Archive pour mai, 2013

Résistance politique au colonialisme existant… Les fondements de l’escroquerie d’un faux pays appelé Canada…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, militantisme alternatif, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et lobbyisme, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , on 31 mai 2013 by Résistance 71

Nous avons traduit ici deux billets en un de Mohawk Nation News car ils sont intimement connectés. L’un concerne l’édit royal de 1763 qui régit toujours l’entité Canada et l’autre qui explique sa relation avec la « reine-mère ». Il est stupéfiant de constater que ce que nous appelons « Canada » n’existe en fait pas. Ce n’est qu’une entreprise commerciale initiée par la couronne d’Angleterre. La vidéo à la fin (en anglais malheureusement…) explique que les quatre provinces initiales britanniques de l’Est, incorporées comme entité commerciale « Canada », ont créé illégalement les autres provinces de l’Ouest et qu’aucune terre de cette partie du pays n’a été cédée par traité à la couronne britannique et est donc légalement territoire autochtone à 100%. En ce qui concerne les territoires de l’Est, soit ils n’ont jamais été cédés par traités, soit les traités ont été brisés par les colons et son donc nuls et non avenus en ce qui concerne la loi internationale. Il en va de même des Etats-unis, qui même si indépendant de la couronne britannique depuis 1776, n’en ont pas moins brisés tous les plus de 400 traités passés avec les natifs, les rendant caduques également au regard de la loi internationale.

Il en va de même au Mexique et en Amérique Latine, partout où l’occident a volé, pillé et commis des génocides tant physique que culturels.

Nous devons venir à terme avec notre idéologie colonialiste, c’est la seule façon de changer le monde vraiment pour le meilleur. Écoutons les nations autochtones des Amériques qui luttent contre le terrorisme d’état depuis 1492… Ils savent et peuvent grandement nous conseiller, tout comme nous le pouvons également, c’est dans l’échange que nous grandirons et enterrerons l’oligarchie qui nous opprime tous… Eux et nous, même à des degrés différents, une oppression demeure une oppression.

— Résistance 71 —

 

La Proclamation Royale de 1763

 

Mohawk Nation News

 

Avril 2013

 

url de l’article:

http://mohawknationnews.com/blog/2013/04/10/royal-proclamation-1763/#comment-1366

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

La proclamation Royale de 1763 (Edit Royal de 1763) est un guide pour l’établissement des Européens sur Great Turtle Island (l’Amérique du Nord). Elle garantit une nationalité indépendante indigène, la souveraineté et la propriété d’Onowagareh. Nous ne faisons pas partie de l’établissement colonial, de la colonie. Toute terre doit être cédée par traité. Jusque maintenant, aucune terre ne l’a été. Aucune loi des colons n’est prédominante sur la proclamation. Nos droits ne peuvent jamais être terminés. Nous n’avons jamais été d’accord avec la loi indienne (Indian Act) ou de toute autre “lois de la mer” de l’amirauté qui violent notre souveraineté. La loi du British North America Act de 1867 remet “les Indiens et les terres réservées pour les Indiens” dans une relation de soumission à la Grande-Bretagne et sa colonie.

Une responsabilité fiduciaire et un trust international furent créés. Les colons pouvaient vivre sur notre terre mais ne jamais la posséder. C’était une location. L’obligation fiduciaire n’est pas en conflit avec le titre indigène. Ils co-existent et ne peuvent être révoqués. Il n’y a pas de mécanisme d’abandon de nos droits inhérents. Seuls le meurtre ou l’assimilation de chaque personne indigène pourraient mettre en danger notre lien avec notre terre (Onowarageh). Aussi loin qu’un seul indigène marche sur le territoire, celui-ci est nomément territoire indigène.

Une tierce partie neutre et indépendante est requise afin de résoudre de manière équitable les différents entre nous et le Canada en ce qui concerne notre terre, ses ressources et le toujours croissant fond de l’Indian Trust Fund de bien plus de 60 000 milliards de dollars.

La procédure d’adjudication par un tiers fut établie par les Mohegan en 1704 concernant le désaccord entre eux et les colons du Connecticut. Les Mohegan (Mohicans) firent la demande à la cour de la reine Anne et une adjudication impartiale par un tiers leur fut accordée. Les gouvernements coloniaux de l’Amérique du nord britannique ne pouvaient pas légalement adjudiquer ceci ou toute autre désaccord car ils étaient partie prenante de la dispute. Ceci est en accord avec les deux rangées d’honneur de respect et de non-interférence (NdT: en référence au Wampum à deux rangées scellant l’accord primordial).

Le Canada ne traite qu’avec ses conseils de bandes tribaux corporatistes et non pas avec nos gouvernements véritables et souverains. Les peuples indigènes devraient demander des comptes à propos des accords passés en notre nom par ces indiens de l’entreprise Canada. Eux et l’Assemblée des Premières Nations (APN ou AFN) ne représentent que ceux qui les suivent. Les peuples traditionnels sont indépendants, nous avons nos propres lois et choisissons nos propres représentants.

La clause internationale sur les droits civils et politiques explique que le Canada n’a rien à dire sur la façon dont nous nous gouvernons: “Tous les peuples ont le droit à l’auto-détermination. En vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et poursuivent librement leur développement économique, social et culturel.” Le Canada étouffe nos gouvernements. Nous sommes tenus en otages. Le Canada nous doit des comptes et ne veut interagir que par leurs nominés des conseils de bandes.

L’AFN prétend que nous faisons partie de la corporation du Canada. Ils n’ont aucune jurisdiction sur nous et notre terre. L’AFN nous trahit chaque jour qui passe et vend nos droits inhérents à une auto-gestion parce qu’ils sont dans un stade avancé de maladie de dégénérescence. Nous, nations indigènes, avons le droit de gérer tout problème commun. Les colons ont violé la proclamation royale de 1763. Nous sommes donc de fait occupés de manière illégale. S’ils continuent de permettre ce vol, ils sont complices de génocide.

Les colons ne peuvent pas prouver leur droit de vivre ici alors qu’ils ont usurpé notre terre et nos ressources que nous n’avons jamais cédées à quiconque. Une violation de la Proclamation Royale est une haute trahison et la pénalité pour cela est la peine de mort. L’armée a la responsabilité de faire respecter cette proclamation. Les colons n’ont pas le choix. Ils peuvent devenir un en esrit avec nous et ENSEMBLE nous pourrons apporter la paix dans le monde. Comme l’a chanté John Lennon: “Tout ce que nous disons est de donner une chance à la paix.”

Give peace a chance “

 

=  =  =

La reine-mère

 

Mohawk Nation News

 

29 Mai 2013

 

url de l’article original:

http://mohawknationnews.com/blog/2013/05/29/queen-mum/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

La reine, représentant la corporation de la couronne (13 lignées de sang) en 1867, a mis en place la corporation, l’entreprise, du Canada à des fins commerciales sous la Loi des Océans (NdT: Law of the Seas en anglais). Elle a dit: “Regardez ces ressources ! Faisons des affaires. Qu’en est-il de tous ces Indiens ? Nous devrons leur donner une part, mais nous la contrôlerons.” La vidéo à la fin de ce billet explique le fonctionnement de l’Indian Trust Fund en détails.

La reine prît donc 60% des bénéfices provenant de l’extraction de nos ressources tout en plaçant 40% sur un fond de trust à notre profit. Le trust existait depuis la reine Anne d’Angleterre en 1701 et fut reconfirmé par la Proclamation Royale de 1763. En 1867, les provinces en banqueroute formèrent la CORPORATION DU CANADA. Elles s’appointèrent elles-mêmes comme les garants de l’Indian Trust Fund, qui finance la totalité de cette corporation jusquà ce jour. Une banque de la couronne fut établie pour prendre en charge notre argent. Sa majesté emprunta sur ces fonds. L’armée de sa majesté protège la trésorerie.

La Loi des Océans monnétarise tout, incluant les terres et les personnes. C’est une supercherie. La Loi des Océans fut mise en pratique sur nos terres et ce sans notre consentement. Ceci fut une conquête entrepreneuriale hostile de tous les peuples de l’entièreté de ce qui est aujourd’hui le Commonwealth et qui existe jusqu’à ce jour. Une entreprise commerciale fut établie illégalement à l’intérieur de notre territoire. Une escroquerie de la plus haute importance fut commise. Les lois de la trahison  doivent être appliquées pour le vol et l’usurpation de notre fond de l’Indian Trust.

Les envahisseurs n’auraient jamais pu occuper, prendre possession des terres ou des ressources sans notre permission. Les marchands de sa majestée ont extrait, coupé (le bois) et fait commerce. Elle a fondé trois autres entreprises dans notre territoire qui coupèrent encore plus d’arbres, tuèrent encore plus d’animaux et essayèrent de nous chasser. En 1924, La loi d’avancement des indiens (Indian Advancement Act) fut mise en œuvre pour créer les réserves indiennes et donner tout le potentiel commercial d’extraction aux provinces.

Les indigènes pouvaient émettre un passeport car nous avions terre, langage et culture. Les sujets de la reine ne le pouvaient pas. En 1967, l’entreprise Canada devint un pseudo pays et put émettre des passeports alors même que ses ressortissants ne sont pas membres de Great Turtle Island.

Les sujets sont la propriété de la reine mère. Un bébé né au Canada est enregistré comme étant sa propriété. Elle détient le titre de naissance, le certificat de naissance de chacun d’entre eux. Ils ont une part dans le Commonwealth et les renonciations de la reine. Elle peut prendre les enfants et les envoyer à la guerre. Papa et maman travaillent pour l’entreprise Canada. Ils sont payés par la reine mère pour prendre soin de ses sujets bébés et enfants au travers des primes, des allocations familiales, des crédits d’impôt etc… Les règles d’entreprise étrangère sont applicables. A 18 ans, la reine absout les parents d’avoir vendu leurs enfants en esclavage.

Lorsque l’enfant à son tour vient travailler pour l’entreprise Canada, ils prennent leur acte de naissance d’une jurisdiction étrangère afin d’obtenir un numéro de sécurité sociale (SIN). Une obligation de sécurité est nécessaire avec l’assignation du prénom et du nom en lettres capitales d’imprimerie. Un reçu vérifiant le titre de propriété de l’enfant par la reine est alors envoyé à la poste royale la plus proche.

Tous les emprunts faits viennent alors de la reine par la couronne et sa banque. Personne ne peut faire des affaires et du commerce sans l’aval de la banque étrangère. Personne ne peut avoir un compte en banque au Canada sans un numéro de sécurité sociale. Est-ce la marque de la bête ?

Notre terre n’a jamais été cédée. Elle est programmée pour être tenue pour nous sous la forme d’un trust. Nous sommes forcés d’enregistrer nos enfants. Des documents d’identité sont créés par les titres de propriété royaux sans notre consentement. Nous sommes forcés d’entrer dans son piège sous la contrainte. Nous sommes des alliés, non pas des sujets et nous continuons à être les légataires du territoire.

Vidéo expliquant comment fonctionne l’Indian Trust Fund et les titres de la couronne (conférence ayant eu lieu en Colombie Britannique, en anglais, très, très instructif): Video explaining the Trust

 

 

Interview du président syrien Al-Assad par la chaîne libanaise Al-Manar…

Posted in 3eme guerre mondiale, actualité, France et colonialisme, guerre iran, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, résistance politique with tags , , , , , , , , , on 31 mai 2013 by Résistance 71

D’après Al-Assad le Hezbollah à Al-Qusseir ne défend par l’état syrien

 

Al Manar

 

31 Mai 2013

 

url de l’article original:

http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?eid=114299&cid=18&fromval=1&frid=18&seccatid=37&s1=1

 

~ Interview du président syrien Bachar Al-Assad avec la chaîne de télévision libanaise Al-Manar ~

 

Le président syrien Bachar al-Assad a assuré que le Hezbollah est intervenu à Al-Qousseir non pas pour aider l’Etat syrien mais pour faire avorter les tentatives de l’étouffer.

Car d’après lui, les quelques centaines de combattants du Hezbollah dépêchés dans cette région ne constituent rien par rapport aux centaines de milliers de militaires réguliers et de terroristes qui se confrontent dans ce pays depuis près de deux ans.

Le président syrien a tenu ces propos dans un entretien télévisé accordé exclusivement à notre chaine de télévision AlManar et diffusé ce jeudi.

Interrogé sur les progrès réalisés par l’armée syrienne dans plusieurs régions, le numéro un syrien a mis en avant l’échec des planificateurs de l’insurrection eux-mêmes. Sans oublier de signaler que l’environnement qui a bercé les rebelles au début a fini par se révolter  contre eux.

S’agissant de la livraison de la livraison par la Russie du système anti aérien S-300, il a affirmé que Moscou allait honorer tous ses contrats d’armements avec Damas.

 

Voici ci dessous l’interview :

Q: Nous sommes au cœur du Palais du Peuple. Deux ans et demi après l’éclatement de la crise syrienne, laquelle visait avant tout à vous renverser, comment avez-vous fait avorter les tentatives de vos adversaires et ennemis. Quel est le secret de cette persévérance ?

Ils ont échoué dans leurs plans

R : D’une part, Il y a le côté syrien qui est parvenu à déjouer ce plan ; de l’autre, ce sont ses trameurs eux-mêmes qui ont torpillé leur propre plan… Parce que d’un côté ils ne connaissent la situation en Syrie, et de l’autre ils n’ont pas bien lu la situation en Syrie. Ils ont au début lancé leur insurrection en brandissant des slogans de révolution. Mais toute révolution nécessite des facteurs objectifs. On ne peut faire une révolution avec de l’argent. Comme ils ne sont pas parvenus à réaliser les circonstances qui introduisent une révolution, alors ils sont passés à mettre en avant des concepts et des slogans confessionnels et sectaires afin de provoquer une faille au sein de la société syrienne. Ils ont pu entrer dans certains coins de la société syrienne présents dans toute société, des angles d’ignorance et d’inconscience, le résultat qui en a découlé est qu’ils ne sont pas parvenus à vraiment instaurer cette faille laquelle, si elle était présente, elle aurait démembré la Syrie depuis les tous débuts.

Ils ont utilisé un autre  slogan qui les fait tomber dans leur propre piège, en disant que ce qui se passe est un conflit pour le pouvoir. La réalité n’a rien à voir avec un conflit pour le pouvoir, la bataille est pour la partie, et non pour le pouvoir. Personne ne combat et ne tombe en martyre pour le pouvoir de quelqu’un.

Q : Dans cette bataille, monsieur le président, il semble, au bout de deux ans et demi, que la direction syrienne est en train de réaliser des progrès sur le terrain. Pourquoi au bout de deux ans et demi, avez-vous choisi de passer de la défense à l’attaque, vous ne pensez pas que vous vous y êtes mis un peu tard, au risque que le cout soit très élevé. Je prendrai comme exemple celui d’al-Qousseir.Des Syriens ont été arnaqués

R : Nous n’avons jamais abordé cette question sous l’idée de la défense ou de l’attaque. La tactique militaire nécessitait de se comporter avec chacune des petites batailles d’une façon isolée. Nous nous comportions avec la situation non point d’un point de vue militaire, mais dans tous ses aspects, dont politique et social. De nombreux syriens ont été arnaqués au début.

Beaucoup de pays amis à l’étranger ne comprenaient pas la situation en Syrie. On ne peut pas faire les mêmes choses lorsqu’il n’y a pas de consensus.

C’est ce qui a aidé les forces armées beaucoup plus à faire leur devoir et à réaliser des exploits. Ce qui se passe actuellement n’est pas un passage de la phase de la défense à celle de l’attaque. C’est un renversement de l’équilibre des forces à l’avantage des forces régulières.

Q : Comment cet équilibre des forces a-t-il été renversé ? On reproche à la Syrie d’avoir demandé l’aide de combattants étrangers et nous allons appeler les choses par leur nom. On voudrait parler des combattants du Hezbollah. Sachant que dans des entretiens passés, vous aviez dit : nous sommes un peuple de 23 millions, et n’avons besoin de personne. Que fait le Hezbollah en Syrie.

L’environnement qui accueillait les miliciens s’est bouleversé

R : La première raison de ce renversement des équilibres de forces, est due en réalité à un renversement dans l’environnement qui avait accueilli les rebelles. Certaines régions avaient formé un environnement qui abrite les miliciens, non pas par manque de nationalisme, mais par manque de connaissance. De nombreuses personnes se sont pliées aux groupuscules terroristes.

