Résistance politique: petit guide de la désobéissance civile (Howard Zinn)…

Petit guide de la désobéissance civile en 7 points essentiels

 

Par Howard Zinn

 

Traduit de son livre “Disobedience and Democracy” (Vintage Book, 1968, pages 119-122) par Résistance 71

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Pour nous guider dans nos décisions de quand obéir et quand désobéir à la loi, peut-être pouvons-nous assembler pour nous-mêmes un petit guide, qui pourrait avoir cette forme pour squelette:

1-   La désobéissance civile est l’infraction délibérée et discriminative à la loi au nom d’une cause sociale vitale. Cela devient non seulement défendable mais nécessaire lorsqu’un manquement à un ou plusieurs droit humain est de rigueur et quand la voie légale n’est pas ou plus adéquate pour garantir ce droit. Ceci peut prendre la forme d’enfreindre une loi odieuse, de protester contre une ou des conditions injuste ou en moquant symboliquement une loi ou une condition existante. Cela pourra ou ne pourra pas être rendu légal à cause de la loi constitutionnelle ou de la loi internationale, mais son objectif est toujours de réduire l’écart entre la loi et la justice et ce dans un processus infini du développement de la démocratie.

2-   Il n’y a aucune valeur sociale à une obéissance générale à la loi, pas plus qu’il n’y a de valeur à une désobéissance générale à la loi. L’obéissance à de mauvaises lois est une façon d’inculquer une soumission abstraite à la “règle de la loi” et ne peut qu’encourager à la tendance déjà très forte pour les citoyens de s’incliner devant le pouvoir de l’autorité, de renoncer à défier le statu quo. Exalter la règle de la loi est une marque absolue de totalitarisme et il est très possible d’avoir une atmosphère de totalitarisme dans une société qui possède beaucoup des attributs d’une démocratie. Insister sur le droit des citoyens à désobéir à des lois injustes et le devoir des citoyens de désobéir à des lois injustes et dangereuses, est l’essence même de la démocratie, qui assume que le gouvernement et ses lois ne sont pas des choses sacrées, mais des outils servant certains buts: la vie, la liberté, le bonheur. Les outils ne sont pas indispensables, les buts si.

3-   La désobéissance civile peut parfois impliquer l’effraction de lois qui ne sont pas odieuses afin de pouvoir protester contre un problème important. Dans chaque cas, l’importance de la loi enfreinte devra être évaluée par rapport à l’importance de l’objet de la contestation. Une loi sur la circulation routière, temporairement désobéie, n’est pas aussi important que la vie d’un enfant renversé par une voiture; l’envahissement illégal de bureaux n’est en rien aussi sérieux que l’assassinat d’innocents dans une guerre, l’occupation illégale d’un bâtiment n’est pas aussi maléfique que le racisme dans l’enseignement. Comme non seulement des lois spécifiques, mais aussi des conditions générales peuvent devenir insupportables, les lois qui ne sont pas ordinairement dures, peuvent aussi être désobéies en signe de protestation.

4-   Si un acte spécifique de désobéissance civile est un acte moralement justifiable de protestation, alors l’emprisonnement de ceux qui s’engagent dans cet acte est immoral et se doit d’être opposé, et contesté jusqu’à la fin. Les manifestants ne doivent pas être plus amènes d’accepter la punition qui va avec l’infraction de la loi, que d’accepter la loi qu’ils enfreignent. Il se peut qu’il y ait des occasions où les manifestants désireront aller de leur plein gré en prison, voyant cela comme un moyen de continuer leur protestation, comme d’une façon de montrer à leurs concitoyens l’injustice occasionnée. Mais ceci est très différent que de dire que les manifestants qui enfreignent la loi doivent aller en prison car cela est la règle du jeu pour ceux qui commettent la désobéissance civile. Le point clé ici est de s’assurer que l’esprit même de la protestation doit être maintenu tout au long du processus, que ceci soit fait par le moyen de rester en prison ou en évitant d’y aller. Accepter  d’aller en prison comme faisant partie de la “règle du jeu” revient en fait à changer brusquement d’un état d’esprit combattant à un état d’esprit soumis, diminuant ainsi le sérieux de l’affaire et du processus de manifestation.

