L’empire est sis sur des terres usurpées, volées aux nations originelles des Amériques et la souveraineté territoriale des Etats-Unis, du Canada et de toutes les « nations » modernes du continent des Amériques est fondée sur une fiction pseudo-légale. Il en va de même pour les territoires coloniaux d’Australie et de Nouvelle-Zélande et de toit le Commonwealth britannique encore sous tutelle.
Vaincre l’empire, c’est lui retirer sa pseudo-souveraineté de dessous les pieds. Il est de notre devoir à tous d’aider à le comprendre et que les nations indigènes retrouvent leur souveraineté et indépendance jamais annihilées par la domination coloniale et le dominum christianorum.
Les nations amérindiennes luttent sans relâche contre le terrorisme depuis 1492 !
— Résistance 71 —
Le juge Earl Warren de la Cour suprême des Etats-Unis ou une terre chrétienne gouvernée par des principies chrétiens
Steven Newcomb
24 Janvier 2015
url de l’article original:
~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~
Dans un article précédent, je notais que la loi fédérale indienne peut-être tracée au narratif politico-religieux biblique du livre de la Génèse du peuple élu et de la terre promise.
Dans cet article, je veux faire remarquer le fait que 2015 marque le 60ème anniversaire du rendu de la décision de la Cour Suprême des Etats-Unis sous la présidence du juge Earl Warren dans l’affaire Tee-Hit-Ton contre les Etats-Unis. La Cour suprême rendît une décision majoritaire dans cette affaire en faveur du gouvernement des Etats-Unis et de son argument que la bande d’Indiens Tee-Hit-Ton de Tinglit (Alaska) n’avait pas droit à une compensation financière pour le bois pris de son territoire traditionnel déclaré être devenu la Tongass National Forest. La raison invoquée ? D’après l’argument du gouvernement des Etats-Unis, c’était parce que les “nations chrétiennes d’Europe” avaient “découvert” et donc étaient devenues de manière supposée les “souveraines” des “terres des païens et infidèles”. Pour replacer tout ceci dans son contexte, il est nécessaire de revenir sur la toile de fond historique.
Le 21 Janvier 1954, le président des Etats-Unis Dwight Eisenhower nomma Simon Sobeloff comme solliciteur général des Etats-Unis. L’affaire juridique des Indiens Tee-Hit-Ton était déjà, ou serait bientôt, sur le bureau du soliciteur général. Le 4 Février 1954, soient 2 semaines après la nomination de Sobeloff, le président par intérim de la cour suprême des Etats-Unis, le juge Earl Warren (qui n’avait pas encore été confirmé par le Sénat), fit un discours à la conférence annuelle de l’action chrétienne, se tenant sous les auspices de l’ International Council for Christian Leadership. L’évènement se déroula à l’Hôtel Mayflower de Washington D.C où le président Eisenhower, le vice-président Richard Nixon et des membres variés du congrès des Etats-Unis faisaient partis de l’audience. Ceci eut lieu juste 9 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, c’était l’ère anti-communiste de la “peur rouge” et de la ferveur chrétienne.
Dans son discours du Mayflower Hotel, le juge Earl Warren dit alors en parlant des Etats-Unis: “Nos affaires gouvernementales ont été guidées par des hommes et des femmes à la foi religieuse. Je pense que personne ne peut lire l’histoire de cette nation sans comprendre que le Bon Livre et l’esprit de sauveur ont été nos guides de génie depuis le début.” Il donna comme exemple “la commission” donnée à Christophe Colomb par le roi Ferdinand et la reine Isabelle d’Espagne, la charte de l’état de Virginie et d’autres documents coloniaux affiliés. Dans tous ces documents dit-il, “le même objectif est présent: une terre chrétienne gouvernée par des principes chrétiens.”
En Octobre 1954, le solliciteur général Sobeloff fit délivrer à la cour suprême de Earl Warren, son réquisitoire juridique pour l’affaire Tee-Hit-Ton contre les Etats-Unis. Le contexte de l’argument juridique majeur des Etats-Unis dans l’affaire contre les Indiens Tee-Hit-Ton fut l’affirmation historique que les Indiens Tee-Hit-Ton d’Alaska n’avaient pas droit à compensation monnétaire pour le bois pris sur leurs territoires traditionnels parce que “les nations découvrant le continent avaient aquis le titre absolu sur les terres dudit continent sujet seulement au droit d’occupation des sols des Indiens.”
De manière consistante avec l’adresse du juge Warren, le réquisitoire légal du gouvernement contre les Tee-Hit-Ton disait que “Les nations chrétiennes d’Europe” avaient développé la doctrine de la découverte. Le texte disait que les Indiens Tee-Hit-Ton d’Alaska avaient argumenté que “La Russie n’avait pas souscrit à la doctrine du titre de propriété par la découverte, parce qu’elle n’était ni catholique, ni une puissance maritime et n’était pas motivée dans sa découverte par le besoin de territoire.” Le ministère de la justice disputa le fait en disant qu’il n’y avait “aucune substance” dans l’argumentation des Tee-Hit-Ton en vue de ce que le ministère avait dit être “la preuve conclusive et définitive que la Russie avait souscrit à la doctrine.”