Ils pensaient qu’il s’agissait d’une révolution contre les aspects négatifs qui sévissaient. C’est cet environnement s’est bouleversé. De nombreux miliciens ont finalement quitté ces groupuscules depuis et ont repris  leur vie normale. C’est la raison principale. 
Le Hezbollah ne défend pas l’Etat syrien.

L’intervention du Hezbollah liée à l’intervention israélienne

En ce qui  me concerne, ce qui est soulevé actuellement sur le Hezbollah et sur la participation de combattants étrangers avec l’Etat, c’est un sujet très important qui comporte plusieurs aspects. Pour l’expliquer, nous avons besoin de plusieurs éléments qui lui sont inhérents.

Nous ne pouvons séparer ce qui a été soulevé dernièrement sur le sujet du Hezbollah dans la bataille d’al-Qousseir de la frappe israélienne. Il s’agit de  trois aspects dans une seule affaire. Laissez mois parler franchement. Dernièrement surtout après le discours de Sayyed Hassan Nasrallah, a été soulevé dans les medias arabes et étrangers que les combattants du Hezbollah sont en train de combattre en Syrie pour défendre le régime syrien. Bien sûr, entre parenthèses, ils veulent dire par le régime l’Etat syrien.

Plus de 100 mille miliciens en Syrie

Parlons logiquement. Si le Hezbollah voulait défendre la Syrie, combien devrait envoyer de combattants ? Quelques centaines, un millier, deux mille ? Nous parlons d’une bataille à laquelle participent des centaines de milliers de l’armée syrienne et des dizaines de milliers de terroristes si ce n’est plus, peut-être plus de 100 milles, car leur nombre ne cesse d’enfler. L’alimentation du nombre des miliciens se poursuit de la part d’Etats voisins et d’Etat soutenus par des étrangers. Le nombre de participants a travers lequel le Hezbollah contribue en Syrie en comparaison avec celui des terroristes et des militaires de l’armée, et compte tenu de la superficie syrienne, ne peut ni protéger l’Etat, ni la Syrie.

D’autre part, s’ils disent que le Hezbollah défend l’état syrien, pourquoi aujourd’hui seulement, pourquoi en ce moment exclusivement ? Les batailles ont commencé après le mois de Ramadan 2011, et se sont intensifiées en été 2012, date à laquelle a été déclenchée la bataille de Damas, au cours de laquelle l’heure zéro a plusieurs fois été annoncée pour lancer l’attaque, et il y a eu l’assassinat des quatre officiers et plusieurs opérations d’évasion et de défections, de nombreux avaient cru que la chute du régime s’approchait, mais cela n’est pas arrivé. Et pourtant, le Hezbollah n’est pas intervenu en ces moments. Pourquoi a-t-il décidé de le faire aujourd’hui ?

Cet aspect revêt une importance primordiale. Pourquoi n’avons-nous pas vu le Hezbollah à Damas ou à Alep ?? Les plus grandes batailles sont celles qui ont lieu dans ces villes. Et non pas à Qousseir. La ville de Qousseir est toute petite. Pourquoi n’avons-nous pas vu le Hezbollah à Homs ?

Tous veulent étouffer la résistance

Toutes ces données ne sont pas précises. Al-Qousseir est stratégique. Toutes les frontières sont stratégiques pour les terroristes. Toutes les frontières sont utilisées pour le trafic d’armes et de miliciens. Donc toutes ces allégations n’ont rien à voir avec le sujet du Hezbollah. Toutes les lamentations et tous ces hurlements que nous entendus dans le monde arabe ainsi que les déclarations lancées par les responsables étrangers, même Ban Ki-Mon a déclaré appréhender l’intervention du Hezbollah à Qousseir, tout cela vise à étrangler la résistance. Ceci n’a rien à voir avec la défense de la Syrie. Les progrès que vous avez évoqués depuis quelques temps sont très importants à Alep, à Damas, dans la province de Damas, et dans d’autres endroits, mais nous n’avons entendu aucune lamentation.

Question: S’agissant de la nature de la bataille que vous menez, vous et le Hezbollah à Qousseir, d’aucuns croient deviner que vous voulez y établir un passage sécurisé reliant la côte syrienne à Damas pour y instaurer votre Etat alaouite, au cas où sont imposées dans la région la partition ou des modifications géographiques. Cette bataille serait également liée  au conflit avec Israël.On ne livre pas des batailles partout pour la partition

Réponse: D’abord la côte libanaise et syrienne ne passe pas par Qousseir. Géographiquement parlant, ce discours n’est pas logique. Le deuxième point, personne ne livre une guerre pour aller vers la partition. 
Si vous voulez une partition, il faut y aller tout droit. On ne peut engager des batailles dans toutes les régions syriennes, tout en ayant des velléités de partition et pour aller prendre un certain coin. Le cours des batailles ne suggèrent nullement que d’aucuns cherchent à diviser dans le rôle syrien. Bien au contraire, ces batailles sont des batailles pour préserver l’unité de la Syrie, et non l’inverse.

Un autre point: nos ancêtres ont essayé cela avec les Français lorsque la France a réclamé la division Syrie, depuis quelques décennies, et ils ont montré qu’ils étaient bien conscients de l’affaire. Est-ils possible que nous autres, leurs petits-fils, soyons moins conscients qu’eux de ce qui se trame?
Jamais.

Les lamentations arabes pour Israël

Je le répète encore une fois. Tous les  hurlements qui parviennent à nos oreilles sur ce qui se passe à Qousseir sont liés au sujet d’Israël. Le timing de la bataille de Qousseir est lié à la frappe israélienne. Ce qui est exigé est d’étrangler la résistance. C’est une nouvelle vieille bataille, qui prend à chaque fois une nouvelle apparence. Ce n’est pas Qousseir qui est l’important,   mais la frontière. On veut étouffer la résistance, sur terre et sur mer.

C’est pour cela qu’une question se pose ici: on dit que la résistance devrait pointer ses armes vers l’ennemi et donc vers le sud. Cela a été dit le 7 mai, quand certains agents d’Israël au Liban ont voulu confisquer les télécommunications de la Résistance, alors ils ont dit que la résistance avait changé la direction de ses armes vers l’intérieur. Ils ont dit la même chose à propos de l’armée syrienne comme quoi elle devrait se battre sur la frontière avec Israël. Nous avons dit très clairement que l’armée combat l’ennemi partout où il se trouve. Quand l’ennemi est au nord ou vient du nord, on se doit de nous rendre au nord. De même pour l’Est. C’est aussi le cas de  la résistance.

Pourquoi le Hezbollah se trouve-t-il à la frontière au Liban ou en Syrie ? Parce que la bataille est la même : avec l’ennemi israélien ou contre ses  agents en Syrie ou au Liban.

Q : Concernant l’entrée d’Israël dans l’équation de la crise syrienne dernièrement à travers les raids aériens menés dans la banlieue de Damas, Israël l’a directement lié à des messages : celui ente autre qu’il ne veut pas de bataille ascendante et qu’il ne veut pas d’immixtion dans la crise syrienne. D’où la question qui se pose : que veut Israël ou quel type d’intervention voudrait-il dans l’équation syrienne ?

Les objectifs d’Israël

R : ceci est la confirmation de ce que j’étais en train de dire. Le but consiste à étouffer la résistance en premier lieu. L’intervention israélienne auprès des terroristes et le soutien qu’il leur accorde ont pour objectif deux choses : premièrement étouffer la résistance ; deuxièmement, bombarder les défenses aériennes syriennes. Ce sont ses principaux buts. Le reste lui est bien égal.

Q : Tant que les objectifs d’Israël sont clairs, pourquoi la riposte syrienne, d’après ce qu’on lui reproche, a été aussi faible ? Tout le monde a attendu la riposte syrienne. Dans la déclaration du gouvernement syrien, il  y avait  allusion au droit de riposte au moment et dans le lieu propices. Pourquoi la riposte n’a pas été directe et immédiate ? Est-il suffisant, selon les fuites d’une source haut placée, de diriger les missiles vers l’ennemi israélien, et de dire que chaque agression allait être répliquée sans retour au haut -commandement ?

Réponse: Nous avons informé toutes les parties étrangères et arabes qui nous ont contactés, que nous allons répondre la prochaine fois. Bien sûr, depuis il y a eu des tentatives de violations israéliennes auxquelles nous avons répliqué. Mais la réponse temporaire n’a aucune valeur. C’est-à-dire la réponse à caractère politique. Si nous voulons répliquer à Israël, nous devons le faire stratégiquement.

Q: Comment, en ouvrant le front du Golan, par exemple?

Réponse: Cela dépend d’abord de la situation populaire, si elle penche vers la résistance ou pas?

Q: Comment vont les choses aujourd’hui en Syrie?

Une pression populaire pour ouvrir le front du Golan

A: Il y a une pression publique claire pour ouvrir le front du Golan pour résister. Il y a même un enthousiasme arabe dans ce sens : des délégations arabes sont venues nous voir et nous dire : où les dizaines jeunes peuvent-ils s’inscrire? Ils veulent venir pour combattre Israël. Bien sûr, le processus de résistance n’est pas un processus simple, et il ne s’agit pas d’une ouverture au sens géographique du terme seulement. La question est d’ordre idéologique, social et politique et militaire dans l’ensemble.

Q: Monsieur le Président, si nous prenons en compte ce qui s’est passé dans le Golan, concernant les véhicules militaires qui ont franchi la ligne d’engagement et ont pris pour cible. Sommes-nous face à un changement des règles du jeu dans les règles d’engagement. S’il en est ainsi, quelle est donc cette équation?

Réponse: Le véritable changement dans les règles d’engagement, c’est quand le peuple ira en direction de la résistance populaire. Tout autre changement est un changement temporaire, sauf si nous allons vers la guerre. Toute riposte pourrait être de nature morale ou dans l’apparence celui d’un changement dans les règles d’engagement, mais je ne le crois pas. Le véritable changement est lorsque les gens opteront pour la résistance. Il s’agira d’un changement radical ou dramatique..

Question: Ne pensez-vous pas que ce discours est venu trop tard, je veux dire pourquoi, après quarante ans d’accalmie et de trêve dans le Golan, on parle maintenant de faire bouger ce front, d’introduire de nouvelles équations, et de nouvelles règles du jeu?

L’Etat ne crée pas la résistance, mais la laisse faire ou…

Réponse: ils disent toujours que la Syrie a fermé le front ou l’a ouvert. L’Etat ne crée pas de résistance, si ce n’est une résistance spontanée et populaire. La résistance ne peut être fabriquée. L’Etat ne peut que soutenir ou entraver, pour se déplacer, comme c’est le cas dans certains pays arabes. Mais je pense que l’État qui fait face à la résistance est un état téméraire. L’affaire aujourd’hui n’est pas que la Syrie a décidé, après quarante ans, d’aller dans cette direction.

Il y a une armée qui fait son devoir. De point de vu situation mentale et patriotisme,  il y a ceux qui assument cette responsabilité de libérer la terre. S’il n’y avait pas d’armée, comme au Liban, lorsque l’armée était divisée et le pays aussi pendant la guerre civile, la résistance serait apparue depuis très longtemps.

Or, dans ces circonstances, il y a plusieurs facteurs qui conduisent à cette tendance : la première, les attaques israéliennes répétées, qui sont un facteur clé dans la création de ce désir et de cette motivation. Deuxièmement, il y a le fait que l’armée et les forces armées sont préoccupées dans plusieurs endroits sur le territoire syrien, et cela donne le sentiment chez de nombreux citoyens, qu’il est de leur devoir maintenant d’aller dans cette direction afin de soutenir les forces armées sur le front du Golan.

Q: Monsieur le Président, Netanyahou a déclaré qu’Israël n’hésiterait pas à frapper à Damas dans le cas de transfert d’armes au Hezbollah qui pourrait briser l’équilibre. Si Israël met en exécution ces menaces, je voudrais une réponse directe, quelle serait la réponse de la Syrie ?

Réponse: Comme je l’ai dit, nous avons informé les autres pays que nous répondrons à la frappe par une rappe. Bien sûr, il est difficile de déterminer maintenant quels genres de moyens seront utilisés en termes militaires, cela relève du choix du commandement militaire. Mais nous avons mis au point plusieurs possibilités, selon les circonstances et le moment de la frappe. Cela dépendra des circonstances qui privilégient l’utilisation d’une méthode particulière ou d’une arme particulière d’une manière plus efficace, au détriment d’une autre.

Q: Monsieur le Président, après le récent raid israélien sur la Syrie, il a été question des antis missiles aériens S 300, considéré être un armement qui brise l’équilibre. A la base de ce qui a été évoqué à propos de ce sujet, M. Netanyahu s’est rendu à Moscou. Question immédiate: Est-ce que ces missiles sont sur le chemin de Damas ou sont-ils désormais en Syrie?

Tous les contrats de la Russie seront honorés

Réponse: Habituellement, nous ne faisons pas de révélations dans le domaine militaire sur ce que nous obtenons et ce que nous avons. Mais pour la Russie, les contrats ne sont pas liés à la crise, nous négocions avec eux (Russes) sur différents types d’armes depuis des années, et la Russie s’est engagée avec la Syrie pour honorer ses contrats. Je veux dire, ce n’est ni la visite de Netanyahu, ni la crise elle-même, ni leurs conditions n’affecteront la fourniture d’armes. Tous les contrats que nous avons conclus avec les Russes, et dont une partie a été exécutée, seront honorés.

A suivre vendredi (la prochaine conférence de Genève)

Oligarchie financière: La City de Londres, le nid de l’hydre à éliminer…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, économie, crise mondiale, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, politique et lobbyisme, politique et social with tags , , , , , , , , , , on 31 mai 2013 by Résistance 71

Rien ne se fait dans le monde, du moins pour sûr dans le monde occidental, sans l’aval de la City et son cartel banquier. Son influence sur le politico-économique a atteint son paroxysme et perdure depuis au moins les guerres napoléoniennes lorsque la banque Rotschild finançait les deux côtés de la belligérance. De fait, Wall Street n’existerait pas sans la city de Londres. Wall Street est inféodé à la City et non pas l’inverse. Les Rockefeller et autres Morgan, Warburg etc, sont les agents de la city au « nouveau monde », dans une Amérique soit disant « indépendante » de l’influence britannique. Le cartel des banques privées des banques centrales, incluant la Banque d’Angleterre et leur QG de la Banque des Règlements Internationaux de Bâle prennent leurs ordres à la City de Londres. La couronne d’Angleterre et sa banque sont inféodées à la City de Londres et non pas l’inverse.

La City de Londres est le nid de l’hydre, le mettre à bas serait un bon début…

— Résistance 71 —

 

La City de Londres capitale de la mafia planétaire !

 

Pierre Hillard

 

30 Mai 2013

 

url de l’article original:

http://www.bvoltaire.fr/pierrehillard/la-city-de-londres-capitale-de-la-mafia-planetaire,23788

 

Depuis 2007, la crise ne fait que s’accentuer. La récession s’impose et les États étouffent sous le poids de l’endettement. Cependant, il existe un monde parallèle qui agit comme une sève pour irriguer la gouvernance mondiale en formation : les paradis fiscaux. Ils sont définis par le journaliste économique Nicholas Shaxson comme un « lieu qui se propose d’attirer des activités économiques en offrant à des particuliers ou à des entités un cadre politiquement stable permettant de contourner les règles, les lois et les réglementations édictées dans les autres pays ». Appelés aussi « juridictions du secret », ces paradis fiscaux s’emploient à manipuler les mouvements d’argent internationaux.

On dénombre environ une soixantaine de ces « juridictions du secret » au cœur de la globalisation, qui se subdivisent en trois groupes :
1) Les paradis fiscaux européens comme le Luxembourg, le Liechtenstein ou Monaco ;
2) Les États-Unis, ses États fédérés (en particulier le Delaware) et les dépendances sous influence américaine (les îles Vierges, Panama, …) ;
3) la City de Londres organisée en 3 cercles concentriques : les dépendances de la Couronne (Jersey, Guernesey et l’île de Man), les quatorze territoires britanniques d’outre-mer (les îles Caïmans, les Bermudes, Gibraltar…) et des États entretenant des relations étroites avec l’ancien colonisateur : Hong Kong, Singapour, Dubaï…). Ces centres offshore combinent le secret bancaire et la non-imposition.

