Ingérence de la France au Moyen-Orient et en Afrique: Un néo-colonialisme débridé au service de l’empire ?

Nouvel angle de vision intéressant apporté par Meyssan sur la crise syrienne. Tout n’est pas rose dans les coulisses du pouvoir, le pire est que tout cela est fait en notre nom… Cela choque t’il quelqu’un ?

— Résistance 71 —

 

Les mauvais perdants de la crise syrienne

 

Thierry Meyssan

 

Le 28 Octobre 2012

 

url de l’article original:

http://www.voltairenet.org/article176392.html

 

En 2010, la France a fait le choix de relancer sa politique coloniale. Cela l’a conduit à changer le régime en Côte d’Ivoire et en Libye, puis à essayer de la faire en Syrie. Mais face à l’échec de cette troisième opération, Paris se trouve emporté par les événements qu’il a provoqués. Après avoir armé et encadré des groupes terroristes en Syrie, la DGSE a frappé au cœur de la capitale libanaise.

Lors d’une table ronde à Ankara, l’amiral James Winnefeld, chef d’état-major adjoint des USA, a confirmé que Washington révélerait ses intentions à l’égard de la Syrie, dès l’élection présidentielle du 6 novembre terminée. Il a clairement fait comprendre à ses interlocuteurs turcs qu’un plan de paix avait déjà été négocié avec Moscou, que Bachar el-Assad resterait en place et que le Conseil de sécurité n’autoriserait pas la création de zones tampons. De son côté, le secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, a confirmé qu’il était en train d’étudier les possibilités de déploiement de casques bleus en Syrie.

Tous les acteurs de la région se préparent donc à un cessez-le-feu imposé par une force onusienne principalement composée de troupes de l’Organisation du Traité de sécurité collective (Arménie, Biélorussie, Karazkhstan, Kirghizistan, Russie, Tadjikistan). De facto, cela signifie que les Etats-Unis poursuivent leur retrait de la région, débuté en Irak, et acceptent d’y partager leur influence avec la Russie.

Simultanément, le New York Times a révélé que des pourparlers directs vont reprendre entre Washington et Téhéran, alors même que les États-Unis s’appliquent à couler la monnaie iranienne. En clair, après 33 ans de containement, Washington admet que Téhéran est une puissance régionale incontournable, tout en continuant à saboter son économie.

Cette nouvelle donne se fait au détriment de l’Arabie saoudite, de la France, d’Israël, du Qatar et de la Turquie qui avaient tous misé sur un changement de régime à Damas. Cette coalition hétéroclite se divise désormais entre ceux qui réclament un lot de consolation et ceux qui tentent de saboter le processus en cours.

D’ores et déjà, Ankara a changé son fusil d’épaule. Recep Tayyip Erdogan, qui se disait prêt au pire, tente de se réconcilier avec Téhéran et Moscou. Quelques jours après avoir insulté les Iraniens et fait molester des diplomates russes, il est devenu tout sourire. Il a profité du sommet de l’Organisation de Coopération Economique à Bakou pour rencontrer le président Mahmoud Ahmadinejad. Il lui a proposé de mettre en place un dispositif complexe de discussion sur la crise syrienne qui permette à la fois à la Turquie et à l’Arabie saoudite de ne pas rester au bord du chemin. Soucieux de ne pas humilier les perdants, le président iranien s’est montré ouvert à cette initiative.

Le Qatar, de son côté, est déjà en quête de nouveaux espaces pour ses ambitions. L’émir Hamad s’est offert un voyage à Gaza et s’est posé en protecteur du Hamas. Il verrait d’un bon œil le renversement du roi de Jordanie, la transformation du royaume hachémite en une république palestinienne et l’installation au pouvoir de ses protégés de la Confrérie des Frères musulmans.

Restent Israël et la France qui ont constitué un front du refus. La nouvelle donne serait une garantie de protection pour l’État d’Israël, mais mettrait fin à son statut particulier sur la scène internationale et ruinerait ses rêves expansionnistes. Tel-Aviv serait ravalé au rang de puissance secondaire. Quand à la France, elle y perdrait son influence dans la région, y compris au Liban. C’est dans ce contexte que les services secrets des deux États ont conçu une opération pour faire échouer l’accord USA-Russie-Iran. Dans l’hypothèse où cette opération échouerait, elle devrait quand même permettre d’effacer les preuves de l’ingérence dans la crise syrienne.

La France a d’abord fait circuler une rumeur selon laquelle le président Bachar el-Assad aurait commandité au Hezbollah l’assassinat de cinq personnalités libanaises : le chef des Forces de sécurité intérieure, le directeur des forces du ministère de l’Intérieur, le grand mufti, le patriarche maronite et l’ancien Premier ministre Fouad Siniora. Puis, Paris a sacrifié Michel Samaha —qui lui servait d’agent de liaison avec les services syriens, mais venait de tomber en disgrâce à Damas et était donc devenu inutile—. Le brillant et versatile politicien est tombé dans un piège tendu par le général Wissam el-Hassan —chef des FSI et lui même agent de liaison avec les salafistes—. Puis, Paris a sacrifié le général Wissam el-Hassan, qui non seulement était devenu inutile en cas de paix en Syrie, mais dangereux tant il savait de choses. Ainsi la rumeur française s’est réalisée : le premier sur la liste des cibles est mort, et une personnalité pro-syrienne a été arrêtée en préparant un attentat contre une autre cible de la liste.

