôle ouvrier. Le décret du 14 novembre 1917 légalise l’ingérence des travailleurs dans la gestion des entreprises, dans le calcul du prix de revient, abolit le secret commercial, oblige les patrons à exhiber leur correspondance et leurs comptes. Les leaders de la révolution ne veulent pas aller au-delà. En avril 1918, ils envisagent encore la construction de sociétés mixtes par actions, auxquelles participerait, avec l’Etat soviétique, le capital russe et étranger.

Pourtant, dès le printemps de 1917, la classe ouvrière, organisée dans ses propres institutions, les comités d’usine, a affirmé concrètement sa volonté de dépasser ces mesures transitoires et opposé souvent dans les faits au contrôle ouvrier des bolcheviks sa propre vision des tâches de l’heure : la gestion ouvrière.

Seuls les anarchistes avançaient alors des mots d’ordre d’occupation des terres et des usines, d’expropriation de la bourgeoisie et de suppression de la propriété privée.

Le 20 octobre 1917, à la première Conférence panrusse des comités d’usine, une motion demande «le contrôle de la production», en précisant: «Les commissions de contrôle ne doivent pas être seulement des commissions de vérification mais […] les cellules de l’avenir qui, dès maintenant, préparent le transfert de la production aux mains des ouvriers.» Quant aux capitalistes, ils opposent la plus vive résistance à l’application du décret sur le contrôle ouvrier et continuent à refuser I’ingérence des travailleurs dans la production. Les ouvriers répondent à ce boycott en s’emparant de l’usine et en la remettant en marche pour leur propre compte. Très vite le contrôle ouvrier doit céder la place à la socialisation.

Pendant plusieurs mois après la révolution ce mouvement, déjà engagé avant octobre, va s’amplifiant. Les travailleurs assument un rôle grandissant dans l’ensemble des problèmes de gestion de nombreuses entreprises. Dans beaucoup d’entre elles, après la fuite des anciens propriétaires ou leur expropriation, ils sont désormais les seuls maîtres.

Ce mouvement spontané de la classe ouvrière est à l’opposé de l’idéologie traditionnelle de Lénine et du Parti bolchevik. De longue date, depuis le Que faire ? de 1902, ce sont des autoritaires, férus des notions d’Etat, de dictateur, de centralisation, de parti dirigeant, de gestion de l’économie par en haut, toutes choses en contradiction avec une conception libertaire de la démocratie soviétique.

Dans la brochure L’Etat et la Révolution, rédigée et non terminée à la veille de l’insurrection d’Octobre, Lénine prend pour modèle le capitalisme d’Etat allemand, l’économie de guerre (Kriegswirtschaft). Il exalte le monopole des Postes : «Quel mécanisme admirablement perfectionné ! Toute la vie économique organisée comme la Poste […] voilà l’Etat, voilà la base économique qu’il nous faut.» Vouloir se passer d’«autorité» et de «subordination», ce sont là, tranche-t-il, des «rêves anarchistes». Tous les citoyens deviennent «les employés et ouvriers d’un seul trust universel d’Etat», toute la société est convertie en «un grand bureau et une grande fabrique».

Seules, donc, des considérations d’ordre tactique ont poussé en 1917 les bolcheviks à soutenir des pratiques qui, telles celles des comités d’usine, heurtent de front leurs convictions les plus profondes. Mais ils vont se retourner contre eux une fois au pouvoir.

La contradiction entre le langage d’apparence libertaire et les traits autoritaires de la pensée léniniste est si flagrante qu’elle va bientôt se traduire dans les faits. Elle est accélérée par la désorganisation des transports, la pénurie de techniciens et, surtout, par les terribles circonstances de la guerre civile, de l’intervention étrangère. Les dirigeants bolcheviks sont poussés à prendre des mesures d’exception, la dictature, la centralisation, le recours à la «poigne de fer».

Le pouvoir à la base n’aura duré en fait que quelques mois, d’octobre 1917 au printemps de 1918. Très vite, les comités d’usine sont dépouillés de leurs attributions.

Ainsi, le décret du 14 novembre 1917 déjà cité, après avoir précisé les pouvoirs des comités d’usine, s’empresse de définir les limites — étroites — de leur autonomie. Le contrôle ouvrier «instauré dans l’intérêt d’une réglementation planifée de l’économie nationale» (article 1) est organisé sur un mode pyramidal et hiérarchisé, les comités d’usine étant soumis au strict contrôle d’un «conseil général du contrôle ouvrier», dont la composition est décidée par le parti.