La capitale britannique est constituée de deux villes. La première est un vaste centre urbain de plusieurs millions d’habitants dirigé par un maire disposant de peu de pouvoirs. La deuxième est un espace de 3,16 km², appelé « City of London Corporation » ou « Square Mile », subdivisé en 25 quartiers appelés « wards » dont seuls quatre sont réellement habités, tandis que les autres regroupent les bureaux. Dirigée par un Lord-maire, véritable ambassadeur de tous les services financiers, la City est dotée d’un gouvernement (le « Guildhall »). Outre les 9.000 résidents de la City à voter, les représentants d’entreprises (23.000 personnes) ont aussi le droit de vote. Ainsi, Goldman Sachs, la banque Narodny de Moscou ou encore la Bank of China participent à la vie « démocratique » de la City. Ajoutons que des citoyens d’honneur anglais et étrangers appartiennent à ce corps électoral très particulier. Nous pouvons relever les noms de George Bush, Jr. et de Vladimir Poutine. La famille mondialiste est très variée.

La City est un véritable État dans l’État disposant d’un pouvoir total sans avoir de compte à rendre au Parlement de Westminster. Cette politique est rendue possible entre autres grâce au rôle du remembrancer (« remémoreur »), véritable lobbyiste et non-élu, qui est un relais entre la City de Londres et le Parlement anglais. Il est chargé de vérifier que les représentants du gouvernement ainsi que les différents ministères n’élaborent pas de mesures pouvant contrer la toute-puissance et l’indépendance de la City. Il est vrai que celle-ci concentre des intérêts jalousement gardés. Sur ce petit territoire, on trouve près de 550 banques, la moitié des assureurs de la planète — plus que ceux de New York, Paris et Francfort réunis — un volume d’affaires journalier cinq fois supérieur au PNB anglais, la moitié des entrées en bourse dans le monde et près de 80 % des hedge funds (fonds spéculatifs) européens. Comme l’a résumé joliment le député anglais Tony Benn, la City « est une île offshore amarrée sur la Tamise ».

Sachant que la quasi-totalité des investissements internationaux se fait via les centres offshore, en profitant au passage d’avantages fiscaux et de contraintes juridiques bien allégées, les multinationales s’en donnent à cœur joie. Pareille à une araignée au milieu de sa toile, la City de Londres régente tous ces flux financiers. La dérégulation des marchés qui s’est accélérée à partir des années 1980 a conduit à des volumes financiers colossaux transitant dans les paradis fiscaux. Selon l’économiste John Christensen, ils sont évalués à plus de 20.000 milliards de dollars (3). Une telle situation montre clairement que les politiques n’ont plus le pouvoir et que la finance a en main des atouts majeurs pour imposer un monde se rapprochant de l’idéal orwellien.

Vidéo en français sur la city de Londres:

http://www.youtube.com/watch?v=QNf78pfAYsg

 

Politique et société: Le leurre et l’escroquerie du marxisme, capitalisme d’état au service de l’oligarchie…

Posted in actualité, autogestion, économie, ingérence et etats-unis, média et propagande, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, philosophie, politique et lobbyisme, politique et social, terrorisme d'état with tags , , , , , , , on 30 mai 2013 by Résistance 71

Cet excellent essai d’Emma Goldman en relation directe avec ce que nous disions dans l’article précédent sur la clique Rockefeller/Kissinger encourageant la Chine « communiste » et leur pays du goulag levant à œuvrer pour un Nouvel Ordre Mondial.

— Résistance 71 —

 

Le Communisme n’existe pas en Russie

 

Emma Goldman (1935)

 

BOLCHEVISME = COMMUNISME ?

Le mot communisme est maintenant sur toutes les lèvres. Certains en parlent avec l’enthousiasme exagéré des néophytes, d’autres le craignent et le condamnent comme une menace sociale. Mais je suis presque sûre que ni ses admirateurs — la grande majorité d’entre eux — ni ceux qui le dénoncent n’ont une idée très claire de ce qu’est vraiment le «communisme» à la sauce bolchevik.

Si l’on veut en donner une définition très générale, le communisme représente un idéal d’égalité et de fraternité humaine: il considère l’exploitation de l’homme par l’homme comme la source de tout esclavage et de toute oppression. L’inégalité économique conduit à l’injustice sociale et est l’ennemie du progrès moral et intellectuel.

Le communisme vise à créer une société où les classes seront abolies, où sera instaurée la propriété commune des moyens de production et de distribution. L’homme ne pourra jouir de la liberté, de la paix et du bien-être que dans une communauté sans classes et solidaire.

Mon objectif initial, en écrivant cet article, était de comparer l’idéal communiste avec la façon dont il est appliqué en URSS, mais je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’une tâche impossible. En réalité, le communisme n’existe pas en Russie. Pas un seul principe communiste, pas un seul élément de ses enseignements n’est appliqué par le Parti communiste dans ce pays.

Aux yeux de certains, ma position semblera totalement absurde; d’autres penseront que j’exagère grossièrement. Cependant je suis sûre qu’un examen objectif de la situation russe actuelle convaincra le lecteur honnête que je dis la vérité.

Intéressons-nous d’abord à l’idée fondamentale qui sous-tend le prétendu «communisme» des bolcheviks. Leur idéologie ouvertement centraliste, autoritaire, est fondée presque exclusivement sur la coercition et la violence étatiques. Loin d’être fondé sur la libre association, il s’agit d’un communisme étatique obligatoire. On doit garder cela en mémoire si l’on veut comprendre la méthode utilisée par l’État soviétique pour appliquer ses projets et leur donner un petit air «communiste».

NATIONALISATION OU  SOCIALISATION ?

La première condition pour que se réalise le communisme est la socialisation des terres, des outils de production et de la distribution. On socialise la terre et les machines, pour qu’elles soient utilisées par des individus ou des groupes, en fonction de leurs besoins. En Russie, la terre et les moyens de production ne sont pas socialisés mais nationalisés. Le terme de nationalisation est trompeur, car ce mot n’a aucun contenu. En réalité, la richesse nationale n’existe pas. La «nation» est une entité trop abstraite pour «posséder» quoi que ce soit. Soit la propriété est individuelle, soit elle est partagée par un groupe d’individus; elle repose toujours sur une réalité quantitativement définissable.

Lorsqu’un bien n’appartient ni à un individu, ni à un groupe, il est ou nationalisé ou socialisé. S’il est nationalisé, il appartient à l’État; en clair, le gouvernement en a le contrôle et peut en disposer selon son bon plaisir. Mais si un bien est socialisé, chaque individu y a librement accès et peut l’utiliser sans l’ingérence de qui que ce soit.

En Russie, ni la terre, ni la production, ni la distribution ne sont socialisées. Tout est nationalisé et appartient au gouvernement, exactement comme la Poste aux États-Unis ou les chemins de fer en Allemagne ou dans d’autres pays européens. Ce statut n’a absolument rien de communiste.

La structure économique de l’URSS n’est pas plus communiste que la terre ou les moyens de production. Toutes les sources d’existence sont la propriété du gouvernement central; celui-ci dispose du monopole absolu du commerce extérieur; les imprimeries lui appartiennent: chaque livre, chaque feuille de papier imprimé est une publication officielle. En clair, le pays et tout ce qu’il contient sont la propriété de l’État, comme cela se passait auparavant, au temps des tsars. Les quelques biens qui ne sont pas nationalisés, comme certaines vieilles maisons délabrées à Moscou, par exemple, ou de petits magasins miteux disposant d’un misérable stock de cosmétiques, sont uniquement tolérés : à tout moment le gouvernement peut exercer son droit indiscuté à s’en saisir par simple décret.

Une telle situation relève du capitalisme d’État, mais il serait extravagant d’y déceler quoi que ce soit de communiste.

PRODUCTION ET CONSOMMATION

Tournons-nous maintenant vers la production et la consommation, leviers de toute existence. Peut-être y dénicherons-nous une dose de communisme qui justifierait que nous utilisions le terme «communiste» pour décrire la vie en URSS, du moins à une certaine échelle.

J’ai déjà fait remarquer que la terre et les outils de production sont propriété de l’État. Les méthodes de production et les quantités qui doivent être produites par chaque industrie dans chaque atelier, chaque fabrique, chaque usine, sont déterminées par l’État, par le gouvernement central — qui siège à Moscou — à travers ses différents organes.

L’URSS est un pays très étendu qui couvre environ un sixième de la surface de la Terre. Abritant une population composite de 165 millions d’habitants, elle comporte plusieurs grandes Républiques, différentes ethnies et nationalités, et chaque région a ses besoins et intérêts particuliers. Certes, la planification industrielle et économique a une importance vitale pour le bien-être d’une communauté.

Le véritable communisme — l’égalité économique entre les hommes et entre les communautés — exige que chaque communauté organise la planification la meilleure et la plus efficace, en se fondant sur ses nécessités et possibilités locales. Une telle planification repose sur la liberté complète de chaque communauté de produire et de disposer de ses produits selon ses besoins, besoins qu’elle doit fixer elle-même : chaque communauté doit échanger son surplus avec d’autres communautés indépendantes sans que nulle autorité externe n’intervienne.

Telle est la nature fondamentale du communisme sur le plan politique et économique. Cela ne peut pas fonctionner ni être possible sur d’autres bases. Le communisme est nécessairement libertaire. Anarchiste.

On ne décèle pas la moindre trace d’un tel communisme — du moindre communisme — en Russie soviétique. En fait, la seule allusion à une telle organisation est considérée comme un crime là-bas, et toute tentative de la mettre en pratique serait punie de mort.

La planification industrielle, ainsi que tous les processus de production et de distribution, se trouve entre les mains du gouvernement central. Le Conseil économique suprême est uniquement soumis à l’autorité du Parti communiste.

Il est totalement indépendant de la volonté ou des souhaits des gens qui forment l’Union des républiques socialistes soviétiques. Son travail est conditionné par les politiques et les décisions du Kremlin. C’est pourquoi la Russie soviétique a exporté d’énormes quantités de blé et d’autres céréales tandis que de vastes régions dans le sud et le sud-est de la Russie étaient frappées par la famine, au point que plus de deux millions de personnes sont mortes de faim en 1932 et 1933.

La «raison d’État » est entièrement responsable de cette situation. Cette expression a toujours servi à masquer la tyrannie, l’exploitation et la détermination des dirigeants à prolonger et perpétuer leur domination.

En passant, je signalerai que, malgré la famine qui a affecté tout le pays et le manque des ressources les plus élémentaires pour vivre en Russie, le premier plan quinquennal visait uniquement  à développer l’industrie lourde, industrie qui sert ou peut servir à des objectifs militaires.

Il en est de même pour la distribution et toutes les autres formes d’activité. Non seulement les bourgs et les villes, mais toutes les parties constitutives de l’Union soviétique sont privées d’existence indépendante. Puisqu’elles ne sont que de simples vassales de Moscou, leurs activités économiques, sociales et culturelles sont conçues, planifiées et sévèrement contrôlées par la «dictature du prolétariat» à Moscou. Pire: la vie de chaque localité, et même de chaque individu, dans les prétendues républiques «socialistes» est gérée dans le moindre détail par la «ligne générale» fixée par le «centre». En d’autres termes, par le Comité central et le Bureau politique du Parti, tous deux contrôlés d’une main de fer par un seul homme. Comment certains peuvent appeler communisme cette dictature, cette autocratie plus puissante et plus absolue que celle de n’importe quel tsar, cela dépasse mon imagination.

LA VIE QUOTIDIENNE EN URSS

Examinons maintenant comment le «communisme» bolchevik influence la vie des masses et de l’individu.

Certains naïfs croient qu’au moins quelques caractéristiques du communisme ont été introduites dans la vie du peuple russe. Je souhaiterais que cela fût vrai, car ce serait un gage d’espoir, la promesse d’un développement potentiel dans cette direction. Malheureusement, dans aucun des aspects de la vie soviétique, ni dans les relations sociales ni dans les relations individuelles, on n’a jamais tenté d’appliquer les principes communistes sous une forme ou sous une autre. Comme je l’ai souligné auparavant, le fait même de suggérer que le communisme puisse être libre et volontaire est tabou en Russie. Une telle conception est considérée comme contre-révolutionnaire et relève de la haute trahison contre l’infaillible Staline et le sacro-saint Parti «communiste».

Mettons de côté, un instant, le communisme libertaire, anarchiste. On ne trouve même pas la moindre trace, dans la Russie soviétique, d’une manifestation quelconque de communisme d’État, fût-ce sous une forme autoritaire, comme le révèle l’observation des faits de la vie quotidienne dans ce pays.

L’essence du communisme, même de type coercitif, est l’absence de classes sociales. L’introduction de l’égalité économique constitue la première étape. Telle a été la base de toutes les philosophies communistes, même si elles diffèrent entre elles sur d’autres aspects. Leur objectif commun  était d’assurer la justice sociale;  toutes affirmaient qu’on ne pouvait parvenir à la justice sociale sans établir l’égalité économique. Même Platon, qui prévoyait l’existence de différentes catégories intellectuelles et morales dans sa République, s’était prononcé en faveur de l’égalité économique absolue, car les classes dirigeantes ne devaient pas y jouir de droits ou de privilèges plus importants que ceux situés en bas de l’échelle sociale.

La Russie soviétique représente le cas exactement opposé. Le bolchevisme n’a pas aboli les classes en Russie: il a seulement inversé leurs relations antérieures. En fait, il a même aggravé les divisions sociales qui existaient avant la Révolution.

RATIONS ET PRIVILÈGES

Lorsque je suis retournée en Russie en janvier 1920, j’ai découvert d’innombrables catégories économiques, fondées sur les rations alimentaires distribuées par le gouvernement. Le marin recevait la meilleure ration, supérieure en qualité, en quantité et en variété à la nourriture que mangeait le reste de la population. C’était l’aristocrate de la Révolution ; sur le plan économique et social, tous considéraient qu’il appartenait aux nouvelles classes privilégiées. Derrière lui venait le soldat, l’homme de l’Armée Rouge, qui recevait une ration bien moindre, et moins de pain. Après le soldat on trouvait l’ouvrier travaillant dans les industries d’armement; puis les autres ouvriers, eux-mêmes divisés en ouvriers qualifiés, artisans, manœuvres, etc.

Chaque catégorie recevait un peu moins de pain, de matières grasses, de sucre, de tabac et des autres produits (lorsqu’il y en avait). Les membres de l’ancienne bourgeoisie, classe officiellement abolie et expropriée, appartenaient à la dernière catégorie économique et ne recevaient pratiquement rien. La plupart d’entre eux ne pouvaient avoir ni travail ni logement, et personne ne se souciait de la façon dont ils allaient survivre, sans se mettre à voler ou à rejoindre les armées contre-révolutionnaires ou les bandes de pillards.

Le possesseur d’une carte rouge, membre du Parti communiste, occupait une place située au-dessus de tous ceux que je viens de mentionner. Il bénéficiait d’une ration spéciale, pouvait manger dans la stolovaya(cantine) du Parti et avait le droit, surtout s’il était recommandé par un responsable plus élevé, à des sous-vêtements chauds, des bottes en cuir, un manteau de fourrure ou d’autres articles de valeur. Les bolcheviks les plus éminents disposaient de leurs propres restaurants, auxquelles les militants de base n’avaient pas accès. A Smolny, qui abritait alors le quartier général du gouvernement de Petrograd, il existait deux restaurants, un pour les communistes les mieux placés, un autre pour les bolcheviks moins importants. Zinoviev, alors président du soviet de Petrograd et véritable autocrate du District du Nord, ainsi que d’autres membres du gouvernement prenaient leurs repas chez eux, à l’Astoria, autrefois le meilleur hôtel de la ville, devenu la première Maison du Soviet, où ils vivaient avec leurs familles.

Plus tard je constatai une situation identique à Moscou, Kharkov, Kiev, Odessa — dans toute la Russie soviétique.

