Introduction à la philosophie et la pensée amérindienne (Russell Means ~ 4ème et dernière Partie)

Présentation

1ère partie

2ème partie

3ème partie

4ème partie

 

Il n’y a pas de peur de la mort dans le monde indigène

Russell Means

Traduit de son livre testament “If you’ve forgotten the name of the clouds, you have lost your way”, 2012

par Résistance 71

 

Il devient rapidement clair qu’une personne indigène n’a pas peur de la mort. Nous connaissons notre place dans l’univers. Chaque printemps, nous voyons la réincarnation en action. Les feuilles renaissent, les fleurs refleurissent. Les sociétés indigènes sont l’essence même de la liberté. Nous vivons libres de toute peur, anxiété, paranoïa. Grand-mère Terre s’occupe de nous et nous fournit ce dont nous avons besoin.

Quand vous êtes libre et que vous avez le temps pour tout, vous n’êres jamais pressé. Ceci est la véritable liberté. La façon dont nous considérons le temps est en fait que le temps n’existe pas, ainsi le temps ne peut pas vous contrôler ni vous limiter, ni travailler contre vous ; le temps est une construction humaine, il ne fait pas partie du monde naturel. S’il est une chose, c’est que le temps est de votre côté, il n’est pas une réalité extérieure à laquelle vous devez vous conformer. Il n’y a pas de diktats du temps. Vous pouvez choisir de le reconnaître, ou pas.

Les archéologues ont pillé assez de tombes de nos ancêtres pour être sûrs qu’il n’y avait pas de maladies dans nos peuples, nous n’avions même pas de carries dentaires. Nos ancêtres ont développé et produit environ 75% des aliments que le monde utilise aujourd’hui. Nous étions si avancés en ce qui concerne les plantes médicinales et leur utilisation que des laboratoires pharmaceutiques envoient toujours leurs mignons dans les jungles d’Équateur et du Brésil à la recherche de toujours plus d’herbes médicinales et de médicaments provenant des plantes, utilisés dans les pratiques médicales des peuples indigènes, ainsi les multinationales du profit pharmaceutique pourront alors exploiter le filon pour des milliards de dollars.

Nous, les peuples indigènes, avons pris le temps de remarquer et d’observer le monde qui nous entoure et d’apprendre de lui, c’est pourquoi nous avons développé toutes ces pratiques et toute cette connaissance empirique, qui demeurent si élusives pour les patriarques. Un des cadeaux les plus importants qui nous ait été fait est la capacité à être heureux, satisfait. Il n’y a pas de neurotiques parmi nous (vivant au contact de la nature).

 

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L’équilibre et la sacralité de toutes choses

 

Russell Means

 

Traduit de son livre testament “If you’ve forgotten the name of the clouds, you have lost your way”, 2012

par Résistance 71

 

Il est marrant de constater que l’être humain est physiquement constitué de 2/3 d’eau comme notre grand-mère la terre. La Terre et le corps humain sont les hôtes de vastes colonies de vie diverse. La Terre, au travers de ses fonctions naturelles se purifie elle-même constamment. Lorsque les humains demeurent en contact avec les processus naturels de purification de la Terre, les humains font la même chose, ils s’efforcent de se purifier continuellement par des procédés naturels, maintenant un équilibre. Toute la vie doit demeurer en équilibre.

Les peuples indigènes de par le monde qui ont toujours vécu au gré des cycles de la Terre et de l’univers se retrouvent maintenant en déséquilibre parce que ces cycles ont été dérangés. Equilibre, qu’est-ce que cela veut dire ? Vivre en équilibre veut dire comprendre la loi naturelle.

On apprend la loi naturelle en observant toutes les différentes formes de vie autour de nous, les plantes, les animaux à quatre pattes, les peuples des insectes, ceux des animaux ailés… Les humains sont soumis aux mêmes lois ou principes que toute chose dans l’univers.

Une fois qu’une forme de vie commence à entrer en surpopulation, le Grand Mystère ou quelque soit la force gouvernant toutes choses, va commencer à créer des mécanismes naturels qui vont limiter la croissance de la population et ramener les choses en équilibre. Par exemple chez les mammifères, lorsqu’une surpopulation menace l’équilibre d’une famile de rongeurs, on en a vu se jeter dans la mer et se suicider en masse. Ceci se produit parmi les humains aussi, bien que cela prennent différentes formes, comme l’abus de drogues, d’alcool, les crimes violents, les guerres. Ceci est la loi naturelle en action.

Santé et équilibre sont intrinsèquement liées. Si une société crée une accumulation de déchets, alors un terrain fertile pour le développement de maladies existe, par contre si les gens vivent en équilibre en accord avec la loi naturelle, il n’existe et ne peut pas exister une quelconque accumulation de déchets. Les rejets de la vie amérindienne ont toujours été des matériaux complètement naturels, pas toxiques ni pour les humains, ni pour tout autre résident de la planète. Même les déchets du corps humain, quand ils ne sont pas accumulés en trop grandes quantités dû à une trop grande population, ne sont pas toxiques. C’est même l’opposé, décomposés dans les éléments, ceci procure une nourriture naturelle pour développer de nouvelles vies. Tout ce qui est utilisé par les Amérindiens vivant suivant la loi naturelle retournera à continuer la construction de nouveaux blocs de vie.