En fait, les intentions des bolcheviks sont claires : il s’agit pour eux d’intégrer les comités d’usine dans l’ensemble des organisations étatiques, dans leur logique propre d’une économie centralisée et, de fait, bureaucratisée.

Deux conceptions du contrôle ouvrier s’opposent alors : celle des bolcheviks qui pensent à un contrôle exercé par l’Etat, et celle des comités d’usine qui exigent que le contrôle soit exercé par les ouvriers eux-mêmes, et qui affirment ainsi leur volonté autogestionnaire.

Le mouvement des comités d’usine est devenu gênant. Il est rapidement étouffé par les bolcheviks qui l’annexent aux syndicats en attendant de soumettre les syndicats eux-mêmes.

Le prétexte invoqué est que l’autogestion ne tiendrait pas compte des besoins «rationnels» de l’économie, qu’elle entretiendrait un égoïsme d’entreprise se faisant l’une à l’autre concurrence, se disputant de maigres ressources, voulant à tout prix survivre, bien que d’autres usines soient plus importantes «pour l’Etat» et mieux équipées.

En fait les bolcheviks s’opposent à toute tentative faite par les comités d’usine pour former leur propre organisation nationale, allant jusqu’à interdire, par le biais des syndicats, qu’ils contrôlaient déjà, la tenue d’un congrès panrusse des comités. Telle est l’hypocrisie d’un parti qui, d’un côté, reproche aux comités d’usine leur vision soi-disant trop localiste et qui, de l’autre, leur interdit de se fédérer pour s’attaquer précisément aux problèmes de l’économie à un échelon régional et national.

Mais la centralisation n’est qu’un aspect de la conception bolchevik de l’économie de transition. Lénine ne tarde pas à marquer ses préférences pour la «volonté d’un seul» dans la gestion des usines. Les travailleurs doivent obéir «inconditionnellement» à la volonté unique des dirigeants du processus de travail. En même temps il préconise l’introduction du taylorisme et du salaire aux pièces dans les usines soviétiques.

Sous le nom de «spécialistes», d’anciens membres des classes exploiteuses sont réintégrés au sein des entreprises dans leurs fonctions et leurs privilèges.

On a beaucoup épilogué sur ces décisions : pour beaucoup, le recours aux spécialistes bourgeois était nécessaire à la reconstruction de l’économie. Il convient de rappeler ici que le «Manuel pratique pour l’exécution du contrôle ouvrier dans l’industrie» sorte de manifeste des comités d’usine de Petrograd, mentionnait la possibilité d’une participation des techniciens aux instances de contrôle, avec voix consultative. Ce que les ouvriers contestent donc, ce n’est pas la présence de ces spécialistes, ni l’utilité de certaines de leurs compétences, mais bien le rétablissement de leurs positions hiérarchiques et de leurs privilèges, salariaux notamment.

Au surplus l’administration est envahie par de nombreux éléments petits-bourgeois, résidus de l’ancien capitalisme russe, qui s’étant bien vite adaptés aux institutions soviétiques, se sont fait attribuer des postes de responsables dans les divers commissariats et entendent que leur soit confiée la gestion économique.

On assiste à l’immixtion croissante de la bureaucratie étatique dans l’économie. Le Congrès panrusse des conseils de l’économie (26 mai-4 juin 1918) décide la formation de directions d’entreprise dont les deux tiers des membres sont nommés par les conseils régionaux ou le Conseil supérieur de l’économie et le troisième tiers seulement élu sur place par les ouvriers. Le décret du 28 mai 1918 étend la collectivisation à l’ensemble de l’industrie, mais, du même coup, transforme les socialisations spontanées des premiers mois de la révolution en simples nationalisations. C’est le Conseil supérieur de l’économie qui est chargé d’organiser l’administration des entreprises nationalisées. Les directeurs et cadres techniques demeurent en fonction en tant qu’appointés de l’Etat.

Pour la façade, des élections aux comités d’usine continuent à avoir lieu, mais un membre de la cellule communiste donne lecture d’une liste de candidats élaborée à l’avance et l’on procède au vote à main levée, en présence des «gardes communistes», armés, de l’entreprise. Quiconque se déclare contre les candidats proposés se voit infliger des sanctions pécuniaires (déclassement de salaire, etc.). Les rapports entre les ouvriers et ce nouveau patron redeviennent ceux qui ont existé jadis entre le travail et le capital.

«Vous devez devenir les cellules étatiques de base», déclare Lénine le 27 juin 1918, au Congrès des comités d’usine. Ceux-ci n’ont plus l’ombre d’un pouvoir.

