Archive pour juin, 2011

Impérialisme et ingérence… Au coeur du système de création des « révolutions » américain… Fric, internet et dette politique à payer.

Posted in actualité, désinformation, guerre iran, guerre Libye, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, média et propagande, sciences et technologies with tags , , , , on 30 juin 2011 by Résistance 71

Le fric et la technologie cybernétique à l’offensive pour les Etats-Unis

 

RT, le 28 Juin 2011

 

url de l’article original (avec reportage vidéo de 3min35 en anglais):

http://www.informationclearinghouse.info/article28421.htm

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

 

Le bureau pour la démocratie, les droits de l’Homme et le travail du département d’état américain a demandé des propositions sur le comment provoquer un changement dans un certain nombre de pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, ainsi que Cuba. Les Etats-Unis proclament que leurs intentions sont louables, disant qu’ils ne veulent que renforcer des groupes en faveur de la société civile dans ces pays. L’avocate et journaliste Eva Golinger pense différemment: “Ce n’est juste qu’une autre forme de provoquer un changement de régime. Ils essaient juste de le faire d’une manière différente ou sous une façade différente, disant que malgré tout ils promeuvent la démocratie avec les meilleures intentions, mais en réalité ils ne promeuvent que l’agenda des Etats-Unis.”

“Ceci n’est pas du tout à propos de la démocratie”, argumente le chercheur et historien indépendant américain Jeff Freisen. “Une chose que j’ai apprise est que la politique étrangère états-unienne a tout à voir avec la puissance, et la puissance seule… Je pense que si vous pensez que quelque chose de positif viendra de ces changements ‘démocratiques’ de régimes, cela n’est pas vrai.”

Le département d’état finance entr’autre la création de réseaux sans fil indétectable qui permettraient aux activistes de communiquer en dehors du système contrôlable par les gouvernements de pays comme l’Iran, la Syrie, la Libye; en accord avec des participants à ces projets.

D’autres programmes incluent le soi-disant “internet dans une valise”, un émetteur puissant sans fil que les activistes peuvent utiliser pour mettre en place leur propre réseau, afin de contourner le contrôle étatique. Mais en même temps, les entreprises américaines donnent aux autorités Bahreïnis, saoudiennes, et koweitiennes la technologie pour bloquer efficacement les sites internet. “Ces doubles standards exisent et tout le monde se doit d’être pleinement conscient de ces choses et comprendre que cela fait partie intégrante de la politique étrangère américaine. Le gouvernement des Etats-Unis provoque des changement de régimes, c’est ce que sont essentiellement les révolutions colorées; et il a une motivation géopolitique, qui est différent selon le pays dans lequel il travaille.” Dit Eric Pottenger, auteur et bloggeur. La technologie n’est pas tout ce que les Etats-Unis fournissent pour provoquer les changements politiques dans certains pays.

Certains mouvements d’opposition reçoivent de l’argent directement. Par exemple, les câbles de Wikileaks montrent que le département d’état a financé secrètement les groupes anti-gouvernement syriens et ce depuis des années. “Ceci est fait en général pour créer un monde qui est plus aligné, plus spécifiquement et de manière plus contrôlé, aligné sur la vision des Etats-Unis; ceci sans avoir à bombarder, sans avoir à envahir un pays.” Explique Luis Rumbaut du fond éducatif Alianza Cubano-Americana.

Il y a une page sur le site internet du département d’état américain qui fait la promotion de subsides pour ceux désirant amener un changement politique à Cuba la communiste. Un des pré-requis dit: “Il est préférable pour ces personnels de parler couramment l’espagnol, de posséder une compréhension solide du contexte culturel et d’avoir eu une expérience préalable sur l’île et ce afin de maximiser leur efficacité dans cet environnement fonctionnel unique.”

Ceci ressemble beaucoup à un recrutement d’agent pour un service de renseignement. Mais au lieu de le faire d’une manière secrète, les Etats-Unis le font directement et ouvertement sur leur site internet. L’aide des Etats-Unis vient le plus souvent avec une obligation de renvoyer l’ascenceur. Beaucoup disent que les leaders de l’opposition libyenne, qui ont maintenant le soutien politique et financier de Washington, sont certains de recevoir des instructions sur le comment renvoyer l’ascenceur quand le temps sera venu. “Leurs attitudes finissent par être similaires de celles des agents du gouvernement américain, même s’ils ne pensent pas que c’est nécessairement ce qu’ils font.” Pense Eric Pottenger.

Crise économique: FMI et Banque Mondiale de l’intérieur, les armes de destruction massive de l’oligarchie financière

Posted in actualité, économie, crise mondiale, N.O.M, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, politique et social, politique française, résistance politique with tags , , , , , , , , , , , , on 29 juin 2011 by Résistance 71

Nous avons traduit ici un article écrit par le journaliste d’enquête Greg Palast en Avril 2001, alors qu’il était encore à l’Observer. Cet article d’une actualité brûlante concerne le FMI et la Banque Mondiale. Palast interviewait pour l’occasion Joseph Stiglitz, chantre économiste néolibéral, dont la potion théorique fut mise en application au FMI et à la Banque Mondiale. Stiglitz fut chef conseiller économiste de Bill Clinton et économiste en chef de la Banque Mondiale. Voyant les échecs et les erreurs se multiplier devant ses yeux, il eut l’audace de critiquer les plans de restructuration proposés alors, et toujours de nos jours, demandez à nos compagnons grecs, et donc de remettre en cause la globalisation made in USA. Il fut limogé de la Banque Mondiale en 1999 et s’est retourné depuis contre le système qu’il a grandement aidé à créer. Son repent est un acte d’honnêteté intellectuelle, sa volte-face un acte d’intégrité et de compassion.

Cet article nous fait voir de l’intérieur le machiavélisme économique des grands argentiers qui pillent le monde progressivement en bons parasites qu’ils sont.

Ces armes de destruction massive que sont le FMI et la Banque Mondiale n’ont aucun lieu d’être et doivent être démantelés au plus tôt. Ils ne sont que des outils de pillage et de viol des nations et des peuples. Des instruments de souffrance. Ces institutions sont à l’économie et à la finance ce que le trépan et la roue étaient à l’inquisition.

Que des français (DSK et maintenant Lagarde) président ces institutions criminelles et ineptes est une honte pour le peuple français. Nous sommes passés du pays des lumières à celui de l’obscurantisme servile le plus sombre par le truchement d’une clique de réactionnaires élitistes et larbins de la haute finance dont les membres se trouvent indifféremment à « droite » ou à « gauche » du spectre politique illusoire hexagonal.

Pensez en lisant cet article qu’il fut écrit en Avril 2001…. Il y a plus de 10 ans déjà… On a pourtant l’impression de lire l’actualité du jour. Quand assez sera t’il vraiment assez ?

Les compagnons grecs sont dans la phase 3 1/2 expliquée ici par Stiglitz, celle dite des « émeutes FMI », prévue par les institutions, planifiées même… Le problème est que la lutte violente ne mène à rien, nous sommes attendus.

Ce qu’il faut c’est l’organisation, la coopération et l’action directe non violente par le biais du boycott (vote, institutions) et de la désobéissance civile de masse (refus de payer impôts et autres dimes et gabelles). Les ordures de la finance ne sont attaquables qu’aux seuls endroits vulnérables: le porte-feuille et leur représentation publique (l’état que leurs larbins de politiciens font fonctionner). C’est là qu’il faut frapper, vite, fort et… pacifiquement, sans armes, ni haine, ni violence. Une fois fait, réorganiser instantanément la société en autogestion et enfin avancer sur le chemin du progressisme social.

Tout le reste n’est que pisser dans un violon ! Il suffit de dire NON !

— Résistance 71 —

 

 

Les quatre étapes de la damnation par le FMI

 

Comment les crises, les échecs et la souffrance finalement ont mené un conseiller présidentiel du mauvais côté des barricades…

 

Par Gregory Palast, le Dimanche 29 Avril 2001

 

 

Url de l’article original:

http://www.guardian.co.uk/business/2001/apr/29/business.mbas?INTCMP=SRCH

 

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

 

 

C’était comme dans une scène d’un roman de John Le Carré: l’espion merveilleux vient du froid et en quelques heures de debriefing, vide sa mémoire des horreurs commises au nom d’une idéologie décatie.

Mais ceci était une bien plus grosse prise qu’un espion sur le retour de la guerre froide. L’ancien aparatchik était Joseph Stiglitz, ex-économiste en chef de la Banque Mondiale. Le nouvel ordre économique mondial était la mise en pratique de sa propre théorie.

Il était à Washington pour la grande réunion de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire International (FMI). Mais au lieu de présider des meetings avec des ministres et des banquiers centraux, il était de l’autre côté des cordons de police. La Banque Mondiale congédia Stiglitz deux ans plus tôt. Il n’eut pas une mise à la retraite facile: il fut excommunié purement et simplement pour avoir exprimé un petit désaccord concernant le concept de la globalisation version Banque Mondiale.

Ici à Washington, nous fîmes quelques interviews exclusives de Stiglitz pour the Observer et Newsnight, au sujet du mode de fonctionnement interne du FMI, de la Banque Mondiale et du propriétaire à 51% de la banque: le trésor américain.

Et ici, de sources que nous ne pouvons nommer et qui ne sont pas Stiglitz, nous avons obtenu un certain nombre de documents estampillés “confidentiel” et “usage restreint”.

Stiglitz nous aida à en traduire un intitulé “Stratégie d’assistance à un pays”; car il y a une stratégie de l’assistance pour chaque nation pauvre, nominée, dit la Banque Mondiale, après une enquête attentive dans le pays.

Mais d’après Stiglitz l’initié, “l’enquête” de la Banque ne demande pas grand chose de plus que l’inspection des hôtels cinq étoiles du pays. Elle se conclut par une réunion avec le ministre des finances quémandeur, à qui on remet un formulaire pré-établi “d’accord de restructuration” pour être volontairement paraphé.

L’économie de chaque nation est analysée, dit Stiglitz, puis la Banque remet à chaque ministre le même programme en quatre étapes.

La première étape est la privatisation. Stiglitz dit qu’au lieu d’objecter à la grande braderie des industries d’état, et en utilisant les demandes de la Banque Mondiale de réduire au silence les critiques locaux, certains politiciens lâchent gaiement leur compagnies d’électricité et de distribution d’eau potable. “Vous pouvez voir leurs yeux s’agrandir à l’évocation de la possibilité de commissions pour permettre quelques milliards de discount sur le prix de vente.”

“Le gouvernement américain est au courant, charge Stiglitz, du moins en tout cas lors des plus grosses privatisations jamais réalisée: la grande braderie de la Russie en 1995.” Le point de vue du ministère des finances américains était: “C’était excellent comme nous voulions Boris Yeltsin réélu. On se fout de savoir si c’est une élection corrompue.”

Stiglitz ne peut pas être réfuté comme étant un “frapadingue conspirationiste”. L’homme était au plus haut niveau de la partie, un membre du cabinet de Bill Clinton, chairman du comité des conseillers économiques du président des Etats-Unis. Ce qui rendît Stiglitz le plus malade, fut de voir que les oligarques soutenus par les Etats-Unis dépouillèrent les avoirs et la capacité industriels de la Russie, ce qui eut pour effet direct d’avoir le revenu national coupé de près de moitié.

Après les privatisations, la seconde étape est la libéralisation du marché des capitaux. En théorie, cela permet au capital d’investissement de rentrer et de sortir librement. Malheureusement, comme en Indonésie et au Brésil, l’argent ne fait que s’échapper.

Stiglitz appelle cela le cycle “de l’argent brûlant”. L’argent rentre pour des spéculations dans l’immobilier et le marché des changes, puis détale au premier petit signe de problème. Les réserves financières d’une nation peuvent être pompées en quelques jours.

Quand ceci se produit et pour séduire les spéculateurs à retourner les propres fonds de capitaux de la nation, le FMI demande à ces nations d’augmenter les taux d’intérêts de 30%, 50% et 80%.

“Le résultat était prévisble” dit Stiglitz. Des taux d’intérêts plus élevés démolissent la valeur des propriétés, ruine la production industrielle et draine les finances nationales.

A ce moment, d’après Stiglitz, le FMI traîne la nation pantetante vers la troisième étape: la tarification de marché, un terme pédant pour dire l’augmentation des prix des denrées alimentaires, de l’eau et du gaz. Ceci amène de manière prévisible à ce que Stiglitz appelle “l’étape trois et demi: les émeutes FMI” (NdT: C’est là où nous en sommes avec la Grèce semble t’il non ?)

Les émeutes FMI sont très prévisibles. Quand une nation est à terre, le FMI presse les dernières gouttes de sang restant. Elle met la pression et finalement la cocotte minute explose. Il en fut ainsi lorsque le FMI supprima les aides alimentaires et en carburant aux pauvres d’Indonésie en 1998. L’Indonésie explosa en émeutes.

Il y a d’autres exemples: les émeutes en Bolivie à cause des prix de l’eau l’an dernier (NdT: 2000, cet article ayant été écrit en 2001); les émeutes en Equateur cette année au sujet de l’augmentation du prix du gaz imposé par la Banque Mondiale. “Les émeutes sont presque attendues”, dit Stiglitz.

Et elles le sont. Ce que Stiglitz ne savait pas, c’est que Newsnight avait obtenu plusieurs documents fuités de l’intérieur de la Banque Mondiale. Dans un de ceux-ci, la Banque suggère dans sa “Stratégie d’assistance à l’Equateur” et avec une froide précision, que “les plans peuvent déclancher des troubles sociaux”.

