Communiqué de la Fédération Anarchiste sur la Tunisie et l’Egypte
De la révolte à la révolution.
samedi 29 janvier 2011
Globalement, dans la plupart des pays et notamment en Égypte, c’est une révolte de la jeunesse, contre le régime et contre la hausse des prix. L’armée n’a pas encore fait le choix de lâcher le gouvernement en place, au moins de ne pas intervenir. Pourtant, rien ne laisse présager d’une issue plutôt que d’une autre, même si nous pouvons craindre de nouveaux bains de sang comme c’est le cas aujourd’hui.
Ce qui motive ces soulèvements ce sont les privations de liberté, la violence, la répression, la dictature mais aussi la hausse des prix, les inégalités sociales, la misère et l’exploitation. On peut dire que cette situation est vécue par l’ensemble des classes populaires de la planète. La révolution a commencé en Tunisie. Où s’arrêtera-t-elle ?
Il nous faut dénoncer les discours médiatiques et la complicité des hommes politiques pour qui la solution ne peut être que dans la poursuite du système existant. Pour eux, la vacance de pouvoir est synonyme de chaos. Ils ont peur des capacités d’auto-organisation des populations et de leur capacité de réalisation.
Les populations en insurrection aspirent à l’égalité et à la liberté, qui ne seront possibles qu’en rejetant toute forme d’exploitation et d’oppression, quelle soit économique, politique, religieuse, sexuelle, morale.
Il est temps de construire une société libre et égalitaire sans se laisser voler sa révolte par les partis politiques et/ou religieux. L’exemple de l’Iran doit, à se titre, être riche d’enseignements. De même, en Algérie, la population avait dû lutter contre la violence du parti toujours en place et contre les islamistes. En Irak, les luttes syndicales et politiques se développent sans se laisser enfermer dans la guerre entre impérialisme américain et islamisme politique. Cette guerre de pouvoir se fait toujours au détriment de la vie, de la liberté des populations qu’ils oppriment ou tentent d’opprimer.
L’espoir suscité par la révolution tunisienne offre une troisième voie pour ces pays et leurs populations : bâtir une nouvelle forme d’organisation sociale basée sur la liberté, l’égalité, la solidarité et le refus des systèmes de pouvoir et de domination. Dans ce combat, les populations des pays arabes et du monde trouveront toujours les anarchistes pour leur apporter leur soutien et leur aide.
À nous tous d’apporter tout le soutien nécessaire à ces luttes, à faire pression sur les intérêts des gouvernements et des patrons et de prolonger cette vague de contestation révolutionnaire.
Fédération anarchiste
relations-internationales@federation-anarchiste.org
Fédération anarchiste italienne.
L’insurrection et la lutte en cours en Tunisie nous appartiennent, nous la ressentons comme le nôtre, soit parce qu’ils sont contre un régime dictatorial, arrogant, corrompu et parce qu’ils sont nés pour gagner pas seulement amélioration des conditions de vie, mais aussi pour la liberté d’expression et d’organisation. Nous les soutenons comme une expression de revendications populaires, au-delà d’une logique de compatibilité géopolitique.
Autant à droite qu’à gauche, on parle du risque d’anarchie, et les classes dirigeantes tunisiennes, avec leurs protecteurs européens, essaient de plier et d’enfermer la protestation populaire dans le processus électoral, pour désarmer la volonté de lutte des masses. Un gouvernement fantoche, contrôlé par des amis et des collègues de Ben Ali pour s’assurer la continuité du système d’exploitation et d’oppression a été construit. Au moment où le ministre Frattini parle de « stabilité » de la zone (où la « stabilité » signifie « ordre et discipline »), il est important de se prononcer, de manifester en faveur de la tentative d’auto-émancipation populaire et de soutenir avec vigueur la protestation et l’insurrection en cours, qui est en train de se mesurer à l’armée et aux bandes armées fidèles à l’ancien président, qui a fui avec plus d’une tonne de lingots d’or.
La lutte insurrectionnelle tunisienne ouvre la voie à d’autres luttes en Algérie, Maroc et Égypte, déclenchée par les effets désastreux de la crise sociale. À partir de cette partie de la Méditerranée, on doit se mobiliser pour faire que ces luttes et émeutes ne soient pas interrompues par de nouvelles dictatures, préparé et soutenu par les gouvernements européens, coupant toute forme possible de paternalisme et de racisme qui vont séparer et opposer ceux qui ont des intérêts communs avec tous les travailleurs et avec chaque être humain : la dignité, la liberté, la justice sociale.
Commission des relations Internationales de la Fédération anarchiste italienne (FAI)
This entry was posted on 31 janvier 2011 at 1:54 and is filed under actualité, démocratie participative, militantisme alternatif, politique et social, résistance politique, société libertaire, syndicalisme et anarchisme with tags anarchie, dissidence a l'oligarchie, dissidence au nouvel ordre mondial, résistance politique, société état et démocratie. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.
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