Désormais le «contrôle ouvrier» est exercé par un organisme bureaucratique : l’inspection ouvrière et paysanne.

La classe ouvrière ne réagit ni assez vite, ni assez vigoureusement. Elle est disséminée, isolée dans un immense pays arriéré et en grande majorité rural, épuisée par les privations et les luttes révolutionnaires, plus encore, démoralisée. Ses meilleurs éléments l’ont quittée pour les fronts de la guerre civile ou ont été absorbés par l’appareil du parti ou du gouvernement. Cependant, assez nombreux sont les travailleurs qui se sentent frustrés de leurs conquêtes révolutionnaires, privés de leurs droits, mis en tutelle, humiliés par l’ignorance ou l’arbitraire des nouveaux maîtres, et qui commencent à prendre conscience de la véritable nature du prétendu «Etat prolétarien», de la toute théorique «dictature du prolétariat».

= = =

Epilogue sur la révolution russe 1917-1921:

La guerre civile russe se terminera dans le bain de sang de la ville de Cronstadt sur une île au large de St Pétersbourg en Mars 1921. Des grèves massives à Moscou et St Pétersbourg contre la NEP (Nouvelle Politique Economique) de Lénine et Trotski seront violemment réprimées par l’Armée Rouge dont Trotski était le commandant en chef. La sanglante répression des ouvriers par les bolchéviques mena à l’insurrection de Cronstadt qui elle aussi fut réprimée dans un bain de sang. C’est à Cronstadt que les marins et les ouvriers élaboreront un troisième mouvement révolutionnaire, en effet, en Février 1917 une première vague révolutionnaire avait balayé le tsarisme, en Octobre 1917, une seconde vague avait renversé la bourgeoisie et la troisième vague révolutionnaire de 1921 visait à renverser la dictature du parti unique, qui avait trahi le peuple et avait repris le pouvoir aux Soviets (assemblées populaires ouvrières et paysannes décideuses, dont la première fut créée à St Pétersbourg en 1905… par les anarchistes) pour le donner au parti bolchévique autoritaire.

Malheureusement, ce fut trop tard. Les ouvriers et les insurgés de Cronstadt n’eurent pas le soutien populaire voulu, ce qui permît alors à Lénine et Trotski d’écraser dans le sang le restant de la véritable révolution russe et ainsi de consolider la dictature du capitalisme d’état voulu par leurs maîtres de la City de Londres et de Wall Street.

A lire: “Wall Street et la révolution bolchévique”, Antony Sutton, 1976.

Ingérence occidentale et soutient de l’Ukraine nazie…

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, police politique et totalitarisme, politique et lobbyisme, politique et social, politique française, résistance politique, terrorisme d'état, Union Europeenne et nouvel ordre mondial with tags , , , , , , , , , , , , , , on 26 avril 2015 by Résistance 71

Depuis le départ, depuis Maïdan l’UE, les US, l’OTAN soutiennent les nazis ukrainiens. Wall Street avait soutenu Hitler des années 1930 jusqu’à au moins 1944… Rien de nouveau sous le soleil… Mais il faut que cela se sache, parce que c’est le programme qui nous est réservé à terme.

— Résistance 71 —

 

Quand l’Ukraine devient officiellement nazie

 

Giulietto Chiesa

 

15 Avril 2015

 

url de l’article en français:

http://ilfattoquotidiano.fr/quand-lukraine-devient-officiellement-nazie/

 

Par décision de son Parlement (la rada) du jeudi 9 avril 2015, l’Ukraine qualifie d’héroïque son passé nazi. Ce n’est pas la première fois, mais cette fois-ci elle le fait de façon solennelle, c’est-à-dire qu’elle « refonde » l’État ukrainien en mettant hors-la-loi le parti communiste, en déclarant comme « criminelle » toute référence au communisme, à ses fondateurs et à ses dirigeants, aux mots et aux symboles de son passé communiste, ainsi qu’à ses décisions politiques.

Il y a également dans cette loi, en guise de feuille de vigne, la mise au même niveau du communisme et du nazisme. Parfaitement stupide, cette mise sur le même plan a été rapidement effacée en déclarant comme « héros officiels » tous les membres des formations paramilitaires, et des organisations politiques nationalistes. En somme, toutes ces personnes sont officiellement reconnues comme « combattants pour l’indépendance ukrainienne. » Même ceux qui massacrèrent des dizaines de milliers de juifs en Galice. Sans parler des fusiliers, démolisseurs, membres de la rada centrale, de l’armée de la République populaire ukrainienne, des forces armées du Hetmanat, de l’armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), de l’organisation des nationalistes ukrainiens (OUN), et des membres du Mouvement populaire (Rukh) jusqu’en 1991.