Voilà ce qu’était le «communisme» bolchevik. Ce système eut des conséquences désastreuses: il suscita l’insatisfaction, le ressentiment et l’hostilité dans tout le pays; il provoqua des sabotages dans les usines et les campagnes, des grèves et des révoltes incessantes. «L’homme ne vit pas que de pain», paraît-il. C’est vrai, mais il meurt s’il n’a rien à manger. Pour l’homme de la rue, pour les masses russes qui avaient versé leur sang en espérant libérer leur pays, le système différencié de rations symbolisait le nouveau régime. Le bolchevisme représentait pour eux un énorme mensonge, car il n’avait pas tenu sa promesse d’instaurer la liberté ; en effet,  pour eux la liberté signifiait la justice sociale et l’égalité économique. L’instinct des masses les trompe rarement ; dans ce cas il s’avéra prophétique. Pourquoi s’étonner par conséquent que l’enthousiasme général pour la révolution se soit rapidement transformé en déception et amertume, hostilité et haine? Combien de fois des ouvriers russes se sont plaints à moi: «Cela nous est égal de travailler dur et d’avoir faim. C’est l’injustice qui nous révolte. Si un pays est pauvre, s’il y a peu de pain, alors partageons entre tous le peu qu’il y a, mais partageons-le de façon équitable. Actuellement, la situation est la même qu’avant la révolution ; certains reçoivent beaucoup, d’autres moins, et d’autres rien du tout.»

L’inégalité et les privilèges créés par les bolcheviks ont rapidement eu des conséquences inévitables: ce système a approfondi les antagonismes sociaux ; il a éloigné les masses de la Révolution, paralysé leur intérêt pour elle, étouffé leurs énergies et contribué à anéantir tous les projets révolutionnaires.

Ce système inégalitaire fondé sur des privilèges s’est renforcé, perfectionné et sévit encore aujourd’hui.

La révolution russe était, au sens le plus profond, un bouleversement social : sa tendance fondamentale était libertaire, son but essentiel l’égalité économique et sociale. Bien avant la révolution d’octobre-novembre 1917, le prolétariat urbain avait commencé à s’emparer des ateliers, des fabriques et des usines, pendant que les paysans expropriaient les grandes propriétés et cultivaient les terres en commun. Le développement continu de la révolution dans une direction communiste dépendait de l’unité des forces révolutionnaires et de l’initiative directe, créatrice, des masses laborieuses. Le peuple était enthousiasmé par les grands objectifs qu’il avait devant lui ; il s’appliquait passionnément, énergiquement, à reconstruire une nouvelle société. En effet, seuls ceux qui avaient été exploités pendant des siècles étaient capables de trouver librement le chemin vers une société nouvelle, régénérée.

Mais les dogmes bolcheviks et l’étatisme «communiste» ont constitué un obstacle fatal aux activités créatrices du peuple. La caractéristique fondamentale de la psychologie bolchevik était sa méfiance envers les masses. Les théories marxistes, qui voulaient exclusivement concentrer le pouvoir entre les mains du Parti, aboutirent rapidement à la disparition de toute collaboration entre les révolutionnaires, à l’élimination brutale et arbitraire des autres partis et mouvements politiques. La politique  bolchevique aboutit à éliminer le moindre signe de mécontentement, à étouffer les critiques et les opinions indépendantes, ainsi qu’à écraser les efforts ou initiatives populaires. La centralisation de tous les moyens de production entre les mains de la dictature communiste handicapa les activités économiques et industrielles du pays. Les masses ne purent façonner la politique de la Révolution, ni prendre part à l’administration de leurs propres affaires. Les syndicats étaient étatisés et se contentaient de transmettre les ordres du gouvernement. Les coopératives populaires — instrument essentiel de la solidarité active et de l’entraide entre villes et campagnes — ont été liquidées,  les soviets de paysans et d’ouvriers vidés de leur contenu et transformés en comités de béni-oui-oui. Le gouvernement s’est mis à contrôler tous les domaines de la vie sociale. On a créé une machine bureaucratique inefficace, corrompue et brutale. En s’éloignant du peuple, la révolution s’est condamnée à mort ; et au-dessus de tous planait le redoutable glaive de la terreur bolchevik.

Tel était le communisme des «bolcheviks» au cours des premières étapes de la révolution. Chacun sait qu’il provoqua la paralysie complète de l’industrie, de l’agriculture et des transports. C’était la période du «communisme de guerre», de la conscription paysanne et ouvrière, de la destruction totale des villages paysans par l’artillerie bolchevik — toutes ces mesures sociales et économiques qui ont abouti à la terrible famine de 1921.

QU’EST-CE QUI A CHANGE DEPUIS 1921?

Qu’en est-il aujourd’hui? Le «communisme» a-t-il changé de nature ? Est-il véritablement différent du «communisme» de 1921 ? A mon grand regret je suis obligée d’affirmer que, malgré toutes les décisions politiques et les mesures économiques bruyamment annoncées, le bolchevisme «communiste» est fondamentalement le même qu’en 1921.

Aujourd’hui la paysannerie, dans la Russie soviétique, est entièrement dépossédée de sa terre. Les sovkhozes sont des fermes gouvernementales sur lesquelles les paysans travaillent en échange d’un salaire, exactement comme l’ouvrier dans une usine. Les bolcheviks appellent cela «l’industrialisation» de l’agriculture, la «transformation du paysan en prolétaire». Dans le kolkhoze, la terre n’appartient que nominalement au village. En fait, elle est la propriété de l’Etat. Celui-ci peut à tout moment — et il le fait souvent — réquisitionner les membres du kolkhoze et leur ordonner de partir travailler dans d’autres régions ou les exiler dans de lointains villages parce qu’ils n’ont pas obéi à ses ordres. Les kolkhozes sont gérés collectivement mais le contrôle gouvernemental est tel que la terre a été en fait expropriée par l’État. Celui-ci fixe les impôts qu’il veut; il décide du prix des céréales ou des autres produits qu’il achète. Ni le paysan individuel ni le village soviétique n’ont leur mot à dire. Imposant de nombreux prélèvements et emprunts étatiques obligatoires, le gouvernement s’approprie les produits des kolkhozes. Il s’arroge également le droit, en invoquant des délits réels ou supposés, de les punir en réquisitionnant toutes leurs céréales.

On s’accorde à dire que la terrible famine de 1921 a été provoquée surtout par la razverstka,l’expropriation brutale en vogue à l’époque. C’est à cause de cette famine, et de la révolte qui en résulta, que Lénine décida d’introduire la Nep — la Nouvelle politique économique — qui limita les expropriations menées par l’État et permit aux paysans de disposer de certains de leurs surplus pour leur propre usage. La Nep améliora immédiatement les conditions économiques dans le pays. La famine de 1932-1933 fut déclenchée par des méthodes «communistes» semblables : la volonté d’imposer la collectivisation.

On retrouva la même situation qu’en 1921, ce qui força Staline à réviser un peu sa politique. Il comprit que le bien-être d’un pays, surtout à dominante agraire comme la Russie, dépend principalement de la paysannerie. Le slogan fut lancé : il fallait donner au paysan la possibilité d’accéder à un «bien-être» plus grand. Cette «nouvelle» politique n’est qu’une astuce, un répit temporaire pour le paysan. Elle n’est pas plus communiste que la précédente politique agricole. Depuis le début de la dictature bolchevik, l’État n’a fait que poursuivre l’expropriation, avec plus ou moins d’intensité, mais toujours de la même manière ; il dépouille la paysannerie en édictant des lois répressives, en employant la violence, en multipliant chicaneries et représailles, en édictant toutes sortes d’interdictions, exactement comme aux pires jours du tsarisme et de la première guerre. La politique actuelle n’est qu’une variante du «communisme de guerre» de 1920-1921 — avec de plus en plus de «guerre» (de répression armée) et de moins en moins de «communisme». Son «égalité» est celle d’un pénitencier; sa «liberté» celle d’un groupe de forçats enchaînés. Pas étonnant que les bolcheviks affirment que la liberté est un préjugé bourgeois.

Les thuriféraires de l’Union soviétique insistent sur le fait que le «communisme de guerre» était justifié au début de la Révolution, à l’époque du blocus et des fronts militaires. Mais plus de seize années ont passé. Il n’y a plus ni blocus, ni combats sur les fronts, ni contre-révolution menaçante. Tous les grands États du monde ont reconnu l’URSS.  Le gouvernement soviétique insiste sur sa bonne volonté envers les États bourgeois, sollicite leur coopération et commerce beaucoup avec eux. Il entretient même des relations amicales avec Mussolini et Hitler, ces fameux champions de la liberté. Il aide le capitalisme à faire face à ses tempêtes économiques en achetant des millions de dollars de marchandises et en lui ouvrant de nouveaux marchés.

Voici donc, dans les grandes lignes, ce que la Russie soviétique a accompli durant les dix-sept années qui ont suivi la révolution. Mais en ce qui concerne le communisme proprement dit, le gouvernement bolchevik suit exactement la même politique qu’auparavant. Il a effectué quelques changements politiques et économiques superficiels, mais fondamentalement il s’agit toujours du même État, fondé sur le même principe de violence et de coercition et qui emploie les mêmes méthodes de terreur et de contrainte que pendant la période 1920-1921.

LA MULTIPLICATION DES CLASSES

Il existe davantage de classes en Russie soviétique aujourd’hui qu’en 1917, et que dans la plupart des autres pays. Les bolcheviks ont créé une vaste bureaucratie soviétique qui jouit de privilèges spéciaux et d’une autorité quasiment illimitée sur les masses ouvrières et paysannes. Cette bureaucratie est elle-même commandée par une classe encore plus privilégiée de «camarades responsables» — la nouvelle aristocratie soviétique.

La classe ouvrière est divisée et sub-divisée en une multitude de catégories: les oudarniki (les troupes de choc des travailleurs, à qui l’on accorde différents privilèges), les «spécialistes», les artisans, les simples ouvriers et les manœuvres. Il y a les «cellules» d’usines, les comités d’usines, les pionniers, les komsomols, les membres du Parti, qui tous jouissent d’avantages matériels et d’une parcelle d’autorité.

Il existe aussi la vaste classe des lishenti,les personnes privées de droits civiques, dont la plupart n’ont pas la possibilité de travailler, ni le droit de vivre dans certains endroits : elles sont pratiquement privées de tout moyen d’existence. Le fameux «carnet» de l’époque tsariste, qui interdisait aux juifs de vivre dans certaines régions du pays, a été réinstauré pour toute la population grâce à la création du nouveau passeport soviétique.

Au-dessus de toutes ces classes, règne la Guépéou, institution redoutée, secrète, puissante et arbitraire, véritable gouvernement à l’intérieur du gouvernement. La Guépéou à son tour possède ses propres catégories sociales. Elle a ses forces armées, ses établissements commerciaux et industriels, ses lois et ses règlements, et dispose d’une vaste armée d’esclaves : la population pénitentiaire. Même dans les prisons et les camps de concentration, on trouve différentes classes bénéficiant de privilèges spéciaux.

Dans l’industrie règne le même genre de communisme que dans l’agriculture. Un système Taylor soviétisé fonctionne dans toute la Russie, combinant des normes de qualité très basses et le travail à la pièce — système le plus intensif d’exploitation et de dégradation humaine, et qui suscite d’innombrables différences de salaires et de rémunérations.

Les paiements se font en argent, en rations, en réductions sur les charges (loyers, électricité, etc.), sans parler des primes et des récompenses spéciales pour les oudarniki. En clair, c’est le salariat qui fonctionne en Russie.

Ai-je besoin d’ajouter qu’un système économique fondé sur le salariat ne peut avoir le moindre lien avec le communisme et en est l’antithèse absolue?

UNE DICTATURE DE PLUS EN PLUS IMPITOYABLE

Telles sont les principales caractéristiques du système soviétique actuel. Il faut faire preuve d’une naïveté impardonnable, ou d’une hypocrisie encore plus inexcusable, pour prétendre, comme le font les zélateurs du bolchevisme, que le travail forcé en Russie démontre les capacités «d’auto-organisation des masses dans le domaine de la production».

Étrangement, j’ai rencontré des individus apparemment intelligents qui prétendent que, grâce à de telles méthodes, les bolcheviks «sont en train de construire le communisme». Apparemment certains croient que construire une nouvelle société consiste à détruire brutalement, physiquement et moralement, les plus hautes valeurs de l’humanité. D’autres prétendent que la route de la liberté et de la coopération passe par l’esclavage des ouvriers et l’élimination des intellectuels. Selon eux, distiller le poison de la haine et de l’envie, instaurer un système généralisé d’espionnage et de terreur, constitue la meilleure façon pour l’humanité de se préparer à l’esprit fraternel du communisme ! 
Je suis évidemment en total désaccord avec ces conceptions. Rien n’est plus pernicieux que d’avilir un être humain et d’en faire le rouage d’une machine sans âme, de le transformer en serf, en espion ou en victime de cet espion. Rien n’est plus corrupteur que l’esclavage et le despotisme.

L’absolutisme politique et la dictature ont de nombreux points communs : les moyens et les méthodes utilisés pour atteindre un but donné finissent par devenir l’objectif. L’idéal du communisme, du socialisme, a cessé depuis longtemps d’inspirer les chefs bolcheviks. Le pouvoir et le renforcement du pouvoir sont devenus leur seul but. Mais la soumission abjecte, l’exploitation et l’avilissement des hommes ont transformé la mentalité du peuple.

La nouvelle génération est le produit des principes et méthodes bolcheviks, le résultat de seize années de propagation d’opinions officielles, seules opinions permises dans ce pays. Ayant grandi dans un régime où toutes les idées et les valeurs sont édictées et contrôlées par l’État, la jeunesse soviétique sait peu de choses sur la Russie elle-même, et encore moins sur les autres pays. Cette jeunesse compte de nombreux fanatiques aveugles, à l’esprit étroit et intolérant, elle est privée de toute perception morale, dépourvue du sens de la justice et du droit. A cet élément vient s’ajouter l’influence de la vaste classe des carriéristes, des arrivistes et des égoïstes éduqués dans le dogme bolchevik : «La fin justifie les moyens.» Néanmoins il existe des exceptions dans les rangs de la jeunesse russe. Un bon nombre d’entre eux sont profondément sincères, héroïques et idéalistes. Ils voient et sentent la force des idéaux que revendique bruyamment le Parti. Ils se rendent compte que les masses ont été trahies. Ils souffrent profondément du cynisme et du mépris que le Parti prône envers toute émotion humaine. La présence des komsomols dans les prisons politiques soviétiques, les camps de concentration et l’exil, et les risques incroyables que certains d’entre eux prennent pour s’enfuir de ce pays prouvent que la jeune génération n’est pas seulement composée d’individus serviles ou craintifs. Non, toute la jeunesse russe n’a pas été transformée en pantins, en fanatiques, ou en adorateurs du trône de Staline et du mausolée de Lénine.

La dictature est devenue une nécessité absolue pour la survie du régime. Car là où règnent un système de classes et l’inégalité sociale, l’État doit recourir à la force et à la répression. La brutalité d’un tel régime est toujours proportionnelle à l’amertume et au ressentiment qu’éprouvent les masses. La terreur étatique est plus forte en Russie soviétique que dans n’importe quel pays du monde civilisé actuel, parce que Staline doit vaincre et réduire en esclavage une centaine de millions de paysans entêtés. C’est parce que le peuple hait le régime que le sabotage industriel est aussi développé en Russie, que les transports sont aussi désorganisés après plus de seize années de gestion pratiquement militarisée ; on ne peut expliquer autrement la terrible famine dans le Sud et le Sud-Est, en dépit des conditions naturelles favorables, malgré les mesures les plus sévères prises pour obliger les paysans à semer et récolter, et malgré l’extermination et la déportation de plus d’un million de paysans dans les camps de travail forcé.

La dictature bolchevik incarne une forme d’absolutisme qui doit sans cesse se durcir pour survivre, qui supprime toute opinion indépendante et toute critique dans le Parti, à l’intérieur même de ses cercles les plus élevés et les plus fermés. Il est significatif, par exemple, que les bolcheviks et leurs agents, stipendiés ou bénévoles, ne cessent d’assurer au reste du monde que «tout va bien en Russie soviétique» et que «la situation s’améliore constamment». Ce type de discours est aussi crédible que les propos pacifistes que tient Hitler, alors qu’il accroît frénétiquement sa force militaire.

