Résistance politique: En savoir plus sur la société, l’État, la désobéissance civile et la commune libre pour mieux agir – 2ème partie –

Voici la seconde partie de notre « Petits précis sur la société, l’état, la désobéissance civile et les communes libres » entièrement dédiée à une étude sur l’État. Une question essentielle qu’il faut ici se poser: Pourquoi dans le contexte éducatif de second et troisième cycle, les auteurs et penseurs anarchistes qui ont faits date et ont contribué grandement au patrimoine réflexif politico-historique de l’humanité, des gens comme Proudhon, Bakounine (qui fut un farouche détracteur et opposant de Marx et Engels dans la 1ère Internationale…) et Kropotkine, ne sont pas étudiés dans les programmes de philosophie ? La réponse à cette question est malheureusement par trop évidente: l’État a censuré, censure et censurera tout ce qui peut lui porter atteinte ainsi qu’à son hégémonie factice et l’usurpation du pouvoir afin de mieux contrôler les peuples pour le pur bénéfice d’une clique parasitaire positionnée au sommet d’un pyramide politico-sociale obsolète.

Cet essai a pour démarche de faire réfléchir sur ce que nous ne questionnons pour ainsi dire jamais tant l’endoctrinement étatique nous a martelé sa soi-disante inéluctabilité… A lire et diffuser sans modération…

— Résistance 71 —

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Petits précis sur la société, l’état, la désobéissance civile et la commune volontaire autogérée, solution au marasme systémique actuel

1ère partie

3ème partie

4ème partie

 

2ème partie: Sur l’État

 

Le 3 Janvier 2013

 

par Résistance 71

 

Débarrassons le plancher d’une fausse conception: l’État n’est pas la société. Comme Clastres et bien d’autres l’ont établi, la société prime l’état, la société est bien antérieure à l’état, de fait, la société n’est même pas le fruit de l’humain, elle est antérieure à l’Homme. Déjà en 1774, Jean Paul Marat, médecin et futur grand leader de la révolution française mettait en garde avec une lucidité faisant froid dans le dos contre l’état et ses tromperies. Ainsi dans son ouvrage à redécouvrir “Les chaînes de l’esclavage” il nous disait:

Pour rester libre, il faut rester en garde contre ceux qui nous gouvernent: rien de plus aisé que de perdre celui qui est sans défiance; la trop grande sécurité des peuples est toujours l’avant-coureur de leur servitude […] L’opinion est fondée sur l’ignorance et l’ignorance favorise extrêmement le despotisme. C’est elle qui, tenant le bandeau sur les yeux des peuples, les empêche de connaître leurs droits, d’en sentir le prix et de les défendre… Si l’état n’est pas divisé, c’est la constante pratique du gouvernement que d’y semer la discorde et d’y fomenter des dissenssions.”

Pierre Kropotkine, de plus en plus considéré comme le père fondateur de la biologie sociale, l’a également prouvé dans ses études approfondis, l’évolution a favorisé les animaux capabables de vivre en société. De fait, la vaste majorité du règne animal, vit en société. L’école philosophique allemande dont Hegel fut un des fers de lance a prôné la confusion entre la société et l’État. Il est devenu courant que d’assimiler la société et l’État; et de fait, pour beaucoup de personnes, la société est inconcevable sans l’État. Par extrapolation société = État. Rien de plus faux, comme nous l’avons déjà vu, mais O combien utile pour le dogme de la pensée unique régissant notre société.

En grattant la surface, nous nous rendons compte que l’État ne représente qu’une forme possible d’organisation sociale; cette forme n’est ni inéluctable, ni la panacée sociétale.

Voici ce que dit Pierre Kropotkine en 1906 dans “L’État et son rôle historique”:

Aujourd’hui, l’anthropologie a parfaitement démontré que le point de départ de l’humanité ne fut pas la famille mais bien le clan, la tribu. La famille paternelle telle que nous la connaissons et telle qu’elle est décrite dans les traditions hébraïques, ne fit son apparition que bien plus tard… L’accumulation de la propriété privée ne pouvait s’y effectuer puisque toute chose qui avait appartenu en particulier à un membre de la tribu était détruite ou brûlée là où on inhumait son cadavre…”

Quelques soixante-dix années avant les travaux de Pierre Clastres, Kropotkine disait ceci dans le même ouvrage cité:

Le brave, l’audacieux et surtout, le prudent, devenaient aussi des meneurs temporaires dans les conflits avec d’autres tribus, ou pendant les migrations. Mais l’alliance entre le porteur de “la loi” (celui qui savait de mémoire la tradition et les décisions anciennes), le chef militaire et le sorcier, n’existait pas. Il ne peut pas plus y avoir question d’État dans ces tribus, qu’il n’en est question dans une société d’abeilles ou de fourmis, ou chez les patagoniens et les esquimaux, nos contemporains…”

L’évolution historique et sociale a mué la tribu en agglomération communale, voici ce qu’en dit Kropotkine:

La commune de village se composait, comme elle se compose encore, de familles séparées. Mais les familles d’un même village possédaient la terre en commun. Elles la considéraient comme leur patrimoine commun et se la répartissaient selon la grandeur des familles — leurs besoins et leurs forces. Des centaines de millions d’hommes vivent encore sous ce régime dans l’Europe orientale, aux Indes, à Java, etc. C’est le même régime que les paysans russes ont établi, de nos jours, librement en Sibérie, lorsque l’État leur eut laissé la latitude d’occuper l’immense territoire Sibérien comme ils l’entendaient.