Autrement dit, tout ce qui s’est passé depuis octobre 1914 : « au cours des 100 dernières années – s’est écrié devant la Parlement Jurij Shukevic, digne héritier de Roman, son père nazi – où nous avons été en guerre contre l’impérialisme russe, contre l’occupation russe. »

La loi a été présentée devant le parlement ukrainien par ce même Shukevic, accompagné du directeur de l’Institut de la Mémoire nationale, Vladimir Vjatrovic. S’en est fait également écho le porte-parole adjoint de la Rada, Andrej Parubij, celui qui mena le pogrom anti-russe le 2 mai 2014 à Odessa. « Le moment est venu de reconnaitre tous ceux qui ont combattu sous le drapeau bleu et jaune au trident comme des combattants pour l’existence de l’État ukrainien. »

Un autre député, Igor Moijsichuk, a exalté le « moment historique » du rétablissement de la vérité historique, « celle qui a été piétinée le 30 juillet 1941 et jusqu’à aujourd’hui. » Autrement dit, celle de la République populaire d’Ukraine qui s’était alliée aux nazis lors de la Seconde Guerre mondiale. Et on a pu entendre les vociférations du député Oleg Medunitsa : « Celui qui ne vote pas est un ennemi de l’Ukraine, et travaille pour l’ennemi. »

On comprend mieux dans quel climat s’est déroulé ce « vote historique. » En fait, tout le monde s’est levé, y compris la soi-disant opposition, les représentants d’une population qui est pratiquement russe pour moitié, tandis qu’on qualifiait la Russie et les Russes d’ennemis éternels. Le vote a fait l’unanimité : 254 favorables, aucun contre, aucune abstention.

J’aurais deux commentaires assez banals. Il sera intéressant maintenant de voir comment Bruxelles va soutenir l’idée d’une prochaine entrée de l’Ukraine dans l’OTAN et dans l’Union européenne. En fait, il s’agit d’inclure dans l’Europe un pays qui efface, par une loi, toute l’histoire de l’Ukraine unie et de ses racines antinazies. Deuxième chose, il conviendra de rappeler aux nazis ukrainiens que, si l’on devait les prendre au mot, l’Ukraine actuelle n’existerait plus. La Crimée, par exemple, serait russe, puisque ce qui l’a fait devenir ukrainienne fut un acte « délictueux » du « criminel » Nikita Khrouchtchev . Et toutes les régions de l’Ouest des Carpates, dont une grande partie de la Galice, ne pourraient pas faire partie de l’Ukraine, puisque ce fut Staline – un criminel communiste bien connu – qui, par une décision tout aussi « délictueuse », les inclut (pacte Molotov – Ribbentrop), au sein des frontières de l’Ukraine. Et l’Ukraine devrait aussi abandonner son titre de pays fondateur des Nations Unies (et sa place comme membre de l’ONU) : ces deux titres et ce rôle ont été obtenus suite à une décision de l’ex-URSS, encore une fois « criminelle », et donc à effacer.

En somme, l’Ukraine d’aujourd’hui, en se reconnaissant nazie, a cessé d’être l’État qu’elle était quand Euromaïdan a commencé.

Colonialisme au XXIème siècle: Le cas « oublié » du grand silence australien… (John Pilger)

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Le pays secret fait une nouvelle fois la guerre à son propre peuple

 

John Pilger

 

22 Avril 2015

 

url de l’article original:

http://johnpilger.com/articles/the-secret-country-again-wages-war-on-its-own-people

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

L’Australie a une nouvelle fois déclaré la guerre à son peuple indigène, ce qui nous rappelle la brutalité qui amena une condamnation universelle de l’apartheid en Afrique du Sud. Les peuples aborigènes doivent être expulsés de leurs terres ancestrales où leurs communautés ont vécu des millénaires. En Australie de l’Ouest, là où les compagnies minières font des milliards de dollars de bénéfices en exploitant la terre aborigène, le gouvernement de cet état dit qu’il ne peut plus “soutenir” plus longtemps les terres ancestrales aborigènes.

Des populations vulnérables, à qui on refuse déjà les services de base que la très vaste majorité des Australiens considèrent comme acquis, ont été mises en demeure et averties qu’elles allaient être dépossédées sans aucune consultation préalable et qu’elles seraient virées de leurs terres à la pointe du fusil. Et une fois de plus, les leaders aborigènes ont averti d’une “nouvelle génération de personnes déplacées” et d’un “génocide culturel” (NdT: appelé ethnocide par l’anthropologue politique français Robert Jaulin).

