Archive pour octobre, 2010

Résistance au fascisme néo-libéral: Le Conseil National de la Résistance donne le ton…

Posted in actualité, politique et social, politique française, résistance politique, Social & Retraite with tags , , , , , , , on 31 octobre 2010 by Résistance 71

Pourquoi nous ne céderons pas

par le Comité Valmy (Conseil National de la Résistance)

url de l’article original:

http://www.comite-valmy.org/spip.php?article914

Le 15 mars 1944, dans la France occupée, les Résistants se sont unis sur le programme du Conseil National de la Résistance, qui comporte à la fois un plan d’action immédiate contre l’oppresseur et les mesures destinées à instaurer, dès la Libération , un ordre social plus juste, comprenant notamment « une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ».

A la libération, le système par répartition est mis en place sur le principe simple de la solidarité des générations : c’est le travail des actifs qui finance les retraites.

En donnant du travail aux jeunes, on augmente la richesse globale et on crée le financement pour les retraites. Voilà comment le niveau de vie a pu augmenter régulièrement pendant les trente années de croissance, « les Trente Glorieuses ». Cette façon de pérenniser le système de retraite hérité de la Libération est la meilleure, elle implique de réindustrialiser notre pays et de recréer les emplois détruits par l’oligarchie financière.

Le projet du gouvernement, c’est exactement l’inverse !

Reculer l’âge de départ à la retraite n’aboutit pas à augmenter le nombre des actifs, mais à ajouter au chômage des jeunes le chômage des vieux. Ceux-ci n’auront pas plus de travail et resteront deux ans de plus au chômage. Au final, le système ne sera pas plus financé, il faudra encore abaisser les pensions, voire reculer encore et encore l’âge de départ.

Si c’est la meilleure façon de casser le système, pourquoi le gouvernement fait-il ça ?

Il le fait d’une part sur injonction européenne, où les lobbys des banques dictent la politique ultra-libérale de la Commission : remplacer le système par répartition par des fonds de pension, les « retraites par capitalisation », pour créer des profits énormes aux banques et aux assureurs.

Il le fait aussi parce que la famille Sarkozy s’est organisée pour remporter ce pactole : pendant que Nicolas Sarkozy détruit les acquis sociaux, son frère Guillaume Sarkozy a construit un monstre financier en réunissant la Caisse des Dépôts & Consignations avec le groupe Malakoff-Médéric. Il attend entre 40 et 110 milliards de bénéfices, dès que la loi imposée par son petit frère Nicolas sera mise en oeuvre.

Les casseurs, ce ne sont pas les jeunes, ce sont les Sarkozy et Cie !

Comme les Français de tous âges, les jeunes se battent pour le bien public, pour la solidarité des générations. Ils veulent vivre libres, dans un pays qui ne soit ni soumis à des intérêts étrangers, ni gouverné par des corrompus.

Voilà pourquoi il ne faut pas céder. Nous ne céderons pas.

La Constitution dit que le principe de la République est « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Sarkozy n’est par un roi omnipotent, il n’a pas le droit de casser la France et son principe de solidarité. Il doit choisir : soit se soumettre au peuple souverain, soit partir.

COMITÉ VALMY Site : http://www.comite-valmy.org – Courriel : info@comite-valmy.org

Librement diffusable et reproductible en citant la source – Ne pas jeter sur la voie publique

Dégradation et crise sociale, crise systémique… Le Nouvel Ordre Mondial et la dissolution du corps social

Posted in actualité, économie, crise mondiale, néo-libéralisme et paupérisation, politique et social, politique française with tags , , , , , , , , , on 31 octobre 2010 by Résistance 71
Europe : Chercher, encore et encore, pour tenter de comprendre…
Par Daniel Vanhove
Le 28 octobre 2010

« Les jours passent et se ressemblent », entend-on parfois. Et à l’échelle de l’Histoire, les semaines, les mois et les quelques années que nous y passons ne paraissent pas représenter grand chose, sinon rien… Ainsi pourrait-on se dire : que pèse une vie face à l’humanité, face au monde, face à l’éternité ? Cependant,  à l’échelle humaine qui est notre mesure – et qui doit la rester – chaque jour compte. Et n’avoir des projets que sur le très long terme ne rime à rien si nous ne sommes déjà pas capables d’assurer le quotidien. Aussi, est-il peut-être utile de nous rappeler cet adage : « Si tu ne t’occupes pas de politique, sache qu’elle s’occupe de toi »…

Or, à quoi assistons-nous depuis plusieurs années, sinon à une dérive lente mais inexorable, d’une société occidentale dont les politiques virent à droite, quand ce n’est pas carrément et de manière de plus en plus affirmée, à l’extrême-droite ?

Les derniers évènements illustrent bien la chose : aux Pays-Bas la coalition qui dirige le pays s’est alliée avec un parti profondément raciste, et ce pays cité en exemple pour sa tolérance et son ouverture pendant des décennies semble tourner le dos à son passé ; en Autriche, fief du feu xénophobe Jörg Haider l’extrême droite remporte près de 30% des votes aux dernières élections à Vienne ; en France les mesures anti-sociales sont imposées de force entre expulsion de Roms, déclarations racistes de certains ministres et soutien à la politique israélienne d’apartheid ; en Italie Berlusconi allié à la Ligue du Nord impulse les pires dérives à droite, jusqu’à changer les lois pour se prémunir de la justice ; en Suisse le parti xénophobe UDC affiche sa stigmatisation décomplexée des minarets et de tout ce qui touche à l’islam ; dans les pays nordiques pourtant réputés pour être plutôt bien orientés dans leurs politiques sociales une brèche s’est ouverte depuis l’affaire des caricatures du prophète au Danemark jusqu’aux récents scrutins en Suède ; en Allemagne l’un des dirigeants du SPD (gauche  allemande, dont il s’est fait éjecter depuis) Thilo Sarrazin a publié un livre raciste à propos de l’immigration dans le pays et la chancelière A. Merkel vient de déclarer que le « modèle multiculturel avait totalement échoué » ; en n’oubliant pas la Belgique dont les errances nationalistes flamandes pourraient bien mener le pays à l’implosion… Tous ces pays ayant en commun – et ce n’est pas un hasard – l’utilisation de méthodes policières dont nous pouvons voir presque chaque jour, les dérives inacceptables pour des démocraties dignes de ce nom, à l’encontre de leurs citoyens.

Pour celles et ceux qui ont su garder la mémoire du passé, le tableau devient plus qu’inquiétant. Et il convient de s’interroger sur les raisons de ce phénomène, avant d’y trouver d’éventuelles réponses. Le premier constat qui me paraît essentiel à rappeler dans cette réflexion est qu’en Europe du Nord et de l’Ouest une grande majorité de la population était arrivée à un niveau d’aisance jamais atteint dans l’histoire de nos pays. Au point de connaître, quoi de plus normal, un phénomène d’immigration intensive, tant les habitants des pays pauvres informés de notre niveau de vie par les moyens de communication modernes, rêvaient d’échapper à leur condition de vie précaire afin d’avoir leur part du gâteau. Et que, loin de nous responsabiliser, ce confort douillet nous a endormis, trop affairés à augmenter pour certains et préserver pour d’autres, notre propre bien-être. Il suffit d’un regard en arrière pour nous rappeler d’où sont partis nos parents et voir le chemin parcouru…

Mais, arrêtons-nous sur l’exemple français où la contestation populaire a pris ces derniers mois, un nouveau tournant. Que ne voit-on, ne lit-on, n’entend-on aujourd’hui à propos du président français, autoproclamé monarque éclairé, dans une France qui sous sa conduite, semble pourtant s’enfoncer dans les ténèbres ? L’euphorie de l’élection « people » de 2007 paraît déjà bien loin et le peuple français semble – enfin – se réveiller avec une sérieuse gueule de bois. Comment cela a-t-il pu se produire, sinon par un désintérêt massif de « la chose politique » qui a dans la foulée, permis l’élection de cet insolent mondain ?  Des années durant, le principal souci du citoyen a été la quête de son petit bonheur strictement personnel, au détriment de tout esprit de solidarité, alimenté en cela par des médias qui n’ont de cesse de promouvoir une vie rêvée, fantasmée, à portée de main et de tout un chacun pour autant qu’il s’y exténue pour y accéder… Le mirage de cette imposture étant résumé dans le slogan présidentiel : travailler plus, pour gagner plus ! Et le troupeau s’y est précipité, tels des veaux menés à l’abattoir. Le chacun pour soi dans une société hédoniste est passé maître au détriment de tout esprit de solidarité, de reconnaissance mutuelle, de fraternité… à l’exception de quelque téléthon surmédiatisé, nouveau nombrilisme collectif en live, pour faire oublier pendant 24 heures l’égoïsme qui prévaut les 363 jours restants de l’année… Et aujourd’hui, patatras ! Les acquis durement gagnés par nos aînés sont rognés au fur et à mesure par une droite alliée au grand capital, voire même contestés par un pouvoir qui ne s’embarrasse plus de mentir, tricher, camoufler, et travestir les réalités pour qu’émerge le fruit de son idéologie détestablement brune.

Faut-il s’en étonner ? Je pense hélas que non. Et me rends compte combien tout cela était prévisible, dès lors qu’en lieu et place d’informer, d’éduquer, d’amener le citoyen à « la chose politique », notre société des loisirs appuyée par les médias au service du pouvoir, s’évertue à le distraire, à l’étourdir et à lui raconter des histoires. Tantôt belles, tantôt laides, mais des histoires. Le peuple dit-on, adore les histoires. Et on lui en raconte chaque soir à la télé et chaque semaine au cinéma. Il n’est qu’à voir l’indécence des cachets des stars et l’évènement planétaire que constituent les festivals où leur sont déroulés tapis rouges et distribués Oscars et Césars, pour bien se rendre compte des rêves qui tiennent lieu de réalités pour beaucoup… C’est d’ailleurs aussi tout le succès des religions qui se maintiennent : des histoires à dormir debout, prises non seulement pour réelles, mais pour La Vérité. Avec un grand « L » et un grand « V », de préférence.

Et ainsi, l’information n’est plus que l’ombre d’elle-même et est détournée, dévoyée, travestie au profit d’anecdotes, de sagas et de faits divers le plus souvent bien éloignés des réalités mais proches de la tromperie. Et pour des cerveaux devenus malléables à souhait, aliénés aux mythes, aux contes, aux fantasmes, et non formés, fiction et réalité se mélangent. La raison perd ses droits au bénéfice de l’émotion. Tout est désormais décliné sur la fibre émotionnelle. A l’aide d’une technologie de plus en plus performante, à la pointe des effets spéciaux, et j’en passe…  Avec la peur en toile de fond. Afin de nous faire réagir avec nos tripes, en lieu et place de nous amener à réfléchir. Et dès lors, les lendemains qui devaient chanter selon des promesses régulièrement renouvelées, sonnent faux et sont d’autant plus difficiles à vivre…

La France a élu un parvenu méprisant, un nombriliste vulgaire, mais qui a su faire vibrer la nation par des discours démagogiques et populistes. Et voici qu’elle s’éveille – mais un peu tard, dirait La Fontaine – et constate le résultat… Loin de veiller au bien-être de la population, ce Narcisse infatué n’a d’autres préoccupations que celles qui touchent à sa petite personne et aux quelques torchons qui le suivent comme son ombre, tentant ici-et-là d’essuyer ses maladresses.

En attendant, la population voit chaque jour les disparités et les injustices se multiplier. Et la révolte à propos des retraites, n’est finalement que la goutte qui a fait déborder le vase. Tous les intervenants sur la question reconnaissent que l’âge moyen des individus augmente avec le temps et les progrès de la médecine. Et acceptent le fait que travailler quelques mois de plus ne serait finalement pas le problème. En revanche, ce qu’ils refusent, c’est la manière dont la réforme des retraites est articulée. Parce qu’une fois encore, en lieu et place de gommer les injustices, cette réforme mal ficelée – de l’aveu même du gouvernement qui annonce déjà que certains points devront être rediscutés – les  alimente. Les citoyens ont donc raison de contester et de combattre cette énième dérive d’un pouvoir qui les méprise en masse, pour le bénéfice d’une poignée. Et il n’est pas bien difficile de comprendre que c’est l’accumulation des « excès » du président et de ses vassaux qui ont fini par provoquer le ras-le-bol auquel nous assistons. Les banderoles des manifestations en disent long sur la question. Et il est même étrange que cette rage ne se soit pas manifestée plus tôt, parce que les raisons ne manquaient pas ! Sauf à redire encore une fois, que c’est sans doute par manque de conscience politique…

Pour terminer, il faut dire aussi que nos pays en sont arrivés à ce point-là, parce que les gauches actuelles se sont montrées incapables de proposer des alternatives vraiment crédibles. Elles n’ont pour la plupart qu’un discours soit radical, soit utopiste, soit encore peu différent de celui tenu par la droite… Et cela doit nous apprendre ceci : une chose est de contester le système que nous ne voulons pas, autre chose est d’avoir la capacité à le remplacer par un autre qui soit suffisamment convaincant et tienne la route…

Ce qu’il en reste, est donc cette conclusion : qu’il ne faudrait plus tourner le dos à la chose politique mais tout au contraire, qu’il faut qu’elle (re)devienne l’affaire de chaque citoyen. A ce compte-là seulement, le système politique qui ne nous convient pas pourra être transformé et devenir participatif et non plus représentatif. Nous n’aurons plus à subir les décisions, nous pourrons y participer, activement. Et où l’on voit que l’avenir est bien entre nos mains… et que nous sommes les artisans de notre propre destin.

Daniel Vanhove : Observateur civil, auteur.

Son dernier livre : La Démocratie Mensonge, Ed. Marco Pietteur – coll. Oser Dire, 2008.