5-   Ceux qui s’engagne dans la désobéissance civile doivent choisir des moyens d’action et des tactiques les moins violents possibles, remplissant de manière adéquate l’efficacité des objectifs à atteindre en fonction de l’importance du sujet. Il doit y avoir une relation raisonnable entre le degré de désordre occasionné et la signifiance de l’affaire du moment. La différence entre nuire aux personnes et nuire aux biens et aux propriétés est à prendre en considération par dessus tout. Les tactiques employées contre les biens et propriétés peuvent inclure (là encore après évaluation de l’efficacité et de l’affaire): la dépréciation (comme le boycott), les dégâts matériels, l’occupation temporaire et l’appropriation permanente. Dans tous les cas de figures, la force de tout acte de désobéissance civile doit être clairement focalisée de manière discriminatrice sur l’objet de la cause de la protestation.

6-   Le degré de désordre causé dans l’acte de désobéissance civile ne doit pas être soupesé contre une “fausse paix” présumée existante dans le statu quo, mais contre le véritable désordre et la violence qui font parties de la vie quotidienne, exprimés ouvertement internationalement par les guerres, mais caché localement sous une façade “d’ordre”, qui enbrouille la question de l’injustice dans la société contemporaine.

7-   Dans notre raisonnement et notre pensée au sujet de la désobéissance civile, nous ne devons jamais oublier que nous et l’État avons des intérêts divergents et nous ne devons pas être leurrés de l’oublier par les agents de l’État. L’État recherche le pouvoir, l’influence, la richesse, comme étant des finalités en eux-mêmes. L’individu recherche la santé, la paix, l’activité créatrice, l’amour. L’État par son pouvoir et sa richesse possède un réservoir sans fin  de portes-parole pour ses intérêts. Ceci veut dire que le citoyen doit comprendre le besoin de penser et d’agir pour et par lui-même, de concert avec ses concitoyens.

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Howard Zinn (né le 24 août 1922 à Brooklyn, New York, mort le 27 janvier 2010 à Santa Monica, Californie1) est un historien et politologue américain, professeur au département de science politique de l’Université de Boston.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, il s’engage dans l’armée de l’air et est nommé lieutenant bombardier naviguant. Son expérience dans l’armée a été le déclencheur de son positionnement politique pacifiste qui élève au rang de devoir la désobéissance civile2.

Il a été un acteur de premier plan du mouvement des droits civiques comme du courant pacifiste aux États-Unis.

Auteur de vingt livres dont les thèmes (monde ouvrier, désobéissance civile et « guerre juste » notamment) soulignent l’articulation entre ses travaux de chercheur et son engagement politique, il est particulièrement connu pour son best-seller Une histoire populaire des États-Unis, qui « l’a consacré comme l’un des historiens américains les plus lus, bien au-delà des campus américains »3.

(Source Wikipédia)

10 Réponses to “Résistance politique: petit guide de la désobéissance civile (Howard Zinn)…”

  1. Source: disquietreservations.blogspot

    http://infoguerilla.fr/?p=12347

    Israël et l’Amérique déclarent une guerre totale à la Perse

    Nous vivons des temps dangereux.

    Les régimes terroristes d’état en Israël, Arabie saoudite et
    Washington poussent de façon éperdue à une troisième guerre mondiale au
    Moyen-Orient. Si elle est menée jusqu’à la toute fin, cette guerre va
    causer la chute de beaucoup de nations. Israël, l’Amérique et l’Iran
    seront toutes détruites.

    L’Amérique tombera pour des raisons économiques, et Israël et l’Iran
    échangeront des coups jusqu’à ce qu’elles s’effondrent ensemble. À ce
    moment, où toutes les nations saigneront sur leurs genoux, un nouveau
    gouvernement mondial autoritaire, maniant l’épée de la paix dans le
    monde, leur coupera la tête d’un seul coup. Le drapeau d’un nouvel âge
    sera ensuite planté sur les ruines tant de la civilisation occidentale
    que de la civilisation islamique.