Le mot génocide est un mpt que les Australiens détestent entendre. Le génocide se passe dans d’autres pays, pas dans ce pays si “chanceux” où la richesse par habitant est la seconde de cette planète. Lorsque l’expression “acte de génocide” fut utilisée en 1997 dans le rapport qui fit date “Bringing Them Home”, rapport qui révéla que des milliers d’enfants aborigènes furent enlevés de leurs communautés par des institutions blanches et furent systématiquement violentés ; une campagne massive de déni fut lancée par une clique de l’extrême droite se regroupant autour du premier ministre d’alors John Howard. Cela incluait ceux qui s’appelaient eux-mêmes le groupe des Galatiens, puis Quadrant, puis la Bennelong Society ; la presse de Rupert Murdoch fut leur porte-voix.

La Génération Volée est quelque chose de bien exagéré, disaient-ils, si tant est que cela se soit même produit. L’Australie coloniale était un endroit bénin, il n’y a pas eu de massacres. Les premiers Australiens soit furent victimes de leur propre infériorité culturelle ou ils étaient les nobles sauvages. Des euphémismes utiles furent utilisés.

Le gouvernement du premier ministre actuel Tony Abbott, un conservateur zélé, a ranimé cet assaut sur un peuple qui représente l’unicité singulière de l’Australie. Peu de temps arès être arrivé en fonction, le gouvernement Abbott a coupé 534 millions de dollars des programmes sociaux indigènes, incluant 160 millions du budget de la santé aborigène et 13,4 millions de l’aide légale indigène.

Dans le rapport publié en 2014 ‘Overcoming Indigenous Disadvantage Key Indicators‘, la dévastation est rendue claire et nette. Le nombre de personnes aborigènes hospitalisées pour tentatives de suicide a grandement augmenté, tout comme le nombre de suicides perpétrés de plus en plus jeune dans cette population, parfois touchant des enfants aussi jeunes que 11 ans. Les indicateurs montrent un peuple considérablement appauvri, traumatisé et abandonné. Lisez l’exposé classique sur l’apartheid sud-africain, “The disgarded People” de Cosmas Desmond, qui m’a dit qu’il pourrait en écrire un semblable sur l’Australie.

Ayant insulté les indigènes australiens en déclarant lors d’un petit-déjeuner au G20 en compagnie du premier britannique David Cameron, qu’il “n’y avait rien sur ce continent si ce n’est des buissons” avant l’arrivée de l’homme blanc, Abbott annonça que son gouvernement n’allait plus honorer l’engagement pris il y a longtemps, au sujet des terres ancestrales aborigènes. Il fit remarquer sarcatisquement que “ce n’est pas le boulot des contribuables que de financer les choix de style de vie.

L’arme utilisée par Abbott et son état raciste ainsi que ses contre-parties territoriales est la dépossession par l’abus de pouvoir et la propagande, la coercition et le chantage, comme leur demande de location pour 99 ans de terres indigènes dans les Territoires du Nord (Darwin) en échange des services de base: un vol de terre qui ne dit pas son nom. Le ministre des affaires indigènes, Nigel Scullion, refute cela en clâmant que “ceci est au sujet de communautés et de ce que les communautés veulent.” En fait, il n’y a eu aucune véritable consultation, seulement la co-option de quelques-unes.

Les gouvernements conservateur et travailliste ont déjà retiré le programme national pour l’emploi, le CDEP, des terres natives, mettant ainsi fin à toute opportunité d’emploi et ils ont fait interdire tout investissement dans l’infrastructure des territoires comme pour le logement, les groupes électrogènes, l’assainissement. Les économies faites sont infimes.

La raison en est une doctrime extrême qui évoque les campagnes punitives du début du XXème siècle, celles de la “protection en chef des Aborigènes”, avec le fanatique A.O. Neville qui décréta que les premiers Australiens “s’assimilent” jusqu’à l’extinction. Influencé par le même mouvement eugéniste qui inspira les nazis, les “lois de protection” de la province du Queensland furent un modèle pour l’apartheid sud-africain. Aujourd’hui, les mêmes dogme et racisme sont tissés dans l’anthropologie, la politique, la bureaucratie et les médias. “Nous sommes civilisés, ils ne le sont pas”, écrivit l’historien australien acclamé de tous Russel Ward, il y a de cela deux générations. L’esprit demeure identique.

