Archive pour janvier, 2011

Communiqué de la Fédération Anarchiste sur la Tunisie et l’Egypte

Posted in actualité, démocratie participative, militantisme alternatif, politique et social, résistance politique, société libertaire, syndicalisme et anarchisme with tags , , , , on 31 janvier 2011 by Résistance 71

De la révolte à la révolution.

samedi 29 janvier 2011

Après avoir chassé le dictateur Ben Ali, la population tunisienne, et particulièrement la jeunesse, continue son combat et sa marche vers la liberté. Une partie de la population, notamment les plus pauvres, rejette le système de partis au pouvoir et refuse de se laisser enfermer dans des joutes électorales. En continuant sa lutte, la population tunisienne peut profiter de cet élan de liberté pour arracher de nouveaux droits : répartition des richesses, sécurité sociale, laïcité affirmée, libertés politiques. L’enjeu essentiel est de construire et renforcer les formes d’auto-organisation et de résistance syndicale, communale, dans les villages et les quartiers.La lutte du peuple tunisien a fait tâche d’huile dans d’autres pays arabes (Algérie, Égypte, Yémen, etc.) même si les circonstances ne sont pas les mêmes. On peut dire que la révolte tunisienne a commencé avec le soulèvement de la population du bassin minier de Gafsa, en 2008, alors qu’il y a peu de luttes syndicales dans les autres pays où les gouvernements ont pris soin de briser tout mouvement d’opposition. En Tunisie, les appels à la grève générale ont permis de donner une assise sociale à la contestation : certains patrons se sont faits virer, des assemblées se tiennent. Il en est ressorti des formes d’auto-organisation pour assurer la vie quotidienne de la population. Ce sont ces formes d’auto-organisation qui ont aussi permis de résister à la répression des milices.

Globalement, dans la plupart des pays et notamment en Égypte, c’est une révolte de la jeunesse, contre le régime et contre la hausse des prix. L’armée n’a pas encore fait le choix de lâcher le gouvernement en place, au moins de ne pas intervenir. Pourtant, rien ne laisse présager d’une issue plutôt que d’une autre, même si nous pouvons craindre de nouveaux bains de sang comme c’est le cas aujourd’hui.

Ce qui motive ces soulèvements ce sont les privations de liberté, la violence, la répression, la dictature mais aussi la hausse des prix, les inégalités sociales, la misère et l’exploitation. On peut dire que cette situation est vécue par l’ensemble des classes populaires de la planète. La révolution a commencé en Tunisie. Où s’arrêtera-t-elle ?

Il nous faut dénoncer les discours médiatiques et la complicité des hommes politiques pour qui la solution ne peut être que dans la poursuite du système existant. Pour eux, la vacance de pouvoir est synonyme de chaos. Ils ont peur des capacités d’auto-organisation des populations et de leur capacité de réalisation.

Les populations en insurrection aspirent à l’égalité et à la liberté, qui ne seront possibles qu’en rejetant toute forme d’exploitation et d’oppression, quelle soit économique, politique, religieuse, sexuelle, morale.

Il est temps de construire une société libre et égalitaire sans se laisser voler sa révolte par les partis politiques et/ou religieux. L’exemple de l’Iran doit, à se titre, être riche d’enseignements. De même, en Algérie, la population avait dû lutter contre la violence du parti toujours en place et contre les islamistes. En Irak, les luttes syndicales et politiques se développent sans se laisser enfermer dans la guerre entre impérialisme américain et islamisme politique. Cette guerre de pouvoir se fait toujours au détriment de la vie, de la liberté des populations qu’ils oppriment ou tentent d’opprimer.

L’espoir suscité par la révolution tunisienne offre une troisième voie pour ces pays et leurs populations : bâtir une nouvelle forme d’organisation sociale basée sur la liberté, l’égalité, la solidarité et le refus des systèmes de pouvoir et de domination. Dans ce combat, les populations des pays arabes et du monde trouveront toujours les anarchistes pour leur apporter leur soutien et leur aide.

À nous tous d’apporter tout le soutien nécessaire à ces luttes, à faire pression sur les intérêts des gouvernements et des patrons et de prolonger cette vague de contestation révolutionnaire.

Fédération anarchiste

relations-internationales@federation-anarchiste.org

Fédération anarchiste italienne.

dimanche 30 janvier 2011
En soutien a la révolte tunisienne

En 1999, l’amiral Fulvio Martini, ancien chef du service secret militaire (SISMI) a dit à la Commission du Parlement italien : « En 1985-1987, nous avons organisé une sorte de coup d’État en Tunisie pour mettre le Président Ben Ali à la tête de État, en remplacement de Bourguiba (opposant de première ordre dans la lutte pour l’indépendance du colonialisme français, NDLR). Martini, également, dans son livre Nom en code : Ulysse, a souligné que les directives venaient de Craxi et Andreotti, alors respectivement Président et Ministre des Affaires étrangères.Ensuite, l’adversaire du régime dictatorial de Ben Ali, Taoufik Ben Brik a dénoncé les dirigeants Italiens qui ont renforcé le régime « en remplissant ses coffres et en armant son bras contre le peuple. » Ce n’est pas un hasard si le fugitif Craxi, s’est réfugié en Tunisie, où il a été respecté, protégé et enterré, pour échapper aux condamnations de la loi italienne.

L’insurrection et la lutte en cours en Tunisie nous appartiennent, nous la ressentons comme le nôtre, soit parce qu’ils sont contre un régime dictatorial, arrogant, corrompu et parce qu’ils sont nés pour gagner pas seulement amélioration des conditions de vie, mais aussi pour la liberté d’expression et d’organisation. Nous les soutenons comme une expression de revendications populaires, au-delà d’une logique de compatibilité géopolitique.

Autant à droite qu’à gauche, on parle du risque d’anarchie, et les classes dirigeantes tunisiennes, avec leurs protecteurs européens, essaient de plier et d’enfermer la protestation populaire dans le processus électoral, pour désarmer la volonté de lutte des masses. Un gouvernement fantoche, contrôlé par des amis et des collègues de Ben Ali pour s’assurer la continuité du système d’exploitation et d’oppression a été construit. Au moment où le ministre Frattini parle de « stabilité » de la zone (où la « stabilité » signifie « ordre et discipline »), il est important de se prononcer, de manifester en faveur de la tentative d’auto-émancipation populaire et de soutenir avec vigueur la protestation et l’insurrection en cours, qui est en train de se mesurer à l’armée et aux bandes armées fidèles à l’ancien président, qui a fui avec plus d’une tonne de lingots d’or.

La lutte insurrectionnelle tunisienne ouvre la voie à d’autres luttes en Algérie, Maroc et Égypte, déclenchée par les effets désastreux de la crise sociale. À partir de cette partie de la Méditerranée, on doit se mobiliser pour faire que ces luttes et émeutes ne soient pas interrompues par de nouvelles dictatures, préparé et soutenu par les gouvernements européens, coupant toute forme possible de paternalisme et de racisme qui vont séparer et opposer ceux qui ont des intérêts communs avec tous les travailleurs et avec chaque être humain : la dignité, la liberté, la justice sociale.

Commission des relations Internationales de la Fédération anarchiste italienne (FAI)

S’indigner et résister au Nouvel Ordre Mondial et son outil néolibéralisme criminel

Posted in actualité, économie, crise mondiale, néo-libéralisme et paupérisation, neoliberalisme et fascisme, politique et social, politique française with tags , , , , , , , , on 31 janvier 2011 by Résistance 71
Devant le nouveau gouvernement du monde : S’indigner et résister
Par Pr Chems Eddine Chitour (Ecole Polytechnique enp-edu.dz)
Le 23 janvier 2011
«On a toujours raison de se révolter.»
Jean-Paul Sartre

Un ouvrage remarquable de l’économiste Georges Corm, ancien ministre libanais de l’Economie, nous donne l’opportunité de le présenter et ce faisant, revenir sur cette mondialisation que l’on nous présente comme inéluctable et sur la financiarisation de l’économie. Nous allons examiner comment l’Occident veut, à travers le libéralisme sauvage, imposer une vision du monde qui fragilise les sociétés et les laisse en proie à l’errance.(1)

Fethi Gherbi explique les fondements du néolibéralisme, écoutons-le: «Après le démantèlement de l’empire soviétique, le dernier des empires européens, il s’attelle fiévreusement à mettre la main sur le reste du globe, à imposer sa globalisation. (…) L’État Providence est mort de sa belle mort. Tous les acquis que les travailleurs ont arrachés aux démocraties libérales grâce à leur lutte et à la pression qu’exerçait le camp socialiste sur le «monde libre», se réduisent comme une peau de chagrin. (…) Empires disloqués, nations éclatées, voilà l’orientation que le néolibéralisme veut imposer au sens de l’histoire. Le capital a horreur des frontières comme il a horreur des solidarités.»(2)

Néolibéralisme

«Le mouvement, rendu possible explique Pierre Bourdieu par la politique de déréglementation financière, vise à mettre en question toutes les structures collectives capables de faire obstacle à la logique du marché pur: nation, dont la marge de manoeuvre ne cesse de décroître. (…) Ainsi s’instaurent le règne absolu de la flexibilité, avec les recrutements sous contrats à durée déterminée ou les intérims et les «plans sociaux» à répétition. Pour lui, le libéralisme est à voir comme un programme de «destruction des structures collectives». Le néolibéralisme vise à la ruine des instances collectives construites de longue date par exemple, les syndicats, les formes politiques, mais aussi et surtout la culture en ce qu’elle a de plus structurant et de ce que nous pensions être pérennes.»(3)

Pour sa part, Dany-Robert Dufour tente de montrer que, bien loin d’être sortis de la religion, nous sommes tombés sous l’emprise d’une nouvelle religion conquérante, le Marché ou le money-théïsme. Il tente de rendre explicites les dix commandements implicites de cette nouvelle religion, beaucoup moins interdictrice qu’incitatrice – ce qui produit de puissants effets de désymbolisation, comme l’atteste le troisième commandement: «Ne pensez pas, dépensez!». «Destructeur de l’être-ensemble et de l’être-soi, écrit Dany Robert Dufour, il nous conduit à vivre dans une Cité perverse. Egotisme, contestation de toute loi, acceptation du darwinisme social, instrumentalisation de l’autre: notre monde est devenu sadien.»(4)

Une autre conséquence de cette mondialisation débridée est la financiarisation de l’économie, en clair, la spéculation est à l’honneur, elle est de loin préférée à l’économie réelle, celle issue du travail. Une fine observatrice des mutations et de la mondialisation, Susan Georges, interviewée par Rue 89 à propos de cette débâcle, déclare: «(…) En 2009, Le monde était alors à un cheveu de la catastrophe. Le G20 a parlé des paradis fiscaux, de l’emprise des marchés financiers, de l’emploi, de l’environnement, etc. Et puis une fois que les banques ont été sauvées, tout cela a complètement disparu. Le G20 et le G8 bricolent des solutions pour sauver les banques une deuxième fois. Et puis rien. Pourquoi cette résignation? Les gens pensent peut-être que leurs dirigeants sont en train de sauver la Grèce ou l’Espagne. C’est complètement faux, ils sont en train de sauver les banques qui ont acheté de la dette grecque ou de la dette espagnole… Il ne s’agit pas de faire quoi que ce soit pour les peuples. Non seulement on sauve les banques une seconde fois, mais qui le fait? Ce sont les peuples, par l’amputation de leur retraite, la baisse de leur salaire, la mise à pied de fonctionnaires.»(5)

Interrogée sur le changement elle déclare: «Apprendre. Il faut commencer par apprendre. Aujourd’hui, la politique est devenue bien plus compliquée. (..) Quand on disait «Arrêtez l’apartheid», on n’avait pas besoin d’un long discours. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Si on ne sait pas comment ça se passe, ce qui est voté, à quel moment, on ne peut agir. Donc il faut apprendre, aider d’autres à apprendre, organiser, faire des alliances. Et communiquer. Nous travaillons sur une autre approche: «Pour changer la banque, changez de banque.» (…)Pour un pouvoir politique, la première décision à prendre est de prendre le contrôle des marchés financiers, des banques. Ça crève les yeux. Ils font la pluie et le beau temps: il faut les mettre sous tutelle. Le G20 est illégitime. Il ne représente que les grands joueurs du système. Où est le G172?»(5)

Cette financiarisation fait des heureux: Les traders. On apprend que le montant moyen des 100 premiers bonus atteint 1,65 million d’euros. Les bonus versés par les banques françaises se sont élevés à près de trois milliards d’euros en 2010, 8200 «professionnels des marchés» se sont vu attribuer 2 milliards d’euros. Des montants qui étonnent. Lesquels font le parallèle avec les rémunérations moyennes et médianes des dirigeants du Cac 40, proches de 2,5 millions d’euros.

L’industrie publicitaire

Nous retrouvons la même «indignation» que celle de Susan Georges chez Stéphane Hessel, auteur du mini-livre et best-seller titré «Indignez-vous!», qui évoque la gauche, un XXIe siècle qui a mal débuté, et…l’indispensable indignation. «Il y a toujours eu des raisons de s’indigner, mais ce besoin est plus fort aujourd’hui. La première décennie du XXIe siècle a mal tourné. La dernière décennie du XXe siècle, elle, avait été une période faste, entre la chute du mur de Berlin et la mise en place par les Nations unies des Objectifs du millénaire pour le développement. Il y a eu des grandes conférences: Rio sur l’environnement, Pékin sur les femmes, Vienne sur les droits de l’homme et le droit au développement, Copenhague sur l’intégration sociale…Ces conférences disaient: il y a des choses à faire! Et puis, en 2001, après la chute des tours, on a vécu le rejet de ces initiatives. Ce fut la guerre en Afghanistan, la guerre en Irak. Aux Etats-Unis, c’est la décennie de George Bush. Tout cela justifie que quand l’on reçoit en pleine figure un petit livre de 25 pages qui dit: «Faut s’indigner, faut résister, y en a marre!», cela a cet étonnant effet. Il y a une nuance importante. Le «révoltez-vous» de Sartre rappelle la Révolution d’Octobre, peut-être aussi Mai 68, des moments forts, importants, mais qui n’ont pas donné lieu à un vrai changement en termes de justice et de démocratie. La dignité est un terme intéressant. Il figure dans l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme [dont Hessel était l’un des rédacteurs, Ndlr]: «Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.» La dignité, plus que la révolte, est quelque chose qui marque l’individu humain. Le citoyen est fier de sa dignité d’homme et quand elle lui semble attaquée, il est normal qu’il s’indigne. (…) Il y a énormément de choses à faire, et elles sont à portée de main de chacun. Il faut, par exemple, lutter contre une économie entièrement dominée par le profit, et on peut le faire en s’engageant par exemple dans l’économie sociale et solidaire. (…) Il faut écouter les gens, savoir ce qui les indigne, comprendre sur quoi on peut travailler avec eux, et non pas leur dire, comme le font les idéologues: voilà ce que tu dois faire.»(6)