[…]

Dans toutes ses affaires, la commune de village était souveraine. La coutume locale faisait loi, et l’assemblée plénière de tous les chefs de famille, hommes et femmes, était le juge, le seul juge, en matière civile et criminelle. Quand un des habitants, se plaignant contre un autre, avait planté son couteau en terre à l’endroit où la commune se réunissait d’ordinaire, la commune devait «trouver la sentence» selon la coutume locale, après que le fait avait été établi par les jurés des deux parties en litige. Le temps me manquerait si je voulais vous dire tout ce que cette phase offre d’intéressant. Il me suffira de remarquer que toutesles institutions dont les États s’emparèrent plus tard au bénéfice des minorités, toutes les notions de droit que nous trouvons (mutilées à l’avantage des minorités) dans nos codes, et toutes les formes de procédure judiciaire, en tant qu’elles offrent des garanties pour l’individu, eurent leurs origines dans la commune de village. Ainsi, quand nous croyons avoir fait un grand progrès en introduisant, par exemple, le jury, nous n’avons fait que revenir à l’institution des barbares, après l’avoir modifiée à l’avantage des classes dominantes. Le droit romain ne fit que se superposer au droit coutumier. Le sentiment d’unité nationale se développait en même temps que de grandes fédérations libres des communes de villages.”

Kropotkine narre ensuite l’évolution des communes et rejoint une fois encore Pierre Clastres avant la lettre, clastres qui dira dans les années 1960-70 que les sociétés primitives utilisent la guerre comme moyen de fuir l’étatisation de leur société, comme moyen d’empêcher la concentration du pouvoir et l’oppression. Voici ce que dit Kropotkine plus loin dans “L’État et son rôle historique”:

Loin d’être la bête sanguinaire que l’on a voulu en faire pour prouver la nécessité de le dominer, l’homme a toujours aimé la tranquillité, la paix. Plutôt batailleur par moment que féroce, il préfère son bétail et sa terre au métier des armes. C’est pourquoi, à peine les grandes migrations de barbares ont-elles commencé à faiblir, à peine les les hordes et les tribus se sont-elles cantonnées plus ou moins sur leurs territoires respectifs, que nous voyons les soins de la défense du territoire contre de nouvelles vagues d’émigrants confiés à quelqu’un qui engage à sa suite une petite bande d’aventuriers, d’hommes aguerris ou de brigands, pendant que la grande masse élève son bétail ou cultive le sol. Et ce défenseur commence bientôt à ramasser des richesses : il donne cheval et fer (très coûteux alors) au miséreux, et il l’asservit ; il commence à conquérir des embryons de pouvoir militaire.

D’autre part, peu à peu la tradition, qui fait loi, s’oublie par le grand nombre. Il reste à peine un vieillard qui a pu retenir dans sa mémoire les versets et les chants dans lesquels on raconte les «précédents» dont se compose la loi coutumière, et il les récite aux jours des grandes fêtes devant la commune. Et, peu à peu, quelques familles se font une spécialité, transmise de père en fils, de retenir ces chants et ces versets dans la mémoire, de conserver «la loi» dans sa pureté. Vers elles vont les villageois pour juger les différents dans des cas embrouillés, surtout lorsque deux villages ou deux confédérations refusent d’accepter les décisions des arbitres pris dans leur sein.

L’autorité princière ou royale germe déjà dans ces familles, et plus j’étudie les institutions de l’époque, plus je vois que la connaissance de la loi coutumière fit beaucoup plus pour constituer cette autorité que la force du glaive. L’homme s’est laissé asservir, bien plus par son désir de «punir» selon «la loi» que par la conquête directe militaire.

Et, graduellement, la première «concentration des pouvoirs», la première assurance mutuelle pour la domination — celle du juge et du chef militaire — se fait contre la commune du village. Un seul homme revêt ces deux fonctions. Il s’entoure d’hommes armés pour exécuter les décisions judiciaires ; il se fortifie dans sa tourelle ; il accumule dans sa famille les richesses de l’époque — pain, bétail, fer, — et peu à peu il impose sa domination aux paysans des alentours…

Kropotkine parle ensuite de la “révolution des communes libres” des XIème et XIIème siècles, chose que nous reverrons lorsque nous parlerons des communes libres et fédérées.

Cette grande époque des fédérations de communes libres (bien sûr perfectible), officialisée par les chartes royales, toucha à sa fin lors de l’avènement de l’état-nation et de la monarchie absolue au XVIème siècle. D’après les recherches de Kropotkine:

Dans le courant du XVIè siècle, des barbares modernes viennent détruire toute cette civilisation des cités du moyen âge. Ces barbares ne l’anéantissent peut-être pas, mais ils l’arrêtent, du moins, dans sa marche pour deux ou trois siècles. Ils la lancent dans une nouvelle direction.

Ils assujettissent l’individu, ils lui enlèvent toutes ses libertés, ils lui demandent d’oublier les unions qu’il basait autrefois sur la libre initiative et la libre entente. Le but est de niveler la société entière dans une même soumission au maître. Ils détruisent tous les liens entre hommes, en déclarant que l’État et l’Église, seuls, doivent désormais former l’union entre sujets ; que seuls, l’Église et l’État ont mission de veiller aux intérêts industriels, commerciaux, judiciaires, artistiques, passionnels, pour lesquels les hommes du XIIè siècle avaient coutume de s’unir directement.