Réforme des Retraites: le gouvernement fait les comptes, la lutte sociale touche le porte-feuille de l’oligarchie…

Posted in actualité, économie, politique et social, politique française, résistance politique, Social & Retraite, syndicalisme et anarchisme on 27 octobre 2010 by Résistance 71

S’ils commencent à compter, c’est qu’on commence à gagner !

Communiqué de presse confédéral du syndicat CNT

27 octobre 2010

Ces derniers jours le Medef et le patronat en général se sont mis à estimer le coût de la grève. On apprend ainsi que chaque journée du mouvement actuel coûterait entre 100 et 200 millions d’euros de manque à gagner. Un communiqué de l’organisation patronale est même sorti. Il fait le décompte des pertes et se termine par un appel aux entreprises à être indulgentes les unes envers les autres. A l’heure du capitalisme triomphant, on croit rêver !

En tous cas ceci nous montre une chose : on tape enfin là où ça leur fait mal : au porte-monnaie !

Tant qu’il n’y avait que des manifestations sporadiques, le patronat ne comptait pas les manifestants. Maintenant que les salariés bloquent les flux économiques, ils commencent à craindre pour leurs finances.

La CNT appelle donc tous les syndicalistes et tous les militants à organiser et à poursuivre et à multiplier les actions de blocages partout où sont produites les richesses. C’est maintenant que nous pouvons gagner : d’une part en faisant de ce jeudi 28 octobre une journée de grève et de manifestation d’ampleur, qui montrera que le mouvement social ne s’essouffle ni dans la rue, ni dans les aspirations du peuple à défendre sa retraite et à se battre pour un véritable partage des richesses. Mais nous gagnerons surtout en prolongeant la marche sociale amorcée : en organisant des assemblées générales pour construire la suite, en décidant de reconduire la grève, en décidant des actions de blocages, en décidant de mettre en place des caisses de grève afin de poursuivre plus longtemps ce mouvement social.

Nous sommes en plein rapport de force entre deux classes. Il est temps de mettre en œuvre tous les outils du syndicalisme : la grève est le plus efficace de tous, continuons à défendre sa nécessité et à la mettre en place partout où c’est possible !

La victoire est à notre portée, une victoire retentissante des oppressés sur les possédants. Une victoire qui en appellera d’autres. Nous ne pouvons plus reculer. Depuis des années nous n’avons pas eu un rapport de forces aussi favorable, il serait irresponsable pour le mouvement social tout entier de faire machine arrière.

C’est maintenant que tout se joue pour :

  • la retraite à taux plein à 60 ans pour tous et à 55 ans pour les salarié.e.s ayant effectué des travaux pénibles
  • aux 37,5 annuités public-privé
  • l’indexation des pensions sur les salaires
  • la garantie d’un taux de remplacement de 75% du salaire brut (calcul sur la base des 6 derniers mois)
  • pas de pensions inférieures au smic (réévalué à la hausse)
  • le refus des retraites par capitalisation
  • la gestion des organismes de solidarité par les salarié.e.s eux-mêmes
  • la hausse des salaires, induisant automatiquement une augmentation des cotisations

De l’argent il y en a dans les poches du patronat, partage des richesses !

Mesures d’austérité, FMI, plan de destruction sociale massif: la prédation du néo-libéralisme n’a pas de limite

Posted in actualité, économie, néo-libéralisme et paupérisation, politique et social, Social & Retraite with tags , , , , , , on 26 octobre 2010 by Résistance 71

Grèce 2010, Argentine 2001

25 octobre par Claudio Katz

url de l’article original:

http://www.cadtm.org/Grece-2010-Argentine-2001

La convulsion dont souffre la Grèce ressemble beaucoup à ce qu’à vécu l’Argentine en 2001 lorsque l’augmentation de la dette a ravagé l’économie sud-américaine. Une partie de ce passif a augmenté du fait du cumul de dettes inexistantes qui finançaient la fuite de capitaux. Une autre portion a augmenté avec la spirale des intérêts et des refinancements et un dernier segment est apparu suite à l’absorption par l’Etat de faillites privées. Les pressions en faveur du paiement de cette dette odieuse ont forcé à la réorganisation néolibérale de l’économie imposée par le FMI à travers les privatisations, l’ouverture commerciale et la flexibilisation du travail. L’Argentine a perdu sa souveraineté économique avec un système de convertibilité avec le dollar qui l’empêchait de gérer la monnaie et le crédit. Tous les biens rentables de l’Etat ont été bradés (le pétrole, les ports, les trains, les téléphones) et l’industrie nationale a subi une réduction drastique comme conséquence d’une vague d’importations qui a éliminé les petites entreprises. Le chômage s’est alors étendu, la pauvreté a augmenté et l’indigence est apparue. La classe moyenne a été réduite et l’inégalité sociale a atteint des niveaux sans précédents. Pour la première fois dans l’histoire du pays la faim a fait son apparition et on a vu de nombreux enfants fouiller les poubelles pour trouver de quoi se nourrir. Le FMI désignait les ministres et avait le contrôle sur le Parlement. Les partis traditionnels se sont convertis au néo-libéralisme et le président Menem a essayé de se transformer en un genre de Thatcher du Tiers Monde.

ANALOGIES ET DIFFERENCES

Les similarités avec l’actuelle situation de la Grèce sautent à la vue. Dans les deux pays la dette est le produit de l’évasion fiscale et de manipulations comptables pour financer l’introduction du modèle néolibéral. Ce schéma débouche sur une impossibilité de paiement qui conduit au défaut de paiement de la dette que celui-ci soit explicite ou dissimulé. Il y a une décennie, le FMI faisait des inspections périodiques dans le Cone Sud (Argentine, Uruguay, Chili) pour contrôler l’économie. Les prêts successifs à taux usuraires qui se présentaient comme le sauvetage de l’Argentine – constituaient dans les faits une aide pour les banques créancières. Le FMI exigeait le gel des salaires, l’augmentation des impôts directs et la privatisation des pensions. Les coupes dans les dépenses sociales ont eu pour conséquence de recréer un cercle vicieux de baisse de recettes fiscales et d’augmentation de la récession. Les mêmes fonctionnaires du FMI qui écrivent maintenant le mémorandum de la Grèce géraient alors le ministère de l’économie de l’Argentine. Les bénéfices financiers qui sont aujourd’hui obtenus en spéculant avec la dette grecque l’étaient à ce moment là par l’achat et la vente des bons argentins. On assistait alors au spectacle politique d’un Parlement qui tenait ses sessions dans l’urgence pour approuver l’ajustement. La presse mondiale maltraitait la population en l’affligeant des mêmes qualificatifs que se voit aujourd’hui affublé le peuple grec. Pour dissimuler le parasitisme des financiers, les journaux identifiaient les Argentins avec la fainéantise, l’irresponsabilité et la corruption. Au lieu de répudier ces calomnies, les gouvernements voisins d’Amérique latine cherchaient à se différencier d’un pays crucifié par le FMI. C’est la même attitude qu’adoptent aujourd’hui les gouvernements espagnol ou portugais face à la Grèce. Le FMI exerçait un chantage sur l’Argentine sur base d’un dilemme très semblable à celui imposé à la Grèce par rapport à l’Euro. On exigeait de l’Argentine de choisir entre deux catastrophes : l’ajustement déflationiste pour continuer avec la convertibilité peso-dollar ou la dévaluation pour sortir de ce modèle. On ne parlait jamais de la troisième option de suspension du paiement de la dette et d’augmentation des impôts payés par les grands capitalistes. A côté de ces similitudes, il existe néanmoins certaines différences entre les deux situations. Alors qu’en Argentine, l’éclatement de la dette s’est préparé pendant 4 ans en Grèce il y avait déjà eu un fort ajustement et une récession au cours de la première année. Les chiffres de la dette, le déficit et les refinancements sont bien supérieurs dans le second cas. Certains analystes ont calculé que les coupes exigées à la Grèce sont 16 fois supérieures à ce qui avait été tenté en Argentine. Alors que les créanciers de l’Argentine se répartissaient entre un nombre important de détenteurs de bons, ceux de la dette grecque se répartissent en un petit nombre de banques européennes. C’est pour cette raison que le plan de sauvetage est bien supérieur et que le FMI agit en étroite association avec la Banque centrale européenne. Il y a 10 ans la spéculation contre la monnaie argentine avait des effets marginaux sur l’économie mondiale. En revanche, le séisme de l’économie grecque exerce un effet direct sur un pilier du système monétaire international. Alors que la crise argentine détériorait un projet régional relativement secondaire (comme l’était le MERCOSUR), la crise grecque sème le doute sur le futur de l’Union Européenne qui a été un objectif capitaliste de large portée. Le contexte international est également différent. L’éclatement argentin de 2001 a été suivi par 5 années de croissance alors que la récession fait son apparition en Grèce à un moment de crise financière qui affecte très sévèrement l’Europe. L’insertion internationale de l’économie sud-américaine en tant que grande exportatrice d’aliments diffère de la place plus réduite occupée par la Grèce dans des activités centrées sur les services, le tourisme et le transport maritime.

LES LEÇONS DE L’ARGENTINE

On sait que l’effondrement argentin s’est produit lors de l’arrivée au gouvernement d’un président (De la Rúa) qui a parlé de changements mais qui a maintenu la même politique néolibérale. Pour payer la dette il a obligé à la poursuite de la convertibilité qui a déclenché la fuite de capitaux et l’effondrement des banques. La tentative de freiner cet effondrement par l’expropriation des dépôts de la classe moyenne a précipité la fin de la convertibilité peso-dollar et une dévaluation assortie d’une grande inflation qui a précipité le défaut de paiement. Mais le plus important a été la réaction populaire. Cette action a complètement transformé le cours des choses. Dans un pays avec une forte tradition de luttes sociales on a assisté à une rébellion massive d’une ampleur inédite. Pendant des semaines, des piquets ont coupé les routes et les grèves ont paralysé les villes. Une grande alliance sociale s’est formée dans les rues entre les chômeurs et la classe moyenne sous le mot d’ordre commun « ¡Que se vayan todos ! » (Qu’ils s’en aillent tous !) et a imposé la chute du gouvernement. A partir de ce moment là on ne pouvait plus ignorer la voix du peuple. Ce soulèvement a conditionné tous les processus postérieurs du pays. On peut tirer trois grandes leçons de ce qui s’est passé en Argentine. D’abord la prééminence des luttes généralisées et continues a permis de limiter l’effet de l’ajustement. Grâce à ces mobilisations on a pu revenir au cours de la dernière décennie sur une grande partie de la détérioration salariale imposée par la crise. Le gouvernement a fait d’importantes concessions, la situation de l’emploi s’est améliorée, la pauvreté a diminué et les droits démocratiques ont augmenté significativement. Deuxièmement, le défaut n’était pas volontaire, organisé ni prévu mais il a été opportun pour le pays. Les représentants des milieux financiers disaient que l’isolement serait tragique mais c’est tout le contraire qui s’est produit. La rupture des relations financières internationales a donné un grand bol d’air économique. L’absence de paiements externes a particulièrement contribué à impulser la reprise interne. Le défaut a facilité la négociation avec les créanciers confirmant le fait que lorsqu’une dette est élevée c’est le problème des banquiers. La déconnexion vis-à-vis de l’international a de plus, apporté une protection à l’économie argentine face à la crise globale de 2008. Personne n’a ainsi pu spéculer contre les titres ou la monnaie d’un pays qui avait rompu ses liens avec la structure financière globale. Troisièmement, les limites de l’expérience argentine sont bien visibles. Le pays a connu une situation d’effondrement productif qui aurait pu être évité en raison de la manière dont il a présenté la cession de paiements. Cette mesure n’a pas été préméditée mais a été le résultat des pressions du marché. Il en a été de même avec les terribles effets inflationnistes de la dévaluation produits par l’absence de contrôle de changes, par la tolérance à la fuite de capitaux et par la renonciation à la nationalisation du système bancaire. On a pu vérifier que ne pas entreprendre ces actions à crée une situation chaotique autour du défaut. L’Argentine n’a pas non plus profité de la cession de paiements pour investiguer et répudier la dette odieuse. Elle a choisi la voie intermédiaire d’un échange de titres anciens par de nouveaux bons de la dette. Au lieu de rompre avec le FMI, elle l’a remboursé de manière anticipée. La tension actuelle avec cet organisme co-existe avec l’intention de regagner l’orbite du Fonds. La dette publique a été réduite mais les paiements continuent d’être supérieurs aux sommes destinées à la santé et à l’éducation et une recherche nocive de crédits externe a commencé alors que le pays est en mesure de s’autofinancer par l’épargne nationale. Le défaut n’a pas non plus été utilisé pour introduire des politiques populaires de rupture avec le néolibéralisme. On a donc assisté à la mise en place d’un modèle moins financier et davantage industriel qui favorise principalement la classe capitaliste locale. Mais il a été démontré qu’il n’y a aucune nécessité d’obéir au FMI et que la politique orthodoxe de l’ajustement peut être rejetée. Avec des solutions plus radicales, les résultats en matière d’emploi et de salaire seraient bien plus favorables pour le peuple.