J’ai fait des reportages sur les communautés aborigènes depuis les années 1960, j’ai observé une routine saisonnière qui veut que l’élite australienne interrompt ses mauvais traitements et sa négligence “normaux” sur les peuples des nations premières pour les attaquer de manière directe. Ceci se produit généralement à l’approche des élections ou si les sondages d’opinion d’un premier ministre sont bas. Botter le cul des noirs est populaire, bien que saisir des terres riches en minerais ait un objectif plus prosaïque. Engorger les gens dans les bidonvilles des centres économiques de la nation satisfait le besoin d’ingénierie sociale des racistes.

La dernière attaque frontale subie fut en 2007 lorsque le premier ministre Howard envoya l’armée dans des communautés aborigènes des Territoires du Nord pour “sauver des enfants” qui, avait alors dit le ministre des affaires aborigènes, Mal Brough, étaient victimes de gangs pédophiles en “nombre impensable”.

Connue sous le vocable de “L’intervention”, les médias y prirent une part prépondérante. En 2006, le programme des affaires courantes de la TV nationale, l’émission “Lateline” de la chaîne ABC (NdT: Australian Broadcasting Corporation, l’équivalent australienne de la BBC) diffuse un entretien sensationnel avec un homme dont le visage est caché. Décrit comme étant un “jeune travailleur” qui a vécu dans la communauté aborigène de Mutitjulu, il fit une série d’allégations évocatrices. Exposé par la suite comme un officiel expérimenté du gouvernement qui rapportait directement auprès du ministre, ses affirmations furent discréditées par l’Australian Crime Commission, la poiice de l’état des Territoires du Nord et un rapport sans appel de pédiâtres commissionnés. La communauté n’a jamais reçu quelque excuse que ce soit.

L’intervention” de 2007 a permis au gouvernement fédéral de détruire bien des vestiges d’auto-détermination des Territoires du Nord, la seule partie d’Australie où le peuple aborigène a gagné des droits à la terre régis par la loi fédérale. Ici, ils administrèrent leurs terres ancestrales avec la dignité de l’auto-détermination et une connexion avec la terre et la culture menant comme Amnesty le rapporta, à une diminution de 40% du taux de mortalité.

C’est cette “vie traditionnelle” qui est anathème à une industrie parasite de fonctionnaires, de contractants, d’avocats, de consultants qui contrôlent et le plus souvent profitent de l’Australie aborigène, même indirectement au travers les structures corporatrices imposées aux organisations aborigènes (NdT: comme cela l’est également en Amérique du Nord et du Sud). Les terres ancestrales sont vues comme une menace, car elles expriment un communalisme en total porte-à-faux avec le néo-conservatisme qui régit l’Australie. C’est comme si l’existence continue d’un peuple qui a survécu et résisté à plus de deux siècles de colonialisme massacrant et de vol, demeurait un spectre errant sur l’Australie blanche: une réminiscence d’à qui appartient vraiment la terre.

L’attaque politique courante a été lancée par l’état/province le plus riche, l’Australie de l’Ouest. En Octobre dernier, le premier ministre de l’état, Colin Barnett, a annoncé que son gouvernement n’avait plus les moyens du budget de 90 millions de dollars pour assurer les services municipaux de base des 282 territoires aborigènes répertoriés, services incluant la distribution d’eau, d’électricité, l’assainissement, les écoles, l’entretien des routes, la collecte des ordures ménagères. Ceci est l’équivalent d’informer les banlieues blanches de Perth que leurs arroseurs de pelouse et leurs chasses d’eau ne pourraient plus fonctionner et qu’ils devaient déménager et que s’ils refusaient, la police les expulserait manu-militari.

Où devront aller les dépossédés ? Où devront-ils vivre ? En six ans, le gouvernement de Barnett a construit très peu de logement pour les indigènes dans les zones reculées. Dans la région de Kimberley, les SDF aborigènes, mis à part les cas de catastrophes naturelles, sont plus nombreux que partout ailleurs, et ceci dans un état réputé pour sa richesse indécente, ses parcours de golf et ses prisons regorgeant de noirs appauvris. L’Australie de l’Ouest met en prison les Aborigènes en moyenne huit fois plus que ne le faisait l’Afrique du Sud de l’apartheid. Cet état a un des taux d’incarcération juvénile le plus haut au monde, pratiquement tous des indigènes, ceci incluant des enfants maintenus en isolement (QHS) dans des prisons pour adultes, avec leurs mères montant la garde dehors.

En 2013, l’ancien ministre des prisons, Margaret Quirk, m’a dit que l’état “ratissait et entreposait” les prisonniers aborigènes. Lorsque je lui ai demandé ce que cela voulait dire, elle répondit. “On les entrepose”.