Au cœur de cette machination, on trouve le général Benoît Puga. Cet ancien commandant des Opérations spéciales et directeur du Renseignement militaire français a été chef de l’état-major particulier du président Nicolas Sarkozy et a été maintenu à son poste par le président François Hollande. Affichant un soutien inconditionnel à la colonie juive de Palestine [1] et des relations privilégiées avec les néo-conservateurs US, il a relancé la politique coloniale de la France en Côte d’Ivoire, en Libye et en Syrie. Il était l’agent traitant à la fois de Michel Samaha et de Wissam el-Hassan. Il est aujourd’hui l’homme fort à Paris. En violation des institutions démocratiques, il gouverne seul la politique proche-orientale de la France, bien que cette attribution ne corresponde pas à ses fonctions officielles.

5 Réponses to “Ingérence de la France au Moyen-Orient et en Afrique: Un néo-colonialisme débridé au service de l’empire ?”

  1. […] et propagande, terrorisme d’état. Suivez toutes les réponses à cet article via le flux RSS 2.0. Vous pouvez laisser une réponse ou envoyer un rétrolien depuis votre […]

  2. La « surprise d’octobre 2012 » aura peut-être même lieu avant Novembre, « Sandy » semble un évènement fabriqué prétexte à la fermeture de Wall Street ce qui est sans précédent.
    Il est donc possible qu’en coulisse, se préparent des évènements qui vont renverser le « paradigme » qui nous a été présenté comme « inévitable », à savoir le triomphe de l’Empire sur une grande partie de la planète.
    Obama a un « double jeu » très étonnant. Nous en pouvons que regretter que Hollande-Flamby 1° ne soit qu’un clone joufflu de Sarkozy et qu’il enfonce notre pays dans l’égarement, alors que l’axe Tel Aviv semble de plus en plus contesté, y compris aux E-U par la « CFR » elle-même !

    • Pas tant que çà en fait… Israël (et le sionisme) n’est qu’un pion, un outil et pas une fin en soi…
      Le but des oligarques du sommet de la pyramide est le chaos total pour imposer le Nouvel Ordre Mondial sous forme d’une dictature planétaire régie par le cartel choisi de la haute finance et de l’industrie de pointe.
      Pour ce faire ils ont besoin de deux choses:
      1- Éradiquer les souverainetés nationales… C’est le but de l’effondrement calculé de l’économie mondiale, c’est en cours…
      2- Une guerre majeure, mondiale, en évitant qu’elle soit thermonucléaire… C’est en cours…
      De là, pour ces esprits psychopathes et sociopathes, viendra le Ordo ab chao, qui constitutue leur devise, c’est à dire « l’ordre par le chaos ».
      Les velléités eugénistes de ces ordures les rend extrêmement dangereux (cf le dernier exemple en date: Il y a quelques jours le milliardaire eugéniste Ted Turner a déclaré lors d’une interview sur un média majeur qu’il était « très bien que les militaires américains se suicident en masse » (le taux de suicide dans l’armée yankee a atteint des plafonds inégalés dans l’histoire, c’est la première cause de mortalité chez les trouffions alors qu’ils sont engagés dans deux guerres au sol + guerres par proxy…).

      En fait, pour les théoriciens du Nouvel Ordre Mondial, tout va bien, les évènements suivent leurs cours nécessaires, ils rajoutent un peu d’huile sur le feu deci-delà… Quelques anicroches certes, mais pour les Rockefeller, les Rothschild et leurs laquais, çà baigne tranquillement…

      • Je comprends bien vos arguments, mais vous êtes plus pessimiste que je le suis, ou que Thierry Meyssan l’est. Le « pire » est certes possible, mais il n’est pas certain, croyons le car c’est possible. La Syrie semblait en situation désespérée, mais finalement, elle tient encore, l’Empire est tombé sur un os…

        • oui, le cas de la Syrie semble être un hoquet… N’oublions pas que le général américain Wesley Clark, ancien de l’état-major inter-armée yankee avait rapporté qu’en 2001 il avait été briefé que les Etats-Unis allaient attaquer 7 pays musulmans, ce qui a été fait (sauf pour l’Iran…). Dans ce plan la Libye et la Syrie devaient être attaquées SIMULTANEMENT… c’est là où c’est partie en sucette pour l’oligarchie. Pas été capable de respecter le timing… çà leur a coûté les vetos russe et chinois pour la Syrie après que ceux-ci se soient fait « dupés » pour l’opération libyenne (pas sûr encore mais soit.. d’où nos « — » à dupés…).
          Il y a des frictions au sommet de la pyramide, mais pour les gros pontes (Rothschild et Rockefeller), çà baigne, ils siphonnent tout le fric et propriétés possible et imaginables, le pouvoir financier se concentre dans de moins en moins de main, les cartels financiers et industriels réduisent les dernières poches de résistance au capitalisme monopoliste eugéniste.

          La solution viendra des peuples pas du système. La balle est dans notre camp. Il faut se réveiller et agir, il est minuit moins cinq Dr Schweitzer… tic tic tic toc…

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