Justement, l’ouvrage de Georges Corm fait le procès de la mondialisation comme étant le fossoyeur des solidarités qui rentraient dans les prérogatives de l’Etat-Nation. Pour Bernard Gensane, l’ouvrage de Georges Corm est très utile de par sa remarquable dénonciation d’un néolibéralisme qui a réussi à faire dépérir l’État et ses fonctions de protection de la société. Bien au contraire. «La crise a été presque exclusivement traitée comme un problème de techniques et de pratiques bancaires et financières à réformer ou mieux contrôler.» «Éclipsant totalement le personnel politique qui leur a donné les clés d’un pouvoir non démocratique, les gouverneurs de banque centrale sont devenus des personnages «hors du commun». (…) Le capitalisme financier est un monde sans foi ni loi, sans perspectives (hormis le profit à court terme), sans démarche programmatique. L’absence de contre-pouvoir politique à sa folle marche en avant, produit régulièrement des catastrophes (..) Dans le monde du capitalisme financier, «les questions essentielles ne sont plus débattues». La gestion de la réduction des émissions de gaz à effet de serre a été confiée à ceux qui polluent. Plus aucun responsable n’est inquiété. Madoff est condamné pour la galerie, mais pas Goldman-Sachs ni Alan Greenspan, responsable institutionnel de la spéculation boursière. Dans cette jungle, disparaissent le sens du bien public, le respect de l’État («L’État n’est pas la solution, c’est le problème», disait Reagan). Son rôle même de producteur de richesses (éducation, formation professionnelle, santé, infrastructures, salaires des fonctionnaires dépensés en achat de biens produits par le secteur privé) n’est plus reconnu. Ce recul de l’État a favorisé, jusque dans les pays de tradition jacobine, une fragmentation de la société sous l’effet du multiculturalisme à l’anglo-saxonne. Celui-ci tend, rappelle l’auteur, «à transformer les villes en ghettos urbains ethniques ou religieux et à réorganiser les quartiers suivant les niveaux de fortune». Par ailleurs, le recul de l’État a permis un véritable inceste entre le monde des affaires et celui de la politique (Berlusconi, Hariri, Dick Cheney, les oligarches russes).»(7)

Dans une interview réalisée par Pascal Boniface, Gorges Corm explicite le fil conducteur de son ouvrage. Ecoutons-le: «Le nouveau mode de fonctionnement du monde est constitué d’un pouvoir qui est mondialisé au sens où si l’on ne se plie pas à ses règles on est ostracisé ou combattu avec virulence et d’une économie qui est globalisée, c’est-à-dire ouverte à tous vents. Dans ce contexte, peut s’exercer ce que l’on appelle la dictature des marchés, c’est-à-dire celle des grands spéculateurs financiers, celle des agences de notation et des principaux médias économiques. (…) Il y a une formidable concentration de pouvoir politique, financier et économique, mais aussi médiatique, aux mains de quelques dirigeants politiques ou économiques et directeurs d’agences de financement et de fonds de placements et de banques. (…) L’ «industrie publicitaire» est le bras armé de ce système qui nous emprisonne. Il coûte 400 milliards de dollars par an qui sont payés par les victimes du système, c’est-à-dire les consommateurs. Vous imaginez ce qui pourrait être accompli avec cette somme dans le domaine des protections sociales qui se réduisent partout comme une peau de chagrin sous l’effet de l’idéologie néolibérale. (…)»(8)

L’un des arguments répété ad nauseam est la sécurité. Georges Corm écrit: «Rien n’a été plus propice au démantèlement de l’Etat de droit et de «providence» sociale que la grande peur suscitée par les questions sécuritaires dans un contexte idéologique largement préparé par l’idéologie du choc des civilisations, popularisée par le livre de Samuel Huntington qui ne fait que reprendre des thèmes éculés sur les risques de «déclin de l’Occident» face à l’Orient. Au thème de la subversion communiste a succédé celui du danger de «l’islamo-fascisme» dont George Bush fils avait fait son leitmotiv quasi quotidien. (…) Du côté de l’Orient musulman, la montée du fondamentalisme est résultée de plusieurs facteurs, dont l’instrumentalisation des trois monothéismes au cours de la Guerre froide pour lutter contre l’extension du communisme, mais aussi la perpétuation de l’hégémonie américaine et les occupations militaires qu’elle a entreprises en Irak et en Afghanistan, sans parler du comportement israélien dans les territoires palestiniens occupés et l’appui que reçoit Israël des Etats-Unis et des gouvernements européens.»(8)

Dans une autre interview  au quotidien Libanais « Al Balad » Georges Corm analyse les attraits de cette mante religieuse qu’est le néo-libéralisme  qui a fait succomber les intellectuels. Ecoutons le : « Les dogmes néo libéraux ont été séduisants pour toute une génération d’intellectuels  qui étaient auparavant engagé dans diverses formes de marxisme et de socialisme. (…)  Toutes ces grandes querelles idéologiques s’achèvent avec l’effondrement de l’ex URSS  et le triomphe de la culture anglo-saxonne très axée sur les thèses du « doux commerce »  de Montesquieu et d’Adam Smith  ainsi que celle de Max Weber qui avait idéalisé le système capitaliste  et l’avait lié, à tort, à l’émergence du protestantisme »(9)

« Brusquement tout redevient simple : L’intervention de l’Etat  dans  l’économie ainsi que le désir d’une société plus juste, voire égalitaire, sont considérés comme la source de tous les totalitarismes. La libéralisation du commerce  et du mouvement des capitaux  et de l’investissement étranger devient la voie la plus adéquate pour la prospérité de toutes les nations…L’idéologie néolibérale  n’est en fait, que l’envers des formes aigues d’idéologie marxiste léniniste ». (9)

A la question sur le fait qu’il existe une novlangue néolibérale  qui a renforcée l’hégémonie  néolibérale. Georges Corm  répond : « J’ai repris l’expression de Marie France Perrot, une remarquable universitaire française, qui parle de « langue de coton » dans son analyse d’un rapport des Nations Unies sur la pauvreté. Le coton est doux, il ne pique pas, à la différence des autres langues, celles qui analysent la dureté des  réalités économiques et sociales. Les médias et les décideurs parlent  cette nouvelle langue reposante » (9)

Cela nous rappelle l’ouvrage « Le Divin marché » du philosophe Dany Robert Dufour qui parle des consommateurs  sous influence comme des victimes consentantes qui se font littéralement séduire par l’itération du matraquage publicitaire.

« L’énorme masse des capitaux spéculatifs  s’est formée grâce à ce que la belle langue  de coton du néolibéralisme a appelé la « dérégulation ». Cette dérégulation s’est déroulée au moment  même où les politiques nouvelles de néolibéralisme ont créé un monde de l’incertitude  par les grandes mesures américaines, d’abord avec le décrochage  de la valeur du dollar  par rapport à l’or (1971), puis la flottation générale de la valeur des monnaies entre  elles (1976) ».(9)  A ce propos les réserves  d’or de la Fédérale Réserve américaine soit  8500 Tonnes ne cessent d’être réévaluées elles ont été multipliées  par deux en six ans de 700 dollars à l’once à 1400 dollars, par une simple manipulation du cours  du dollar.

« A partir de là, poursuit Georges Corm,  s’est formé le marché des produits financiers dérivés  censés atténuer les risques pris dans les transactions de l’économie réelle , mais ces produits ont été transformés  en sources de produits spéculatifs  et n’ont donc fait qu’amplifier les risques » (9)

Abordant le thème de la résistance  à ce tsunami néolibéral, Georges Corm pense que les religions peuvent être d’un certain secours. Ecoutons le : « Quand on puise dans l’éthique aussi bien musulmane que chrétienne on s’aperçoit que les questions économiques et sociales , avec en leur centre la justice sociale , sont essentielles dans la doctrine de ces  deux religions. Elles condamnent en effet ,tout enrichissement sans cause et bénissent le travail productif au service de la société  et non pour exploiter la société. Elles ont aussi très tôt développé la notion de bien public,  centrale dans l’œuvre de Saint Thomas d’Aquin  et de beaucoup de juristes musulmans. Enfin elles ont la même attitude en vertu de laquelle tout progrès économique doit être mis au service  de la société ; de plus l’accumulation de richesses privées  ne peut être un but de l’existence. Ce qui a amené les deux religions à préconiser beaucoup de limitations à la propriété privée, en considérant que seul Dieu est propriétaire des richesses qu’il a crées dans ce monde  et qu’en conséquence, il convient d’en faire un usage modéré au service du bien public. Malheureusement conclut Georges Corm, aujourd’hui les religions sont d’avantage tournées vers l’affirmation fondamentaliste  de l’identité  que vers ces questions de systèmes économiques conciliant rationalité et éthique » (9)

Totalitarisme

«Il en a assez, Georges Corm! écrit Robert Solé. Assez d’entendre parler des exigences de la mondialisation. (…) Dans ce système, il ne voit que des sociétés déstructurées, des familles éclatées par des mouvements migratoires, des crispations identitaires mortifères, des Etats progressivement dépossédés de leurs compétences…On a jeté aux orties, selon lui, toutes les bases de l’éthique héritées de la Renaissance et des Lumières. Un totalitarisme de la pensée a été remplacé par un autre, écrit Georges Corm. Le système ne peut être critiqué qu’à la marge. Faire la révolution? L’économiste libanais a passé l’âge des barricades. Il prône une «dé-mondialisation progressive» qui permettrait de «défaire les mécanismes les plus nocifs», mettre un terme aux absurdités économiques et sociales du système actuel et y «ramener de la raison et de l’éthique». Ses espoirs se tournent pourtant du côté des Etats-Unis: parmi les facteurs possibles de changement, il parie sur «un déclin continu de la puissance économique américaine». On ne sait si c’est d’abord une prédiction ou un souhait.»(10)

D’où viendrait le salut? Corm analyse «les forces du changement». Au premier rang desquelles il situe le Forum social mondial, héritier des utopies planétaires de société universelle, juste et équitable. (…) En conclusion, Corm estime que l’on ne saurait faire l’impasse, malgré ses limites, sur l’État-Nation qui «exprime le désir d’une collectivité humaine d’être maîtresse de son destin par des mécanismes de représentation de ses membres et le contrôle des actes de ses dirigeants élus afin d’assurer la conformité et l’intérêt de la collectivité et de tous ses membres».(7)

Il rejoint ce faisant, les écrits prophétiques de Bourdieu que nous avons cités plus haut. Il nous faut nous indigner car la mondialisation n’est, en définitive, pas autre chose que la dissolution des souverainetés-notamment les plus fragiles-par la marchéisation de tout, alors démondialiser selon le mot de Corm c’est repolitiser. L’Etat retrouvera alors sa légitimité.

Notes/Références

1. Georges Corm: Le nouvel Ordre mondial Editions la Découverte. 2010

2. Fethi Gharbi: L’émiettement de l’humain Site Bellaciao 20 mai 2010

3. Pierre Bourdieu: L’essence du néolibéralisme. Le Monde diplomatique Mars 1998

4. Dany Robert Dufour: L’Art de réduire les têtes, Editions Denoël, Paris. 2003.

5. C.E. Chitour: Le Néolibéralisme: Destruction du collectif….Le Grand soir

5. Zineb Dryef, Pascal Riché Interview de Susan George, Rue89 17/01/2011

6. Chloé Leprince Pascal Riché Interview de Stéphane Hessel: Rue89 30/12/2010

7. Bernard Gensane: George Corm. Le nouveau gouvernement du monde.Idéologies, structures, contre-pouvoirs http://www.legrandsoir.info/George-Corm-Le-nouveau-gouvernement-du-monde-Ideologies-structures-contre-pouvoirs.html

8. Le nouveau gouvernement du monde Pascal Boniface. Interview Georges Corm, 28 10.2010

9. Entretien avec Georges Corm « Le Nouveau Gouvernement du Monde » Propos recueillies  par Lina Kennouche. Quotidien Al Balad  Beyrouth 2 décembre 2010

10. Robert Solé: Georges Corm: pour une «dé-mondialisation». Le Monde 04.01.11

Professeur Chems Eddine Chitour :Ecole Polytechnique enp-edu.dz


Résistance politique: Tunisie, Egypte… Quelques constats:

Posted in actualité, ingérence et etats-unis, politique et social, résistance politique with tags on 31 janvier 2011 by Résistance 71
Tunisie, Egypte… et après ? L’Occident retient son souffle…
Par Daniel Vanhove
Le 30 janvier 2011, url de l’article original:
Dans la succession d’informations qui déferlent à propos des évènements en Tunisie et en Egypte, tentons de voir clair : 

1er constat : comme la plupart des dirigeants du monde arabe, l’autoritaire président Mubarak s’accroche à son trône de manière pathétique. Sa position n’a rien de surprenant et ne fait que confirmer que ceux-là n’ont toujours rien compris aux changements profonds qui secouent les sociétés de par le monde. Je l’ai dit et répété à plusieurs reprises : les moyens de communication modernes changent radicalement les données. Ne pas le voir, ne pas le comprendre révèlent l’incompétence de ceux qui se maintiennent et s’accrochent à leurs privilèges éhontés que désormais ne tolère plus la grande majorité des citoyens informés. Pris de panique par le déferlement populaire, la réaction de ces potentats dépassés n’a-t-elle pas été de couper les moyens de communication et de s’isoler un peu plus, pour tenter de faire régner sans témoin, l’ordre de la terreur ?

2ème constat : à l’instar de l’ex-président Ben Ali, et ne comprenant décidément rien au profond bouleversement du pays, le vieux raïs n’a pas trouvé mieux que de licencier son précédent gouvernement pour en promettre un nouveau, et de nommer deux militaires pour l’entourer : Omar Suleiman, ancien compagnon d’armes et ancien chef des services de renseignements comme vice-président ; et Ahmed Chafiq, ancien chef d’état-major de l’armée de l’air comme formateur du nouveau gouvernement. En outre, les milices qui pillent et dévastent le pays sont lâchées, afin de créer le chaos et d’effrayer le peuple. En d’autres mots, l’appel à Mubarak de certains leaders occidentaux à plus de démocratie se solde par un trium virat d’anciens militaires à la tête de l’Etat. Conséquence immédiate : le survol de la capitale par des hélicoptères et des avions de chasse à basse altitude. Dans quelles intentions : le régime va-t-il bombarder sa population !? Absurde ! Mais que ceux qui hésitent encore sur les intentions de l’actuel président y trouvent un début de réponse… et ne s’étonnent pas que malgré le couvre-feu décrété par l’armée depuis trois jours, les Egyptiens continuent à manifester. La momie Mubarak ne se laissera pas détrôner sans tenter le tout pour le tout, et ce soir, sombre présage, il semble que la police soit de retour dans les rues.

3ème constat : les alliés du régime en place ne semblent pas vouloir comprendre ce qui se passe dans les sociétés arabes. Plutôt que d’écouter les récriminations et la volonté des peuples muselés depuis des décennies, les dirigeants de nos pays écoutent leurs conseillers et leur personnel diplomatique, ces « experts » encravatés qui manient la langue de bois et gèrent tout cela bien à l’abri, en bons technocrates surpayés que sont la plupart d’entre eux. Sans oublier que l’une ou l’autre capitale européenne, complices de ces régimes, abritent déjà les membres de la famille Mubarak en déroute. Résultat : les habituelles déclarations de nos ténors politiques vont de la « vive préoccupation » à la « demande de retenue » de la part des forces de l’ordre à l’égard des manifestants. En d’autres mots, à mille lieues des réalités sur le terrain. Faut quand même être sacrément couillon pour penser que de telles exhortations vont changer d’un iota le cours des choses !

4ème constat : on a pu le lire et l’entendre à plus d’une reprise ces derniers jours : l’Egypte n’est pas la Tunisie ! Merci à tous ces éclairés de combler ainsi notre inculture. C’est probablement la raison pour laquelle l’administration US hésite encore à lâcher le dictateur du Caire, empêtrée comme toujours dans son double langage. Et son poulain, Mohamed El Baradeï, ancien chef de l’AIEA (Agence Internationale pour l’Energie Atomique) n’est peut-être pas encore prêt pour prendre la relève – comprenez, il faut l’encadrer et lui assurer une équipe qui sera docile aux injonctions américaines. Une dérive incontrôlable d’un tel pays n’est pas acceptable pour les Etats-Unis qui feront tout pour y maintenir leur emprise. Nul doute que dans les prochains jours, des « experts » en communication vont nous préparer l’exemplaire biographie de cet opposant au régime actuel, pour nous le présenter en rédempteur de la patrie. Il en aura bien besoin, lui qui est plus connu à l’extérieur qu’à l’intérieur de son pays.