COMPARAISONS REGIONALES

Ces conclusions peuvent être étendues à tous les pays de la périphérie européenne qui subissent la même situation que l’Amérique latine dans les années 1980 et 1990. Ces deux régions périphériques ont reçu de manière fort aiguë l’impact des crises capitalistes. La dette a commencé à s’envoler dans les deux zones avec des mécanismes fort semblables. Il y a eu un excédent de liquidités dans les centres qui ont jugé opportun de placer ces liquidités dans les économies dépendantes pour assurer des débouchés à l’exportation aux firmes Nord-américaines et des puissances européennes. L’Amérique latine a ainsi été la récipiendaire des capitaux surabondants des banques états-uniennes et a acheté des produits des entreprises etats-uniennes. L’Europe du Sud a été intégrée à l’Union continentale pour se transformer en un client captif des entreprises allemandes ou françaises. La crise a également entraîné des mécanismes d’ajustement similiaires. Les Etats prennent en charge l’insolvabilité des grands débiteurs privés tandis que les peuples en supportent les conséquences pour assurer la survie des grands créanciers. On oblige les petits pays comme l’Islande a payer le même tribut aux banques étrangères comme ça a été le cas en Amérique latine pour l’Uruguay, la Bolivie ou l’Equateur. La chirurgie que le FMI a appliqué au Venezuela ou au Pérou est aujourd’hui imposé aux économies vulnérables du Portugal ou de l’Irlande. Dans toute l’Europe on assiste par ailleurs à la même compétition livrée par des gouvernements conservateurs ou socio démocrates pour voir à qui détruit le plus rapidement les conquêtes sociales. Le Nouveau Continent a subi plusieurs années d’inflation élevée alors qu’en Europe c’est une coupure déflationniste très brusque qui est appliquée. Les Etats-Unis dirigeaient la restructuration des économies de la région avec une certaine distance impériale mais l’Allemagne et la France ont moins de légitimité pour imposer la même politique étant donné que ces pays sont partie prenante au même processus d’intégration que les nations affectées par l’ajustement. Etant donné que l’Amérique latine a déjà subi une main basse sur ses banques, des fermetures d’entreprises et une dévalorisation de sa force de travail, elle fait face aujourd’hui à une conjoncture plus légère. En revanche, l’Europe se trouve au centre de la tempête financière globale. Ces différences dans la localisation de la crise obéissent également au rôle joué par l’Amérique latine comme fournisseur de matières premières. Les prix de ces produits sont restés élevés du fait de la demande chinoise continuelle. Au lieu de suivre la voie de l’industrialisation asiatique, la région exporte minéraux, aliments, énergie et augmente sa vulnérabilité. Néanmoins dans la conjoncture actuelle elle bénéficie d’un bol d’air dont l’Europe du Sud ne dispose pas.

RESISTANCES ET PROGRAMMES

Les deux régions font face – avec différents rythmes et conjonctures – au même ennemi,le FMI. Il y a un an, on disait que le FMI avait perdu son prestige, qu’il n’aurait plus un rôle central et qu’il serait réformé pour appliquer des politiques plus tolérables. Mais c’est le contraire qui s’est produit. Le G20 a réanimé le FMI et c’est aujourd’hui le même FMI qui règne avec les mêmes ajustements que par le passé. Dans cette action, les représentants financiers externes agissent de concert avec les classes dominantes locales comme le démontre la participation des gouvernements du Mexique, du Brésil, de l’Argentine au G20. Au lieu de promouvoir le remplacement du FMI par un nouveau système financier mondial, ils cherchent à obtenir une meilleure représentation dans la direction du Fonds et maintiennent une illusion quant à une réforme de cette institution. La continuité des politiques d’ajustement se vérifie tout particulièrement au Mexique et en Amérique centrale où le FMI continue d’imposer des traités de libre-échange et des politiques de militarisation. Les principaux foyers de résistance se trouvent en Amérique du Sud et les attaques néolibérales ont été freinées en Bolivie, en Equateur et au Venezuela. Ce sont non seulement plusieurs coups d’Etat qui ont avorté mais également le fait que les gouvernements progressistes en conflit avec les classes dominantes mobilisent les masses populaires et proposent une certaine redistribution du revenu. Les expériences latinoaméricaines sont importantes pour le mouvement social européen du fait des propositions qu’elles ont intégré à l’agenda de la résistance contre le FMI. Dans le Nouveau Monde on a beaucoup discuté comment suspendre les paiements de la dette et dans plusieurs pays il y a eu des moratoires. Comme ces mesures ont été transitoires, elles n’ont pas réussi à donner naissance à une alternative. Dans plusieurs cas on a également considéré l’investigation de la dette et en Equateur a été mise sur pied une Commission d’audit qui a montré le caractère illégitime à plus d’un titre de parties de la dette. Cette mise en lumière n’a cependant pas eu de traduction directe dans la renégociation des contrats. On a également évalué dans la région la nécessité de nationaliser les banques et certaines expériences en ce sens ont eu lieu au Venezuela. Cependant le paiement d’indemnités donne lieu à de fortes inconnues quant au résultat final de ces transferts. Au point culminant de la crise, on a également analysé la possibilité de former un « Club de débiteurs » pour la coordination d’actions communes face aux créanciers et à leur représentant au FMI. Cette initiative ne s’est finalement pas concrétisée et chaque pays a continué à négocier pour son compte. D’autres résultats sont ressortis de cette multiplicité de propositions. Les premiers pas pour créer une banque du Sud constituent un exemple de ces effets. La bourgeoisie brésilienne qui ne souhaite pas partager sa primauté financière dans la région s’oppose à cette initiative. Mais le projet se maintien et devrait permettre la formation d’un fonds de stabilisation financière et d’une éventuelle monnaie de la région. Avec la crise de la dette en Europe, toutes ces idées recouvrent de leur actualité et peuvent s’avérer décisives pour la Grèce.

PROJET ANTICAPITALISTE

Le problème de la dette a actuellement une dimension mondiale. Pour la première fois, elle affecte significativement les économies développées étant donné que le sauvetage des banques a fait grimper la dette publique américaine à des sommets jamais atteints auparavant. L’endettement public du Japon a également atteint un point ingérable et le déficit fiscal des principales puissances européennes dépasse le déséquilibre de bien des pays du Tiers Monde. Dans les pays du Centre, on jette la faute sur les pauvres en oubliant que contracter des hypothèques et s’endetter a été la seule ressource dont disposaient les travailleurs pour s’en sortir. Le sauvetage des banques des pays du Nord est doublement scandaleux car ces entités ont également provoqué une contamination internationale de bons toxiques. Le caractère global de l’économie explique la dimension également mondiale de la crise actuelle. Plusieurs pays sont concernés par l’endettement au fur et à mesure que les effets de la crise se déplacent d’une région à l’autre. C’est pour cette raison que la bataille immédiate contre le néolibéralisme est une lutte pour éradiquer le capitalisme et avancer vers le socialisme. On commence à entrevoir certains signes encourageants en Amérique du Sud. La Bolivie a récemment organisé un sommet climatique pour dénoncer le caractère capitaliste des déséquilibres écologiques de la planète. Au Venezuela, les discussions sur les formes de contrôle ouvrier et social dans les usines et les villes se multiplient. A Cuba on débat sur la manière de rénover le socialisme avec plus de démocratie et sans perdre ce qui avait été conquis. La création de l’ALBA (Alternative bolivarienne pour les Amériques) pourrait contribuer à ces objectifs dans la mesure où elle promeut des modèles de coopération et de solidarité anti-impérialistes. Cependant, le grand défi est de dépasser le régionalisme et de récupérer l’internationalisme. Parvenir à une coordination anticapitaliste de l’Europe et de l’Amérique latine pour partager luttes et expériences est le grand défi du moment.

Retraites: propagande médiatique et capitalisme

Posted in économie, politique et social, politique française, Social & Retraite with tags , , , , on 24 octobre 2010 by Résistance 71

Grève générale contre la réforme des retraites, propagande médiatique et capitalisme : La France en guerre civile, classes contre classes.

Samuel METAIRIE

On y est. Le dégoût et la rage se sont invités à mon réveil ce matin. L’envie de vomir dans mon café aussi. Voila, c’est en ce jour de grisaille que le sénat a entériné ce à quoi nous nous attendions tous, pile le jour des vacances scolaires histoire d’enterrer une grève presque générale qui dure depuis mi-octobre. Comme d’habitude, le pouvoir passe en force sans écouter la population, ses peurs et ses besoins (représentativité démocratique ?). C’est un samedi 23 octobre donc, que fut signé l’arrêt de mort anticipée de milliers de travailleurs français (indépendants, artisans/salariés du bâtiment, travaux publics et autres métiers « d’extérieur »), contre les en-cravatés notables parlementaires et les bourgeois d’affaires du Medef déjeunant à la table du sacrosaint Capital, qui ont une espérance de vie à cinquante ans beaucoup plus élevée que les premiers qui subiront la loi dont l’impact est aussi dégueulasse que son instigateur ministre du Travail. Les manifestations, les blocages de raffineries, d’aéroport et de gare n’auront servi à rien, si ce n’est qu’à légitimer la remise en cause du droit de grève en France. Me direz-vous, nous savons depuis la réforme de 1993 que nos droits à la retraite seraient constamment remis en cause. Un peu tard pour se révolter.

Dix-sept ans plus tard, c’est le monde de la finance qui se l’accapare. Quelle aubaine ! Passage de 65 à 67 ans à taux plein entériné donc, et déjà, voilà que la grande presse incite à stopper la grève lorsque le texte sera définitivement adopté par ses messages en forme de faux sondages parlant d’eux-mêmes, alors que la semaine précédente, les mêmes sondages faisaient état de 65% des français soutenant le mouvement social… : « si la réforme est adoptée par le Parlement, 56% des personnes interrogées considèrent que les syndicats devront respecter le vote des parlementaires et arrêter le mouvement. » (1) Mais les gens commencent doucement à se rendre compte que ce sont les mêmes bourgeois qui, depuis deux millénaires, utilisent l’être humain pour satisfaire leurs intérêts privés à court terme pendant que 85% de la population crève en bas de la pyramide.

Ce texte n’aura d’objectif majeur que celui de dire une chose : face aux grands fossoyeurs de la protection sociale, face aux maîtres capitalistes esclavagistes des grandes institutions financières internationales qui voudraient abolir tout code du travail, exploiter la vie de l’humain de sa naissance jusqu’à sa mort, et ce, à taux plein, le missile est lancé. C’est une guerre des classes ouvertement déclarée par la grande bourgeoisie contre la majorité des peuples. Ca dure depuis des années, et c’est seulement maintenant que l’opinion se rend compte que nous sommes en guerre. Et comme d’habitude, le vainqueur n’est pas du côté des plus nombreux…

La réforme Woerth, ou le pouvoir politique au chevet de la finance internationale.

Depuis le tsunami néolibéral des années 1970 qui dévaste tout sur son passage, armé de ses dérégulations, ses préceptes économiques, ses guerres et sa propagande, le monde, disons la société civile internationale, semble aspirée dans un trou noir abyssal où nul ne peut entrevoir une quelconque sortie. La crise économique de 2008 semblait montrer à la face du monde l’échec cuisant du capitalisme sauvage et la nécessité d’essayer un autre paradigme économique, là où il n’a fait que trébucher pour mieux sauter et repartir de plus belle, avec davantage de violence. L’ogre capitaliste se nourrit des crises, son estomac paraît ulcéré par la systémique chute libre des indices sur les marchés financiers, mais en ressort infiniment plus puissant après avoir concentré un peu plus le capital que lors des crises précédentes.

Les choses s’accélèrent donc depuis 2008, la crise étant une aubaine pour légitimer la réduction des dépenses publiques là où elles ont besoin d’être rehaussées drastiquement, et voila que cette année, les « marchands du Temple » peuvent désormais jouir de nouveaux débouchés et étendre leur commerce sur un domaine qui jusque-là leur était interdit de profitabilité : la vieillesse des gens, bientôt la santé. Le droit à vivre après la vie active est remis en cause, et le droit de mourir en bonne santé se paiera en fonds de pensions sur un marché financier. Le monde va trop vite, tout s’accélère, l’assassinat économique aussi, la rage et l’envie d’insurrection remplacent la résignation et l’attentisme dans le cœur de milliers de personnes. Ou l’inverse, suivant la posture la mieux jugée. Tout va plus vite, et pourtant, cette époque semble marquer les prémices d’un mouvement d’unification populaire désireux de résister contre l’ennemi commun qui saccage tout ce qui entrave son égoïste intérêt particulier. L’on se prend à la fête : on bat le pavé, soutenant les slogans révolutionnaires rêvant de mettre à terre ceux qui exploitent la vie des gens et récupèrent à leur compte les injustices les plus notoires. Un tressaillement au cœur voyant la foule mobilisée nous fait espérer que 2010 et la suite de la décennie seront les années du changement tant espéré. Puis d’un coup, une question prouvant que la majorité de nos contemporains ont une guerre de retard dans la tête : pensent-ils vraiment qu’en tant que masses populaires en forme de troupeau dérouté, utilisant les formes légales constitutionnelles de contestation (prévues en République pour que rien ne change) du pouvoir, ils parviendront à obtenir l’abrogation de cette loi, voir à faire tomber la dictature du capital et les dominations de la bourgeoisie sans effusions de sang, sans prisons et ce, dans la paix ?

Depuis la fin du 20ème siècle, les gouvernements successifs ne cessent de légiférer pour faire reculer l’âge légal de départ à la retraite des travailleurs, salariés et fonctionnaires, 1993 étant la pierre angulaire de la régression sociale et de la révocation des acquis du Conseil National de la Résistance, ceux ayant institué en 1945 la retraite par répartition en France. A un tel point que la réforme de la protection sociale est devenue l’axe majeur des programmes électoraux, et l’argument d’économie politique marquant les clivages entre gauche antilibérale, et les détenteurs du pouvoir, gauches caviars alliées à la droite libérale. En France, la réforme des retraites est donc un fait politique et social très récurrent qui occupe les politiques, les journaleux environ tous les dix ans, et est sujette à mouvement sociaux de contestation, voir à grèves générales de ceux qui subissent la loi, à l’instar du mouvement de 1995 et de celui qui se déroule actuellement en 2010 sous nos yeux.