Et qui sont ces barbares ? — C’est l’État : la Triple-Alliance, enfin constituée, du chef militaire, du juge romain et du prêtre — les trois formant une assurance mutuelle pour la domination, les trois unis dans une même puissance qui commandera au nom des intérêts de la société — et écrasera cette société.

L’état par son principe même ne peut tolérer la fédération libre, car la fédération libre représente le renard dans le poulailler: l’état dans l’état. L’état et son gouvernement ne reconnaît que des sujets, des gens asservis à ses diktats. Le principe fédératif tel que l’envisionnait Proudhon plus tard est une antinomie de l’état pour qui seul le principe de soumission, de discipline ne vaut. Soumission et coercition sont les deux piliers de l’État sans lesquels il ne peut exister.

La création de l’état-nation sous sa forme historique de monarchie absolue au XVIème siècle a brisé le principe d’autonomie politique et sociale. Kropotkine nous dit encore: “L’État c’est la guerre et les guerres ravagent l’Europe, achevant de ruiner les villes que l’État n’a pas encore ruinées directement.”

Non seulement l’état s’empresse de détruire les communes, de ruiner les paysans sous sa dépendance et de soumettre les terres communales au pillage, mais il commandite les historiens et les économistes pour arranger une fable compatible avec son agenda afin de mieux mystifier les peuples. Kropotkine rajoute:

Les historiens et les économistes aux gages de l’État nous ont enseigné, sans doute, que la commune de village, étant devenue une forme surannée de la possession du sol, forme qui entravait les progrès de l’agriculture, dut disparaître sous l’action des forces économiques naturelles. Les politiciens et les économistes bourgeois ne cessent de le répéter jusqu’à nos jours ; et il y a même des révolutionnaires et des socialistes — ceux qui prétendent être scientifiques — qui récitent cette fable convenue, apprise à l’école.

Eh bien, jamais mensonge plus odieux n’a été affirmé dans la science. Mensonge voulu, car l’histoire fourmille de documents pour prouver à qui veut les connaître — pour la France, il suffirait presque de consulter Dalloz — que la commune de village fut d’abord privée par l’Etat de toutes ses attributions ; de son indépendance, de son pouvoir juridique et législatif ; et qu’ensuite ses terres furent, ou bien tout bonnement volées par les riches sous la protection de l’Etat, ou bien directement confisquées par l’Etat…

La révolution française est un grand exemple du pillage étatique sous contrôle bourgeois. La bourgeoisie se constitua très vite en substitut de la noblesse pour dépouiller les communes de France ce qu’il leur restait de terre communale. Les historiens et économistes nous gargarisent le plus souvent avec la notion pseudo-scientifique que la possession communale est morte de sa belle mort. Voici ce qu’en dit Kropotkine qui a écrit un des tous meilleurs compte-rendu sur la révolution française:

Alors, le 24 août 1794, la réaction arrivée au pouvoir frappa le grand coup. L’État confisqua toutes les terres des communes et en fit un fonds de garantie de la dette publique, les mettant aux enchères et les livrant à ses créatures, les thermidoriens.

Le 2 prairial, an V, après trois ans de curée, cette loi fut heureusement abrogée. Mais, du même coup, les communes furent abolies et remplacées par des conseils cantonaux, afin que l’État pût les peupler plus facilement de ses créatures. Cela dura jusqu’en 1801, lorsque les communes furent réintroduites ; mais alors le gouvernement se chargea lui-même de nommer les maires et les syndics dans chacune des 360.000 communes !”

Cela continua bien après la révolution:

“… Et cette absurdité dura jusqu’à la Révolution de juillet 1839 ; après quoi, la loi de 1789 fut réintroduite. Et, entre temps, les terres communales furent à nouveau confisquées en entier par l’État, en 1813, et pillées à nouveau pendant trois ans. Ce qui en resta ne fut rendu aux communes qu’en 1816.

Croyez-vous que c’est fini ? — Pas du tout ! Chaque nouveau régime a vu dans les terres communales une source de récompense pour ses suppôts. Aussi, depuis 1830, à trois reprises différentes — la première fois en 1837 et la dernière sous Napoléon III — des lois furent promulguées pour forcerles paysans à partager ce qu’il leur restait de forêts et de pâturages communaux, et trois fois l’État fut obligé d’abroger ces lois, à cause de la résistance des paysans. Tout de même, Napoléon III sut en profiter pour saisir quelques larges propriétés et en faire des cadeaux à certaines de ses créatures.”

L’État ne peut survivre que de guerres et d’impérialisme, l’Histoire est truffée d’exemple. De l’intérieur, l’état use d’une arme redoutable: l’impôt, institution d’origine purement étatiste, arme qui sert à maintenir les foules sous le joug, à favoriser les amis (regardons tout dernièrement la mascarade de “l’anticonstitutionnalité” d’une taxation des riches à 75%), à ruiner le grand nombre et à maintenir la division de castes.

Kropotkine analyse également l’éducation étatique et le conflit étatico-libertaire et de la perversion scientifique qui endoctrine les citoyens:

Et enfin, ce qui est pire que tout ce que je viens d’énumérer, c’est que l’éducation que nous recevons tous de l’État, à l’école et plus tard, a tellement vicié nos cerveaux que la notion même de liberté finit par s’égarer, se travestir en servitude.