Le ministère de la justice américain argumenta ensuite au temps présent disant que “la doctrine du titre de propriété par la découverte n’est pas seulement une doctrine de l’église catholique apostolique et romaine, mais aussi un principe auquel adhèrent toutes les nations chrétiennes. On ne peut pas nier qu’à cette époque, la Russie était une nation chrétienne.” En d’autres termes, c’était la position du ministère de la justice américain en 1954 que le principe de la “découverte chrétienne” “est” toujours communément adhéré par “toutes les nations chrétiennes.” Ceci concordait avec le discours du juge Earl Warren au sujet des Etats-Unis étant une nation chrétienne, tout en proclamant qu’il y a une séparation de l’église et de l’état aux Etats-Unis.
En utilisant “la doctrine du titre de propriété par la découverte” dans l’affaire contre les Indiens Tee-Hit-Ton, le phrasé légal du gouvernement des Etats-Unis cadra le pays comme une des “nations chrétiennes”, qui en 1954, adhéraient toujours au principe de l’acquisition du titre de propriété par la découverte chrétienne de ce que le phrasé légal des Etats-Unis appelait “les terres des païens et des infidèles”.
Un de mes professeurs de l’université d’Oregon, C.A. Bowers, m’a enseigné que les métaphores sont les porteuses de cadres entiers ou de systèmes métaphoriques. Quand, par exemple, nous voyons les mots “chrétien”, “païen”, “infidèle”, “génèse”, “psaumes” etc, termes tous trouvés dans le réquisitoire légal du gouvernement états-unien dans l’affaire contre les Indiens Tee-Hit-Ton, tous ces termes sont “porteurs” d’un plus grand cadre holistique. Par contraste, les mots “Europe”, “européen(ne)”, et “blanc(he)” sont des porteurs métaphoriques d’un cadre séculier et non-religieux.
Dans l’érudition sur la loi fédérale indienne, nous pouvons trouver deux voies très distinctes s’exprimant au sujet de la “doctrine de la découverte”: l’une est religieuse et l’autre est séculière. Beaucoup d’érudits et d’universitaires on dit par exemple, que la doctrine est l’idée que “la première nation européenne qui localise des terres non-européennes a le droit de clâmer ces terres au nom de cette nation européenne.” Ceci n’est pas juste du reste, parce qu’aucun des documents anciens qui exprimèrent cette doctrine, qu’ils soient des édits de papes ou des chartes royales délivrées par des monarques de la chrétienté, ne disent un seul mot au sujet de l’”Europe” et des “Européens”.
Et ce pour la simple et bonne raison que les nations et les peuples de cette partie de la planète s’identifiaient eux-mêmes comme étant “chrétiens” existant dans un endroit appelé la “chrétienté”. Ainsi par exemple, la charte donnée à John Cabot et ses fils en 1496, les autorisa à “rechercher, découvrir et prendre possession quelques îles, pays et régions des païens et des infidèles qui ont été inconnus jusqu’à ce temps, d’autres peupes chrétiens.” Après des siècles de croisades chrétiennes, durant le soi-disant âge de la découverte il était considéré “une loi fondamentale de la chrétienté que tous les chrétiens étaient en état de guerre contre les infidèles” (J.A. Williamson, The Cabot Voyages and Bristol Discovery under Henry VII, Cambridge: The Hakluyt Society at the University Press). Williamson a dit que l’état de guerre des chrétiens contre les non-chrétiens “était à cette époque, la justification de la permission (par la couronne britannique), de conquérir, d’occuper et de posséder, tous territoires non-chrétiens qui pourraient être trouvés.”
Les érudits et universitaires qui caractérisent le langage de la charte de Cabot comme autorisant la “découverte européenne” des terres “non-européennes” n’ont pas suffisamment fait attention au système métaphorique qui joue et s’applique dans l’ancien document et ont mal compris et mal représenté la dimension religieuse de cette charte. C’est à cause du vocabulaire religieux de tels documents, vocabulaire religieux cité également par la cour suprême de justice des Etats-Unis dans l’affaire Johnson contre McIntosh (1823) et par le ministère de la justice en 1954, que je me préoccuppe et focalise sur la doctrine chrétienne de la découverte.
Étant donné que Février 2015 marquera le 60ème anniversire depuis le rendu de la cour suprême des Etats-Unis en soutien du gouvernement et du ministère de la justice et de son réquisitoire légal dans l’affaire Tee-Hit-Ton contre les Etats-Unis, nous devons faire en sorte que cette année mène au grand jour la base judéo-chrétienne de la doctrine chrétienne de la découverte et que son affirmation de “droit de domination” soit mise sous les projecteurs de façon à ce que cela puisse être défier et abroger. Le 60ème anniversaire depuis la décision dans l’affaire Tee-Hit-Ton ramène le problème de l’utilisation par le gouvernement des Etats-Unis du christianisme comme fondement de son affirmation “d’ascendance” (de ”souveraineté” ou “droit de domination”) sur les nations indiennes “païennes” et “infidèles” et comme un moyen de limiter conceptuellement les nations indiennes comme n’ayant qu’un simple “droit d’occupation des sols”, tout en affirmant la “souveraineté” fédérale et un droit de propriété dominant sur les terres et territoires des nations indiennes sur ce que le juge Earl Warren avait appelé “une terre chrétienne gouvernée par des principes chrétiens”.