Ceci n’est pas surprenant. Le rapport secret note que le plan de faire du dollar US la monnaie de l’Equateur a poussé 51% de la population en dessous du seuil de pauvreté.

Les émeutes FMI (et par “émeutes”, j’entends le plus souvent des manifestations pacifiques dispersées  à coup de balles réelles, de gaz lacrymogène et de chars) provoque un nouvel exode d’argent et des banqueroutes des gouvernements. Le vandalisme économique a son bon côté… Pour les étrangers, qui peuvent acheter ce qui reste du pays à des prix de brocante d’école.

Un certain cycle d’évènements émerge. Il y a beaucoup de perdants, mais les grands gagnants semblent toujours être les banques occidentales et le trésor américain.

Maintenant arrive la quatrième étape: le libre échange. Ce libre échange est dirigé par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et la Banque Mondiale, que Stiglitz compare aux protagonistes de la guerre de l’opium. “Car cette guerre aussi était à propos d’ouvrir des marchés”, dit-il. Tout comme au XIXème siècle, les Européens et les Américains d’aujourd’hui bousculent les barrières douanières pour vendre en Asie, en Amérique Latine et en Afrique, tout en barricadant leurs propres marchés contre l’agriculture du tiers monde.

Dans les guerres de l’opium, l’occident utilisa le blocus maritime. Aujourd’hui, la Banque Mondiale peut ordonner un blocus financier, qui peut être tout aussi efficace et parfois même plus meurtrier.

Stiglitz a deux préoccupations en ce qui concerne les plans de la Banque Mondiale et du FMi. D’abord, dit-il, parce que ces plans sont élaborés dans le secret et sont motivés par une idéologie absolutiste, qui n’est jamais ouverte pour quelques critique ou désaccord que ce soient, ces plans minent la démocratie. Deuxièmement, ils ne marchent pas. Sous la main mise et l’assistance structurelle du FMI, l’Afrique a perdu 23% de ses revenus.

Y a t’il des nations qui ont pu éviter ce marasme ? Oui dit Stiglitz, le Botswana. Leur truc ? “Ils ont foutu le FMI dehors” (NdT: comme l’IIslande l’a fait récemment et s’en porte bien mieux…Rappelons que cet article a été écrit en 2001).

Stiglitz propose des réformes agraires et de la propriété radicales: une attaque sur les loyers des terres arables de 50% facturés par les oligarchies propriétaires mondiales.

Pourquoi la Banque Mondiale n’a t’elle pas suivi ses conseils ?

“Si vous défiez la propriété foncière, cela provoquera un changement dans la puissance de l’élite. Ceci n’est bien sûr pas du tout dans leur agenda.”

Finalement, ce qui le poussa à mettre sa position en péril fut l’échec des banques et de la trésorerie américaine à changer leur trajectoire quand ils furent confrontés aux crises, aux échecs et à la souffrance résultant de leur potion vaudoue monétaire en quatre étapes.

“C’est un peu comme au Moyen-Age”, dit l’économiste, “Quand le patient mourrait, ils disaient: oui, nous avons arrêté les saignées trop tôt, il avait toujours un peu de sang…”

Le temps est peut-être venu d’enlever les sangsues.

 

Guerre de l’info et nouvel ordre mondial: des médias alternatifs infiltrés… Cui bono ?

Posted in actualité, désinformation, média et propagande, militantisme alternatif, N.O.M, résistance politique with tags , , on 28 juin 2011 by Résistance 71

 

L’AFFAIRE « ORNELLA GUYET – MARIE-ANNE BOUTOLEAU »

Les honteux stratagèmes d’une manipulatrice démasqués

 

 

La journaliste qui, sous le pseudonyme de « Marie-Anne Boutoleau », et sous le masque d’une « anarchiste libertaire antifasciste », se livrait depuis plusieurs mois sur divers sites Internet – Article11, Indymedia, Rebellyon (*) – à une frénétique campagne d’accusations calomnieuses contre de prétendus « fascistes », « d’extrême droite », « conspirationnistes », et « antisémites », vient d’être démasquée par l’une de ses cibles : François Asselineau, le président de l’Union Populaire Républicaine (UPR).

 

27 JUIN 2011

 

par Silvia Cattori

 

 

Url de l’article original:

http://www.silviacattori.net/article1693.html

 

 

Ayant pu établir que le véritable nom de « Marie-Anne Boutoleau » est Mlle Ornella Guyet, l’UPR – dont le programme est de sortir de l’Union européenne, et qui se défend d’être à l’extrême droite [1] – a déposé plainte contre elle [2] et apporté à son sujet d’étonnantes révélations. En particulier que Mlle Guyet avait participé sous son vrai nom à un « Séminaire sur les Médias Internationaux », organisé à Paris du 15 au 21 mars 2009 sous l’égide du Center for the Study of International Communications et de la School of Media and Public Affairs de l’Université George Washington. Une université qui serait « connue pour être l’un des hauts lieux de formatage des élites américaines à la pensée unique ultra-libérale (…) [et] également connue pour être un lieu de recrutement de la Central Intelligence Agency (CIA), un certain nombre d’enseignants y servant d’agents recruteurs » [3].

La présence dans ce cénacle de celle qui se présente comme « anarchiste libertaire antifasciste » lorsqu’elle écrit sous le pseudonyme de « Marie-Anne Boutoleau » est pour le moins troublante et soulève bien des questions. Toutefois, l’UPR évite de se livrer à des conclusions trop hâtives : « Nous n’affirmons pas que Mlle Guyet et ses compères de « l’anti-fascisme » sont forcément des agents de la CIA ou des services d’influence américains. Mais nous dirons que les informations obtenues, plus surprenantes les unes que les autres, ont conduit à ce que le doute s’installe ».

Également troublante apparaît dans cette affaire l’attitude d’Acrimed – un site axé sur la critique du traitement de l’information et la mise en lumière des mensonges de la presse. Dans un billet à ses adhérents qui aurait dû rester confidentiel, au lieu de condamner les inacceptables dérives de sa « collaboratrice » Guyet-« Boutoleau », dont la plume distille mensonges et invectives sur divers sites, le Conseil d’administration d’Acrimed condamne l’UPR [4]. Ce qui, du point de vue des personnes lésées, montre une curieuse collusion entre Guyet-« Boutoleau » et Acrimed.

Cette étrange histoire a de quoi désorienter un lectorat de gauche qui accordait jusqu’ici sa confiance à certains des sites incriminés. Elle ne peut que l’inciter à se demander au bénéfice de qui Guyet-« Boutoleau » lançait ses appels à la lutte contre de prétendus « fascistes », et si ces appels n’avaient pas pour principal objectif de créer la division entre des gens qui devraient avoir – et ont sans doute – beaucoup en commun.

Avant de tirer quelques premiers enseignements de ce qui vient d’être dévoilé, il convient de rappeler comment on en est arrivé là.

L’origine de « l’affaire Boutoleau » et ses rebondissements

Le site Article11 publiait, le 28 mars 2011, un article incendiaire signé « Marie-Anne Boutoleau et Joe Rashkounine », [5] accusant le site web Le Grand Soir de publier des « auteurs issus de l’extrême-droite ou de la mouvance conspirationniste. Une dérive regrettable, sur fond de confusionnisme politique et avec l’anti-impérialisme pour seule grille de lecture ». Parmi ces auteurs, qualifiés pêle-mêle de « fascistes », « antisémites », « négationnistes », « conspirationnistes » etc : Jean Bricmont, François Asselineau, Michel Collon, Annie Lacroix-Riz, Silvia Cattori, Michel Chossudovsky. D’autres sites web étaient également mis à l’index, parmi lesquels : Dazibaoueb, InfoWars, Mondialisation.ca, Voltaire.net.

S’ensuivit une vive réaction de la part des responsables des sites Dazibaoueb [6] et Le Grand Soir [7] dénonçant les allégations calomnieuses de Boutoleau et suscitant, sur leurs forums respectifs, un torrent de commentaires.

La goutte qui fit déborder le vase, et précipita le dépôt de plainte de l’UPR contre Ornella Guyet-« Boutoleau », fut la virulente campagne qu’elle mena ultérieurement contre François Asselineau [8].

À peine le vrai nom de cette « journaliste » était-il révélé par l’UPR que Dazibaoueb, un des sites visé par ses attaques, dénonçait ses honteux procédés [9]. Les administrateurs du Grand Soir, quant à eux, tombaient des nues en découvrant qu’une certaine Ornella Guyet avec laquelle ils avaient, par ailleurs, des échanges amicaux… n’était autre que celle qui les attaquait sous le pseudonyme de « Marie-Anne Boutoleau », et ils en dénonçaient vivement la duplicité [10] ! Nul ne peut, en effet, accepter de se faire publiquement et indéfiniment insulter. Tôt ou tard les victimes réagissent. Ayant été personnellement visée, nous avons également réagi en demandant, au site Article 11, un Droit de réponse qui, sans surprise, nous fut refusé [11].

Il est rare de voir une vraie « conspirationniste » prise en flagrant délit de manipulation

Si à ce stade, les découvertes faites par l’UPR n’ont pas encore permis de démêler tous les fils, la plainte déposée contre Ornella Guyet, a déjà eu pour effet positif de calmer la frénésie dénonciatrice qu’elle déployait sous pseudonyme. Et de mettre en évidence des aspects cachés et inquiétants de la vie politique, en France et dans nos pays respectifs. Aspects qui demeurent généralement inconnus du public, à savoir : l’infiltration de groupes et mouvements par des agents provocateurs agissant sous pseudonymes – que l’on a généralement peine à confondre faute de preuves matérielles [12] et qui sont par conséquent rarement démasqués.

Ces révélations commencent à lever le voile sur les véritables « conspirationnistes », qui caricaturent, dénigrent, diffament des auteurs qu’ils qualifient, ad nauseam d’ « extrême droite », de « fascistes », d’ « antisémites », de « négationnistes », pour discréditer leurs analyses et les isoler ; et qui, pour y parvenir, instrumentalisent des mouvements dans le but de susciter des divisions parmi des militants, ou simples citoyens, qui ont beaucoup en commun, de façon à les jeter les uns contre les autres dans une guerre fictive et haineuse entre gauche et prétendus « fascistes ».

Quelle chapelle politique servait Mlle Guyet-« Boutoleau », en agissant de la sorte ? La chose reste à éclaircir. Le fait que ce ne soit pas seulement Article11, qui soit compromis pour avoir publié son brûlot, mais également le site Acrimed, – dont les membres se présentent comme « la gauche de la gauche » – qui se solidarise avec son « adhérente » Guyet-« Boutoleau », soulève de nouvelles questions [13].

Ce qui est d’ores et déjà certain est que toutes les personnes sur lesquelles elle a voulu jeter le discrédit, dans son article diffamatoire du 28 mars 2011, ont pour caractéristique d’être des critiques vigoureux, soit de la politique impérialiste des puissances alliées de l’Otan, soit de la politique de l’État hébreu (et de certains aspects de cette politique qui restent généralement tabous, y compris au sein du « camp de la paix »), soit des deux à la fois.

Ainsi, sous couvert d’une ligne politique se proclamant « de gauche » et « clairement anticapitaliste » – d’une gauche, dit-elle, qui se refuse à avoir « l’anti-impérialisme pour seule grille de lecture » – la technique grossière que Guyet-« Boutoleau » a utilisée pour discréditer ces auteurs consistait à les accuser, selon les cas, et par amalgame, d’être « d’extrême droite », « conspirationnistes », « antisémites » ou « négationnistes ». Ou – par exemple pour Jean Bricmont – d’avoir de « troubles accointances régulièrement dénoncées par des militants antifascistes » [14]. Cela bien sûr en se dispensant de justifier ses accusations sur la base de ce que ces derniers disent et écrivent réellement. C’est par ce genre de procédé que, s’érigeant en procureur, Guyet-« Boutoleau » cherchait à réduire au silence des authentiques anti-impérialistes !

Cette affaire jette une lumière crue sur les journaux et les sites internet dits « alternatifs » auxquels Boutoleau se réfère avec insistance comme des « sources sérieuses » à l’appui de ses affirmations calomnieuses, ou qui publient ses articles diffamatoires. Notamment : conspiracywatch.info, indymedia.org (en France), ReflexeS [15], Article11.info, CQFD, luftmenschen, Rebellyon, pour ne citer que ceux-là [16].

Les lecteurs, qui ignorent généralement tout de ces manœuvres honteuses de noyautage et de manipulation par des faussaires omniprésents sur la toile, mais aussi au sein des mouvements sociaux, ont aujourd’hui à la lumière de cette affaire la preuve éclatante que certains sites et organes dits d’information, prétendument « indépendants, alternatifs, libertaires », peuvent avoir – sous couvert d’une chasse à des « antisémites » et des « fascistes » imaginaires, fabriqués à dessein – un agenda bien différent de la lutte qu’ils proclament. Un lecteur averti en vaut deux.

Cela dit, malgré les tentatives de mise sous contrôle de l’information, Internet demeure un fantastique outil de communication et d’échange. Pas étonnant que de nombreuses officines et de nombreux États cherchent à s’en emparer. Les lecteurs doivent impérativement apprendre à faire le tri et à se méfier des sites dont les positions apparemment « radicales » ne sont qu’une image affichée pour mieux servir d’appât à des fins de conditionnement politique. Et se rappeler que nombre d’intervenants sur les forums, ne sont pas là en toute innocence : ils ne sont là que pour alimenter de faux débats et discréditer l’information sérieuse.

Une conclusion personnelle douloureuse touchant la diffamation et la manipulation

Mon expérience personnelle m’a amenée à bien comprendre ce que recouvrent certaines accusations gratuites. En l’occurrence l’association à l’« antisémitisme » et au « négationnisme ».