Triste spectacle que de voir ceux qui se croient révolutionnaires vouer leurs haines les plus profondes à l’anarchiste — parce que les conceptions de celui-ci sur la liberté dépassent leurs conceptions mesquines et étroites de la liberté, apprises à l’école étatiste. Et cependant, ce spectacle est un fait.

La philosophie libertaire est étouffée par la pseudo-philosophie romano-catholique de l’État. L’histoire est viciée dès sa première page où elle ment en parlant des royautés mérovingienne et carolingienne, jusqu’à sa dernière page où elle glorifie le jacobinisme et ne veut pas connaître le peuple dans son oeuvre propre de création des institutions. Les sciences naturelles sont perverties pour être mises au service de la double idole, Église-État. La psychologie de l’individu, et encore plus celle des sociétés, sont falsifiées dans chacune de leurs assertions pour justifier la triple alliance du soldat, du prêtre et du bourreau. La morale, enfin, après avoir prêché pendant des siècles l’obéissance à l’Église, ou au livre, ne s’en émancipe aujourd’hui que pour prêcher la servitude envers l’État. — «Point d’obligations morales directes envers ton voisin, point même de sentiment de solidarité ; toutes tes obligations sont envers l’État»  nous dit-on, nous enseigne-t-on dans ce nouveau culte de la vieille divinité romaine et césarienne. «Le voisin, le camarade, le compagnon — oublie-les.» Tu ne les connaîtras plus que par l’intermédiaire d’un organe de ton État. Et tous vous vous ferez une vertu de lui être également asservis.

Quelle est la conclusion de Kropotkine sur l’État ? qu’il doit être aboli purement et simplement car:

Nous y voyons l’institution, développée dans l’histoire des sociétés humaines pour empêcher l’union directe entre les hommes, pour entraver le développement de l’initiative locale et individuelle, pour broyer les libertés qui existaient, pour empêcher leur nouvelle éclosion. Et nous savons qu’une institution, qui a tout un passé datant de plusieurs milliers d’années, ne peut pas se prêter à une fonction opposée à celle pour laquelle elle fut développée dans le cours de l’histoire.” Il envisage l’argument réformiste tant au goût du jour de son temps que du notre, car le réformisme est la garantie de la survie oligarchique, la corruption de la révolution sociale par le système prédateur toujours prometteurs de beaux jours. Les chantres du système essaieront toujours de convaincre (jusqu’ici avec succès) les progressistes anti-système à rester prudent et à “garder patience” envers l’État. Voici ce que dit Kropotkine à ce sujet:

A cet argument, absolument inébranlable pour quiconque a réfléchi sur l’histoire — que nous répond-on ?

On répond par un argument… presque enfantin.

-«L’État est là, nous dit-on. Il existe, il représente une puissante organisation, toute faite. Pourquoi le détruire, au lieu de l’utiliser ? Elle fonctionne pour le mal — c’est vrai ; mais c’est parce qu’elle est aux mains des exploiteurs. Tombée aux mains du peuple, pourquoi ne serait-elle pas utilisée dans un meilleur but, pour le bien du peuple ?

Toujours le même rêve, — du marquis de Posa, dans le drame de Schiller, essayant de faire de l’absolutisme un instrument d’affranchissement ; ou bien le rêve du doux abbé Pierre, dans Rome de Zola, voulant faire de l’Église, le levier du socialisme !

Qu’il est triste d’avoir à répondre à de pareils arguments ! Car ceux qui raisonnent ainsi, ou bien n’ont pas le moindre soupçon sur le vrai rôle historique de l’État ; ou bien ils conçoivent la révolution sociale sous une forme tellement insignifiante, tellement anodine, qu’elle n’a plus rien de commun avec les aspirations socialistes.

[…] Et l’on veut que ce travail immense, qui demande l’exercice libre du génie populaire, se fasse dans les cadres de l’État, dans l’échelle pyramidale de l’organisation qui fait l’essence de l’État ! On veut que l’État, dont nous avons vu la raison d’être dans l’écrasement de l’individu, dans la haine de l’initiative, dans le triomphe d’uneidée qui doit forcément être celle de la médiocrité, devienne le levier pour accomplir cette immense transformation !… On veut gouverner le renouveau d’une société à coups de décrets et de majorités électorales… Quel enfantillage ! A travers toute l’histoire de notre civilisation, deux traditions, deux tendances opposées, se sont trouvées en présence : la tradition romaine et la tradition populaire ; la tradition impériale et la tradition fédéraliste ; la tradition autoritaire et la tradition libertaire.”

En 1850, Proudhon dans son analyse sur “La Liberté” nous livre ceci sur l’État:

Le Gouvernement donc, soit l’Église et l’État indivisiblement unis, a pour dogmes :

 

1. La perversité originelle de la nature humaine ;

2. L’inégalité essentielle des conditions ;

3. La perpétuité de l’antagonisme et de la guerre ;

4. La fatalité de la misère.

D’où il se déduit:

5. La nécessité du gouvernement, de l’obéissance, de la résignation et de la foi.

[…]

Quel est le but de cet organisme ?