Cet article ne se lancera pas dans la description objective des caractéristiques inhérentes à chaque réforme des retraites (Balladur 1993, Fillon 2003, Woerth 2010, 2020…2030…), puisque d’une part il faudrait des dizaines de pages pour appréhender ce sujet, et parce que d’autre part, la le constat est clair et simple à résumer : la volonté d’asservir le peuple qu’ont les néolibéraux depuis leur accession au pouvoir mondial après la chute du bloc soviétique est à présent montrée au grand jour, et s’impose même dans les pays « riches ». Les réformes des retraites sont des destructions successives du droit à la fin de vie décente de milliers de salariés et travailleurs : en reportant l’âge légal de la fin du travail, en imposant une décote de 5% par nombre d’années non cotisées, en défiscalisant les heures supplémentaires travaillées, en reportant l’âge légal du départ à la retraite à taux plein sans prendre en compte les inégalités face à l’espérance de vie à 50 ans des gens, et en renforçant cette année le passage de la retraite par répartition à la capitalisation, voilà que les gens se rendent compte (trop tard) qu’il faut mettre un point d’arrêt à ce système. Mais il est trop tard, même une insurrection populaire nuira au peuple qui subira l’instrumentalisation politique des conséquences de la grève générale. Le pouvoir sous-estime d’une part la rage du peuple, mais celui-ci en parallèle se mord la queue en se battant contre des moulins à vent.

L’impact de ce que la novlangue nomme par réforme, est un prisme à plusieurs facettes. Non seulement la réforme 2010 fait passer l’âge du départ à la retraite de 65 à 67 ans à taux plein, donc sans décote, mais elle oblige aussi au contribuable à cotiser 42 annuités (35 en Allemagne et on dit que les français ne travaillent pas assez…).

Comme on l’a dit, l’argument politique majeur depuis des décennies, (droite gaulliste, giscardienne, chiraquienne, sarkozyste et gauche mitterrandienne confondues) est de faire croire que le coût du travail en France est trop élevé, ce qui n’inciterait pas les entreprises à embaucher, aggravant le taux de chômage (2). Ce non sens idéologique électoraliste permet de maintenir les salaires à un niveau minimum dans le souci de réduction des coûts de production des entreprises, et aussi cela permet de choisir la hausse de la durée de cotisation plutôt que celle du taux de cotisation salariale et patronale, ce pendant que depuis trente-cinq ans, les actionnaires s’engraissent et se retrouvent à « piloter » (belle oxymore créée par les institutions et le Medef) la machine économique. Mais le taux de cotisation en France n’est pas plus élevé qu’en Allemagne ou que dans les pays scandinaves. Ce raccourci médiatique ingéré par tous désormais, car martelé dans les colonnes journalistiques depuis des années, permet de faire croire que la sécurité sociale nuit à l’emploi. La propagande qui aseptise les débats met en œuvre des discours politiques tellement décomplexés qu’il est paradoxalement difficile de les comprendre.

L’État providence et sa « gouvernance polycentrique » (gestion publique décentralisée, à plusieurs centres de décision, où la région s’administre librement, en théorie technocratique des notables), coûtent cher. Les salaires, même maintenus par le bas au smic, ça coûte cher. La retraite, la santé, ça coûte cher et nous sommes en crise. Alors il faudra travailler jusqu’à 80 ans et épargner vous-même car nous ne pourrons rien pour vous dans dix ans, désolé. Oui, désolé, mais nous avons de l’autre côté Dassault, Lagardère, Pinault, Bolloré, Bettencourt et tous nos copains au ministère à nourrir et rincer, et ils sont très gourmands. Et puis il y a aussi les chinois, ils demandent même à acheter nos brevets sur l’aéronautique et l’aérospatiale ! Alors soyez compréhensifs, honnêtes gens, c’est pour cela que nous ponctionnons dans les poches du peuple, c’est pour votre bien et nos réformes sont raisonnables ! Enfin quand-même, si un ouvrier meurt à soixante ans après avoir cotisé toute sa vie sans profiter de sa retraite, ce n’est tout de même pas de notre faute !

Retraites et démographie : le vieillissement de la population comme instrument de propagande.

Bref, une masse salariale élevée, des salaires plus conséquents et des dépenses publiques plus massives, une intervention de l’État plus importante au lieu d’effacer son rôle sans résister à la globalisation, seraient une solution pour financer ces services publics. Mais il est plus facile de dire au micro qu’il faut réformer le système des retraites parce que la population vieillit. (En 1993, la réforme Balladur était aussi mise en application sous le coup du vieillissement…)

Si l’on regarde les chiffres, l’espérance de vie en bonne santé à 50 ans est de 22.8 ans pour les hommes les plus qualifiés (1 an de plus pour les femmes), et 13.7 ans pour les ouvriers.(3) Si un ouvrier part à 60 ans à la retraite, il a donc seulement quatre ans de vie en bonne santé sans travailler contre 13 ans pour un salarié « plus qualifié ». La réforme actuelle ponctionne donc la moitié de l’espérance de vie en bonne santé d’un ouvrier en allongeant de deux ans la durée de cotisation. Voilà en quoi celle-ci est en quelque sorte un arrêt de mort anticipée pour de nombreux travailleurs. Ajoutons, selon la même source, que si l’espérance de vie augmentait jusque là, c’est bien parce que les gens pouvaient arrêter de subir le stress des dures conditions de travail entre 58 et 60 ans… L’on a de cesse de le rappeler, mais croire que le système des retraites en France doit être ré(trans)formé en profondeur et de manière urgente parce qu’avec l’allongement de l’espérance de vie et le déficit public de 20 milliards d’euros à la sécurité sociale ne pourront plus subvenir aux besoins de santé des retraités, cela est un énorme non sens.

Selon une étude de Daniel Mermet dans un triptyque d’émissions sur la fiscalité en France fin septembre(4), si le régime fiscal français était le même que dans les années 1990, l’État pourrait récupérer 100 milliards d’euros auprès des grandes fortunes, qui depuis quinze ans donc, se retrouvent imposées sur leurs ressources à hauteur de 0 à 5% là où le contribuable moyen est imposé entre 10 et 15%… La France permet aux plus riches de défiscaliser leurs revenus, faisant de ce pays un « paradis fiscal » selon les mots du journaliste à France Inter François Ruffin, et l’on vient ensuite nous expliquer que la population vieillit, que les déficits se creusent, et que nos institutions (autrefois sociales et redistributives) ne peuvent financer la fin de vie des gens ? Avec 100 milliards d’euros supplémentaires dans le budget de l’État, il semble quand même que beaucoup de services publics seraient largement excédentaires, ce qui remet en cause la vague de privatisations, de fusions-acquisitions qui dure depuis les années 1990.

Guillaume Sarkozy, l’un des dirigeants du Medef, qui vient de créer une entreprise de capitalisation des fonds de pension de retraites (5) et son frère doivent vraiment se marrer lorsqu’il voient les français soutenant la réforme, bourgeois, militant à l’UMP, salariés désintéressés dépolitisés, gober en masse l’argument démographique et celui des caisses vides. La politique de défiscalisation française qui fait des cadeaux en permanence aux grandes fortunes, à l’instar de Mme Bettencourt, et l’argent perdu par le secteur public lorsqu’il est versé dans le privé en dividendes actionnariaux ou en primes non imposables une fois que l’entreprise ait été privatisée et que l’État refuse de taxer davantage, sont autant de relations de causes à conséquences qui expliquent à quel point le financement de la sécurité sociale pourrait ne pas être un problème en France. Cela montre aussi, que les salariés français pourraient partir à la retraite après 35 ou 37.5 annuités, grâce à une Sécurité Sociale largement excédentaire. Mais évidemment, cela remettrait énormément de choses en cause, et surtout, la classe politique ainsi que le modèle économique néolibéral qu’elle impose ne seraient pas au pouvoir. Si l’État récupérait d’un coup la centaine de milliards d’euros qui glisse du public vers le privé depuis une vingtaine d’années, notamment à cause de ces mécanismes de défiscalisation, le problème de la réduction des dépenses publiques, le gel des salaires des fonctionnaires, leur non remplacement depuis 2007, c’est-à-dire la politique d’austérité (idéologiquement capitale pour le gouvernement, et logiquement inutile si l’on accepte qu’il y ait plusieurs solutions macroéconomiques) qui fait l’objet de toute cette contestation sociale, si l’État avait « en main » cette somme colossale, les fondements de l’ordre mondial néolibéral ne seraient pas imposés en France. Et il ne faut pas fâcher le régime des banques et des multinationales privées.

Bref, pour résumer, dans le financement de la sécurité sociale et pour allouer des pensions de retraite par répartition aux gens, l’État n’a pas que l’allongement de la durée de cotisation comme solution. Il peut aussi augmenter le taux de cotisation des plus grosses entreprises (oups pardon, j’oubliais l’obligation de compétitivité des entreprises), ce qui permettrait de réduire le nombre d’annuités tout en augmentant les recettes. Il peut aussi rétablir un régime fiscal tel qu’il était il y a quinze ans pour éviter les fuites de capital. Au lieu de ça, Mr Sarkozy, notre super président propose de réduire le taux de l’Impôt Sur la Fortune pour 2011 (6)…

Il faudrait peut-être dire à ce monsieur que les riches en France ne représentent qu’une maigre partie de la totalité de l’électorat. Mais même les ouvriers ayant oublié leur condition de classe exploitée, beaucoup d’employés de bureau des PME lorgnant sur les postes à responsabilités, et les agriculteurs se gavant de subventions de l’UE se retrouvent souvent à voter pour des politiques qui noient dans la novlangue les nécessités des classes populaires pour favoriser au bout du tunnel les classes dominantes. Et même les individus que l’on retrouve dans les cortèges qui ne soutiennent pas la politique de ce gouvernement ploutocratique, ne prennent pas forcément le temps de regarder au fond des choses ce qui ne va pas et scandent primairement « Sarko démission », sans savoir ce que signifie la retraite par capitalisation, par qui et comment est-elle imposée.

Entre autisme social, autoritarisme du pouvoir politique et toute cette pression médiatique qui alimente la propagande néolibérale, on n’est pas sortis ! Bientôt, les manifestants seront systématiquement jetés en prison. Les grévistes occupant leurs entreprises seront automatiquement réquisitionnés par le pouvoir pour stopper leur grève (bientôt un projet de loi pour réquisitionner les salariés d’ailleurs, suite à la réquisition des salariés de Total à la raffinerie de Grandpuits ?), et l’âge légal de départ à la retraite dépassera 70 ans. Mais même lorsque la population active mourra au travail, ou quand les gens n’auront pas de salaires assez conséquents même pour capitaliser leur propre retraite, ce sera le domaine de la santé publique qu’ils voudront mettre à mal. Nous ne sommes qu’à la première étape de la régression sociale. Le jour où les gens prendront conscience qu’on leur aura grignoté tous leurs droits sociaux, qu’ils n’auront plus rien à perdre, l’intimidation du pouvoir n’y fera plus rien. Et là, ça fera mal, lorsqu’une réelle ambiance de guerre civile acharnée règnera dans les villes, armée contre peuple enragé, que les dominés sauront tous qu’il s’agit d’un conflit de classes contre classes. Pour éviter et anticiper ce moment non souhaitable mais qui pourtant semble inévitable, en guise de résistance à cette loi meurtrière des retraites, ne nous contentons pas des seules manifestations dans les rues, bloquez et bloquons tous l’économie dans une grève générale dure, totale et absolue selon ce que chacun peut faire, en imaginant tous les alternatives que l’on peut apporter à la société à l’échelle individuelle.

Samuel Métairie.
http://sam-articles.over-blog.com

Sources :

(1) http://tempsreel.nouvelobs.com/actu…

(2) DUVAL Julien, Le mythe du trou de la Sécu, Raisons d’agir, 2007.

(3) Journal La Mèche, édition du 10 au 16 septembre 2010.

(4) Daniel Mermet, La-Bas si J’y suis, « Fiscalité, la fabrique des inégalités I, II et III » émissions du mardi 28 septembre, mercredi 29 et jeudi 30 septembre : http://www.la-bas.org/mot.php3?id_m…

(5) Article de Laurent Mauduit sur Mediapart via www.sam-articles.over-blog.com : http://sam-articles.over-blog.com/a…

(6) http://www.google.com/hostednews/af…

URL de cet article

http://www.legrandsoir.info/Greve-generale-contre-la-reforme-des-retraites-propagande-mediatique-et-capitalisme-La-France-en-guerre-civile-classes-contre.html

Réforme de la retraite, plan d’austérité: plan d’annihilation de notre société par la mafia oligarchique financiere…

Posted in actualité, économie, crise mondiale, politique et social, Social & Retraite with tags , , , , , , on 21 octobre 2010 by Résistance 71

Article traduit de l’anglais le 20 Octobre 2010 par Résistance 71

De la dépression économique globale a la gouvernance mondiale

Par Andrew Gavin Marshall, Septembre 2010

url de l’article original:

http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=21504

Nous sommes maintenant au bord de l’abysse de la finance globale, celui de la « grande dépression de la dette globale », ou les nations, minées par une dette extrême, commencent a instaurer des politiques « d’austérité fiscale » pour réduire leurs déficits, ce qui aura pour résultat ultime un génocide social global, ou la classe moyenne disparaitra et ou les institutions sociales sur lesquelles sont fondées les nations seront balayées. Comment en sommes nous arrivés la ? Qui nous a amené la ? Ou mene ce chemin ? Je vais essayer ici de répondre brièvement a ces questions.

Au coeur de la politique économique globale se tient le système des banques centrales. Les banques centrales sont responsables de l’impression de la monnaie des nations et de fixer les taux d’intérêts, ainsi de déterminer la valeur de chaque monnaie. Ceci devrait être dans l’ombre d’un doute une prérogative de tout gouvernement, néanmoins, les banques centrales sont d’une nature très trompeuse, par laquelle, bien qu’investie de l’autorité gouvernementale, elles sont en fait la propriété des principales banques privées mondiales et sont donc par la-même, des institutions a but lucratif. Comment ces banques centrales font-elles leur profit ? La réponse est simple: comment toutes les banques font-elles leurs profits ?… Par l’intérêt sur la dette. Des prêts sont faits, des taux d’intérêts établis, et des profits sont réalisés. C’est un système basé sur la dette; l’économie impérialiste a son meilleur niveau.