5ème constat : où l’on peut comprendre qu’une fois de plus, ce qui se profile derrière tout cela, sont les intérêts de l’entité sioniste avec laquelle le président égyptien collabore allègrement depuis des années. La plus grande prudence est donc de mise. Parce que derrière les intérêts sionistes, il y a ceux des USA pour lesquels une présence en pays arabes est indispensable vu les énergies fossiles considérables que ces pays renferment encore. Avant de lâcher Mubarak, les autorités US doivent donc cadenasser la relève et assurer la « transition » (terme utilisé par H. Clinton) de la manière la plus habile possible. L’on peut être certain que les communications entre Tel-Aviv et Washington sont nombreuses en ces heures cruciales…

6ème constat : où sont donc nos habituels suffisants au verbe haut et la jactance acerbe dès qu’il s’agit de caricaturer ces populations considérées comme attardées et de les fustiger pour une exécution sommaire, eux qui soutiennent l’envoi de nos troupes dans nombre de ces pays, ne pipent mot sur les tortures pratiquées dans les prisons de Guantanamo et Abou Ghraïb et préfèrent nos méthodes civilisées qui désintègrent ces anonymes par une technologie de pointe mortifère !? Où sont donc ces pédants autoritaires dont les médias complices se font les relais complaisants pour nous aliéner à leurs mauvais procès !? Où se cachent-ils en ces heures décisives, où il faudrait dénoncer l’extrême violence de ces régimes à l’encontre de leur peuple et le nombre dramatique de victimes que la répression policière provoque ? A moins qu’ils ne soient sidérés au point de ne rien comprendre à ce qui se joue-là et d’être ainsi réduits au silence par la rue arabe qui leur cloue le bec !? Si c’est le cas, certains pourront dorénavant être beaucoup plus modestes dans leurs commentaires à l’égard des populations de ces pays qualifiés tellement souvent d’arriérés en réfléchissant à la leçon de courage et de dignité qu’ils nous donnent !

7ème constat : on a pu lire aussi, dans l’exaltation de ces jours d’insurrection, que l’exemple tunisien allait se répandre telle une traînée de poudre au Maghreb, puis au Machreq… pour gagner peut-être tous les pays arabes et musulmans… comme si ceux-là étaient seuls à devoir se libérer d’une oligarchie qui les dominait… Et nous alors !? Même si comparaison n’est pas raison, qu’attendons-nous pour prendre exemple sur ces pays ? Allons-nous nous contenter d’assister à ces insurrections en espérant sans bouger, qu’elles gagnent nos capitales ? Car il est bien connu n’est-ce pas, que chez nous en Occident, nos manifestations se déroulent en chantant… avec les résultats que l’on connaît : les acquis sociaux s’amenuisent à vue d’œil, et le caractère démocratique de nos Etats se réduit comme une peau de chagrin, ce qui nous renvoie à nous-mêmes et au courage dont nous sommes encore capables pour résister à ce dépeçage organisé. Dès lors : merci à la jeunesse de ces pays arabes de nous rappeler que face aux ploutocrates qui nous promènent de promesses non tenues en trahisons successives, la justice et l’égalité des droits pour chaque citoyen ne s’obtient JAMAIS sans lutte farouche et parfois même violente.

Qu’il me soit alors permis de conclure ce billet une fois de plus par l’entremise du philosophe André Conte-Sponville lorsqu’il écrit : « Combien n’ont rêvé la victoire que pour mieux fuir le combat ? »

Daniel Vanhove –Observateur civil, Auteur de La Démocratie Mensonge – 2008 – Ed. Marco Pietteur – coll. Oser Dire.

Compagnons de lutte tunisiens et égyptiens, réfléchissons ensemble pour un changement réel et durable de société. Non a la récupération et a l’ingérence !

Posted in actualité, démocratie participative, ingérence et etats-unis, militantisme alternatif, néo-libéralisme et paupérisation, philosophie, politique et social, résistance politique with tags , , on 31 janvier 2011 by Résistance 71

Nous publions ici un texte publié au début du XXeme siecle et qui reste d’une actualité brûlante dans un contexte pré-révolutionnaire global (ne confondons pas les mouvements de contestation tunisiens et égyptiens tout aussi louables qu’ils soient avec des révolutions).

Les peuples de plus en plus laminés de maniere ciblée et volontaire par l’agression économique perpétuelle de la grande oligarchie financiere, se doivent de sérieusement réfléchir sur le moyen non seulement de faire table-rase sur la turpitude tyrannique ambiante, mais aussi sur la solution sociétaire pour l’apres chambardement. Remettre une clique d’aristocrates a la botte des financiers en charge par voie électorale ne représente en aucun cas un changement de société, tout au plus un changement de gérant ou de chefs de rayon du grand supermarché de l’illusion démocratique.

Relisons les écrits de ceux qui étaient des visionnaires sur le devenir de la société, les Proudhon, Bakounine, Kropotkine, Goldman, Berkman, Voline, Malatesta et plus proche de nous Leval, Guérin, Bookchin, Chomsky et Zinn afin de synthétiser solidairement une méthode de développement progressiste pour le futur de l’humanité.

Il n’y a pas de solutions au sein du systeme. Ceci vaut pour les peuples tunisiens et égyptiens actuellement au prise avec une tentative de changement de société, tout comme pour le reste des peuples pour qui un changement drastique devient de plus en plus une évidence quotidienne.

La contestation et l’action directe contre les gouvernements corrompus et obsoletes en place sans avoir une idée tres précise de l’apres et de son organisation, est au mieux reculer pour mieux sauter (le changement de gérance dont nous faisons allusion plus haut…) ou au pire aller au casse-pipe vainement.

L’oligarchie n’attend que cela, ne lui donnons pas ce plaisir. Réflexion sociale et politique couplée a une action concertée ameneront la solidarité nécessaire au succes de notre entreprise: l’avenement d’une société enfin égalitaire, solidaire et libre.

— Résistance 71 —

La Révolution sera t’elle collectiviste ?

Par Pierre Kropotkine

Très souvent nous entendons dire, par les anarchistes eux-mêmes, que l’Anarchie est un idéal très éloigné ; qu’elle n’a pas de chance de se réaliser d’ici à bientôt ; que très probablement la prochaine révolution sera collectiviste, et que nous devrons passer par un Etat Ouvrier, avant d’arriver à une société communiste, sans gouvernement.

Ce raisonnement nous semble absolument erroné. Il contient une erreur d’appréciation fondamentale, concernant la marche de l’histoire en général et le rôle de l’idéal dans l’histoire.

L’individu peut être guidé dans ses actes, par un seul idéal. Mais une société consiste de millions d’individus, ayant chacun son idéal, plus ou moins conscient et arrêté ; si bien qu’à un moment donné on trouve dans la société les conceptions les plus variées — celle du réactionnaire, du catholique, du monarchiste, de l’admirateur du servage, du bourgeois «libre contrat», du socialiste, de l’anarchiste. Cependant, aucunede ces conceptions ne se réalisera en son entier, précisément à cause de la variété des conceptions existant à un moment donné, et des nouvelles conceptions qui surgissent, bien avant qu’aucune des anciennes ait atteint sa réalisation dans la vie.

Chaque pas en avant de la société est une résultantede tous les courants d’idées qui existent à un moment donné. Et affirmer que la société réalisera d’abord tel idéal, puis tel autre, c’est se méprendre sur la marche entière de l’histoire. Le progrès accompli porte toujours le cachet de toutes les conceptions qui existent dans la société, en proportion de l’énergie de pensée et surtout d’action de chaque parti. C’est pourquoi la société qui résultera de la Révolution ne sera ni une société catholique, ni une société bourgeoise (trop de forces et toute l’histoire de l’humanité travaillant à démolir ces deux espèces de sociétés), ni un Etat Ouvrier, par cela même qu’il existe un courant anarchiste d’idées et des anarchistes, assez puissants, et comme force d’action, et comme force d’initiative.

Voyez, en effet, l’histoire. Les Républicains de 1793 passé rêvaient une République construite sur le modèle des républiques de l’antiquité. Ils rêvaient une république universelle, et pour faire triompher cette Rome ou cette Sparte nouvelle en France, ils se faisaient tuer dans les neiges des Alpes, sur les plaines de la Belgique, de l’Italie et de l’Allemagne.

Ont-ils réalisé cette République ? — Non ! non seulement l’ancien régime, pesant sur eux de tout son poids, les a tiré en arrière. Mais des idéesnouvelles ont poussé la société en avant. Et lorsque leur rêve de la République universelle se réalisera un jour, cette République sera plussocialisteque tout ce qu’ils avaient osé rêver, et plus anarchisteque tout ce qu’un Diderot avait osé concevoir dans ses écrits. Elle ne sera plus République : elle sera une union de peuples plus ou moins anarchistes.

Pourquoi ? — Mais parce que bien avant que les républicains eussent atteint leur idéal de république égalitaire (de citoyens égauxdevant la loi,libreset liés par des liens de fraternité), , de nouvelles conceptions, presque imperceptibles avant 1789, ont surgi et grandi. Parce que cet idéal même de liberté, d’égalité et de fraternité est irréalisable tant qu’il y a une servitude économique et misère, tant qu’il y aura des Républiques — des Etats — forcément poussés aux rivalités, aux divisions à l’extérieur et à l’intérieur.

Parce que l’idéal des républicains de 1793 n’était qu’une faible partie de l’idéal d’Egalité et de Liberté qui reparaît aujourd’hui sous le nom d’Anarchie.

Leur idéal était un communisme chrétien, gouverné par une hiérarchie élue d’anciens et de savants. Cet idéal eut un retentissement immense. Mais ce communisme ne s’est pas réalisé — et ne se réalisera plus jamais. L’idéal était faux, incomplet, suranné. Et lorsque le communisme commencera à se développer lors de la révolution prochaine, Il ne sera plus ni chrétien, ni étatiste. Il sera tout au moins un communisme libertaire, basé — non plus sur l’évangile, non plus sur la soumission hiérarchique, mais sur la compréhension des besoins de liberté de l’individu. Il sera plus ou moins anarchiste, pour cette simple raison qu’à l’époque où le courant d’idées exprimé par Louis Blanc travaillait à créer un état jacobin avec tendances socialistes — de nouveaux courants d’idées, anarchistes, surgissaient déjà — les courants dont Godwin, Proudhon, Bakounine, Coeurderoy et même Max Stirner furent les porte-paroles.

Et il en sera de même pour l’idéal de l’Etat Ouvrier des social-démocrates. Cet idéal ne peut plus se réaliser : il est déjà dépassé.

Cet idéal est né du jacobinisme. Il a hérité des jacobins sa confiance en un principe gouvernemental. Il croit encore au gouvernement représentatif. Il croit encore à la centralisation des différentes fonctions de la vie humaine entre les mains d’un gouvernement.

Mais bien avant que cet idéal se fût rapproché tant soit peu de sa réalisation pratique, une conception de la société — la conception anarchiste — se présentait, s’annonçait, se développait. Une conception qui résume une méfiance populaire des gouvernements, qui réveille l’initiative individuelle et proclame ce principe, devenu de plus en plus évident : «Pas de société libre sans individus libres», et cet autre principe, proclamé par tout notre siècle : «Libre entente temporaire, comme base de toute organisation, de tout groupement.»

Et quelle que soit la société qui surgira de la Révolution européenne, elle ne sera plus républicaine dans le sens de 1793, elle ne sera plus communiste dans le sens de 1848, et elle ne sera plus Etat Ouvrier dans le sens de la démocratie sociale.

Le nombre d’anarchistes va toujours en croissant. Et dès aujourd’hui même la social-démocratie se voit obligée de compter avec eux. La diffusion des idées anarchistes se fait non seulement par l’action des anarchistes, mais — qui plus est — indépendamment de notre action. Témoins — la philosophie anarchiste de Guyau, la philosophie de l’histoire de Tolstoï, et les idées anarchistes que nous rencontrons chaque jour dans la littérature et dont le Supplémentde La Récolteet des Temps Nouveauxest un témoignage vivant.

Enfin, l’action de la conception anarchiste sur l’idéal de la social-démocratie est évidente ; et cette action ne dépend qu’en partie de notre propagande : elle résulte surtout des tendances anarchistes qui se font jour dans la société et dont nous ne sommes que les porte-paroles.

Qu’on se souvienne seulement de l’idéal centralisateur, rigidement jacobin, des social-démocrates avant la Commune de Paris. A cette époque, c’étaient les anarchistes qui devaient parler de la possibilité de la Commune indépendante, de la communalisation de la richesse, de l’indépendance du métier, internationalement organisé. Eh bien, ces points sont aujourd’hui acquis pour les social-démocrates mêmes. Aujourd’hui la communalisation des instruments de production — non la nationalisation — est chose reconnue, et l’on voit jusqu’à des hommes politiques discuter sérieusement de la question des docks de Londres municipalisés. «Les services publics», cette autre idée, pour laquelle les anarchistes eurent autrefois à soutenir tant de combats contre les jacobins centralisateurs dans les Congrès de l’Internationale, — aujourd’hui elle fait la pâleur des possibilistes.

Ou bien, prenez encore la grève générale, pour laquelle on nous traite de fous, et l’anti-militarisme qui nous faisait traiter de criminels par les révolutionnaires de la démocratie sociale !…

Ce qui est aujourd’hui pour nous de l’histoire ancienne, et qui n’évoque plus en nous qu’un sourire rêveur, comme une vieille fleur fanée, retrouvée dans un vieux livre, — fait les frais des programmes actuels de la social-démocratie, Si bien que l’on peut dire sans exagération quetoutle progrès d’idées accompli depuis vingt ans par la social-démocratie n’a été que de recueillir les idées que l’anarchie laissait tomber ur son chemin, à mesure qu’elle se développait toujours. Relisez seulement les rapports jurassiens sur les services publics, les Idées sur l’organisation sociale, etc., pour lesquels les doctes savants du socialisme traitaient les «bakounistes» de fous enragés. C’est à ces sources que la social-démocratie boit à ce moment.

Ainsi l’Anarchie a déjà modifié l’idéal des social-démocrates. Elle le modifie chaque jour. Elle le modifiera encore durant la Révolution. Et, quoi qu’il sorte de la Révolution — ce ne sera plus l’Etat Ouvrier des collectivistes. Ce sera autre chose — une résultante de nos efforts, combinés avec ceux de tous les socialistes.

Et cette résultante sera d’autant plus anarchiste que les anarchistes développeront plus d’énergie — plus de force vive, comme on dit en mécanique — dans leurdirection. Plus ils mettront d’énergie individuelle et collective, cérébrale et musculaire, de volonté et de dévouement, au service de leuridéal pur et simple ; moins ils chercheront de compromis, [puis] [plus ?] ils affirmeront nettement par la parole et par leurs vie l’idéal communiste et l’idéal anarchiste pur et simple, — d’autant plus la résultantepenchera de leur côté, vers le Communisme, vers l’Anarchie.