De maintenir l’ordre dans la société, en consacrant et sanctifiant l’obéissance du citoyen à l’État, la subordination du pauvre au riche, du vilain au noble, du travailleur au parasite, du laïc au prêtre, du bourgeois au soldat…

[…]

Il n’y a pas deux espèces de gouvernement, comme il n’y a pas deux espèces de religions. Le Gouvernement est de droit divin ou il n’est pas ; de même que la religion est du Ciel ou n’est rien. Gouvernement démocratique et religion naturelle sont deux contradictions à moins qu’on ne préfère y voir deux mystifications. Le peuple n’a pas plus voix consultative dans l’État que dans l’Église : son rôle est d’obéir et de croire…

[…]

Il faut sortir de ce cercle infernal. Il faut traverser, de part en part, l’idée politique, l’ancienne notion de justice distributive et arriver à celle de justice commutative qui, dans la logique de l’histoire comme dans celle du droit, lui succède…

… Concluons sans crainte que la formule révolutionnaire ne peut plus être ni législation directe, ni gouvernement direct, ni gouvernement simplifié : elle est, plus de gouvernement.

Ni monarchie, ni aristocratie, ni même démocratie, en tant que ce troisième terme impliquerait un gouvernement quelconque, agissant au nom du peuple, et se disant peuple. Point d’autorité, point de gouvernement, même populaire : la Révolution est là.”

Plus près de nous, une autre grande figure de l’anarchisme moderne, Emma Goldman, nous livre les résultats de son analyse dans son écrit de 1940: “L’individu, la société et l’État”:

Dans ces perspectives, les problèmes de relation entre l’homme et l’État revêtent une signification tout à fait nouvelle. Il n’est plus question de savoir si la dictature est préférable à la démocratie, si le fascisme italien est supérieur ou non à l’hitlérisme. Une question beaucoup plus vitale se pose alors à nous : le gouvernement politique, l’État est-il profitable à l’humanité et quelle est son influence sur l’individu ?

L’individu est la véritable réalité de la vie, un univers en soi. Il n’existe pas en fonction de l’État, ou de cette abstraction qu’on appelle «société» ou «nation», et qui n’est autre qu’un rassemblement d’individus. L’homme a toujours été, est nécessairement la seule source, le seul moteur d’évolution et de progrès. La civilisation est le résultat d’un combat continuel de l’individu ou des groupements d’individus contre l’État et même — contre la «société», c’est-à-dire contre la majorité hypnotisée par l’État et soumise à son culte. Les plus grandes batailles que l’homme ait jamais livrées l’ont été contre des obstacles et des handicaps artificiels qu’il s’est lui-même imposés et qui paralysent son développement. La pensée humaine a toujours été faussée par les traditions, les coutumes, l’éducation trompeuse et inique, dispensées pour servir les intérêts de ceux qui détiennent le pouvoir et jouissent de privilèges; autrement dit, par l’État et les classes possédantes. Ce conflit incessant a dominé l’histoire de l’humanité.

[…] L’État ecclésiastique, ou séculier, servit alors à donner une apparence de légalité et de droit aux torts causés par quelques-uns au plus grand nombre. Cette apparence de droit était le moyen le plus commode de gouverner le peuple, car un gouvernement ne peut exister sans le consentement du peuple, consentement véritable, tacite ou simulé. Le constitutionnalisme et la démocratie sont les formes modernes de ce consentement prétendu, inoculé par ce qu’on appelle «éducation», véritable endoctrinement public et privé.

Le peuple consent parce qu’on le persuade de la nécessité de l’autorité ; on lui inculque l’idée que l’homme est mauvais, virulent et trop incompétent pour savoir ce qui est bon pour lui. C’est l’idée fondamentale de tout gouvernement et de toute oppression. Dieu et l’État n’existent et ne sont soutenus que par cette doctrine.

Pourtant l’État n’est rien d’autre qu’un nom, une abstraction. Comme d’autres conceptions du même type, nation, race, humanité, il n’a pas de réalité organique. Appeler l’État un organisme est une tendance maladive à faire d’un mot un fétiche […] L’État, le gouvernement, quels qu’en soient la forme, le caractère, qu’il soit autoritaire ou constitutionnel, monarchique ou républicain fasciste, nazi ou bolchevik, est de par sa nature même conservateur, statique, intolérant et opposé au changement. S’il évolue parfois positivement c’est que, soumis à des pressions suffisamment fortes, il est obligé d’opérer le changement qu’on lui impose, pacifiquement parfois, brutalement le plus souvent, c’est-à-dire par les moyens révolutionnaires […]

Les intérêts de l’État et ceux de l’individu sont fondamentalement antagonistes. L’État et les institutions politiques et économiques qu’il a instaurées ne peuvent survivre qu’en façonnant l’individu afin qu’ils servent leurs intérêts ; ils l’élèvent donc dans le respect de la loi et de l’ordre, lui enseignent l’obéissance, la soumission et la foi absolue dans la sagesse et la justice du gouvernement; ils exigent avant tout le sacrifice total de l’individu lorsque l’État en a besoin, en cas de guerre par exemple. L’État juge ses intérêts supérieurs à ceux de la religion et de Dieu. Il punit jusque dans ses scrupules religieux ou moraux l’individu qui refuse de combattre son semblable parce qu’il n’y a pas d’individualité sans liberté et que la liberté est la plus grande menace qui puisse peser sur l’autorité… La régénération de l’humanité ne s’accomplira pas sans l’aspiration, la force énergétique d’un idéal.

