Quelques pensées contre le nationalisme et le patriotisme toujours plus bidons… (Howard Zinn)
Rangez les drapeaux !
Howard Zinn
Juillet 2006
~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~
En ce 4 Juillet, nous ferions bien de renoncer au nationalisme et à tous ses symboles: drapeaux, serments d’allégeance, hymnes, insistance dans une chanson qui indique que dieu doit singulariser l’Amérique comme nation bénie. Le nationalisme, cette dévotion à un drapeau, un hymne, un lien si féroce qu’il engendre l’assassinat de masse, n’est-il pas un des plus grands maux de tous les temps avec le racisme et la haine perpétrée par les religions ?
Ces façons de penser, cultivées, nourries, endoctrinées depuis la plus tendre enfance, ont été bien utiles à ceux au pouvoir et mortelles à ceux évoluant hors du cercle du pouvoir.
L’esprit national peut-être bénin dans un petit pays n’ayant pas de puissance militaire ni une faim pour l’expansionnisme (comme la Suisse, la Norvège, le Costa-Rica et bien d’autres). Mais dans une nation comme la nôtre, grande par la taille, possédant des milliers et des milliers d’armes de destruction massive, ce qui pourrait être une fierté sans conséquence devient un nationalisme arrogant très dangereux pour nous-mêmes et pour autrui.
Nos citoyens ont été amenés à voir notre nation comme différente des autres, une exception dans le monde, possédant une morale unique, s’étendant dans d’autres territoires afin d’y apporter la civilisation, la liberté, la démocratie. Cet auto-mensonge a commencé très tôt.
Lorsque les premiers colons anglais sont arrivés en territoire Indiens dans la baie de Massachussetts et qu’ils y rencontrèrent une résistance, la violence escalada dans une guerre contre les Indiens de la nation Péquot. Le meurtre d’Indiens était vu comme étant approuvé par dieu, la saisie de la terre comme commandée par la bible.
Les puritains citèrent un des psaumes de la bible qui dit ceci: “Demande-moi et je te donnerai les païens en héritage et les parties les plus importantes de la terre pour ta possession.”
Lorsque les Anglais mirent le feu à un village Péquot massacrant hommes, femmes et enfants, le théologien puritain Cotton Maher dit: “Il y a eu pas moins de 600 âmes Péquots qui furent envoyées en enfer ce jour-là.”
A la veille de la guerre contre le Mexique, un journaliste américain la déclara notre “destinée manifeste de nous étendre toujours plus sur le continent que la providence nous a aloué.” Après que l’invasion du Mexique eut commencé, le journal du New York Herald annonça: “Nous pensons que cela fait partie de notre destinée que de civiliser ce pays magnifique”.
Il fut toujours supposé que notre pays entra en guerre pour des motifs bénins.
Nous avons envahi Cuba en 1898 pour libérer les Cubains (des Espagnols) et nous sommes entrés en guerre contre les Philippines peu de temps après afin de, comme le dit alors le président McKinley: “de civiliser, de christianiser”, le peuple philippin.
Alors que nos armées commettaient des atrocités aux Philippines (au moins 600 000 Philippins périrent en quelques années de conflit), Elihu Root, notre secrétaire de la guerre proclamait: “Le soldat américian est différent des autres soldats de tous les autres pays depuis le début de la guerre. Il est l’avant-garde de la liberté et de la justice, de la loi et de l’ordre, de la paix et du bonheur.”
Nous voyons en Irak maintenant que nos soldats ne sont pas différents. Ils ont, peut-être contre leur meilleure nature, tué des milliers et des milliers de civils irakiens et certains soldats se sont montrés capables d’énormes brutalités et de torture.
En même temps, ils sont victimes eux-aussi des mensonges de notre gouvernement. Combien de fois avons-nous entendu le président Bush dire aux troupes que s’ils mouraient, s’ils revenaient sans bras ni jambes, ou aveugles, ceci serait pour la “liberté”, pour la “démocratie”.
Un des effets de la pensée nationaliste est la perte du sens de la proportion. La mort de 2300 personnes à Pearl Harbor est devenu la justification de la mort de plus de 250 000 civils à Hiroshima et Nagasaki. Le meurtre de 3000 personnes le 11 septembre 2001 devient la justification de l’assassinat de dizaines de milliers de civils en Afghanistan, en Irak et le nationalisme possède un ton virulent lorsqu’il est dit être béni par la providence. Aujourd’hui nous avons un président ayant envahi deux pays en quatre ans, qui a annoncé au cours de sa campagne de réélection en 2004 que dieu parle à travers lui.
Nous devons réfuter l’idée que notre nation soit différente des autres, moralement supérieure aux autres puissances impériales de l’histoire du monde.
Nous devons prêter allégeance à l’humanité et non pas à une nation quelle qu’elle soit.
= = =
Source:
http://howardzinn.org/put-away-the-flags/
This entry was posted on 5 janvier 2015 at 4:51 and is filed under 3eme guerre mondiale, actualité, altermondialisme, colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, média et propagande, militantisme alternatif, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags amérindiens contre colonialisme, colonialisme canada états-unis, crimes de guerre, dissidence a l'oligarchie, guerre contre le terrorisme d'état, guerres imperialistes, histoire howard zinn, howard zinn confronter les mensonges du gouvernement, Howard Zinn en français, Howard Zinn histoire révisionnisme et activisme civique, howard zinn l'histoire pour confronter les mensonges des gouvernements, howard zinn USA terrorisme d'état, résistance politique, société état et démocratie. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.
2 Réponses vers “Quelques pensées contre le nationalisme et le patriotisme toujours plus bidons… (Howard Zinn)”
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6 janvier 2015 à 5:27
« Dieu parle à travers W » ?
Ben déjà cela aurait dû les alerter non ?
L’obersturmfüfrer Valls, sur une estrade entourée de BHL et autre Crifman a prétendu que « les juifs de France étaient l’avant-garde de la République Française ». Je ne sais pas pourquoi ces mots de Zinn me font penser à la diatribe de Valls. Merci pour ce rappel R71 ; Hérétique, allergique au 14 juillet ; Je cumule grave, non ?
7 janvier 2015 à 1:35
c’est un signe d’intelligence.. rien de grave bien au contraire ! 😉