En 2002 j’ai visité la Palestine. Ce fut une découverte bouleversante mais riche d’enseignements. Ce que j’y ai vu et compris a changé ma vie. J’y suis retournée en 2003 et en 2006. J’ai rapporté en toute sincérité les horreurs commises par les soldats israéliens dont j’avais été témoin et que, à ma surprise les journalistes basés à Jérusalem ou Tel Aviv, et les envoyés spéciaux, minimisent.

Très vite, avec effarement, j’ai vu apparaître, en France, le qualificatif infamant d’ « antisémite » ou de « négationniste » accolé à mon nom, me voyant ainsi associée, par des curieux plumitifs, à la sinistre histoire du nazisme pour avoir simplement témoigné de ce que j’avais vu en Palestine !

J’ai rapidement été amenée à constater qu’il y avait, y compris au sein du mouvement de solidarité pro-palestinien, des personnes qui se servaient de leur position pour humilier et déshumaniser des gens dont l’analyse heurtait leur « sensibilité ». Ou, plus précisément remettait en question leurs partis pris. Leur arrogance, leurs procédés ignobles, m’ont profondément heurtée. Le nom de chacune des personnes qui ont, par leurs mensonges, couvert mon nom de boue – et celui de tant d’autres personnes parfaitement respectables – reste depuis lors gravé dans ma mémoire.

Entre 2003 et 2006, révoltée par ce que je découvrais, voulant comprendre ce phénomène nouveau pour moi, je me suis rendue à Paris où j’ai interrogé nombre de personnes qui se sont trouvées du jour au lendemain accusées d’ « antisémitisme », dont l’humoriste Dieudonné. Cela m’a permis de mesurer l’ampleur de cette imposture.

J’ai pu voir comment, fin 2003, à la suite de son sketch sur la violence des colons juifs en Palestine, une foule de gens bizarres s’est ruée sur lui. J’ai pu voir comment l’accusation infamante lancée par des organisations juives et leurs avocats [17] en a rapidement fait, l’« antisémite » le plus célèbre et le plus persécuté de France. J’ai pu voir comment celui qui était précédemment qualifié d’« humoriste le plus talentueux et aimé des Français » s’est vu soudainement banni, dans le rôle du paria.

J’ai pu voir comment le très estimé sociologue Edgar Morin s’était vu lui aussi pris dans une tourmente et condamner, en 2005, pour « diffamation raciale et apologie des actes de terrorisme » pour avoir cosigné un article intitulé « Israël-Palestine : le cancer », publié en juin 2002 dans la tribune libre du quotidien Le Monde. Il nous avait alors confié : « Beaucoup de gens me disent “mais toi tu peux écrire ces choses là parce que tu es d’origine juive mais nous on n’oserait pas, on a peur, on se ferait tout de suite traiter d’antisémite.” Alors, cette peur de se faire traiter d’antisémite chaque fois que l’on veut exercer un acte de libre critique, crée un climat empoisonné. » [18]. Le jugement qui le condamnait fut heureusement cassé ultérieurement, en 2006, par la Cour de Cassation. Mais tous les diffamés n’ont pas eu un procès qui les a blanchis, ou les moyens d’en engager un.

J’ai pu voir, dans mon propre cas, comment ce mécanisme avait fonctionné [19] à partir de calomnies lancées contre moi, pour commencer, par Pierre Stambul, alors vice-président de l’Union juive française pour la paix (UJFP) [20]. J’ai pu voir comment, une fois associée à un nom, et lâchée, l’accusation d’« antisémitisme » et de « négationnisme » était montée en épingle, par exemple dans les colonnes du mensuel du judaïsme français l’Arche [21] ; ou de Proche-Orient.Infos, un autre organe de propagande en faveur d’Israël, maintenant disparu, dirigé par une ancienne journaliste du Nouvel Observateur, Elisabeth Schemla. Et comment, une fois jetés en pâture, les noms des personnes ainsi salies étaient repris en boucle, sans aucune vérification, à longueur d’années, par toute une ribambelle de manipulateurs. Pour être enfin reprises par des journalistes peu scrupuleux du quotidien Libération.

Toutefois, l’abus du procédé a fini par en émousser l’efficacité [22]. L’invocation du prétendu « danger antisémite » ne faisant plus à lui seul recette, la nouvelle tactique en usage, pour transformer un adversaire en épouvantail, est de le qualifier tout à la fois d’« antisémite », « fasciste », et d’« extrême droite ». Il convient donc de ne jamais perdre de vue qu’en politique les calomnies sont des armes. Et que ceux qui s’en servent – comme nous l’avons vu avec Ornella Guyet ou d’autres – ont un agenda caché. Par conséquent, quand il vous arrivera de les entendre dire qu’un tel est « antisémite », « fasciste », « conspirationniste », n’en croyez rien. Demandez-vous ce qu’ils cherchent à masquer sous leurs gros mensonges. Et allez vérifier par vous-mêmes ce que disent vraiment les personnes incriminées.

Silvia Cattori

(*) A ne pas confondre avec le site espagnol Rebelión

 

[1] Voir la charte fondatrice de l’UPR : http://www.u-p-r.fr/charte-fondatrice

[2] Voir : « Dépôt de plainte à l’encontre de Mlle Ornella Guyet et des sites internet Indymedia et Rebeyllyon », u-p-r.fr, 14 juin 2011.

[3] Voir : « Qui veut nuire à l’UPR ? Dr Jekyll & Mrs Hyde : « L’antifasciste Boutoleau et la très américanophile « Professor » Guyet », u-p-r.fr, 14 juin 2011.

[4] Ce billet nous apprend que c’est « sur mandat d’Acrimed et au nom du CA » que son « adhérente » Guyet-Boutoleau a participé au séminaire en question. Et il s’insurge contre « l’accusation à peine masquée, à la fois grotesque et scandaleuse, portée contre Ornella par l’UPR d’être un agent, réel ou potentiel, de la CIA (ou de l’impérialisme américain) ». Voir : http://www.legrandsoir.info/quand-le-grand-soir-recevait-le-baiser-de-judas-une-histoire-croustillante-incroyable-mais-vraie.html#forum70097

[5] Voir : « Le Grand soir : analyse des dérives droitières d’un site alter », par Marie-Anne Boutoleau et Joe Rashkounine, article11.info, 28 mars 2011.

[6] Voir : « En réponse à article 11 », dazibaoueb.fr, 30 mars 2011.

[7] Voir : 
 « Le Grand soir : analyse des dérives droitières d’un site alter », legrandsoir.info, 9 avril 2011. 
 « Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation « à la Marie-Anne Boutoleau » sur un site alter », legrandsoir.info, 16 avril 2011.

[8] Voir : « Attention, l’ultra-droite souverainiste débarque à Lyon ! », par Des antifascistes lyonnais et parisiens (avec la documentation réunie par Marie-Anne Boutoleau, journaliste indépendante), paris.indymedia.org, 5 juin 2011.

[9] Voir : http://www.dazibaoueb.fr/article.php ?art=23450

[10] Voir : « Quand Le Grand Soir recevait le baiser de Judas (une histoire croustillante, incroyable mais vraie). », legrandsoir.info, 17 juin 2011.

[11] Voir : « Refus de publication d’une demande de « droit de réponse » par Article XI – Marie-Anne Boutoleau, une bien étrange journaliste ! », par Silvia Cattori, silviacattori.net, 18 juin 2011.

[12] Ainsi, par exemple, les mensonges répandus par des sites pro-israéliens pour dénaturer les témoignages et discréditer les témoins de crimes commis par l’armée israélienne nous avaient déjà démontré l’usage de ces pratiques. Voir : « Propagandistes au service de l’État colonial d’Israël – Cidinfo : Un site où les falsifications sont reines », par Silvia Cattori, silviacattori.net, 6 janvier 2005.

Nous avions fait un constat du même genre à l’époque où nous avions rencontré Dieudonné, ainsi que le sociologue Edgar Morin dans le cadre de divers entretiens. Voir : « Infiltration et manipulation des sites Internet – Les « maîtres chanteurs » sillonnent les Sites et les Forums », par Silvia Cattori, silviacattori.net, 3 octobre 2005.

[13] Le fait que le Conseil d’administration d’Acrimed ne condamne pas les calomnies proférées par Guyet-Boutoleau contre des personnes respectables, et se solidarise avec elle dans ses démêlés avec l’UPR, revient à cautionner ses agissements. Voir les réactions sur le forum de cet article du GrandSoir.

[14] Figure du mouvement anti-impérialiste et professeur de physique théorique à l’Université de Louvain, Jean Bricmont, qui avait été blâmé dans un article (non signé) de REFLEXes pour avoir recommandé la lecture du livre de Paul-Éric Blanrue « Sarkozy, Israël et les juifs », avait répondu à ses détracteurs en défendant vigoureusement la liberté d’expression et en se livrant à une critique décapante du prétendu « combat antifasciste » de ses détracteurs. Voir : « Antifascistes encore un effort, …si vous voulez l’être vraiment », par Jean Bricmont, 21 0ctobre 2009.

[15] Voir par exemple les nombreuses interventions de Boutoleau sur le forum de cet article de CQFD du 11 janvier 2011 intitulé « Les infiltrés ».

[16] Si cette pseudo-journaliste signe Marie-Anne Boutoleau dans CQFD, Article11.info, Oumma, Acrimed, Lesmotsontimportants, Indymedia, Rebellyon [à ne pas confondre avec le site espagnol Rebelión], Acrimed etc, elle signe en revanche sous son vrai nom, à savoir Ornella Guyet, dans Le Monde diplomatique (voir : http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2009-03-16-Jersey) ou sur Bastamag (voir : http://www.bastamag.net/spip.php ?page=recherche&recherche=ornella+guyet&x=12&y=9).

[17] Notamment, l’Union des Patrons et Professionnels Juifs de France (UPJF), le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), l’Union des étudiants juifs de France (UEJF).

[18] Voir : « Edgar Morin : “On a créé un état d’intimidation“ », par Silvia Cattori, silviacattori.net, 17 juin 2005.

[19] Voir : « L’accusation d’antisémitisme comme arme au bénéfice d’Israël – Palestine : l’ampleur de la tragédie exige un soutien sans faille », par Silvia Cattori, silviacattori.net, 30 janvier 2005.

[20] Pierre Stambul était intervenu auprès de sites pour demander que soit enlevée une interview de Dieudonné que j’avais réalisée. Par la suite, dans l’article « Les “nouveaux” antisémites », publié sur le site de l’UJFP (et aujourd’hui retiré) il m’associait à l’action de « courants intégristes », à « l’extrême droite » à des « négationnistes », de « vrais antisémites ». Voir : « Antisémitisme : réalité et instrumentalisation », par Pierre Stambul, 20 octobre 2006.

[21] L’Arche, qui avait écrit, en 2005, que Silvia Cattori « avait un long passé d’outrances antijuives » a dû publier son Droit de réponse.

[22] En janvier 2008, Bernard Ravenel, alors président de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), et Richard Wagman, président d’honneur de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP), furent condamnés par la XVIIème chambre du tribunal correctionnel de Paris pour avoir diffamé le journaliste et écrivain Jean-Paul Cruse en le traitant d’ « antisémite notoire » et de « négationniste notoire », sans aucune preuve à l’appui. Voir : « Usage de l’antisémitisme à des fins politiques – L’accusation d’antisémitisme ne fait pas toujours recette », par Silvia Cattori, silviacattori.net, 23 mai 2008.

 

 

Guerre impérialiste en Libye: un rayon d’objectivité dans un océan de propagande…

Posted in actualité, France et colonialisme, guerre Libye, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, média et propagande with tags , , , , , on 28 juin 2011 by Résistance 71

 

Tripoli bombardée ne faiblit pas

 

Par Thierry Meyssan

 

url de l’article original:

http://www.voltairenet.org/Tripoli-bombarde-ne-faiblit-pas

 

 

Un groupe international d’enquêteurs du Réseau Voltaire est actuellement en Libye. Il a pu se rendre sur des lieux de bombardements. Disposant de la confiance des autorités libyennes, il a pu rencontrer quelques uns des dirigeants politiques et sécuritaires malgré les conditions de guerre. Leur constat est diamétralement opposé aux images véhiculées par la presse occidentale. Thierry Meyssan livre leurs premières observations.

 

Au centième jour de bombardement de la Libye, l’OTAN annonce l’imminence de son succès. Cependant, les buts de guerre n’étant pas clairement précisés, on ignore en quoi consistera ce succès. Simultanément, la Cour pénale internationale annonce la mise en accusation du Guide Mouammar Kadhafi, de son fils Saif al-Islam et du chef des services de renseignement intérieur, Abdallah al-Senoussi pour « crimes contre l’humanité ».

Si l’on se rapporte à la résolution 1973 du Conseil de sécurité, la Coalition des États volontaires vise à établir une zone d’exclusion aérienne afin d’empêcher les troupes du tyran de tuer son propre peuple. Cependant, les informations initiales selon lesquelles l’armée de l’air libyenne a bombardé des villes qui s’étaient soulevées contre le pouvoir de Tripoli ne sont toujours pas corroborées, bien qu’elles soient considérées comme fiables par la Cour pénale internationale. Quoi qu’il en soit, les actions de l’OTAN ont très largement dépassé l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne pour se transformer en une destruction systématique des fores armées nationales, air, terre et mer.