PRISE D’OTAGES ET PATRIOTISME

Loin de s’adoucir, la dictature est chaque jour plus impitoyable. Le dernier décret contre les prétendus contre-révolutionnaires, ou les traîtres à l’État soviétique, devrait convaincre même certains des plus ardents thuriféraires des miracles accomplis en Russie. Ce décret renforce les lois déjà existantes contre toute personne qui ne peut pas, ou ne veut pas, respecter l’infaillibilité de la Sainte Trinité — Marx-Lénine-Staline. Et les effets de ce décret sont encore plus drastiques et cruels contre toute personne jugée coupable. Certes, la prise d’otages n’est pas une nouveauté en Union soviétique.  On la pratiquait déjà lorsque je suis revenue vivre pendant deux ans en URSS. Pierre Kropotkine et Vera Figner ont protesté en vain contre cette tache noire sur l’écusson de la révolution russe. Maintenant, au bout de dix-sept années de domination bolchevik, le pouvoir a jugé nécessaire d’édicter un nouveau décret. Non seulement, il renoue avec la pratique de la prise d’otages, mais il punit cruellement tout adulte appartenant à la famille du criminel — supposé ou réel. Voici comment le nouveau décret définit la trahison envers l’État : «tout acte commis par un citoyen de l’URSS et qui nuit aux forces armées de l’URSS, à l’indépendance ou à l’inviolabilité du territoire, tel que l’espionnage, la trahison de secrets militaires ou de secrets d’État, le passage à l’ennemi, la fuite ou le départ en avion vers un pays étranger».

Les traîtres ont bien sûr toujours été fusillés. Ce qui rend ce nouveau décret encore plus terrifiant c’est la cruelle punition qu’il exige pour tout individu vivant avec la malheureuse victime ou qui lui apporte de l’aide, que le «complice» soit au courant du délit ou en ignore l’existence. Il peut être emprisonné, exilé, ou même fusillé, perdre ses droits civiques, et être dépossédé de tout ce qu’il a. En d’autres termes, ce nouveau décret institutionnalise une prime pour tous les informateurs qui, afin de sauver leur propre peau, collaboreront avec la Guépéou pour se faire bien voir et dénonceront aux hommes de main de l’État russe l’infortuné parent qui a offensé les Soviets.

Ce nouveau décret devrait définitivement balayer tout doute subsistant encore à propos de l’existence du communisme en Russie. Ce texte juridique ne prétend même plus défendre l’internationalisme et les intérêts du prolétariat. Le vieil hymne internationaliste s’est maintenant transformé en une chanson païenne qui vante la patrie et que la presse soviétique servile encense bruyamment: « La défense de la Patrie est la loi suprême de la vie, et celui qui élève la main contre elle, qui la trahit, doit être éliminé.»

Il est désormais évident que la Russie soviétique est, sur le plan politique, un régime de despotisme absolu et, sur le plan économique, la forme la plus grossière du capitalisme d’État.

Nouvel Ordre Mondial: Le pays du goulag levant (ex-USA) et la Chine doivent œuvrer pour un nouvel ordre mondial (Kissinger)…

Posted in actualité, ingérence et etats-unis, média et propagande, N.O.M, neoliberalisme et fascisme, politique et lobbyisme, politique et social, terrorisme d'état with tags , , , , , , , on 30 mai 2013 by Résistance 71

Pourquoi le communisme d’état est-il toujours mis en avant par les oligarques comme Rockefeller, la Fabian Society britannique etc… Parce que la doctrine marxiste non seulement ne remet pas en cause le système, mais elle le renforce. Elle est un support inconditionnel de l’état, de la division, du monopole politique et économique absolument nécessaire pour la survie d’une oligarchie exclusive.

Le fascisme brun et le fascisme rouge rendent possible l’extrémisme politico-économique des « élites » auto-proclamées qui ne se gavent jamais autant que dans le totalitarisme, c’est pourquoi comme nous l’avons vu sur ce blog avec la traduction des recherches du professeur Antony Sutton, l’oligarchie des cartels industrio-financiers a financé à la fois Mussolini, Franco, Hitler, Lénine, Trotski puis Staline et Mao.

Le communisme d’état est le frère jumeau du fascisme brun, tous deux ne vivent que dans le monopole politico-économique cher aux oligarques. Il n’y a pas de communisme d’état, en fait, le communisme réel ne peut se réaliser qu’en dehors de l’état, il est anti-autoritaire, non-étatique et autogestionnaire. Il est à l’opposé du marxisme factice, quant à lui pilier de l’oligarchie qui ne s’y étant pas trompé l’a soutenu activement. Il n’est pas choquant du tout de voir que Rockefeller est une groupie de Mao et du totalitarisme du communisme d’état, il suffit de comprendre comment le capitalisme monopoliste fonctionne… Il ne peut que cautionner et encourager le totalitarisme. Car comme l’avait déjà dit Emma Goldman en 1935: « il n’y a jamais eu de communisme en URSS »

— Résistance 71–

 

Kissinger: Les Etats-Unis et la Chine doivent collaborer sur un “ordre mondial” globaliste

 

Kurt Nimmo


29 Mai 2013

 

url de l’article original:

http://www.infowars.com/kissinger-u-s-and-china-to-collaborate-on-globalist-world-order/print/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Dans la vidéo ci-dessous, le protégé de David Rockefeller et son homme de main Henry Kissinger appelle les Etats-Unis et le gouvernement autoritaire de la Chine à travailler ensemble pour créer un gouvernement mondial totalitaire.

http://www.youtube.com/watch?v=yxGFmDYdkP8

La citation ci-dessous est à partir de la 3ème minute dans la vidéo.

Kissinger a dit dans un discours à la Asia Society la semaine dernière: “Le défi est de savoir comment construire un ordre mondial global pour la première fois dans l’Histoire. Nous parlons beaucoup de communauté mondiale mais le fait est qu’il n’y a jamais eu de communauté mondiale auparavant” et il suggère que la Chine et les Etats-Unis collaborent dans cet effort.

David Rockefeller a rendu hommage au leader communiste Mao, le tueur de masse le plus accompli du XXème siècle étant responsable de la liquidation d’entre 49 et 78 millions de Chinois selon les sources.

Rockefeller regarde Mao comme un leader politique idéal et la révolution communiste et ses nombreuses purges politiques comme un modèle de gouvernement mondial.

Quel que fut le prix de la révolution chinoise (une référence indirecte aux milions qui périrent), elle a manifestement réussi non seulement à produire une administration gouvernementale plus efficace et motivée, mais aussi à susciter une grande moralité et un but communautaire… L’expérience sociale de la Chine sous la houlette du chairman Mao est un des plus grands succès de l’histoire humaine.” Écrivit Rockefeller dans le New York Times le 10 Août 1973.

Rockefeller se répandit en félicitations miéleuses sur Mao et les communistes quelques trois ans avant la fin de la révolution culturelle en Chine. Des estimations optimistes ont établi que les morts dûes aux purges “culturelles” de Mao ont excédé les 30 millions de personnes.

Le fidèle mignon de Rockefeller, Henry Kissinger, croit qu’il est maintenant temps d’exporter ce que Mao a fait en Chine au reste du monde…

Résistance politique: Venir à terme avec notre culture colonialiste ou la transcendance libératrice ~ 1ère partie ~

Posted in actualité, autogestion, démocratie participative, France et colonialisme, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, média et propagande, militantisme alternatif, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, résistance politique, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , , , , , on 29 mai 2013 by Résistance 71

Nous avons traduit de larges extraits d’une des recherches essentielles du professeur de science politique de l’université de Victoria (BC, Canada) Taiaiake Alfred, publiée en 1999 sous le titre: « Peace, Power & Righteousness, an indigenous manifesto » et réédité en 2009, que nous publions ici en deux parties.

Comment lutter efficacement contre le colonialisme toujours en vigueur dans des pays comme le Canada ou les Etats-Unis ainsi que contre cette mentalité globaliste néo-coloniale qui perdure dans la société occidentale ? Comment aller au delà, transcender cette hégémonie culturelle de destruction fondamentalement raciste et euro-centriste pour unifier le monde au sein d’un nouveau paradigme de paix et de tolérance.

Plus qu’une analyse, une vision fraîche pour une société universelle égalitaire.

— Résistance 71 —

*  *  *

“Avant l’arrivée de l’homme blanc, nous, Indiens n’avions pas de chefs. Nous avions des leaders bien sûr, des hommes et des femmes choisis par consensus pour leur sagesse et leur courage. L’idée d’une hiérarchie pyramidale avec une personne à son sommet était un concept européen. Quand dans un premier temps, les blancs demandèrent de parler à un “chef”, mes ancêtres ne surent pas trop quoi répondre. Ils poussèrent quelqu’un en avant en guise de porte-parole, pas nécessairement le plus intelligent ou le plus courageux du lot, juste quelqu’un qui avait une certaine volonté de parler aux étrangers et de savoir ce qu’ils voulaient dans notre pays. Mais aussi loin que les blancs furent concernés, la personne désignée était le monarque, une sorte de roitelet et ainsi autorisé à certains privilèges. Ceci ne servit pas nos meilleurs intérêts, mais nous avons été coincés avec des “chefs” depuis lors et nous essayons d’en tirer le mieux que nous pouvons. Nos chefs ne règnent pas, ne commandent pas. Quand des sujets importants apparaissent pour être discutés, ils se rassemblent, discutent et cherchent le consensus en leur sein ; ensuite ils disent aux membres des communautés ce qu’ils pensent qu’il devrait se passer, ils suggèrent.”

~ Russell Means ~

 

“Les Apaches, qui en fonction des circonstances, acceptaient le leadership de Geronimo pour son habileté de combattant, lui tournaient systématiquement le dos lorsqu’il voulait mener sa guerre personnelle. Geronimo, dernier grand chef de guerre nord-américain, qui passa trente années de sa vie à vouloir “faire le chef” … et n’y parvint pas.”

~ Pierre Clastres ~

*  *  *

Pour une meilleure réfutation du colonialisme: “Paix, Pouvoir et Rectitude, un manifeste indigène” (Seconde édition 2009, extraits)

 

Taiaiake Alfred, Ph.D

Professeur de Science Politique à l’université de Victoria, Colombie Britannique, Canada

Kanahwake Mohawk du Québec

 

~ Extraits traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

1ère partie

2ème partie

 

La colonisation est un processus qui nous déconnecte de nos responsabilités les uns envers les autres, de notre respect des uns envers les autres, de notre respect pour la terre et de nos responsabilités et respect envers la culture…

Le pouvoir de l’État, incluant des concepts européens tels que: l’imposition, la citoyenneté, l’autorité exécutive et la souveraineté doivent être éradiqués de la politique des communautés natives…

La notion de traditionalisme dont je me suis fait l’avocat demande une part de savoir donner et recevoir sur un plan culturel avec les personnes non-indigènes; il doit y avoir un respect pour ce que les deux côtés peuvent contribuer et partager. Ceci demande également une forme de self-respect et la confiance de bâtir sur ce que nous savons être juste et bon pour nos peuples. En tant que mouvement pour gagner le respect envers les peuples indigènes, cette forme de traditionalisme n’a pas ses prérogatives construites sur un conflit racial. Ce n’est pas une question de l’Homme blanc contre l’Homme rouge, mais du juste contre l’injuste, du vrai sur le faux, considérés dans la large fenêtre des valeurs que nous partageons tous: liberté, égalité, justice, paix…

A la question d’est-ce que je me considère comme Canadien ? La réponse est non. J’ai essayé de rechercher le moment dans l’histoire où le Canada a décidé légalement, au moins légalement, que nous soyons considérés comme citoyens. Ce qui est une blague, parce que comme j’ai entendu quelqu’un le dire: “légalement oui, nous sommes considérés comme citoyens et pourtant la même législation, L’Indian Act, est toujours là pour nous rappeler que nous ne le sommes pas.” Pour moi, vous ne pouvez pas regarder l’Indian Act, regarder les précédents de justice et en tirer la conclusion que nous sommes des citoyens…

Défier la société de base et questionner sa propre structure, son système de valeurs d’acquisition et de valeurs individuelles, ainsi que les faux tenants du colonialisme, est essentiel si nous voulons aller au delà des problèmes qui minent toutes nos société, native et blanche et si nous voulons reconstruire les relations entre nos peuples. Une lecture profonde de la tradition montre un univers moral pour lequel l’ensemble de l’humanité est redevable en tenant compte du même standard…

La valeur de la critique indigène du monde occidental ne réside pas dans la création de fausses dichotomies mais dans la vision que les attitudes et structures coloniales imposées au monde par les Européens ne sont pas des manifestations d’un diabolisme inhérent: elles ne sont que les réflexions de la compréhension de son propre pouvoir et de sa relation avec la nature par la société blanche. Le régime brutal de l’avancement technologique européen, qui intente  dominer, s’est confronté à son opposé direct avec les sociétés indigènes des Amériques. Le résultat de la quasi extinction des peuples natifs a créé un vide dans lequel le régime européen a établi sa domination politique, économique et philosophique. En leur sein même, les État européens et leurs rejetons d’outre-mers personalisent toujours les mêmes impulsions destructrices et irrespectueuses qu’ils représentaient déjà il y a plus de 500 ans…

Au moment de leur premier contact avec les Européens, la très vaste majorité des sociétés natives américaines avaient achevé la véritable civilisation: elles n’abusaient pas de la planète terre, elles promouvaient la responsabilité communale, elles pratiquaient l’égalité des relations de genres et elles respectaient la liberté individuelle. Avec leur prise de conscience des relations sacrées qu’ils avaient, eux, en tant qu’humains, le devoir d’aider à maintenir, les hommes et femmes de ce nouveau monde se dictaient une philosophie dans laquelle l’existence et la survie de tout être vivant, spécifiquement les animaux et les plantes, ne doivent pas être mises en danger. Ils reconnaissaient et obéissaient les lois et ne réduisaient pas la liberté des autres créatures. Ainsi, ils assuraient la protection de leur plus chère possession: leur propre liberté. Ce contexte de vie a changé et les peuples natifs vivent aujourd’hui dans un monde matérialiste et consummériste de globalisation industrielle, un monde diamétralement opposé à la culture sociale et politique de celui qui maintenait nos communautés d’autrefois….

Dans ma propre communauté de Kahnawake (Mohawk, Iroquois du Québec), les gens furent questionnés au début des années 1990, concernant l’importance culturelle de services sociaux variés et on leur demanda de considérer une liste d’expressions au sujet des valeurs traditionnelles et de donner leur niveau d’adhérence à ces valeurs. En voici un résumé:

  • Être responsable de toute la création: 97% adhéraient fortement
  • Importance la famille périphérique: 89% adhéraient fortement
  • Respect de la force intérieure et de la sagesse: 88% adhéraient fortement
  • Importance de l’éducation de la jeunesse: 88% adhéraient fortement
  • Aspect sacré et autonome de l’enfant: 78% adhéraient fortement
  • Importance de l’unité familiale: 78% adhéraient fortement
  • Importance de la sagesse ancestrale: 71% adhéraient fortement
  • Importance du partage et de la coopération: 71% adhéraient fortement

Cette étude d’une communauté démontrait la reconnaissance des valeurs traditionnelles malgré l’imposition de la culutre européenne…

En 1933, le sage Lakota (Sioux) Luther Ours Debout avait anticipé cette frustration provenant des valeurs occidentales:

Il est vrai que l’homme blanc a amené un grand changement. Mais les fruits variés de sa civilisation, bien que très colorés et très tentants, rendent malades et sont mortels… Je vais avancer l’hypothèse que l’homme qui s’est assis sur la terre battue de ce tipi, méditant sur la vie et ses significations, acceptant l’existence de toutes les créatures et reconnaissant l’unité avec tout l’univers des choses a reçu dans son être profond, la véritable essence de la civilisation. Et quand l’homme natif a abandonné cette forme de développement, la croissance de son humanisme en fut retardée.