Récemment, vous avez sans doute entendu parler des patriarques parlant au sujet des “crédits carbones”, la base de la “valeur” dans le système scientifique actuel est le droit de chaque individu à contribuer au partage de la pollution, ce qui veut dire, de faire leur part pro-rata d’assassinat de la terre et de ses systèmes naturels dont nous dépendons tous pour survivre. Ils parlent même du comment l’individu pourra dans un futur proche, vendre ses crédits carbone à quelque industrie polluante. Il se créera une bourse d’échange des crédits carbone (NdT: déjà été créé avec le CCX ou Chicago Carbon Exchange) où s’achèteront, se vendront et se feront attribuer les crédits carbone. Simplement par le fait de naître, le patriarque s’octroie le droit de participer de manière identique et équitable à la destruction de la Terre. Ceci est un bien triste auto-portrait. La base de la monnaie, des choses de valeur est utilisée pour être des métaux précieux, maintenant la valeur est fondée sur la saleté et le génocide universel, incluant le “maso-génocide”, c’est à dire le génocide de soi-même.

Si un peuple vit et obéit à la Loi Naturelle, il n’y a aucun besoin pour des lois humaines dans aucune situation. La première loi humaine marque la mort de la loi naturelle. Une fois qu’une loi de l’Homme est créée, l’Homme est devenu dieu, le faiseur de lois et le but entier de l’existence humaine est un échec.

La loi naturelle est la loi de la vie, la loi des hommes est la loi de la mort. Ceci s’applique également à la cellule familiale. Une fois que la loi humaine est imposée sur la celule familiale, les schémas normaux d’attention et de développement sont interrompus. Chaque famille dans son nucleus devient son propre domaine autocrate, où la liberté de la jeunesse n’existe que lorsque les jeunes quittent l’unité familiale et commencent eux-mêmes leur propre cellule familiale autocrate. Sous la loi naturelle, la structure familiale extensivement intriquée devient encore plus forte et encore plus interconnectée tandis que de nouvelles générations arrivent en son sein.

Nous ne construisons pas d’églises pour aller y prier une fois par semaine. Nous prions dehors, dans le monde naturel et notre vie entière est une prière, parce qu’il y a une sacralité en toutes choses dans le monde naturel ici, sur notre Grand-Mère Terre.

 

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Iktomi le truqueur

 

Russell Means

 

Traduit de son livre testament “If you’ve forgotten the name of the clouds, you have lost your way”, 2012

par Résistance 71

 

Dans notre mythologie que nous enseignons à nos enfants, nous avons la légende de deux-visages. Personne, pas même l’homme blanc, peut vivre l’existence de deux-faces. Néanmoins, Iktomi peut avoir deux visages, en fait, il a toujours deux visages.

L’homme blanc est toujours emprunt de confusion au sujet d’Iktomi, qui est souvent représenté par l’araignée. Les Amérindiens ne croient pas dans le diable. Nous ne croyons pas dans le mal, le diabolique. Nous n’en avons eu aucune expérience jusqu’à ce que nous rencontrions un patriarque.

Une chose fondamentale à la base de toute culture indigène est qu’il n’y a rien de parfait. Vous construisez cette idée dans la société et vous avez Iktomi, le truqueur. Iktomi est un enseignant. Il va vous enseigner au sujet des pièges de la vie, des fables de la vie, des tentations et des egos qui émergent.

Dans les cinq premières années de la vie, on vous donne une sérieuse introduction à Iktomi. Les histoires que vous écoutez dans votre prime jeunesse vous enseignent les imperfections de la vie au travers des contes et aventures d’Iktomi le truqueur. Il n’y a rien de mal ou de diabolique à son sujet. Ah oui au fait, Iktomi est mâle.

Pensez à tous les phénomènes qui se produisent naturellement dans le monde, un bébé, un ours, une abeille, une araignée, le vent, une tempête de neige… Où est le mal ? En pensant logiquement, comment peut-on attacher cette étiquette de “mal” à quoi que ce soit que nous pourrions rencontrer dans le monde naturel ? Il n’y a rien de mal ni de “diabolique” dans le monde naturel, tout est de la façon dont il doit être, rien de mal.

De fait, nous remercions grandement la tempête de neige qui recouvre notre grand-mêre la Terre d’un blanc manteau de neige lorsqu’il fait très froid. Iktomi donc, en tant que partie intégrante du monde naturel n’est en rien malévolent, en fait il peut même être très marrant ; mais vous devez toujours faire attention… c’est la leçon d’Iktomi.

 

Repose en paix Russell

Mitakuye Oyasin

Résistance 71

6 Réponses vers “Introduction à la philosophie et la pensée amérindienne (Russell Means ~ 4ème et dernière Partie)”

  1. JBL1960 Says:

    Merci infiniment pour ces traductions. Je me les sauvegarde. A+

    • De rien. Means est une figure incontournable de l’activisme amérindien.
      Son autobiographie est phénoménale pour tout ce qu’elle couvre.
      « Where the White Men Fear to Tread » (« Là où les hommes blancs on peur de s’aventurer ») -1995-
      N’existe qu’en anglais. Vraiment dommage ! 550 pages… lourd à traduire ! 😉

  2. […] les Natifs, pour la Nation Sioux dont Russeal Means était issu il est question de toute autre […]

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