Les objectifs de l’OTAN sont probablement autres. Les leaders de l’Alliance ont ainsi évoqué de nombreuses fois le renversement du « régime » de Mouammar Kadhafi, voire l’élimination physique du « frère Guide ». Les médias occidentaux évoquent des « défections massives » des cadres de Tripoli et leur ralliement à la cause des insurgés de Benghazi, mais ils ne parviennent pas à citer de noms, sinon ceux d’hommes politiques connus de longue date pour être favorables au rapprochement avec Washington, tel l’ex-ministre des Affaires étrangères Moussa Koussa.

L’opinion publique internationale est massivement désinformée. Washington a fait couper les retransmissions de la télévision libyenne sur le satellite ArabSat, dont la Jamahariya est pourtant actionnaire. Le département d’État ne devrait plus être long à faire de même avec NileSat. 
En violation de ses engagements internationaux, Washington a refusé un visa au nouveau représentant libyen à l’ONU. Il ne peut venir à New York exposer son point de vue, tandis que son prédécesseur, rallié au CNT continue à occuper son siège. 
La voix de Tripoli étant étouffée, il est possible de répandre n’importe quel mensonge sans crainte d’être contredit.

Rien d’étonnant donc à ce que vu de Tripoli, d’où cet article est écrit, les communiqués de l’OTAN et les injonctions de la Cour pénale internationale paraissent irréels. L’Ouest de la Libye est paisible. À des moments aléatoires, les sirènes annoncent l’arrivée des bombardiers ou des missiles. Suivi immédiatement des explosions qu’ils provoquent. Il est inutile de courir aux abris, d’une part parce que le temps est trop court et d’autre part, parce qu’il n’y a guère d’abris.

Les bombardements sont ciblés avec une extrême précision. Les munitions guidées touchent les bâtiments visés, et dans ces bâtiments, les pièces visées. Toutefois, l’OTAN perd le contrôle en vol d’environ un missile guidé sur dix. Celui-là tombe à l’aveuglette. N’importe où dans la ville, semant la mort au hasard.

Si une partie des cibles de l’OTAN sont « militaires » : casernes et bases ; la plupart sont « stratégiques », c’est-à-dire économiques. Par exemple, l’Alliance a bombardé l’imprimerie de la Monnaie libyenne, une administration civile chargée de fabriquer les dinars. Ou encore, ses commandos ont saboté des usines qui faisaient concurrence à celles de membres de la Coalition. D’autres cibles sont dites « psychologiques ». Il s’agit de toucher dans leur chair les dirigeants politiques et sécuritaires en massacrant leurs familles. Les missiles sont alors pointés sur les habitations privées, et plus précisément sur les chambres à coucher des enfants des dirigeants.

L’ambiance dans la capitale et sur la côte est lourde. Mais la population reste soudée. Les Libyens soulignent qu’aucun de leurs problèmes intérieurs ne justifie le recours à la guerre. Ils évoquent des revendications sociales et des questions régionales, comme il en existe dans les États européens, mais rien qui doive conduire à déchirer les familles comme on est en train de le faire en imposant une partition du pays.

Face à l’OTAN, des dizaines de milliers de bourgeois aisés ont plié bagage et sont allés se réfugier dans les pays limitrophes, notamment en Tunisie, laissant aux pauvres le soin de défendre la patrie qui les a enrichis. De nombreux commerces sont fermés sans que l’on sache s’ils doivent faire face à des difficultés d’approvisionnement ou si leurs propriétaires ont fuit.

Comme en Syrie, la plupart des opposants politiques font bloc derrière le gouvernement pour protéger l’intégrité du pays face à l’agression étrangère. Pourtant, certains Libyens, anonymes et invisibles, renseignent l’OTAN pour localiser ses cibles. Jadis leurs parents accueillaient les armées coloniales italiennes, aujourd’hui ils scandent avec leurs homologues de Benghazi : « 1, 2, 3, Sarkozy arrive !  ». Chaque peuple a ses traîtres et ses collabos.

Les exactions commises par les mercenaires du prince Bandar en Cyrénaique ont terminé de convaincre bien des hésitants. La télévision montre en boucle les œuvres des leaders d’Al Qaida en Libye, dont certains ont été libérés directement de Guantanamo pour combattre aux côtés des États-Unis. Des images insoutenables de lynchage et de mutilations dans des villes érigées en Émirats islamistes, à la mode afghane ou irakienne, par des individus deshumanisés par les tortures qu’ils ont subis et excités par des drogues puissantes. Il n’est pas nécessaire d’être un vieux partisan de la Révolution de Kadhafi pour la soutenir aujourd’hui face aux horreurs auxquels se livrent les jihadistes dans les « zones libérées » par l’Alliance [1].

Rien, nulle part, à l’Ouest n’évoque une révolte ou une guerre civile. Pas de barricades, ni de blindés dans les rues. Sur toutes les routes, les autorités ont installé des checks points tous les deux kilomètres. Les automobilistes patientent sagement, eux-mêmes attentifs à découvrir les éléments infiltrés par l’OTAN.

Le colonel Kadhafi arme la population. Près de deux millions de fusils mitrailleurs ont déjà été remis aux civils. L’objectif est que chaque adulte, homme ou femme, puisse défendre sa maison. Les Libyens ont retenu la leçon irakienne. Saddam Hussein avait assis son autorité sur le Baas et l’armée, excluant son peuple de la vie politique. Lorsque le parti fut décapité et que quelques généraux firent défection, l’État s’effondra soudainement laissant le pays sans résistance et plongé dans le chaos. La Libye, elle, est organisée selon un système original de démocratie participative, comparable aux assemblées du Vermont. Les gens sont habitués à être consultés et responsabilisés. Ils sont donc mobilisables en masse.

De manière inattendue, les femmes sont plus déterminées que les hommes à porter les armes. Cela traduit l’accroissement ces dernières années de la participation féminine aux assemblées populaires. Cela reflète peut-être aussi la nonchalance qui s’était emparée des cadres de cet État socialiste à haut niveau de vie.

Chacun a conscience que tout se jouera lorsque les troupes terrestres de l’OTAN débarqueront, si elles osent le faire. La stratégie de défense est donc entièrement conçue pour dissuader un tel débarquement en mobilisant la population. Ici les soldats français, britanniques et US ne seront pas accueillies en libérateurs, mais en envahisseurs coloniaux. Ils devront affronter d’interminables combats urbains.

Les Libyens s’interrogent sur les mobiles exacts de l’OTAN. Je suis surpris de constater que c’est souvent en lisant les articles du Réseau Voltaire, traduits et repris par de nombreux sites Internet et certains journaux imprimés, qu’ils ont été informés des vrais enjeux. Il y a ici, comme partout d’ailleurs, un déficit d’information sur les relations internationales. Les gens connaissent et s’enorgueillissent des initiatives et des réalisations du gouvernement pour l’Unité africaine ou pour le Développement du Tiers-monde, mais ils ignorent bien des aspects de la politique internationale et sous-estiment la capacité de destruction de l’Empire. La guerre semble toujours lointaine jusqu’à ce que le prédateur ne vous choisissent comme proie.

Quel est donc ce succès que l’OTAN annonce imminent ? Pour le moment, le pays est coupé en deux. La Cyrénaique a été proclamée République indépendante, bien qu’on s’y prépare à restaurer la monarchie, et a été reconnue par plusieurs États, à commencer par la France. Cette nouvelle entité est gouvernée de facto par l’OTAN, mais officiellement par un mystérieux Conseil national de transition, jamais élu, et dont les membres —s’ils existent— sont secrets pour ne pas avoir à répondre de leurs actes. Une partie des avoirs libyens a été gelée et est aujourd’hui gérée pour leur plus grand profit par les gouvernements occidentaux. Une partie de la production pétrolière est commercialisée à des conditions défiant toute concurrence aux compagnies occidentales qui se goinfrent. C’est peut-être cela le succès : le pillage colonial.

En lançant des mandats d’arrêts internationaux contre Mouammar Kadhafi, son fils et le chef des services de renseignement intérieur, la Cour pénale internationale cherche à exercer une pression sur les diplomates libyens pour les contraindre à démissionner. Chacun est menacé, en cas de chute de la Jamahiriya, d’être poursuivi pour « complicité de crime contre l’humanité ». Ceux qui démissionnent laisseront une place vacante derrière eux, sans possibilité d’être remplacés. Les mandats d’arrêts ressortent donc d’une politique d’isolement du pays.

La Cour fait aussi de la communication de guerre. Elle qualifie Saif al-Islam de « Premier ministre de facto », ce qu’il n’est surement pas, mais qui donne l’impression d’un régime familial. On retrouve là le principe d’inversion des valeurs typique de la propagande US. Alors que les insurgés de Benghazi brandissent le drapeau de la monarchie Senussi et que le prétendant au trône s’impatiente à Londres, c’est la démocratie participative qui est présentée en régime dynastique.

À l’issue de ces cent premiers jours de conflit, les communiqués de l’OTAN masquent mal la déception. Les Libyens ne se sont pas soulevés contre le « régime », hormis en Cyrénaïque. Aucune solution militaire n’est en vue. Le seul moyen pour l’Alliance atlantique de sortir la tête haute à moindre frais est de se contenter de la partition du pays. Benghazi deviendrait alors l’équivalent de Camp Bondsteel, la méga-base militaire US en Europe, ayant accédé au statut d’État indépendant sous le nom de Kosovo. La Cyrénaïque serait la base qui manquait à l’Africom pour contrôler le continent noir.

 

État et société: la démocratie ou l’illusion du grand Barnum

Posted in actualité, démocratie participative, pédagogie libération, philosophie, politique et social, politique française, résistance politique, société libertaire with tags , , , , , , , on 27 juin 2011 by Résistance 71

« Il n’y a pas encore eu de révolution dans l’histoire. Il ne peut y en avoir qu’une qui serait la révolution définitive… S’il y avait une seule fois révolution, en effet, il n’y aurait plus d’histoire. Il y aurait unité heureuse et mort rassasiée. »

— Albert Camus (1951) —

 

La démocratie ? Une machine à broyer les luttes sociales

 

Par Bernard (groupe Dejacques, Lyon)

 

S’il y a un concept incontournable auquel chacun se réfère quelque soit le lieu ou la niveau d’organisation auquel il a à faire, c’est bien la démocratie. Impossible de créer une association de quartier, un syndicat, un club de pétanque ou de tir à l’arc sans qu’à un moment ou à un autre l’expression ne soit employée pour définir le mode de prise de décision. Impossible de concevoir l’organisation de la vie communale sans que le mot ne soit employé comme garantie de justice sociale. Impossible pour un État d’être intégré dans le «concert des nations» sans ce label de qualité de respect des libertés individuelles qu’est la référence à la démocrate.La «démocratie» est le concept politique sur lequel repose toute l’organisation sociale des pays dits occidentaux qui voudraient l’imposer aujourd’hui au reste du monde au nom d’une prétendue universalité civilisatrice.

Il faut tout de même s’interroger sur le contenu de la fonction de ce modèle politique puisqu’il est évident que sa pratique ici-même laisse pour la moins à désirer et n’apparaît, le plus souvent, que comme le moins pire des systèmes. Peut-on s’en contenter et prétendre en faire un schéma universel ? Il est permis d’avoir de sérieux doutes. Le principe démocratique repose sur l’idée que chaque individu peut et doit pouvoir donner son opinion sur la société dans laquelle il est inséré. En fait, cette idée n’est pas propre au système démocratique, mais est présente sur tous les continents, parce que d’une façon ou d’une autre les besoins et les opinions de chacun doivent être pris en compte dans la régulation des relations sociales, sous peine de voir exploser ou imploser la société Concernée.

Le problème n’est donc pas d’affirmer un principe mais bien de savoir comment les structures organisationnelles et décisionnelles qui en découlent traduisent les opinions et besoins exprimés par chacun des associés. Dans le modèle démocratique tout le monde peut s’exprimer, c’est un fait, mais ce modèle affirme simultanément qu’il faut des décideurs pour mettre de l’ordre dans la cacophonie des opinions émises, et ce pouvoir de décision (réservé à un personnel ayant fortement tendance à s’auto reproduire) est légitimé par le vote des électeurs. C’est simple et propre en soi, si on oublie que le choix des électeurs va être conditionné par de nombreux facteurs qui brouillent les cartes et les enjeux. En particulier, la place et la fonction de chacun d’entre nous dans la structure socio-économique. A-t-on réellement liberté de choix lorsque notre survie quotidienne dépend d’un réseau de relations économiques que nous ne maîtrisons pas? A-t-on réellement liberté de choix lorsque toute notre éducation sociale brise l’initiative et la capacité critique individuelle ? Au bout du compte, la démocratie est une machine à broyer et concasser les aspirations sociales de telle sorte que face à l’inutilité de nos efforts individuels et collectifs pour améliorer les choses nous abandonnions notre vie entre les mains des classes dirigeantes.

Ce sont les révolutions françaises de 1789 et 1793 qui ont introduit la notion d’égalité politique sans que les relations économiques entre individus et entre groupes sociaux ne soient touchées. Depuis, au fil des revendications et des discours électoraux, le droit de vote s’est étendu à toutes les couches de la population, en nous présentant chaque fois la chose comme une avancée sociale déterminante. Il est même question, en ce moment, de faire passer ce droit de vote à 16 ans (pour les immigrés, on verra plus tard, puisque cette catégorie est par définition extérieure à la nation). C’est le meilleur moyen que la bourgeoisie ait trouvé pour restreindre, contenir et limiter la notion d’égalité au seul champ politique sans que jamais il ne soit question d’étendre cette égalité au domaine de l’économique et du social. La démocratie a été et est encore le meilleur garant idéologique de la pérennité d’une société de classe.Il n’est donc pas étonnant que la société capitaliste qui est la nôtre promotionne l’idée de démocratie.