Résistance politique tunisienne et égyptienne face a l’ingérence: pour une lucidité dans la lutte émancipatrice un train pouvant toujours en cacher un autre

Posted in actualité, ingérence et etats-unis, néo-libéralisme et paupérisation, politique et lobbyisme, politique et social, résistance politique with tags , , on 31 janvier 2011 by Résistance 71

DE TUNIS AU CAIRE, DES PEUPLES LUTTENT POUR SE DÉFAIRE DE LEURS CHAÎNES

Égypte : Un face-à-face dramatique

par Silvia Cattori

Url de l’article original: http://www.silviacattori.net/article1518.html

 

Lorsque, le 17 décembre 2010, un jeune diplômé tunisien, Mohamed Bouazizi, en proie au désespoir s’est immolé par le feu, après qu’une policière ait séquestré les maigres légumes qu’il vendait pour subvenir dignement aux besoins de sa famille, qui aurait imaginé que son geste allait bouleverser le cœur de millions de gens, embraser la Tunisie, conduire un mois plus tard à la fuite de Ben Ali et à la chute de son régime, libérer des peuples entiers de leurs peurs et les conduire à la révolte ?

30 JANVIER 2011

Les manifestants mettent le feu au siège du Parti national démocratique (PND) au Caire (Photo : AFP)

Bouazizi n’est plus de ce monde. Il ne souffre plus. Paix à son âme. Mais son immense sacrifice a ouvert les portes de l’espérance à des millions de gens dans des pays où l’horizon paraîssait totalement cadenassé. Des gens qui, en Algérie, en Jordanie, au Yémen, en Egypte, ont trouvé en Bouazizi, en son geste tragique, la force d’exprimer avec courage la colère longuement accumulée contre des dirigeants honnis…

Si cette révolution – en train de s’accomplir – a pu se déployer avec cette extraordinaire ampleur, c’est bien évidemment parce que, dans de très nombreux pays arabes, le ressentiment populaire accumulé contre des régimes tyranniques et corrompus est un baril de poudre qui n’attendait que l’étincelle pour exploser.

Des millions de gens de par le monde, qui ne supportent pas l’injustice et l’ensauvagement de leurs sociétés, ont regardé avec espoir, avec inquiétude [1], avec admiration, ces rassemblements d’Égyptiens défier malgré la peur, la fatigue, les gaz asphyxiants, des policiers en uniformes noirs ou en civil, et réussir, en quelques jours seulement, à faire vaciller le régime trentenaire et brutal de Moubarak, le grand allié d’Israël.

En ce 30 janvier 2011, tous les yeux sont tournés vers ces millions d’Égyptiens qui sont en train de défier le pouvoir au Caire, sur Tahir Square, et dans d’autres villes, en retenant leur souffle.

Oui, le monde retient aujourd’hui son souffle. Car, après les sacrifices consentis – des centaines de morts, des milliers de blessés graves – le régime de Moubarak, soutenu militairement par les États-Unis, pense sauver les meubles en nommant Omar Souleiman [2] comme vice-président et possible successeur. Or, cette nomination est lourde de dangers.

Il est temps que les gouvernements des grandes puissances « démocratiques » qui soutiennent ces régimes dictatoriaux rendent des comptes à leurs propres peuples. Car, sans le soutien qui leur a été fourni, au nom de la real politique, au nom de la lutte contre le « danger islamique », ces dictateurs n’auraient jamais pu régner durant des décennies et mâter leurs peuples.

Des grandes puissances qui, faut-il le rappeler, n’ont officiellement que la défense des droits de l’Homme et la « démocratie » à la bouche, mais qui s’empressent de liquider la démocratie ou de la mettre en quarantaine quand elle ne produit pas le résultat qui leur convient. Comme nous l’avons vu en 1992, lorsque l’armée algérienne, soutenue par les pays occidentaux, a interrompu – avec toutes les conséquences douloureuses qui s’en sont suivies pour le peuple algérien [3] – le processus électoral qui avait vu le Front Islamique du Salut arriver en tête du premier tour des législatives du 26 décembre 1991. Comme nous l’avons vu avec la mise à l’écart du Hamas par ces mêmes gouvernements occidentaux, quand celui-ci a remporté les élections législatives du 26 janvier 2006 à la suite d’un scrutin reconnu comme parfaitement honnête.

Nous avons vu, nous voyons, tout cela se dérouler emplis de dégoût et de honte.

La colère est grande, également en Occident, dans le cœur des gens qui n’acceptent pas de voir des autorités manipuler l’opinion et des journalistes mentir, au sujet des vrais enjeux de notre temps.

La propagande visant à susciter la peur en brandissant la « menace de l’intégrisme islamique » ne convainc plus. C’est pourquoi ceux qui veulent comprendre quels sont les vrais enjeux, savent en ce moment aller trouver des informations non filtrées sur Al-Jazeera ou PressTV [4], n’en déplaise aux détracteurs de ces chaînes.

Aujourd’hui, des milliers de gens de par le monde, communiquent, s’engagent de manière volontaire pour contrer la désinformation et écrire, traduire, diffuser inlassablement sur la toile une contre-information. Et travaillent d’arrache pied pour construire des réseaux de solidarité avec des peuples bâillonnés et leur dire : votre combat est le nôtre.

Les gens ne sont pas dupes. Ils regardent avec dégoût les propagandistes amis d’Israël, se livrer à des manipulations pour tromper l’opinion publique, crier au scandale, comme cela s’est passé en juin 2009, quand le président iranien Ahmadinedjad a été réélu pour un second mandat avec 62,6% des suffrages exprimés [5] et que le candidat, soutenu par les États Unis, la France, la Grande Bretagne, a perdu. Or ces agitateurs (comme, en France, BHL et Alexandre Adler) et ces États en guerre contre le monde arabo musulman, nous ne les avons jamais vus broncher à l’annonce des scores faramineux obtenus par Hosni Moubarak lors de ses réélections successives, ni devant la scandaleuse manipulation des élections législatives égyptiennes de novembre-décembre 2010 [6].

Si les États-Unis sont le principal soutien financier et militaire du régime d’Hosni Moubarak – considéré avec la Jordanie comme le plus sûr allié d’Israël – la France n’est plus en reste depuis l’arrivée à l’Elysée de Nicolas Sarkozy. En visite officielle au Caire en décembre 2007 il déclarait :

« Je voudrais d’abord dire combien je suis heureux d’être en Egypte, à côté du président Moubarak. C’est notre troisième rencontre, puisque je l’avais reçu à Paris au mois d’août, j’ai eu l’occasion d’avoir un long entretien avec lui à Charm el-Cheikh et un entretien aujourd’hui. Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, s’est lui-même rendu à deux reprises déjà en Egypte. C’est dire combien la France considère le rôle de l’Egypte essentiel et le rôle du président Moubarak capital, non seulement pour les dossiers de la région qu’il connaît parfaitement mais pour cette question essentielle pour l’avenir du monde d’un dialogue entre l’Orient et l’Occident qui est une question absolument fondamentale.

Je voudrais dire au président Moubarak combien j’apprécie son expérience, sa sagesse et la vision modérée qui est la sienne sur les grands dossiers où il privilégie le dialogue, le consensus, la rencontre dans une région qui a besoin de paix et qui n’a pas besoin de guerre. L’Egypte est, pour la France, un partenaire essentiel et le président Moubarak est, pour nous, un ami. 
(…) 
J’ai toujours pris mes responsabilités, je soutiens un gouvernement qui lutte contre le terrorisme et j’ai dit au président Moubarak que nous avions besoin de dirigeants de grandes nations comme la nation égyptienne qui soient des dirigeants modérés, non pas dans leur amour de l’Egypte, mais dans la compréhension des problèmes de la région. La France, elle, sera du côté de ceux qui luttent contre le terrorisme et la barbarie. (…) ». [7]

Lors de sa conférence de presse depuis le Palais de l’Elysée en janvier 2008, Nicolas Sarkozy avait été encore plus clair : « Il faut aider monsieur Moubarak en Egypte, (…) parce que, qu’est-ce qu’on veut là-bas, les frères Musulmans ? » [8]

Comme pour la Tunisie, la stratégie qui consiste à susciter la peur du « terrorisme » islamique, a rendu les dirigeants occidentaux aveugles à la souffrance et à la réelle aspiration de liberté de ces peuples.

Ils n’ont rien vu venir.

Ils n’ont pas compris qu’aujourd’hui, dans de nombreux pays, beaucoup de gens n’achètent plus les journaux, ne font plus aucune confiance aux journaux télévisés, ne sont plus aussi perméables à la version officielle de l’histoire déversée par les médias de l’establishment et trouvent sur Internet une information libre.

Tel Aviv veut croire à la survie du régime Moubarak : « Nous assistons à un tremblement de terre au Moyen-Orient. Mais nous croyons que le régime est assez fort et que l’Egypte va surmonter la vague actuelle de manifestations (…) Il est dans l’intérêt fondamental de l’Egypte de maintenir ses rapports privilégiés avec l’Occident, et le maintien de la paix avec Israël s’inscrit dans cette optique » déclarait un ministre du gouvernement Netanyahu qui a requis l’anonymat [9]. Mais, signe de son inquiétude, Benjamin Netanyahou a maintenant demandé à ses ministres de ne pas faire de commentaires aux médias au sujet de ce qui se passe en Égypte.

Compte tenu de l’importance majeure de l’Égypte sur l’échiquier moyen-oriental, et compte tenu des moyens de répression de ce régime qu’Israël a grandement contribué à renforcer, à l’aide d’un grand nombre de conseillers et d’agents secrets, l’épreuve de force engagée sera, comme on le voit et on le déplore, beaucoup plus dure qu’elle ne l’a été jusqu’ici en Tunisie.

Car, comme l’avait ingénument avoué le vice-premier ministre israélien Silvan Shalom, « un monde arabe démocratique (…) serait gouverné par une opinion publique généralement opposée à Israël. » [10].

Silvia Cattori

[1] Des témoins ont rapporté avoir vu des policiers participer à des pillages. Ces provocateurs, sans doute envoyés par le régime, servent à faire peur et permettre à Moubarack de dire que les opposants sont des vandales qui « détruisent ce qu’il a construit ».

[2] Omar Souleiman, est considéré comme un assassin, un tortionnaire qui inspire la terreur absolue, également aux yeux des Palestiniens qui s’opposent à l’occupant israélien et à la direction de Ramallah. Lié au Mossad il a contribué à la liquidation de nombreux patriotes Palestiniens.

[3] Voir : « Algérie : Les années de sang et les complicités de la France – Entretien avec Lounis Aggoun », par Silvia Cattori, 15 octobre 2010.

[4] Comme en témoignent encore, il y a quelques jours, les informations capitales divulguées par Al-Jazeera sur les dessous du prétendu « processus de paix » israélo-palestinien. Voir : 
« Proche-Orient : Des documents secrets révèlent la lente mort du processus de paix », 24 janvier 2011.

[5] Contre 33,7% à son principal opposant Mir Hossein Moussavi, la participation s’élevant à 85%. 
Voir aussi à ce sujet : « Iran : Le bobard de l’ “élection volée” », par James Petras, 19 juin 2009.

[6] Voir : « Les États-Unis sont responsables de la farce électorale égyptienne », par Khalid Amayreh, 1er décembre 2010.

[7] « VISITE OFFICIELLE EN EGYPTE POINT DE PRESSE CONJOINT DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, M. NICOLAS SARKOZY, ET DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE ARABE D’EGYPTE, M. HOSNI MOUBARAK PROPOS DE M. SARKOZY », 30 décembre 2007.

[8] À propos de ces commentaires, Youssef Nada – financier et opposant politique égyptien, condamné in absentia et sans fondement par un Tribunal spécial militaire sur ordre d’Hosni Moubarak – nous disait lors d’un entretien en été 2008 : « Si M. Sarkozy dit qu’il soutient Moubarak, très bien, cela indique qu’il aime la dictature. Cela veut dire que c’est son opinion sur la démocratie ; qu’est-ce que je puis dire d’autre ? ». Voir : « L’incroyable histoire de Youssef Nada », par Silvia Cattori, 13 juin 2008.

[9] Voir : « Egypte : Israël parie sur le maintien du régime Moubarak », almanar.com.lb, 27 janvier 2011.

[10] Voir : « Israel dreading a democratic Arab world » (« Israël redoute un monde arabe démocratique »), par Saleh Naami, ahramonline, 15 janvier 2011.

Résistance politique: l’agenda des Etats-Unis en Egypte, révolution ou pétard mouillé ?

Posted in actualité, crise mondiale, guerres hégémoniques, ingérence et etats-unis, néo-libéralisme et paupérisation, politique et social, résistance politique with tags , , , on 29 janvier 2011 by Résistance 71

Le mouvement de protestation en Egypte: les dictateurs ne dictent pas, ils obéissent aux ordres

par Michel Chossudovsky

Global Research, January 29, 2011

url de l’article original:

http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=22993

— Traduit de l’anglais par Résistance 71 —

Le régime Moubarak en voie d’effondrement devant un mouvement de contestation nationale… Quel avenir pour l’Egypte et le mone arabe ?

“Les dictateurs ne dictent pas, ils obéissent aux ordres”. Ceci est vrai en Egypte, en Tunisie et en Algérie. Les dictateurs sont de maniere invariable des marionnettes politiques. Ils ne décident pas. Le président Hosni Moubarak fut un serviteur fidele des intérêts économiques occidentaux, tout comme le fut Ben Ali. Le gouvernement national est l’objectif du mouvement de protestation. L’objectif est de se débarasser de la mariennette plutôt que du marionnetiste. Le slogan en Egypte est “A bas Moubarak, a bas le régime”. Aucun posters anti-américains n’ont été notés. Le phagocytage et l’influence destructrice des Etas-Unis en Egypte et a travers le Moyen-Orient est sans précédent. Les puissances étrangeres qui operent derreire la scene sont protégées du mouvement de protestation.

Aucun changement poilitique d’importance ne se fera sans que le probleme de l’interférence étrangere ne soit adressée de maniere conséquente par le mouvement de protestation.

L’ambassade américaine du Caire est une entité politique tres importante, qui fait de l’ombre de maniere invariable au gouvernement national, hors, l’ambassade n’est pas une cible du mouvement de protestation. En Egypte, un programme du FMI devastateur fut imposé en 1991 au sommet de la crise du Golfe et de la guerre. Il fut négocié en échange de l’annullement de la dette militaire de l’Egypte qui s’élevait a quelques milliards de dollars dûs aux Etats-Unis, ainsi également que sa participation a la guerre. La dérégulation résultante des prix alimentaires, privatisations massives et mesures d’austérité draconniennes menerent a un apauvrissement du peuple égyptien et a la déstabilisation de son économie. Le gouvernement de Moubaeak fut primé comme ´´tant un “éleve modele du FMI”.

Le rôle du gouvernement Ben Ali en Tunisie fut également de renforcer la médecine mortelle du FMI, qui sur une période de plus de 20 ans, servit a completement déstabiliser l’économie et a appauvrir la population tunisienne. Ces 23 dernieres années, la politique économique et sociale de la Tunisie a été dictée par le consensus de Washington. A la fois Ben Ali et Moubarak sont restés au pouvoir parce que leurs gouvernemernts respectifs obéissaient et renforçaient de maniere effective les diktats du FMI.

De Pinochet a Videla, de Baby Doc Duvalier a Ben Ali en passant par Moubarak, les dictateurs ont été installés par Washington. Historiquement en Amérique latine, les dictateurs étaient installés suite a une série de coups d’Etats militaires. Aujourd’hui, ils sont installés par “des élections libres et justes”, sous la surveillance de la “communauté internationale”.