Après avoir eu leur liberté volée et leurs civilisations écrasées par le colonialisme, les peuples natifs sont parfaitement conscients de la crise politique et sociale à laquelle ils doivent faire face…. Alors pourquoi n’avons-nous pas rejeté la voie européenne qui nous fait tant de mal et n’avons-nous pas rejoint le chemin indigène de la paix, du pouvoir et de la vertu ? La réponse à cette question est la raison la plus importante de toutes les questions importantes auxquelles nous devons faire face, celle du leadership, de la chefferie. Comprendre le leadership, c’est comprendre la philosophie politique native: les conceptions du pouvoir et les valeurs primordiales qui créent la légitimité et permettent au gouvernement de fonctionner de manière appropriée et efficace. Un bon leadership indigène assure que le gouvernement est enraciné dans la tradition, en accord avec les valeurs culturelles de la communauté. Les structures politiques  non-natives, leurs valeurs et différents styles de leadership, mènent à des formes compromises et coercitives de gouvernement qui contredisent les valeurs indigènes de base et sont la raison principale du pourquoi les crises sociales et politiques persistent chez nous.

Nous n’avons pas totalement récupéré du colonialisme, car notre leadership a été compromis. Et nous demeurerons soumis à la domination politique, intellectuelle et économique de la société occidentale tant que les leaders de nos communautés ne réaliseront pas le pouvoir des philosophies indigènes et n’agiront pas pour restaurer le respect de la sagesse traditionnelle.

[…] En choisissant entre des formes de gouvernemet indigénes revitalisantes ou la maintenance des formes européennes qui leur ont été imposées, les communautés natives ont le choix entre deux formes radicalement différentes d’organisation sociale: l’une fondée sur la conscience et l’autorité du bien et l’autre sur la coercition et l’autoritarisme. Le concept natif de gouvernance est fondé sur ce que Russell Barsh, un grand élève et connaisseur des sociétés indigènes, a appelé la “primauté de conscience”. Il n’y a pas d’autorité centrale ou coercitive et la prise de décision est collective. Les leaders comptent sur leurs capacités de persuasion pour parvenir à un consensus qui respecte l’autonomie des individus, chacun étant libre de ne pas adhérer et de demeurer inaffecté par la décision collective. Le clan ou la famille est l’unité de base de l’organisation sociale et des formes plus élargies d’organisation, de la tribu à la confédération en passant par la nation (NdT: un exemple typique demeure la société iroquoise composée de 5, puis 6 nations confédérées) sont toutes fondées sur l’autonomie politique et l’indépendance économique des unités de clan au moyen d’un contrôle familial des terres et des ressources.

Une caratéristique essentielle du concept de gouvernance indigène est son respect de l’autonomie individuelle. Ce respect empêche la notion de “souveraineté”, l’idée qu’il peut y avoir un transfert permanent du pouvoir ou de l’autorité de l’individu vers une abstraction du collectif appelée “gouvernement”. La tradition indigène voit le gouvernement comme le pouvoir collectif des membres individuels d’une nation; il n’y a pas de séparation entre la société et l’État (NdT: en fait, il conviendrait plutôt de dire comme l’a démontré l’ethnologue social Pierre Clastres que l’État est rendu impossible dans la société indigène…). Le leadership est exercé en persuadant les individus de mettre leur pouvoir individuel en commun pour le bien collectif. Par contraste, dans la tradition européenne, le pouvoir est capitulé à des représentants de la majorité, dont les décisions sur ce qu’ils pensent être le bien commun sont ensuite imposées à tous les citoyens.

Dans la tradition indigène, l’idée d’auto-détermination commence vraiment avec soi-même, l’identité politique, avec ses libertés, pouvoirs et responsabilités inhérents, n’est pas abandonnée à aucune entité externe. Seuls les individus déterminent leurs intérêts et leur destinée. Il n’y a aucune coercition, seulement la persuasion de la conscience basée sur les principes hérités et collectivement raffinés de la structure de la société. Avec l’héritage collectif d’un univers spirituel cohérent et d’une culture traditionnelle, le désaccord profond est très rare et est résolu par l’exemption individuelle de l’implémentation et des implications d’une décision particulière. Quand un différent entre l’individu et le collectif devient inconciliable, alors l’individu quitte le groupe. (NdT: Ceci est une façon d’agir de la société anarchiste… De fait en bien des points, les sociétés autochtones sont des sociétés anarchistes, bien ordonnées, anti-autoritaires, décentralisées et non-étatiques, ce mode de gouvernance fait partie du patrimoine universel de la société humaine quelque soit l’endroit géographique semblerait-il…).

L’auto-détermination collective dépend de la coordination de conscience des individus et des pouvoirs d’auto-détermination. Ces relations de pouvoir sont canalisées en des formes de prises de décision et de résolutions de disputes fondées sur la reconnaissance du fait qu’au-delà de l’individu, il existe une communauté d’intérêt naturelle: la famille étendue. Ainsi, dans presque toutes les cultures indigènes, l’ordre fondateur du gouvernement est le clan et presque tous les systèmes indigènes sont agencés sur un processus de prise de décision collective organisée autour du clan. C’est l’érosion de cette relation traditionnelle au pouvoir et la dépendance forcée envers un gouvernement central pour être viable, qui est à la racine de l’injustice dans l’esprit indigène. (NdT: ne pourrions-nous pas pas invoquer ici le fait qu’il en va de même pour nous les occidentaux ? N’avons-nous pas été soumis il y a longtemps à la même injustice ?…) Barsh reconnait une vérité qui s’applique aux institutions à la fois au niveau local et au niveau plus généralisé: “Le mal des états modernes est leur pouvoir de décider qui mange ou pas”. Couplée à la force armée, elles utilisent la dépendance qu’elles ont elle-mêmes créée, pour forcer l’obéissance des peuples à la volonté d’une structure abstraite d’autorité servant les intérêts d’une élite politique et économique. C’est un affront à la justice que des individus puissent être dépouillés de leur pouvoir d’auto-détermination et forcés à se soumettre aux décisions d’un système basé sur la conscience et les intérêts d’autres personnes.

Les principes sous-jacents du gouvernement représentatif de style européen par la force coercitive est à l’opposé des valeurs desquelles découlent le leadership indigène et le pouvoir. Dans les cultures indigènes, les valeurs essentielles d’égalité et de respect sont réfléchies dans la pratique de la prise de décision par consensus et la résolution de dispute au travers d’une évaluation attentive et d’une considération équilibrée de tous les intérêts et points de vue en lice. Dans les sociétés indigènes, la gouvernance résulte de l’interaction du leadership avec le pouvoir autonome des individus qui constituent la société. La gouvernance, dans un sens ingigène, ne peut être pratiquée que dans un petit environnement décentralisé parmi des gens qui partagent la même culture (NdT: L’ethnologue politique Pierre Clastres a montré dans ses recherches que la gouvernance indigène fut aussi pratiquée dans de grandes nations comportant plusieurs centaines de milliers d’individus, ainsi l’extension au grand nombre demeure possible). Elle se centre sur la réalisation du consensus et la création d’un pouvoir collectif, lié par six principes:

  • La gouvernance dépend de la participation active des individus
  • La gouvernance équilibre plusieurs couches de pouvoir égal
  • La gouvernance est dispersée
  • La gouvernance est situationnelle
  • La gouvernance est non-coercitive
  • La gouvernance respecte la diversité

[…] Ainsi, l’imposition de structures politiques coloniales est la source de la plupart du factionalisme au sein des communautés natives (NdT: N’est-ce pas voulu dans la plus pure optique du diviser pour mieux règner ?)

[…] Se revêtir du manteau de la tradition n’est pas un substitut pour changer d’attitude, spécifiquement lorsqu’est impliquée la relation au pouvoir. Dans bien trop de communautés natives, l’adhérence à la tradition n’est qu’une façade légère masquant l’avidité de pouvoir et de succès comme définis par la société usuelle. La tradition indigène est profondément égalitaire, elle ne met aucune distance substantielle entre les leaders et les autres personnes, sans parler de l’impossibilité d’y exercer une quelconque autorité coercitive que ce soit. Pourtant, ce sont des caractéristiques importantes du système politique imposé aux peuples natifs. La dure vérité est que beaucoup de ceux qui ont une position d’autorité dans les communautés natives en sont venus à totalement dépendre du cadre colonial pour leur pouvoir, leur emploi et leur statut. Très peu de leaders natifs pourraient espérer tenir un rôle de leader si les critères traditionnels étaient appliqués. Ils ne pourraient pas assumer leur tâche dans une société non-coercitive, participatrice, transparente et basée sur le consensus. La faim de pouvoir, de notoriété et d’argent empêche beaucoup de gens de voir ce qui est le mieux pour la communauté sur le long terme.

[…]

Dans la guerre contre les nations indigènes, l’État d’abord aliène les individus de leurs communautés et leur culture et ensuite capitalise sur cette aliénation en les retournant comme agents qui vont travailler plus avant pour les intérêts de l’état au sein des communautés (NdT: Il en va de même dans la société occidentale où les dissidents sont soit achetés par l’oligarchie pour la servir… ou soit ils sont éliminés politiquement ou physiquement s’ils refusent…) […]

Indéniablement, bon nombre de natifs qui travaillent dans les institutions d’état ou dans des gouvernements soutenus par l’état, pensent qu’ils travaillent pour l’intérêt de leur peuple. Il y a une forte croyance, très naïve, parmi eux qu’il est possible de “promouvoir le changement depuis l’intérieur”. Rétrospectivement, ceux qui ont essayés cette approche ont échoué de voir cette croyance pour ce qu’elle est: bien plus une justification qu’une raison… Les gens qui choisissent de travailler pour ou avec les institutions coloniales se sont construit une identité politique pour eux-mèmes qui justifie leur participation. Ceci n’est pas une excuse pour avoir tort, car ils ont tort, mais cela indique le besoin vital d’un plus grand sens des valeurs traditionnelles parmi les peuples natifs.

[…]

Comme l’éducatrice Cree Roslyn Ing me l’a dit un jour: “si nous devons honorer ce que nos ancêtres ont enduré et pourquoi ils sont morts, nous avons la responsabilité de vouloir exister en tant que peuple Cree et de continuer”.

Le temps de blâmer l’homme blanc et le lointain passé est révolu. Les gens devraient être capables de reconnaître que le véritable ennemi est suffisamment proche qu’on peut le toucher. Comme me l’a dit un chef de la tribu Ehattesaht du nord de l’île de Vancouver: “Le plus gros problème est que les gens ont développé une mentalité de victime et blâment les autres pour leur oppression plutôt que de faire le travail pour en sortir. La culture de la dépendance et le sentiment de défaite sont nos plus gros problèmes.”

Aussi longtemps que le gouvernement fédéral travaille à maintenir les peuples natifs dans une dépendance politique et économique, les leaders devront résister aux efforts de l’État pour diminuer l’intégrité de la culture et d’empêcher la réclamation des voies traditionnelles qui sont la clef de notre reprise de pouvoir.

[…]

Considérons la notion de justice, la source des notions de bien et de mal à laquelle toute discussion sur la nature et l’utilisation du pouvoir doit se référer.

Le concept dominant occidental de la justice est enraciné dans un idéal d’équité ou de normalité fondamentalement individualiste et matérialiste. Par contraste, les notions indigènes de justice surviennent parmi le contexte de la croyance en une relation universelle des éléments, qui constituent notre univers. Les idées natives se centrent sur un impératif respectueux de coexistence équilibrée parmi tous les humains, les animaux et les êtres spirituels, ensemble avec la terre mère. La justice est vue comme étant un éternel processus de maintien de cet équilibre crucial et de démontrer un véritable respect pour le pouvoir et la dignité de chaque partie de ce cercle d’inter-dépendance. L’injustice est vue comme étant un disfonctionnement, une érosion, qui perturbe en un certain point, l’équilibre crucial. Dans la sphère de la politique ou des relations sociales par exemple, le disfonctionnement peut résulter de la dégénération du pouvoir naturel d’une personne ou d’une communauté, par négligence de la sagesse traditionnelle ou par disrepect de la dignité de la création (des autres personnes, des autres êres, de la nature, ou de soi-même), déséquilibrant par là-même l’équilibre du pouvoir, de la paix et de l’harmonie.

Le but de la justice indigène est le mieux caractérisé par la réalisation d’une coexistence respectueuse, une restauration de l’harmonie dans le réseau de relations et des implications renouvelées afin d’assurer l’intégrité physique, émotionnelle et la santé spirituelle de tous les individus des communautés. Les idées indigènes de justice diffèrent de celles des idées occidentales en trois choses fondamentales:

  • Elles ne sont pas principalement concernées par des questions d’équité dans le traitement ou la distribution
  • Il n’y a pas d’impératif universel ou de mise à niveau qui puisse être utilisé pour justifier la limitation de la liberté
  • Le cadre culturel qui détermine si le pouvoir a été utilisé de manière appropriée n’inclut pas seulement les relations humaines qui forment notre société, mais également toutes les autres relations.

La justice consiste en la maintenance de l’état de coexistence harmonieuse, qui est le but de toute activité politique, spirituelle et économique. En ce qui concerne la vision indigène de la justice, la détermination de ce qui est bien ou mal ne peut pas être effectuée du contexte particulier de l’action en cause ou de la personne en question, parce que réétablir l’harmonie demande non seulement une considération de tous les éléments concernés mais leur participation active pour résoudre le cas. Cette résolution implique le dialogue, l’explication, et la réparation de la fabrique même de la relation particulière, ce qui veut dire la cicatrisation. La justice est un processus de cicatrisation des relations de façon à ce que chaque élément puisse vivre son pouvoir naturel et puisse remplir ses devoirs de responsabilité.

Ainsi l’injustice, dans le concept indigène, est une absence d’harmonie et d’équilibre. Cela ne se réalise pas dans l’action d’un acte particulier, des actes peuvent être perçus comme étant injustes, mais seulement dans leur effet.

[…]

Le problème est que pour le moment, la politique native est toujours comprise et pratiquée au travers du prisme de la loi telle qu’elle est structurée par l’État. Dans ce cadre, l’État n’a rien a craindre des leaders indigènes, car même s’ils réussissaient à parachever leur but d’auto-gouvernance, la structure de base du pouvoir (étatique) demeurera intacte.

[…]

Une critique du pouvoir de l’État qui voit l’oppression comme une fonction inévitable de l’État (Ndt: ce qui représente la vision anarchiste, libertaire de l’État…), même quand elle est restreinte par un contrat socio-politique constitutionnellement défini, devrait avoir une résonnance spéciale pour les peuples indigènes, dans la mesure où leurs nations n’ont jamais été partie intégrante de quelque contrat que ce soit et ont pourtant été forcées d’opérer au sein d’un cadre fonctionnel qui présuppose la légitimité de la souvertaineté de l’État sur eux-mêmes. Argumenter pour obtenir des droits au sein de ce cadre ne fait que renforcer la prétention anti-historique de l’État de sa souveraineté par contrat.

En acceptant cet état de fait, nous donnons tout le pouvoir nécessaire à l’État de dominer les peuples natifs. De cette manière, “des relations de force perpétuelles” sont devenues la norme. Les peuples indigènes bien entendu, reconnaissent la différence entre le système coercitif étatique et leur système traditionnel… L’État tente de réécrire l’histoire pour légitimiser son exercice du pouvoir (sa souveraineté) sur les peuples indigènes. Les peuples natifs luttent pour résister au cooptage de leur sens historique.

A suivre…

== 2ème partie ==

Résistance politique: Le contre-pouvoir autogestionnaire existe, se porte bien et ne demande qu’à se propager… L’exemple de Marinaleda en Andalousie

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, économie, crise mondiale, démocratie participative, documentaire, militantisme alternatif, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, résistance politique, société libertaire, Union Europeenne et nouvel ordre mondial with tags , , , , , , , , , , , , , on 29 mai 2013 by Résistance 71

Depuis plus de 30 ans, Marinaleda est un phare de l’autogestion en Europe. La commune constitue l’exemple parfait d’un compromis entre une démocratie directe autogestionnaire de tendance anarcho-communiste tout en maintenant en l’ayant considérablement amélioré, les tenants illusoires de la « démocratie représentative ». Ceci n’aura plus raison d’être plus tard, mais se doit sans doute d’exister pour être « reconnu » du système « social-démocrate libéral » obsolète.

En effet, si le portrait du Che pend au mur de la mairie de Marinaleda, il convient aussi de rappeler que l’anarchisme et les anarchistes eurent une grande part dans la révolution cubaine et que l’anarchiste Cienfuegos était chef d’état-major des rebelles cubains et que Castro mît un moment à déclarer la révolution « marxiste » comme le souligne cet article que nous avions publié…

Il est grand temps que des Marinaleda fleurissent partout. Le contre-pouvoir autogestionnaire est la solution à la crise systèmique, car il est évident  pour tous maintenant qu’il n’y a pas de solution au sein du système. Il faut en sortir et créer, ensemble, unis, au-delà des divisions factices entretenues par l’oligarchie à seuls fin de faire perdurer ce système capitaliste escroc et criminel.