Elle l’impose au niveau international en exigeant des élections démocratiques contrôlées en Afrique du Sud, en Algérie ou en Russie, par exemple. Elle la planifie ici-même, avec des projets de déconcentration des pouvoirs appelés pompeusement «régionalisation» ou «approfondissement de la vie municipale», avec référendums locaux à la clé. Parallèlement, elle essaie de réintroduire de vieilles notions, comme le partage, l’équité, la subsidiarité. Autant de mots creux, visant à donner un sens moral aux inégalités. Sur ces enjeux-là. nos démocrates peuvent encore trouver du grain à moudre, mais comme dans le même temps toutes ces restructurations provoquent des bouleversements sociaux destructeurs de réseaux et de traditions, il n’est pas sûr que nous y trouvions notre compte.

La démocratisation de la société de classes a ses limites, et le nombre de ceux et celles que cela ne trompe plus augmente singulièrement. La démocratie — autrement dit le concept d’égalité politique — a donné tout ce qu’elle avait à donner. Elle n’a plus rien à nous dire ou faire espérer.

Par contre, l’extension de la notion d’égalité aux champs de l’économique et du social restent à conquérir. L’idée d’égalité économique ne peut que prendre du relief et de l’intérêt pour toute cette masse de gens subissant quotidiennement les effets d’un système à bout de souffle et aspirant à plus de justice dans leurs relations sociales. Pour ce faire, nous serons amenés à contester radicalement la démocratie, et à lui substituer d’autres concepts de régulation sociale. Nous appellerons ce devenir «communisme libertaire ou anarchie». Reste à lui faire prendre corps.

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le pétrole (abiotique)… 4ème partie

Posted in actualité, sciences et technologie, sciences et technologies with tags , , on 27 juin 2011 by Résistance 71

1ère partie

2ème partie

3ème partie

5ème partie

6ème partie

 

L’évolution des systèmes à multi-composants sous hautes pressions: VI. La stabilité thermodynamique du système hydrogène-carbone, la génèse des hydrocarbones et l’origine du pétrole

 

Par

J.F. Kenney (Ph.D), de l’Institut de la physique de la Terre, académie des sciences de Russie et Gas Resource Corporation, Houston, Texas

Vladimir Kutcherov (Ph.D) de l’université russe du gaz et du pétrole, Moscou

Nikolai Bendeliani (Ph.D) et Vladimir Alekseev (Ph.D), de l’institut de physique des hautes pression, académie des sciences de Russie, Moscou

Extraits de l’article publié par la revue “Proceedings of the National Academy of Science” (USA) le 20 Août 2002, traduit de l’anglais par Résistance 71

Les parties de calculs de physique sont sur l’article original, nous ne les avons pas reproduit dans notre traduction. Les matheux peuvent les consulter directement sur le site du professeur Kenney (lien ci-dessous).

 

Référence de l’article:

http://pnas.org/cgi/doi/10.1073/pnas.172376899

 

Url de l’article original complet en anglais:

http://www.gasresources.net/alkaneGenesis.htm

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Abstract:

La génèse spontanée des hydrocarbones comprenant le pétrole naturel a été analysée au moyen de la théorie de la stabilité thermodynamique chimique. Les restrictions imposées sur l’évolution chimique par la seconde loi de la thermodynamique sont brièvement revues et la prohibition de la transformation de molécules biologiques en des hydrocarbones plus lourds que le méthane dans le régime de conditions de températures et de pressions régnant dans la zone de la croûte terrestre y est reconnue. Pour l’analyse théorique de ce phénomène, une équation de principe primordial générale a été développée par l’extension de la théorie de la réduction des particules (“scaled particle theory” dans le texte) et en utilisant la technique de la fonction de partition à facteur (NdT: “factored partition function” dans le texte) de la théorie simplifiée de la chaîne dure perturbée. Les potentiels chimiques et l’affinité thermodynamique respective ont été calculés pour les composants typiques du système H-C et ce dans une fourchette de pressions variant de 1 à 100 kbar (1kbar = 100 MPa) et à des températures consistantes avec celles trouvées à la profondeur terrestre correspondant à ces pressions. Les analyses théoriques établissent que les alcanes normaux, le groupe d’hydrocarbones homologues au plus bas potentiel chimique ne se développe qu’à des pressions supérieures à 30 kbar, à l’exception exclusive du plus léger, le méthane. La pression d’environ 30 kbar correspond à une profondeur d’environ 100 km. Pour la vérification expérimentale des prédictions déduites de l’analyse théorique, un appareil spécial à haute pression a été construit, qui permet des recherches à des pressions de l’ordre de 50 kbar et des températures de l’ordre de 1500 oC et qui de surcroi permet un refroidissement rapide tout en maintenant des hautes pressions. La génèse d’hydrocarbones pétroliers sous hautes pressions a été démontrée en n’utilisant que les agents de réaction solides que sont l’oxyde de fer, FeO, et le marbre, CaCO3 pur à 99,9% et mouillé avec une eau résultant d’une triple distillation.

[…]

Introduction:

[…] Le problème scientifique majeur concernant le pétrole a été l’existence et la génèse des molécules d’hydrocarbones individuelles elles-mêmes: comment et sous quelles conditions thermodynamiques peuvent évoluer des molécules si hautement réduites et à un si haut potentiel chimique ?[…]

[…] Cet article est organisé en cinq parties. La première partie résume brièvement le formalisme de la théorie moderne de la stabilité thermodynamique et le cadre théorique pour l’analyse de la génèse des hydrocarbones et du système H-C, de manière similaire à tout autre système.

La seconde partie examine en appliquant les restrictions de la thermodynamique, la notion que les hydrocarbones peuvent provenir spontanément de molécules d’origine biologiques. Ici sont décrits les spectres des potentiels chimiques des molécules d’hydrocarbones, particulièrement celles se produisant naturellement dans le pétrole…

[…] La troisième partie décrit les principes premiers, le formalisme de statistique mécanique développés de l’extension de la représentation de la théorie des particules réduites (SPT) appropriée pour les mélanges de molécules asphériques combinée avec une représentation de champ-moyen du composant attractif à longue portée du potentiel inter-moléculaire.

Dans la quatrième section de cet article, l’affinité thermodynamique développée en utilisant ce formalisme établit que les molécules d’hydrocarbones péculiaires au pétrole naturel sont des polymorphes à haute pression du système H-C, de la même manière que le diamant et le lonsdaleite le sont au graphite pour le système de carbone élémentaire et qu’ils ne se développent que sous des régimes thermodynamiques de pressions supérieures à 25-50 kbar (1kbar = 100 MPa).

La cinquième section se rapporte aux résultats expérimentaux obtenus en utilisant des équipements spécifiquement créés pour tester les prédictions des sections précédentes. De l’application de pression de 50 kbar et des températures de 1500oC sur des éléments solides (et évidemment abiotiques) de CaCO3 et de FeO humidifiés avec une eau résultant d’une triple distillation, le tout en absence totale de toute molécules d’hydrocarbone ou de molécules biotiques, résulte la suite de fluides pétroliers: méthane, éthane, propane, butane, pentane, hexane, des isomères de ces composants et les plus légers des séries n-alcane[…]

[…] 2. Le spectre énergétique thermodynamique du système H-C et la prohibition effective de la génèse d’hydrocarbones à basse pression.

[…] Les propriétés du spectre d’énergie thermodynamique des systèmes H-C et H-C-O, combinées avec les contraintes de la seconde loi (Eq.2) établissent trois propriétés cruciales du pétrole naturel:

  • Le système H-C qui constitue le pétrole naturel est métastable dans un état de déséquilibre. A basses pressions, toutes les molécules d’hydrocarbones plus lourdes sont thermodynamiquement instables contre leur décomposition dans du méthane et du carbone, comme l’est de manière similaire le diamant dans le graphite.
  • Le méthane ne se polymérise pas en molécules d’hydrocarbones plus lourdes à basses pressions et à n’importe quelle température. Au contraire, augmenter la température (sous basses pressions), doit augmenter le ratio de décomposition des hydrocarbones plus lourds dans le méthane et le carbone.
  • Tout composé d’hydrocarbone généré à basses pression et plus lourd que le méthane, serait instable et conduit dans l’état d’équilibre stable du méthane et du carbone.

Ces conclusions ont été amplement démontrées depuis un siècle de pratique d’ingénierie du rafinage. La troisième conclusion a été démontrée par de nombreuses tentatives expérimentales infructueuses de convertir des molécules biotiques en des hydrocarbones plus lourds que le méthane[…]

[…] Les propriétés déjà citées du pétrole naturel et la prohibition effective par la seconde loi de la thermodynamique de sa génèse spontanée à partir de molécules biologiques oxydées et de bas potentiel chimique étaient déjà clairement comprises dans la seconde moitié du XIXème siècle par des chimistes et thermodynamiciens tel que Berthelot et ensuite confirmé par bien d’autres incluant Sokolov, Biasson et Mendeleev[…]

[…] La résolution de ce problème dut attendre un autre siècle de développement de la théorie atomique et moléculaire moderne, de la mécanique statistique quantique (quantuum statistical mecanics) et de la théorie pluri-corpusculaire. Ce problème a maintenant été résolu de manière théorique par la détermination des potentiels chimiques et de l’Affinité thermodynamique du système H-C en utilisant la théorie de la mécanique statistique quantique et a aussi mantenant été démontré expérimentalement avec l’utilisation d’appareils spécifiques[…]

[…] 4. L’évolution des alcanes normaux, éthane, hexane et décane depuis le méthane sous hautes pressions

[…] Les résultats de l’analyse sont montrés graphiquement pour la température de 1000oK (fig.2). Ces résultats démontrent clairement que toutes les molécules d’hydrocarbones sont instables chimiquement et thermodynamiquement en relation avec le méthane à des pressions inférieures à environ 25 kbar pour le plus léger, l’éthane et 40 kbar pour le n-alcane le plus lourds montrés, le décane.

Les résultats de cette analyse graphiquement illustrés sur le Fig.2 établissent clairement ce qui suit:

  • A l’exception du méthane, les molécules plus lourdes d’hydrocarbones à potentiels chimiques plus importants ne sont pas générés spontanément dans le régime de basse pression lié à la synthèse du méthane.
  • Toutes les molécules d’hydrocarbones autres que le méthane sont des polymorphes à hautes pressions du système H-C et ne se développent spontanément que sous hautes pressions, plus importantes que le minima de 25 kbar et ce même sous les circonstances les plus favorables.
  • Au contraire des expériences des opérations de rafinerie conduites à basse pression, les alcanes les plus lourds ne sont pas instables et ne se décomposent pas nécessairement à des températures élevées. Bien au contraire, à hautes pressions, le méthane se transforme en alcanes plus lourds et les processus de transformation sont améliorés par des températures plus élevées.

[…] 6 Discussion et conclusions

[…] Quoi qu’il en soit, toutes les analyses de la stabilité chimique du sytème H-C ont montré des résultats qui sont qualitativement identiques et quantitativement très similaires: tout montre que les hydrocarbones plus lourds que le méthane ne peuvent pas évoluer spontanément à des pressions de moins de 20-30 kbar.

Le sytème H-C ne produit pas spontanément des hydrocarbones lourds à des pressions de moins de 30 kbar et ce même dans un environnement des plus favorables thermodynamiquement. Le système H-C produit des hydrocarbones sous des pressions identiques à celles que l’on trouve dans le manteau de la Terre et à des températures consistantes de cet environnement.

FIN de l’article.

1ère partie

2ème partie

3ème partie

5ème partie

Rhétorique de la pensée unique: terroriste ou héros ?… Tout n’est affaire que de propagande.

Posted in actualité, média et propagande, politique et lobbyisme, presse et média, terrorisme d'état with tags , on 25 juin 2011 by Résistance 71

LE CHOIX DES MOTS EN DIT LONG SUR LA PENSÉE: « ACTIVISTE »

 

 

Les alertes du « Monde » me l’ont annoncé cette nuit:   Le Brésil libère l’ex-activiste Cesare Battisti

(Le dictionnaire me dit: Activiste, une personne dont l’engagement politique privilégie l’action directe, pouvant aller jusqu’à braver la loi.)

Comme je suis un mauvais esprit, je me pose la question:

Que signifie le choix du mot « activiste » par la voix du pouvoir ? Pourquoi Battisti est un « activiste » tandis que d’autres (qui ont fait la même chose que Battisti) ne le sont pas ?

Cesare Battisti est un petit délinquant qui a fait sa formation politique en prison dans les années 60 et est accusé (ce qu’il nie) d’avoir commis des attaques à main armées ainsi que d’être impliqué dans quatre assassinats. Pour la presse il est un activiste.

Rachid Ouazzani est un petit délinquant qui a fait sa formation politique en prison dans les années 90 et qui est accusé d’avoir commis des attaques à main armée pour financer le soutien à la lutte armée pro-Taliban en Afghanistan: pour la presse il est un terroriste islamiste.

Tom Morel avait rassemblé une centaine de combattants armés sur le Plateau des Glières pour attaquer le campement de police d’Entremont: pour la presse (et pour l’histoire) il est un prestigieux combattant de la Résistance

Julien Coupat avait rassemblé une dizaine d’amis dans une communauté à Tarnac, il est  accusé (ce qu’il nie) d’avoir posé des grappins sur les caténaires SNCF : pour la presse il est un militant radical voire un terroriste et le « Groupe de Tarnac » est une dangereuse pépinière terroriste, un groupe anarchiste ultra-violent, voire une épicerie tapie dans l’ombre (sic).