Aux Etats-Unis, le président Woodrow Wilson a signé la loi sur la Réserve Fédérale en 1913, créant ainsi le système de la réserve fédérale, avec son bureau directeur a Washington, appointé par le président, mais ou la véritable puissance exécutrice demeura avec les 12 banques régionales, dont principalement la banque de réserve fédérale de New York. Les banques régionales étaient des banques privées, propriété en actionnariat avec les banques principales de la région, élisant les membres du comité directeur qui les représentait et qui lui-même partageait le pouvoir avec la banque fédérale de Washington.

Au début des années 1920, le Conseil des Relations Etrangeres (Council on Foreign Relations ou CFR) fut fondé aux Etats-Unis, comme étant le premier conseil de politique étrangère de la nation; il était dominé par les intérêts banquiers les plus puissants. En 1930, la Bank for International Settlements (BIS) fut créée pour gérer les paiements de la dette de guerre de l’Allemagne, mais elle eut aussi un autre rôle, bien moins connu, mais bien plus signifiant. Elle devait être le coordinateur des opérations des banques centrales a travers le monde. Essentiellement, elle est la banque centrale, le QG, des banques centrales mondiales, dont les opérations sont tenues strictement confidentielles. Ainsi l’historien Carroll Quigley écrivit:

« Les puissances du capitalisme financier eurent un autre but plus développé, rien de moins que de créer un système financier mondial de contrôle dans des mains privées et qui serait capable de dominer le système politique de chaque nation et l’économie mondiale dans sa totalité. Ce système se devait d’être contrôlé de façon féodale par les banques centrales mondiales agissant de concert par arrangements secrets auxquels elles parviennent au gré des conférences et meetings privés organisés. Le noyau central de ce système devait être la BIS, basée a Bâle en Suisse, une banque privée, propriété et contrôlée par les banques centrales mondiales qui elles mêmes sont des corporations privées. »

En 1954, fut créé le groupe Bilderberg comme étant un conseil secret global, incluant des intellectuels, des financiers, des exécutifs industriels, des politiciens, des militaires et l’élite des médias de l’Europe de l’Ouest, de l’Amérique du Nord; incluant également des banquiers puissants comme David Rockefeller, ainsi que des membres des familles royales européennes, comme la famille royale hollandaise, qui est l’actionnaire le plus important de la Royal Dutch Shell, dont le PDG est présent a chaque réunion Bilderberg. Ce groupe d’environ 130 « individus de l’élite » se rencontre en secret annuellement pour discuter et débattre des affaires internationales et fixer des buts et des agendas au fil de leurs réunions variées. Le groupe a été créé a l’origine pour faciliter et promouvoir l’intégration européenne dans une Union. Le meeting de 1956 discuta d’une intégration européenne et d’une monnaie unique. De fait, le chairman actuel du groupe Bilderberg avoua l’an dernier aux médias européens que l’Euro fut débattu et créé lors de meetings Bilderberg.

En 1973, David Rockefeller, chairman et PDG de la Chase Manhattan Bank et président du CFR, membre du comité directeur du groupe Bilderberg, forma la Commission Trilatérale avec son protégé et intellectuel du CFR Zbigniew Brzezinski. La même année, le choc pétrolier créa une vaste richesse avec l’argent du pétrole. Ceci fut discuté au meeting du Bilderberg cette année la, 5 mois avant le choc pétrolier; l’argent fut canalisé a travers les banques occidentales, qui « prêtèrent au tiers monde », désespéré d’obtenir des prêts pour pousser leur développement industriel.

Quand Jimmy Carter devint président des Etats-Unis en 1977, il appointa plus de deux douzaines de membres de la commission trilatérale dans son cabinet, incluant lui-même et bien sûr, son chef conseiller a la sécurité nationale Brzezinski. En 1979, Carter nomma l’ex-aide de Rockefeller, Paul Volcker, qui a eut plusieurs fonctions a la banque fédérale de New York et au trésor national, membre de la commission trilatérale, comme président de la banque Fédérale US. Quand un autre choc pétrolier eut lieu en 1979, Volcker décida de remonter les taux d’intérêts qui étaient a 2% depuis la fin des années 70, a 18% au début des années 1980. L’effet immédiat fut que les pays endettés eurent a payer des intérêts énormes sur l’argent emprunté et en 1982, le Mexique annonça qu’il ne pouvait plus rembourser l’intérêt de la dette et il la renia, ce qui déclencha la crise de la dette des années 1980, faisant s’effondrer l’économie des nations endettées a travers l’Amérique latine, l’Afrique et une partie de l’Asie.

Ce fut bien sûr le FMI et la Banque Mondiale qui vinrent a la rescousse des pays du tiers monde en difficultés avec leurs programmes d’ajustement structurel, qui forcèrent les pays demandant assistance a privatiser toutes leurs industries d’état et leurs ressources, dévaluer leur monnaie, libéraliser leur économie, démanteler leur système de santé, d’éducation et de services sociaux; ceci ayant pour résultat une recolonisation du tiers monde par le rachat de ces biens et richesses nationales par les industries et les banques occidentales; ce qui créa finalement les conditions d’un génocide social, avec l’émergence d’une pauvreté galopante, ainsi que d’élites corrompues assujetties aux intérêts de l’élite industrielle et financière occidentale. Les peuples de ces nations se révoltèrent, provoquant rébellion et émeutes, que les gouvernements en place réprimèrent férocement avec police et armée.

En occident, les industries et les banques virent des profits records très rapidement. Ce fut l’époque de l’émergence de la « globalisation ». Alors que les profits s’envolèrent, les salaires des peuples occidentaux n’en firent rien. Ainsi pour consommer dans une économie ou les prix grimpent, les citoyens durent s’endetter. Ceci marqua l’ere de la consommation record par carte de crédit et la classe moyenne devint une classe exclusivement basée sur sa dette.

Les années 1990 virent la naissance du « nouvel ordre mondial », avec les Etats-Unis dominant l’économie globale, des accords de libre-échanges commencèrent a intégrer les marchés régionaux et internationaux pour le profit exclusif des banques et industries globalistes; la spéculation commença a dominer l’économie.

La crise économique globale se développa suite a des décennies d’impérialisme global, seulement récemment connu sous le nom de « globalisation », et la montée inconsidérée de la spéculation, des marchés dérivatifs et une explosion de la dette. Alors que la crise fit tâche d’huile, les nations du monde, particulièrement les Etats-Unis, sauvèrent les banques principales (qui auraient dû être laissées a leur sort de faillite en regle a cause de leur corruption et gourmandise); ainsi maintenant, l’occident a pour ainsi dire privatisé les profits des banques et socialisé les risques et les pertes. En d’autres termes, les nations ont acheté la dette des banques avec des deniers publics et les peuples doivent maintenant payer pour les dettes privées des banques. Les peuples de leur côté, sont immergés dans leur propre dette personnelle a un tel degré aujourd’hui que le Canadien de base possede une dette moyenne de 39,000 dollars et que les étudiants sortent des universités pour affronter un marché ou le travail se fait rare, avec des dettes de départ de dizaines voire de centaines de milliers de dollars de prêts éducatifs, qu’ils ne pourront jamais repayer. Ainsi, nous sommes maintenant confronté a un problème de dette global.

Pour gérer la crise économique, le G20 fut instauré comme le forum international majeur, représentant les 20 plus grosses économies mondiales, incluant les principales économies dominantes et émergentes telles l’Inde, le Brésil, la Chine et l’Afrique du Sud. Durant la crise financière, les banques centrales chinoise et russe commencèrent a appeler pour une monnaie unique globale pour remplacer le dollar US comme monnaie de réserve mondiale. Cette proposition fut endossée par l’ONU et le FMI. Il doit être noté ici que les banques centrales russe et chinoise coopèrent avec la BIS, dont le gouverneur de la banque centrale européenne Jean Claude Trichet dit récemment que cela était le forum de principe pour la coopération a la gouvernance de la banque centrale et que le G20 était le groupe principale pour « la gouvernance économique mondiale ».

En 2009, le FMI déclara que la BIS était « le plus vieux et plus central point de focalisation pour la coordination des arrangements de gouvernance mondiale ». Le président de l’Union Européenne Herman Van Rupuy, nommé a ce poste apres avoir participé a un meeting Bilberberg, déclara que 2009 était « la première année de la gouvernance mondiale ». Le meeting Bilderberg 2009 reporta sur le désir de créer une trésorerie globale ou une banque centrale globale, pour gérer l’économie mondiale. En 2009, en fait avant le meeting Bilderberg, le G20 mit en marche des plans pour établir le FMI comme une sorte de banque centrale mondiale, créant et même imprimant sa propre monnaie, appelée Special Drawings Rights (SDRs), qui serait évaluée sur un panier de monnaies courantes. En Mai 2010, Dominique Strauss Kahn, directeur du FMI déclara que « la crise est une opportunité » et que si les SDRs était un pas dans la bonne direction, ce qui serait nécessaire dans le futur sera « Une monnaie globale imprimée par une banque globale avec une robuste gouvernance et caractéristiques institutionnelles ». De la sorte, nous voyons l’émergence d’un processus vers la formation d’une banque centrale globale et d’une monnaie unique globale, dont aucun peuple du monde n’aura contrôle et qui sera totalement contrôlé par les intérêts banquiers et financiers privés globaux.

En 2010, la Grece fut plongée dans une crise de la dette, une crise qui a maintenant fait tâche d’huile en Europe et au Royaume Uni et qui déferlera éventuellement sur le Japon et les Etats-Unis. Si nous regardons la Grece, nous voyons la nature même de la crise. La dette est due a des banques majeures européennes et nord-américaines. Pour payer juste les intérêts de cette dette, la Grece a dû emprunter a la Banque Centrale Européenne (BCE) et le FMI, qui ont forcés le pays a accepter des mesures d’austérité fiscale comme conditions a ces prêts, mettant la Grece sous pression de commettre un génocide social. En même temps, les banques européennes et américaines spéculent contre la dette grecque, plongeant plus avant le pays dans la crise économique et sociale. Le prêt est accordé pour payer l’intérêt de la dette, mais ceci ne fait qu’ajouter a la dette totale, car un nouveau priée veut dire de nouveaux interêts a payer. Ainsi la Grece est maintenant prise dans le même cercle vicieux que les pays du tiers monde re-colonisés.

Au recent meeting du G20 a Toronto, les nations dominantes du monde se sont mises d’accord pour appliquer des politiques d’austérité, ou en d’autres termes, de commettre un génocide social, au sein de leur nation, dans ce qui est un véritable programme d’ajustement structurel selon le modele du FMI. Maintenant, nous allons assister aux débuts de la « Grande Dépression de la Dette Globale », dans laquelle les nations occidentales vont couper dans les dépenses sociales, créer un chômage massif en démantelant le système de santé, d’éducation et de services sociaux. De plus, les infrastructures nationales telles que les ponts, les routes, les aéroports, les ports, les chemins de fer, les hôpitaux, les prisons, les services de distribution d’énergie (électricité, gaz etc..), le service de distribution de l’eau courante, vont être privatisées ainsi les banques privés et corporations industrielles choisies posséderont l’ensemble des biens et ressources nationales. Simultanément bien sûr, les impôts directs et indirects vont augmenter a un niveau jusqu’ici encore jamais vu. La BIS a dit que les taux d’intérêts devront augmenter en même temps, ce qui veut dire que les intérêts sur la dette vont drastiquement augmenter a la fois a l’échelle individuelle que nationale, forçant ainsi les gouvernements a emprunter au FMI, certainement sous la forme de la nouvelle monnaie globale, simplement pour payer les intérêts galopant, ce qui provoquera bien sûr plus de dette, et donc plus d’intérêts pour les banques. Simultanément, la dette de la classe moyenne sera réclamée, et comme la classe moyenne n’existe que sur une illusion, cette illusion cessera d’exister.

Déjà, des villes, des états a travers les Etats-Unis entreprennent des actions drastiques pour reduire leur dette, comme par exemple, fermer les brigades de pompiers, réduire le ramassage des ordures ménagères, éteindre les lumières publiques, arrêter certains services de transport, fermer les bibliothèques publiques, les écoles publiques raccourcissant les jours, semaines, mois, année scolaires. De maniere simultanée, ceci se passe avec une augmentation dramatique de la privatisation ou de partenariats public-privé dans lesquels même les bibliothèque sont privatisées.

Pas étonnant donc que ce mois-ci, Dominique Strauss Kahn, le patron du FMI, a averti que les Etats-Unis et l’Europe, au milieu d’une crise épouvantable du travail, la pire depuis la grande depression des années 1930, peuvent faire face a une explosion sociale. L’Europe a vécu ce mois-ci une vague de protestation massive en opposition aux « mesures d’austérité », avec une greve générale en Espagne qui a mis dans la rue des millions de persons, ainsi qu’une marche sur le QG de l’UE a Bruxelles de plus de 100,000 personnes. Alors que les troubles sociaux se généralisent, les gouvernements vont réagir, comme nous l’avons vu au G20 de Toronto, avec des mesures répressives d’état. Ici, nous voyons le veritable but du renforcement des « sécurités nationales », censées protéger les citoyens contre les « terroristes »; en fait cela n’a été fait que pour renforcer la securité des puissants contre leurs peuples.