En Mars, Barnett a changé de refrain. Il y avait des “preuves émergentes” a t’il dit, “de mauvais traitements aux enfants” dans les territoires. Quelle preuve ? Barnett a dit que des gonorrhées ont été trouvées chez des enfants de moins de 14 ans, puis dit qu’il ne savait pas si cela venait des communautés. Son chef de la police, Karl O’Callaghan y alla aussi de son couplet disant que l’abus sexuel d’enfants était omniprésent. Il cita une étude vieille de 15 ans de l’Australian Institute of Family Studies. Ce qu’il oublia de dire était que ce rapport mettait en évidence la pauvreté comme cause primordiale de la “négligence” et que les cas d’abus sexuels comptaient pour moins de 10% de l’ensemble des cas étudiés.

L’ Australian Institute of Health and Welfare, une agence fédérale, a récemment publié un rapport sur ce qu’il appelle le “Fardeau Fatal” de maladie du tiers monde et de traumatisme, portés par le peuple indigène “résultant de près de 100 000 ans de mortalité dûe à des morts prématurées.” Ce “fardeau fatal” est le produit de la pauvreté extrême imposé par l’Australie de l’Ouest, comme dans le reste de l’Australie et du déni des droits de l’Homme.

Dans la vaste et très riche Australie de l’Ouest de Barnett, une toute petite fraction des revenus générés par l’exploitation minière, du pétrole, du gaz naturel, bénéficie aux communautés aborigènes desquelles le gouvernement a la responsabilité de s’occuper. Dans la ville de Roeburne, au milieu de la région riche en minerais et en plein développement de Pibara, 80% des enfants aborigènes souffrent d’une infection de l’oreille appelée otitis media qui peut causer à terme la surdité.

En 2011, le gouvernement de Barnett a fait preuve de brutalité dans une des communautés d’Oombulgurri ce que les autres communautés peuvent s’attendre a subir. “D’abord le gouvernement a mis un terme aux services”, écrit Tammy Solonec d’Amnesty International, “il ferma les magazins, ainsi les gens ne pouvaient plus acheter de nourriture et de choses essentielles. Il ferma la clinique, pour forcer les malades et les personnes âgées à bouger puis l’école, de façon à ce que les familles avec des enfants soient forcées de partir ou de devoir faire face à ce que leurs enfants leur soient retirés par la force. Le commissariat de police fut le dernier service à être fermé, puis finalement ils coupèrent l’eau et l’éectricité. Finalement les 10 résidents qui restèrent contre vents et marées furent expulsés manu-militari sans pouvoir prendre leurs affaires. Puis les bulldozers sont entrées dans la communauté. Le gouvernement de l’Australie de l’Ouest a littéralement creusé un trou dans le sol et y a enterré les ruines des maisons des gens qui vivaient là ainsi que leurs affaires personnelles.”

En Australie du sud, les gouvernements d’état et fédéral ont lancé une attaque similaire sur 60 communautés indigènes reculées. L’Australie du sud a un Aboriginal Lands Trust établit de longue date, ainsi les gens purent défendre leurs droits, jusqu’à un certain point… Le 12 Avril, le gouvernement fédéral a offert 15 millions de dollars sur 5 ans. Qu’une somme si pathétique soit considérée comme suffisante pour financer de bons services aux dépends des territoires aborigènes de l’état est une indication de la valeur placée sur les vies aborigènes par les politiciens blancs qui dépensent annuellement et sans sourciller quelques 28 milliards de dollars en armement et en budget militaire. Haydn Bromley, directeur de l’ Aboriginal Lands Trust m’a dit: “les 15 millions n’incluent pas la majorité des territoires et cela ne couvrira que le strict minimum, électricité, eau, développement des collectivités, infrastructure ? Oubliez !”

La distraction actuelle de ces sales secrets nationaux est l’approche de la “célébration” du centenaire de ce désastre militaire edwardien à Gallipoli en 1915 lorsque 8 709 Australiens et 2 779 Néo-Zélandais, les ANZAC, furent envoyées à une mort certaine dans un assaut futile sur une plage de Turquie. Ces dernières années, les gouvernements de Canberra ont promu ce gâchis impérialiste en vies humaines comme une déité historique afin de masquer le militarisme sous-jacent au rôle de l’Australie en tant qu’assistant du shériff américain dans le Pacifique.