Notre message au mouvement de protestation:

Les décisions actuelles sont prises a Washington par le département d’état américain, au pentagone, a Langley, le quartier général de la CIA, au QG de la Banque Mondiale et au FMI. La relation du “dictateur” avec les intérêts étrangers se doit d’être adressée. Expulsez les marionnettes politiques, mais n’oubliez pas de cibler également les véritables dictateurs. Le mouvememt de protestation se doit de focaliser sur le véritable siege de l’autorité politique, il doit cibler l’ambassade des Etats-Unis, la délégation de l’Union Européenne, les missions nationales du FMI et de la Banque Mondiale.

Des changements politiques et sociaux de valeur ne pourront s’effectuer que si l’agenda politico-économique néolibéral est jetté a la poubelle séance tenante.

Régime de remplacement

Si le mouvement de protestation ne s’occupe pas du rôle des puissances étrangeres inclues les pressions exercées par les “investisseurs”, les créditeurs extérieurs et les instances financieres internationales, l’objectif de la souveraineté nationale ne sera pas atteint. Dans ce cas, ce qui se passera ne sera que le remplacement du régime de maniere restreinte, ce qui produira une continuité politique. Lesa dictateurs sont mis en place et virés; quand ils sont politiquement discrédités et ne servent plus les intérêts de leurs sponsors américains, ils sont remplacés par un nouverau leader, souvent recruté parmi les rangs de l’opposition.

En Tunisie, l’administration Obama s’est déja positionnée. Elle entend jouer un “rôle clef” dans le “programme de démocratisation” (en organisant des élections soi-disant justes et libres…). Elle entend également utilsiser la situation de crise politique pour affaiblir le rôle de la France et consolider sa position en Afrique du Nord: “Les Etats-Unis, qui ont été prompts a réagir a l’opportunité de la protestation dans les rues tunisiennes, essaie de pousser son avantage et de demander des réformes démocrartiques dans la pays et au dela.”

L’envoyé spécial des USA pour le Moyen-Orient, Jeffrey Feltman, a été le premier étranger a arriver dans la pays apres que le président Ben Ali se fut enfui le 14 Janvier et il appela tres vite pour des réformes. Il a dit Mardi que seules des élections libres et justes renforceraient et donneraient une crédibilité au leadership en lutte du pays nord-africain.

“Je m’attends certainement a ce que nous utilisions l’exemple tunisien dans les négociations avec les autres gouvernements arabes, ajouta l’assistant secrétaire d’état Feltman. Il fut détaché dans le pays nord-africain pour offrir l’aide américaine dans la transition turbulente du pouvoir et il rencontra des ministres tunisiens et des figures de la vie sociale. Feltman se rend a Paris Mercredi pour discuter de la crise avec les leaders français, renforçant l’impression que les Etats-Unis sont en train de mener le support international pour une nouvelle Tunisie et au détriment de son ex-force coloniale de tutelle: La France. Les nations occidentales ont supporté le régime tunisen déchu en le voyant comme un rempart contre les militants islamistes dans la region nord-africaine.

En 2006, le secrétaire a la défense d’alors Donald Rumsfeld fit un discours a Tunis ou il se félicita de l’évolution du pays.

La secrétaire d’état actuelle Hillary Clinton s’immisça avec son discours de Doha au Qatar du 13 Janvier, mettant en garde les leaders arabes de laisser plus de libertés a leurs citoyens ou de risquer une exploitaion extrémiste de la situation. “Il n’y a aucun doute que les Etats-Unis essaient de se positionner tres rapidement du bon côté “.

Washington parviendra t’elle a imposer une nouvelle marionnette ?

Cela dépend de la capacité du mouvement de protestation a gérer le rôle insidieux des Etats-Unis dans les affaires intérieures de leur propre pays. Les puissances impérialistes qui ne demandent qu’a prendre en charge la situation ne sont pas mentionnées. Triste ironie du sort, le président Obama a exprimé son soutien au mouvement de prostestation. Beaucoup de gens au sein même du mouvement de protestation sont enclins a penser qu’Obama est dévoué a la démocratie et aux droits de l’Homme et est un supporteur de l’opposition afin d’éliminer un dictateur, qui fut installé au pouvoir par les Etats-Unis en premiere instance.

Le cooptage et les leaders d’opposition

Le cooptage des leaders d’opposition majeure et des organisations de dociété civile dans l’anticipation de l’effondrement d’un gouvernement marrionnette autoritaire fait partie intégrante du design de Washington, ceci est appliqué a différentes regions du monde. Le processus de cooptage est effectué et financé pardes fondastions basées aux Etats-Unis, incluant la NED (National Endowment for Democracy) et Freedom House (FH). Ces deux entités ont des liens directs avec le congres américain, le conseil en relations étrangeres (CFR) et le cartel du gros business US. A la fois la NED et FH sont connus pour avoir des liens avec la CIA.

La NED est activement impliquée en Tunisie, Egypte et Algérie, Freedom House supporte plusieurs organisations de société civile en Egypte. “La NED fut fondée par l’administration Reagan apres que fut porté au grand jour l’implication de la CIA dans un rôle de financement secret pour renverser des gouvernements démocratiquement élus, ce qui mena a jetter le discrédit sur les partis, les mouvements, les journaux, livres, magazines et individus qui reçurent des fonds de la CIA.

Comme entité bipartisane qui sollicite la participation des deux partis politiqaues US ainsi que l’AFL-CIO et la chambre de commerce US, la NED prît en charge le fnancement des renversements de régimes étrangers, mais de maniere ouverte et sous le vocable de “promotion de la démocratie” (Stephen Gowans, January « 2011 « What’s left » Bien que les Etats-Unis aient supporté Moubark ces trente dernieres annés, des fondations américaines avec des liens multiples au département d’état (ministere des affaires étrangeres US) et au pentagone, ont supporté activement l’opposition politique incluasnt le mouvement de la société civile. En accord avec la Freedon House: “La société civile égyptienne est a la fois vibrante et refoulée. Il y a des centaines d’ONG qui se sont dévouées a développer les droits civils et politiques dans le pays, opérant dans un environnement hypre-régulé.”

(Freedom House Press Releases).

Ironie du sort, Washington supporte la dictature de Moubarak ainsi que ses atrocités, tout en finançant et supportant ses détracteurs, a travers les activités de la FH et de la NED, entr’autres.

L’effort de la FH pour stimuler une nouvelle génération d’activistes a mené a de bons succes et le New Generation program en Egypte a gagné une audience dominante localement et internationalement. Des membres égyptiens de tous les grouopes de la société civile ont reçu en 2008 un intérêt et une reconnaissance sans précédent jusqu’alors, incluant un meeting a Washington avec le secrétaire d’état, le conseiller a la sécurité et des membres influents du congres. Les mots de Condoleeza Rice furent élogieux en disant que ces membres représentaient “un gros espoir pour le futur de l’Egypte”. Freedom House, http://www.freedomhouse.org/template.cfm?page=66&program=84

Le double langage politique: discussion avec le “dictateur” et entretien avec “la dissidence”

Sous les auspices de la FH, les dissidents égyptiens et les opposants a Hosni Moubarak frent reçus en Mai 2008 par Condoleeza Rice au département d’état américain et au Congres. En Mai 2009, Hillary Clinton rencontra une délégation de dissidents égyptiens, qui visiterent Washington sous les auspices de FH. Ce furent des rencontres de haut niveau. Ces mouvements d’opposition qui joue un rôle dans la protestation contre le régime sont programmés poiur servir les intérêts américains. Les Etats-Unios sont présentés comme un modele de liberté et de justice. Ces invitations ont pour but d’instaurer une culture de motivation et de respect aveugle envers les valeurs démocratiques américaines.

Les marionnettistes supportent le mouvement de protestation contre leur propre marionnette

Les marionnettistes encouragent et supportent la dissidence contre leur propre marionnette ?

Ceci s’appelle “la bascule politique” ou la “fabrication du mécontentement”. Supportons le dictateur ainsi que son opposition afin de contrôler cette opposition. Ces actions, menées par la FH et la NED, pour les administrations Bush et Ovama maintenant, assurent que les groupes d’actions civiques fondés par les Etats-Unis, ne vont pas diriger leur énergie contre les marionnettistes derriere le régime de Moubarak, a savoir le gouvernement américain.

Ces mouvements civiques égyptiens financés par les Etats-Unis agissent comme des “chevaux de Troie” et deveinnent intégrés aux mouvements de protestation. Leur but est de projetter les intérêts des marionnettistes. Elles s’assurent que le mouvement de la base, de la rue, ne va pas s’intéresser au probleme élargi de l’interférence étrangere dans les affaires internes d’un État souverain.

Les blogueurs de Facebook et de Twitter sont supportés et financés par Washington

En relation directe avec le mouvement de protestation en Egypte, des groupes divers d’actions civiques financés par des fondations etats-uniennes, ont mené la protestation sur Twitter et Facebook: “Activistes du mouvement égyptien Kifaya (Assez), une coalition d’opposants au gouvernement, et le mouvement de la jeunesse du 6 Avril organiserent la protestation sur facebook et twitter. Les agences de presse occidentales ont reporté que Twitter sembleit être bloqué en Egypte tard Mardi “.

(voir Voice of America,Egypt Rocked by Deadly Anti-Government Protests

Le mouvement Kifaya, qui organisa une des premieres actions dirigée contre le régime Moubarak en 2004, est supporté par la fondation américaine International Center for Non-Violent Conflict

A son tour, FH a été impliquée a promouvoir et a entraîner les blogs de facebook et twitter pour le Moyen-Orient et l’Afrique du nord:

Les membres de FH ont acquis des techniques de mobilisation civique, de leadership, de stratégie et de planification et bénéficient d’un réseau d’opportunités a travers des interactions avec des donateurs basésa Washington, les membres ont reçu de petites subventions pour implémenter des initiatives inovantes telles que la promotion de réformes politiques grâce a facebook et la messagerie SMS.

http://www.freedomhouse.org/template.cfm?page=66&program=84

Du 27 Février au 13 Mars 2010, FH a hébergé 11 blogueurs du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (de différentes organisations d’opposition), pour un stage de deux semaines a Washington sur l’étude de nouveau média avancé. Ce stage a appris aux blogueurs un entrainement de sécurité numérique, développment de vidéo numérique, développement de messages et cartographie numérique. A Washington D,C, ces membres ont aussi participé a un briefing au Sénat et au Congres, rencontré des officiels de l’USAID (NDT: également unevitrine de la CIA), du département d’État, ainsi que des médias internartionaux incluant Al Jazeera et le Washington Post.

http://www.freedomhouse.org/template.cfm? page=115&program=84&item=87

Tout a chacun peut facilement comprendre l’importance donnée par l’administrastion américaine a ce programme d’entrainement des blogueurs qui est de plus couplé avec des meetings au sénat, au congres, au département d’état, etc…

Le rôle du mouvement  Facebook et Twitter comme expression de la dissidence se doit d’être étudié tres attentivementa la lumiere des liens de quelques organisations d’action civique avec la Freedom House (FH) la NED et le département d’état américain. BBC News World (retransmis au Moyen-Orient) citant des messages internet égyptiens, rapporte que “Les Etats-Unis ont envoyé de l’argent a des groupes pro-démocratie” (BBC News World, 29 Janvier 2011)

Les confrérie des freres musulmans

Bien qu’il y ait une interdiction constitutionnelle contre les partis politiques religieux, les membres des “Freres musulmans” élus au parlement égyptien comme étant “indépendants”, ils constituent le bloc parlementaire le plus important.

La confrérie musulmane quoi qu’il en soit ne constitue pas une menace directe aux intérêts politiques et économiques de Washington dans la région. De fait, les agences de renseignement occidentales ont une historique de ,ongue durée dans la collaboration avec la confrérie. Le support logistique de la confrérie par les services secrets britanniques remonte aux années 1940. Dans les années 50, comme le dit l’ex-agent William Baer “La CIA a dirigé son support vers la confrérie a cause de la capacité remarquable de celle-ci a renverser Nasser. 1954-1970: CIA and the Muslim Brotherhood Ally to Oppose Egyptian President Nasser Ces liens secrets futent reconduits dans l’ere post-Nasser.

Remarques de conclusion

L’éviction de Moubarak est une possibilité pour la politiqie étrangere US depuis plusieurs années.

Le remplacement des régimes se doit d’assurer la continuité, tout en donnant l’illusion qu’un changement politique conséquent s’est produit. L’agenda de Washington pour l’Egypte a été de “détourner le mouvement de protestation” et de remplacer Moubarak par une autre marionnette obéissante a la tête de l’état égyptien. L’objetif de Washington est de préserver les intérêts des puissances étrangeres, de conserver l’agenda économique néolibéral qui a servi a appauvrir la population égyptienne.

Du point de vue de Washington, le remplacement de régime n’a plus besoin l’installation d’un régime autoritaire militaire comme ce fut le cas aux glorieux jours de l’impérialisme américain, cela peut-être fait en cooptant des partis politiques, incluant des partis de gauche, en finançant des groupes d’action civique, en infiltrant le mouvement de protestation et en manipulat les élections natioales.

En référence au mouvement de protestation en Egypte, Obama a déclaré le 28 Janvier dans une vidéo diffusée sur YouTube: “Le gouvernement ne doit pas se résoudre a la violence”

La question bien plus fondamentale est de savoir quelle est la source de la violence ?

L’Egypte est le plus gros bénéficiaire d’aide militaire apres Israël. L’armée égyptienne est considérée comme étant la base du régime de Moubarak. Les politiques américaines imposées a l’Egypte et le monde arabe depuis plus de 20 ans, couplé avec les “réformes du marché libre” et de la militarisation du Moyen-Orient, sont les causes principales de la violence d’État.

L’intention de l’Amérique est d’utiliser le mouvement de protestation pour installer un nouveau régime. Le mouvement populaire defvrait rediriger son énergie: établir la relation entre les Etats-Unis et le dictateur. Enlever du pouvoir la marionnette politique des Etats-Unis, mais sans oublier de cibler les vrais dictateurs.

Détruire le processus de changement de régime. Démanteler le systeme de réformes néolibérales. Fermer les bases militaires US en Egypte et dans le monde arabe. Etablir un véritable gouvernememt souverain.

Michel Chossudovsky est professeur emeritus d’economie a l’université d’Ottawa et directeur fondateur du centre de recherche sur la mondialisation.

De la Tunisie a l’Egypte la nouvelle donne géopolitique de l’Empire anglo-américain

Posted in actualité, guerres hégémoniques, ingérence et etats-unis, néo-libéralisme et paupérisation, politique et social, résistance politique with tags , , on 29 janvier 2011 by Résistance 71
Tunisie : L’Idéologie du “Choc des Civilisations” en échec…

Georges STANECHY

url de l’article original:

http://www.legrandsoir.info/Tunisie-L-Ideologie-du-Choc-des-Civilisations-en-echec.html

« Ils ont les montres, nous avons le Temps. »

Devise de la Résistance Afghane

L’Inquisition au XXI° siècle

« Il fallait bien empêcher les barbus d’arriver au pouvoir. La “realpoltik”, que voulez-vous… »

Je regardais François Baroin à la TV, ministre du Budget et porte-parole du gouvernement français. Déversant, à propos de la Tunisie et des Droits de l’Homme, sa brouette de clichés comme autant de galets polis par l’usure du temps, justifiant le soutien inconditionnel de la France, et des pays occidentaux, à ce qui était une des dictatures parmi les plus féroces et corrompues de la planète.