Alors bien que les choses n’aient jamais paru si pessimistes, il y a une faible lueur d’espoir, en ce que Brzezinski a nommément appelé la plus grande menace pour les intérêts de l’élite globale, le « réveil politique global ». Ceci est représentatif en cela que pour la première fois dans l’Histoire, l’humanité est politiquement éveillée, bouge, s’active, et prend conscience d’une maniere générale des inégalités globales, de l’exploitation et du manque de respect des « élites » a son égard. Ce réveil est largement dû a la révolution de l’information, ainsi révélant la nature contradictoire du projet de globalisation, dans la mesure ou au fur et a mesure qu’il globalise la puissance et l’oppression, il globalise aussi la prise de conscience et l’opposition. Ce réveil massif des peuples est la plus grande menace aux intérêts de l’élite partout en ce monde. Ce réveil, qui a pris racine dans les pays du sud globalisés de force, et dont les populations ont déja été soumises a l’exploitation massive et a la destruction, est maintenant en train de se propager en occident et va s’intensifier a mesure que l’économie s’effondre. La classe moyenne va réaliser que sa consommation n’était qu’une illusion de richesse, elle va chercher des réponses et demander un véritable changement, pas celui inspiré et labellisé par Wall Street du « Obama change Inc », mais un véritable changement, inspiré et rendant le pouvoir aux peuples.

En 1967, Martin Luther King délivra un discours dans lequel il parla contre la guerre du Vietnam et l’impérialisme américain, et il dit a cette occasion que: « Il semble que nous soyons du mauvais côté d’une révolution mondiale ». Il semblerait que le temps est venu pour que tout ceci change.
Andrew Gavin Marshall is a Research Associate with the Centre for Research on Globalization (CRG).  He is co-editor, with Michel Chossudovsky, of the recent book, « The Global Economic Crisis: The Great Depression of the XXI Century, » available to order at Globalresearch.ca.

greves, exactions policieres: Annonce de la FA

Posted in actualité, autogestion, économie, démocratie participative, politique et social, politique française, Social & Retraite, syndicalisme et anarchisme with tags , , , , , , , on 18 octobre 2010 by Résistance 71

Annonce de la Fédération Anarchiste

Signes de la nervosité du pouvoir, les exactions policières s’abattent sur les lycéens et la désinformation s’évertue à discréditer l’anarchisme organisé . On veut pour preuve du premier signe les interventions musclées des forces de la violence d’Etat recensées à Dijon, Argenteuil, Saint-Nazaire, Lyon Chambéry, Nîmes, Créteil, Lille, Lens, Rennes, Montreuil, où pour la seconde fois* un manifestant paye de la perte d’un œil l’expression de son désaccord avec l’injustice de la société capitaliste. Les nouvelles relayées par les médias accréditant la suspension de l’usage du flash-ball sont factuellement inexactes, puisque les fonctionnaires de police se sont simplement vu rappeler le cadre administratif de l’emploi de cette arme potentiellement létale, il y a donc fort à parier pour que de nouvelles bavures se produisent dans les jours prochains. On veut pour preuve du deuxième signe les allégations de certains médias assimilant dans leurs compte-rendu de fin de manifestations les militants de la Fédération anarchiste à des casseurs. Face à ce travail qu’on peut au mieux qualifier d’imprécis, la Fédération anarchiste tient à affirmer avec la plus grande sérénité qu’elle est une organisation politique qui n’a pas fait le choix de la violence avant-gardiste, mais bien au contraire qu’elle ambitionne de créer les conditions d’une révolution économique et sociale en utilisant l’outil de la grève expropriatrice et gestionnaire qui consiste à recourir à la seule force du nombre des exploités . Seules une grave méconnaissance du mouvement social et une profonde malhonnêteté intellectuelle peuvent faire passer les anarchistes politiques organisés du 21ème siècle pour des poseurs de bombes, des casseurs ou des saboteurs. Rappelons au passage que ce que les militants anarcho-syndicalistes appelaient au sein de la CGT des années 1900 le sabotage consistait purement et simplement à proportionner la quantité et la qualité du travail à l’insuffisance de la paye ( Emile Pouget : « A mauvaise paye, mauvais travail. ») Face à l’extrême rigueur des politiques imposées aux travailleurs du monde entier par les pouvoirs inféodés aux intérêts du capitalisme, qu’ils soient de gauche ou de droite, la Fédération anarchiste, qui ne reconnaît pas l’état de minorité civile qui est celle des actuels lycéens, appelle tous les jeunes à se mobiliser toujours plus nombreux ; pour elle, ils ont raison de ne pas croire à l’argumentation mensongère du gouvernement sur les retraites. La Fédération anarchiste soutient les travailleurs en grève dans tout le pays ; pour elle, ils ont raison de refuser d’accorder ne serait qu’un jour de travail supplémentaire à un patronat qui en demandera toujours davantage. La Fédération anarchiste affirme que seul le blocage pacifique de l’économie est susceptible d’ouvrir la voie d’une victoire qui en appelle beaucoup d’autres à sa suite, c’est le sens de la présence de ses militants dans la rue et dans les assemblées générales.

Fédération anarchiste,17 octobre

* Le 8 juillet 2009, Joachim Gatti était victime d’un tir de flash-ball qui lui a f ait perdre l’usage d’un œil à Montreuil, le soudard auteur de cet acte barbare n’était pas menacé…

L’empire du mensonge et de l’ingérence, les Etats-Unis et l’escroquerie de « la guerre contre le terrorisme »

Posted in actualité, désinformation, guerres hégémoniques, ingérence et etats-unis, N.O.M, terrorisme d'état with tags , , , on 17 octobre 2010 by Résistance 71

Nous avons traduit ici un nouvel article tres récent du professeur Paul Craig Roberts, qui nous parait toujours emblématique dans la mesure ou il est un conservateur, qui a supporté en son temps une des administrations américaines les plus conservatrices et libérales, celle de Ronald Reagan dans les années 1980. Administration pour laquelle il était assistant secrétaire du trésor (secrétaire d’Etat aux finances chez nous si nous voulons une équivalence..). Il sait donc de quoi il parle, il a été partie prenante de l’action capitaliste et hégémonique il y a 25 ans, a la même époque ou sévissait Thatcher en Europe…

Le professeur Roberts est certainement un des rares politiciens et intellectuels conservateurs yankee qui a conservé une intégrité et se bat pour que la vérité soit dire au peuple américain et que cesse la tyrannie du globalisme fasciste de l’empire devenu fou. Il est la preuve que a résistance au nouvel ordre mondial ne connait ni frontieres, ni carcan politique. La couleur politique aujourd’hui importe peu. On est pour ou contre le fascisme globaliste qu’on veut nous imposer de force.

« On ne peut être neutre dans un train en marche » disait fort justement le regretté historien Howard Zinn. La lutte contre le fascisme du nouvel ordre mondial est l’affaire de tous les citoyens du monde, et ensemble, debout, nous enverrons cette abhération de l’Histoire dans ses oubliettes bien ordonnées.

No pasaran !

Pour que vivent les peuples émancipés et libres !

— Résistance 71 —

La Guerre contre le terrorisme

par Paul Craig Roberts

le 15 Octobre 2010 « Information Clearing House »

Quelqu’un se rappelle t’il de la « promenade de santé » qui devait duresr six semaines, ne coûter que 50 ou 60 milliards de dollars et être remboursée par les revenues du pétrole irakien ?

Quelqu’un se rappelle t’il que l’économiste de la maison blanche Lawrence Lindsey a été viré par deubeuliou parce que Lindsay estimait que la guerre d’Irak allait coûter quelques 200 milliards de dollars ?

Lindsey a été viré pour avoir surestimé le coût d’une guerre qui, en accord avec Joseph Stiglitz et Linda Bilmes a coûté 15 fois plus que ce que Lindsay avait estimé; et les Etats-Unis ont toujours 50,000 troupes en Irak. Quelqu’un se rappelle t’il que juste avant la guerre en Irak, le gouvernement américain avait déclaré la victoire sur les Talibans en Afghanistan ?

Quelqu’un se rappelle t’il que la raison invoquée par deubeuliou pour envahir l’Irak était les armes de destruction massive de Saddam Hussein; armes dont le gouvernement américain savait pertinemment quelles n’existaient pas.

Les Américains sont-ils au courant que les mêmes néo-conservateurs qui firent ces erreurs fantastiques ou dit ces mensonges fabuleux, sont toujours en contrôle du gouvernement a Washington ? La « guerre contre le terrorisme » set maintenance dans sa dixième année. Qu’est-ce que cela veut-il dire ?

Le fond réel du probleme est que la « guerre contre le terrorisme » est en fait lié a la création de véritables terroristes. Le gouvernement américain a désespérément besoin de vrais terroristes afin de pouvoir justifier l’expansion de ses guerres contre le monde musulman et de garder le peuple américain dans la peur de façon a ce qu’il accepte l’état policier qui « protege contre les terroristes », mais pas contre un gouvernement qui a éliminé les libertés civiles

Le gouvernement des Etats-Unis crée des terroristes en envahissant des pays musulmans, ruinant les infrastructures et massacrant un grand nombre de civils. Les Etats-Unis aussi créent des terroristes en installant des régimes fantoches pour diriger dans les pays musulmans, pour persécuter et tuer les citoyens comme cela est le cas au Pakistan aujourd’hui.

Les néo-conservateurs ont utilisé les attentats du 11 Septembre pour déclencher leur plan hégémonique mondial. Ce plan est en accord parfait avec celui de l’oligarchie dominant aux Etats-Unis. Les guerres sont excellentes pour le complexe militaro-industriel et l’industrie de la sécurité, ce dont le président Eisenhower nous avait prévenu en vain il y a plus d’un demi-siecle. L’hégémonie américaine set bonne pour le contrôle de l’industrie du pétrole sur les ressources naturelles et son flot. Ainsi, la transformation du Moyen-Orient en un vaste état marionette des américains sert très bien les intérêts du lobby sioniste d’Israel et sees aspirations pour l’expansion territoriale.

La plupart des citoyens américains ne peut pas voir ce qui se passe a cause de l’effet de conditionnement duquel ils sont victimes. La vaste majorité des américains croient que leur gouvernement est ce qui se fait de mieux sur terre, qu’il est motivé moralement pour aider autrui et faire le bien, qu’il dépêche l’aide aux pays victimes de famine et de catastrophes naturelles. La plupart croit que leurs présidents leur disent la vérité, mis a part sur leurs aventures sexuelles.

La persistance de ces leurres demeure extraordinaire a la vue des manchettes quotidiennes faisant état du passage en force du gouvernement sur tel ou tel sujet, de son interférence avec virtuellement tous les pays de la planète. La politique étrangère des Etats-Unis est d’acheter, de corrompre, de renverser ou de faire la guerre aux leaders d’autres pays qui représentent les intérêts de leur propre population au lieu des intérêts de l’Amérique. Une des plus récentes victimes fut le président du Honduras qui a eu l’idée très saugrenue que le gouvernement du Honduras devait servir les intérêts des Honduriens.

Le gouvernement américain a été capable d’écarter le président hondurien parce que l’armée hondurienne est entraînée et fournie par l’armée américaine. c’est exactement la même chose au Pakistan, ou le gouvernement US fait faire la guerre au gouvernement pakistanais a ses propres citoyens en envahissant des zones tribales que les Américains considèrent « amicales » avec les Talibans, Al qaeda, les « militants » et les « terroristes ».

Un peu plus tôt cette année, un assistant secrétaire au trésor américain a ordonné au Pakistan d’augmenter les impôts, ainsi il sera plus faciles au Pakistan de faire la guerre a ses propres citoyens au nom de l’Amérique. Le 14 Octobre, la secrétaire d’état Hillary Clinton a encore sommé le Pakistan d’augmenter ses impôts ou les Etats-Unis seraient contraints de retenir l’aide promise apres les inondations dont le pays a dû faire face. Clinton a également fait pression sur les marionnettes américaines de l’Union Européenne de faire la même chose, exprimant également par la même occasion et dans le même souffle, que le gouvernement américain avait de profondes inquiétudes sur le ralentissement des investissements militaires du Royaume-Uni. Espérons que les britanniques sous le couperet, toujours sous le coup de la fraude massive financière américaine, n’alloue pas plus d’argent pour combattre les guerres de l’Amérique.

Sur les ordres de Washington, le gouvernement pakistanais a lancé une offensive militaire dans la valet du Swat qui a tuée beaucoup de Pakistanais et a provoqué l’exode de millions de gens de leurs maisons. En Juillet dernier, les Etats-Unis ont instruit les Pakistanais d’envoyer des troupes contre les résidents pakistanais du nord du Waziristan. Le 6 Juillet, Jason Ditz reporta sur antiwar.com « qu’a la demande du gouvernement américain, le Pakistan a déclenché des offensives contre les provinces pakistanaises de la vallée du Swat, de Bajaur, du Warizistan du sud, de Orakzai et de Khyber. »

Une semaine plus tard, le sénateur américain d’Israel Carl Levin (Démocrate, Michigan) demande pour que l’administration Obama développe plus avant sa politique de bombardements contre les zones tribales pakistanaises. Le 30 Septembre, le journal pakistanais « thé Frontier Post », a écrit que les bombardements américains étaient « purement et simplement une agression directe contre le Pakistan ».

Les Etats-Unis clament que leurs forces ont le droit de traverser la frontière en étant a la « poursuite de militants ». Récemment, des hélicoptères américains ont tué trois soldats pakistanais qu’ils prirent pour des Talibans. Le Pakistan a fermé les principales routes de ravitaillement américaines pour l’Afghanistan tant que les américains n’auront pas présenter des excuses.

Le Pakistan a averti Washington contre de futures attaques. Néanmoins, les officiels militaires américains, sous pression d’Obama pour démontrer des progrès dans la guerre sans fin en Afghanistan, ont répondu aux injonctions du Pakistan en appelant pour l’intensification de la guerre d’Afghanistan au Pakistan. Le 05 Octobre, le journaliste canadien Eric Margolis écrivit que « les Etats-Unis sont de plus en plus proche d’envahir le Pakistan ».