Les combattants irakiens ou afghans posent des IED sur le passage des patrouilles de l’armée US : pour la presse ils sont des terroristes ou des insurgés. Pour Nicolas Sarkozy et Gérard Longet ils sont la première ligne de front du terrorisme international qui menace toute la planète

Menachem Begin a fondé et dirigé une groupe armé clandestin qui a assassiné des dizaines de personnes et organisé un attentat meurtrier dans un hôtel de Jérusalem. Il a été condamné à mort par contumace par la justice britannique: pour la presse il est l’ancien président israélien. Aucun livre d’histoire occidental n’utilise le terme terrorisme pour parler de l’Irgoun ou du Groupe Stern. Au pire on parlera d’actions violentes.

Osama Bin Laden est accusé (ce qu’il nie) d’avoir planifié les attentats du 11-septembre qui ont coûté la vie à 3 000 peresonnes: pour la presse il est un exalté religieux sanguinaire, le plus grand terroriste de l’histoire des Etats-unis ou bien l’Axe du Mal

George W. Bush a planifié et dirigé l’invasion de l’Irak qui a couté la vie, directement, à près de 80 000 personnes et déclenché un conflit qui a tué plus d’un million de personnes et détruit les existences de millions d’autres civils innocents: pour la presse il est l’ancien président des Etats-unis.

Ratko Mladic a dirigé l’armée serbe lors de la guerre de Bosnie et est accusé d’avoir massacré des civils: il a été extradé vers le tribunal de La Haye pour y être jugé comme criminel de guerre. Pour la presse il est le boucher des Balkans.

Hashim Thaci a dirigé le mouvement de résistance armée albanais au Kosovo, il est accusé d’être un trafiquant de drogue, un braqueur de banques,  d’avoir massacré des civils, torturé des combattants ennemis et même (ce qu’il nie) avoir organisé un traffic d’organes prélevés sur des prisonniers assassinés pour l’occasion. Pour la presse il est le premier ministre kosovar.

On vous parle tout le temps de la menace du fondamentalisme musulman ou du fanatisme sanguinaire des barbus. Si vous regardez l’histoire du XXè Siècle vous remarquerez que les plus grands massacreurs étaient glabres ou portaient la moustache et avaient reçu une éducation chrétienne : l’Empereur Guillaume, Mussolini, Hitler, Staline, Churchill, Bush, Blair… aucun d’entre eux n’était barbu. Et aucun d’entre eux n’était musulman. Pourtant la presse ne vous parle jamais de la menace chrétienne blanche.

Peut-on imaginer lire, dans un journal français, que Georges W. Bush est un activiste voire un terroriste (parmi les plus grands de l’histoire du Moyen-Orient) ou encore un exalté religieux sanguinaire ? Ou entendre parler « d’actions politiques violentes menées par des activistes afghans contre l’armée d’occupation étrangère dans leur pays ? ». Peut on imaginer un jour voir Tony Blair et George W. Bush et Donald Rumsfeld être mis dans un avion pour le TPI de La Haye ? Peut-on imaginer lire un jour dans la presse que George W. Bush est le boucher de l’Euphrate  ?   Quelqu’un s’interrogera-t-il un jour sur la menace que fait peser sur la stabilité de la région l’arsenal nucléaire états-unien, britannique ou israélien — largement supérieur à la bombinette hypothétique que Ahmadinejad est supposé vouloir fabriquer. Verra t’on un jour des politiques occidentaux appeler à des frappes militaires contre le complexe militaro-industriel israélien de Dimona plutôt que contre le complexe nucléaire de Natanz en Iran ?

Oui ? Non ? Expliquez moi pourquoi ? (ça ferait un bon sujet pour le bac de philo, non ?)

http://libertesinternets.wordpress.com/2011/06/09/le-choix-des-mots-en-dit-long-sur-la-pensee-activiste/

Résistance et éducation: Contre la pensée unique, une pédagogie critique permettant une pensée critique

Posted in actualité, autogestion, militantisme alternatif, pédagogie libération, philosophie, politique et social, politique française, résistance politique, société libertaire with tags , , , , , , on 25 juin 2011 by Résistance 71

Être éducateur et libertaire

 

Par Agnès, groupe Louise-Michel de la Fédération anarchiste

 

Url de l’article original:

http://www.monde-libertaire.fr/education/14638-etre-educateur-et-libertaire

 

 

L’éducation est la garante de la reproduction des valeurs, des normes, des rapports entre humains. Elle est bien la courroie de transmission de nos sociétés fonctionnant sur un système hiérarchique et, par ce fait même, autoritaires.

Ainsi, dans les institutions d’enseignement et de formation, elle a une finalité adaptative, préparant les individus à accepter le contexte sociétal et même à en renforcer les bases par le processus d’intériorisation des principes qui régissent l’ordre social. Ainsi, ces individus vont-ils contribuer à perpétuer ce système par leurs pratiques. La socialisation opère alors par la voie de l’éducation. « L’ordre par le pouvoir » est accepté et devient une doxa. Ainsi, sommes-nous préparés à entrer dans le rang pour notre bien, nous dit-on, pour être intégrés.

La reproduction sociale, par les voies institutionnelles, a largement été démontrée par nombre de travaux en sociologie de l’éducation réalisés entre autres par Bourdieu et Passeron, et Baudelot et Establet 1. Les recherches dans ce domaine mettent surtout en avant la ségrégation sociale, la reproduction des inégalités dans l’accès au savoir.

Les anarchistes, eux, ont toujours critiqué, voire condamné ces dispositifs académiques, conscients de leurs effets de formatage. Nous qui pensons que l’éducation, au contraire, vise à « se former » plutôt qu’à « être formé », nous l’envisageons comme l’acquisition de savoirs qui seraient des armes intellectuelles d’émancipation. Inciter à la réflexion, à l’analyse, c’est soutenir la pensée et susciter le désir d’agir pour transformer la société dans laquelle la personne est dominée et exploitée.

Nous savons qu’une autre éducation est possible, une éducation contribuant, à l’opposé, à la mise à plat des évidences, à l’analyse des enjeux des rapports de pouvoir, et donc à la compréhension de notre propre situation dans la société. Comme l’énonçait Fernand Pelloutier, elle peut déboucher sur « la science de notre propre malheur ».

Cette « science » suscite des interrogations conduisant à entrevoir, à concevoir d’autres scénarios possibles pour une société différente. Elle peut permettre aux individus de se construire, avec la volonté de ne pas être de simples spectateurs ou de ne pas être réduits à l’état d’exécutants. En ce sens, l’éducation peut être vectrice de transformations sociales, d’évolution sociale, voire de révolution sociale.

L’éducation fondée sur un état d’esprit libertaire, au travers de différentes déclinaisons pédagogiques, par ses principes mêmes et ses pratiques, répond à une ambition qui devrait être celle de toute éducation : favoriser l’autonomie.

Bien sûr, elle aspire au développement de l’anarchisme par l’intermédiaire d’individus capables d’analyser l’ordre établi et de proposer un autre mode de vie ensemble, exempt de rapport de domination, fondé sur l’égalité et l’entraide. Pour autant, il ne s’agit pas de façonner des individus afin qu’ils deviennent anarchistes, ce qui serait tout à fait contraire à l’objectif d’indépendance. La finalité est que les individus s’érigent comme êtres tendant à la liberté de penser et d’action.

Pour un éducateur – libertaire –, le savoir est donc surtout pensé comme émancipateur. Il est facteur de conscientisation. Par le savoir, nous comprenons mieux notre environnement économique, social, le contexte politique, les enjeux internationaux… Le savoir est une arme de défense et d’offensive.

Alors, pour un libertaire éducateur, exercer dans des institutions conventionnelles peut paraître contradictoire avec ses idéaux. Bien évidemment, la position n’est pas confortable, et nous sommes traversés par des doutes, des malaises. La plupart des salariés libertaires ne connaissent-ils pas d’ailleurs, eux aussi, ce dilemme : remettre en question la société tout en y étant inclus et y participant ?

Nous développons des pratiques éducatives en rupture avec celle qui est la plus courante : le cours magistral, plaçant l’apprenant dans une position basse de récepteur et non d’acteur. Et ce, même si les pédagogies dites actives ont semé quelques évolutions.

Déjà, par notre positionnement, nous tentons de situer l’apprenant comme sujet, en nous gardant de toute attitude de supérieur. Ainsi, est-il possible de favoriser la conscience, l’intérêt, la curiosité par la responsabilisation, la participation, le travail coopératif, la recherche. Nous pouvons emprunter une démarche libertaire, c’est-à-dire favoriser la conception, la construction de la pédagogie avec ou par les apprenants eux-mêmes. Nous pouvons même élargir, à leur initiative, les contenus incontournables et/ou obligatoires.

Notre relation avec les apprenants est fondée sur l’échange, sur un véritable dialogue collectif et individuel. Nous cherchons surtout à être davantage des facilitateurs que des transmetteurs. Mais transmettre des connaissances s’avère indispensable pour donner aux apprenants des bases, des éclairages, des repères. Cela n’implique pas qu’ils soient passifs. Être à l’écoute, c’est agir, mobiliser ses capacités intellectuelles. À nous d’encourager les questionnements, les prises de parole.

Nous nous inscrivons dans la filiation de pédagogies qualifiées de libertaires, porteuses d’un humanisme anarchiste qui leur sont intrinsèques, impliquant une conception d’éducation pour la liberté, refusant que le savoir soit un pouvoir et visant à éveiller la volonté de s’engager dans la société (entre autres par l’entraide). Toutes ces pédagogies mettent en avant une éducation intégrale à la fois intellectuelle et aussi manuelle permettant de produire de manière autonome. Toutes prônent l’apprentissage par l’expérience, le tâtonnement, les essais et les erreurs.

Tout éducateur devrait se demander comment favoriser l’autonomie tout en proposant un cadre pour l’appropriation des connaissances, pour l’expérimentation. Le libertaire se trouve, davantage que tout autre, confronté à ce qui peut paraître contradictoire : l’association des termes « éducation » et « liberté », avec la conscience qu’éduquer suppose une démarche en lien avec son projet éducatif.

En outre, la non-directivité, stricto sensu, promue par certains pédagogues pour favoriser la « conquête de la liberté », est à questionner. Il ne s’agit pas de s’inscrire dans un « laisser-faire » qui pourrait être insécurisant, voire angoissant. Les enfants, les adolescents ont besoin de se confronter à des « limites » pour apprendre à vivre avec autrui, pour supporter la frustration, pouvoir différer leurs besoins, leurs envies, pouvoir se projeter. Ainsi, l’anti-autoritarisme ne se confond pas avec l’absence de l’autorité nécessaire aux enfants pour un apprentissage progressif de l’usage de la liberté.

De plus, l’acquisition de connaissances, de méthodes de travail, la réflexion, l’analyse ne sont possibles que dans certaines conditions : des consignes, des règles en sont souvent les garantes. L’anti-autoritarisme ne doit pas être assimilé à l’absence déstabilisante d’un cadre pouvant renvoyer à un sentiment de vide.

Un éducateur libertaire veille à ce que ce cadre soit, le plus possible, élaboré avec les apprenants, voire par ces derniers, seuls. Néanmoins, il possède des compétences pour proposer des étapes d’apprentissage dans des domaines où il a des connaissances à partager.

Son anti-autoritarisme le conduit à s’expliquer, à être à l’écoute des apprenants, à évaluer sa pédagogie à travers leurs réactions, en prenant en considération leurs commentaires. Il privilégie les propositions, les modifications issues d’une réflexion collective pour revoir les contenus et les modalités d’apprentissage. Il accepte que son savoir soit remis en question.

Pour conclure, être éducateur et libertaire c’est s’inspirer des pédagogies pratiquées par des libertaires (William Godwin, Paul Robin, Sébastien Faure, Francisco Ferrer), mais aussi de celle de Célestin Freinet qui insistait tant sur la notion de centre d’intérêt et sur le travail coopératif. C’est aussi puiser des idées dans la pédagogie institutionnelle qui incite les élèves à être acteurs de leur apprentissage et les amène, progressivement, à prendre en charge la vie de la classe.

Toutes ces approches ont bien des points en commun et se sont influencées les unes les autres. Elles mettent plus l’accent sur l’autoconstruction de l’individu que sur les connaissances en tant que telles. C’est pourquoi les relations, les échanges, bref la vie de la classe, de la promotion ou du groupe sont considérés comme des axes d’éducation non négligeables, et ce, quel que soit l’âge des apprenants. Ainsi, être éducateur et libertaire signifie proposer des espaces, des temps, des dispositifs pour s’initier à l’autoformation, à la responsabilisation, à la prise de décision, à la coopération, à la mutualisation. Bref, c’est permettre d’expérimenter l’autogestion. Pour un éducateur, c’est se positionner comme un aidant, un accompagnateur permettant l’utilisation de toutes les ressources dont les apprenants disposent.

En laissant un maximum de marge de manœuvre aux apprenants, nous nous heurtons souvent aux collègues, aux directions. Mais surtout nous choisissons l’inconfort, le doute, la critique sur nos interventions afin de tenter de nous inscrire dans une démarche libertaire, au sein d’une société qui prône l’autoritarisme et la répression.

 

Agnès, groupe Louise-Michel de la Fédération anarchiste

 

1. Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, Les Héritiers, Édition de Minuit, 1964 ; idem, La Reproduction, Éditions de Minuit, 1970. Christian Baudelot et Roger Establet, L’École capitaliste en France, Maspéro, 1971.

 

 

Nouvel Ordre Mondial: lecture orwellienne: pour Obama en campagnes (militaire et électorale) une réduction des effectifs militaires veut dire plus de guerres à venir !

Posted in 11 septembre, actualité, crise mondiale, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, média et propagande, N.O.M, terrorisme d'état with tags , , , , , , , , , on 24 juin 2011 by Résistance 71

Le discours de réduction d’effectifs d’Obama: toujours plus de mensonges orwelliens.