“Homme politique” de l’année paraît-il, dans je ne sais plus quel magazine “pipole” ou “pipelette”. Bernadette Chirac, présente à l’émission, lui voit même un destin de président de la république. Oui, bien sous tous rapports, très représentatif de la caste au pouvoir. Parfaitement à l’aise, sous couvert du réalisme politique, admettant l’ignoble, l’abjection : l’arbitraire, la torture, la négation de la dignité humaine…

Pathétique contraste entre cet homme bien repassé, brushing savamment architecturé, propre sur lui, style Harry Potter, pour reprendre les termes de l’animateur de cette émission de divertissement, et la photo d’une des victimes de la dictature que j’avais sous les yeux, Adem Boukadida, sortant du terrible centre de tortures de Mornghouia, dans la banlieue de Tunis. (1)

Hébété, tétanisé encore, par l’horreur vécue. Marchant, respirant difficilement. Il a eu les jambes brisées, le sternum défoncé, les mains écrasées, entre autres violences et tortures subies. Il ne peut plus écrire. Il a 30 ans.

Il vivait avec une distribution de pain, 2 fois par jour dans une cellule où étaient entassées 60 personnes. Comme toilettes : un trou au milieu du local. Du fait de ses jambes brisées, il ne pouvait pas s’accroupir et demandait, en vain, qu’on soigne ses blessures et qu’on lui accorde des toilettes décentes.

Le sadisme, l’humiliation, dans leur rayonnement mortifère.

Son crime ?…

Il avait fait des études à l’université d’Al-Azhar au Caire. Un homme tranquille, croyant et pratiquant, ne militant dans aucun parti, ni mouvement. N’ayant pas trouvé d’emploi malgré ses diplômes, il tenait une modeste boutique de tissus. Partageant son temps entre sa famille, son commerce et la mosquée pour y prier. Pour le régime, c’était un faisceau de preuves suffisant pour cataloguer Adem Boukadida comme “terroriste islamiste”. Si ce n’était de fait, dans tous les cas : en puissance.

Il faut “faire du chiffre” et montrer aux occidentaux qu’on est superactif, hyperactif, proactif, dans “la chasse aux barbus”, pour justifier son label de « rempart démocratique contre l’islamisme ». Ouvrant le boulevard aux adulations des nomenklaturas de l’Empire et de ses vassaux, pour service rendu à la Civilisation. Et, en retour, un soutien inconditionnel à tous les agissements tyranniques.

Arrêté au mois de novembre dernier, le jour même de la grande fête religieuse musulmane de l’Aïd el Kébir, Il a donc subi la torture pour lui faire avouer ses crimes. Non seulement on lui cassait les os mais, pour le relaxer probablement, il avait droit à de longues séances de « waterboarding », ou supplice de la baignoire comme l’appelaient hygiéniquement les spécialistes es-tortures de la Gestapo, reprenant un grand classique de l’Inquisition.

Comme il n’en avait pas commis, qu’il n’y avait aucun commencement de preuve, ses tortionnaires s’acharnaient à lui faire reconnaître qu’il en avait “l’intention”. Jusqu’à lui briser les mains, se saisir de son pouce de force, pour lui faire signer un acte d’aveux qu’il n’a jamais prononcés.

Car le “crime d’intention” est la norme de tout régime de terreur, et donc de la soi-disant lutte anti-islamiste imposée par les occidentaux dans les pays musulmans. Le “délit de piété” étant assimilé, au nom de la laïcité démocratisante, à “l’intention terroriste”, à la tentative de subversion. Pire ! Au “blasphème” à l’égard de l’Occident, et de ses fondés de pouvoir : les dictatures imposées.

Justifiant, ainsi, la bénédiction de tous les arbitraires. Le vocable d’islamiste servant de fourre-tout dans lequel sont jetés tous opposants, ou suspects d’opposition. Car, si vous êtes un opposant à une dictature installée par l’Occident dans un pays musulman vous ne pouvez être qu’un islamiste. Et un islamiste, dans une logique imparable, ne peut être qu’un terroriste.

L’équivalent de la chasse aux hérétiques, ou aux sorcières, de l’Inquisition. Paradoxe, au XXI° siècle : si vous êtes “pieux”, vous êtes un “hérétique” par rapport aux canons de la modernité. Nous voilà revenus au Moyen-Age, dans la chasse paranoïaque à l’Hérésie ! La Grande Régression, ce naufrage de laCivilisation des Lumières si bien analysé, décortiqué, par Jacques Généreux dans son livre sur cette pathologie. (2)

Jusqu’aux derniers jours, raconte Adem Boukadida, malgré bruits des fusillades et odeurs de lacrymogène franchissant l’enceinte de ce centre de torture, pour bien faire comprendre que les dictateurs passent mais que les tortionnaires restent, tous les “terroristes”, en herbe ou en barbe, étaient réunis dans la cour, dans un rituel quotidien, pour être battus à coups de matraques et de nerfs de bœuf.

L’Inquisition, dans l’arrogance de son impunité.

Barbe à longueur de poil variable

A ce jour, beaucoup des victimes de l’arbitraire et du sadisme, en Tunisie, n’ont pas encore été libérées de ces goulags. Et, sont loin d’en sortir. Les hommes du régime, qui savaient, qui ont cautionné, soutenu ces horreurs, ces crimes contre l’humanité, ne veulent pas que cela se diffuse trop. Les protecteurs occidentaux du régime, prescripteurs et complices de ces crimes, n’y tiennent pas non plus. (3)

Ces innocents seront relâchés au compte-gouttes, en catimini. Comme 90 % des détenus de Guantanamo, et autres centres de tortures de l’Empire et de la Coalition, sauvagement torturés pour être finalement relâchés faute de preuves. Souvent restitués à leurs pays d’origine et sommés de se taire. S’ils ne meurent pas avant, sous la torture ou dans une exécution sommaire. Pas de vagues !…

Certains meurent après leur libération. Réduits à l’état de loque humaine. Comme Zouheir Yahaoui, autre héros de la Révolution Tunisienne, jeune créateur du site Tunezine où il brocardait le régime et son gouvernement de malfrats. Arrêté, placé en centre de tortures pendant plus d’un an, il n’a pu survivre aux traitements subis.

Adem Boukadida a eu de la chance dans son malheur, grâce à un avocat, des soutiens, tenaces et courageux. Souhaitons lui, ainsi qu’à ses frères d’infortune, de trouver rapidement la santé et la joie de vivre…

En fait, les gouvernements occidentaux, à commencer par celui de la France, ne se sentent nullement gênés. Ils mentent avec autant d’assurance maintenant, quant à leur “soutien au valeureux peuple Tunisien”, que lors de leurs éclatantes démonstrations d’amitié à l’égard du dictateur en place…

Leur argumentaire sur l’impérieuse nécessité d’organiser en permanence “la chasse aux barbus” censés s’en prendre aux libertés, et à La Femme, même usé jusqu’à la corde, aussi grotesque soit-il, est et sera martelé en permanence. Ayant de la conception de la barbe une appréciation de la géométrie et de la dimension du poil aussi variable que pour la Justice, les Droits de l’Homme, ou les Conventions de Genève sur la protection des populations civiles.

La femme musulmane ? La protection des libertés ? Une société civile laïque ? De tout cela : ils s’en contrefichent. La preuve ?

La femme musulmane ?…

Avant de prétendre libérer La Femme, quel que soit son pays, on commence par ne pas le bombarder, l’occuper militairement, le piller, y installer des centres de tortures, créer des milices de “collabos”, entretenir la terreur. On s’assure que La Femme qui y vit ne soit pas massacrée, affamée, humiliée, avecses enfants, sans médicaments pour les soigner, ni écoles pour les éduquer, sa maison détruite.

Les abominations et atrocités à l’encontre des populations commises en permanence par les forces d’occupation occidentales, en Palestine, en Irak, ou en Afghanistan, n’embarrassent pas une demi-seconde ces “féministes” folkloriques. Chez ces gens-là, Gaza et son blocus inhumain : on ne connait pas.

La protection des libertés, à commencer par celle du droit de vote ?…

L’Empire et ses vassaux soutiennent toutes les dictatures qui leur conviennent, dans un simulacre d’élections, la France en premier. Même les dictatures qui se succèdent de père en fils, comme au Togo ou au Gabon, récemment. Comme il était prévu en Egypte, où le fils Moubarak devait prendre le relais du père.

Ben Ali était un dictateur à vie, derrière une parodie de consultation électorale dont il ressortait vainqueur, à chaque fois, avec plus de 90 % des votes. Tout le monde le savait, mais faisait semblant de ne pas le savoir. Et, c’était un des rejetons de la famille qui était programmé comme héritier du pouvoir. Parmi les schémas de succession à l’étude figurait celui de son épouse comme présidente…

La défense d’une société civile laïque ?…

Comment ne pas rire devant cette cynique affirmation ? Quand on voit la déférence des gouvernements occidentaux, leur soutien inconditionnel, à l’égard d’un régime théocratique, corrompu, rétrograde, méprisé par l’ensemble de la communauté musulmane, sunnite ou chiite : L’Arabie Saoudite.

Détesté même par son propre peuple. Nos médias n’en parlent pas, mais il existe un peuple en Arabie Saoudite qui subit ce clan mafieux. Il ne peut jamais s’exprimer sur la gestion de son pays et de ses ressources, car les bureaux de vote y sont inconnus. Comme dans toutes les “pétromonarchies” du Golfe, considérées comme des propriétés familiales gérées par l’Empire.

Régime fondé sur une secte aussi hypocrite que déjantée : le Wahhabisme Soutenu par Roosevelt dans les fameux accords signés avec le clan Saoud, sur le croiseur USS Quincy le 14 février 1945… Livrant la région et ses immenses ressources à l’Empire.

Secte allant jusqu’à interdire aux femmes de conduire un véhicule. Seul pays au monde. Il est vrai que cela alimente les fourneaux de la propagande islamophobe faisant croire que toute femme est interdite de conduire un véhicule dans les pays musulmans… (4) Défigurant, actuellement, dans un urbanisme sauvage les villes de pèlerinage de la Mecque et de Médine, détruisant quartiers, bâtiments, vestiges historiques, inestimables patrimoines de l’Humanité, pour y construire tours et gratte-ciel surplombant les lieux saints, dans un délire d’inculture et de spéculation indécente d’avidité.

Où se trouve la défense de la laïcité dans l’instauration par l’Occident, depuis les accords Sykes-Picot de 1917, de l’apartheid religieux en Palestine ? Où la spoliation de la terre de vos ancêtres a pour fondement l’appartenance religieuse, certains fanatiques de cette théocratie coloniale ayant pour projet d’assimiler la religion à une race… (5)

Que dire de la mosaïque religieuse imposée de force au Liban par les puissances occidentales, depuis le 19 ° siècle, où la représentation politique au parlement et la répartition des responsabilités gouvernementales ont pour fondement l’appartenance religieuse ?

En fait, loin de les pourchasser, les gouvernements occidentaux adorent les “barbus”. Aucun problème s’ils s’en mettent un maximum dans les poches pour eux et leurs familles. A deux conditions : laisser piller leur pays et souscrire à toutes les volontés de l’Occident au Moyen-Orient. Ceux qui ne l’acceptent pas seront diabolisés et traités en terroristes !

Prétendre soutenir une dictature au motif qu’elle représenterait un « rempart contre l’islamisme » est, en conséquence, une “faribole”. Symptôme fondamental dans la compréhension de la situation : l’Empire est nu. Confirmant ce que tout le monde sait, en imposant le tout et son contraire dans le cynisme, il n’applique non pas des Valeurs, mais La Loi du Plus Fort.

Au-delà des mensonges de la propagande occidentale, l’écroulement de la dictature en Tunisie présente une dimension géopolitique qui est occultée par la plupart des analystes. Ce n’est pas simplement une revendication sociale, se doublant d’un appel à l’octroi des libertés publiques élémentaires, qui vient de surgir. C’est un système politique, économique, et géostratégique, imposé par l’Occident qui vient d’imploser.

Conséquence d’une idéologie générant un système de prédation néocoloniale longuement mûri, peaufiné, structuré, au fil des décennies, depuis la chute de l’empire Ottoman et les accords de Sèvres de 1922 répartissant ses dépouilles entre puissances occidentales. Bientôt, un siècle. Les immenses richesses de cette région, que les anglo-saxons désignent par MENA (Middle East – North Africa), étant pillées avec la complicité d’autocraties soigneusement sélectionnées et contrôlées.

Idéologie renforcée et théorisée depuis la chute du Mur de Berlin, en direction des opinions publiques occidentales analphabètes de désinformation et anesthésiée de propagande sur cette aire géographique. Avec le célèbre “Choc des Civilisations” sorti en 1996  : l’islamiste remplaçant le communiste dans l’argumentaire impérial. Du MENA, la prédation-oppression sera systématisée à l’ensemble des pays musulmans suivant les mêmes concepts et méthodes : Pakistan – Indonésie, évidemment, mais aussi pays musulmans d’Asie centrale, minorités musulmanes en Inde, aux Philippines et en Thaïlande.

Grattons le vernis académique de la thèse du Choc des Civilisations et nous trouvons, tout simplement, une idéologie parmi les plus sanguinaires que notre imaginaire d’Homo Politicus ait pu inventer et appliquer sur cette planète. Avec ses trois broyeurs :

=> Prédation coloniale, avec trois axes majeurs : ressources naturelles spoliées ou bradées, marchés locaux rendus captifs pour l’importation des produits et services de l’Empire, privatisation des services publics gérés comme des rentes de situation pour les groupes occidentaux.

=> Barrage de l’accès aux hautes technologies : les pays musulmans en sont bannis pour maintenir un « gap » technologique avec l’Occident. Seul est toléré un minimum de connaissances techniques permettant d’assurer le fonctionnement des activités de sous-traitance confiées par l’Empire.

Expliquant l’absence d’instituts de recherche de haut niveau dans ces pays. Donnant le pourquoi de la traque aux chercheurs de ceux qui avaient réussi à former un pôle de recherches scientifiques, devenus les cibles privilégiés de ses escadrons de la mort. Rien qu’en Irak : plus de 350 spécialistes de haut niveau, dans toutes les disciplines (y compris en informatique ou neurochirurgie…), ont été assassinés suite à l’invasion et la destruction du pays.

=> Racisme d’Etat : décliné, articulé, sur une propagande islamophobe de haute intensité pour justifier auprès des opinons publiques internationales, occidentales et non musulmanes, l’hyperviolence et le pillage de l’Empire dans les pays musulmans. En entretenant, en permanence, un esprit des Croisades…

Le peuple Tunisien vient, toutefois, de perturber la marche de ce rouleau compresseur…

Le commencement de la fin ?

L’idéologie du Choc des Civilisations est en “échec”, en Tunisie. Peut-être, mais elle est loin d’être “mat”…

La Bande des Quatre (France, Israël, Italie, USA) qui administre ce condominium qu’est la Tunisie pour l’Empire, chacun dans son domaine de compétences et d’intérêts, s’active pour enrayer le mouvement. Il n’y aura pas d’effet domino.

Gardant les mêmes piliers et seconds couteaux de Ben Ali, ils vont lâcher un peu de lest sur le social et la liberté d’expression. Cela ne dérange pas l’Occident. Pour reprendre la métaphore de Reinaldo Arenas : dans tous les pays, le Peuple est mené à coups de pied au derrière par l’oligarchie qui le « gouverne » ; la différence entre une dictature et une démocratie, c’est que dans la première, il doit « la fermer », et dans la seconde on le laisse « gueuler ».

Appliquer la tactique de l’édredon : laisser la colère s’apaiser, les manifestations s’essouffler, sans trop de casse. En canalisant le discours par les médias de la propagande. En isolant les plus obstinés, pour les museler ensuite. En emballant le tout dans “du pain et des jeux”, suivant la recette mise au point dans l’Antiquité, par les Romains. Sur fond de simulacre électoral à venir…

En Europe, en France, des millions de gens sont descendus dans la rue pendant des semaines pour manifester leur colère devant l’injustice économique et sociale. Les lois et décisions des nomenklaturas, contre lesquelles ils protestaient, ont toutes été votées et sont appliquées.