Dans les librairies, les rayons “histoire australienne” foisonnent de bouquins opportunistes sur les faits d’arme, les héros et le patriotisme va t’en guerre. D’un seul coup d’un seul, les Aborigènes qui se sont battus pour les hommes blancs sont à la mode, tandis que ceux qui se sont battus contre l’homme blanc en défense de leur terre et nation, l’Australie, tombent en disgrâce. De fait, ils sont officiellement non-humains. Le monument aux morts national, l’Australian War Memorial, refuse de reconnaître leur remarquable résistance à l’invasion britannique. Dans un pays submergé de monuments à la gloire des ANZAC, il n’y a pas un seul monument érigé pour les milliers d’Australiens natifs originels qui se sont battus et sont tombés pour défendre leur terre ancestrale.

Ceci fait partie de ce “grand silence australien”, comme W.E.H Stanner intitula son discours de 1968 dans lequel il décrivait “un culte de l’oubli à l’échelle nationale”. Il y faisait référence au peuple aborigène. Aujourd’hui le silence est omniprésent. A Sydney en ce moment, il y a une exposition à l’Art Gallery of New South Wales: “Le photographe et l’Australie”, dans laquelle le début de l’histoire de ce très ancient continent démarre incroyablement avec le capitaine Cook.

Le même silence couvre une autre résistence de longue haleine et toute aussi épique. Les extraordinaires manifestations des femmes indigènes protestant contre l’enlèvement de leurs enfants et petits-enfants par l’État, pour certains d’entre eux à la pointe du fusil ; ignorées des journalistes et traitées avec condescendance par les politiciens. Toujours plus d’enfants indigènes sont arrachés de leurs communautés et foyers aujourd’hui que durant les pires années de l’époque de la Génération Volée. Un record établi présente 15 000 enfants maintenant détenus et “pris en charge” ; beaucoup sont donnés à des familles blanches et ne retourneront jamais dans leurs communautés.

L’an dernier, le ministre de l’intérieur de l’état de l’Australie de l’Ouest, Liza Harvey, a participé à la représentation de mon film documentaire “Utopia” à Perth, film qui documentait le racisme et la voyouterie de la police à l’encontre des Australiens noirs ainsi que les nombreuses morts de jeunes Aborigènes en détention dans les locaux de police. La ministre a pleuré durant la projection.

Durant ses fonctions au ministère, 50 policiers armés de la ville de Perth ont attaqué un camp de sans abris à Matagarup et en ont expulsé essentiellement de jeunes mère et des grand-mères avec leurs enfants. Les gens de ce camp se décrivant eux-mêmes comme des “réfugiés… cherchant la sécurité dans leur propre pays.” Ils ont demandé l’aide du Haut Commissaire de l’ONU pour les réfugiés.

Les politiciens australiens sont très nerveux avec les Nations-Unies. La réponse d’Abbott a été l’abus verbal. Lorsque le professeur James Anaya, le rapporteur spécial de l’ONU sur les peuples indigènes, a décrit le racisme de “l’Intervention”, Abbott lui a dit “d’aller se faire voir” et “de ne pas écouter la brigade des vieilles victimes”.

La planification de la fermeture des territoires indigènes enfreint l’article 5 de la Convention Internationale pour l’Élimination de la Discrimination Raciale (CIEDR) et la Déclaration des Droits des Peuples Indigènes (DDPI) de l’ONU. L’Australie s’est engagée à “fournir des mécanismes efficaces pour la prévention de ou la remédiation… pour toute action qui a ou aurait pour but de déposséder les peuples indigènes de leurs terres, de leurs territoires ou de leurs ressources.” Les accords sur les droits économiques, sociaux et culturels sont sans appel. “L’éviction forcée” est contre la loi.

Un mouvement international est en cours. En 2013, la pape François 1er a demandé au monde d’agir contre le racisme et pour “les peuples indigènes qui sont de plus en plus isolés et abandonnés.” (NdT: Comme si le Vatican avait quelque leçon d’anti-racisme à donner alors même que les bulles papales Romanus Pontifex et Inter Caetera de 1455 et 1493, continuent d’être le fondement légal de la loi coloniale sur le sous-continent nord-américain, bulles papales qui instaurèrent la doctrine chrétienne de la “découverte”, l’extermination, la mise en esclavage des “païens et infidèles” et la saisie de leurs terres et biens au nom du pape, vicaire du christ et dictateur en chef… Quelle hypocrisie sans nom, abusant de l’ignorance des gens à ce sujet…)

Ce fut la défiance de l’Afrique du Sud d’un tel principe de base des droits de l’Homme qui déclancha une opprobe internationale et une campagne qui mit alors un terme à l’apartheid.

Prend garde Australie !