Marinaleda sur Résistance 71

— Résistance 71 —

 

Acharnement politique et judiciaire contre Sanchez Gordillo et Marinaleda

La terre est aux chevaux et aux ânes qui y paissent…

 

Jean Ortiz

 

28 Mai 2013

 

url de l’article original:

http://www.legrandsoir.info/acharnement-politique-et-judiciaire-contre-sanchez-gordillo-et-marinaleda.html

 

Le secrétaire du Syndicat andalou des travailleurs et député (« Gauche Unie ») au parlement andalou est traîné une nouvelle fois devant les tribunaux espagnols, pour avoir, le 24 juillet 2012 et durant l’été 2012, occupé, avec 500 ouvriers agricoles, une grande propriété improductive appartenant à l’armée (« Las Turquillas », 1200 hectares). L’armée y élevait , blague à part, quelques ânes, en attendant d’acheter des drônes…

En Andalousie la terre appartient à ceux qui ne la travaillent pas, qui la possèdent par héritage familial ou vol (après la Guerre d’Espagne, les « vainqueurs » s’approprièrent de nombreux biens de familles « rouges »). L’oligarchie néo-franquiste possède des « cortijos » (propriétés) à perte de vue, pendant que des milliers d’ouvriers agricoles attendent sur la place du village que « el amo » (le maître) vienne les embaucher quelques jours à l’année.

Le syndicat andalou SAT pratique donc la « désobéissance » face à un ordre injuste, et des actions « illégales », mais ô combien légitimes, pour obtenir une authentique réforme agraire. Il occupe les terres oisives… pendant que l’armée espagnole occupe des pays lointains. Pour avoir campé pacifiquement sur un bien du ministère de la Défense , le SAT et Juan Manuel Sanchez Gordillo, son secrétaire général, ainsi que 52 militants , sont accusés « d’usurpation », de « désobéissance, de vol et autres « dégâts », par le Tribunal de Justice d’Andalousie. Le Tribunal évalue les « dégâts » à 794,14 euros… Colossal !! Le millième d’une chasse royale à l’éléphant. Et quel peut être « le prix » des près de 37% de chômeurs andalous ? Le prix des malversations dont se sont rendus coupables le gendre du roi et son infante d’épouse, un temps mise en examen, puis relaxée sur intervention royale dit-on ?

Selon le magistrat instructeur, les manifestants brisèrent une chaîne (quel beau symbole !) pour pénétrer sur cette riche terre où paissent, sur 1200 hectares, quelques ânes et chevaux… Les occupants voulaient y travailler, la faire prospérer… Insupportable « délit d’usurpation » et d’atteinte à la tranquillité des bourrins, leur signifia la garde civile, qui pacifia si bien l’Espagne après la guerre. Les gueux eurent même le culot de mettre un panneau proclamant « Egalité et Terre ». Le magistrat en est atterré. La garde civile filma le crime qui sera présenté à la prochaine mostra de Carabanchel (ex-prison franquiste madrilène). Les vandales, se croyant tout permis, installèrent un campement sauvage pour dormir sur place et travailler la terre occupée. Ils utilisèrent même des abreuvoirs comme douches et s’emparèrent d’outils de labour abandonnés par les militaires.

Le 26 juillet, ils firent flamber 18 fagots de paille avec risque d’incendie, sans doute pour fêter l’assaut de la caserne Moncada par Fidel Castro.

Le 7 août, le « tribunal d’instruction numéro un de Osuna » ordonna l’expulsion des intrus, qui refusèrent d’obtempérer pendant 48 heures.

Le capitaine de « l’Institut armé » qui se rendit sur le front, déclara , désarmé, « avoir eu un peu peur » en rencontrant les leaders des rebelles. A Bagdad, il aurait fait dans son froc…

Incorrigibles, le premier mai 2013, les sans terre andalous ont occupé à nouveau le terrain et refusent aujourd’hui de répondre aux questions de la justice ; ils ne se sont même pas rendus à sa convocation. Ne pas se rendre : un impardonnable délit ; un acte de courage qui mérite toute notre solidarité. Les insoumis risquent de lourdes peines… Marinaleda, une utopie concrète.

Jean Ortiz

Disponible : « Marinaleda, l’ardente impatience », vidéo-documentaire de Dominique Gautier et Jean Ortiz).

Vidéo “Marinaleda l’ardente impatience”:

http://www.youtube.com/watch?v=WEV5-KJv4LQ

durée: 11 min 35

Politique et société: Le « tribalisme » a t’il sa place dans la société du XXIème siècle ?…

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, démocratie participative, militantisme alternatif, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, pédagogie libération, philosophie, politique et social, politique française, résistance politique, société libertaire, terrorisme d'état, Union Europeenne et nouvel ordre mondial with tags , , , , , , , , , , , on 28 mai 2013 by Résistance 71

Le « tribalisme » et la décolonisation dans la société moderne par un penseur natif Mohawk essentiel, spécialiste de la gouvernance indigène en Amérique du Nord et que nous avons souvent cité sur ce blog, Taiaiake Alfred tant ses recherches sont essentielles à la compréhension du monde toujours colonialiste dans lequel nous vivons et comme nous l’avons également par ailleurs expliqué dans cet article.

Il nous faut réaliser deux choses sur lesquelles nous nous devons d’insister:

  • La relation colonisateur/colonisé, dominant/dominé s’exerce avant toute chose du petit nombre au grand nombre et non pas nécessairement de nation à nation. Nous, peuples occidentaux sommes également colonisés par l’oligarchie, ce n’est qu’une question de degré, mais la relation dominant/dominé n’en existe pas moins.
  • Il nous faut sortir de cette spirale infernale. Le seul moyen est de joindre nos forces avec les nations en lutte contre la colonisation des territoires, des corps et des esprits depuis parfois des siècles… C’est unis, solidaires que nous vaincrons… Une fois pour toute !

— Résistance 71 —

 

Souveraineté indigène

 

Taiaiake Alfred

 

Juillet 2010

 

url de l’article original:

http://indigenousknowledge.org/discussion/native-conversations/big-question-1-does-tribalism-have-a-valid-role-in-modern-life/post/taiaiake-alfred/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Pour bon nombre de gens, le mot “tribalisme” est devenu un terme abusif, d’autres y voient un idéal qui en vaut la peine. Le “tribalisme” a t’il un rôle valide à jouer dans la société moderne ?

Taiaiake Alfred dit: “Les peuples indigènes ont engagé avec succès la société occidentale dans les premières étapes de la gouvernance. Le mouvement est fondé sur une idéologie de nationalisme indigène et un rejet des modèles de gouvernement enracinés dans des valeurs culturelles européennes. C’est un processus cahotique de réinstauration de systèmes qui promeuvent les buts et renforcent les valeurs des cultures indigènes, contre les efforts constants des gouvernements canadien et états-unien de maintenir des systèmes de dominance imposés sur les communautés indigènes depuis plus de cent ans. Bon nombre de communautés se sont désengagées du contrôle d’état paternaliste en administrant des institutions au sein de jurisdictions qui leur sont importantes. Bien d’autres se sont récemment engagées dans des négociations substantielles au sujet de territoires et de gouvernance, et espèrent, croient, que cela mènera à un meilleur contrôle de leurs vies et de leurs futurs.

Jusqu’ici, la plus grande partie de l’attention et de l’énergie dépensées, ont été dirigées sur le processus de décolonisation… Il y a eu une ignorance fondamentale des valeurs finales de la lutte. De quoi aura l’air un gouvernement indigène une fois que l’on aura obtenu l’auto-gouvernement, l’auto-gestion ? Quelques personnes imaginent que ce sera une réplique exacte du système pré-colonial qui gouvernait les communautés dans le passé. La plupart reconnaissent le fait que les structures indigènes vont s’adapter aux méthodes modernes en termes de technique administrative et de technologie. Il y a un univers politique de possibilité quand on en vient à considérer la personnification des valeurs fondamentales de nouveaux systèmes.

Le grand espoir est que les systèmes de gouvernement qui seront mis en place pour remplacer le contrôle colonial dans les communautés indigènes embrasseront les valeurs culturelles intrinsèques de ces communautés. La grande peur demeure que les systèmes de gouvernement post-coloniaux qui seront désignés ne seront que de simples répliques de systèmes non-indigènes pour des zones plus petites et racialement définies: l’oppression devenant ainsi auto-infligée et plus intensive dans sa localisation…

Y a t’il une alternative philosophique native ? Et à quoi peut-on s’attendre en s’élevant contre le retranchement plus avant des institutions modelées sur l’État ?…

Les perspectives indigènes offrent des alternatives, en commençant avec la restauration d’un régime de respect. Cet idéal est en contraste avec la solution étatique… Les formulations véritables indigènes ne sont pas intrusives et construisent leurs cadres sur le respect de la co-existence en reconnaissant l’intégrité et l’autonomie des éléments  constituant variés d’une relation. Elles vont bien au-delà des conceptions occidentales de justice les plus libérales en promouvant la réalisation de la paix, parce qu’elles permettent de manière explicite les différences tout en mandatant la construction de relations solides au sein d’éléments autonomes… On ne peut plus donc soutenir la théorie qu’il n’y a qu’une seule façon de voir et de faire les choses. Les voix indigènes ont été constantes au cours des siècles pour demander cette reconnaissance et ce respect.

Il y a une grande sagesse codée dans les langues et les cultures de tous les peuples indigènes – ceci est la connaissance qui peut donner des réponses à des questions pertinentes si respectée et sauvée de son statut d’objet culturel de musée. Il y a aussi un grand potentiel pour résoudre bon nombre de nos problèmes en apparence ingérables en ramenant à la vie des idées et des valeurs traditionnelles… Alors que notre monde émerge dans un âge post-impérialiste… Les valeurs centrales contenues dans leurs cultures traditionnelles sont la contribution des Indiens d’Amérique du Nord à la reconstruction d’un monde juste et harmonieux.

=  =  =

Cet essai est un concentré de l’essai de Taiaiake Alfred “Sovereignty” in A Companion to American Indian History, (Blackwell, 2002) eds. Philip J. Deloria and Neal Salisbury, pp.460-474.

Taiaiake Alfred est le directeur des programmes de gouvernance indigènes et a la chaire de recherche sur les peuples indigènes de l’Université de Victoria en Colombie Britannique, Canada. Il est Mohawk du clan de l’ours du territoire de Kanahwake.

Propagande et endoctrinement: L’oligarchie prépare ses « cadres » à la répression des peuples…

Posted in actualité, altermondialisme, crise mondiale, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, média et propagande, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, police politique et totalitarisme, politique et social, terrorisme d'état, Union Europeenne et nouvel ordre mondial with tags , , , , , , , , , , on 28 mai 2013 by Résistance 71

Des étudiants britanniques sont questionnés pour savoir s’ils feraient ouvrir le feu sur des manifestants

 

Kurt Nimmo

 

26 Mai 2013

 

url de l’article original:

http://www.infowars.com/british-students-asked-if-they-will-shoot-protesters/print/

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Tuer des manifestant est décrit comme étant à la fois “nécessaire” et “moral”.

Des étudiants à la réception du premier ministre britannique David Cameron des anciens du collège Eton, ont été questionnés pour savoir s’ils tireraient sur des manifestants.

La question fut posée en tant que partie intégrante d’un concours pour gagner une des quatorze bourses scolaires royales du collège prestigieux en 2011.

En plus de Cameron, les anciens élèves incluent des générations des aristocraties britannique et étrangères ainsi que des membres de la famille royale, le plus récemment comme les princes William et Harry.

D’autres anciens élèves d’Eton College incluent 19 ancien premiers ministres britanniques allant de Sir Robert Walpole à Harold MacMillan.

L’école fut fondée en 1440 par le roi Henri VI. Le collège est situé à côté du château de Windsor, le palace d’Europe le plus longuement occupé, construit par Guillaume le Conquérant dans la décennie suivant l’invasion normande de 1066.

La question de l’examen était libellée de la sorte:

“Nous sommes en 2040. Il y a eu des émeutes dans les rues de Londres et de la Grande-Bretagne suite à une pénurie de pétrole après une grave crise au Moyen-Orient. Des manifestants ont attaqué des bâtiments publics. Plusieurs policiers ont été tués. En conséquence, le gouvernement a pris la décision de déployer l’armée pour rétablir l’ordre et stopper les manifestations. Après deux jours, les manifestations ont été arrêtées mais vingt-cinq manifestants ont été tués par l’armée. Vous êtes le premier ministre. Ecrivez le script d’un discours qui sera fait et retransmis en direct par les médias, dans lequel vous expliquez pourquoi vous avez fait appel à l’armée contre des manifestants violents et que cela était la seule option à votre disposition représentant une prise de décision à la fois nécessaire et morale.”

D’après le Huffington Post, le sujet de l’examen était “la cruauté et la clémence, est-il préférable d’être aimé plutôt que craint ?”

“La question débute avec la passage célèbre provenant du livre de Machiavel “Le Prince” se demandant s’il est préférable d’être craint plutôt qu’aimé en tant que dirigeant et ensuite de demander aux candidats d’imaginer une situation où la loi et l’ordre s’effondrent dans un scenario de crise pétrolière, l’armée dans les rues qui a tuée des manifestants”, a dit au journal le principal du Eton College, Tony Little.

Plus tôt cette année, un nominé du prix nobel de la paix 2009, Jim Garrow, a été informé par un vétéran militaire de haut rang que le “test litmus” du gouvernement Obama pour les nouveaux chefs militaires déterminait s’ils obéiraient au non à un ordre d’ouvrir le feu sur des citoyens américains.

 

Société contre État: Comprendre pour mieux résister… L’anthropologie anarchiste de Pierre Clastres.

Posted in actualité, altermondialisme, autogestion, démocratie participative, documentaire, pédagogie libération, philosophie, politique et social, résistance politique, sciences et technologies with tags , , , , , , , on 27 mai 2013 by Résistance 71

Excellent article de Yoram Moati sur l’anthropologue politique anarchiste Pierre Clastres dont nous avons vanté les mérites des recherches ici même en de multiples occasions. Les travaux et recherches de Pierre Clastres en anthropologie sont à la fois révolutionnaires et essentiels à la bonne compréhension de ce que sont de fait la société et l’état. De manière très utile, l’oligarchie nous a fait assimiler les deux. Pour beaucoup de personne, la société EST  l’état et inversement, à un tel point que la vaste majorité des gens ne peuvent même plus concevoir rationnellement, envisager, une société, une vie sans état, alors que cela a été le quotidien de l’humanité pendant des dizaines de milliers d’années. L’état est-il une amélioration de la société ? Vraisemblablement pas pour la majorité de l’humanité, certainement pour une minorité oligarchique pour qui l’état est le garde-chiourme de leurs privilèges.

Les recherches de Pierre Clastres dans les années 1960-70 (il est décédé à 43 ans en 1977 dans un accident de voiture) ont été fondamentales pour affirmer que l’État n’est pas l’aboutissement « logique » de toute société comme on nous l’avait affirmé jusqu’alors ; que les sociétés dites « primitives » ne sont pas des sociétés en devenir, des sociétés « incomplètes », attendant la création de l’État en leur sein pour enfin se réaliser. Pierre Clastres a démontré qu’une société sans état passe ou ne passe pas à une société à état par choix conscient et qu’en fait, les sociétés « primitives » sont des sociétés en lutte permanente contre la création de l’état qui implique une institutionnalisation de l’inégalité, politique d’abord ,puis économique.

Pierre Clastres est l’auteur d’une littérature abondante marquée par deux écrits majeurs dans le domaine, à (re)lire avec le plus grand intérêt en notre époque, car ils nous donnent des clés essentielles pour éradiquer le fléau étatique sans pour autant retourner 10 000 ans en arrière…

  • « Chronique des indiens Guayaki » (1972)
  • « La société contre l’état » (1974)

— Résistance 71 —

 

L’anthropologie anarchiste de Pierre Clastres

 

Yoram Moati

 

url de l’article:

http://libertaire.pagesperso-orange.fr/archive/2000/228-mai/clastres.htm

 

Quelle oeuvre, en anthropologie, est plus salutaire et jubilatoire que celle de Pierre Clastres ? Celle de Marshall Sahlins, répondrait l’intéressé. Ouais… disons que ça se vaut.