 

 

Par Kurt Nimmo
  |  Infowars.com   |  
le 23 Juin 2011

 

Url de l’article original:

http://www.infowars.com/obamas-drawdown-speech-more-orwellian-lies/print/

 

 

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

 

Obama commence son discours en déclarant qu’Oussama Ben Laden et Al Qaeda ont attaqué les Etats-Unis d’Amérique le 11 Septembre 2001. Comme son prédécesseur, le gouvernement et les médias de masse, il ne donne aucune preuve de cela mais simplement le déclare comme un fait.

Les évènements du 11 Septembre 2001 n’étaient pas inclus dans l’affiche (et la fiche) de recherche du FBI de Ben Laden. D’après ce même FBI, Ben Laden était recherché en rapport aux attentats à la bombe d’Août 1998 contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, mais pas pour les attaques du 11 Septembre.

Rex Tomb, le patron des enquêtes publiques du FBI a admit il y a des années qu’il n’y avait aucune preuve pouvant connecter le saoudien avec le 11 Septembre. “La raison pour laquaelle le 11 Septembre n’est pas mentionné sur la page de recherche d’Oussama Ben Laden est parce que le FBI n’a aucune preuve tangible le liant aux attentats du 11 Septembre.” A dit Tomb en 2006. “Ben Laden n’a pas été formellement inculpé en connexion avec le 11 Septembre.”

Obama déclare que la nation était unifiée quand elle envahit l’Afghanistan en Octobre 2001. Des sondages ont révélé à l’époque que 90% des américains sondés supportaient l’invasion de l’Afghanistan. Ces sondages nationaux ne disent pas bien sûr que les citoyens américains ont été leurrés par une propagande sans relâche de la part du gouvernement et que la véritable raison pour envahir l’Afghanistan fut gardée secrète. Les citoyens ne furent pas mis au courant que le gouvernement avait planifié l’invasion de l’Afghanistan bien avant le 11 Septembre 2001.

On ne leur a pas non plus dit à l’époque que les Etats-Unis n’avaient aucune intention de capturer Ben Laden ni de le traduire en justice.

Mullah Abdul Salam Zaeef, l’ambassadeur des Talibans au Pakistan a dit deux jours après les attentats du 11 Septembre que les Talibans livreraient Ben Laden aux autorités américaines si elles prouvaient de sa complicité dans ces évènements, que Ben Laden refuta en deux occasions les 18 et 28 Septembre. Fin Septembre, le General Hamid Gul ancien chef des services de renseignement pakistanais l’ISI, donna plusieurs interviews dans lesquelles il stipula que Ben Laden n’était pas responsable des attentats du 11 Septembre. Gul dit alors qu’il pensait que les attaques avaient été perpétrées par le Mossad israélien avec la complicité d’éléments renégats de l’armée de l’air états-unienne.

“Livrez aux Etats-Unis tous les leaders d’Al Qaeda que vous cachez sur votre sol”, ordonna Bush dans son désormais tristement cèlèbre discours du “vous êtes avec nous ou vous êtes avec les terroristes” le 20 Septembre. Il ignora l’offre des Talibans de livrer Ben Laden parce qu’il n’y avait pas de preuves contre lui.

Les Etats-Unis avaient un plan d’invasion du pays et de renverser les Talibans “avant que les neiges ne commencent à tomber sur l’afghanistan, vers la mi-Octobre au plus tard”, rapporta la BBC à la fin de l’année 2001.

En 1995, Unocal (NdT: compagnie américaine de construction pétrolière dont Hamid Karzaï, toujours président Afghan, était un exécutif) signa un contrat de 8 milliards de dollars avec le Turkménistan pour construire des pipelines faisant partie d’un plan de deux pipelines visant à transporter du p´trole et du gaz du Turkménistan au Pakistan à travers l’Afghanistan. Les Etats-Unis travaillaient avec les Talibans, une stricte secte wahabite créée par la coopération de la CIA et des services pakistanais de l’ISI  (collaboration between the CIA and Pakistan’s ISI) après la guerre civile afghane et afin de supporter le contrat de pipelines, mais vers la mi-2001, ils menaçaient les Talibans d’un “tapis de bombes” s’ils n’acceptaient pas un arrangement en leurs termes.

Obama ensuite dit qu’Al Qaeda a “fuit au Pakistan”. Il ne prend bien sûr pas la peine de mentionner que les Etats-Unis et le Pakistan avaient secrètement transporté par voie aérienne des Talibans et des combattants d’Al Qaeda hors de la place forte assiégée de Kunduz dans le Nord de l’Afghanistan à la fin Novembre 2001. Quand l’ordre de mission devint public, le secrétaire à la défense Rumsfeld mentît à son propos. “Oh vous pouvez en être certain, nous n’avons pas aussi loin que je sache, vu d’avions ou d’hélicoptères aller en Afghanistan ces jours ou semaines récents pour en sortir des gens hors d’Afghanistan et les emmener dans quel que pays que ce soit, encore moins au Pakistan.”, déclara t’il dans un briefing au Pentagone. Comme le nota à l’époque le journaliste Seymour Hersch, le transfert aérien n’auarait jamais pu se faire sans le consentement de Rumsfeld.

Obama déclare que les Etats-Unis se devaient de rester si longtemps en Afghanistan à cause de “la résurgence des Talibans”, mais il ne dit rien à propos du fait que les Etats-Unis les payaient. “Dans un flot continue d’argent, les dollars du contribuable américain furent utilisés pour payer des membres des Talibans et pour financer un environnement très volatile en Afghanistan”, rapporta Project Censored. “Le financement des insurgés, ainsi que des rumeurs persistantes d’hélicoptères américains transbahutant des membres des Talibans en Afghanistan, a mené à une méfiance généralisée envers les forces américaines, Dans le même temps, les dollars du contribuable américain, continuent à financer les insurgés pour protéger les troupes américianes afin qu’elles puissent se battre contre les insurgés.”

Dans son discours, Obama promet de ramener à la maison 10 000 soldats avant la fin de l’année et 23 000 de plus avant la fin de l’été prochain, juste avant les élections présidentielles de 2012. En d’autres termes il a promis de ramener les 30 000 troupes qu’il ordonna dans la pays en Décembre 2009. En accord avec les chiffres du Pentagone, il y a actuellement 94 000 personnels militaires américains en Afghanistan, chiffres du mois de Mai, comparé avex 92 000 en Irak. La réduction d’effectif, élevée au pinacle par les pom-pom girls des médias comme étant le début de la fin de la guerre en Afghanistan, ne représente en fait que juste un réduction d’un tiers des forces présentent et occupant le pays.

Les Etats-Unis ne planifient pas de quitter l’Afghanistan, ni l’Irak. Ils planifient d’étendre leurs guerres au Pakistan, et maintenant au Yémen, en Somalie et la corne de l’Afrique. Obama en tant que commandant en chef des armées, va présider à une invasion de la Libye, tentativement planifiée pour le mois d’Octobre. Les guerres vont s’étendre, et non pas se contracter, jusqu’à ce que l’empire s’effondre sur lui-même victime d’un trop grand stress et de ses contradictions.

Le discours de Barack Obama alias Barry Soetoro n’était qu’un discours orwellien de plus pour la plèbe, alors que les républicains s’apprêtent à choisir leur laquais de l’establishment comme candidat à la présidence, qui sera plus que vraisemblablement Rick Perry, et tous se rendront au grand cirque électoral de l’an prochain.

Pour le Nouvel Ordre Mondial, la guerre est la paix. La dernière performance sans faille du lecteur de téléprompteur d’Obama n’en est qu’un exemple supplémentaire.

Résistance politique au Nouvel Ordre Mondial: le sommet de Téhéran pour contrer l’hégémonie impérialiste anglo-américaine.

Posted in actualité, guerre iran, guerres hégémoniques, guerres imperialistes, ingérence et etats-unis, média et propagande, résistance politique with tags , , , , , on 24 juin 2011 by Résistance 71

Un sommet à Téhéran pour contrer les Etats-Unis

 

par M.K. Bhadrakumar pour Asia Times Online

 

le 23 Juin 2011

 

Url de l’article original:
http://atimes.com/atimes/South_Asia/MF23Df03.html

 

Traduction française JFG pour MecanoBlog

 

Quasi-proportionnellement à l’effondrement des liens entre Washington et ses alliés à Kaboul et Islamabad, l’Iran a intensifié ses activités politiques et diplomatiques autour du problème afghan et de la situation régionale. Téhéran estime que les relations entre les États-Unis et les gouvernements afghan et pakistanais ont subi un sérieux revers et qu’un prompt rétablissement est peu probable.

Ainsi, une fenêtre d’opportunité s’est ouverte à Téhéran pour faire reculer l’emprise des Etats-Unis pendant dix ans sur la géopolitique de la région. Téhéran est déterminé à ne pas manquer l’occasion.

L’objectif immédiat est en quelque sorte de torpiller les plans des Etats-Unis visant à établir des bases militaires en Afghanistan et à s’étendre dans la région stratégiquement vitale d’Asie Centrale, tout en débordant l’Iran à l’Est. La poussée politique et diplomatique iranienne arrive à un moment où les divergences américano-afghanes sont apparues au cours des négociations qui ont récemment été dévoilées au public.

Mais Téhéran considère également que cette partie comporte des enjeux élevés, avec des ramifications beaucoup plus large que la simple question de contrarier les plans américains d’établir des bases militaires en Afghanistan. Téhéran aura pour objectif de disperser le cordon de l’alliance américano-saoudo-israélienne dans le sillage des bouleversements au Proche-Orient.

Après tout, l’Afghanistan devient partie intégrante du « Grand Moyen-Orient », le Pakistan est un allié de longue date des États-Unis et de l’Arabie Saoudite et l’ensemble de ces trois pays – l’Iran, le Pakistan et l’Afghanistan – devient une plaque tournante stratégique d’une importance immense pour la géopolitique d’une vaste région s’étendant du Levant à la vallée de Ferghana.

Pour s’en assurer, l’objectif de Téhéran consistera à forger l’unité régionale avec Kaboul et Islamabad sur la base de leurs préoccupations et intérêts communs vis-à-vis de la politique américaine régionale.

Cette semaine, les efforts iraniens recevront un encouragement avec la visite à Téhéran du président pakistanais Asif Ali Zardari et du président afghan Hamid Karzaï, qui participeront à la conférence internationale sur le terrorisme à l’invitation du président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Cette conférence est programmée les 25 et 26 juin, mais Zardari arrive ce jeudi pour une visite de deux jours.

Le fait que Zardari et Karzaï assistent à une conférence sur le terrorisme organisée par l’Iran, à ce moment précis, est en soi un indicateur significatif de la manière dont le vent souffle actuellement sur la politique régionale. Le gouvernement saoudien aurait effectué une démarche diplomatique auprès du Pakistan, suggérant qu’il doive ignorer la conférence de Téhéran et, à la place, participer à un conclave similaire sur le terrorisme qu’il propose de convoquer prochainement à Riyad.

Les Etats-Unis seront aussi très mécontents de la décision de Karzaï d’être aux côtés de l’Iran, en ce moment, sur la « guerre contre le terrorisme ». Cela démolit l’allégation des Etats-Unis selon laquelle l’Iran fomente le terrorisme. Zardari emmène avec lui une délégation de ministres, qui comprend le ministre de l’Intérieur Rehman Malik, le ministre du Pétrole et des Ressources naturelles Asim Hussain et le ministre de l’Eau et de l’Energie Syed Naveed Qamar.

Les médias iraniens ont indiqué que Zardari s’exprimera sur le projet de gazoduc irano-pakistanais, auquel s’opposent fortement les Etats-Unis, et qu’une « étape décisive pour l’exécution de ce projet qui a déjà été retardé » peut être espérée lors de sa visite. L’Iran a déjà achevé la construction de 1.000 kilomètres de ce gazoduc sur les 1.100 km prévus sur le sol iranien.

L’Iran a également proposé qu’un réseau de transport d’électricité soit construit à côté du gazoduc, reliant le réseau d’électricité de l’Iran avec celui du Pakistan. Par ailleurs, l’Iran a proposé de vendre 1.000 mégawatts/heures d’électricité au Pakistan à un taux subventionné.

« Tentatives de contournement »

Téhéran fait une tentative acharnée pour donner une nouvelle dynamique à ses relations bilatérales avec le Pakistan. Téhéran a traditionnellement nourri un sentiment de frustration envers l’alliance américano-pakistanaise. Ahmadinejad a récemment déclaré que Téhéran est en possession de « preuves spécifiques » pour dire que les USA projettent de saisir les armes nucléaires du Pakistan.

En effet, compte tenu de la présence militaire américaine et du soutien américain au groupe terroriste Jundallah, qui fomente la violence dans la région du Sistan-Baloutchistan en Iran oriental bordant le Pakistan, les services de renseignements iraniens (le VEVAK, ndlr) sont très actifs en Afghanistan et au Pakistan. Téhéran a un mécanisme de partage du renseignement au niveau bilatéral avec le Pakistan et il est pratiquement certain que Malik discutera des voies et des moyens pour renforcer cet arrangement. Le Pakistan peut aider l’Iran à contrer le Djundallah, tandis que l’Iran peut partager des renseignements concernant les activités secrètes des Etats-Unis sur le sol pakistanais.

L’Iran semble partager l’estimation de la Russie et de la Chine, selon laquelle la politique étrangère pakistanaise est en cours de correction pour réduire la dépendance politique, économique et militaire d’Islamabad sur les Etats-Unis.