    Si vous avez anticipé l’Armageddon toute votre vie, alors arrêtez
    d’anticiper et commencer à vous préparer pour ce qui nous attend. Toutes
    ces choses vont bientôt se produire. Nos dirigeants fous et les médias
    de l’establishment nous poussent tous vers l’enfer, en descendant la
    colline de mensonges. Et c’est sans espoir de retour.

    Comment ceci est accompli? Comment l’opinion publique est t-elle
    conditionnée pour une nouvelle guerre? Nous avons une meilleure idée de
    ce qui se passe cette fois parce que la progression vers la guerre en
    Irak reste encore fraîche dans nos esprits.

    La chose la plus importante à noter est que les points clés dans la
    guerre psychologique sont pompés chaque jour dans l’esprit public
    mondial par Israël, Washington et l’Arabie saoudite.

    Voici certains des points clés:

    # 1: « L’Iran projetait d’assassiner un allié américain sur le sol américain. »

    # 2: « L’Amérique et Israël doivent agir ou le régime va s’enhardir. »

    # 3: « Le gouvernement iranien est fou. Il ne veut pas la paix. Il a été en guerre avec l’Amérique depuis 1979… »

    # 4: « Israël n’a pas d’autre choix que de se défendre elle-même et empêcher un holocauste nucléaire. »

    # 5: « Le président Obama ne peut pas se pas se dégonfler et
    permettre à l’Iran de prendre le contrôle de l’Irak, assassiner des
    alliés des américains, et tuer des soldats américains. »

    Aussi, l’histoire ancienne est réécrite et de l’histoire nouvelle est
    créée à partir de rien. La destruction par Washington de l’Irak est
    considérée comme un succès, pendant que les criminels de guerre dans les
    coulisses sont occupés à inventer de nouvelles excuses pour attaquer le
    prochain pays sur la liste noire des néocons/Israël: l’Iran.

    Et ils utilisent la même formule qui a marché la dernière fois:
    accuser et calomnier l’Iran, censurer le scepticisme et les faits dans
    la presse occidentale, appeler à des représailles contre l’Iran,
    dénoncer les voix pro-paix comme des amis des Ayatollahs, inventer
    autant d’histoires de propagande que possible, et enfin attaquer l’Iran
    au nom de la défense de la civilisation contre la barbarie, le
    terrorisme et le fanatisme religieux.

    L’affirmation selon laquelle le gouvernement iranien a cherché à
    assassiner l’ambassadeur d’Arabie Saoudite à Washington est absurde.
    Mais pas plus absurde que l’affirmation selon laquelle Al-Qaïda était
    responsable des attentats du 9/11. Ou que l’Irak possédait des armes de
    destruction massive alors que ce n’était pas le cas. Les éléments
    preuves concernant les attaques du 9/11 pointent vers le Mossad de
    l’ombre et la CIA de l’ombre.

    Tous ces mensonges viennent à la vie après avoir été répété mille
    fois par les représentants malhonnêtes du gouvernement et leurs
    lieutenants et fantassins dans les médias.

    Faire rôtir l’esprit du public c’est comme faire rôtir un cochon au
    dessus d’un feu. La chaleur de la propagande doit être appliquée
    uniformément à l’esprit du public au dessus d’un feu de mythes jusqu’à
    ce qu’il soit complètement cuit. Ensuite, il est prêt à être découpé et
    mangé par les loups de guerre.

    Les représentants du gouvernement et les propagandistes qui poussent à
    la guerre avec l’Iran doivent être énergiques et directs. La ligne du
    parti doit être maintenue même si c’est une plaisanterie. Faire preuve
    de faiblesse est un péché. Donner du temps d’antenne à des opinions
    dissidentes vous fera lyncher par les sionistes et les néocons. Ces fous
    sont déterminés à déclencher une guerre totale au Moyen-Orient.

    Le but de la dernière offensive dans la guerre psychologique est de
    donner une bonne image de l’Amérique pour les crimes de guerre qu’elle a
    commis en Irak et en Libye, et donner à l’Iran une mauvaise image pour
    les crimes de guerre qu’elle n’a jamais commis et qui sont totalement
    fabriqué.