Dans son livre « La guerre d’Obama », Bob Woodward reporte que le président pakistanais marionnette de Washington, Asif Ali Zardari, croit que les attaques terroristes a la bombe a l’intérieur du Pakistan pour lesquelles la Talibans sont tenus responsables sont en fait des actes de la CIA ayant pour but de déstabiliser le Pakistan et autoriser Washington a venir saisir les armes nucléaires du Pakistan.

Pour garder le Pakistan dans la droite ligne, le gouvernement US a changé sa position sur « l’attentat de Times Square » ou la version supportée de l’action d’un « loup solitaire » a été changée par la Procureur Général Eric Holder pour blâmer les « talibans pakistanais ». La secrétaire d’état Hillary Clinton menaçant le Pakistan de « conséquences sévères » pour cet attentat raté, qui était en toute probabilité une opération montée contre le Pakistan.

Pour renforcer les tensions, le 1er Septembre, huit membres de haut-rang d’une délégation militaire pakistanaise se rendant a un meeting in Tampa, Floride, avec le commandement central de l’armée américaine, furent détenus et durement traités comme suspects de terrorisme a l’aéroport de Dulles (Washington, DC).

Pendant des décennies, le gouvernement américain a autorisé les agressions militaires répétées d’Israel contre le Liban et maintenant semble se préparer pour un nouvel assaut israélien contre l’ancien protectorat américain qu’est le Liban. Le 14 Octobre, le gouvernement américain a exprimé « son indignation » que le gouvernement libanais ait autorisé la visite officielle du président iranien Ahmadinejad, qui est le point de focalisation d’une démonisation intense par Washington. Les représentants israéliens au congres américain ont menacé d’arrêter l’aide militaire au Liban, oubliant que le représentant démocrate Howard Bergman a déjà obtenu le blocage de l’aide au Liban depuis le mois d’Août pour punir celui-ci de quelques escarmouches avec Israel a sa frontière.

La une la plus significative est peut-être celle du 14 Octobre reportant le « nouveau premier ministre américain de Somalie ». Un Américain a été installé comme premier ministre de la Somalie, a la tête d’un gouvernement marionnette a Mogadishio aidé par quelques milliers de troupes ougandaises payées par Washington.

Ceci ne fait qu’effleurer la surface des turpitudes de Washington a l’égard d’autres nations et du respect de leurs droite, de leurs frontières et de la vie de leurs citoyens.

En même temps, afin de réduire au silence Wikileaks et de prévenir plus de révélations sur les crimes de guerre américains, le gouvernement « démocratique et pour la liberté » de Washington, DC a fermé les donations faites a Wikileaks en plaçant l’organisation gérant les paiements sur « une liste d’observation » et en ayant le gouvernement marionnette australien placer Wikileaks sur sa « liste noire ».

Wikileaks is now akin to a terrorist organization. The American government’s practice of silencing critics will spread across the Internet.

Wikileaks est maintenant assimilé a une organisation « terroriste ». La pratique du gouvernement américain de faire taire ses critiques et la dissidence va faire tâche d’huile sur la toile. Rappelez-vous, ils nous détestent parce que nous avons la liberté et la démocratie, les droits du premier amendement, l’habeas corpus, et que nous montrons justice et compassion pour tous.


Syndicalisme et Anarchisme… Rappel historique.

Posted in actualité, politique et social, société libertaire, syndicalisme et anarchisme with tags , , on 14 octobre 2010 by Résistance 71

Syndicalisme et anarchisme

Url de l’article original:

http://monde-libertaire.fr/syndicalisme/item/9180

la synthèse espagnole

Quelques heures après l’enterrement de Bakounine, à Berne, le lundi 3 juillet 1876, quelques-uns de ceux qui avaient accompagné le vieux révolutionnaire jusqu’à sa dernière demeure, des Suisses, des Allemands, des Italiens, des Français, des Russes, adoptèrent, à l’unanimité, la motion suivante : «Considérant que nos ennemis communs nous poursuivent de la même haine et de la même fureur d’extermination ; que l’existence de divisions au sein des partisans de l’émancipation des travailleurs est une preuve de faiblesse nuisant à l’avènement de cette émancipation ; les travailleurs réunis à Berne à l’occasion de la mort de Michel Bakounine, et appartenant à cinq nations différentes, les uns partisans de l’État ouvrier, les autres partisans de la libre fédération des groupes de producteurs, pensent qu’une réconciliation est non seulement très utile, très désirable, mais encore très facile, sur le terrain des principes de l’Internationale tels qu’ils sont formulés à l’art. 3 des statuts généraux révisés au Congrès de Genève de 1873 ; en conséquence, l’assemblée réunie à Berne propose à tous les travailleurs d’oublier de vaines et fâcheuses dissensions passées, et de s’unir plus étroitement sur la base de la reconnaissance des principes énoncés à l’art. 3 des statuts mentionnés ci-dessus.»

Rappelons, pour mémoire, que le Congrès de Genève de l’Association internationale des travailleurs dont parle cette résolution se tint dans la grande ville de Suisse romande du 1er au 6 septembre 1873. Des représentants des sections anglaise, belge, espagnole, française, hollandaise, italienne et jurassienne y assistaient. L’art. 3 voté est rédigé de la manière suivante :

«Les fédérations [nationales] et les sections [locales ou de métiers] conservent leur complète autonomie, c’est-à-dire le droit de s’organiser selon leur volonté, d’administrer leurs propres affaires sans aucune ingérence extérieure, et de déterminer par elles-mêmes la marche qu’elles entendent suivre pour arriver à l’émancipation du travail.»

La question de l’unité dans l’AIT

On se souvient qu’une année auparavant, en septembre 1872, le Conseil général de l’Internationale dirigé par Karl Marx, grâce à une majorité fabriquée et factice, avait réussi à faire expulser de l’organisation les porte-parole de la tendance fédéraliste, M. Bakounine, J. Guillaume et A. Schwitguébel. La ligne de partage s’était marquée entre ceux qui voulaient organiser le prolétariat en «parti politique» afin de conquérir le «pouvoir politique», les marxistes, et ceux, qu’on ne nommait pas encore anarchistes, dont l’objectif s’affirmait être la «destruction de tout pouvoir politique» et son remplacement par une «fédération» des «corps de métiers et des communes». C’est une année plus tard, après un travail de contacts et d’explications assuré surtout par les Jurassiens et James Guillaume, que presque toutes les fédérations, à l’exception des Allemands et des Américains, au Congrès de Genève, tentèrent de reconstituer cette unité et de la rendre viable, grâce à l’autonomie d’orientation de chacune des fédérations et sections – quant à Marx et aux quelques partisans qui le suivaient encore, après qu’ils eurent transféré le siège de l’AIT à New York, ils abandonnèrent la vieille Internationale.

La motion adoptée quelques heures après que Bakounine eut été porté en terre était sans doute émouvante : comme l’écrivit la correspondante de Vpered, le journal de Lavrov et des populistes, chacun était conscient que venait de disparaître «une force historique, le représentant d’un demi-siècle de mouvement révolutionnaire». Mais pas seulement, et le texte exprimait également l’aspiration toujours renaissante à l’unité des travailleurs et des socialistes ; à ce titre, elle est exemplaire parce qu’elle fut adoptée en commun par des partisans des deux stratégies principales du mouvement ouvrier socialiste. Quel moyen préconisaient-ils ? L’autonomie d’organisation et d’orientation de chacune des structures de l’organisation internationale…

Cette tentative de faire coexister ensemble des militants aux pratiques et aux objectifs différents, comme on sait, échouera. Plus tard, une nouvelle Internationale se constituera autour de partis politiques nationaux électoralistes et rejettera de ses rangs les libertaires. Avec les affrontements inévitables que cette division engendrait. La rupture entre parlementaristes et antiparlementaristes était consommée.

Une deuxième tentative : le syndicalisme révolutionnaire

Le syndicalisme révolutionnaire de la CGT française, de sa fondation à 1908 environ, fut une nouvelle tentative de rendre possible l’unité organique de la classe ouvrière. À la différence de la solution adoptée par le Congrès de Genève, la cohabitation des deux orientations, le moyen utilisé (on se souvient que les statuts de la CGT de cette époque proclamaient que l’organisation syndicale «groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat») consista à expulser du syndicat les questions «politiques», c’est-à-dire les débats et les prises de position en faveur de tel ou tel candidat ainsi que la lutte antiélectorale. La CGT décida de se «neutraliser» d’un point de vue politique et de concentrer son activité sur la lutte de classes dans sa manifestation d’action directe économique.

Dans les faits, pourtant, alors que l’opinion publique de l’époque percevait la CGT comme entièrement syndicaliste révolutionnaire, et presque comme une antichambre du communisme anarchiste, une évolution s’opéra peu à peu, qui amena la Confédération, unitaire et pluraliste, dont de nombreux militants étaient membres du parti socialiste unifié depuis 1905, à pratiquer une sorte de division du travail avec l’organisation politique.

La neutralisation politique du syndicalisme a correspondu pour des secteurs entiers de l’organisation à un abandon de la dimension générale de la lutte, à son caractère politique, en donnant à ce mot, ainsi que le dit Émile Pouget, son sens le plus large. Niel, un des porte-parole de la tendance réformiste, affirmait que les anarchistes, dans l’intérêt de l’unité, devait cesser «leur guerre contre les socialistes», c’est-à-dire que les anarchosyndicalistes se voyaient dans l’obligation morale d’arrêter de s’opposer à la stratégie de conquête des pouvoirs publics par les élections et de dénoncer les groupes et partis qui s’en faisaient les propagandistes.

Le syndicalisme révolutionnaire des premières années du siècle, en conséquence, a sous-estimé les questions d’orientation politique. Lorsque Monatte affirmait qu’«au syndicat les divergences d’opinion, souvent si subtiles, si artificielles, passent au second plan», il pensait peut-être aux luttes d’influence que se livraient les diverses tendances du socialisme parlementaire, querelles subalternes qu’il escomptait possible de dépasser par la pratique de la lutte de classes. Cette analyse ne s’appliquait qu’à la lutte quotidienne – et c’est là son utilité. Mais elle était complètement inadéquate pour aborder les vraies questions politiques, les vraies divergences, les vraies oppositions et surtout la plus importante, qui se résume simplement par l’alternative conflictuelle de la scission de l’Internationale : la lutte de la classe ouvrière vise-t-elle à la conquête ou à la destruction du pouvoir politique ?

L’unité pragmatique dans la lutte ne fut opératoire (certes, elle le fut avec vigueur et dynamisme) que dans le domaine revendicatif ; dès que les questions politiques furent abordées, telles que la guerre mondiale ou la Révolution russe, l’organisation ouvrière unifiée sera paralysée ou explosera.

Un nouveau point de vue

La quasi-totalité des militants libertaires de la période qui précéda la Première Guerre mondiale, Monatte et Malatesta comme les autres, se déclaraient pour le préservation de l’unité syndicale, image et pratique de l’unité ouvrière.

Un militant comme Malatesta, on l’a vu, conseillait aux «compagnons» de militer comme anarchistes dans le mouvement syndical, sans illusion sur ce que Malatesta considérait comme une organisation irrémédiablement réformiste, afin d’y propager la finalité communiste anarchiste et les tactiques d’action directe.

Plus tard, dans les années vingt, ce point de vue se modifia avec la jeune génération. Dans son livre, Organisation anarchiste, l’histoire de la FAI, Juan Gomez Casas, qui fut le premier secrétaire général de la CNT d’Espagne au sortir de la nuit du franquisme, cite en particulier une polémique qu’Abad de [?] mène comme Malatesta à propos de ce concept de l’unité syndicale : «Malatesta défend, dit Santillán, une conception métaphysique du mouvement ouvrier en se faisant l’avocat de son unité dans l’abstrait.» Il existerait selon lui, continue Santillán, «un pur mouvement ouvrier sans tendance sociale particulière dont le but serait seulement de s’organiser en syndicats. […] Si un tel mouvement idéal, ouvert à toutes les tendances, était possible, si l’histoire pouvait montrer qu’il avait jamais existé, alors il serait possible de discuter de l’opportunité d’y introduire la tactique [anarchiste] recommandée par Malatesta.» Mais, conclut Santillán, «un pur mouvement n’a jamais existé, n’existe pas, n’existera jamais. La réalité est que le mouvement ouvrier est divisé en plusieurs tendances, du fascisme à l’anarchisme. […] Que faire ? Malatesta conseille de respecter l’unité de la classe. Nous rejetons cette illusion et appelons Malatesta à nous aider à constituer une force syndicale révolutionnaire, c’est-à-dire anarchiste, dans chaque pays. Avec une telle force syndicale ouvrière, nous serons en mesure de résister à l’invasion des courants politiques et des tendances qui sont opposés à la révolution. Sans une telle force, nous attendrons passivement que l’histoire se tourne un jour dans notre direction…»

Tel fut le principe même sur lequel fut bâti le mouvement syndical révolutionnaire espagnol. Son acceptation lucide de la situation de division stratégique du monde salarial et socialiste lui a permis d’apporter un correctif au syndicalisme révolutionnaire des origines : l’objectif final de destruction du pouvoir politique ne peut s’accompagner d’une neutralité envers les partis politiques dont le but est la conquête du pouvoir politique – ce dernier s’étant révélé être une perpétuation de la domination et de l’exploitation du salariat.