La ploutocratie se fiche éperdument de la volonté populaire. Elle détient la force et l’appareil de propagande. Les propos aussi imbéciles que cyniques d’une Alliot-Marie, ex-ministre de l’Intérieur de la France, sur l’expertise des forces de répression sont l’illustration de ce complet mépris.

Le seul point qui gêne les occidentaux dans ces mouvements de révolte populaire, notamment en Egypte et Jordanie, c’est qu’ils arrivent à un mauvais moment, avec un mauvais exemple.

Le mauvais exemple : c’est celui de l’armée Tunisienne. Refusant de se comporter en milice au service d’une caste au pouvoir, de tirer sur le peuple. Se comportant en armée au service de la nation, de sa souveraineté, de la protection du peuple et de ses institutions. Si toutes les armées des pays musulmans se mettent à éprouver des états d’âme et respecter des principes, où va-t-on ? La situation risque de devenir intenable. Là, réside le véritable danger pour les intérêts de l’Empire.

Le mauvais moment : à l’instant même où tous les gouvernements occidentaux préparent activement une nouvelle guerre au Moyen-Orient. Objectif : invasion du Liban, destruction de la Syrie, écrasement de l’Iran. Les conclusions en préparation, évidemment truquées, du Tribunal Spécial du Liban enquêtant sur l’assassinat de l’ex-premier ministre Hariri, devant servir de prétexte. Cette pantalonnade ayant pour finalité l’obtention de l’autorisation de l’ONU pour justifier la guerre.

Si l’armée rejoint le peuple comme en Tunisie, une guerre au Moyen-Orient aura pour effet secondaire un balayage immédiat de toutes les dictatures patiemment mises en place par l’Occident. Cela donne à réfléchir. C’est pour cela qu’en Egypte, ils ne vont pas faiblir et faire tirer sur la foule. Quitte à employer des snipers mercenaires étrangers. L’Irak en est bourré…

Il y a eu déjà des précédents surprenants de fraternisation entre l’armée et le peuple au Moyen-Orient. Au cours de ces évènements, j’ai pensé à l’écroulement de la dictature qui, si elle n’opprimait pas un pays arabe, présentait des similitudes avec celle qui étouffait la Tunisie : celle du Shah d’Iran.

Il avait constitué une des premières armées du monde, ne cessant de s’en vanter, par des achats d’armements massifs. Les pétroliers, à qui il bradait les ressources du pays, et l’ensemble du monde occidental le soutenaient. Prêt en en faire une puissance nucléaire (cf. les faramineux contrats Eurodif avec la France qui devait livrer 10% de son uranium enrichi). Une des polices secrètes parmi les plus sadiques et les plus ignobles qu’un peuple ait pu subir : la SAVAK.

Son régime s’est écroulé par la révolte populaire, l’armée refusant de tirer sur le peuple. Mais, ayant tellement décapité les élites au nom de la « lutte anticommuniste » (à l’époque l’épouvantail, pour justifier la répression des peuples, n’était pas « l’islamisme » mais le « communisme ») ce sont les cadres religieux survivants qui ont encadré le mouvement.

Le contexte Tunisien est différent de celui de la chute du Shah, sociologiquement et politiquement, mais on retrouve dans les deux cas les mécanismes sanguinaires et prédateurs de ce type de régime policier :

i) La sauvagerie exponentielle de la répression

Derrière un décor de stations balnéaires et de circuits touristiques, la répression était perceptible. Circulaient des informations précises et recoupées, malgré la censure en Tunisie et dans les médias internationaux, sur ce qui se passait notamment dans la région de Gafsa, Gabès, en révolte depuis plus de deux ans, et dans d’autres parties isolées du pays.

Les villes étant moins touchées par cette barbarie où, par exemple, des milices cagoulées se livraient à des viols collectifs hommes et femmes, et autres violences, devant les familles, y compris devant les enfants.

ii) La féroce persécution de l’Islam

Sous la pression des occidentaux, le Shah d’Iran encouragea la persécution de l’Islam. C’est sous son régime que furent organisées, dans un pays musulman, les premières campagnes antimusulmanes au nom de la laïcité. Symboliquement dans un accès mégalomaniaque il s’était même fait couronner à Persépolis, “Empereur successeur de Darius”, pour célébrer l’effacement de l’Islam en Perse…

La Tunisie était considérée comme un champ de bataille essentiel dans cette stratégie, et citée en exemple comme modèle. En fait, sous couvert de “laïcité” et de lutte contre “l’islamisme”, avec des services encadrés par des “spécialistes étrangers” véhiculant l’idéologie du “Choc des Civilisations”, ce n’était que travail de basse police : fichage des fidèles fréquentant régulièrement les mosquées, pratiquant le Ramadan, portant des tenues “traditionnelles”, etc. Jusqu’à profaner, avant de la fermer, la mosquée de l’université de Tunis, jonchée de bouteilles d’alcool et d’excréments. C’est dans cet état qu’elle a été trouvée, lors de sa récente réouverture…

Evidemment, dans les pays où les responsables politiques sont des musulmans pratiquants ce seront des méthodes plus “soft” qui seront appliquées. Une des plus pourvues en moyen financiers est l’envoi d’évangélistes avec une couverture d’ONG. Proposant, tout spécialement auprès de la jeunesse, visas, bourses et autres incitations pour provoquer des « conversions ».

iii) L’acculturation d’un Peuple

L’inconscient collectif d’un peuple à coloniser est une des cibles prioritaires d’un Empire. Livres scolaires, littérature, produits de divertissement, jeux vidéo, documentaires, films. Tout ce qui peut formater un imaginaire et conditionner un esprit critique. Un peuple a de multiples racines. Le travail de propagande consiste à les arracher progressivement, méthodiquement.

Si pour le Shah d’Iran l’Histoire s’arrêtait à Darius, dans les pétromonarchies elle commence avec les chaînes US consacrées au sport. Les enfants du Koweït ou des Emirats connaissent par cœur le nom des joueurs de base-ball du championnat américain, mais rien sur l’histoire de la région dans laquelle ils sont nés. En Egypte, l’Historie s’arrête aux pharaons. C’est le fond de commerce du tourisme local, mais aussi de ce qu’on veut imprimer dans l’inconscient collectif.

Je force le trait, bien sûr. Mais, à peine.

En Tunisie, le régime allait très loin, sous la pression occidentale. Jusqu’à éradiquer ses racines “arabes”. Les exemples sont multiples. Sur des sites ou brochures touristiques était mentionné que la Tunisie n’était pas un peuple « arabe ». Pour ne pas effrayer le touriste, invoquait-on comme prétexte…

Se dire ou se croire « arabe », et donc solidaire des autres peuples arabes (manière ou « ardente obligation » d’oublier la Palestine…), devenait plus que suspect. Arracher ainsi une des composantes d’un peuple ne peut provoquer que résistance et rejet.

iv) Le pillage occidental

Toutes les principales industries, le système financier, les meilleures terres agricoles, les meilleurs terrains constructibles, et services publics, sont contrôlés par des intérêts étrangers (avec ou sans hommes de paille). Jusqu’à la production de yaourts qui doit payer des royalties par pot distribué et consommé.

Tout est fait, planifié, pour qu’il n’y ait aucun transfert de technologie en faveur du pays, pour le maintenir dans la dépendance. Contrairement, par exemple, à Taïwan ou la Corée du sud qui ont bénéficié de l’appui massif des occidentaux. Ou le Vietnam, en ce moment. La Tunisie, comme tous les pays musulmans coopératifs, ne sera considérée, au maximum, que comme un gentil et compréhensif sous-traitant.

Ne générer que des emplois sous-payés et sous-qualifiés (tare de l’hôtellerie, de l’industrie touristique en général, et de la sous-traitance), n’est pas l’avenir d’un pays. Les activités des secteurs du tourisme et de la sous-traitance sont extrêmement volatils. Les contrats pouvant disparaître massivement d’une année sur l’autre. Les “intermédiaires” jouant la concurrence internationale.

Sans compter les effets secondaires ravageurs qu’exerce une industrie du tourisme dans une économie insuffisamment diversifiée et prospère sur des populations locales appauvries, vivant dans une totale précarité : prostitution, alcoolisme, drogues.

Nous retrouvons, là encore, la stricte application de la stratégie du « Choc des Civilisations ».

Même en fuite le dictateur se révèle d’une grande utilité, servant de bouc émissaire pour exonérer les occidentaux de toute responsabilité économique. Signe évident : si Ben Ali et sa famille détenaient 50% de toutes les affaires en Tunisie, comme on peut le lire dans des médias, qu’attend-on pour nationaliser ces participations en les domiciliant dans un fonds public ?…

Cela ne se fera pas.

Car ces boucs émissaires, aussi crapuleux soient-ils, étaient aussi des “porteurs” d’actions pour le compte de personnalités étrangères. Souvent dans le cadre d’arrangements mafieux : 1/3 pour toi, 2/3 pour nous… C’est pour cela qu’il a été soigneusement « exfiltré » avec ses proches. Les bénéficiaires de ces arrangements ne voudront jamais se voir spoliés dans une nationalisation brutale des biens du tyran. Il va falloir au préalable trouver les montages financiers adéquats, pour rendre à César ce qui est à Jules…

L’Empire a été secoué, il va résister. Il reste encore au Peuple de la Tunisie un long chemin à parcourir pour parvenir à l’indépendance économique. Qui est la véritable indépendance. Cela ne pourra s’atteindre qu’en intégrant un marché intérieur de vaste dimension, aux richesses, talents et besoins complémentaires : celui du Grand Maghreb. Qui deviendra, avec ses immenses potentialités, un Brésil de l’Afrique. Capable de produire, à l’exemple de ce grand pays, des bateaux, des avions, des trains, et d’envoyer ses satellites dans l’espace.

Ceci est un autre débat. Tout d’abord, célébrons la révolte, ou la révolution, de la Tunisie. Car elle n’est pas qu’une affaire de niveau de vie ou de chômage mais, à l’encontre d’une dictature et de ses sponsors étrangers, le magnifique exemple d’une réappropriation de sa liberté.

Et, tout aussi important, de sa dignité.

George STANECHY

(1) Peter Beaumont, Victim tells of ordeal in Tunis, The Observer, 23rd january 2011,http://www.guardian.co.uk/world/2011/jan/23/tunisia-long-task-of-healing

(2) Jacques Généreux, La Grande Régression, éditions du Seuil, octobre 2010.

(3) Lire, relire, faire circuler (car censuré par les médias en France) sur ces comportements, notamment des anciennes puissances coloniales, l’ouvrage d’investigation exceptionnel de qualité de Lounis Aggoun :La Colonie française en Algérie – 200 ans d’inavouable – Rapines & Péculats, éditions Demi Lune, 2010.

(4) Combien de fois ai-je surpris des interlocuteurs, ne connaissant pas les pays musulmans, en leur disant que dans ces pays des femmes se rendaient à leur travail, accompagnaient leurs enfants à l’école, en conduisant le véhicule familial.

Et, leur stupéfaction devant mon affirmation que des femmes y conduisaient des bus, des trains, et même des avions, certaines avec le grade de commandant de bord !

Il est vrai que la « désinformation », en Occident, évite soigneusement de montrer cet aspect, se focalisant sur le misérabilisme nécessaire à la propagande islamophobe.

(5) Lire les analyses du philosophe Manuel de Diéguez sur ce phénomène, notamment : Le réveil démocratique des peuples arabes et la chute d’Israël dans la bio-génétique

N.B. Une grande partie de ce billet est une reprise du commentaire que j’avais posté à la suite de l’article sur le blog de mon ami Chahid : La leçon Tunisienne : le Colibri peut vaincre la vipère.

Dégradation sociale: Le citoyen moderne

Posted in actualité, politique et social, politique française with tags , , on 26 janvier 2011 by Résistance 71

Nous reproduisons ici des extraits d’un texte intitulé « Des organismes génétiquement modifiés et du citoyen » et signé « Quelques ennemis du meilleur des mondes transgéniques », publié en 1999.

Le citoyen moderne

Les définitions du citoyen moderne nous éclairent sur la façon dont les pouvoirs en place manipulent et aliènent les individus consentants, Ce citoyen moderne n’est autre qu’un « extrémiste du consensus, c’est-à-dire un individu qui n’a d’opinion ferme et précise sur rien d’essentiel, et n’en tire par conséquent aucune conclusion sur quoi que ce soit qui puisse l’engager » En lui donnant l’illusion de participer à des décisions déjà prises qu’il ne fait qu’entériner, le pouvoir se dédouane des ravages qu’il inflige au monde et aux hommes

Le citoyen incarne une des contradictions centrales du capitalisme: de même que, dans le champ de la production, ce dernier a besoin de réaliser simultanément l’intégration et l’exclusion des hommes en tant que salariés, il veille, dans l’espace politique, à réaliser simultanément la participation et l’éviction des hommes en tant que citoyens. La gestion politique actuelle se trouve en effet confrontée à l’obligation d’avoir à assumer un déchirement insurmontable tout en désirant éloigner le plus possible les individus de la direction de leurs affaires, elle se plaint en même temps de l’apathie généralisée et de la banalisation des comportements « incivils » que cette situation génère inéluctablement. La fonction spectaculaire du citoyen consiste précisément à promettre la résolution de cette contradiction.

Le citoyen moderne apparaît aujourd’hui comme la figure la plus mystifiante de l’impuissance politique régnante.

Le citoyen vote, certain de faire un choix politique. On est arrivé à le persuader que dans un État de droit tout est améliorable avec un peu de bonne volonté citoyenne. Il en vient à croire qu’il est pris en considération dans des décisions qu’il n’a pourtant jamais prises. Certains jours, il arrive même qu’on le fasse manifester.

Le citoyen se reconnaît essentiellement par le degré d’adhésion qu’il porte à l’endroit des valeurs et des représentations de la classe moyenne, devenues partout dominantes. Il est indifféremment étudiant satisfait, pédagogue perplexe, directeur commercial inquiet, employé du secteur culturel, lecteur de Télérama et autres bourdieuseries, ouvrier raisonnable, parfois chômeur… En ce sens, son incapacité politique n’est qu’un aspect du mouvement plus vaste de dépossession qu’il rencontre dans l’ensemble de ses activités quotidiennes.