    Dans le Washington Post, le criminel de guerre David Ignatius, écrit
    que son collègue comploteur et criminel de guerre Ahmed Chalabi, le
    choix des néocons pour le sauveur de l’Irak, n’a « pas de regrets pour
    le fait de pousser les Etats-Unis à entrer en guerre avec l’Irak. »

    Dans le Wall Street Journal, le criminel de guerre Emanuele Ottolenghi affirme
    que le gouvernement iranien « doit payer un lourd tribut », pour un
    crime dont le gouvernement américain n’a aucune preuve qu’il l’a commis
    ou planifié.

    L’ancien analyste de la CIA Paul R. Pillar et Ray McGovern, avisent la population américaine et le monde de ne pas tomber à nouveau dans le panneau de cette folie.

    Dan Simpson, un ancien agent du service extérieur et ancien
    chroniqueur au Pittsburgh Post-Gazette, questionne les motivations du
    président Obama dans son article, « Nous n’avons pas besoin d’une guerre avec l’Iran.»

    Peut-être que les sionistes, les mondialistes et les néocons seront
    punis pour leurs transgressions contre la loi, et la raison prévaudra.
    Mais c’est peu probable.

    La raison ne prévaudra pas tant que les bellicistes qui répandent des
    mensonges à la télévision et dans la presse écrite ne seront pas
    confrontés courageusement et accusé de crimes de guerre. Les
    journalistes de l’establishment, les experts et les diffuseurs qui
    utilisent leur plateforme publique pour répéter les mensonges officiels
    et légitimer une troisième guerre mondiale doivent sentir la colère des
    peuples du monde entier.

  2. ils continuent de tenter de destabiliser les républiques du Proche Orient et du Moyen Orient, avec des déclarations fracassantes et simplistes pour toucher le plus grand nombre parmi nous qui sommes soumis à une propagande incessante, mais il est fort probable que le peuple iranien n’apprécie pas comme le peuple chinois qui commence à s’exprimer et qui demande à son gouvernement de n’aider l’Europe dans ses dettes souveraines que sous des conditions strictes.

    de plus la Chine et la Russie apporte leur appui à l’Iran.

    Enfin la crise aux USA et en Europe est si grave, qu’il semble que ce soit la priorité, mais l’empire militaro industriel qui continue à dominer les états lui continue son travail de harcélement et les états l’aident à mettre en place les régimes qui leur conviennent en Tunisie, car ennhada était basé à Londres et en Egypte ils appuient l’ancien régime appuyé sur l’armée reconverti mais la contestation ne faiblira pas.

    Pour l’instant les occidentaux entravent le printemps arabe en appuyant les frères mussulmans et l’armée mais la contestation ne faiblira pas et le devenir de ces régimes ne leur appartient pas comme cela s’est passé en Irak ou en Afghanistan, même si pour ces 2 pays, il y a une apparence de retour en arrière.

    les attentats sont dirigés contre les occidentaux ou les séides locaux des occidentaux.

    C’est certain que le peuple qui n’a rien à voir avec les uns et les autres en paie un prix élevé, mais cela nourrit la contestation.

  3. précision :
     » les occidentaux appuyant l’arméee en Egypte et les frères musulmans en Egypte et en Tunisie »

  4. […] article du Monde Libertaire fait écho à nos traductions d’Howard Zinn (1, 2, 3) qui fut, à l’instar de Martin Luther King (qu’il connaissait) et Gandhi, un […]

  5. […] article du Monde Libertaire fait écho à nos traductions d’Howard Zinn (1, 2, 3) qui fut, à l’instar de Martin Luther King (qu’il connaissait) et Gandhi, un adepte […]

  6. […] Nous avons publié la traduction d’une partie d’un ouvrage qu’il publia en 1968: “Disobedience and Democracy, Nine Fallacies on Law and Order”, nous avons également traduit son discours: “Le problème est l’obéissance civile”  où […]

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