Cet idéal, pour moi, c’est l’anarchie, qui n’a évidemment rien à voir avec l’interprétation erronée que les adorateurs de l’État et de l’autorité s’entendent à répandre. Cette philosophie jette les bases d’un ordre nouveau fondé sur les énergies libérées de l’individu et l’association volontaire d’individus libres.

De toutes les théories sociales, l’Anarchie est la seule à proclamer que la société doit être au service de l’homme et non l’homme au service de la société. Le seul but légitime de la société est de subvenir aux besoins de l’individu et de l’aider à réaliser ses désirs.”

Dans son essai “L’État dans l’Histoire”, publié post-mortem en 1983, Gaston Leval, ancien de la CNT espagnole et combattant anarchiste durant la révolution espagnole de 1936-1939, confirme lui aussi:

Quelqu’en soit sa forme, théocratique, militaire, absolutiste, bureaucratique, nous retouvons deux caractéristiques sans lesquelles, au fond, il n’y aurait pas d’État: la prédominance de la guerre et le prélèvement ruineux de l’impôt, car en premier lieu, l’État est simultanément un instrument d’exploitation et de domination, soit des sols, soit des hommes, mais surtout des hommes.”

[…] “En règle générale, c’est le travail de l’ensemble des hommes et des générations qui se sont succédés au cours de développement historique, qui a permis à l’humanité de s’élever, de se perfectionner, ce n’est certainement pas l’activité de l’État… L’État est bien l’œuvre des aventuriers et des exploiteurs qui savent s’imposer par la force ou par la ruse. C’est la caste des fonctionnaires qui a créée ses fonctions pour en vivre, qui a inventée de toutes pièces l’appareil dont elle se sert pour justifier de son existence.”

Plus loin, Leval nous révèle dans son étude le rôle particulièrement négatif de la fiscalité, de l’impôt en relation avec la domination et l’oppression primordiale féodale, activité qui renforça à terme, l’État et son système coercitif:

Entre l’État et le peuple s’interposa la classe des grands propriétaires responsables et privilégiés, écrit Jacques Pirenne, et comme le fisc, d’autant plus brutal que l’impôt rentrait difficilement, apparaissait aux contribuables comme le principal ennemi, les petits propriétaires, incapables de résister à la toute-puissance et à l’arbitraire des fonctionnaires, cherchèrent la protection des grands seigneurs fonciers en leur vendant leurs terres pour les reprendre ensuite en qualité de colons… Les seigneurs, par le fait même qu’ils échappaient au droit commun, constituèrent une classe de privilégiés et bientôt, abusant de leur force, ils imposèrent leur patronage, malgré la défense formelle qui leur fut faite, aux petits propriétaires et à des villages entiers qu’ils incorporèrent à leurs domaines. Ce n’est donc pas à cause de la transformation des moyens de production que fut mofifié le régime politique et juridique, mais à cause de la politique étatiste dans laquelle la fiscalité jouait un rôle prépondérant. Nous répétons, car il faut y insister, que ces mêmes faits se sont produits, à des époques différentes, dans à peu près tous les pays.

Sa critique de la centralisation étatique est précise et acerbe:

Tout gouvernant centralisateur est un despote, tout despote est un centralisateur, ce qui se répercute pratiquement, dans la structure des nations et dans le respect ou l’offense de la liberté. Voilà un axiome qu’on ne devrait jamais oublier… Le centralisme d’État est une entreprise de domestication aux prolongements universels.”

Dans son dernier chapitre: “Le remplacement de l’État”, Gaston Leval explique comment la révolution espagnole de 1936-39, héritière d’une tradition anarchiste en Espagne depuis avant 1870 sous l’influence des idées et des méthodes de Michel Bakounine, a pavé un chemin, certes bien perfectible, mais qui est l’espoir pour une humanité enfin émancipée:

Dès leur démarrage historique, les anarchistes sociaux espagnols cherchèrent des solutions constructives aux problèmes essentiels.  Ils avaient fait leur la formule de Saint-Simon: Remplacer le gouvernement des Hommes par l’administration des choses, ou celle de Proudhon qui disait: “l’atelier remplacera le gouvernement”, ce qui impliquait que la production devait être régie par les producteurs eux-mêmes et que l’organisation politico-administrative organisée par l’état, devait être remplacée par la gestion directe et l’autodirection… Le communisme anti-étatique défendait le droit économique de tout membre de la société, qui ne serait pas un parasite volontaire, à la quote-part des biens matériels qu’on pourrait lui assurer, quelle que fut la valeur de son apport personnel (ceci en contradiction avec le modèle marxiste qui évalue l’apport de travail individuel)…”

“L’état apparaît dans l’Histoire comme le résultat du droit du plus fort, de la violence, de la barbarie. Un État qui ne s’appuierait pas sur le glaive serait une contradiction. L’État, c’est la guerre au dehors, l’oppression à l’intérieur. C’est même aussi la guerre à l’intérieur entre les dynasties, les familles royales, les groupements d’intérêts, les partis politiques et l’humanité n’a que faire de ces rivalités pour s’élever.