À l’instar d’un produit de substitution miracle, le discours citoyen surgit au moment même où les formes traditionnelles de participation politique et de militantisme syndical s’écroulent définitivement. L’accélération de l’effondrement de la vie sociale et politique depuis les dix dernières années s’explique principalement par la fin de la fausse inimitié Est-Ouest, la disparition de la classe ouvrière et la victoire connexe de la logique marchande. Avec l’aide du milieu associatif de gauche, instrumentalisé de façon paternaliste par les politiciens pourtant discrédités, le citoyen prospère dans un processus de mutation de la politique où toute opposition sérieuse s’efface, où chaque parti ne couvre plus que la gestion au jour le jour de changements décidés ailleurs. Entité choisie pour combler le vide politique et social, la figure du citoyen est l’abstraction qui s’élève sur des ruines. Bien qu’il se plaise à s’imaginer engagé, le citoyen est par excellence l’homme de l’irrésolution. Constamment perdu lorsqu’il est question d’asseoir son choix en quelque matière d’importance que ce soit, il est l’homme des inquiétudes jamais dépassées. Uniquement produit pour valider des questionnements et des choix préétablis, il demeure le plus souvent dans l’ignorance quasi complète des mécanismes actuels de manipulation politique, d’où sa propension humanitariste. Ne soulevant jamais la question du pouvoir, il est celui qui s’agite aux quatre coins d’une agora virtuelle qu’il souhaiterait sans heurts ni conflits. […]

Parce qu’il ne peut jamais rien décider par lui-même, tout pour le citoyen devient simple objet de connaissances à poursuivre indéfiniment. Ici se trouve la raison pour laquelle il n’acceptera jamais que des « débats » dénués de toute portée pratique. Le « débat » constitue en effet le cadre privilégié de l’épanchement citoyen : dans le contentement de son insatisfaction soumise, il écoute religieusement la parole rassurante des experts lui révéler l’incontournable « objectivité » du savoir doctoral, demeure sage comme l’image qu’on lui montre de lui-même ; et plus il progresse dans l’acquisition illusoire de ce savoir, plus il pense le moment enfin venu d’affirmer une décision confiante et pleine. C’est cependant à l’instant précis où son assurance semble la plus ferme que, rattrapé par son irrésolution maladive, il s’écroule dépité et malheureux dans les caniveaux de son incertitude spécifique. Parce qu’il ne veut jamais conclure. Son état d’hébétude se manifeste alors par la confusion et l’absence d’intérêt des questions qu’il adresse gracieusement à ses tristes bonimenteurs.[…]. Le citoyen est celui à qui on dit :  » Il faut  » et qui finit par accepter. Parce qu’il a renoncé à tout usage de sa volonté et de son discernement, le citoyen, en même temps que ses maîtres sont dans la disposition de tout entreprendre, se voit donc réduit logiquement à la nécessité de tout tolérer.

À l’aube du XXIe siècle, avec Internet et la Love Parade, le téléphone portable et des centaines de chaînes sur le câble, le spectateur et l’internaute, en fait, l’homme moderne, est devenu l’extrémiste du consensus : pour entendre uniquement ce qu’il a envie d’écouter et qui le flatte, il lui suffit de zapper, car partout il trouvera une variété illimitée de discours couvrant les mêmes mensonges, partout la même propagande pour couvrir d’innombrables trafics d’influence. De sa participation à ce jeu avec le pouvoir, le citoyen retire la satisfaction de contribuer à donner une forme humaine à la puissance dont il est le jouet et qui ravage également le monde et les hommes.

Action directe écologique: Nouvelles du front antarctique, Sea Shepherd coule financierement les baleiniers illégaux japonais

Posted in actualité, écologie & climat, militantisme alternatif with tags , on 25 janvier 2011 by Résistance 71

Comme promis, voici une mise a jour récente de la campagne de Sea Shepherd en Antarctique pour fermer la chasse a la baleine illégale japonaise dans ce sanctuaire protégé par moratoire des Nations-Unies dont les nippons se foutent royalement.

Voila un résultat positif de l’action directe d’une poignée de militants motivés, organisés et aux moyens financiers bien moins inférieurs que l’opposition. Résultat qui nous montre le chemin: il n’y a pas de « petits » il n’y a que des pleutres et avec la bonne stratégie, l’Histoire a prouvé que David triomphait plus souvent qu’on croit de Goliath !

Supportez Sea Shepherd et le militantisme environnementaliste dont nous avons vraiment besoin. Agiter des bannieres ne sert a rien, bottez le cul intelligemment de l’opposition si…

Tout ceci peut-être appliquée aux criminels en charge des gouvernements et a la solde des banquiers. Chassons les, mettons une telle pression financiere et politique que leurs opérations deviendront intenables.

— Résistance 71 —

 

Sea Shepherd localise le Nisshin Maru (vaisseau amiral de la flotte braconniere baleiniere japonaise en Antarctique)

Position: 70 Degrees  45 Minutes South
171 Degrees 45 Minutes West

Vessels impliqués:  Japanese whalers – The Nisshin Maru, Yushin Maru No. 1 and Yushin Maru No. 2 Sea Shepherd Conservation Society – The Steve Irwin En route – The Bob Barker and the Yushin Maru No. 3

Apres 26 jours de poursuite, couvrant 4,000 miles nautiques (environ 6,400 km), le navire amiral de Sea Shepherd, le Steve Irwin, a rattrappé le Nisshin Maru (vaisseau amiral japomais) a 18 heures le 25 Janvier 2011, heure locale.

“Nous avons finalement réussi a amener ce navire tueur en série la ou nous le voulions et a partir de maintenant, nous avons l’intention d’être a ses fesses jusqu’a la fin de leur saison de chasse illégale” a déclaré le capitaie Paul Watson a bord du Steve Irwin. “Cette flotte baleiniere nous appartient dorénavant, stock et canons harpons encore fumant.”

Les navires de la société environnementaliste Sea Shepherd le Steve Irwin, Le Bob Barker et le Gojira ont en premier lieu trouvé la flotte baleiniere nipponne le 31 décembre 2010 avant même que les baleiniers n’aient ewu l’occasion d’harponner une seule baleine. Malheureusement, deux vaisseaux harponneurs ont bloqué l’approche sur le Nisshin Maru et le vasisseau usine a été capable de s’enfuir laissant les deux navires harponneurs les plus rapides au contact des deux plus gros vaisseaux de Sea Shepherd, le Steve Irwin et le Bob Barker, afin de relayer la position de Sea Shepherd au vaisseau amiral qui s’enfuyait. Le Gojira, plus rapide fut empêché de se lancer a la poursuite du Nisshin Maru a cause de conditions de glace particulierement dangereuses rendant toute manoeuvre risquée.

Le Gojirra dépassa le Steve Irwin et le Bob Barker alors que le Nisshin Maru s’enfuyait vers l’Ouest. Le 10 Janvier 2011, le Gojira arriva en contact avec le vaisseau logistique et de ravitaillement en carburant Sun Laurel. Le 12 Janvier, le Bob Barker, puis le Steve Irwin firent jonction avec le pétrolier sud-coréen et commencerent a le pister, permettant au Gojira de continuer sa route vers l’Ouest a la poursuite du Nisshin Maru.

Le Sun Laurel se dirigea vers le nord, puis vers l’Est afin de mettre le plus de distance possible entre le navire usine et lui-même. Les vaisseaux de Sea Shepherd poursuivirent le Sun Laurel sachant qu’il était primordial de couper le ravitaillement du vaisseau amiral et subséquemment des navires harponneurs, donc de la flotte baleiniere entiere. Deux des trois navires harponneurs suivirent et pendant 23 jours, nous avons eu confirmation que ces deux vaisseaux ont été incapables de tuer une seule baleine.

Avec le Sun Laurel continuant vers l’Est et étant plus proche du Chili que de la Nouvelle-Zélande, le capitaine Watson prit l’opportunité offerte de s’évader du bateau suiveur nippon le 18 Janvier. Le Bob Barker continua a suivre le Sun Laurel avec un navire harponneur a ses trousses. L’autre navire harponneur ayant pwerdu le Steve Irwin fit route pour rejoindre le navire amiral Nisshin Maru.

Pendant ce temps, le Gojira suivait les progeres du Nisshin Maru en lançant des ballons sondes météo équippés de caméra vidéo et de détecteurs de radar. Malheureusement, le Gojira développa un probleme de pompe a injection de carburant et le capitaine Locky MacLean décida de retourner a Hobbart pour remplacer les pompes. Cette décision fut tenue confidentielle afin de garder le Nisshin Maru en fuite jusqu’a ce que le Steve Irwin puisse se rapprocher de maniere critique.

Le 23 Janvier, le capitaine Watson prit la décision risquée de rappeler le Bob Barker de sa poursuite du Sun Laurel. Sa préoccupation étant que le Nisshin Maru avec deux navires harponneurs avec lui pouvait commencer ses opérations de carnage a tout moment dans la Mer de Ross.

Le Bob Barker reçut les instructions de faire route plein Sud comme un leurre afin de mener le Yushin Maru (troisieme navire harponneur) avec lui tandis que le Steve Irwin pénétrait lui dans la Mer de Ross.

Et aujourd’hui apres 26 jours de poursuite, le Nisshin Maru a finalement été rattrappé et le Steve Irwin est a ses trousses. Le Bob Barker est 300 miles nautiques (environ 480km) de la et a reçu les instructions de rejoindre le Steve Irwin.

Malheureusement, la flotte baleiniere japonaise senble avoir commencé ses opérations de tueries illégales. Il y a une baleine au moment ou nous rapportons ces faits, sur le pont du navire en train d’être découpée en morceaux. L’objectif de Sea Shepherd est de s’assurer que cette baleine sera la derniere tuée cette saison.

La flotte baleiniere a été prise dans une baie couverte de glaces dans la Mer de Ross et s’enfuit vers l’Est a travers de la glace épaisse. Le Steve Irwin est a ses trousses.

Il n’y a aucun doute maintenant que cette saison sera un véritable désastre financier pour la flotte baleiniere japonaise. “Nous sommes sûrement en train de couler financierement cette opération illégale baleiniere” a dit le capitaine Watson. “Nous allons les poursuivre maintenant a travers les portes gelées de l’enfer s’il le faut, mais nous stopperons leurs activités de chasse a la baleine illégales… J’en suis certain !”

Qui suis-je ?

Posted in actualité, militantisme alternatif, philosophie, société libertaire with tags , , , on 25 janvier 2011 by Résistance 71

(texte du XIXeme siecle)

Je ne suis ni un savant, ni un philosophe, ni même un écrivain de métier. J’ai écrit très peu dans ma vie et je ne l’ai jamais fait, pour ainsi dire, qu’à mon corps défendant, et seulement lorsqu’une conviction passionnée me forçait à vaincre ma répugnance instinctive contre toute exhibition de mon propre moi en public.

Qui suis-je donc, et qu’est-ce qui me pousse maintenant à publier ce travail ? Je suis un chercheur passionné de la vérité et un ennemi non moins acharné des fictions malfaisantes dont le parti de l’ordre, ce représentant officiel, privilégié et intéressé à toutes les turpitudes religieuses, métaphysiques, politiques, juridiques, économiques et sociales, présentes et passées, prétend se servir encore aujourd’hui pour abêtir et asservir le monde.

Je suis un amant fanatique de la liberté, la considérant comme l’unique milieu au sein duquel puissent se développer et grandir l’intelligence, la dignité et le bonheur des hommes ; non de cette liberté toute formelle, octroyée, mesurée et réglementée par l’État, mensonge éternel et qui en réalité ne représente jamais rien que le privilège de quelques-uns fondé sur l’esclavage de tout le monde ; non de cette liberté individualiste, égoïste, mesquine et Fictive, prônée par l’École de J.-J. Rousseau, ainsi que par toutes les autres écoles du libéralisme bourgeois, et qui considère le soi-disant droit de tout le monde, représenté par l’État, comme la limite du droit de chacun, ce qui aboutit nécessairement et toujours à la réduction du droit de chacun à zéro.

Non, j’entends la seule liberté qui soit vraiment digne de ce nom, la liberté qui consiste dans le plein développement de toutes les puissances matérielles, intellectuelles et morales qui se trouvent à l’état de facultés latentes en chacun; la liberté qui ne reconnaît d’autres restrictions que celles qui nous sont tracées par les lois de notre propre nature ; de sorte qu’à proprement parler il n’y a pas de restrictions, puisque ces lois ne nous sont pas imposées par quelque législateur du dehors, résidant soit à côté, soit au-dessus de nous ; elles nous sont immanentes, inhérentes, constituent la base même de tout notre être, tant matériel qu’intellectuel et moral; au lieu donc de trouver en elles une limite, nous devons les considérer comme les conditions réelles et comme la raison effective de notre liberté.

J’entends cette liberté de chacun qui, loin de s’arrêter comme devant une borne devant la liberté d’autrui, y trouve au contraire sa confirmation et son extension à l’infini ; la liberté illimitée de chacun par la liberté de tous, la liberté par la solidarité, la liberté dans l’égalité ; la liberté triomphante de la force brutale et du principe d’autorité qui ne fut jamais que l’expression idéale de cette force; la liberté, qui après avoir renversé toutes les idoles célestes et terrestres, fondera et organisera un monde nouveau, celui de l’humanité solidaire, sur les ruines de toutes les Églises et de tous les États.

Je suis un partisan convaincu de l’égalité économique et sociale, parce que je sais qu’en dehors de cette égalité, la liberté, la justice, la dignité humaine, la moralité et le bien-être des individus aussi bien que la prospérité des nations ne seront jamais rien qu’autant de mensonges. Mais, partisan quand même de la liberté, cette condition première de l’humanité, je pense que l’égalité doit s’établir dans le monde par l’organisation spontanée du travail et de la propriété collective des associations productrices librement organisées et fédéralisées dans les communes, et par la fédération tout aussi spontanée des communes, mais non par l’action suprême et tutélaire de l’État.

C’est là le point qui divise principalement les socialistes ou collectivistes révolutionnaires des communistes autoritaires partisans de l’initiative absolue de l’État. Leur but est le même; l’un et l’autre partis veulent également la création d’un ordre social nouveau fondé uniquement sur l’organisation du travail collectif, inévitablement imposé à chacun et à tous par la force même des choses, à des conditions économiques égales pour tous, et sur l’appropriation collective des instruments de travail.

Seulement les communistes s’imaginent qu’ils pourront y arriver par le développement et par l’organisation de la puissance politique des classes ouvrières et principalement du prolétariat des villes, à l’aide du radicalisme bourgeois, tandis que les socialistes révolutionnaires, ennemis de tout alliage et de toute alliance équivoques, pensent, au contraire, qu’ils ne peuvent atteindre ce but que par le développement et par l’organisation de la puissance non politique mais sociale et, par conséquent, antipolitique des masses ouvrières tant des villes que des campagnes, y compris tous les hommes de bonne volonté des classes supérieures qui, rompant avec tout leur passé, voudraient franchement s’adjoindre à eux et accepter intégralement leur programme.

De là, deux méthodes différentes. Les communistes croient devoir organiser les forces ouvrières pour s’emparer de la puissance politique des États. Les socialistes révolutionnaires s’organisent en vue de la destruction, ou si l’on veut un mot plus poli, en vue de la liquidation des États. Les conununistes sont les partisans du principe et de la pratique de l’autorité, les socialistes révolutionnaires n’ont de confiance que dans la liberté. Les uns et les autres également partisans de la science qui doit tuer la superstition et remplacer la foi, les premiers voudraient l’imposer; s’efforceront de la propager, afin que les groupes humains convaincus, s’organisent et se fédèrent spontanément, librement, de bas en haut, par leur mouvement propre et conformément à leurs réels intérêts mais jamais d’après un plan tracé d’avance et imposé aux masses ignorantes par quelques intelligences supérieures.

Les socialistes révolutionnaires pensent qu’il y a beaucoup plus de raison pratique et d’esprit dans les aspirations instinctives et dans les besoins réels des masses populaires que dans l’intelligence profonde de tous ces docteurs et tuteurs de l’humanité qui, à tant de tentatives manquées pour la rendre heureuse, prétendent encore ajouter leurs efforts. Les socialistes révolutionnaires pensent, au contraire, que l’humanité s’est laissée assez longtemps, trop longtemps, gouverner, et que la source de ses malheurs ne réside pas dans telle ou telle autre forme de gouvernement mais dans le principe et dans le fait même du gouvernement, quel qu’il soit.

C’est enfin la contradiction, devenue déjà historique, qui existe entre le communisme scientifiquement développé par l’école allemande et accepté en partie par les socialistes américains et anglais, d’un côté, et le proudhonisme largement développé et poussé jusqu’à ses dernières conséquences, de l’autre, acccepté par le prolétariat des pays latins.

MB