Pourtant, à la lecture de ses textes on est vite désemparé par le caractère atypique et novateur qui échappe à toute incorporation dans les clivages habituels de l’anthropologie politique. Miguel Abensour, qui lui a consacré une étude, ne tente de cerner Clastres que par des propositions négatives : il n’est pas structuraliste mais ne rejette pas Lévi-Strauss, il n’est pas marxiste mais ne rejette pas Marx. Devant le flou de ce qu’il avance, Abensour (1987, p.11) pose la question Comment classer l’oeuvre de Clastres ? et y répond, fort justement mais toujours par élimination : certainement pas dans un éclectisme, ni dans une transaction diplomatique entre le structuralisme et le marxisme. Clastres lui-même a donné à ses travaux une étiquette de nouvelle anthropologie qui reste volontairement peut-être fort peu explicite pour ne pas dire insignifiante, mais nous aurons l’occasion d’y revenir.

Un anarchisme méthodologique

Une des parentés théoriques de Clastres est à chercher incontestablement outre-Atlantique, notamment du côté de M. Sahlins. L’auteur “d’Âge de pierre, âge d’abondance” a mis au point le premier une méthode d’analyse passant par ce que nous proposons d’appeler un anarchisme méthodologique. Dans le chapitre intitulé Anarchie et dispersion, il fait du caractère anarchique du Mode de Production Domestique (MPD) le caractère dominant de la société primitive. L’anarchie est première à toutes les forces intégratrices du lignage et de la chefferie qui tentent de la compenser. C’est dans l’économie et les rapports de production que se trouve la clef de l’analyse de la société primitive. Par son organisation anarchique, le MPD fonctionne comme une machine anti-production, foncièrement hostile à la formation de surplus, condition nécessaire à l’instauration d’un pouvoir séparé de type étatique…

On comprend bien comment Clastres a su prendre la mesure des implications politiques de ces considérations. “La société contre l’État” paraît deux ans après l’ouvrage fondateur de Sahlins et l’article “La question du pouvoir dans les sociétés primitives” quatre ans après. Il se livre à une analyse renversante et révolutionnaire, majestueux coup de latte dans les fourmilières des anthropologies politiques classique et marxiste. La première fait des sociétés primitives des sociétés où la sphère du politique est absente, la seconde voit dans toutes les sociétés qu’elle nomme par crypto-évolutionnisme pré-capitalistes le germe des rapports de domination capitalistes ; l’État bourgeois infiltré jusque chez les Baruya ! La pensée de Pierre Clastres s’articule sur l’idée du grand partage qui marque une rupture logique radicale entre les sociétés contre et les sociétés à, entre les sociétés qui refusent et les sociétés qui acceptent, même désirent, l’Innommable, terme emprunté à Étienne de La Boétie. S’il reconnaît que l’État est un principe absent de la société primitive (1974, p.161) il refuse de voir là une déficience, une absence d’enjeux politiques. Si des sociétés sont sans État, c’est qu’elles sont contre l’État. On sait au moins depuis Marcel Mauss que la neutralité n’existe pas dans la pensée sauvage ; si on n’est pas favorable, on est hostile. Ainsi, Clastres substitue à la définition par le manque l’expression d’une volonté légitime et rétablit une dimension politique là ou l’anthropologie politique classique observait le néant. L’anarchie est un vrai système politique, achevé et cohérent. Le pouvoir s’y exerce en sens inverse de celui de l’État. C’est la société qui a tout pouvoir sur un chef mis à son service qui n’a que des devoirs, et un peu de prestige. Ce que la société refuse, c’est l’instauration d’un pouvoir séparé d’elle. Cela ne signifie pas qu’elle refuse la règle ; elle est forcément le propre de la société en ce qu’elle la tire de l’animalité. Un homme n’épouse pas sa soeur. Par une analyse des rites d’initiation (du monde entier) par exemple, on s’aperçoit que la règle peut très bien passer par les canaux internes de la société (1), mieux, que quand cette règle est le produit et l’instrument de l’intérêt général, elle n’a aucunement besoin de recourir à l’intervention de puissances coercitives et centralisées. Le monopole de la violence légitime (= l’État selon Max Weber) n’émerge que pour imposer une règle qui n’exprime pas l’intérêt général mais qui est l’instrument des dominants. Il ne saurait subsister de liberté dans l’État qu’illusoire.

L’amour de la servitude

C’est dans la lecture de La Boétie que Clastres pousse le plus loin les aboutissants philosophiques de ses tenants anthropologiques, qu’il transforme la rupture société contre l’État/société à État en partage entre société de liberté et société de servitude (1980, p.113). Et toute société divisée est une société de servitude (ibid. souligné dans le texte original). Voilà un anarchisme sans individualisme car fondé sur une égalité viscérale allant jusqu’à nier l’affirmation de l’individualité, du moins aux dépens des autres. Elle fonde ainsi la Liberté. La liberté ne vaut que si elle est partagée par tous de la même façon. La liberté de l’un ne commence que là où commence celle des autres. À cette simple condition, elle est infinie. Eh oui, la Liberté pose ses conditions… alors ne laissons plus les publicitaires et les marchands de domotique piller cette idée. Ces conceptions rejoignent clairement celles exprimées par P.-J. Proudhon dans “Qu’est-ce que la propriété ?” : “La liberté est égalité… hors de l’égalité, il n’y a pas de société. La liberté est anarchie, parce qu’elle n’admet pas le gouvernement de la volonté, mais seulement l’autorité de la loi, c’est-à-dire la nécessité. La liberté est variété infinie, parce qu’elle respecte toutes les volontés dans les limites de la loi… “

La liberté est essentiellement organisatrice. Clastres fait éclater le clivage qui traversait le champ du débat politique et qui consistait à clamer : l’égalité d’abord ou la liberté d’abord. Cette illusion plaçait les anarchistes les plus enragés aux côtés des capitalistes, les libertaires avec les libéraux, pis, elle les confondait.

La Boétie est le premier à remettre en cause l’État et la division en dominants et dominés comme des allant de soi inéluctables et à dire autre chose est possible. Disant cela, il enjoint déjà à se garder d’un certain ethnocentrisme au moment où on commence tout juste à découvrir les Indiens d’Amérique et trois siècles avant l’anthropologie évolutionniste qui érigera cet ethnocentrisme en principe méthodologique fondamental. La Boétie nomme Malencontre le moment où la société de Liberté passe à l’état de servitude des dominés aux dominants, l’Innommable, l’État. L’État ne peut surgir que de la rencontre malheureuse avec un élément extérieur perturbant une organisation anarchique parfaitement cohérente. Pas de continuum entre la Liberté et la servitude. Entre l’ère de la Liberté et celle de l’État, il y a rupture radicale, renversement du sens du contrôle, ce qui n’empêche pas de concevoir des différences de degrés dans les formes de pouvoir après le Malencontre, de concevoir en outre le totalitarisme ; il y a une hiérarchie du pire, il n’y a de hiérarchie que du pire… et la hiérarchie, c’est déjà le pire.

Ce qu’introduit aussi La Boétie, c’est l’idée de volonté ; la liberté est volontaire, la servitude aussi. L’Innommable est autant la volonté de se soumettre (Clastres dit même l’amour de la servitude) des uns que celle de dominer des autres. L’homme est un être-pour-la-liberté(Clastres 1980, p.113) et l’Innommable, c’est l’homme intégralement dénaturé et défiguré.

Certes Pierre Clastres ne milite pas en faveur du monde des Sauvages… [il se] contente de les décrire (1980, p.147), mais après une analyse posée en termes de Liberté et de servitude, il est légitime de vouloir préférer un modèle à l’autre, je dis bien un modèle, une orientation politique ; il ne s’agit pas d’envier dans leur fonctionnement concret des sociétés qui se reproduisent notamment par la guerre. Sans l’y faire prendre part, je dis qu’on trouve chez Clastres les bases d’un projet anarchiste à construire.

Le pouvoir des uns, entretenu qu’il est par le désir de soumission des autres, ne s’effondrera jamais par des phénomènes endogènes. Les tyrans, plus ils pillent, plus ils exigent, plus ils ruinent et détruisent, plus on leur baille [bailler = donner], plus on les sert, de tant plus ils se fortifient et deviennent toujours plus forts et plus frais pour anéantir et détruire tout (La Boétie, Discours, p.137). On peut néanmoins envisager les conditions de la mort de l’État en répondant aux questions fondamentales posées par Clastres : Pourquoi [l’État] a-t-il émergé ?… À quelles conditions une société cesse-t-elle d’être primitive ? Pourquoi les codages qui conjurent l’État défaillent-ils, à tel ou tel moment de l’histoire ? Clastres lance ensuite un véritable appel à un projet anarchiste : “Il est hors de doute que seule l’interrogation attentive du fonctionnement des sociétés permettra d’éclairer le problème des origines. Et peut-être la lumière ainsi jetée sur le moment de la naissance de l’État éclairera-t-elle également les conditions de possibilité (réalisables ou non) de sa mort” (1980, p.108-109). C’est de la connaissance que naissent le projet et la volonté nécessaires. Car les rapports de domination ne s’éteindront pas tout seuls. La société réalise son désir de soumission et le Despote son désir de pouvoir, tout tourne rond. Ce qui manque à l’homme dénaturé pour recouvrer le désir de liberté, c’est le souvenir de cette liberté. Au savant d’éclairer l’homme à ce sujet…

En rejetant toute vision téléologique dans l’analyse du passage d’un type de société à un autre, Clastres ouvre la porte à un passage de la société de servitude à la société de Liberté qui ne serait pas un retour en arrière, vers un état (si on peut dire !) d’antériorité, mais un des sens possibles de l’histoire. Après tout, Malencontre lui-même est un événement fortuit qui n’avait aucune raison de se produire et qui s’est cependant produit (1980, p.116). La Boétie pose deux questions : D’où sort l’État ? et Comment le renoncement à la liberté peut-il être durable ?…et Clastres en ajoute une troisième : Comment les sociétés primitives parviennent-elles à empêcher la division ?

Anthropologie anarchiste

Ces problématiques sont aux fondements de ce qu’on entend couramment par la nouvelle anthropologie. C’est Pierre Clastres lui-même qui avance cette appellation dont il livre une vague définition : nouvelle idée de l’homme, anthropologie de l’homme moderne, de l’homme des sociétés divisées. Ce qu’il propose par là, c’est d’envisager l’homme dénaturé par rapport au postulat anarchiste établi à propos des sociétés primitives. La nouvelle anthropologie ressemble plus à un principe qu’il posait provisoirement, en attendant de la définir avec plus de précision. Pour ma part, je propose d’appeler les choses par leur nom et de définir un courant et une discipline par ses méthodes. Appelons-la donc anthropologie anarchiste.

Anarkhia signifie absence de chef. Chez les primitifs, il s’agit du moins de se donner un chef de pacotille dépourvu de pouvoir, juste pour occuper la place et s’assurer qu’un despote ne viendra pas l’accaparer. Le chef fournit une image de ce despote à surveiller, permet ainsi de prendre conscience d’une menace qui serait inconcevable autrement (2). Il n’a que du prestige et des devoirs à l’égard de la communauté. “L’espace de la chefferie n’est pas le lieu du pouvoir, et la figure (bien mal nommée) du chef ne préfigure en rien celle d’un futur despote” (1974, p.175, souligné dans le texte original) La société exerce un tel contrôle sur son chef qu’il lui est même impossible que lui vienne l’idée d’instaurer la division et de transformer son prestige en pouvoir.

En peignant une société contre l’État, Pierre Clastres propose un contre-modèle possible, puisque actuel, à l’organisation sociale faite de pouvoir et de division que nous acceptons comme une fatalité. Mais ce qui est exaltant dans son analyse, c’est avant tout qu’elle n’est en rien l’effet d’une idéologie préconçue mais ne prend appui que sur des faits ethnographiques étudiés avec minutie et sans parti pris. Si au bout du compte l’interprétation brute de ces faits rejoint d’anciennes théories spéculatives, ce n’est pas le fruit d’une intention préalable ; peut-être cela signifie-t-il tout simplement que les philosophes avaient tapé juste. Ce qui porte Clastres à dénier tout pouvoir aux chefs primitifs, mouvement fondateur s’il en est, ce n’est pas d’avoir lu Nietzsche à l’université, c’est l’observation, les pieds dans la boue, d’un chef indien dont les seules activités (de chef) consistaient à remplir un devoir de parler à sa communauté et au nom de sa communauté. Loin des spéculations logiques, seule une connaissance fine et imprégnée de la société Guayaki pouvait permettre de se rendre compte du fait que le chef était sans cesse au service et sous le contrôle de la communauté vigilante qui ne lui accordait en contrepartie que du prestige. Ainsi, dès la Chronique, Clastres peut écrire sans guère extrapoler des phrases qui fonderont la société contre l’État : Un chef n’est point pour eux un homme qui domine les autres, un homme qui donne des ordres et à qui l’on obéit ; aucun Indien n’accepterait cela, et la plupart des tribus sud-américaines ont préféré choisir la mort et la disparition plutôt que de supporter l’oppression des Blancs. Les Guayaki, voués à la même philosophie politique « sauvage », séparaient radicalement le pouvoir et la violence : pour prouver qu’il était digne d’être chef, Jyvukugi devait démontrer qu’à la différence du Paraguayen il n’exerçait pas son autorité moyennant la coercition, mais qu’au contraire il la déployait dans ce qui est le plus opposé à la violence, dans l’élément du discours, dans la parole… L’obligation de manipuler chaque fois que c’est nécessaire l’instrument de la non-coercition, le langage, soumet ainsi le chef au contrôle permanent du groupe : “toute parole du leader est une assurance donnée à la société que son pouvoir ne la menace point” (1972, p.84-86). Encore l’autorité dont il est question ici n’en est qu’une apparence, puisqu’elle ne s’exerce en aucune façon. Pour dire les choses un peu vite, Pierre Clastres a vu surgir concrètement et physiquement la dimension politique en la personne de Jyvukugi, avant de la réhabiliter par des jeux d’abstractions.

Une pensée efficace

Il y a presque quelque chose de structurel dans la mort prématurée de Clastres. C’était un rouleau compresseur, une pensée si efficace qu’il n’y a plus rien à penser après elle, d’où la nécessité de maintenir une certaine incomplétude nécessaire à la poursuite de la recherche.

J’ai encore des choses à dire car il nous a ouvert de formidables pistes où il n’a pas eu le temps de s’engouffrer.

Finalement, si le fléau automobile a causé l’une des pires pertes intellectuelles aux hommes, peut-être à la mesure de ce qu’avait fait la ciguë à une autre époque, il nous laisse au moins assez de champ pour continuer à écrire…

Yoram Moati

(1) Voir la façon dont l’État ne tolère pas certains rites (par exemple le bizutage) ou s’efforce de les prendre en charge (le bac, le mariage, etc.).

(2) À ce sujet, voir Marc Richir, Quelques réflexions épistémologiques préliminaires sur le concept de sociétés contre l’État in M. Abensour (dir), 1987, p.61-71.

Bibliographie succincte

Pierre Clastres, Chronique des Indiens Guayaki, Plon, coll. Terre humaine, Paris, 1972 – La société contre l’État. Recherches d’anthropologie politique, Éd. de Minuit, Paris, 1974 – Recherches d’anthropologie politique, Éd. du Seuil, coll. Recherches anthropologiques, Paris, 1980

M. Abensour (dir.), L’esprit des lois sauvages, Pierre Clastres ou une nouvelle anthropologie politique, Seuil, Paris, 1987. On trouvera à la fin de cet ouvrage intéressant un précieux inventaire des oeuvres du bonhomme

M. Sahlins, Âge de pierre, âge d’abondance. L’économie des sociétés primitives, traduction française de T. Jolas, Gallimard, Paris, 1976. Préface de Pierre Clastres (reprise dans Recherches d’anthropologie politique)

Étienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire (voir AL 227), Payot, Paris, 1976. Postface de Pierre Clastres (reprise dans Recherches d’anthropologie politique).