Pour conclure son essai (écrit entre 1975 et 1978, année de sa mort), Leval balaie la notion d’utopie et nous encourage à l’action, à une action réfléchie, une praxis libertaire:

Nous sommes entrés dans une phase de l’Histoire où il faut choisir: ou l’État, ou la société. Le progrès des techniques de production précipite la diminution de la masse des producteurs et il y a un transfert de cette population vraiment active vers des activités parasitaires, le tout s’amalgamant avec le secteur tertiaire (services et administrations), où, à côté d’activités sociales parfaitement utiles, pullulent les fausses activités et les fausses professions. Ce n’est pas délirer que de craindre qu’avant un siècle, le monde des parasites ne s’impose sur celui des vrais producteurs. […]

On criera, comme on a généralement crié avant toute réalisation politique et sociale, au rêve et à l’utopie. Mais ce que nous préconisons maintenant n’est pas plus impossible que ne le fut la disparition de la société basée sur le servage. Si l’on nous demande dans les détails comment fonctionne une société non basée sur le salariat, nous répondrons que ceux qui renversèrent l’absolutisme royal ne se préoccupaient pas de la façon dont, dans la société constitutionnaliste, fonctionneraient tous les rouages de l’État qui succéderait à celui qu’ils attaquaient. Il existe même, comparativement, plus de facteurs pouvant servir à la construction d’une société nouvelle, qu’il n’en existait dans la société ancienne. L’importance du mouvement coopératif mondial en est la preuve.

Si Pierre Kropotkine fut le scientifique reconnu de la pensée anarchiste, Michel Bakounine, cité par Leval et inspirateur du mouvement libertaire espagnol dès 1868, fut le pourfendeur éclairé de l’État et de la religion. Son ouvrage le plus célèbre: “Dieu et l’État”, ne fut pourtant compilé et publié de ses écrits que 6 ans après sa mort par ses amis Carlo Cafiero et Elisée Reclus en 1882.

Voici ce que nous dit Bakounine sur l’État dans cette œuvre truculante et fascinante:

En un mot, nous repoussons toute législation, toute autorité et toute influence privilégiée, patentée, officielle et légale, même sortis du suffrage universel, convaincus que nous sommes qu’elles ne pourront tourner jamais qu’au profit d’une minorité dominante et exploitante, contre les intérêts de l’immende majorité asservie. Voilà dans quel sens nous sommes réellement des anarchistes.”

Bakounine fut un des premiers penseurs anarchiste à reconnaître l’ineptie du système éducatif étatique, fondé sur le concept de la formation de citoyens obéissants qui voteront et paieront leurs impôts (réduction de l’individu créatif à un zombie votard et contribuable) sans poser de question. Il suggéra une refonte du système éducatif, refonte qui fut la base de l’école libre espagnole de Francesco Ferrer par la suite. Bakounine savait qu’une société émancipée et donc libre ne peut se bâtir efficacement qu’avec un peuple véritablement éduqué. Sur l’éducation, Bakounine écrivait ceci:

Toute éducation rationnelle n’est au fond rien que cette immolation progressive de l’autorité au profit de la liberté, le but final de l’éducation ne devrait être que celui de former des Hommes libres et pleins de respect et d’amour pour la liberté des autres… Ce ne seront plus des écoles mais des académies populaires dans lesquelles il ne pourra plus être question de maîtres et d’élèves, où le peuple viendra librement prendre, s’il le trouve nécessaire, un enseignement libre et dans lesquelles il pourra à son tour faire profiter de son expérience et enseigner à ses professeurs. Ce sera un enseignement mutuel, un acte de fraternité intellectuelle entre la jeunesse instruite et le peuple.”

Bakounine était un visionnaire, il voyait par anticipation le chemin que prenait la gouvernance et que les États se dirigeraient de plus en plus vers une gouvernance technocratique alors que la science et la technologie au XIXème faisaient de grands progrès. Bakounine fut certainement un des tous premiers à mettre en garde contre l’avancée technocratique qui ne servirait ultimement que le petit nombre dans un mode fait de contrôle et nouveaux dogmes:

“… la science a pour mission unique d’éclairer la vie et non de la gouverner. Le gouvernement d ela science et des homes de la science, s’appelassent-ils même des positivistes, des disciples d’Auguste Comte ou même des disciples de l’école doctrinaire du communisme allemand, ne peut être qu’impuissant, ridicule, inhumain, cruel, oppressif, exploiteur et malfaisant […]

Ce que je prêche, c’est donc jusqu’à un certain point, la révolte de la vie contre la science ou plutôt contre le gouvernement de la science. Non pour détruire la science, ce serait un crime de lèse-humanité, mais pour la remettre à sa place, de manière à ce qu’elle ne puisse jamais en sortir. Jusqu’à présent, toute l’histoire humaine n’a été qu’une immolation perpétuelle et sanglante de millions de pauvres êtres humains en l’honneur d’une abstraction impitoyable quelconque: dieux, patrie, puissance de l’état, honneur national, droits historiques, droits juridiques, liberté politique, biens publics.