De même, Téhéran prend en compte que les Etats-Unis tiennent à la fois Islamabad et Kaboul à distance dans leurs négociations avec les Taliban et adopte une méthode de partage des informations avec pour principe de ne les divulguer qu’à ces partenaires clés.

Samedi dernier, Karzaï s’est servi d’un discours à la nation pour fustiger les Etats-Unis et est allé jusqu’à exposer que les Etats-Unis sont déjà en pourparlers directs avec les Taliban. Fait révélateur, le Pakistan a rapidement fait comme Karzaï et a entrepris, lundi, une forte démarche à ce même égard auprès des Américains.

De hauts responsables pakistanais auraient fait part de leurs préoccupations au Représentant spécial adjoint Frank Ruggiero, en visite, à propos des « tentatives de Washington de contourner » Islamabad et de maintenir délibérément le Pakistan à distance dans ses efforts pour rechercher un accord de paix avec les Taliban avant le retrait progressif d’Afghanistan.

Le communiqué publié par le ministère pakistanais des Affaires étrangères, après les discussions entre le ministre d’Etat des Affaires étrangères Hina Rabbani Khar et Ruggiero, qui se sont tenues à Islamabad lundi, disait : « Le ministre a souligné l’importance de la clarté et de la cohérence stratégique, de même que la transparence, afin de favoriser le peuple afghan et le gouvernement afghan dans le processus de paix et de réconciliation ».

Le journal pakistanais Tribune a cité un diplomate pakistanais, en poste à Kaboul, alléguant qu’Islamabad est maintenu dans l’obscurité par les Etats-Unis sur ses récents contacts avec les Taliban. « Nous savons bien que certaines réunions ont eu lieu entre les responsables américains et les Taliban afghans, en Allemagne et au Qatar. Il semble que le Pakistan soit délibérément maintenu à l’écart par les Etats-Unis afin de minimiser notre rôle dans la future donne politique en Afghanistan », a-t-il insisté.

Une fois encore, le journal Dawn a cité sans le nommer l’un des responsables pakistanais qui aurait dit, « D’un côté, ils [les Américains] parlent de l’aide du Mollah Omar, mais de l’autre, ce dirigeant Taliban est sur la liste des cinq hommes qu’ils veulent éliminer », demandant sur un ton acerbe s’il pouvait y avoir également un espace dans le dialogue politique des Etats-Unis pour le réseau Haqqani.

Cependant, ce serait un jugement hâtif que de conclure qu’Islamabad et Kaboul sont en train de coordonner leur opposition aux États-Unis. La relation afghano-pakistanaise reste très problématique, le déficit de confiance est important et une amélioration radicale dans le climat de leurs relations s’est avérée hors d’atteinte.

En fait, les escarmouches aux frontières ont augmenté en fréquence. Dans quelle mesure les Etats-Unis et l’OTAN alimentent ces tensions, dans le cadre de l’effort concerté à « mettre la pression » sur le Pakistan, n’est pas clair. Manifestement, une rencontre authentique des esprits entre Karzaï et Islamabad ne peut se concrétiser tant que ces tensions souterraines continuent d’éclater sur la région frontalière afghane, impliquant l’armée pakistanaise et les forces afghanes.

Peut-être Téhéran peut-il donner un coup de main pour régler ces tensions. Pour s’en assurer, l’Iran a un grand intérêt à ce stade à amener l’Afghanistan et le Pakistan à se rapprocher dans une relation téléologique de travail.

Le ministre iranien de la Défense, Ahmed Vahidi, qui s’est rendu à Kaboul la semaine dernière, a eu une réunion de fond avec l’ancien homme fort de l’Alliance du Nord et actuel vice-président, Mohammed Fahim. Vahidi a dit à Fahim, « La grande et courageuse nation d’Afghanistan est capable d’établir sa sécurité de la meilleure façon possible sans l’interférence des forces trans-régionales [comprendre : les USA et l’OTAN] ».

Vahidi a dit à son homologue iranien, Abdulrahim Wardak, « Leur présence [les Etats-Unis] fait obstacle à la matérialisation de la volonté de la grande nation afghane, résolue et qui travaille dur, et provoquera la discorde, la tension et l’insécurité et gaspillera le capital du pays ».

Wardak et Vahidi ont signé un document relatif à la coopération bilatérale en matière de sécurité. Fait intéressant, lors de la cérémonie de signature, Wardak a réagi ainsi : « Etant donné les menaces et les défis auxquels la région est confrontée, nous croyons qu’une défense commune et une coopération en matière de sécurité entre l’Iran et l’Afghanistan sont très importantes pour établir la paix et la sécurité dans la région ». Wardak a également dit, d’un air sous-entendu, que l’Afghanistan essayera, à ce stade, d’accroître ses liens en matière de défense et de sécurité avec l’Iran, afin de « remplir nos objectifs de sécurité communs dans la région. Nous croyons que l’expansion de la coopération en matière de défense commune et de sécurité avec l’Iran est dans nos intérêts ».

La ligne de faille pachtoune

À son retour à Téhéran dimanche, Vahidi a déclaré que les efforts américains pour établir des bases en Afghanistan font partie de leur plan visant à imposer un « système hégémonique » sur la région, « mais tous les pays et tous les peuples de la région sont opposés à ce complot. La présence des forces étrangères dans la région, en particulier les troupes américaines, est très nocif et représente une violation flagrante de la souveraineté nationale des pays de la région et compromet leur sécurité ».

Fait intéressant, il a ajouté, « Autant que nous le savons, la grande nation afghane n’est pas d’accord avec l’installation de bases militaires américaines, et il est naturel que les responsables du pays, qui suivent leur peuple, n’approuvent pas de tels plans ». Dans une allusion voilée au Pakistan, Vahidi a déclaré que « les pays de la région sont également opposés à la présence de troupes étrangères dans un pays voisin, car les pays extra-régionaux cherchent effectivement à entraver les progrès des pays islamiques ».

Téhéran prendrait en compte l’impression qui prévaut dans la région que les États-Unis et la Grande-Bretagne travaillent sur ce que l’on appelle le « plan Blackwill » – qui tire son nom de Robert Blackwill, un responsable américain qui a servi dans le Conseil à la Sécurité Nationale de George W. Bush – qui a d’abord soutenu que la meilleure solution afghane est de réaliser une partition de ce pays, le long de la principale ligne de faille ethnique pachtoune (lire à ce sujet l’article « La guerre d’Obama en Afghanistan », ndlr).

Ce plan laissait entendre que les Etats-Unis devraient quitter les provinces du Sud et du Sud-Est de l’Afghanistan et laisser la loi des Taliban être rétablie dans ces provinces, et, à la place, transférer leurs troupes vers le havre sûr de la région Nord, habitée par les tribus non-pachtounes qui sont amicales, d’où ils pourraient poursuivre efficacement leurs opérations de contre-insurrection au moyen de leurs forces spéciales et/ou de l’utilisation de leur puissance aérienne.

Les manœuvres entreprises par les Etats-Unis et leurs alliés d’engager des pourparlers directs avec les Taliban (sans impliquer ni l’Afghanistan ni le Pakistan), de même que la décision de supprimer progressivement les sanctions contre ces chefs Taliban sélectionnés qui sont prêts à faire des compromis, concorde avec les objectifs du plan Blackwill.

Les États-Unis ont pour objectif de persuader les Taliban à renoncer à leur opposition tranchante à la présence militaire à long terme US-OTAN dans l’Hindu-Kouch.

Les Taliban espèrent récupérer leurs bastions perdus dans les régions à domination pachtoune du Sud et du Sud-Est de l’Afghanistan. Gardant cela à l’esprit, au cours des deux dernières années, les Etats-Unis ont dépensé des sommes énormes pour rénover ou reconstruire des bases dans les régions non-pachtounes de l’Afghanistan, afin de les aligner sur les normes et les conditions de vie occidentales.

Le retrait des Etats-Unis qui débute en juillet concerne essentiellement les 30.000 soldats qui ont été incorporés l’année dernière pour le « surge » [la montée en puissance]. Les responsables américains et de l’OTAN ont récemment commencé à laisser entendre qu’il ne faut pas s’attendre, dans l’immédiat, au départ des troupes occidentales de la région.

Ce qui est particulièrement remarquable dans ce contexte est le rôle joué par l’Allemagne dans la mise en place des pourparlers de paix entre les Etats-Unis et les Taliban. Der Spiegel a rapporté en premier que plusieurs réunions ont eu lieu en Allemagne entre un assistant clé du Mollah Omar et des officiels américains. Dimanche dernier, dans une interview télévisée aux Etats-Unis, Robert Gates, le Secrétaire à la Défense a confirmé que de telles réunions avaient eu lieu.

Les forces allemandes occupent la région de l’Amou-Daria, qui chevauche le refuge sûr dont Blackwill a donné un aperçu pour le transfert des troupes américaines sur une base à long terme. Les forces allemandes ont lancé une vigoureuse campagne anti-insurrectionnelle dans la région Nord, ces derniers mois, en vue de l’assainir, et cette campagne, à son tour, a donné lieu à des attaques de représailles par les insurgés. Les opérations allemandes semblent répondre au plan Blackwill.

Les Allemands ont travaillé dur pour développer de bonnes relations de travail avec le gouvernement ouzbek à Tachkent et utilisent abondamment la base militaire de Termez, qui était autrefois la plus grande base soviétique en Asie Centrale, comme base d’approvisionnement pour les opérations dans la région Nord. De nouvelles lignes ferroviaires sont en construction pour relier Mazar-e-Sharif à Termez dans l’Amou-Daria, qui permettra de relier l’Afghanistan avec le réseau ferroviaire de l’ère soviétique qui va jusqu’à Berlin.

Les Allemands ont aussi puisé dans leurs liens stratégiques en expansion avec la Russie pour développer systématiquement une route de transit passant par le territoire russe, qui leur permet d’acheminer des fournitures en Afghanistan via Termez. La route russe menant à Termez permet aux forces de l’OTAN de réduire radicalement leur dépendance sur les deux routes pakistanaises. La Russie a récemment permis que même des armes et des munitions soient transportées par cet itinéraire. (Ces liens de communication pourront finir par devenir la nouvelle Route de la Soie.)

Le plan Blackwill détient le potentiel dangereux de faire voler en éclat la nation afghane. L’Afghanistan a été historiquement maintenu uni par les liens ténus de l’appartenance à une même nation. Le régionalisme et le caractère ethnique continuent de poser des défis à l’unité nationale.

Si l’unité afghane devient sérieusement menacée, les conséquences seront extrêmement graves pour le Pakistan. Ce ne sera qu’une question de temps avant que ce qui restera des Pachtounes ne se déverse sur la Ligne Durand [1] (lire à ce sujet « Le Grand Échiquier d’Asie Centrale », ndlr ) et ne déstabilise le Pakistan. Toute accentuation des lignes de faille ethniques ou renforcement des identités ethniques dans l’Afghanistan voisin et, à son tour, au Pakistan aurait de graves répercussions négatives pour l’Iran (et les pays d’Asie Centrale).

Bien évidemment, les États-Unis surestiment leur capacité à réaliser leur « grande stratégie ». Le chef de l’armée pakistanaise, Parvez Kiani, a déclaré de façon plutôt abrupte à une délégation allemande en visite à Rawalpindi, lundi, que la stabilité du Pakistan sera sa première priorité.

En somme, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Iran ont un intérêt existentiel à contrecarrer le plan de paix anglo-américain consistant à négocier directement avec les Taliban dans leur dos. C’est précisément pourquoi ces trois pays penchent fortement pour un véritable processus de paix autochtone « menés par les Afghans ». Autrement dit, un réalignement de la relation à trois entre l’Afghanistan, le Pakistan et l’Iran sera dans l’intérêt de la stabilité régionale.

Les récentes visites des dirigeants pakistanais à Moscou et à Pékin ont été suivies par les propos que Zardari a tenus cette semaine à Téhéran. L’Iran a basculé dans un mode proactif vis-à-vis de la situation afghane, remisant son approche sobre et réservée. Pour sa part, Hamid Karzaï défie également les Etats-Unis sur le plan stratégique en renforçant ses liens avec Téhéran.

La façon dont ces tendances naissantes se déroulent vaut la peine d’être examinée attentivement. Elles sont à replacer dans le contexte régional plus large qui révèle plusieurs courants :

le « dégel » des relations russo-pakistanaises;

le « retour » de la Russie en Afghanistan;

les aspirations de l’Organisation de la Coopération de Shanghai (OCS) à jouer un rôle formateur en Afghanistan dans le scénario post-2014;

le processus de dialogue indo-pakistanais; la poursuite par l’Inde d’une politique indépendante afghane avec un accent sur les rapports avec le gouvernement de Karzaï;

l’intérêt croissant de la Chine pour contribuer à un règlement en Afghanistan;

le commencement d’un processus qui pourrait conduire l’Inde et le Pakistan à adhérer à l’OCS.

Quelques heures après l’annonce d’Obama, mercredi, sur le retrait des troupes en Afghanistan, Zardari se rendra à Téhéran pour converser avec Ahmadinejad ; deux jours plus tard, Karzaï arrivera aussi dans la capitale iranienne. Rien ne fait ressortir plus vivement l’inclinaison extraordinaire dans la politique régionale.

M.K. Bhadrakumar

 

Note

[1] La ligne Durand est le nom donné à la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan, établie le 12 novembre 1893 par un accord entre l’émir Abdur Rahman Khan et sir Mortimer Durand pour l’Empire britannique. Elle divise artificiellement des tribus pachtounes qui partagent la même langue et la même organisation sociale.

 

Article original : A summit in Tehran trumps the US

Traduction : JFG pour Mecanoblog