Aujourd’hui qu’une partie importante de la population perd peu à peu confiance en la représentation parlementaire, que la religion républicaine et ses cérémonies électorales se dévaluent chaque jour davantage (c’est-à-dire que les conditions se réunissent progressivement pour qu’apparaisse de nouveau, à un niveau de masse, la conviction que l’émancipation de l’humanité implique la destruction du pouvoir politique) il importe de se souvenir des débats du commencement du siècle et d’en tirer de salutaires leçons. En particulier, d’entendre le message de Santillán. Hors de la revendication quotidienne, il ne peut y avoir d’unité entre les deux tendances historiques du socialisme, pas de passerelle, pas de position moyenne. Il est l’heure, pour les libertaires, de construire leur maison commune, syndicale et spécifique. Et non pas de servir de fantassins ou de portiers au rez-de-chaussée de la prison que les autres sont perpétuellement en train de rebâtir.

Jacky Toublet

Non a la casse sociale néo-libérale fasciste !…

Posted in actualité, économie, politique et social, politique française, Social & Retraite, Uncategorized with tags , , , , , on 14 octobre 2010 by Résistance 71

14 octobre 2010

L’action collective contre la casse du système des retraites : manifeste pour une grève générale, dure et totale.

Samuel METAIRIE

Url de l’article original:

http://www.legrandsoir.info/L-action-collective-contre-la-casse-du-systeme-des-retraites-manifeste-pour-une-greve-generale-dure-et-totale.html

Aujourd’hui, mardi 12 octobre, c’est jour de manif. La France se mobilise pour son avenir contre ce qu’on appelle une réforme dans la novlangue libérale, contre la casse du système des retraites. Battant le pavé, muni de banderoles et d’accoutrements d’opposant au régime, l’on se prend à rêver d’un changement, clamant des slogans révolutionnaires. Plus, le sourire qu’apporte cette union du peuple dans les revendications nous fait prendre conscience qu’il faudrait peu de choses pour ainsi dilapider ceux qui se sont faits rois et reprendre le pouvoir sur la gestion de nos vies. C’est la vie démocratique, paraît-il, que de n’avoir comme droit à la contestation de l’autorité que des manifestations dites conventionnelles, calmes, douces, cerclées de dispositifs policiers et gentiment demandées à l’administration, tout en sachant que la classe oligarchique continue de passer ses lois en force, dans le mépris total de « sa » population. Et quelle ingéniosité des temps sarkozyques, sans utiliser le 49-3…

Mais quand l’heure est au bilan de la journée de mobilisation, nombre de ces manifestants (ayant soulagé leurs bonnes consciences d’esclaves modernes sans chaînes en défilant sur le pavé et se donnant ainsi bêtement le droit de proférer que quiconque ne va pas manifester est un sarkozyste raciste) qui demandent simplement plus d’argent, non le démantèlement d’un système capitaliste profondément destructeur, s’en vont en fin de journée reprendre leurs habitudes consuméristes et se nourrir chez Mc Do, oubliant ainsi ce qu’ils ont crié toute une après-midi durant. Police et syndicats se disputent la guerre des chiffres, entre cent et dix mille manifestants, ce qui donne du grain à moudre aux médias pendant quelques jours, et voilà que tout redevient normal. Saufs l’avancement de la misère, de la précarité et le dépérissement social d’une société en désuétude, qui progressent à grands pas. Voilà pourquoi de nos jours, et depuis plusieurs années déjà, l’action collective des manifestations n’a qu’un maigre poids pour faire reculer le gouvernement : c’est que l’administration confine la contestation à la seule possibilité de manifester pendant que le peuple subit un pouvoir autoritaire pendant cinq ans, voir dix si la fine équipe est réélue, et surtout, que tous s’en accommodent, en rentrant chez soi après la manif au lieu de se réunir par centaines en assemblées générales pour voter des actions (pacifiques ?) à réaliser et faire blocage à l’économie du crime.

Oui, parler d’économie du crime ici pourrait paraître comme étant du verbiage propagandiste d’extrême-gauche décrédibilisant le débat public pour un lectorat aux consciences politiques plus modérées, mais désormais, alors que la gouvernance capitaliste néolibérale s’impose même dans les pays riches, qualifier de crime l’économie n’est pas exagérer. Car la réforme des retraites, il serait un tort de ne la considérer que comme un palliatif politique à la crise financière, et comme l’unique solution pour orienter les politiques publiques et les affaires sociales françaises. La crise est une aubaine pour les apparatchiks du pouvoir politique car elle permet de réunir tous les travailleurs sous les mêmes peurs (insécurité sur un marché du travail distendu livré à la doxa du laisser-faire), et permet de maintenir les dogmes néolibéraux et les institutions financières internationales. En clair, ce n’est pas Sarkozy et Woerth qu’il faut pointer comme premiers responsables de la « réforme » des retraites, mais plutôt l’intrusion du FMI et de ses ajustements structurels dans les politiques publiques françaises. Lorsque le présidictateur français clame que le report de l’âge de la retraite à taux plein à 67 ans est inévitable, et qu’ils n’ont pas le choix à cause du vieillissement de la population, c’est en fait qu’elle est imposée par le FMI, dont il faut citer ici quelques tirades savoureuses publiées dans un bulletin adressé à la France au mois de juillet 2010 :

« Pour préserver la viabilité budgétaire sans compromettre la reprise, les efforts d’ajustement doivent être concentrés sur les mesures qui nuiront le moins à l’activité économique, à savoir la réforme des prestations des systèmes de retraite et de santé. »

« Pour soutenir l’emploi des travailleurs plus âgés, il convient d’améliorer les incitations à continuer de travailler, notamment par la mise en œuvre effective d’exigences en matière de recherche d’emploi, parallèlement à la réforme du système de retraite. »

« Pour accroître la compétitivité de l’économie française et mettre à profit l’expansion du commerce international, il faut de nouveau privilégier les mesures propres à modérer la croissance des coûts salariaux, intensifier la concurrence et promouvoir l’innovation » (1).

Privatiser la protection sociale, geler les salaires, et imposer davantage de flexibilité du travail sont les nouveaux ordres que le pouvoir politique doit satisfaire. En aparté, lorsque le FMI demande un effort d’ajustement structurel à un pays, c’est après avoir consenti un prêt. Dans quels médias français a-t-on pu lire une telle information ? Le gouvernement français, pour sauver son système bancaire, aurait-il obtenu un prêt du FMI qui serait passé sous silence ?

Bref, des solutions, il y en a et les dirigeants le savent. Mais la seule solution pour ne pas fâcher le régime des banques, c’est de privatiser à petit feu la protection sociale. Des milliards d’euros glissent depuis les années 1980 du secteur public vers le privé à cause des multiples privatisations d’entreprises publiques, qui, même si elles sont soumises à l’impôt une fois privatisées, représentent une fuite de capital, par les sommes colossales de dividendes versées après ouverture du capital, qui pourraient alimenter les services publics et la sécurité sociale. Il suffirait de créer une taxe sur les transactions financières et sur le capital des entreprises du CAC40, à hauteur de quelques dixièmes de pourcentage pour financer les caisses de la sécurité sociale, mais cela ferait gronder la minorité oligarchique qui gouverne. Le déficit de la sécurité sociale avoisinerait les 20 milliards d’euros, et s’alourdirait encore d’ici 2030 si rien n’était fait. Un déficit de 20 milliards fait peur au gouvernement alors qu’il « trouve » des milliards par centaines pour engraisser les banques, les grandes multinationales, et dépense des sommes pharamineuses dans la politique de défense, de sécurité, d’expulsions des étrangers en situation irrégulière. De plus, comment prévoir un déficit public de la sécurité sociale à l’horizon 2030, soit dans vingt ans alors que l’on ignore dans quel état sera la démographie française dans deux décennies, les cotisants de 2030 n’étant pas nés, ou n’ayant pas commencé à travailler pour la plupart ? Il y a de fortes raisons de penser que financer les caisses de sécurité sociale (vieillesse, maladie, famille) ne coûte pas cher à un État qui joue pleinement son rôle social de répartition. Au contraire, ce que les agents du microcosme politico-médiatique nomment la réforme des retraites et les reports successifs de l’âge légal à la retraite, incombant de fait la hausse des annuités (parler du report de l’âge légal à 62 ans en 2010 et 63 ans en 2020 passe mieux dans les journaux plutôt qu’écrire d’emblée qu’il faudra passer de 41 annuités à 42, puis à 43…), n’a qu’un seul objectif : passer de la retraite par répartition à la retraite par capitalisation, où tout contribuable place son pécule sur les marchés financiers en guise de préparation à la retraite. Ca enrichit les banques, cela impose d’avoir travaillé à temps plein pendant 42 ans, cela interdit le chômage, cela divise les gens entre eux par la compétition et l’inégalité des ressources, j’en passe et des biens pires. Bref, quelle belle philosophie des temps modernes… « Travaille plus vite que ton voisin, ne l’aide surtout pas s’il a faim et s’il est malade, c’est de sa faute ».

Mais cet argument politiquement incorrect de la privatisation du système de santé, dont la volonté est économique et politique, doit être tût par les journalistes pour que le parti UMPS conserve ses suffrages électoraux. Pour que les citoyens continuent à penser que l’homo-oeconomicus politique moderne qui fait la loi (instances exécutives et législatives) est un individu altruiste représentant sa population. Le pouvoir politique concrétise avec délectation en cette fin 2010 ce qu’il a mis presque un an à préparer en tentant de détourner l’œil du peuple par sa propagande nationaliste et ses actions xénophobes (expulsions et triage des Roms, discours racistes) diversifiées : il inflige au peuple une gigantesque gifle et réduit son espérance de vie en le tuant au travail, argumentant que la hausse de l’espérance de vie ne doit pas être « dépensée » à l’oisiveté, et il faudrait que les gens soient « compréhensifs », et qu’ils ne se révoltent pas ? C’est sûr que lorsqu’un haut fonctionnaire rédige le texte du report de l’âge à la retraite, pour lui travailler jusqu’à 85 ans n’est pas un souci, tous doivent donc en faire de même. Y compris ceux qui travaillent dehors, sous la pluie, dans la boue, dans le froid, sur les toits ou dans le bruit des machines, dans une pénibilité du travail telle, que la mort sonne au pas de la porte vers la soixantaine si ce n’est plus tôt, sans avoir eu de retraite, mais en ayant pourtant cotisé toute sa vie « active »…

Au lendemain de la validation du report de l’âge de la retraite à taux plein à 67 ans par le Sénat, Éric Woerth a assuré que ceux qui appellent à la mobilisation des jeunes « sont totalement irresponsables », et que la réforme consolide le système des retraites. Dans la novlangue cynique et libérale de nos jours, c’est un record dans la duperie et la moquerie : ceux qui appellent à la mobilisation des jeunes, c’est-à-dire les futurs travailleurs, donc, aussi fortement concernés, sont les syndicats et les associations militants contre la casse du système de santé…L’énergie dépensée à orienter les esprits et manipuler les gens pour récupérer les faits politiques et sociaux à leur cause est dépitant.

A la violence du système ne répondra que la violence désormais nécessaire du peuple pour stopper l’inacceptable. L’actuelle mobilisation sociale doit se traduire par une grève générale, dure et illimitée avec occupation des bâtiments et espaces publics et blocage complet de l’économie. Gaziers, électriciens, cheminots, enseignants, raffineries de pétrole, lycéens et étudiants ont déjà emboîté le pas. Aux salariés du privé de suivre. La logique du mouvement de contestation impliquerait que tout l’effort de production du pays cesse complètement jusqu’au recul forcé du gouvernement. Mais le rapport de force est bien trop inégal dans ce bras de fer que les syndicats fatalistes et moribonds (dont l’attitude est fourbe à chaque mouvement social, en appelant à la grève, puis en courbant l’échine, acceptant le retour au travail après la concession de broutilles gouvernementales) annoncent déjà qu’il est perdu.

Quoi qu’il en soit, les tortionnaires grabataires qui signent les lois avec l’impunité déconcertante qu’ils disent légitime par suffrages, sont peut-être finalement en train de préparer contre leur gré, quelque chose de positif : noyé entre les peurs sécuritaires à consonances fascistes électoralistes et les casses systématiques des services sociaux appliquées en vertu des versets de l’ordre néolibéral, les obscurantistes de la classe Affairiste à Matignon sont peut-être en train de radicaliser de manière profonde les idées, les consciences de plus de soixante millions d’hommes, de femmes, de travailleurs, de chômeurs, d’étudiants. Car expulser des étrangers sous couvert de sécurité, ça passe. Supprimer des fonctionnaires, ça passe. Précariser le système d’éducation nationale, ça passe. Faire des cadeaux aux riches en pleine crise économique, ça passe encore. Mais imposer aux actifs de travailler jusqu’à presque 70 ans, la pilule est dure à avaler, surtout qu’elle fait cumul avec pas mal de honte.

Mais que fait un chien enragé à qui l’on a ôté le pain de la bouche ? Il mord et transmet sa rage. La bataille des retraites, forme médiatique pour évoquer la mise à mort programmée de l’État Providence, la réinstauration d’un réel système de protection sociale, ne se fera pas en manifestant le mardi et le samedi sous les bannières d’un syndicalisme timide copinant avec le pouvoir en négociant quelques billets contre deux ou trois pauvres amendements. Elle se fera lorsque tous, toute distinctions de classes sociales confondues, seront unis et solidaires autour des mêmes réalités, du moins des mêmes aspirations : la résistance acharnée à l’oppression, l’hypocrisie politicienne et l’autoritarisme du pouvoir politique. En ce jour dit de mobilisation sociale interprofessionnelle, de nombreux français devraient penser à ce qui s’est passé au début de l’an 2000 à Cochabamba, pour en faire de même… mais il y a fort à penser que les que le pouvoir actuel sous-estime la colère qui pourrait s’éveiller du peuple si celui-ci ouvre les yeux dans les mois ou années à venir, même si nous n’y sommes pas.

Samuel Métairie
http://sam-articles.over-blog.com

(1) : http://www.imf.org/external/french/…