Bakounine pensait que l’État et la religion était intrinsèquement lié et que l’un n’existait pas sans l’autre, même dans des états en apparence non théocratiques:

Il n’est pas, il ne peut exister d’État sans religion. Prenez les états les plus libres du monde,  les Etats-Unis ou la Confédération Suisse, par exemple et voyez quel rôle important la providence divine, cette sanction suprème de tous les états, y joue dans tous les discours officiels…”

Dans la postface de “Dieu et l’État” (dans l’édition Mille et Une Nuits), Joël Gayraud dit ceci de la pensée de Bakounine: “… pour Bakounine, l’état doit être aboli dès le début du processus révolutionnaire sous peine de voir se constituer une nouvelle classe dominante qui ne possèderait plus seulement, comme la bourgeoisie, la terre ou les usines, mais la terre toute entière. Prévision d’une lucidité éclatante… Si comme les philosophes des Lumières, Bakounine voit dans la science une arme propre à dissiper les ténèbres de l’obscurantisme et du fanatisme, il se refuse à la sacraliser et nous met en garde contre les tentations positivistes d’un gouvernement de savants qui exerceraient une dictature sur la vie elle-même. Aujourd’hui où les délires d’une caste technocratique soutenue par des scientifiques sacrifiant à la religion de l’économie produisent de nouvelles maladies et font courir des risques mortels aux écosystèmes de la planète, on ne peut-être frappé encore une fois de la puissance anticipatrice du révolutionnaire russe… On ne saurait remplacer une religion par une autre, fût-elle la religion du progrès social ou de l’humanité, sans maintenir les fondements idéologiques de l’oppression. De même que l’abolition de l’État est la condition d’émergence d’une société libre, le refus de toute transcendance, métaphysique ou religeuse, est la condition première de la liberté de l’esprit.

A suivre… 3ème partie sur la désobéissance civile…

10 Réponses to “Résistance politique: En savoir plus sur la société, l’État, la désobéissance civile et la commune libre pour mieux agir – 2ème partie –”

  1. Bonjour,

    L’on peut lire ci-dessus :  » L’histoire est viciée dès sa première page où elle ment en parlant des royautés mérovingienne et carolingienne »

    Pourriez vous me conseiller une lecture me permettant de confirmer/documenter le fait que parler de ces « royautés » ne serait pas correct, ou avez vous une explication?

    Merci

    • Bonjour Tanguy,

      Nous n’avons rien trouvé de plus dans nos archives ou en ligne, sur ce que Kropotkine dit. Il ne remet pas en cause, à notre sens, l’existence de ces « dynasties », mais semble t’il, leur mode d’accession au pouvoir. Nous n’avons rien trouvé d’autre dans les écrits de Kropotkine à notre disposition sur le sujet. Kropotkine a étudié cette période historique afin de mieux comprendre les principes et l’historiographie des cités médiévales des XIème au XVème siècles, ce qu’il considère comme « l’âge d’or » de la culture occidentale, même s’il reconnaît par ailleurs que ces cités médiévales étaient perfectibles bien évidemment, elles ne sont pas des modèles mais des preuves historiques que l’humain s’est organisé autrement et de manière positive, sans avoir recours à une guidance élitiste systématique. Lors de ses études, il a dû découvrir des choses spécifiques concernant les monarchies mérovingienne (dynastie Clovis) et carolingienne (dynastie Charlemagne), qu’il n’a pas publié dans le détail à notre connaissance.

      Question intéressante, si quelqu’un du lectorat possède des informations supplémentaires à ce sujet, merci de nous en faire part à tous sur ce fil…

  2. […] Voici la seconde partie de notre « Petits précis sur la société, l’état, la désobéissance civile et les communes libres » entièrement dédiée à une étude sur l’État…  […]

  3. l’humanité
    – le 3 Janvier 2013
    Au Canada, Theresa Spence porte la colère des autochtones

    Le mouvement « Idle No More » (Fini la passivité) regroupe Amérindiens, Inuits et Métis du Canada qui refusent un projet de loi qui risque de mener à la destruction de leurs spécificités. Une femme incarne désormais leur combat : Theresa Spence

    Mouvement auquel s’allie l’opposition dont les manifestations avaient marqué ces derniers mois.

    C’est une avancée majeure ce ralliement de toutes les composantes de la société en opposition à la privatisation des territoires.

    Ce qu’il faut dire pour ne pas s’en aller à rêver, les puissants sont devenus tellement cyniques qu’ils ne reculent desormais devant rien et font comme Monsanto : changement des lois qui donne autorité au chef de clan pour décider de louer ou de vendre ces territoires et ils s’appuient aussi sur les droits libellés depuis toujours de manière tellement vague, qu’ils peuvent être contournés.

    Mais la lutte va s’étendre et nous avons intérêt à nous y joindre également.

  4. Un texte qui je pense vient tout à fait bien en complément de celui-ci: La communalité comme théorie et comme pratique.
    http://www.lavoiedujaguar.net/La-communalite-comme-theorie-et

    • oui tout à fait ! Excellent texte de Lapierre. Nous verrons dans la 4ème partie de notre essai sur la Commune Libre les concepts de gens comme Kropotkine, De Santillan et Murray Bookchin sur la commune moderne et comment peut-elle s’installer durablement…

      Les communes libres librement associées au sein de fédérations non hiérarchiques sont l’avenir de l’humanité.
      Comme toutes les vérités, elle passe par les trois phases de Schopenhauer:
      1- elle est moquée
      2- elle est combattue
      3- elle est vue comme une évidence
      Les peuples passeront à terme facilement de la phase 1 à la phase 3, l’oligarchie quant à elle est déjà en phase 2 depuis un bon moment… Qu’à cela ne tienne, elle perdra à terme de l’irrésistibilité du concept.

      Merci de ce lien…

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